Liste
des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
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Pourquoi la Liturgie ?
1066
Dans le Symbole de la foi, l’Église confesse le mystère de la Trinité Sainte
et son " dessein bienveillant " (Ep
1, 9) sur toute la création : le Père accomplit le " mystère
de sa volonté " en donnant son Fils Bien-aimé et son Esprit Saint
pour le salut du monde et pour la gloire de son Nom. Tel est le Mystère du
Christ (cf. Ep 3, 4), révélé et réalisé dans
l’histoire selon un plan, une " disposition " sagement
ordonnée que S. Paul appelle " l’Économie du Mystère " (Ep 3, 9) et que la tradition patristique appellera
" l’Économie du Verbe incarné " ou " l’Économie
du salut ".
1067
" Cette œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite
glorification de Dieu, à quoi avaient préludé les grandes œuvres divines dans
le peuple de l’Ancien Testament, le Christ Seigneur l’a accomplie
principalement par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de sa
résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension ; mystère
pascal par lequel ‘en mourant il a détruit notre mort, et en ressuscitant il
a restauré la vie’. Car c’est du côté du Christ endormi sur la croix qu’est
né ‘l’admirable sacrement de l’Église tout entière’ " (SC 5). C’est
pourquoi, dans la Liturgie, l’Église célèbre principalement le Mystère pascal
par lequel le Christ a accompli l’œuvre de notre salut.
1068
C’est ce Mystère du Christ que l’Église annonce et célèbre dans sa
Liturgie, afin que les fidèles en vivent et en témoignent dans le
monde : En effet, la liturgie, par laquelle, surtout dans le divin
sacrifice de l’Eucharistie, "s’exerce l’œuvre de notre rédemption",
contribue au plus haut point à ce que les fidèles, par leur vie, expriment et
manifestent aux autres le Mystère du Christ et la nature authentique de la
véritable Église (SC 2).
Que signifie le mot liturgie ?
1069
Le mot " Liturgie " signifie originellement
" œuvre publique ", " service de la part de/et
en faveur du peuple ". Dans la tradition chrétienne il veut
signifier que le Peuple de Dieu prend part à " l’œuvre de
Dieu " (cf. Jn 17, 4). Par la Liturgie le
Christ, notre Rédempteur et Grand Prêtre, continue dans son Église, avec elle
et par elle, l’œuvre de notre rédemption.
1070
Le mot " Liturgie " dans le Nouveau Testament est
employé pour désigner non seulement la célébration du culte divin (cf. Ac 13, 2 ; Lc 1, 23), mais
aussi l’annonce de l’Évangile (cf. Rm 15, 16 ;
Ph 2, 14-17 et 2, 30) et la charité en acte (cf. Rm
15, 27 ; 2 Co 9, 12 ; Ph 2, 25). Dans toutes ces situations, il
s’agit du service de Dieu et des hommes. Dans la célébration liturgique,
l’Église est servante, à l’image de son Seigneur, l’unique " Liturge " (cf. He 8, 2 et 6), participant à son
sacerdoce (culte) prophétique (annonce) et royale (service de charité) :
C’est donc à juste titre que la liturgie est considérée comme l’exercice de
la fonction sacerdotale de Jésus-Christ, exercice dans lequel la
sanctification de l’homme est signifiée par des signes sensibles et est
réalisée d’une manière propre à chacun d’eux, dans lequel le culte public
intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par
le Chef et par ses membres. Par suite, toute célébration liturgique, en tant
qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action
sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre
l’efficacité au même titre et au même degré (SC 7).
La Liturgie comme source de Vie
1071
Œuvre du Christ, la Liturgie est aussi une action de son Église.
Elle réalise et manifeste l’Église comme signe visible de la Communion de
Dieu et des hommes par le Christ. Elle engage les fidèles dans la Vie
nouvelle de la communauté. Elle implique une participation
" consciente, active et fructueuse " de tous (SC 11).
1072
" La Liturgie n’épuise pas tout l’agir ecclésial "
(SC 9) : elle doit être précédée par l’évangélisation, la foi et la
conversion ; elle peut alors porter ses fruits dans la vie des
fidèles : la Vie nouvelle selon l’Esprit, l’engagement dans la mission
de l’Église et le service de son Unité.
Prière et Liturgie
1073
La Liturgie est aussi participation à la prière du Christ, adressée au
Père dans l’Esprit Saint. En elle toute prière chrétienne trouve sa source et
son terme. Par la Liturgie, l’homme intérieur est enraciné et fondé (cf. Ep 3, 16-17) dans " le grand amour dont le Père
nous a aimés " (Ep 2, 4) dans son Fils
Bien-aimé. C’est la même " merveille de Dieu " qui est
vécu et intériorisé par toute prière, " en tout temps, dans
l’Esprit " (Ep 6, 18).
Catéchèse et Liturgie
1074
" La Liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Église,
et en même temps la source d’où découle toute sa vigueur " (SC 10).
Elle est donc le lieu privilégié de la catéchèse du Peuple de Dieu.
" La catéchèse est intrinsèquement reliée à toute l’action
liturgique et sacramentelle, car c’est dans les Sacrements, et surtout dans
l’Eucharistie, que le Christ Jésus agit en plénitude pour la transformation
des hommes " (Jean-Paul II, CT 23).
1075
La catéchèse liturgique vise à introduire dans le Mystère du Christ (elle
est " mystagogie "), en procédant du visible à
l’invisible, du signifiant au signifié, des
" sacrements " aux " mystères ". Une
telle catéchèse est du ressort des catéchismes locaux et régionaux. Le
présent catéchisme, qui se veut au service de toute l’Église, dans la
diversité de ses rites et de ses cultures (cf. SC 3-4), présentera ce qui est
fondamental et commun à toute l’Église concernant la Liturgie comme mystère
et comme célébration (première Section) puis les sept sacrements et les
sacramentaux (deuxième Section).
Première Section : l'Économie
sacramentelle
1076
Le jour de la
Pentecôte, par l’effusion de l’Esprit Saint, l’Église est manifestée au monde
(cf. SC 6 ; LG 2). Le don de l’Esprit inaugure un temps nouveau dans la
"dispensation du Mystère" : le temps de l’Église, durant
lequel le Christ manifeste, rend présent et communique son œuvre de salut par
la Liturgie de Son Église, "jusqu’à ce qu’Il vienne" (1 Co 11, 26).
Durant ce temps de l’Église, le Christ vit et agit désormais dans Son Église
et avec elle d’une manière nouvelle, propre à ce temps nouveau. Il agit par
les Sacrements ; c’est cela que la Tradition commune de l’Orient et de
l’Occident appelle "l’Économie sacramentelle" ; celle-ci
consiste en la communication (ou "dispensation") des fruits du
Mystère pascal du Christ dans la célébration de la liturgie
"sacramentelle" de l’Église. C’est pourquoi il importe de mettre
d’abord en lumière cette "dispensation sacramentelle" (Chapitre
premier). Ainsi apparaîtront plus clairement la nature et les aspects
essentiels de la célébration liturgique (Chapitre deuxième).
Chapitre premier : Le mystère Pascal
dans le temps de L’ÉGLISE
Article 1 - La Liturgie – œuvre de la Sainte Trinité
I. Le Père,
Source et Fin de la Liturgie
1077
"Béni soit le
Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes
sortes de bénédictions spirituelles, aux Cieux, dans le Christ. C’est ainsi
qu’il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints
et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous
serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. Tel fut le bon plaisir
de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés
dans le Bien-aimé " (Ep 1, 3-6).
1078
Bénir est une action divine qui donne la vie et dont le Père est la
source. Sa bénédiction est à la fois parole et don (bene-dictio, eu-logia).
Appliquée à l’homme, ce terme signifiera l’adoration et la remise à son
Créateur dans l’action de grâce.
1079
Du commencement jusqu’à la consommation des temps, toute l’œuvre de Dieu
est bénédiction. Du poème liturgique de la première création aux
cantiques de la Jérusalem céleste, les auteurs inspirés annoncent le Dessein
du salut comme une immense bénédiction divine.
1080
Dès le commencement, Dieu bénit les êtres vivants, spécialement l’homme
et la femme. L’alliance avec Noé et avec tous les êtres animés renouvelle
cette bénédiction de fécondité, malgré le péché de l’homme par lequel le sol
est "maudit". Mais c’est à partir d’Abraham que la bénédiction
divine pénètre l’histoire des hommes, qui allait vers la mort, pour la faire
remonter à la vie, à sa source : par la foi du "père des croyants"
qui accueille la bénédiction est inaugurée l’histoire du salut.
1081
Les bénédictions divines se manifestent en événements étonnants et
sauveurs : la naissance d’Isaac, la sortie d’Égypte (Pâque et Exode), le
don de la Terre promise, l’élection de David, la Présence de Dieu dans le
temple, l’exil purificateur et le retour d’un "petit Reste". La
Loi, les Prophètes et les Psaumes qui tissent la liturgie du Peuple élu, à la
fois rappellent ces bénédictions divines et y répondent par les bénédictions
de louange et d’action de grâce.
1082
Dans la liturgie de l’Église, la bénédiction divine est pleinement
révélée et communiquée : le Père est reconnu et adoré comme la Source et
la Fin de toutes les bénédictions de la création et du salut ; dans Son
Verbe, incarné, mort et ressuscité pour nous, il nous comble de Ses bénédictions,
et par Lui il répand en nos cœurs le Don qui contient tous les dons :
l’Esprit Saint.
1083
On comprend alors la double dimension de la Liturgie chrétienne comme réponse
de foi et d’amour aux "bénédictions spirituelles" dont le Père nous
gratifie. D’une part, l’Église, unie à son Seigneur et "sous l’action de
l’Esprit Saint" (Lc 10, 21), bénit le Père
"pour son Don ineffable" (2 Co 9, 15) par l’adoration, la louange
et l’action de grâces. D’autre part, et jusqu’à la consommation du Dessein de
Dieu, l’Église ne cesse d’offrir au Père "l’offrande de ses propres dons"
et de l’implorer d’envoyer l’Esprit Saint sur celle-ci, sur elle-même, sur
les fidèles et sur le monde entier, afin que par la communion à la mort et à
la résurrection du Christ-Prêtre et par la puissance de l’Esprit, ces
bénédictions divines portent des fruits de vie "à la louange de gloire
de sa grâce" (Ep 1, 6).
II. L’œuvre du Christ dans la liturgie
Le Christ glorifié...
1084
" Assis à la droite du Père " et répandant l’Esprit Saint
en son Corps qui est l’Église, le Christ agit désormais par les sacrements,
institués par Lui pour communiquer sa grâce. Les sacrements sont des signes
sensibles (paroles et actions), accessibles à notre humanité actuelle. Ils
réalisent efficacement la grâce qu’ils signifient en vertu de l’action du
Christ et par la puissance de l’Esprit Saint.
1085
Dans la Liturgie de l’Église le Christ signifie et réalise principalement
son Mystère pascal. Durant sa vie terrestre, Jésus annonçait par son enseignement
et anticipait par ses actes son Mystère pascal. Quand son Heure est venue
(cf. Jn 13, 1 ; 17, 1), il vit l’unique
événement de l’histoire qui ne passe pas : Jésus meurt, est enseveli,
ressuscite d’entre les morts et est assis à la droite du Père " une
fois pour toutes " (Rm 6, 10 ; He 7,
27 ; 9, 12). C’est un événement réel, advenu dans notre histoire, mais
il est unique : tous les autres événements de l’histoire arrivent une
fois, puis ils passent, engloutis dans le passé. Le Mystère pascal du Christ,
par contre, ne peut pas rester seulement dans le passé, puisque par sa Mort
il a détruit la mort, et que tout ce que le Christ est, et tout ce qu’Il a
fait et souffert pour tous les hommes, participe de l’éternité divine et
surplombe ainsi tous les temps et y est rendu présent. L’Événement de la
Croix et de la Résurrection demeure et attire tout vers la Vie.
... dès l’Église des Apôtres ...
1086
" De même que le Christ fut envoyé par le Père, ainsi lui-même
envoya ses apôtres, remplis de l’Esprit Saint, non seulement pour que,
prêchant l’Évangile à toute créature, ils annoncent que le Fils de Dieu, par
sa mort et par sa résurrection, nous a délivrés du pouvoir de Satan ainsi que
de la mort, et nous a transférés dans le Royaume de son Père, mais aussi afin
qu’ils exercent cette œuvre de salut qu’ils annonçaient, par le Sacrifice et
les sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique "
(SC 6).
1087
Ainsi, le Christ ressuscité, en donnant l’Esprit Saint aux Apôtres, leur
confie son pouvoir de sanctification (cf. Jn 20,
21-23) : ils deviennent signes sacramentels du Christ. Par la puissance
du même Esprit Saint, ils confient ce pouvoir à leurs successeurs. Cette
" succession apostolique " structure toute la vie
liturgique de l’Église ; elle est elle-même sacramentelle, transmise par
le sacrement de l’Ordre.
... est présent dans la Liturgie terrestre ...
1088
" Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre " – la
dispensation ou communication de son œuvre de salut, – " le Christ
est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques.
Il est là présent dans le Sacrifice de la Messe, et dans la personne du
ministre, ‘le même offrant maintenant par le ministère des prêtres qui
s’offrit alors Lui-même sur la Croix’ et, au plus haut point, sous les
espèces eucharistiques. Il est là présent par sa vertu dans les sacrements,
au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ Lui-même qui baptise.
Il est là présent dans sa parole, car c’est Lui qui parle tandis qu’on lit
dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église
prie et chante les psaumes, Lui qui a promis : ‘Là où deux ou trois sont
rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20) "
(SC 7).
1089
" Pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle
Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe
toujours l’Église, Son Épouse bien-aimée, qui L’invoque comme son Seigneur et
qui passe par Lui pour rendre son culte au Père Éternel " (SC 7).
... qui participe à la Liturgie céleste
1090 " Dans la liturgie terrestre nous participons
par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité
de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège
à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai
tabernacle ; avec toute l’armée de la milice céleste, nous chantons au
Seigneur l’hymne de gloire ; en vénérant la mémoire des saints, nous
espérons partager leur société ; nous attendons comme Sauveur notre
Seigneur Jésus Christ, jusqu’à ce que lui-même se manifeste, lui qui est
notre vie, et alors nous serons manifestés avec lui dans la
gloire " (SC 8 ; cf. LG 50).
III. L’Esprit Saint et l’Église dans la liturgie
1091
Dans la Liturgie l’Esprit Saint est le pédagogue de la foi du Peuple de Dieu,
l’artisan des " chefs-d’œuvre de Dieu " que sont les
sacrements de la Nouvelle Alliance. Le désir et l’œuvre de l’Esprit au cœur
de l’Église est que nous vivions de la vie du Christ ressuscité. Quand il
rencontre en nous la réponse de foi qu’il a suscitée, il se réalise une
véritable coopération. Par elle, la Liturgie devient l’œuvre commune de
l’Esprit Saint et de l’Église.
1092
Dans cette dispensation sacramentelle du mystère du Christ, l’Esprit
Saint agit de la même manière que dans les autres temps de l’Économie du
salut : il prépare l’Église à rencontrer son Seigneur ; il rappelle
et manifeste le Christ à la foi de l’assemblée ; il rend présent et
actualise le mystère du Christ par sa puissance transformante ;
enfin, l’Esprit de Communion unit l’Église à la vie et à la mission du
Christ.
L’Esprit Saint prépare à accueillir le Christ
1093
L’Esprit Saint accomplit dans l’Économie sacramentelle les figures de l’Ancienne
Alliance. Puisque l’Église du Christ était " admirablement
préparée dans l’histoire du peuple d’Israël et dans l’Ancienne
Alliance " (LG 2), la Liturgie de l’Église garde comme une partie
intégrante et irremplaçable, en les faisant siens, des éléments du culte de
l’Ancienne Alliance :
– principalement la lecture de l’Ancien Testament ;
– la prière des Psaumes ;
– et surtout la mémoire des événements sauveurs et des réalités
significatives qui ont trouvé leur accomplissement dans le mystère du Christ
(la Promesse et l’Alliance, l’Exode et la Pâque, le Royaume et le Temple,
l’Exil et le Retour).
1094
C’est sur cette harmonie des deux Testaments (cf. DV 14-16) que
s’articule la catéchèse pascale du Seigneur (cf. Lc
24, 13-49), puis celle des Apôtres et des Pères de l’Église. Cette catéchèse
dévoile ce qui demeurait caché sous la lettre de l’Ancien Testament : le
mystère du Christ. Elle est appelée " typologique " parce
qu’elle révèle la nouveauté du Christ à partir des " figures "
(types) qui l’annonçaient dans les faits, les paroles, et les symboles de la
première Alliance. Par cette relecture dans l’Esprit de Vérité à partir du
Christ, les figures sont dévoilés (cf. 2 Co 3, 14-16). Ainsi, le déluge et
l’arche de Noé préfiguraient le salut par le Baptême (cf. 1 P 3, 21), la Nuée
et la traversée de la Mer Rouge également, et l’eau du rocher était la figure
des dons spirituels du Christ (cf. 1 Co 10, 1-6) ; la manne au désert
préfigurait l’Eucharistie, " le vrai Pain du Ciel " (Jn 6, 48).
1095
C’est pourquoi l’Église, spécialement lors des temps de l’Avent, du
Carême et surtout dans la nuit de Pâques, relit et revit tous ces grands
événements de l’histoire du salut dans l’" aujourd’hui "
de sa Liturgie. Mais cela exige aussi que la catéchèse aide les fidèles à
s’ouvrir à cette intelligence " spirituelle " de
l’Économie du salut, telle que la Liturgie de l’Église la manifeste et nous
la fait vivre.
1096
Liturgie juive et liturgie chrétienne. Une
meilleure connaissance de la foi et de la vie religieuse du peuple juif,
telles qu’elles sont professées et vécues encore maintenant, peut aider à
mieux comprendre certains aspects de la liturgie chrétienne. Pour les juifs
et pour les chrétiens l’Écriture Sainte est une part essentielle de leurs
liturgies : pour la proclamation de la Parole de Dieu, la réponse à
cette Parole, la prière de louange et d’intercession pour les vivants et les
morts, le recours à la miséricorde divine. La liturgie de la Parole, dans sa
structure propre, trouve son origine dans la prière juive. La prière des
Heures et autres textes et formulaires liturgiques y ont leurs parallèles,
ainsi que les formules mêmes de nos prières les plus vénérables, dont le
Pater. Les prières eucharistiques s’inspirent aussi de modèles de la
tradition juive. Le rapport entre liturgie juive et liturgie chrétienne, mais
aussi la différence de leurs contenus, sont particulièrement visibles dans
les grandes fêtes de l’année liturgique, comme la Pâque. Les chrétiens et les
juifs célèbrent la Pâque : Pâque de l’histoire, tendue vers l’avenir
chez les juifs ; Pâque accomplie dans la mort et la résurrection du
Christ chez les chrétiens, bien que toujours en attente de la consommation
définitive.
1097
Dans la Liturgie de la Nouvelle Alliance, toute action liturgique,
spécialement la célébration de l’Eucharistie et des sacrements, est une
rencontre entre le Christ et l’Église. L’assemblée liturgique tient son unité
de la " Communion de l’Esprit Saint " qui rassemble les
enfants de Dieu dans l’unique Corps du Christ. Elle dépasse les affinités
humaines, raciales, culturelles et sociales.
1098
L’Assemblée doit se préparer à rencontrer son Seigneur, être
" un peuple bien disposé ". Cette préparation des cœurs
est l’œuvre commune de l’Esprit Saint et de l’Assemblée, en particulier de ses
ministres. La grâce de l’Esprit Saint cherche à éveiller la foi, la
conversion du cœur et l’adhésion à la volonté du Père. Ces dispositions sont
présupposées à l’accueil des autres grâces offertes dans la célébration
elle-même et aux fruits de Vie nouvelle qu’elle est destinée à produire
ensuite.
L’Esprit Saint rappelle le Mystère du Christ
1099
L’Esprit et l’Église coopèrent à manifester le Christ et son œuvre de
salut dans la Liturgie. Principalement dans l’Eucharistie, et analogiquement
dans les autres sacrements, la Liturgie est Mémorial du Mystère du
salut. L’Esprit Saint est la mémoire vivante de l’Église (cf. Jn 14, 26).
1100
La Parole de Dieu. L’Esprit Saint rappelle d’abord à l’assemblée
liturgique le sens de l’événement du salut en donnant vie à la Parole de Dieu
qui est annoncée pour être reçue et vécue : Dans la célébration de la
liturgie, la sainte Écriture a une importance extrême. C’est d’elle que sont
tirés les textes que l’on lit et que l’homélie explique, ainsi que les psaumes
que l’on chante ; c’est sous son inspiration et dans son élan que les
prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont jailli, et c’est d’elle
aussi que les actions et les symboles reçoivent leur signification (SC 24).
1101
C’est l’Esprit Saint qui donne aux lecteurs et aux auditeurs selon les
dispositions de leurs cœurs, l’intelligence spirituelle de la Parole de Dieu.
A travers les paroles, les actions et les symboles qui forment la trame d’une
célébration, Il met les fidèles et les ministres en relation vivante avec le
Christ, Parole et Image du Père, afin qu’ils puissent faire passer dans leur
vie le sens de ce qu’ils entendent, contemplent et font dans la célébration.
1102
" C’est la Parole du salut qui nourrit la foi dans le cœur des
chrétiens : c’est elle qui donne naissance et croissance à la communion
des chrétiens " (PO 4). L’annonce de la Parole de Dieu ne s’arrête
pas à un enseignement : elle appelle la réponse de foi, comme
consentement et engagement, en vue de l’Alliance entre Dieu et son peuple.
C’est encore l’Esprit Saint qui donne la grâce de la foi, la fortifie et la
fait croître dans la communauté. L’assemblée liturgique est d’abord Communion
dans la foi.
1103
L’Anamnèse. La célébration liturgique se réfère toujours aux
interventions salvifiques de Dieu dans l’histoire. " L’Économie de
la révélation se fait par des actions et des paroles, étroitement liées entre
elles... Les paroles proclament les œuvres et font découvrir le mystère qui
s’y trouve contenu " (DV 2). Dans la Liturgie de la Parole l’Esprit
Saint "rappelle" à l’Assemblée tout ce que le Christ a fait pour
nous. Selon la nature des actions liturgiques et les traditions rituelles des
Églises, une célébration "fait mémoire" des merveilles de Dieu dans
une Anamnèse plus ou moins développée. L’Esprit Saint, qui éveille ainsi la
mémoire de l’Église, suscite alors l’action de grâces et la louange (Doxologie).
L’Esprit Saint actualise le Mystère du Christ
1104
La Liturgie chrétienne non seulement rappelle les événements qui nous ont
sauvés, elle les actualise, les rend présents. Le Mystère pascal du Christ
est célébré, il n’est pas répété ; ce sont les célébrations qui se
répètent ; en chacune d’elle survient l’effusion de l’Esprit Saint qui
actualise l’unique Mystère.
1105
L’Épiclèse ("invocation-sur") est l’intercession en
laquelle le prêtre supplie le Père d’envoyer l’Esprit Sanctificateur pour que
les offrandes deviennent le corps et le sang du Christ et qu’en les recevant
les fidèles deviennent eux-mêmes une vivante offrande à Dieu.
1106
Avec l’Anamnèse, l’Épiclèse est au cœur de chaque célébration
sacramentelle, plus particulièrement de l’Eucharistie : "Tu
demandes comment le pain devient Corps du Christ, et le vin ... Sang du
Christ ? Moi, je te dis : le Saint-Esprit fait irruption et
accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensée... Qu’il te suffise
d’entendre que c’est par le Saint-Esprit, de même que c’est de la Sainte
Vierge et par le Saint-Esprit que le Seigneur, par lui-même et en lui-même, assuma
la chair" (S. Jean Damascène, f. o. 4, 13 : PG 94, 1142A).
1107
La puissance transformante de l’Esprit Saint dans
la Liturgie hâte la venue du Royaume et la consommation du mystère du salut.
Dans l’attente et dans l’espérance il nous fait réellement anticiper la
communion plénière de la Trinité Sainte. Envoyé par le Père qui exauce
l’Épiclèse de l’Église, l’Esprit donne la vie à ceux qui l’accueillent, et
constitue pour eux, dès maintenant, " les arrhes " de
leur héritage (cf. Ep 1, 14 ; 2 Co 1, 22).
La communion de l’Esprit Saint
1108
Le terme de la mission de l’Esprit Saint dans toute action liturgique est de
mettre en communion avec le Christ pour former son Corps. L’Esprit Saint est
comme la sève de la Vigne du Père qui porte son fruit dans les sarments (cf. Jn 15, 1-17 ; Ga 5, 22). Dans la Liturgie se réalise
la coopération la plus intime de l’Esprit Saint et de l’Église. Lui, l’Esprit
de Communion, demeure indéfectiblement dans l’Église, et c’est pourquoi
l’Église est le grand sacrement de la Communion divine qui rassemble les
enfants de Dieu dispersés. Le fruit de l’Esprit dans la Liturgie est
inséparablement Communion avec la Trinité Sainte et Communion fraternelle
(cf. 1 Jn 1, 3-7).
1109
L’Épiclèse est aussi la prière pour le plein effet de la communion de
l’assemblée au mystère du Christ. " La grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du
Saint-Esprit " (2 Co 13, 13) doit demeurer toujours avec nous et
porter des fruits au-delà de la célébration eucharistique. L’Église prie donc
le Père d’envoyer l’Esprit Saint pour qu’il fasse de la vie des fidèles une
vivante offrande à Dieu par la transformation spirituelle à l’image du
Christ, le souci de l’unité de l’Église et la participation à sa mission par
le témoignage et le service de la charité.
En bref
1110
Dans la liturgie de l’Église Dieu le Père est béni et adoré comme la source
de toutes les bénédictions de la création et du salut, dont Il nous a béni en son Fils, pour nous donner l’Esprit de l’adoption
filiale.
1111
L’œuvre du Christ dans la Liturgie est sacramentelle parce que son Mystère de
salut y est rendu présent par la puissance de son Esprit Saint ; parce
que son Corps, qui est l’Église, est comme le sacrement (signe et instrument)
dans lequel l’Esprit Saint dispense le Mystère du salut ; parce qu’à
travers ses actions liturgiques, l’Église pérégrinante
participe déjà, en avant-goût, à la Liturgie céleste.
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