| Vendredi 27 février 1948. 112/113>
  L'Auteur Très-Divin dit :     
 
  Dans les livres de Moïse on peut lire que
  les hosties
  des sacrifices et des oblations devaient être d'animaux sans tache et sans
  défaut ; que les offrandes et les oblations de fleur de farine, d'huile,
  ou de blé devaient être assaisonnées de sel, mais sans levain et sans miel.
  Si les produits de l'offrande étaient des prémices d'une récolte encore
  verte, avant de les offrir il fallait les griller, les hacher, les arroser
  avec de l'huile, et les offrir en même temps que l'encens. 
 On peut lire aussi que ceux qui appartenaient à la descendance d'Aaron,
  c'est-à-dire à la caste sacerdotale, n'étaient pas admis au service
  sacerdotal s'ils avaient quelque défaut physique ou maladie incurable. Pour
  officier à la face du Créateur de l'homme, à la face du Très-Haut qui avait
  mis dans l'homme la perfection des membres, des sens et des sentiments,
  seulement des corps sains et parfaitement constitués pouvaient être admis.
  Les difformités et les maladies des hommes étaient, aux yeux de Dieu, le
  témoignage de la rébellion de l'homme et du mépris de Satan pour l'œuvre la
  plus chère à Dieu, donc encore du mépris pour Dieu.
 
 Au temps de Moïse les sacrifices étaient d'animaux et de blés, c'est-à-dire
  de choses matérielles.
 
 Après le Christ les sacrifices sont de nature spirituelle. Le roi David a
  prophétisé sur ce temps en disant que les sacrifices ne seraient plus d'animaux,
  mais "d'un esprit repenti et d'un cœur contrit et humilié".
 
 C'était le temps de la rigueur. L'homme n'osait pas imaginer qu'il aurait pu
  offrir son cœur en sacrifice suave. Sur ce cœur il y avait la tache
  corruptrice. En ce temps-là les cœurs des hommes étaient tous impurs, même
  ceux des plus justes. Ils étaient souillés par la Faute originelle, et
  seulement les plus saints n'avaient que celle-là. Comment l'offrir alors en
  sacrifice de suave odeur à Celui qui avait prescrit que tous les animaux et
  les produits à offrir sur son autel devaient être sans défaut, sans tache sur
  le pelage ni rouille ?
 
 Si un veau ou un mouton vient au monde avec une peau tachée, est-ce sa faute
  ? Si un épi a des taches de rouille ou de moisissure est-ce sa faute ? Bien
  sûr que non. Malgré cela la loi défendait à quiconque de les présenter comme
  offrande à l'autel. De même, l'acte d'offrande ne devait pas être accompli
  par un homme en qui quelque défaut, la maigreur ou la maladie témoignaient de
  l'héritage du péché.
 
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  Les maladies, les difformités et la mort sont entrées au sein de l'humanité par le péché
  d'Adam. Parce que la malice, qui s'est installée là où auparavant il n'y
  avait que la flamme de la pure charité, a conduit les hommes vers des
  perversions sensuelles et sentimentales, qui sont à l'origine de toutes les
  monstruosités et de toutes les maladies qui se manifestent chez l'homme. À
  partir de racines corrompues, on obtient des plantes corrompues, des branches
  et des fruits corrompus. Suite à de nouvelles perversions, la corruption du
  début n'a jamais cessé d'augmenter. À cause de cela la chair de l'homme ne
  cesse de payer, à un prix qui va croissant, les conséquences très douloureuses
  de la déchéance de ceux qui, en nombre bien trop élevé, deviennent des
  brutes, d'hommes qu'ils étaient.
 
 
  Dans ce temps de Miséricorde, la Grâce
  virginise à nouveau les esprits de sa blancheur divine. Dans ce temps de
  l'esprit,
  où à la base se trouvent les valeurs humaines, mais au sommet se trouvent les
  valeurs surnaturelles, c'est celles-ci, plus que celles-là, qui sont offertes
  à Dieu et acceptées par lui comme don. Dans le temps où la chair est un
  vêtement pour l'âme-reine, un moyen pour parvenir à la victoire, celui qui
  domine, ou devrait dominer, c'est l'esprit. Dans ce temps, les limites
  imposées par la Loi de Moïse sont tombées; tombées "par les vertus de
  Celui qui vous rappelle des ténèbres à son admirable lumière, faisant de vous
  chrétiens la nation sainte, la race élue, le sacerdoce royal, le nouveau
  peuple de Dieu racheté à Dieu par le Sang de l'Homme-Dieu", comme Pierre
  l’a écrit.
  Dans ce temps tout être humain, marqué par le signe du Christ, consacré par
  le Pontife éternel et saint, innocent et sans tache, pour être à son service,
  peut et doit être hostie et prêtre, matière et ministre du sacrifice spirituel
  qui est agréable à Dieu. 
 Dans l'épître de Paul (ci-contre, verset 13) il manque un mot : le mot
  "hostie". "Après avoir été morts, offrez-vous à Dieu comme des
  hosties vivantes. Offrez-lui vos membres comme instrument de justice".
  Voilà le sacerdoce royal auquel le chrétien est appelé, le sacerdoce de
  chaque chrétien fait à l'imitation de celui qui est "Prêtre pour
  l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech".
 
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  De l'ancienne Loi on garde, mais élevée à un degré spirituel, l'obligation
  d'être sans tache mortelle, sans vices capitaux qui seraient consentis par la
  raison et par l'esprit, et consommés avec pleine conscience. Pas contaminés
  par le levain de la haine et de la concupiscence ; débarrassés du miel
  de la mollesse sensuelle, et des maladies spirituelles qu'on ne chercherait
  pas à guérir ; libres de tout aveuglement général ou partiel à l'égard
  de la Lumière, ainsi que de la gale et de l'herpès qui représentent
  l'insidieuse complaisance entretenue envers les petites fautes ; libérés
  enfin de toute fracture, ou bosse, il est possible aux élus de se valoir de
  la magnifique formation chrétienne.
 
 Soldats du vrai Dieu, athlètes de la religion sainte, prêtres et victimes des
  temps nouveaux, vous devez vous saler
  avec le sel de la volonté héroïque qui brûle et cautérise, mais qui fortifie
  les parties faibles et les rend invulnérables contre le risque de la
  gangrène. Vous devez vous broyer avec la meule de la mortification, et vous
  triturer au feu de la charité, pour devenir farine à hosties, fleur de farine. Après, consacrés par
  la sainte onction des vertus, parfumés de l'encens de l'adoration – et qu'il
  soit abondant – venez vous offrir, venez vous immoler en répétant la parole incessante du
  Christ : "Me voici, ô Père, pour faire ta volonté, et non la mienne".
  À ceux qui par des flatteries ou des menaces, par amour ou par haine,
  voudraient vous empêcher de prêcher le Christ, soyez prêts à répondre par
  votre vie parmi les savants du monde : "Ne savez-vous pas que je
  dois m'occuper des intérêts de mon Père ?".
 
 
  Que tout en vous soit hostie sainte. Car le
  chrême sanctifiant du Sacrifice du Christ recouvre tout. Les parties les moins
  nobles du corps sont appelées au service de Dieu comme les parties les plus
  nobles. Ceux qui, par volonté de Dieu, ont été consacrés avec le chrême
  spécial de la douleur ne sont pas exclus du service: les malades, les
  infirmes, les innocents condamnés injustement, les persécutés, les moqués du
  monde. La Grâce juge et la Grâce élève. 
 Dans sa divine sagesse et munificence, Jésus a dit: "Les derniers seront
  les premiers".
  Et même avant de guérir l'aveugle de Jérusalem pour qu'il devienne son
  disciple et évangélisateur,
  Jésus, portant son regard vers le futur, vers ceux que le monde méprise, et
  dont plusieurs deviendraient "salut" pour le monde, a dit: "Ni
  lui, ni ses parents n'ont péché.
 
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  Il en est ainsi, pour que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu".
  En lui et à travers lui. Combien nombreux sont ceux qui, par généreuse
  obéissance ou par demande héroïque, sont devenus "hosties",
  "rédempteurs", "capables de continuer et de compléter la
  Passion du Christ" !
 
 Mais même si on ignore ces héros singuliers de la plus haute charité, vous
  êtes tous, vous les chrétiens, des "hosties vivantes", et vous êtes
  tenus "d'offrir vos membres comme objet de justice". Les offrir
  purifiés de toute faute, car désormais vous "n'êtes plus sous la loi,
  mais sous la grâce". Libérés comme vous l'êtes de l'esclavage du péché,
  soutenus comme vous l'êtes par la Grâce, vous ne devez plus connaître la mort
  de l'esprit, et vous ne la connaîtrez pas si, volontairement, vous ne
  redeveniez pas serviteurs de la faute.
 
 
  Servez le Seigneur-Dieu, qui a donné aux
  hommes la Loi pour qu'elle soit frein et contrôle contre la turpitude de plus
  en plus grande de la Terre. Plus : Avec l'incarnation de son Christ et
  la restitution de la Grâce par ses mérites, il a mis des ailes à votre
  esprit. Et cela, même s'il vous a laissé le frein et la contrainte de la Loi
  pour vous aider à combattre les séductions de Satan, du monde et de la chair.
  Votre esprit a été libéré de ses chaînes pour qu'il puisse voler bien haut,
  au-dessus de la fange de vos concupiscences, à la rencontre de Celui qui
  vient du côté de l'Orient. Pour que vous le connaissiez et en soyez enflammés
  autant que cela vous est accordé en cette vie d'exil. Pour que, en laissant
  pour toujours les sentiers de la terre et de la mort, vous le suiviez sur les
  chemins de la Vie, attirés par l'odeur de ses parfums, et conquis par son
  unique et suprême Beauté. Lui, le Verbe fait Chair, Jésus-Christ, votre
  Seigneur, Rédempteur et Maître. Sa doctrine est douce, son joug est léger. Le
  Sang qu'il a versé pour vous sur l'autel du Golgotha, la Chair que pour vous
  il a donnée, et qu'il continue de vous donner sur les autels de vos églises,
  dans la Communion très Sainte qui a lieu entre vous et lui, Fils de Dieu, et
  Dieu comme le Père, cette Chair et ce Sang qui sont les siens, sont là pour
  vous préserver de toute langueur et de toute mort. |