TEXTE DE L’ÉPÎTRE.
Chapitre 2 - Chacun sera jugé selon les œuvres.
9 (Oui,) tribulation et angoisse
pour tout âme d'homme qui fait le mal, pour le Juif d'abord, ensuite pour le
Grec; 10 gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif
d'abord, puis pour le Grec. 11 Car Dieu ne fait pas acception des personnes.
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Mercredi
14 janvier 1948.
61> Romains
2, 9-11.
L'Auteur Très-Saint dit :
La
tribulation et l'angoisse sont toujours les compagnes de l'âme de l'homme qui
fait le mal, même si cela n'apparaît pas aux yeux des hommes.
Le coupable ne jouit pas de la paix, fruit d'une conscience tranquille, car
les satisfactions de la vie, quelles qu'elles soient, ne suffisent pas à
donner la paix. Le monstre du remords assaille les coupables de façon
soudaine aux heures les moins attendues et il les torture. Parfois il les
pousse au repentir, parfois au contraire il les rend encore plus coupables en
les poussant à défier Dieu, à le chasser aussi loin que possible de leur
propre moi. Car le remords vient de
Dieu, mais aussi de Satan. Le premier éveille l'homme pour le sauver, le
deuxième pour finir de le détruire, par haine et par raillerie.
Mais
l'homme coupable, déjà proie de Satan, ne s'imagine pas que c'est son roi
ténébreux qui le tourmente après l'avoir séduit et rendu esclave. Alors il
accuse Dieu, Dieu seulement, des remords qui l'agitent. Il cherche à se
convaincre qu'il ne craint pas Dieu. Il essaye de l'effacer, et pour cela il
augmente ses fautes sans peur, avec la même manie malsaine avec laquelle le
buveur augmente ses doses tout en sachant que le vin lui est dommageable;
avec la même frénésie avec laquelle le luxurieux augmente son repas de
plaisirs sordides, et l'habitué des drogues augmente leur dose pour jouir
toujours plus de la chair et des drogues stupéfiantes.
Haut
de page
62> Tout cela
avec l'intention de s'enivrer, s'étourdir. S'enivrer de vin, de drogue, de
luxure. S'abêtir au point de ne plus être en état de ressentir le moindre
remords, et dans l'intention coupable d'étouffer cette voix par celle de
triomphes plus ou moins grands, plus ou moins passagers.
Mais l'angoisse demeure. La tribulation persiste. Des aveux de ce genre le
coupable ne veut pas se les faire, il les évite; ou bien il attend le dernier
moment, lorsque tout ce qui est scénario truqué tombe à terre et l'homme se
retrouve seul et nu devant le mystère de la mort et de la rencontre avec
Dieu. Si c'est son cas il aura encore de la chance, car après une juste
expiation l'âme obtient la paix dans l'autre vie. Parfois la paix est
immédiate, comme dans le cas du bon larron qui a atteint le regret parfait au
dernier moment de sa vie[1].
Mais il
est très difficile que les grands larrons parviennent au parfait repentir.
Pour les grands larrons – tout grand coupable est un grand larron,
premièrement parce qu'il enlève à Dieu une âme, la sienne de coupable, et
plusieurs autres encore, celles des personnes qu'il a entraînées à la faute;
il sera appelé à répondre de celles-ci encore plus sévèrement que de la
sienne, puisque ces dernières étaient parfois bonnes et innocentes avant de
rencontrer le coupable et devenir pécheresses suite à cette rencontre;
deuxièmement, tout grand coupable est un grand larron parce qu'en plus de
voler le salut éternel à son âme, il le vole aussi aux âmes qu'il entraîne au
mal – pour le grand larron obstiné, dis-je, il est difficile de parvenir au
parfait regret au dernier moment. Souvent il ne parvient même pas au regret
partiel, soit parce que la mort le frappe à l'improviste, soit parce qu'il
repousse le salut jusqu'au moment suprême.
La
tribulation et l'angoisse de cette vie ne sont qu'une image vraiment très
réduite de la tribulation et de l'angoisse de l'au-delà. L'enfer, la
damnation sont des horreurs dont la description, même la plus exacte et
donnée par Dieu lui-même, est toujours inférieure à leur réalité. Vous n'êtes
pas en mesure de concevoir vraiment ce que c'est que la damnation, ce que
c'est que l'enfer, même par description divine.
Haut
de page
63> De même
que ni visions, ni leçons divines ne peuvent vous donner la perception exacte
de la joie infinie du jour éternel des justes au Paradis, de même ni visions,
ni leçons divines ne peuvent vous donner l'idée de l'horreur infinie qu'est
l'Enfer. Des limites ont été posées pour que vous, les vivants, ne puissiez
connaître l'extase du Paradis ou l'angoisse de l'Enfer. Car la connaissance
de ces réalités telles qu'elles sont vous ferait mourir d'amour ou d'horreur.
Châtiment
ou récompense seront donnés avec juste mesure au juif comme au grec,
c'est-à-dire à celui qui croit au vrai Dieu, comme à celui qui est chrétien
mais séparé du tronc de la Vigne éternelle, à l'hérétique comme à celui qui suit d'autres
religions révélées, ou la sienne propre s'il s'agit d'une créature à laquelle
toute religion est inconnue.
Récompense à celui qui suit la justice, châtiment à celui qui fait le mal.
Car chaque homme est doté d'une âme et de raison. Il a donc en lui ce qui
suffit pour lui être guide et loi. Dans sa justice Dieu donnera récompense ou
châtiment en proportion de ce que
l'homme a su. Il sera plus sévère envers l'esprit et la raison des êtres
humains civilisés, c'est-à-dire de ceux qui auront été en contact des prêtres
ou des ministres chrétiens, ou des religions révélées, et tiendra compte de
leur foi. Que si un être humain croit fermement que sa foi est la bonne, sa
foi le justifie, même s'il est dans une église séparée ou schismatique. S'il
opère le bien pour gagner Dieu, Bien Suprême, un jour il aura la récompense
de sa foi et de sa droiture, et elle lui sera accordée avec une bénignité
divine plus grande que celle réservée aux catholiques. Dieu tiendra compte de
combien d'efforts supplémentaires auront dû faire les membres séparés du
Corps Mystique, les musulmans, les bouddhistes, les hindouistes, les païens,
pour demeurer justes, eux qui n'ont ni la Grâce, ni la Vie, et qui par
conséquent ne possèdent pas mes dons, ni les vertus qui découlent de ces
dons.
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