Liste
des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
Vers la fiche Prier
Sélection de textes
de Sainte Thérèse
sur le site des carmélites
Œuvres complètes
de saint Augustin d'Hippone
sur Abbaye Saint Benoît
|
2558
"Il est grand le Mystère de la foi" L’Église le professe dans le
Symbole des Apôtres (Première Partie) et elle le célèbre dans la Liturgie
sacramentelle (Deuxième Partie), afin que la vie des fidèles soit conformée
au Christ dans l’Esprit Saint à la gloire de Dieu le Père (Troisième Partie).
Ce Mystère exige donc que les fidèles y croient, le célèbrent et en vivent
dans une relation vivante et personnelle avec le Dieu vivant et vrai. Cette
relation est la prière.
Qu’est-ce que
la prière ?
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"Pour moi, la prière c’est un élan du cœur, c’est un
simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au
sein de l’épreuve comme au sein de la joie" (Sainte. Thérèse de l’Enfant-Jésus, Manuscrit C 25r).
La prière comme don de Dieu
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2559
"La prière est
l’élévation de l’âme vers Dieu ou la demande à Dieu des biens
convenables" (Saint Jean Damascène, f. o. 3, 24 : PG 94, 1089D).
D’où parlons-nous en priant ? De la hauteur de notre orgueil et de notre
volonté propre, ou des "profondeurs" (Ps 130, 14) d’un cœur humble
et contrit ? C’est celui qui s’abaisse qui est élevé (cf. Luc 18, 9-14).
L’humilité est le fondement de la prière. "Nous ne savons que
demander pour prier comme il faut" (Romains 8, 26). L’humilité est la
disposition pour recevoir gratuitement le don de la prière : L’homme est
un mendiant de Dieu (cf. Saint Augustin, sermon
56, 6, 9 :
PL 38, 381).
2560
"Si tu savais le don de Dieu !" (Jn
4, 10). La merveille de la prière se révèle justement là, au bord des puits
où nous venons chercher notre eau : là, le Christ vient à la rencontre
de tout être humain, il est le premier à nous chercher et c’est lui qui
demande à boire. Jésus a soif, sa demande vient des profondeurs de Dieu qui
nous désire. La prière, que nous le sachions ou non, est la rencontre de la
soif de Dieu et de la nôtre. Dieu a soif que nous ayons soif de Lui (cf. Saint Augustin, Quatre-vingt-trois
questions, Chapitre 64, De la
Samaritaine, § 4 : PL 40, 56).
2561
"C’est toi qui l’en aurais prié et il t’aurait donné de l’eau
vive" (Jn 4, 10). Notre prière de demande est
paradoxalement une réponse. Réponse à la plainte du Dieu vivant :
"Ils m’ont abandonné, moi la Source d’eau vive, pour se creuser des
citernes lézardées !" (Jr 2, 13), réponse de foi à la promesse
gratuite du salut (cf. Jn 7, 37-39 ; Is 12,
3 ; 51, 1), réponse d’amour à la soif du Fils unique (cf. Jn 19, 28 ; Za 12,
10 ; 13, 1).
La prière comme Alliance
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2562
D’où vient la prière de l’homme ? Quel que soit le langage de la prière
(gestes et paroles), c’est tout l’homme qui prie. Mais pour désigner le lieu
d’où jaillit la prière, les Écritures parlent parfois de l’âme ou de
l’esprit, le plus souvent du cœur (plus de mille fois). C’est le cœur
qui prie. S’il est loin de Dieu, l’expression de la prière est vaine.
2563
Le cœur est la demeure où je suis, où j’habite (selon l’expression
sémitique ou biblique : où je "descends"). Il est notre centre
caché, insaisissable par notre raison et par autrui ; seul l’Esprit de
Dieu peut le sonder et le connaître. Il est le lieu de la décision, au plus
profond de nos tendances psychiques. Il est le lieu de la vérité, là où nous
choisissons la vie ou la mort. Il est le lieu de la rencontre, puisque à
l’image de Dieu, nous vivons en relation : il est le lieu de l’Alliance.
2564
La prière chrétienne est une relation d’Alliance entre Dieu et l’homme
dans le Christ. Elle est action de Dieu et de l’homme ; elle jaillit de
l’Esprit Saint et de nous, toute dirigée vers le Père, en union avec la
volonté humaine du Fils de Dieu fait homme.
La prière comme Communion
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2565
Dans la nouvelle
Alliance, la prière est la relation vivante des enfants de Dieu avec leur Père
infiniment bon, avec son Fils Jésus Christ et avec l’Esprit Saint. La grâce
du Royaume est "l’union de la Sainte Trinité tout entière avec l’esprit
tout entier" (S. Grégoire de Naziance, or. 16,
9 : PG 35, 954C). La vie de prière est ainsi d’être habituellement en
présence du Dieu trois fois Saint et en communion avec Lui. Cette communion
de vie est toujours possible parce que, par le Baptême, nous sommes devenus
un même être avec le Christ (cf. Rm 6, 5). La
prière est chrétienne en tant qu’elle est communion au Christ et se
dilate dans l’Église qui est son Corps. Ses dimensions sont celles de l’Amour
du Christ (cf. Ep 3, 18-21).
Chapitre premier - La révélation de
la prière - L’appel universel à la prière
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2566
L’homme est en quête de Dieu. Par la création Dieu appelle tout être du néant à
l’existence. Couronné de gloire et de splendeur (cf. Ps 8, 6), l’homme est,
après les anges, capable de reconnaître qu’il est grand le Nom du Seigneur
par toute la terre (cf. Ps 8, 2). Même après avoir perdu la ressemblance avec
Dieu par son péché, l’homme reste à l’image de son Créateur. Il garde le
désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent
de cette quête essentielle des hommes (cf. Ac 17,
27).
2567
Dieu, le premier, appelle l’homme. Que l’homme oublie
son Créateur ou se cache loin de sa Face, qu’il coure après ses idoles ou
accuse la divinité de l’avoir abandonné, le Dieu vivant et vrai appelle
inlassablement chaque personne à la rencontre mystérieuse de la prière. Cette
démarche d’amour du Dieu fidèle est toujours première dans la prière, la
démarche de l’homme est toujours une réponse. Au fur et à mesure que Dieu se
révèle et révèle l’homme à lui-même, la prière apparaît comme un appel réciproque,
un drame d’Alliance. A travers des paroles et des actes, ce drame engage le
cœur. Il se dévoile à travers toute l’histoire du salut.
Article 1 : Dans l’Ancien Testament
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2568
La révélation de la prière dans l’Ancien Testament s’inscrit entre la chute
et le relèvement de l’homme, entre l’appel douloureux de Dieu à ses premiers
enfants : "Où es-tu ?... Qu’as-tu fait ?" (Gn 3, 9. 13) et la réponse du Fils unique entrant dans le
monde ("Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté": He 10,
7 ; cf. 10, 5-7). La prière est ainsi liée à l’histoire des hommes, elle
est la relation à Dieu dans les événements de l’histoire.
La création – source de la prière
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2569
C’est d’abord à partir
des réalités de la création que se vit la prière. Les neuf premiers
chapitres de la Genèse décrivent cette relation à Dieu comme offrande des
premiers-nés du troupeau par Abel (cf. Gn 4, 4),
comme invocation du Nom divin par Enosh (cf. Gn 4, 26), comme "marche avec Dieu" (Gn 5, 24). L’offrande de Noé est "agréable" à
Dieu qui le bénit, et à travers lui, bénit toute la création (cf. Gn 8, 20 – 9, 17), parce que son cœur est juste et
intègre : lui aussi "marche avec
Dieu" (Gn 6, 9). Cette qualité de la prière
est vécue par une multitude de justes dans toutes les religions.
Dans son Alliance indéfectible avec les êtres vivants (cf. Gn 9, 8-16), Dieu appelle toujours les hommes à le prier.
Mais c’est surtout à partir de notre père Abraham qu’est révélée la prière
dans l’Ancien Testament.
La Promesse et la prière de la foi
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2570
Dès que Dieu l’appelle, Abraham part "comme le lui avait dit le
Seigneur" (Gn 12, 4) : son cœur est tout
"soumis à la Parole", il obéit. L’écoute du cœur qui se décide
selon Dieu est essentielle à la prière, les paroles lui sont relatives. Mais
la prière d’Abraham s’exprime d’abord par des actes : homme de silence,
il construit, à chaque étape, un autel au Seigneur. Plus tard seulement
apparaît sa première prière en paroles : une plainte voilée qui rappelle
à Dieu ses promesses qui ne semblent pas se réaliser (cf. Gn
15, 2-3). Dès le début apparaît ainsi l’un des aspects du drame de la
prière : l’épreuve de la foi en la fidélité de Dieu.
2571
Ayant cru en Dieu (cf. Gn 15, 6), marchant en
sa présence et en alliance avec lui (cf. Gn 17,
1-2), le patriarche est prêt à accueillir sous sa tente son Hôte
mystérieux : c’est l’admirable hospitalité de Mambré,
prélude à l’Annonciation du vrai Fils de la promesse (cf. Gn
18, 1-15 ; Lc 1, 26-38). Dès lors, Dieu lui
ayant confié son Dessein, le cœur d’Abraham est accordé à la compassion de
son Seigneur pour les hommes et il ose intercéder pour eux avec une confiance
audacieuse (cf. Gn 18, 16-33).
2572
Ultime purification de sa foi, il est demandé au
"dépositaire des promesses" (He 11, 17) de sacrifier le fils que
Dieu lui a donné. Sa foi ne faiblit pas : "C’est Dieu qui pourvoira
à l’agneau pour l’holocauste" (Gn 22, 8),
"car Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts"
(He 11, 19). Ainsi le père des croyants est-il conformé à la ressemblance du
Père qui n’épargnera pas son propre Fils mais le livrera pour nous tous (cf. Rm 8, 32). La prière restaure l’homme à la ressemblance
de Dieu et le fait participer à la puissance de l’amour de Dieu qui sauve la
multitude (cf. Rm 4, 16-21).
2573
Dieu renouvelle sa promesse à Jacob, l’ancêtre des douze tribus d’Israël
(cf. Gn 28, 10-22). Avant d’affronter son frère
Esaü, il lutte toute une nuit avec "quelqu’un" de mystérieux qui
refuse de révéler son nom mais le bénit avant de le quitter à l’aurore. La
tradition spirituelle de l’Église a retenu de ce récit le symbole de la
prière comme combat de la foi et victoire de la persévérance (cf. Gn 32, 25-31 ; Lc 18,
1-8).
Moïse et la prière du médiateur
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2574
Lorsque commence à se réaliser la Promesse (la Pâque, l’Exode, le don de la Loi
et la conclusion de l’Alliance), la prière de Moïse est la figure saisissante
de la prière d’intercession qui s’accomplira dans "l’unique Médiateur
entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus" (1 Tm 2, 5).
2575
Ici encore, Dieu vient, le premier. Il appelle Moïse du milieu du Buisson
ardent (cf. Ex 3, 1-10). Cet événement restera l’une des figures primordiales
de la prière dans la tradition spirituelle juive et chrétienne. En effet, si
"le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob" appelle son serviteur Moïse,
c’est qu’il est le Dieu Vivant qui veut la vie des hommes. Il se révèle pour
les sauver, mais pas tout seul ni malgré eux : il appelle Moïse pour
l’envoyer, pour l’associer à sa compassion, à son œuvre de salut. Il y a
comme une imploration divine dans cette mission et Moïse, après un long
débat, ajustera sa volonté à celle du Dieu sauveur. Mais dans ce dialogue où
Dieu se confie, Moïse apprend aussi à prier : il se dérobe, il objecte,
surtout il demande, et c’est en réponse à sa demande que le Seigneur lui
confie son Nom indicible qui se révèlera dans ses hauts faits.
2576
Or, "Dieu parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son
ami" (Ex 33, 11). La prière de Moïse est typique de la prière
contemplative grâce à laquelle le serviteur de Dieu est fidèle à sa mission.
Moïse "s’entretient" souvent et longuement avec le Seigneur,
gravissant la montagne pour l’écouter et l’implorer, descendant vers le
peuple pour lui redire les paroles de son Dieu et le guider. "Il est à
demeure dans ma maison, je lui parle bouche à bouche, dans l’évidence"
(Nb 12, 7-8), car "Moïse était un homme très humble, l’homme le plus
humble que la terre ait porté" (Nb 12, 3).
2577
Dans cette intimité avec le Dieu fidèle, lent à la colère et plein
d’amour (cf. Ex 34, 6), Moïse a puisé la force et la ténacité de son
intercession. Il ne prie pas pour lui mais pour le peuple que Dieu s’est
acquis. Déjà durant le combat avec les Amalécites (cf. Ex 17, 8-13) ou pour
obtenir la guérison de Myriam (cf. Nb 12, 13-14), Moïse intercède. Mais c’est
surtout après l’apostasie du peuple qu’il "se tient sur la brèche"
devant Dieu (Ps 106, 23) pour sauver le peuple (cf. Ex 32, 1 – 34, 9). Les
arguments de sa prière (l’intercession est aussi un combat mystérieux)
inspireront l’audace des grands priants du peuple juif comme de
l’Église : Dieu est amour, il est donc juste et fidèle ; il ne peut
se contredire, il doit se souvenir de ses actions merveilleuses, sa Gloire
est en jeu, il ne peut abandonner ce peuple qui porte son Nom.
David et la prière du roi
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2578
La prière du peuple de Dieu va s’épanouir à l’ombre de la Demeure de Dieu,
l’arche d’Alliance et plus tard le Temple. Ce sont d’abord les guides du
peuple – les pasteurs et les prophètes – qui lui apprendront à prier. Samuel
enfant a dû apprendre de sa mère Anne comment "se tenir devant le
Seigneur" (cf. 1 S 1, 9-18) et du prêtre Eli comment écouter Sa
Parole : "Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute" (1 S 3,
9-10). Plus tard, lui aussi connaîtra le prix et le poids de
l’intercession : "Pour ma part, que je me garde de pécher contre le
Seigneur en cessant de prier pour vous et de vous enseigner le bon et droit
chemin" (1 S 12, 23).
2579
David est par excellence le roi "selon le cœur de Dieu", le pasteur
qui prie pour son peuple et en son nom, celui dont la soumission à la volonté
de Dieu, la louange et le repentir seront le modèle de la prière du peuple.
Oint de Dieu, sa prière est adhésion fidèle à la Promesse divine (cf. 2Samuel
7, 18-29), confiance aimante et joyeuse en Celui qui est le seul Roi et
Seigneur. Dans les Psaumes David, inspiré par l’Esprit Saint, est le premier
prophète de la prière juive et chrétienne. La prière du Christ, véritable
Messie et fils de David, révèlera et accomplira le sens de cette prière.
2580
Le Temple de Jérusalem, la maison de prière que David voulait construire,
sera l’œuvre de son fils, Salomon. La prière de la Dédicace du Temple (cf. 1
R 8, 10-61) s’appuie sur la Promesse de Dieu et son Alliance, la présence
agissante de son Nom parmi son Peuple et le rappel des hauts faits de
l’Exode. Le roi élève alors les mains vers le ciel et supplie le Seigneur
pour lui, pour tout le peuple, pour les générations à venir, pour le pardon
de leurs péchés et leurs besoins de chaque jour, afin que toutes les nations
sachent qu’il est le seul Dieu et que le cœur de son peuple soit tout entier
à Lui.
Élie, les prophètes et la conversion du cœur
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2581
Le Temple devait être pour le peuple de Dieu le lieu de son éducation à la
prière : les pèlerinages, les fêtes, les sacrifices, l’offrande du soir,
l’encens, les pains de "proposition ", tous ces signes de la
Sainteté et de la Gloire du Dieu Très Haut et tout Proche, étaient des appels
et des chemins de la prière. Mais le ritualisme entraînait souvent le peuple
vers un culte trop extérieur. Il y fallait l’éducation de la foi, la
conversion du cœur. Ce fut la mission des prophètes, avant et après l’Exil.
2582
Elie est le père des prophètes, "de la race de ceux qui cherchent
Dieu, qui poursuivent sa Face" (Ps 24, 6). Son nom, "Le Seigneur
est mon Dieu ", annonce le cri du peuple en réponse à sa prière sur
le mont Carmel (cf. 1 R 18, 39). S. Jacques renvoie à lui pour nous inciter à
la prière : "La supplication ardente du juste a beaucoup de
puissance" (Jc 5, 16b-18).
2583
Après avoir appris la miséricorde dans sa retraite au torrent de Kérit, il apprend à la veuve de Sarepta
la foi en la parole de Dieu, foi qu’il confirme par sa prière instante :
Dieu fait revenir à la vie l’enfant de la veuve (cf. 1 R 17, 7-24).
Lors du sacrifice sur le mont Carmel, épreuve décisive pour la foi du peuple
de Dieu, c’est à sa supplication que le feu du Seigneur consume l’holocauste,
"à l’heure où l’on présente l’offrande du soir" :
"Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi !" ce sont les paroles
mêmes d’Elie que les liturgies orientales reprennent dans l’épiclèse
eucharistique (cf. 1 R 18, 20-39).
Enfin, reprenant le chemin du désert vers le lieu où le Dieu vivant et vrai
s’est révélé à son peuple, Elie se blottit, comme Moïse, "au creux du
rocher" jusqu’à ce que "passe" la Présence mystérieuse de Dieu
(cf. 1 R 19, 1-14 ; Ex 33, 19-23). Mais c’est seulement sur la montagne
de la Transfiguration que se dévoilera Celui dont ils poursuivent la Face
(cf. Lc 9, 30-35) : la connaissance de la
Gloire de Dieu est sur la face du Christ crucifié et ressuscité (cf. 2 Co 4,
6).
2584
Dans le "seul à seul avec Dieu" les prophètes puisent lumière
et force pour leur mission. Leur prière n’est pas une fuite du monde infidèle
mais une écoute de la Parole de Dieu, parfois un débat ou une plainte,
toujours une intercession qui attend et prépare l’intervention du Dieu
sauveur, Seigneur de l’histoire (cf. Am 7, 2. 5 ; Is 6, 5. 8. 11 ;
Jr 1, 6 ; 15, 15-18 ; 20, 7-18).
Les Psaumes, prière de l’Assemblée
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2585
Depuis David jusqu’à la venue du Messie, les Livres saints contiennent des textes
de prière qui témoignent de l’approfondissement de la prière, pour soi-même
et pour les autres (cf. Esd 9, 6-15 ; Ne 1,
4-11 ; Jon 2, 3-10 ; Tb 3, 11-16 ; Jdt
9, 2-14). Les psaumes ont été peu à peu rassemblés en un recueil de cinq
livres : les Psaumes (ou "Louanges "), chef-d’œuvre de la
prière dans l’Ancien Testament.
2586
Les Psaumes nourrissent et expriment la prière du peuple de Dieu comme
Assemblée, lors des grandes fêtes à Jérusalem et chaque sabbat dans les
synagogues. Cette prière est inséparablement personnelle et
communautaire ; elle concerne ceux qui prient et tous les hommes ;
elle monte de la Terre sainte et des communautés de la Diaspora mais elle
embrasse toute la création ; elle rappelle les événements sauveurs du
passé et s’étend jusqu’à la consommation de l’histoire ; elle fait
mémoire des promesses de Dieu déjà réalisées et elle attend le Messie qui les
accomplira définitivement. Priés et accomplis dans le Christ, les Psaumes
demeurent essentiels à la prière de Son Église (cf. IGLH 100-109).
2587
Le Psautier est le livre où la Parole de Dieu devient prière de l’homme. Dans
les autres livres de l’Ancien Testament "les paroles proclament les
œuvres" (de Dieu pour les hommes) "et font découvrir le mystère qui
s’y trouve contenu" (DV 2). Dans le Psautier, les paroles du psalmiste
expriment, en les chantant pour Dieu, Ses œuvres de salut. Le même Esprit
inspire l’œuvre de Dieu et la réponse de l’homme. Le Christ unira l’une et
l’autre. En Lui, les psaumes ne cessent de nous apprendre à prier.
2588
Les expressions multiformes de la prière des Psaumes prennent forme à la fois
dans la liturgie du temple et dans le cœur de l’homme. Qu’il s’agisse
d’hymne, de prière de détresse ou d’action de grâce, de supplication
individuelle ou communautaire, de chant royal ou de pèlerinage, de méditation
sapientielle, les psaumes sont le miroir des merveilles de Dieu dans
l’histoire de son peuple et des situations humaines vécues par le psalmiste.
Un psaume peut refléter un événement du passé, mais il est d’une sobriété
telle qu’il peut être prié en vérité par les hommes de toute condition et de
tout temps.
2589
Des traits constants traversent les Psaumes : la simplicité et la
spontanéité de la prière, le désir de Dieu lui-même à travers et avec tout ce
qui est bon dans sa création, la situation inconfortable du croyant qui, dans
son amour de préférence pour le Seigneur, est en butte à une foule d’ennemis
et de tentations, et, dans l’attente de ce que fera le Dieu fidèle, la
certitude de son amour et la remise à sa volonté. La prière des psaumes est
toujours portée par la louange et c’est pourquoi le titre de ce recueil
convient bien à ce qu’il nous livre : "Les Louanges" Recueilli
pour le culte de l’Assemblée, il fait entendre l’appel à la prière et en
chante la réponse : "Hallelou-Ya"
! (Alleluia), "Louez le Seigneur" !
Qu’y a-t-il de meilleur qu’un psaume ? C’est pourquoi David dit très
bien : "Louez le Seigneur, car le Psaume est une bonne chose :
à notre Dieu, louange douce et belle !" Et c’est vrai. Car le
psaume est bénédiction prononcée par le peuple, louange de Dieu par
l’assemblée, applaudissement par tous, parole dite par l’univers, voix de
l’Église, mélodieuse profession de foi... (S. Ambroise, Psal.
1, 9 : PL 14, 924).
En bref
2590
"La prière est l’élévation de l’âme vers Dieu ou la demande à Dieu des
biens convenables" (S. Jean Damascène, f. o. 3, 24 : PG 94, 1089D).
2591
Dieu appelle inlassablement chaque personne à la rencontre mystérieuse avec
Lui. La prière accompagne toute l’histoire du salut comme un appel réciproque
entre Dieu et l’homme.
2592
La prière d’Abraham et de Jacob se présente comme un combat de la foi dans la
confiance en la fidélité de Dieu et dans la certitude de la victoire promise
à la persévérance.
2593
La prière de Moïse répond à l’initiative du Dieu vivant pour le salut de son
peuple. Elle préfigure la prière d’intercession de l’unique médiateur, le
Christ Jésus.
2594
La prière du peuple de Dieu s’épanouit à l’ombre de la Demeure de Dieu,
l’arche d’alliance et le Temple, sous la conduite des pasteurs, le roi David
notamment, et des prophètes.
2595
Les prophètes appellent à la conversion du cœur et, tout en recherchant
ardemment la face de Dieu, tel Élie, ils intercèdent pour le peuple.
2596
Les psaumes constituent le chef d’œuvre de la prière dans l’Ancien Testament.
Ils présentent deux composantes inséparables : personnelle et
communautaire. Ils s’étendent à toutes les dimensions de l’histoire,
commémorant les promesses de Dieu déjà accomplies et espérant la venue du
Messie.
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