"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 6.416 - Un mendico samaritano sulla via di Gerico.

 4.414 - The Beggar on the Road to Jericho.

 4.416 - Un mendigo samaritano en el camino de Jericó.

 7.462 - Jesus und der Bettler auf dem Weg nach Jericho.



Un mendiant de Palestine, vers 1900 – Au pays du Christ, Mgr Landrieux, 1908.


Lundi 14 mai 29
(14 Lyar ou Ziv 3789)
vers
Jéricho.


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 Guérison du mendiant samaritain.

 Ce sont les œuvres et non les pratiques, qui font voir Dieu vivant.

 Judas hésite de nouveau sur le choix de son camp.


 

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Ancienne édition : Tome 6, chapitre 105.
Nouvelle édition : Tome 6, chapitre 415.

416
Un mendiant samaritain sur la route de Jéricho.

Le mercredi 17 mai 1944.

414>  416.1 – Je vois Jésus sur une grand-route, très poussiéreuse et très ensoleillée. Il n'y a pas un brin d'ombre, pas un brin de verdure. Ce n'est que poussière sur la route et sur la campagne inculte qui la borde.     

Certes ce ne sont pas les douces collines de Galilée, ni les monts plus boisés de la Judée, si riches d'eaux et de pâtures. Ici c'est un terrain qui n'est pas naturellement désertique, mais que l'homme a rendu tel en le laissant inculte. C'est une plaine, et je ne vois pas de collines même au loin. Ne connaissant pas du tout la Palestine, je ne puis dire quelle région c'est. Certainement une région que je n'ai jamais vue dans les précédentes visions. Il y a des tas de pierres sur un côté de la route, peut-être entassées pour la réparer, car elle est dans un très piteux état. Pour l'instant, elle est couverte d'une couche épaisse de poussière. Quand il pleut, ce doit être un torrent boueux. Je ne vois pas de maisons, ni à proximité, ni au loin.      

Jésus, comme toujours, marche à quelques mètres en avant des apôtres qui le suivent en groupe, en sueur et fatigués. Pour s'abriter du soleil ils ont relevé leurs manteaux sur leurs têtes et ils paraissent une confrérie vêtue d'habits multicolores. Jésus, au contraire, a la tête nue.        

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415> Le soleil ne semble pas le gêner. Il est vêtu d'une tunique de lin blanc avec des manches qui Lui arrivent au coude. Elle est large et floue, elle n'a même pas le cordon qui fait d'ordinaire office de ceinture. C'est vraiment un habit fait pour ce lieu torride. Même le manteau doit être en lin teint de bleu, car il est très fin et il retombe avec légèreté autour du corps qu'il enveloppe beaucoup moins que d'ordinaire. Il couvre les épaules, mais en laissant libres les bras. Je ne sais pas comment il l'a fixé pour le faire tenir ainsi.   

 416.2 – Assis, à demi-allongé même sur un tas de cailloux, il y a un homme. Un pauvre, un mendiant certainement. Il est vêtu (si on peut dire) d'une tunique sale et déguenillée, qui peut-être a été blanche, mais qui est maintenant couleur de boue. Il a deux misérables sandales éculées, deux semelles à moitié usées, retenues par des bouts de ficelle. Dans les mains un bâton fait d'une branche d'arbre. Au front une bande sale, et à la cuisse gauche, entre le genou et la hanche, un autre chiffon sale et ensanglanté. Le malheureux est amaigri, il n'a que la peau et les os, humilié, sale, hirsute, dépeigné.         

Avant même qu'il implore Jésus, Jésus va à lui. Il s'approche du malheureux et lui demande :       

"Qui es-tu ?"        

"Un pauvre qui demande du pain."     

"Le long de cette route ?"          

"Je vais à Jéricho."         

"La route est longue et la contrée dépeuplée."          

"Je le sais, mais il est plus facile d'avoir du pain et une pièce de monnaie avec les gentils qui passent par cette route qu'avec les juifs de chez qui je viens."      

"Tu viens de la Judée ?" 

"Oui, de Jérusalem. Mais j'ai dû faire un long détour pour passer chez des braves gens des campagnes qui me donnent toujours de l'aide. En ville, non. Il n'y a pas de pitié."        

"Tu as bien dit. Il n'y a pas de pitié."   

"Toi, tu as pitié. Tu es juif ?"     

"Non, de Nazareth."       

"Autrefois les nazaréens avaient mauvaise réputation
[1], mais maintenant il faut dire qu'ils sont meilleurs que ceux de Juda. Même à Jérusalem, il n'y a de bons que ceux qui suivent ce Nazaréen que l'on dit Prophète. Le connais-tu ?"          

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416> "Et toi, est-ce que tu le connais ?"         

"Non. J'y étais allé car, tu vois, j'ai une jambe morte et tordue et je me traîne péniblement. Je ne puis travailler et je meurs de faim et sous les coups. J'espérais le rencontrer, car on me dit qu'il guérit ceux qu'il touche. C'est vrai que je ne suis pas du peuple élu... mais on dit qu'il est bon avec tout le monde. On m'avait dit qu'il était à Jérusalem pour la fête des semaines. Mais moi, je marche lentement... et on m'a frappé et j'ai été malade en route... Quand je suis arrivé à Jérusalem il était parti parce que, m'a-t-on dit, les juifs l'ont maltraité Lui aussi." 

"Et toi, ils t'ont maltraité ?"      

"Toujours. Seuls les soldats romains me donnent du pain."           

 416.3 – "Et que dit-on, à Jérusalem, dans le peuple, de ce Nazaréen ?"    

"Que c'est le Fils de Dieu, un grand Prophète, un Saint, un Juste."          

"Et toi, qui crois-tu qu'il soit ?"

"Moi, je suis... je suis un idolâtre, mais je crois qu'il est le Fils de Dieu."

"Comment peux-tu le croire si tu ne le connais même pas ?"         

"Je connais ses œuvres. Seul un Dieu peut être bon et avoir des paroles comme Lui en a."   

"Qui te les a dites, ces paroles ?"          

"D'autres pauvres, des malades guéris, des enfants qui m'apportaient du pain... Les enfants sont bons et ils ne savent rien des croyants et des idolâtres."

"Mais d'où es-tu ?"          

"..." 

"Dis-le. Moi, je suis comme les enfants. N'aie pas peur. Que seulement tu sois sincère."

"Je suis... samaritain. Ne me frappe pas..."    

"Je ne frappe jamais personne. Je ne méprise personne. J'ai pitié de tout le monde."

"Alors... Alors, tu es le Rabbi de Galilée !"      

Le mendiant se prosterne, tombe comme une masse, le visage dans la poussière, en bas de son tas de cailloux, devant Jésus.   

"Lève-toi, c'est Moi. Ne crains pas. Lève-toi et regarde-moi."       

Le mendiant lève son visage en restant toujours à genoux, tout recroquevillé à cause de sa difformité.   

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417> "Donnez du pain et à boire à cet homme" commande Jésus aux disciples qui sont survenus.          

C'est Jean qui donne de l'eau et du pain.        

"Mettez-le assis pour qu'il mange commodément. Mange, frère."

Le malheureux pleure. Il ne mange pas. Il regarde Jésus avec les yeux d'un pauvre chien perdu qui, pour la première fois, se voit caresser et rassasier par quelqu'un qui a pitié.      

"Mange !" lui commande Jésus en souriant. 

Le malheureux mange entre deux sanglots et les larmes imprègnent son pain, mais dans ses larmes il y a aussi un sourire. Il se rassure tout doucement.

 416.4 – "Qui t'a fait cette blessure ?" demande Jésus en touchant du doigt la bande souillée du front. 

"C'est un riche pharisien qui m'a renversé exprès avec son char... Je m'étais mis à un carrefour pour demander du pain. Il a envoyé sur moi ses chevaux, si vite que je n'ai pas pu m'écarter. J'ai failli en mourir. J'ai encore un trou dans la tête et il en sort du pus."        

"Et là, qui t'a frappé ?"   

"Je m'étais approché de la maison d'un sadducéen
[2], où il y avait un banquet, pour demander les restes des tables, après que les chiens en avaient pris le meilleur. Il me vit et lança les chiens contre moi. L'un d'eux m'a déchiré la cuisse[3]."    

"Et cette grande cicatrice qui t'a estropié la main ?"

"C'est un coup de bâton qui m'a été donné par un scribe, il y a trois ans. Il reconnut que j'étais samaritain et il me frappa en me brisant les doigts. Ainsi je ne peux pas travailler. Ma main droite estropiée, une jambe morte, comment puis-je gagner ma vie ?" 

"Mais pourquoi sors-tu de la Samarie ?"        

"Le besoin est une vilaine chose, Maître. Nous sommes beaucoup de malheureux, et il n'y a pas de pain pour tous. Si tu m'aidais..."     

"Que veux-tu que je te fasse ?" 

"Guérir pour travailler."

"Crois-tu que je puisse le faire"

"Oui, je le crois, car tu es le Fils de Dieu."      

"Tu crois cela ?"   

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418> "Je le crois."

"Toi, samaritain, tu le crois ? Pourquoi ?"     

"Pourquoi, je ne le sais pas. Je sais que je crois en Toi et en Celui qui t'a envoyé. Maintenant que tu es venu, il n'y a plus de différence d'adoration. Il suffit de t'adorer pour adorer ton Père, Seigneur éternel. Là où tu es, là est le Père."       

 416.5 – "Amis, entendez-vous ? (Jésus se tourne vers les disciples). Cet homme parle par la vertu de l'Esprit Saint qui lui éclaire la vérité. Et lui, en vérité, est supérieur aux scribes et aux pharisiens, aux sadducéens cruels, à tous ces idolâtres qui se disent mensongèrement les fils de la Loi. La Loi dit qu'après Dieu, il faut aimer le prochain. Et ces gens, au prochain qui souffre et demande du pain, donnent des coups, contre le prochain qui supplie, ils lancent des chevaux et des chiens, contre le prochain qui s'abaisse plus bas que les chiens du riche, ils lancent les chiens eux-mêmes pour le rendre plus malheureux encore que l'infirmité ne le faisait. Méprisants, cruels, hypocrites, ils ne veulent pas que Dieu soit connu et aimé. S'ils le voulaient, ils le feraient connaître à travers leurs œuvres, comme celui-ci l'a dit.  

 Ce sont les œuvres et non les pratiques, qui font voir Dieu vivant dans le cœur des hommes et qui mènent les hommes à Dieu.       

 Et, ô Judas, toi qui me reproches d'être imprudent, je ne devrais pas, je ne devrais pas les frapper par mes reproches ? Me taire, faire semblant que je les approuve, ce serait approuver leur conduite. Non. Pour la gloire de Dieu, je ne puis, Moi, son Fils, permettre que les humbles, les malheureux, ceux qui sont bons croient que Moi j'approuve leurs péchés. Je suis venu pour faire des gentils des fils de Dieu, mais je ne puis le faire si eux voient que les fils de la Loi — ils se disent tels, mais ce sont des bâtards — pratiquent un paganisme plus coupable que le leur. En effet ces hébreux ont connu la Loi de Dieu et maintenant ils crachent dessus, comme des animaux immondes, le dégorgement de leurs passions satisfaites. Dois-je croire, Judas, que tu es comme eux ? Toi qui me fais un reproche des vérités que je dis ? Ou dois-je penser que tu es inquiet pour ta vie ? Celui qui me suit ne doit pas avoir de préoccupations humaines. Moi, je l'ai dit. Il est encore temps, Judas, de choisir entre ma route et celle des juifs que tu approuves. Cependant réfléchis : la mienne mène à Dieu, l'autre à l'Ennemi de Dieu. Réfléchis et décide, mais sois franc.

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419>
 416.6 – Et toi, ami, lève-toi et marche. Enlève ces bandes. Retourne chez toi. Tu es guéri à cause de ta foi."         

Le mendiant le regarde étonné. Il n'ose pas essayer d'allonger la main... puis il essaye. Elle est intacte, redevenue identique à la main gauche. Il laisse de côté le bâton, appuie les mains sur le tas de pierre et fait un effort. Il se lève. Il se tient debout. La paralysie qui déformait la jambe est guérie. Il remue la jambe, la plie... il fait un pas, deux, trois. Il marche... Il regarde Jésus, en poussant un cri et en pleurant de joie. Il enlève la bande de sa tête. Il se tâte du côté de l'occiput où se trouvait le trou infecté. Plus rien. Tout est guéri. Il arrache de la hanche le chiffon taché de sang : la peau est intacte.

"Maître, Maître et mon Dieu !" crie-t-il en levant les bras et en se jetant ensuite à genoux pour baiser les pieds de Jésus.        

"Va à ta maison maintenant, et crois toujours dans le Seigneur." 

"Et que dois-je faire, mon Maître et mon Dieu, si ce n'est te suivre Toi qui es saint et bon ? Ne me repousse pas, Maître..."

"Va en Samarie et parle de Jésus de Nazareth. L'heure de la Rédemption est proche. Sois mon disciple auprès de tes frères. Va en paix."           

Jésus le bénit et puis ils se séparent. L'homme guéri s'en va agilement vers le nord, en se retournant de temps à autre pour regarder encore.



Jésus, avec les apôtres, quitte la route et ils pénètrent dans des champs incultes vers l'orient par un sentier qui coupe la grand-route et qui ne s'élargit que beaucoup plus loin. Peut-être la route de Jéricho. Je ne sais pas.  

[…] 

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Fiche mise à jour le 02/12/2023.

 



[1] Cette mauvaise réputation des nazaréens est confirmée par la réflexion de l’apôtre Nathanaël que rapporte Jean 1,46 : "De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ?". On ignore les causes de cette réputation qui semble aussi coller à la peau de Jésus dans les Évangiles.     

[2] Les sadducéens : Leur nom vient du prêtre Sadoq, placé par Salomon à la tête du clergé de Jérusalem. À l'époque de Jésus les sadducéens étendent leur emprise sur le corps sacerdotal et sur les notables de la société. Selon Flavius Josèphe "Ceux de cette secte sont en petit nombre mais elle est composée des personnes de la plus grande condition".     
Ils s'en tiennent à une lecture restrictive de la Torah et refusent toute interprétation. C'est ainsi qu'ils nient l'immortalité de l'âme, non mentionnée explicitement dans l'Écriture. En conséquence, il n'y a pas de châtiments ou de récompenses dans l'autre monde. De même ils nient l'existence des anges et des esprits. Pour eux n'existe que la vie terrestre durant laquelle il convient de respecter les lois sacrées pour jouir d'un bonheur terrestre.      
Selon Maria Valtorta, Judas qui fut fonctionnaire du Temple avant d'être disciple, partageait leurs croyances : il ne croyait ni à l'enfer, ni à Satan (cf.
EMV 356.4).  
Au Sanhédrin, le collège des prêtres était très majoritairement sadducéen et hostile à Jésus. Cependant cinq de ses membres, tous anciens Grands Prêtres manifestèrent sympathie ou neutralité envers Jésus.    
Extraits du Dictionnaire des personnages de l'Évangile selon Maria Valtorta, 2012, éditions Salvator.     

[3] Cette anecdote rappelle la parabole de Lazare et du mauvais riche (Luc 16,19-31). Elle est rapportée en EMV 191.5.