303/304> Jésus
dit :
"Je viens et je vous tends les bras comme à mes bergers : ils sont
les premiers que j'aie aimés sur la terre, et j'ai continué à les aimer parce
qu’ils ont continué, eux aussi, à m’aimer du même cœur simple que cette
nuit-là. Je vous les donne en modèle, parce que je veux que, pour m’aimer,
vous suiviez la route la plus facile et la plus sûre : celle de la
simplicité.
C’est aussi la voie de "notre" Thérèse de l’Enfant-Jésus. C’est
encore la voie de ceux qui, possédant la Sagesse, pressentent que les
chemins inaccessibles sont dangereux pour les forts eux-mêmes, alors que les
voies simples sont sûres. L’homme ne doit jamais se fier à ses propres forces.
S’il est fort aujourd’hui, il peut être demain plus fragile qu’un jonc, ou
même qu’un jonc brisé. Le poids susceptible de le briser sera justement de
rechercher de grandes choses compliquées, impliquant formules et programmes,
méthodes hyperboliques d’une rude ascèse que l’homme ne peut entreprendre par
lui-même.
Non,
ce n’est pas ainsi qu’on se sauve facilement. C’est par le désir d’aimer, tout
simplement. Un enfant sait le faire. Un berger aussi. Je peux parfaitement me
précipiter sur une personne qui m’aime simplement pour l’élever à des
hauteurs vertigineuses d’actes héroïques stupéfiants. Mais croyez-vous que sa
joie — la joie paradisiaque de me posséder au ciel — sera plus grande que
celle d’une âme qui s’est humblement sanctifiée par des actes simples faits
par amour pour moi ?
Certains de mes humbles bergers sont morts avant que je ne sois devenu le
Maître, et n’ont pu faire davantage que m’adorer cette nuit-là de tout leur
être, inclinés devant ma mangeoire et mon berceau, puis de toute leur âme
durant quelques jours ou quelques années, jusqu’à leur mort, après que la
férocité d’Hérode m’eut séparé d’eux :
mais croyez-vous qu’ils jouissent tous au ciel d’une gloire et d’une joie
moindres que celle des trois Sages d’Orient qui furent les chefs de file de
tous les savants et les puissants qui allaient m’aimer par la science, au
cours des siècles ? Non, au contraire, Je vous le dis : nombre de
personnes instruites, après m’avoir aimé, se sont perdues pour avoir voulu me
connaître par une science excessive, ou bien purifient encore leur
culte scientifique et compliqué — ce culte assailli par les rafales glacées
de la science — dans le feu purificateur qui leur apprend à aimer sans
vouloir analyser l’amour ni l’Objet de l’amour; mais les bergers qui m’ont
servi comme disciples sont tous passés de la mort à la Vie, et ceux qui se
sont éteints avant que je ne monte vers le Père, de la mort à une paisible
attente de moi dans les limbes.
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305> Mieux,
je vous l’affirme : alors que l’un des douze apôtres s’est perdu, aucun
des douze bergers ne fut privé de l’auréole des bienheureux. La raison en est
que, dans leur simplicité, ils furent comblés et pénétrés de ma simplicité
d’Enfant. Ils ne contemplèrent et n’aimèrent que le Fils né au peuple
d’Israël, l’Enfant Sauveur "enveloppé de langes et couché dans une
crèche″,
qu’ils virent plus tard téter et grandir, comme tous les enfants. Sa
pauvreté et ses limites d’enfant ne remirent pas en question leur foi en
l’origine divine de ce petit être né à Bethléem de Judée, ils ne calculèrent
pas les avantages qu’ils pourraient en tirer, alors que la plupart en Israël
rêvaient d’un roi vengeur, au lieu du Sauveur spirituel de son peuple et du
monde. Ils ont aimé, toujours. Même ceux qui, par la suite, me virent et me
servirent parmi les acclamations de la foule, aimaient. Ils surent
n’aimer que le Sauveur. Ils surent ne suivre que le Sauveur. Ils surent
suivre Jésus uniquement pour posséder le royaume des Cieux. Ils ne rêvaient
pas et ne furent pas sujets à la désillusion, à l’incrédulité, à la haine, à
la vengeance, comme Judas Iscariote qui, voyant son rêve de puissance déçu,
en vint au déicide.
Soyez donc simples. Il existe deux livres que tout homme de bonne volonté
peut lire et comprendre, même s’il est analphabète. Il lui suffit d’avoir le
regard simple de mes bergers. Ce sont la crèche de Bethléem et la croix du
Golgotha. Ces deux livres sont parlants, ils disent des paroles éternelles,
ils donnent des enseignements en comparaison desquels la sagesse de tous les
savants, de Salomon jusqu’au dernier qui existera, est des plus limitées. Ma
naissance dans la misère, pour vous apprendre le détachement des richesses et
des honneurs, et pour éteindre en vous la soif de ces honneurs humains
tellement inutiles; et ma mort dans la souffrance, pour vous apprendre que
c’est par elle qu’on conquiert le Royaume pour soi-même et pour les autres,
qu’il faut aimer, toujours.
Aimez-vous donc les uns les autres et aimez-moi, et que ma paix soit sur
vous."
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306/307> Marie
dit :
"Je suis votre Mère, vous êtes mes filles. Mais les filles doivent
enfanter tout comme leur mère l’a fait. La virginité n’est pas un obstacle
pour engendrer l’Emmanuel. J’ai moi-même dit, alors que j'étais vierge et
consacrée: "Et comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point
d’homme ?"
L’ange me répondit alors : "L’Esprit Saint descendra sur toi et la
puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre", et l’Emmanuel
fut. L’Esprit Saint descend dans les âmes rachetées par mon Fils qui savent
vivre selon la justice, et il y fait sa demeure, si bien qu’elles deviennent
porteuses de Dieu. C’est pourquoi la virginité ne constitue pas un obstacle,
mais bien une aide pour porter le Christ en vous et le donner au monde avec
la lumière de vos œuvres. Accédez donc à cette virginité féconde qui enfante
dans ce monde ténébreux la Lumière du monde.
Je désire vous enseigner ce qui est requis pour que le Christ vienne faire sa
demeure dans votre cœur vierge.
Une
obéissance parfaite, au point de renoncer à ses plus
saints désirs pour suivre la volonté de Dieu.
Une
absolue discrétion sur les mystères de l’inhabitation
de Dieu en vous.
Une
humilité inaltérable en dépit de son inhabitation.
Rappelez-vous que Satan cherche à découvrir le Christ partout où il est, et
il importe de le défendre contre les poisons de Satan. Il ne mourrait certes
pas, puisqu’il est Dieu, il ne serait pas même atteint, Mais vous, oui. Et le
Christ ne saurait demeurer là où quelque légèreté lève le voile sur les
mystères de Dieu ni là où empeste la complaisance en soi. Par votre alliance
avec Satan, vous mettriez le Christ en condition de se retirer là où il n’existe
aucun trouble satanique.
Une
parfaite confiance dans l’aide que Dieu apporte en
toute circonstance à celles qui portent son Verbe.
Une
volonté pure. Le porter non pour la gloire, mais pour le porter
aux hommes.
Une
innocence d’âme et de pensées, puisque Jésus ne peut se trouver que
dans l’innocence.
Une
charité séraphique. C’est dans le feu que le Feu divin
devient concret en Jésus Lumière, en Jésus Sagesse, en Jésus Sauveur :
charité envers Dieu qui sait et qui comprend tout ; charité
envers son prochain qui ne sait pas, refuse de savoir et ne comprend
pas parce qu’il refuse de comprendre. Les hommes ne connaissent pas la
Lumière. Que celles qui portent la Lumière amènent les hommes, par le biais
de la charité, à la connaissance de la Lumière, de la Charité, du Salut,
autrement dit de Dieu.
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