Chapitre 2 :"Tu
aimeras ton prochain comme toi-même"
Article
6 : Le sixième commandement
Tu ne
commettras pas d’adultère (Exode 20, 14 ; Dt
5, 17).
Vous avez entendu qu’il a été dit : "Tu ne commettras pas
d’adultère". Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une
femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle (Mt
5, 27-28).
I. "Homme et femme, il les créa..."
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2331
"Dieu
est amour. Il vit en lui-même un mystère de communion et d’amour. En créant
l’humanité de l’homme et de la femme à son image ... Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la
responsabilité correspondantes, à
l’amour et à la communion " (Familiaris
consortio 11).
"Dieu créa l’homme à son image ... homme et femme, il les créa" (Gn 1, 27) ; "Croissez et multipliez-vous"
(Gn 1, 28) ; "le jour où Dieu créa
l’homme, à la ressemblance de Dieu il le fit, homme et femme il les
créa : il les bénit et les appela du nom d’homme le jour où ils furent
créés " (Gn 5, 1-2).
2332
La sexualité affecte tous les
aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. Elle
concerne particulièrement l’affectivité, la capacité d’aimer et de procréer,
et, d’une manière plus générale, l’aptitude à nouer des liens de communion
avec autrui.
2333
Il revient à chacun, homme et femme, de reconnaître et d’accepter son identité sexuelle. La différence et la complémentarité physiques, morales
et spirituelles sont orientées vers les biens du mariage et l’épanouissement
de la vie familiale. L’harmonie du couple et de la société dépend en partie
de la manière dont sont vécus entre les sexes la complémentarité, le besoin
et l’appui mutuels.
2334
"En créant l’être humain homme et femme, Dieu donne la dignité
personnelle d’une manière égale à l’homme et à la femme" (Familiaris consortio 22 ;
cf. Gaudium et spes49, § 2). "L’homme est une personne et cela dans la
même mesure pour l’homme et pour la femme, car tous les deux sont créés à
l’image et à la ressemblance d’un Dieu personnel" (MD 6).
2335
Chacun des deux sexes est, avec une égale dignité, quoique de façon
différente, image de la puissance et de la tendresse de Dieu. L’union de l’homme et la femme dans
le mariage est une manière d’imiter dans la chair la générosité et la
fécondité du Créateur : "L’homme quitte son père et sa mère afin de
s’attacher à sa femme ; tous deux ne forment qu’une seule chair" (Gn 2, 24). De cette union procèdent toutes les
générations humaines (cf. Gn 4, 1-2 ;
25-26 ; 5, 1).
2336
Jésus est venu restaurer la création dans la pureté de ses origines.
Dans le Sermon sur la montagne, il interprète de manière rigoureuse le
dessein de Dieu : "Vous avez entendu qu’il a été dit : ‘Tu ne
commettras pas d’adultère’. Eh bien ! moi je vous dis : ‘Quiconque
regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère
avec elle" (Mt 5, 27-28). L’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni
(cf. Mt 19, 6).
La Tradition de l’Église a entendu le sixième commandement comme englobant
l’ensemble de la sexualité humaine.
II. La vocation à la
chasteté
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2337
La chasteté
signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là
l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. La
sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel
et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est
intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier
et temporellement illimité, de l’homme et de la femme.
La vertu de chasteté comporte donc l’intégrité de la personne et
l’intégralité du don.
L’intégrité de la personne
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2338
La personne
chaste maintient l’intégrité des forces de vie et d’amour déposées en elle.
Cette intégrité assure l’unité de la personne, elle s’oppose à tout
comportement qui la blesserait. Elle ne tolère ni la double vie, ni le double
langage (cf. Mt 5, 37).
2339
La chasteté comporte un apprentissage
de la maîtrise de soi, qui est une pédagogie de la liberté humaine.
L’alternative est claire : ou l’homme commande à ses passions et obtient
la paix, ou il se laisse asservir par elles et devient malheureux (cf. Si 1,
22). " La dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un
choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et
non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte
extérieure. L’homme parvient à cette dignité lorsque, se délivrant de toute
servitude des passions, par le choix libre du bien, il marche vers sa
destinée et prend soin de s’en procurer réellement les moyens par son
ingéniosité " (Gaudium et spes17).
2340
Celui qui veut demeurer fidèle aux promesses de son Baptême et
résister aux tentations veillera à en prendre les moyens : la connaissance de soi, la pratique d’une ascèse
adaptée aux situations rencontrées, l’obéissance aux commandements divins, la
mise en œuvre des vertus morales et la fidélité à la prière. "La
chasteté nous recompose ; elle nous ramène à cette unité que nous avions
perdue en nous éparpillant" (Saint Augustin, Confessions, 10, 29).
2341
La vertu de chasteté est placée sous la mouvance de la vertu cardinale
de tempérance, qui vise à
imprégner de raison les passions et les appétits de la sensibilité humaine.
2342
La maîtrise de soi est une œuvre
de longue haleine. Jamais on ne la considèrera comme acquise une fois
pour toutes. Elle suppose un effort repris à tous les âges de la vie (cf. Tt
2, 1-6). L’effort requis peut être plus intense à certaines époques, ainsi
lorsque se forme la personnalité, pendant l’enfance et l’adolescence.
2343
La chasteté connaît des lois de
croissance qui passe par des degrés marqués par l’imperfection et trop
souvent par le péché. "Jour après jour, l’homme vertueux et chaste se
construit par des choix nombreux et libres. Ainsi, il connaît, aime et
accomplit le bien moral en suivant les étapes d’une croissance" (Familiaris consortio 9).
2344
La chasteté représente une tâche éminemment personnelle, elle implique
aussi un effort culturel, car
il existe une "interdépendance entre l’essor de la personne et le
développement de la société elle-même" (Gaudium et spes25, § 1). La
chasteté suppose le respect des droits de la personne, en particulier celui
de recevoir une information et une éducation qui respectent les dimensions
morales et spirituelles de la vie humaine.
2345
La chasteté est une vertu morale. Elle est aussi un don de Dieu, une grâce, un fruit de l’œuvre
spirituelle (cf. Ga 5, 22). Le Saint-Esprit donne d’imiter la pureté du
Christ (cf. 1 Jn 3, 3) à celui qu’a régénéré l’eau
du Baptême.
L’intégralité du don de soi
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2346
La charité
est la forme de toutes les vertus. Sous son influence, la chasteté apparaît
comme une école de don de la personne. La maîtrise de soi est ordonnée au don
de soi. La chasteté conduit celui qui la pratique à devenir auprès du
prochain un témoin de la fidélité et de la tendresse de Dieu.
2347
La vertu de chasteté s’épanouit dans l’amitié.
Elle indique au disciple comment suivre et imiter Celui qui nous a choisis
comme ses propres amis (cf. Jn 15, 15), s’est donné
totalement à nous et nous fait participer à sa condition divine. La chasteté
est promesse d’immortalité.
La chasteté s’exprime notamment dans l’amitié
pour le prochain. Développée entre personnes de même sexe ou de sexes
différents, l’amitié représente un grand bien pour tous. Elle conduit à la
communion spirituelle.
Les divers régimes de la chasteté
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2348
Tout baptisé est appelé à la chasteté. Le chrétien a "revêtu le
Christ" (Ga 3, 27), modèle de toute chasteté. Tous les fidèles du Christ
sont appelés à mener une vie chaste selon leur état de vie particulier. Au
moment de son Baptême, le chrétien s’est engagé à conduire dans la chasteté
son affectivité.
2349 "La chasteté doit
qualifier les personnes suivant leurs différents états de vie : les unes
dans la virginité ou le célibat consacré, manière éminente de se livrer plus
facilement à Dieu d’un cœur sans partage ; les autres, de la façon que
détermine pour tous la loi morale et selon qu’elles sont mariées ou
célibataires " (Congrégation pour la doctrine de la foi, décl. "Persona humana"
11). Les personnes mariées sont appelées à vivre la chasteté conjugale ;
les autres pratiquent la chasteté dans la continence :
Il existe trois formes de la vertu de
chasteté : l’une des épouses, l’autre du veuvage, la troisième de la
virginité. Nous ne louons pas l’une d’elles à l’exclusion des autres. C’est
en quoi la discipline de l’Église est riche (Saint Ambroise, vid. 23 : PL 153, 255A).
2350
Les fiancés sont appelés à vivre la
chasteté dans la continence. Ils verront dans cette mise à l’épreuve une
découverte du respect mutuel, un apprentissage de la fidélité et de
l’espérance de se recevoir l’un et l’autre de Dieu. Ils réserveront au temps
du mariage les manifestations de tendresse spécifiques de l’amour conjugal.
Ils s’aideront mutuellement à grandir dans la chasteté.
Les offenses à la chasteté
2351
La luxure est un désir
désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir sexuel
est moralement désordonnée, quand il est recherché pour lui-même, isolé des
finalités de procréation et d’union.
2352
Par la masturbation, il faut
entendre l’excitation volontaire des organes génitaux, afin d’en retirer un
plaisir vénérien. " Dans la ligne d’une tradition constante, tant
le magistère de l’Église que le sens moral des fidèles ont affirmé sans
hésitation que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement
désordonné ". " Quel qu’en soit le motif, l’usage
délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en
contredit la finalité ". La jouissance sexuelle y est recherchée en
dehors de " la relation sexuelle requise par l’ordre moral, celle
qui réalise, dans le contexte d’un amour vrai, le sens intégral de la
donation mutuelle et de la procréation humaine " (Congrégation pour
la doctrine de la foi, décl. "Persona humana" 9).
Pour former un jugement équitable sur la
responsabilité morale des sujets et pour orienter l’action pastorale, on
tiendra compte de l’immaturité affective, de la force des habitudes
contractées, de l’état d’angoisse ou des autres facteurs psychiques ou
sociaux qui peuvent atténuer, voire même réduire au minimum la culpabilité
morale.
2353
La fornication est l’union
charnelle en dehors du mariage entre un homme et une femme libres. Elle est
gravement contraire à la dignité des personnes et de la sexualité humaine
naturellement ordonnée au bien des époux ainsi qu’à la génération et à
l’éducation des enfants. En outre c’est un scandale grave quand il y a corruption
des jeunes.
2354
La pornographie consiste à
retirer les actes sexuels, réels ou simulés, de l’intimité des partenaires
pour les exhiber à des tierces personnes de manière délibérée. Elle offense
la chasteté parce qu’elle dénature l’acte conjugal, don intime des époux l’un
à l’autre. Elle porte gravement atteinte à la dignité de ceux qui s’y livrent
(acteurs, commerçants, public), puisque chacun devient pour l’autre l’objet
d’un plaisir rudimentaire et d’un profit illicite. Elle plonge les uns et les
autres dans l’illusion d’un monde factice. Elle est une faute grave. Les
autorités civiles doivent empêcher la production et la distribution de
matériaux pornographiques.
2355
La prostitution porte
atteinte à la dignité de la personne qui se prostitue, réduite au plaisir
vénérien que l’on tire d’elle. Celui qui paie pêche gravement contre
lui-même : il rompt la chasteté à laquelle l’engageait son Baptême et
souille son corps, temple de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 6, 15-20). La
prostitution constitue un fléau social. Il touche habituellement des femmes,
mais aussi des hommes, des enfants ou des adolescents (dans ces deux derniers
cas, le péché se double d’un scandale). S’il est toujours gravement
peccamineux de se livrer à la prostitution, la misère, le chantage et la
pression sociale peuvent atténuer l’imputabilité de la faute.
2356
Le viol désigne l’entrée par
effraction, avec violence, dans l’intimité sexuelle d’une personne. Il est atteinte à la justice et à la charité. Le viol blesse
profondément le droit de chacun au respect, à la liberté, à l’intégrité
physique et morale. Il crée un préjudice grave, qui peut marquer la victime
sa vie durant. Il est toujours un acte intrinsèquement mauvais. Plus grave
encore est le viol commis de la part des parents (cf. inceste) ou
d’éducateurs envers les enfants qui leur sont confiés.
Chasteté et homosexualité
2357
L’homosexualité
désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une
attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même
sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les
cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la
Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ;
1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que
" les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés"
(Congrégation pour la doctrine de la foi, décl.
"Persona humana" 8). Ils sont contraires
à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne
procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne
sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.
2358
Un nombre non
négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles
foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la
plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect,
compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de
discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de
Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la
croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur
condition.
2359
Les personnes
homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise,
éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié
désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et
doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne.
III. L’amour des époux
2360
La sexualité est ordonnée à l’amour conjugal de l’homme et de la femme. Dans
le mariage l’intimité corporelle des époux devient un signe et un gage de
communion spirituelle. Entre les baptisés, les liens du mariage sont sanctifiés
par le sacrement.
2361
"La sexualité, par laquelle l’homme et la femme se donnent l’un à
l’autre par les actes propres et exclusifs des époux, n’est pas quelque chose
de purement biologique, mais concerne la personne humaine dans ce qu’elle a
de plus intime. Elle ne se réalise de façon véritablement humaine que si elle
est partie intégrante de l’amour dans lequel l’homme et la femme s’engagent
entièrement l’un vis-à-vis de l’autre jusqu’à la mort " (Familiaris consortio 11) :
Tobie se leva du lit, et dit à Sara :
" Debout, ma sœur ! Il faut prier tous deux, et recourir à
notre Seigneur, pour obtenir sa grâce et sa protection ". Elle se
leva et ils se mirent à prier pour obtenir d’être protégés, et il commença
ainsi : " Tu es béni, Dieu de nos pères ... C’est toi qui a
créé Adam, c’est toi qui a créé Eve sa femme, pour être son secours et son
appui, et la race humaine est née de ces deux-là. C’est toi qui a dit :
‘Il ne faut pas que l’homme reste seul, faisons-lui une aide semblable à
lui’. Et maintenant, ce n’est pas le plaisir que je cherche en prenant ma
sœur, mais je le fais d’un cœur sincère. Daigne avoir pitié d’elle et de moi
et nous mener ensemble à la vieillesse ! " Et ils dirent de
concert : "Amen, amen ". Et ils se couchèrent pour
la nuit (Tobie 8,4-9).
2362
"Les
actes qui réalisent l’union intime et chaste des époux sont des actes
honnêtes et dignes. Vécue d’une manière vraiment humaine, ils signifient et
favorisent le don réciproque par lequel les époux s’enrichissent tous les
deux dans la joie et la reconnaissance" (Gaudium et spes49, § 2). La
sexualité est source de joie et de plaisir :
Le Créateur lui-même (...) a établi que dans
cette fonction [de génération] les époux éprouvent un plaisir et une
satisfaction du corps et de l’esprit. Donc, les époux ne font rien de mal en
recherchant ce plaisir et en en jouissant. Ils acceptent ce que le Créateur
leur a destiné. Néanmoins, les époux doivent savoir se maintenir dans les
limites d’une juste modération (Pie XII, discours 29 octobre 1951).
2363 Par l’union des époux se
réalise la double fin du mariage : le bien des époux eux-mêmes et la
transmission de la vie. On ne peut séparer ces deux significations ou valeurs
du mariage sans altérer la vie spirituelle du couple ni compromettre les
biens du mariage et l’avenir de la famille.
L’amour conjugal de l’homme et de la femme
est ainsi placé sous la double exigence de la fidélité et de la fécondité.
La fidélité conjugale
2364 Le couple conjugal forme
" une intime communauté de vie et d’amour fondée et dotée de ses
lois propres par le Créateur. Elle est établie sur l’alliance des conjoints,
c’est-à-dire sur leur consentement personnel et irrévocable "
(Gaudium et spes48, § 1). Tous deux se donnent définitivement et totalement
l’un à l’autre. Ils ne sont plus deux, mais forment désormais une seule
chair. L’alliance contractée librement par les époux leur impose l’obligation
de la maintenir une et indissoluble (cf. Code de Droit Canonique
, can. 1056). " Ce que Dieu a uni,
l’homme ne doit point le séparer " (Mc 10, 9 ; cf. Mt 19,
1-12 ; 1 Co 7, 10-11).
2365 La fidélité exprime la
constance dans le maintien de la parole donnée. Dieu est fidèle. Le sacrement
du mariage fait entrer l’homme et la femme dans la fidélité du Christ pour
son Église. Par la chasteté conjugale, ils rendent témoignage à ce mystère à
la face du monde.
S. Jean Chrysostome suggère aux jeunes mariés
de tenir ce discours à leur épouse : " Je t’ai prise dans mes
bras, et je t’aime, et je te préfère à ma vie même. Car la vie présente n’est
rien, et mon rêve le plus ardent est de la passer avec toi, de telle sorte
que nous soyons assurés de n’être pas séparés dans celle qui nous est
réservée ... Je mets ton amour au-dessus de tout, et rien ne me serait plus
pénible que de n’avoir pas les mêmes pensées que les tiennes " (hom. in Eph. 20, 8 : PG
62, 146-147).
La fécondité du mariage
2366 La fécondité est un don,
une fin du mariage, car
l’amour conjugal tend naturellement à être fécond. L’enfant ne vient pas de
l’extérieur s’ajouter à l’amour mutuel des époux ; il surgit au cœur
même de ce don mutuel, dont il est un fruit et un accomplissement. Aussi
l’Église, qui " prend parti pour la vie " (Familiaris consortio 30),
enseigne-t-elle que " tout acte matrimonial doit rester par soi
ouvert à la transmission de la vie " (HV 11). " Cette
doctrine, plusieurs fois exposée par le magistère, est fondée sur le lien
indissoluble que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative
entre les deux significations de l’acte conjugal : union et
procréation " (HV 12 ; cf. Pie XI, enc.
" Casti connubii ").
2367 Appelés à donner la vie,
les époux participent à la puissance créatrice et à la paternité de Dieu (cf.
Ep 3, 14-15 ; Mt 23, 9). " Dans le devoir qui leur incombe de
transmettre la vie et d’être des éducateurs (ce qu’il faut considérer comme
leur mission propre), les époux savent qu’ils sont les coopérateurs du Dieu créateur et
comme ses interprètes. Ils s’acquitteront donc de leur charge en toute
responsabilité humaine et chrétienne " (Gaudium et spes50, § 2).
2368 Un aspect particulier de
cette responsabilité concerne la régulation
de la procréation. Pour de justes raisons (cf. Gaudium et spes50), les
époux peuvent vouloir espacer les naissances de leurs enfants. Il leur
revient de vérifier que leur désir ne relève pas de l’égoïsme mais est
conforme à la juste générosité d’une paternité responsable. En outre ils
régleront leur comportement suivant les critères objectifs de la moralité :
Lorsqu’il s’agit de mettre en accord l’amour
conjugal avec la transmission responsable de la vie, la moralité du
comportement ne dépend pas de la seule sincérité de l’intention et de la
seule appréciation des motifs ; mais elle doit être déterminée selon des
critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes,
critères qui respectent, dans un contexte d’amour véritable, la signification
totale d’une donation réciproque et d’une procréation à la mesure de
l’homme ; chose impossible si la vertu de chasteté conjugale n’est pas
pratiquée d’un cœur loyal (Gaudium et spes51, § 3).
2369 " C’est en
sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation, que l’acte
conjugal conserve intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son
ordination à la très haute vocation de l’homme à la paternité " (HV
12).
2370 La continence périodique,
les méthodes de régulation des naissances fondées sur l’auto-observation et
le recours aux périodes infécondes (cf. HV 16) sont conformes aux critères
objectifs de la moralité. Ces méthodes respectent le corps des époux,
encouragent la tendresse entre eux et favorisent l’éducation d’une liberté
authentique. En revanche, est intrinsèquement mauvaise " toute
action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement,
soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait
comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation " (HV
14) :
Au langage qui exprime naturellement la
donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage
objectivement contradictoire selon lequel il ne s’agit plus de se donner
totalement l’un à l’autre. Il en découle non seulement le refus positif de
l’ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité interne de
l’amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière. Cette
différence anthropologique et morale entre la contraception et le recours aux
rythmes périodiques implique deux conceptions de la personne et de la
sexualité humaine irréductibles l’une à l’autre (Familiaris
consortio 32).
2371 " Par ailleurs,
que tous sachent bien que la vie humaine et la charge de la transmettre ne se
limitent pas aux horizons de ce monde et n’y trouvent ni leur pleine
dimension, ni leur plein sens, mais qu’elles sont toujours à mettre en
référence avec la destinée éternelle
des hommes " (Gaudium et spes51, § 4).
2372 L’Etat est responsable du
bien-être des citoyens. A ce titre, il est légitime qu’il intervienne pour
orienter la croissance de la population. Il peut le faire par voie d’une
information objective et respectueuse, mais non point par voie autoritaire et
contraignante. Il ne peut légitimement se substituer à l’initiative des époux,
premiers responsables de la procréation et de l’éducation de leurs enfants
(cf. PP 37 ; HV 23). Dans ce domaine il ne possède pas l’autorité
d’intervenir par des moyens contraires à la loi morale.
Le don de l’enfant
2373 La Sainte Écriture et la
pratique traditionnelle de l’Église voient dans les familles nombreuses un signe de la bénédiction divine et de
la générosité des parents (cf. Gaudium et spes50, § 2).
2374 Grande est la souffrance
des couples qui se découvrent stériles. " Que pourrais-tu me donner,
demande Abram à Dieu ? Je m’en vais sans enfant ... " (Gn 15, 2). " Fais-moi avoir aussi des enfants
ou je meurs ! " crie Rachel à son mari Jacob (Gn 30, 1).
2375 Les recherches qui visent
à réduire la stérilité humaine sont à encourager, à la condition qu’elles
soient placées " au service de la personne humaine, de ses droits
inaliénables, de son bien véritable et intégral, conformément au projet et à
la volonté de Dieu " (Congrégation pour la doctrine de la foi, instr. "Donum vitæ" intr. 2).
2376 Les techniques qui
provoquent une dissociation des parentés, par l’intervention d’une personne
étrangère au couple (don de sperme ou d’ovocyte, prêt d’utérus) sont
gravement déshonnêtes. Ces techniques (insémination et fécondation
artificielles hétérologues) lèsent le droit de l’enfant à naître d’un père et
d’une mère connus de lui et liés entre eux par le mariage. Elles trahissent
" le droit exclusif à ne devenir père et mère que l’un par
l’autre " (Congrégation pour la doctrine de la foi, instr. "Donum vitæ" 2,
1).
2377
Pratiquées au
sein du couple, ces techniques (insémination et fécondation artificielles
homologues) sont peut-être moins préjudiciables, mais elles restent
moralement irrecevables. Elles dissocient l’acte sexuel de l’acte
procréateur. L’acte fondateur de l’existence de l’enfant n’est plus un acte
par lequel deux personnes se donnent l’une à l’autre, il " remet la
vie et l’identité de l’embryon au pouvoir des médecins et des biologistes, et
instaure une domination de la technique sur l’origine et la destinée de la
personne humaine. Une telle relation de domination est de soi contraire à la
dignité et à l’égalité qui doivent être communes aux parents et aux enfants
(cf. Congrégation pour la doctrine de la foi, instr.
"Donum vitæ" 2, 5). " La
procréation est moralement privée de sa perfection propre quand elle n’est
pas voulue comme le fruit de l’acte conjugal, c’est-à-dire du geste
spécifique de l’union des époux ... Seul le respect du lien qui existe entre
les significations de l’acte conjugal et le respect de l’unité de l’être
humain permet une procréation conforme à la dignité de la
personne " (Congrégation pour la doctrine de la foi, instr. "Donum vitæ"
2, 4).
2378 L’enfant n’est pas un dû, mais un don. Le " don le plus excellent du
mariage " est une personne humaine. L’enfant ne peut être considéré
comme un objet de propriété, ce à quoi conduirait la reconnaissance d’un
prétendu " droit à l’enfant ". En ce domaine, seul
l’enfant possède de véritables droits : celui " d’être le
fruit de l’acte spécifique de l’amour conjugal de ses parents, et aussi le
droit d’être respecté comme personne dès le moment de sa
conception " (Congrégation pour la doctrine de la foi, instr. "Donum vitæ"
2, 8).
2379
L’Évangile
montre que la stérilité physique n’est pas un mal absolu. Les époux qui,
après avoir épuisé les recours légitimes à la médecine, souffrent
d’infertilité s’associeront à la Croix du Seigneur, source de toute fécondité
spirituelle. Ils peuvent marquer leur générosité en adoptant des enfants
délaissés ou en remplissant des services exigeants à l’égard d’autrui.
IV. Les offenses à la
dignité du mariage
2380
L’adultère. Ce mot désigne
l’infidélité conjugale. Lorsque deux partenaires, dont l’un au moins est
marié, nouent entre eux une relation sexuelle, même éphémère, ils commettent
un adultère. Le Christ condamne l’adultère même de simple désir (cf. Mt 5,
27-28). Le sixième commandement et le Nouveau Testament proscrivent
absolument l’adultère (cf. Mt 5, 32 ; 19, 6 ; Mc 10, 12 ; 1 Co
6, 9-10). Les prophètes en dénoncent la gravité. Ils voient dans l’adultère
la figure du péché d’idolâtrie (cf. Os 2, 7 ; Jr 5, 7 ; 13, 27).
2381
L’adultère
est une injustice. Celui qui le commet manque à ses engagements. Il blesse le
signe de l’Alliance qu’est le lien matrimonial, lèse le droit de l’autre
conjoint et porte atteinte à l’institution du mariage, en violant le contrat
qui le fonde. Il compromet le bien de la génération humaine et des enfants
qui ont besoin de l’union stable des parents.
Le divorce
2382
Le Seigneur Jésus a insisté sur l’intention originelle du Créateur qui
voulait un mariage indissoluble (cf. Mt 5, 31-32 ; 19, 3-9 ; Mc 10,
9 ; Lc 16, 18 ; 1 Co 7, 10-11). Il abroge
les tolérances qui s’étaient glissées dans la loi ancienne (cf. Mt 19, 7-9).
Entre baptisés, " le mariage conclu
et consommé ne peut être dissout par aucune puissance humaine ni pour aucune
cause, sauf par la mort " (Code de Droit Canonique, can. 1141).
2383
La séparation des époux avec
maintien du lien matrimonial peut être légitime en certains cas prévus par le
Droit canonique (cf. Code de Droit Canonique , cann. 1151-1155).
Si le divorce civil reste la seule manière
possible d’assurer certains droits légitimes, le soin des enfants ou la
défense du patrimoine, il peut être toléré sans constituer une faute morale.
2384
Le divorce est une offense grave à la
loi naturelle. Il prétend briser le contrat librement consenti par les époux
de vivre l’un avec l’autre jusqu’à la mort. Le divorce fait injure à
l’Alliance de salut dont le mariage sacramentel est le signe. Le fait de
contracter une nouvelle union, fût-elle reconnue par la loi civile, ajoute à
la gravité de la rupture : le conjoint remarié se trouve alors en
situation d’adultère public et permanent :
Si le mari, après s’être séparé de sa femme,
s’approche d’une autre femme, il est lui-même adultère, parce qu’il fait
commettre un adultère à cette femme ; et la femme qui habite avec lui
est adultère, parce qu’elle a attiré à elle le mari d’une autre (S. Basile,
moral. règle 73 : PG 31, 849D-853B).
2385 Le divorce tient aussi son
caractère immoral du désordre qu’il introduit dans la cellule familiale et
dans la société. Ce désordre entraîne des préjudices graves : pour le
conjoint, qui se trouve abandonné ; pour les enfants, traumatisés par la
séparation des parents, et souvent tiraillés entre eux ; pour son effet
de contagion, qui en fait une véritable plaie sociale.
2386 Il se peut que l’un des
conjoints soit la victime innocente du divorce prononcé par la loi
civile ; il ne contrevient pas alors au précepte moral. Il existe une
différence considérable entre le conjoint qui s’est efforcé avec sincérité
d’être fidèle au sacrement du mariage et se voit injustement abandonné, et
celui qui, par une faute grave de sa part, détruit un mariage canoniquement
valide (cf. Familiaris consortio
84).
Autres offenses à la dignité du mariage
2387
On comprend
le drame de celui qui, désireux de se convertir à l’Evangile, se voit obligé
de répudier une ou plusieurs femmes avec lesquelles il a partagé des années
de vie conjugale. Cependant la
polygamie ne s’accorde pas à la loi morale. Elle " s’oppose
radicalement à la communion conjugale : elle nie, en effet, de façon
directe le dessein de Dieu tel qu’il nous a été révélé au commencement ;
elle est contraire à l’égale dignité personnelle de la femme et de l’homme,
lesquels dans le mariage se donnent dans un amour total qui, de ce fait même,
est unique et exclusif " (Familiaris consortio 19 ; cf. Gaudium et spes47, § 2). Le
chrétien ancien polygame est gravement tenu en justice d’honorer les
obligations contractées à l’égard de ses anciennes femmes et de ses enfants.
2388
L’inceste désigne des relations
intimes entre parents ou alliés, à un degré qui interdit entre eux le mariage
(cf. Lv 18, 7-20). S. Paul stigmatise cette faute
particulièrement grave : " On n’entend parler que d’inconduite
parmi vous ... C’est au point que l’un d’entre vous vit avec la femme de son
père ! ... Il faut qu’au nom du Seigneur Jésus ... nous livrions cet
individu à Satan pour la perte de sa chair ... " (1 Co 5, 1. 4-5).
L’inceste corrompt les relations familiales et marque une régression vers
l’animalité.
2389
On peut
rattacher à l’inceste les abus sexuels perpétrés par des adultes sur des
enfants ou adolescents confiés à leur garde. La faute se double alors d’une
atteinte scandaleuse portée à l’intégrité physique et morale des jeunes, qui
en resteront marqués leur vie durant, et d’une violation de la responsabilité
éducative.
2390
Il y a union libre lorsque l’homme et la
femme refusent de donner une forme juridique et publique à une liaison
impliquant l’intimité sexuelle.
L’expression est fallacieuse : que peut
signifier une union dans laquelle les personnes ne s’engagent pas l’une
envers l’autre et témoignent ainsi d’un manque de confiance, en l’autre, en
soi-même, ou en l’avenir ?
L’expression recouvre des situations
différentes : concubinage, refus du mariage en tant que tel, incapacité
à se lier par des engagements à long terme (cf. Familiaris
consortio 81). Toutes ces situations offensent la
dignité du mariage ; elles détruisent l’idée même de la famille ;
elles affaiblissent le sens de la fidélité. Elles sont contraires
à la loi morale : l’acte sexuel doit prendre place exclusivement dans le
mariage ; en dehors de celui-ci, il constitue toujours un péché grave et
exclut de la communion sacramentelle.
2391
Plusieurs
réclament aujourd’hui une sorte de "droit à l’essai", là où il existe une intention de se
marier. Quelle que soit la fermeté du propos de ceux qui s’engagent dans des
rapports sexuels prématurés, "ceux-ci ne permettent pas d’assurer dans
sa sincérité et sa fidélité la relation interpersonnelle d’un homme et d’une
femme, et notamment de les protéger contre les fantaisies et les caprices"
(Congrégation pour la doctrine de la foi, déclaration Persona humana 7). L’union charnelle n’est moralement légitime
que lorsque s’est instaurée une communauté de vie définitive entre l’homme et
la femme. L’amour humain ne tolère pas "l'essai". Il exige un don
total et définitif des personnes entre elles (cf. Familiaris
consortio 80).
En bref
2392
"L’amour est la vocation fondamentale et innée de tout être humain"
(Familiaris consortio
11).
2393
En créant l’être humain homme et femme, Dieu donne la dignité personnelle
d’une manière égale à l’un et à l’autre. Il revient à chacun, homme et femme,
de reconnaître et d’accepter son identité sexuelle.
2394
Le Christ est le modèle de la chasteté. Tout baptisé est appelé à mener une
vie chaste, chacun selon son propre état de vie.
2395
La chasteté signifie l’intégration de la sexualité dans la personne. Elle
comporte l’apprentissage de la maîtrise personnelle.
2396
Parmi les péchés gravement contraires à la chasteté, il faut citer la
masturbation, la fornication, la pornographie et les pratiques homosexuelles.
2397
L’alliance que les époux ont librement contractée implique un amour fidèle.
Elle leur confère l’obligation de garder indissoluble leur mariage.
2398
La fécondité est un bien, un don, une fin du mariage. En donnant la vie, les
époux participent à la paternité de Dieu.
2399
La régulation des naissances représente un des aspects de la paternité et de
la maternité responsables. La légitimité des intentions des époux ne justifie
pas le recours à des moyens moralement irrecevables (p. ex. la stérilisation
directe ou la contraception).
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