"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

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 4.258 - Gesù rivela a Giacomo d'Alfeo quale sarà la sua missione di apostolo.

 2.257 - Jesus Reveals to James of Alphaeus His Future Apostolic Mission.

 3.258 - Jesús revela a Santiago de Alfeo cuál será su misión de apóstol.

 5.300 - Auf vollkommene Weise lieben, um heiligmässig Vorgesetzer zu sein.






Samedi 1er juillet 28
(21 Tammouz 3788)
Mont Carmel.


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 Le destin de Jacques d'Alphée comme évêque d’Israël et descriptif des premiers temps de l’Église.

 Le profil du pasteur

 Les talents dans l’Église.

 La conversion des juifs à la fin des temps.

 Le prochain , c’est aussi celui qui cherche Dieu.

 Les faux prophètes portent de mauvais fruits.


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Ancienne édition : Tome 4, chapitre 121.
Nouvelle édition : Tome 4, chapitre 258.

258
La future mission de Jacques d’Alphée instruit par Jésus sur le mont Carmel.

Le lundi 20 août 1945

229>  258.1 – "C'est la même heure, mais le lendemain.      

Jacques, qui est encore retiré dans la fente de la montagne et assis tout pelotonné avec la tête penchée presque jusqu'aux genoux qui sont levés et qu'il tient avec ses bras, est dans une profonde méditation, ou bien il dort. Je ne me rends pas bien compte. Certainement il est insensible à ce qui se passe autour de lui, c'est-à-dire au combat de deux gros oiseaux qui, pour quelque motif particulier, se battent férocement dans le petit pré. Je dirais que ce sont des coqs de montagne, ou des coqs de bruyère, ou des faisans car ils ont la grosseur d'un jeune coq, des plumes de toutes les couleurs, mais ils n'ont pas de crête, seulement un petit casque de chair rouge comme du corail sur le sommet de la tête et sur les joues, et je vous assure que, si la tête est petite, le bec doit être comme une pointe d'acier. Les plumes volent en l'air et le sang coule par terre dans un fracas violent qui fait taire les sifflements, les trilles et les roulades dans les branches des arbres. Peut-être les oiseaux observent la joute féroce... Jacques n'entend rien.   

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230> Jésus, au contraire entend et descend du sommet où il était monté et, en battant des mains, sépare les combattants qui s'enfuient, sanglants, l'un vers la côte, l'autre au sommet d'un rouvre et là remet en ordre ses plumes toutes hérissées et emmêlées.  

Jacques ne lève pas la tête, même au bruit fait par Jésus qui, en souriant, fait encore quelques pas et s'arrête au milieu du petit pré. Son vêtement blanc semble se teinter de rouge du côté droit tant est violent le rouge du crépuscule. On dirait vraiment que le ciel soit en feu. Et pourtant Jacques ne doit pas dormir car, dès que Jésus susurre, exactement susurre "Jacques, viens ici", il lève sa tête appuyée sur ses genoux et défait l'enlacement de ses bras, en se levant et en allant vers Jésus. Il s'arrête en face de Lui, à deux pas de distance et le regarde.        

Jésus aussi le regarde, sérieux et pourtant il encourage Jacques d'un sourire qui ne vient pas des lèvres ni du regard et qui pourtant est visible. Il le regarde fixement comme s'il voulait lire les plus petites réactions et émotions de son cousin et apôtre qui comme hier, en se sentant au seuil d'une révélation, devient pâle et le devient davantage encore au point que son visage a la couleur de son vêtement de lin quand Jésus lève les bras et lui met les mains sur les épaules, en restant ainsi, les bras tendus.      

Alors Jacques semble bien être une hostie. Seuls ses doux yeux châtain foncé et sa barbe châtain colorent ce visage attentif.          

 258.2 – "Jacques, mon frère[1], tu sais pourquoi je t'ai voulu ici, seul à seul, pour te parler après des heures de prière et de méditation ?"     

Jacques paraît éprouver de la difficulté à répondre tant il est ému. Mais il ouvre enfin les lèvres pour répondre à voix basse :  

"Pour me donner une instruction spéciale, ou pour l'avenir, ou parce que je suis le plus incapable de tous. Je te remercie dès maintenant, même s'il s'agit d'un reproche. Mais crois-moi, Maître et Seigneur : si je suis lent et incapable, c'est par défaut de moyens, non par mauvaise volonté."    

"Ce n'est pas un reproche mais une instruction, oui, pour le temps où je ne serai plus avec vous. Dans ton cœur, pendant ces mois, tu as beaucoup pensé à ce que je t'ai dit un jour
[2], au pied de cette montagne, en te promettant de venir ici avec toi, non seulement pour parler du prophète Élie et pour regarder la mer qui resplendit là, à l'infini, mais pour te parler d'une autre mer, encore plus grande, changeante, traîtresse, que cette mer qui paraît aujourd'hui le plus tranquille des bassins et qui peut-être dans quelques heures engloutira navires et hommes dans sa faim vorace.        

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231> Et tu n'as jamais séparé la pensée de ce que je t'ai dit alors de celle que la venue ici avait rapport à ton futur destin. Si bien que maintenant tu pâlis de plus en plus en voyant que c'est un lourd destin, un héritage plein d'une responsabilité telle qu'elle ferait trembler un héros ; une responsabilité et une mission qu'il faut exécuter avec toute la sainteté possible dans un homme pour ne pas décevoir la volonté de Dieu.     

N'aie pas peur, Jacques. Je ne veux pas ta ruine. Car si je te destine à cela, c'est signe que je sais que tu en auras non un dommage mais une gloire surnaturelle.        

Écoute-moi, Jacques. Fais en toi la paix par un bel acte d'abandon en Moi, pour pouvoir entendre et te rappeler mes paroles. Jamais plus nous ne serons ainsi seuls et avec l'esprit ainsi préparé à nous entendre.   

 258.3 – Je m'en irai un jour, comme tous les hommes qui ont un temps de séjour sur la terre. Mon séjour cessera d'une façon différente de celui des hommes, mais il faudra qu'il cesse et vous ne m'aurez plus à côté de vous autrement que par mon Esprit qui, je vous en donne l'assurance, ne vous abandonnera jamais. Quant à Moi, je m'en irai, après vous avoir donné tout ce qui est nécessaire pour faire progresser ma Doctrine dans le monde, après avoir accompli le Sacrifice et vous avoir obtenu la Grâce. Par elle et par le Feu sapientiel et septiforme[3] vous pourrez faire ce qui maintenant vous paraîtrait folie et présomption même à seulement l'imaginer.

Je m'en irai et vous resterez. Et le monde qui n'a pas compris le Christ ne comprendra pas les apôtres du Christ. Aussi vous serez persécutés et dispersés comme les gens les plus dangereux pour le bien-être d'Israël. Mais, puisque vous êtes mes disciples, vous devez être heureux de subir les mêmes afflictions que votre Maître.

Je t'ai dit un jour de Nisân : "Tu seras celui qui reste des prophètes du Seigneur"
[4] Ta mère, par une influence spirituelle, a presque compris le sens de ces paroles. Mais, avant qu'elles se vérifient pour mes apôtres, en ce qui te concerne, elles se seront vérifiées.       

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232>  Jacques, tous seront dispersés sauf toi, et cela jusqu'à ce que Dieu t'appelle à son Ciel. Tu resteras au poste auquel t'aura élu Dieu par la bouche de tes frères, toi descendant de la race royale, dans la cité royale, pour élever mon sceptre et parler du vrai Roi. Roi d'Israël et du monde selon une royauté sublime que personne ne comprend, excepté ceux auxquels elle a été révélée.        

Ce seront des temps où il te faudra une force, une constance, une patience, une sagacité sans limites. Tu devras être juste avec charité, avec une foi simple et pure comme celle d'un enfant et, en même temps, érudite, en vrai
maître, pour soutenir la foi assaillie en tant de cœurs et par tant de choses qui lui sont opposées, et pour réfuter les erreurs des faux chrétiens et les subtilités doctrinales du vieil Israël qui, aveugle dès maintenant, sera plus que jamais aveugle après avoir tué la Lumière, et qui déformera les paroles prophétiques et jusqu'aux commandements du Père de qui je procède, pour persuader lui-même et se donner ainsi la paix, et le monde, que Celui dont parlent les patriarches et les prophètes ce n'était pas Moi. Mais que Moi, au contraire, je n'étais qu'un pauvre homme, un utopiste, un fou pour les meilleurs, un hérétique possédé pour les moins bons du vieil Israël.       

Je te prie d'être alors un autre Moi-même. Non, ce n'est pas impossible ! Cela l'est. Tu devras avoir présent à ton esprit ton Jésus, ses actes, sa parole, ses œuvres. Comme si tu t'adaptais à la forme d'argile dont se servent les fondeurs pour donner une empreinte au métal, tu devras te couler en Moi. Je serai toujours présent, si présent et vivant pour vous, mes fidèles, que vous pourrez vous unir à Moi, devenir un autre Moi-même. Il suffit de le vouloir. Mais toi, toi qui as été avec Moi dès la plus tendre enfance et qui as eu la nourriture de la Sagesse par les mains de Marie, avant de l'avoir par les miennes, toi qui es le neveu de l'homme le plus juste qu'a eu Israël, tu dois être un Christ parfait..."        

 258.4 – "Je ne peux pas, Seigneur ! Donne cette charge à mon frère, donne-la à Jean, donne-la à Simon Pierre, donne-la à l'autre Simon. Pas à moi, Seigneur ! Pourquoi à moi ? Qu'ai-je fait pour la mériter ? Tu ne vois pas que je suis un bien pauvre homme qui ne peut qu'une seule chose : t'aimer tellement bien et croire fermement à tout ce que tu dis !"  

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233> "Jude a un tempérament trop entier. Il fera très bien là où il s'agit d'abattre le paganisme. Pas ici où il faudra amener au Christianisme des gens qui, étant déjà le peuple de Dieu, se croient absolument dans le juste. Pas ici où il faudra convaincre tous ceux qui, croyant en Moi, seront déçus par le déroulement des événements. Les convaincre que mon Royaume n'est pas de ce monde, mais que ce Royaume est tout spirituel, un Royaume des Cieux, dont la préparation est une vie chrétienne, c'est-à-dire une vie où les valeurs prépondérantes sont celles de l'esprit.

La conviction s'obtient par une ferme douceur. Malheur à celui qui sautera à la gorge des gens pour les persuader. Ceux qui seront assaillis, diront : "oui" sur le moment pour se dégager de l'étreinte, mais ensuite ils s'enfuiront sans plus vouloir se retourner, sans plus vouloir accepter de discuter, s'il ne s'agit pas de pervers mais seulement de dévoyés. Fuyant pour aller s'armer et donner la mort à ceux qui veulent les convaincre de doctrines différentes des leurs, s'il s'agit de pervers ou seulement de fanatiques.

Et tu seras entouré de fanatiques : fanatiques parmi les chrétiens, fanatiques parmi les israélites. Les premiers voudront de toi des actes de violence ou la permission, au moins, de les accomplir, car le vieil Israël, avec ses intransigeances et ses restrictions, agitera encore en eux sa queue vénéneuse. Les seconds marcheront contre toi et les autres comme dans une guerre sainte pour défendre l'ancienne Foi, ses symboles, ses cérémonies. Et tu seras au milieu de cette mer en tempête.
Tel est le sort des chefs. Et tu seras le chef de ceux qui seront dans la Jérusalem christianisée par ton Jésus.      

 258.5 – Tu devras savoir aimer parfaitement pour pouvoir être chef saintement. Ce ne sont pas les armes et les anathèmes mais ton cœur que tu devras opposer aux armes et aux anathèmes des juifs. Ne te permets jamais d'imiter les pharisiens en considérant les gentils comme du fumier. C'est aussi pour eux que je suis venu, parce que, en vérité, pour le seul Israël aurait été disproportionné l'anéantissement de Dieu en une chair pouvant endurer la mort. S'il est vrai que mon Amour m'aurait fait m'incarner avec joie même pour le salut d'une seule âme, la Justice, qui fait partie de Dieu, impose que l'Infini s'anéantisse pour une infinité : le Genre Humain.  

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234> Tu devras aussi être doux avec eux pour ne pas les éloigner, te bornant à être inébranlable dans la doctrine, mais condescendant pour les autres formes de vie qui ne sont pas semblables aux nôtres, et toutes matérielles, mais sans blesser l'esprit. Tu auras beaucoup à combattre avec les frères pour cela parce qu'Israël est tout enveloppé de pratiques. Toutes extérieures, toutes inutiles parce qu'elles ne changent pas l'esprit. Toi au contraire sois, et enseigne aux autres à être, uniquement préoccupé de l'esprit. Ne prétends pas que les gentils changent tout de suite leurs habitudes. Toi aussi, tu ne changeras pas d'un seul coup les tiennes. Ne reste pas ancré à ton écueil car, pour recueillir en mer les épaves et les amener aux chantiers pour les reformer à une nouvelle vie, il faut naviguer et ne pas rester sur place. Et tu dois aller à la recherche des épaves. Il y en a dans la gentilité et aussi en Israël. Au bout de la mer immense, il y a Dieu qui ouvre ses bras à toutes ses créatures, qu'elles soient riches de leur origine sainte comme les israélites, ou bien pauvres parce que païennes.       

J'ai dit :
"Vous aimerez votre prochain". Le prochain ce n'est pas seulement le parent ou le compatriote. C'est votre prochain aussi l'homme hyperboréen dont vous ne connaissez pas l'aspect, c'est votre prochain aussi celui qui, à cette heure, regarde une aurore dans des pays qui vous sont inconnus, ou qui parcourt les neiges des chaînes fabuleuses de l'Asie, ou qui boit à un fleuve qui s'ouvre un lit au milieu des forêts inconnues du centre africain. Et s'il venait à toi un adorateur du soleil, ou bien quelqu'un qui a pour dieu le crocodile vorace, ou quelqu'un qui se croit le Sage réincarné qui a su voir la Vérité, mais sans en atteindre la perfection ni la donner comme Salut à ses fidèles, ou bien un dégoûté habitant de Rome ou d'Athènes qui vient te demander la connaissance de Dieu, tu ne peux pas et ne dois pas leur dire : "Je vous chasse, car ce serait une profanation de vous amener à Dieu".       

Aie présent à ton esprit qu'eux ne savent pas, alors qu'Israël sait. Et pourtant, en vérité, beaucoup en Israël sont et seront plus idolâtres et plus cruels que l'idolâtre le plus barbare qui soit au monde, et ce n'est pas à telle ou telle Idole qu'ils sacrifieront des victimes humaines, mais à eux-mêmes, à leur orgueil, avides de sang après qu'en eux se sera allumée une soif inextinguible qui durera jusqu'à la fin des siècles.
 Seul le fait de boire de nouveau et avec foi ce qui a allumé cette soif atroce pourrait l'éteindre. Mais alors ce sera aussi la fin du monde car les derniers à dire : "Nous croyons que tu es Dieu et Messie" seront les israélites, malgré toutes les preuves que j'ai données et que je donnerai de ma Divinité.

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235>  258.6 – Tu veilleras et feras attention à ce que la foi des chrétiens ne soit pas vaine. Elle serait vaine si elle n'était que paroles ou pratiques hypocrites. C'est l'esprit qui vivifie. L'esprit manque dans une pratique machinale ou pharisaïque qui n'est qu'une foi feinte et non pas la vraie foi. À quoi servirait à l'homme de chanter des louanges à Dieu dans l'assemblée des fidèles si ensuite toute sa conduite est une insulte à Dieu qui ne se rend pas le jouet du fidèle mais, dans sa paternité, conserve toujours ses prérogatives de Dieu et de Roi ?        

Veille et surveille pour que personne ne prenne une place qui n'est pas la sienne. Dieu vous donnera la Lumière selon votre situation. Dieu ne vous fera pas manquer de Lumière, à moins que la Grâce ne se trouve éteinte en vous par le péché.         

Beaucoup aimeront s'entendre appeler "maître". Il n'y a qu'un Maître : Celui qui te parle ; et une seule Maîtresse : l'Église qui le perpétue.       
 Dans l'Église seront maîtres ceux qui seront consacrés par une charge spéciale à l'enseignement. Cependant parmi les fidèles il y en aura qui par la volonté de Dieu et leur volonté personnelle, c'est-à-dire par leur bonne volonté, seront pris par le tourbillon de la Sagesse et parleront. Il y en aura d'autres qui, sans être sages par eux- mêmes mais dociles comme instruments entre les mains de l'artiste, parleront au nom de l'artiste en répétant comme de braves enfants ce que le Père leur dit de dire, même sans comprendre toute la portée de ce qu'ils disent. Il y en aura enfin qui parleront comme s’ils étaient des maîtres et avec une splendeur qui séduira les simples, mais seront orgueilleux avec de la dureté de cœur, jaloux, irascibles, menteurs et luxurieux. 

Alors que je te dis de recueillir les paroles de ceux qui sont des sages dans le Seigneur et de sublimes petits enfants de l'Esprit Saint, en les aidant même à comprendre la profondeur des divines paroles parce que, s'ils sont les porteurs de la Divine Voix, vous, mes apôtres, serez toujours les enseignants de mon Église, et vous devez venir en aide à ceux qui sont surnaturellement épuisés par l'extasiante et lourde richesse que Dieu a déposée en eux pour qu'ils l'apportent aux frères, de la même manière je te dis :
 repousse les paroles mensongères des faux prophètes dont la vie n'est pas conforme à ma doctrine. L'excellence de la vie, la mansuétude, la pureté, la charité et l'humilité ne feront jamais défaut chez les sages et les petites voix de Dieu. Toujours chez les autres. 

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236> Veille et surveille pour qu'il n'y ait pas de jalousies ni de calomnies dans l'assemblée des fidèles, ni non plus de ressentiments ni d'esprit de vengeance. Veille et surveille pour que la chair ne prenne pas le dessus sur l'esprit. Il ne pourrait pas supporter les persécutions celui dont l'esprit ne domine pas la chair.         

 258.7 – Jacques, je sais que tu le feras, mais fais à ton Frère la promesse que tu ne le décevras pas."    

"Mais Seigneur, Seigneur ! Je n'ai qu'une peur : c'est de n'en être pas capable. Mon Seigneur, je t'en prie, donne à un autre cette charge."

"Non. Je ne peux pas..."  

"Simon de Jonas t'aime et tu l'aimes..."         

"Simon de Jonas n'est pas Jacques de David."          

"Jean ! Jean ! l'ange instruit. Fais-en ton serviteur ici."      

"Non. Je ne peux pas. Ni Simon, ni Jean ne possèdent ce rien qui est pourtant beaucoup auprès des hommes : la parenté. Tu es mon parent. Après m'avoir... après m'avoir méconnu, la meilleure partie d'Israël cherchera à avoir son pardon auprès de Dieu et auprès d'elle-même en cherchant à connaître le Seigneur qu'ils auront maudit à l'heure de Satan, et il leur semblera avoir le pardon, et par conséquent la force de se mettre sur mon chemin, s'il y a à ma place quelqu'un de mon sang. Jacques, sur cette montagne se sont accomplies de bien grandes choses. Ici le feu de Dieu consuma non seulement l'holocauste, le bois, les pierres
[5], mais aussi la poussière et jusqu'à l'eau qui était dans le fossé. Jacques, crois-tu que Dieu ne puisse plus faire semblable chose, en allumant et consumant tout ce qu'il y a de matériel dans l'homme-Jacques, pour faire un Jacques-feu de Dieu ? Nous avons parlé pendant que le crépuscule a rendu de flamme jusqu'à nos vêtements. Ainsi crois-tu que le char qui emporta Élie fut plus ou moins resplendissant ?"         

"Beaucoup plus resplendissant parce qu'il était fait de feu céleste."         

"Et pense alors à ce que deviendra le cœur quand il sera devenu feu parce qu'il aura Dieu en lui, car Dieu veut qu'il perpétue son Verbe dans la prédication de la Nouvelle du Salut."    

 258.8 – "Mais Toi, mais Toi, Verbe de Dieu, Verbe éternel, pourquoi ne restes-tu pas ?"    

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237> "Parce que je suis Verbe et Chair. Comme Verbe je dois instruire et comme Chair racheter."

"Oh ! mon Jésus, mais comment rachèteras-tu ? À la rencontre de quoi vas-tu ?"

"Jacques, rappelle-toi les prophètes." 

"Mais ne sont-elles pas allégoriques leurs paroles ? Peux-tu, Verbe de Dieu, être maltraité par les hommes ? Ne veulent-ils pas dire peut-être que c'est à ta Divinité que sera donné le martyre, à ta perfection, mais rien de plus, rien de plus que cela ? Ma mère se préoccupe pour moi et pour Jude, mais moi pour Toi et pour Marie, et puis aussi pour nous qui sommes si faibles. Jésus, Jésus, si l'homme triomphait de Toi, ne crois-tu pas que beaucoup d'entre nous te croiraient coupable et s'éloigneraient, déçus par Toi ?"      

"J'en suis sûr. Il y aura un bouleversement dans toutes les couches de mes disciples. Mais ensuite la paix reviendra et même il viendra une cohésion des parties les meilleures sur lesquelles, après mon sacrifice et mon triomphe, viendra l'Esprit de force et de sagesse : le Divin Esprit."     

"Jésus, pour que je ne fléchisse pas; et que je ne sois pas scandalisé à l'heure redoutable, dis-moi : que te feront-ils ?"        

"C'est une grande chose ce que tu me demandes."   

"Dis-la-moi, Seigneur." 

"Ce sera pour toi un tourment de la connaître exactement."          

"Peu importe. Au nom de cet amour qui nous a unis..."      

"Il ne faut pas que cela soit connu."    

"Dis-la-moi, et puis fais m'en perdre le souvenir jusqu'à l'heure où elle devra s'accomplir, Alors remets-la-moi en mémoire ainsi que cette heure. Ainsi je ne me scandaliserai de rien et je ne deviendrai pas ton ennemi au fond de mon cœur."        

"Cela ne servira à rien, car toi aussi tu céderas à la bourrasque."  

"Dis-la-moi Seigneur !" 

"Je serai accusé, trahi, pris, torturé, soumis à la mort de la croix."           

"Oh ! non, non !" 

Jacques crie et se tord comme si c'était lui qui serait mis à mort. 

"Non ! répète-t-il. S'ils te font cela, que nous feront-ils, à nous ? Comment pourrons-nous continuer ton œuvre ? Je ne puis, je ne puis accepter la charge que tu me réserves... Je ne puis !... Je ne puis ! Toi mort, je serai un mort, moi aussi, dépourvu de toute force. Jésus, Jésus ! Écoute-moi. Ne me laisse pas sans Toi. Promets-moi, promets-moi cela au moins !"        

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238> "Je te promets que je viendrai te guider par mon Esprit, lorsque la glorieuse Résurrection m'aura délivré des limites de la matière. Moi et toi serons encore une seule chose, comme maintenant que tu es entre mes bras" car en effet Jacques s'est abandonné et pleure sur la poitrine de Jésus.  

 258.9 – "Ne pleure plus. Sortons de cette heure d'extase, lumineuse et pénible, comme quelqu'un qui sort des ombres de la mort se souvenant de tout, sauf ce que c'est que mourir, effroi qui vous glace et dure une minute et qui comme fait accompli dure pendant des siècles. Viens, je t'embrasse ainsi pour t'aider à oublier la charge de ma destinée d'Homme. Tu en retrouveras le souvenir au moment voulu, comme tu l'as demandé. Tiens, je te baise sur ta bouche qui devra répéter ma parole aux gens d'Israël[6], et sur ton cœur qui devra aimer comme je l'ai dit, et ici, sur ta tempe, où la vie cessera en même temps que la dernière parole d'affectueuse foi en Moi.       

De même que je viendrai, frère que j'aime, près de toi, dans les assemblées des fidèles, aux heures de méditation, aux heures de danger, à l'heure de la mort ! Personne, et pas même ton ange, ne recueillera ton âme, mais Moi, dans un baiser, ainsi..."     

Ils restent embrassés longuement et Jacques paraît presque s'assoupir dans la joie des baisers de Dieu qui lui font oublier sa souffrance. 

Quand il relève la tête, il est redevenu le Jacques d'Alphée, paisible et bon, qui ressemble tant à Joseph, l'époux de Marie, Il sourit à Jésus, un sourire plus mûr, un peu triste, mais toujours si doux.     

"Prenons notre repas, Jacques, et puis dormons sous les étoiles. Aux premières lueurs du jour, nous descendrons dans la vallée... pour aller parmi les hommes..." et Jésus pousse un soupir... Mais il termine avec un sourire : "... et près de Marie."      

"Et à ma mère que dirai-je, Jésus ? Et aux compagnons ? Ils ne me laisseront pas sans m'interroger..."

 

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239> "Tu pourras leur dire tout ce que je t'ai dit en faisant considérer Elie dans ses réponses à Achab, au peuple sur la montagne[7], et sur la puissance de celui qui est aimé de Dieu pour obtenir ce qu'il veut des peuples et de tous les éléments, son zèle dévorant pour le Seigneur, et comment je t'ai fait considérer que c'est par la paix et dans la paix qu'on entend et qu'on sert Dieu. Tu leur diras que comme je vous ai dit : "Venez", vous, de la même façon comme Élie le fit avec son manteau qu’il mit sur Élisée, vous avec le manteau de la charité, vous pourrez gagner au Seigneur de nouveaux serviteurs de Dieu. Et à ceux qui ont toujours des préoccupations, dis comme je t'ai fait remarquer la joyeuse libération des choses du passé que montre Élisée en se séparant des bœufs et de la charrue. Dis-leur comment j'ai rappelé qu'à ceux qui veulent obtenir des miracles par Belzébuth, il arrive du mal et pas du bien, comme il advint à Ochosias[8] selon la parole d'Élie. Dis-leur enfin comment je t'ai promis que pour celui qui sera fidèle jusqu'à la mort viendra le feu purificateur de l'Amour pour brûler les imperfections et l'amener directement au Ciel. Le reste c'est pour toi seul."

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Fiche mise à jour le
27/11/2022.

 




[1] Jacques, fils d’Alphée, est son cousin.


[2] En
EMV 192.1.


[3] Feu sapientiel et septiforme = l’Esprit saint, esprit de sagesse aux formes multiples. Annonce de la Pentecôte.


[4] Cf.
EMV 192.


[5] Voir
1 Rois 18, 38.


[6] Note de Jean-François Lavère : Baiser sur la bouche. Pour bacio sulla bocca. Quelques lecteurs ont pu être surpris de ce que Jésus puisse embrasser sur la bouche l’apôtre Jacques (258.9), Abel le ressuscité (475.6), ou aussi un enfant muet pour lui délier la langue (516.2). 
Le baiser sur la bouche se trouve plusieurs fois évoqué dans la Bible, notamment sous la forme du baiser de paix. Le mot latin osculum (petite bouche, baiser) ou le verbe deosculor (baiser) employés dans les textes bibliques (Genèse 27,26 | Genèse 48,10 | 1 Samuel 20,41 ; etc.) permettent d’affirmer que ce baiser était pratiqué dans la Judée ancienne. C’était un geste symbolique étroitement lié aux passages bibliques où le souffle de Dieu (Genèse 1,2) transmet la vie et anime la créature (Psaume 103 (Hébreu 104),29-30 | Zacharie 12,1 | Habacuc 2,19 | Job 27,3). Ce même souffle dans la bouche, dont se sert Jésus pour ranimer un bébé moribond (EMV 345.5 et EMV 368.7), ou pour guérir un homme souffrant d’un cancer de la langue (EMV 385.7).         
Au 1er siècle, saint Paul (Romains 16,16 | 1 Corinthiens 16,20 | 2 Corinthiens 13,12 ; 1 Timothée 5,26) et saint Pierre (1 Pierre 5,1) ont recommandé, dans leurs lettres, le baiser de paix entre croyants et cette pratique s'est répandue dans le christianisme jusqu’au Moyen-âge.        
Saint Bernard (Docteur de l’Église), commentant (dans pas moins de 8 sermons !) le premier verset du Cantique des Cantiques : "Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche", déclarait "Heureux baiser, et admirable de merveilleuse complaisance, où ce n’est pas une bouche qui se pose sur une autre bouche, mais Dieu qui s’unit à l’homme... Ici l’alliance des natures associe l’humain au divin" (Sermon sur le Cantique 2,3). Aux paragraphes 5-9, saint Bernard interprète ce baiser comme le baiser de paix donné par Dieu à l’humanité, "signe et gage de réconciliation entre lui et les hommes pécheurs". Il considère qu’il s’agit de l’expérience mystique la plus élevée, "baiser de suprême complaisance et d’enivrante douceur" (Sermon 3,5) qui consiste à n’être plus "qu’un seul esprit avec Dieu". C’est exactement ce qui ressort ici du geste de Jésus envers son cousin Jacques, qui a connu au mont Carmel cette extase mystique dont parle saint Bernard.        
Notons encore que dans la Grèce antique, le baiser sur la bouche servait à exprimer un concept d'égalité entre personnes de même rang. Ce geste était alors un signe d'affection amical, exactement comme celui que Pierre fait spontanément en déposant un baiser sur les lèvres de Jésus (EMV 545.6). Le baiser sur les lèvres était également fréquent entre chevaliers : c’était un signe de reconnaissance et de soutien mutuel, et l’échange de ce baiser entre le seigneur et son vassal scellait le serment d’allégeance. Contrairement au baiser amoureux, il n'avait bien entendu pas de connotation sexuelle.


[7] Je t’ai dit se réfère à 1Rois 18-19 | 1Rois 22, 52-54 | 2Rois 1 | Siracide 48, 1-14.


[8] 2Rois 1, 1-18.