Catéchèse du samedi 10 juin 1944
291>
43.1 -
Marie
dit :
"Avant que tu ne remettes ces cahiers, j'y joins ma bénédiction.
Maintenant, si vous voulez y mettre un peu de patience, vous pouvez avoir un
ensemble complet de la vie intime de mon Jésus. De l'Annonciation jusqu'au moment
où il sort de Nazareth pour annoncer l'Évangile vous avez non seulement les
entretiens, mais l'illustration des faits qui accompagnèrent la vie en
famille de Jésus.
Les premières années, l'enfance, l'adolescence et la jeunesse de mon Fils,
tout se limite à de brefs épisodes, dans le cadre de sa vie que décrivent les
Évangiles. Là, il est le Maître. Ici, c'est l'Homme, le Dieu qui s'humilie
pour l'amour de l'homme.
43.2 -
Il y opère pourtant des miracles, dans l'anéantissement d'une vie commune. Il
les opère en moi, qui sens mon âme portée à la perfection par le contact avec
le Fils qui se forme en mon sein. Il les opère dans la maison de Zacharie
en sanctifiant le Baptiste,
en facilitant l'accouchement d'Élisabeth, en rendant la
parole et la foi à Zacharie. Il les opère en Joseph, en lui ouvrant l'esprit à la
lumière d'une vérité tellement élevée qu'il ne pouvait la comprendre avec ses
seuls moyens bien qu'il fût un juste.
43.3 -
Après moi, c’est Joseph qui s'en est le plus réjoui de cette pluie des
bienfaits divins.
Remarque quel chemin il parcourt dans l'ordre spirituel, depuis le moment où
il vient dans ma maison jusqu'à celui de la fuite en Égypte. Au début, c'était seulement un homme juste de son
temps. Puis, par des étapes successives, il est devenu le juste de l'ère
chrétienne. Il a acquis la foi au Christ et il s'abandonne paisiblement à
cette foi. Pensez à cette phrase au début du voyage de Nazareth à
Bethléem : "Comment ferons-nous !" L'homme s'y révèle
tout entier avec ses craintes humaines et ses soucis humains. Puis il arrive
à l'espérance. Dans la grotte, avant la naissance de Jésus, il dit :
"Demain ça ira mieux". Jésus qui vient, lui donne déjà le courage
avec cette espérance qui est, parmi les dons de Dieu, l'un des plus beaux. De
l'espérance, quand il est sanctifié par le contact de Jésus, il passe à la
hardiesse.
Haut
de page.
292> Il s'était toujours laissé guider par moi pour la
vénération qu'il nourrissait à mon égard. Maintenant c'était lui qui dirigeait
les choses matérielles et celles d'un ordre plus relevé.
C'était lui qui, comme chef de la Famille, décidait
quand il y avait lieu. Non seulement cela, mais à l'heure pénible de la
fuite, après que des mois d'union avec le Divin Fils l'eurent saturé de
sainteté, c'est lui qui me réconforta dans ma peine et qui me dit :
"Même si nous devions n'avoir plus rien, nous posséderons toujours tout,
parce que nous l'aurons, Lui".
43.4 -
Il opère, mon Jésus, ses miracles de grâce chez les bergers. L'Ange
se rend là où se trouve le berger, que sa rencontre passagère avec moi
prédispose à la Grâce, et le porte vers la Grâce pour qu'Elle le sauve pour
l'éternité. Il opère des miracles, là où il passe, exilé ou revenu à sa
petite patrie de Nazareth. Car là où il était, la sainteté se répandait,
comme une tache d'huile sur un linge, et l'air était parfumé par les fleurs. Qui l'approchait et le touchait, à moins
qu'il ne fût un démon, le quittait avec le désir anxieux d'être saint.
Là où se trouve cette anxiété, elle est une racine de la vie éternelle parce
que, qui veut être bon, le devient et la bonté fait accéder au Royaume
de Dieu.
43.5 -
Maintenant, vous avez eu, par des détails qui en éclairent les diverses
périodes, l'évocation de la sainte Humanité de mon Fils, de l'aube de sa vie
à son crépuscule. Vous pouvez en faire un ensemble qui sera un tableau
complet (si ton directeur juge utile de le faire).
Nous aurions pu vous le donner tout à la fois, mais la Providence jugea utile
de procéder comme nous l'avons fait. Dans ton intérêt, ma chère âme, chacun
des exposés qui t'a été fait, te donnait le remède
pour les blessures que tu devais recevoir. Nous te l'avons donné à l'avance
pour que tu ne sois pas prise au dépourvu.
On dirait, pendant la grêle, que rien ne puisse nous abriter, mais il n'en
est pas ainsi. La tempête fait affleurer l'humanité qui dort sous les eaux
spirituelles, mais elle ramène aussi à la surface les semences d'une doctrine
surnaturelle tombées dans votre cœur et qui attendent justement cette heure
de tempête pour affleurer de nouveau et vous dire : "Nous sommes là
aussi, nous. Pensez à nous".
Haut
de page.
293>
En plus, ma chère âme (pour l'ordre de
succession des visions) il y a eu une raison de bienveillance, en même temps
que de ménagement providentiel. Comment aurais-tu pu, dans l'accablement de
l'heure présente, avoir certaines visions et entendre certains exposés? Tu en
aurais été blessée, au point de te rendre incapable de remplir ta mission de
"porte-parole". Nous t'avons donné ces communications au début pour
éviter de te briser le cœur et nous l'avons fait par bonté. Nous avons évité
de te donner des visions et des entretiens qui s'accordaient mal avec ta
souffrance et qui auraient eu pour effet de l'exaspérer. Nous ne sommes pas
cruels, Marie. Nous agissons toujours de manière à vous réconforter et non
pas à vous affoler et à accroître votre souffrance. Il suffit que vous vous fiez à Nous. Il vous suffit de dire avec Joseph :
"S'il me reste Jésus, tout me reste" pour qu'avec des dons célestes
Nous venions rassurer votre esprit.
43.6 -
Je ne te promets pas des dons et des consolations humaines. Je te promets les
mêmes consolations qu'a eues Joseph, des consolations surnaturelles.
Pour que, tout le monde le sache, les cadeaux des Mages, avec les usuriers qui vous serrent à la gorge le pauvre réfugié, disparurent avec la
rapidité de l'éclair, dans l'acquisition d'un toit, du minimum de mobilier
nécessaire à la vie, de la nourriture qui était indispensable." Nous
n'avions que cette ressource, en attendant de trouver du travail.
La communauté hébraïque est toujours prête à aider les siens, mais la
communauté que nous trouvions en Égypte n'était composée que de réfugiés
persécutés, pauvres donc comme nous qui venions nous y joindre. Une partie
des ressources que nous voulions garder pour Jésus, pour notre Jésus adulte,
que nous avions sauvée des frais de l'établissement en Égypte, dut être
prévue pour le rapatriement et à peine
suffisante pour remettre en état la maison et l'atelier de Nazareth, à
notre retour. Les temps changent, mais l'avidité des hommes est toujours la
même et profite de la détresse d'autrui pour l'exploiter d'une manière
indigne.
Non. D'avoir avec vous Jésus ne nous procura pas de
biens matériels. Beaucoup d'entre vous prétendent à ces biens quand ils sont
à peine un peu unis à Jésus. Ils oublient que Lui a dit : "Cherchez
les richesses spirituelles". Tout le reste vous viendra par surcroît.
Dieu pourvoit aussi à la nourriture, pour les hommes comme pour les oiseaux,
car Il sait que vous avez besoin de nourriture puisque votre âme a besoin du
soutien de la chair qui l'environne. Mais demandez-Lui d'abord sa grâce.
Demandez d'abord ce dont a besoin votre esprit. Le reste vous sera donné en
surplus.
Haut
de page.
294>
Joseph, de l'union avec Jésus reçut, humainement parlant, embarras, fatigues,
persécutions, faim. Rien d'autre. Mais parce qu'il s'attachait à Jésus seul,
tout se changea en paix spirituelle, en joie surnaturelle. Je voudrais vous
amener au point où en était mon époux quand il disait : "Même si
nous ne devions n'avoir plus rien, nous posséderions toujours tout, car nous
avons Jésus".
43.7 -
Je le sais, le cœur se brise.
Je le sais, l'esprit s'enténèbre. Je le sais, la vie se consume. Mais
Marie !... appartiens-tu à Jésus ? Veux-tu être à Lui ? Au
point de mourir comme Jésus est mort ? Ma petite, qui m'es si chère,
pleure, mais reste courageuse et persévère. Le martyre ne réside pas dans la
forme du tourment, mais dans la constance avec laquelle le martyr le
supporte. Le martyre peut venir par une arme, mais aussi bien par une
souffrance morale, si le but auquel on vise est le même. Tu supportes par
l'amour de mon Fils qui te donne l'endurance. Ce que tu fais pour tes frères,
tu le fais pour l'amour du Christ qui veut leur salut. C'est là ton martyre.
Restes-y fidèle. Consens à ne pas vouloir faire tout de toi-même.
|