Le Père Romualdo Migliorini.
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168> Jésus dit :
Il y a de cela trente-trois jours, je t’ai
dit :
"Je ne donnerai rien d’autre avant que tout ne soit mis en ordre, comme
la prudence l’exige". Je te l’ai dit d’une manière telle que tu as
préféré que je le répète dans une dictée adressée non pas à toi seule mais
aussi à celui qui te dirige.
Huit jours plus tard, quand l’occasion s’est présentée, je t’ai satisfaite.
Aujourd’hui tout est en ordre, copié, corrigé comme il se doit. Je te
répète que, en une matière aussi grave et avec un instrument exténué,
il est important de ne pas laisser le travail s’accumuler : il doit être
copié puis corrigé au fur et à mesure afin qu’il n’en reste pas des parties
incomplètes en cas de décès ou pour une autre raison.
N’abusez jamais d’une confiance qui n’est plus de la prudence. Faites comme
si chaque heure était la dernière et soyez toujours à jour en toutes choses.
Gardez ceci à l’esprit et faites le nécessaire pour rester auprès de
l’instrument jusqu’à ce que tout soit achevé. Les expériences pénibles de
l’automne 1944
ont marqué au feu le porte-parole, qui dit : "Je ne puis faire
confiance aux autres et, si je devais rester seule, je ne transmettrais plus
le moindre mot.″ Mais elle n’a pas été la seule à connaître ces
pénibles expériences ! Toi aussi, Romualdo, tu les as connues. Tu as vu,
toi aussi, comment l’on a agi et, même si tu en as beaucoup moins souffert —
car la souffrance de Maria fut extrêmement profonde, au point de graver en
elle un signe indélébile jusque sur son corps
-, tu dois comprendre que cela ne doit pas se renouveler. Si c’était le cas,
j'approuverais le désir de Maria et, sans la priver, elle, de la joie des
visions, je vous en priverais, vous, car je ne lui ferais plus écrire un seul
mot.
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169> Je
ne puis permettre que l’on traite ce travail comme une plaisanterie, ou guère
moins, ni qu’il reste à l’état de manuscrit, c’est-à-dire ni dactylographié
ni corrigé. Nous avons affaire à un monde obtus et mauvais — même dans les
milieux ecclésiastiques
—, à un monde qui ne se soucie guère de relire ces écrits pour pouvoir y
reconnaître ma présence et les approuver, mais qui porte toute son attention
à éplucher l’ouvrage dans le seul dessein d’y trouver un mot qui puisse
passer pour une erreur théologique ou simplement historique, que ce soit dû à
l’écriture incertaine de l’écrivain ou à une erreur du copiste. C’est la pure
vérité. J’agis donc en sorte que leur animosité soit déçue.
Pendant ces trente-trois jours, je t’ai seulement montré deux visions
évangéliques.
Et, si je l’ai fait, c’est parce que, à travers elles, c’est à toi que j’ai
voulu parler, Romualdo, comme je le fais si souvent. Mes scènes évangéliques
sont de vraies leçons, pour la vie quotidienne individuelle comme pour des
cas particuliers.
Si tel n’était pas le cas, je n’aurais pas,
au début des visions, montré des scènes de temps en temps, mais j'aurais
commencé par le premier mot des quatre évangiles et poursuivi dans l’ordre. Au
contraire, j'ai montré aux bons moments les épisodes nécessaires
pour soutenir le porte-parole dans la grande croix qu’elle devait porter peu
après (de janvier à mars 1944) et dans celle qu’elle était en train de porter
(de mai à octobre 1944); mon but était aussi d’évangéliser Giuseppe B., qui
luttait contre Satan, pour le préparer à la dictée qui l’a séparé
définitivement de lui et de ses hérésies.
Plus tard, une fois passées ces deux nécessités, j’ai poursuivi la
reconstruction évangélique avec régularité et dans l’ordre.
Mais je te parle bien souvent par leur intermédiaire, Romualdo, ainsi que par
les dictées non évangéliques que je donne. Toutes ont pour fonction de te
servir de guide et de lumière. C’est ainsi que j’ai dicté les deux dernières
pour t’aider, de façon extraordinaire parce que je ne voulais rien donner
avant que tout ce qui l’avait déjà été ne soit en ordre.
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170> Maintenant
souviens-toi et réfléchis : tout comme j'ai gardé le silence durant
trente-trois jours, je pourrais me taire pour toujours. Et je le ferais si
mon entreprise rencontrait des obstacles susceptibles de nuire à l’ouvrage.
Tu vois que, d’elle-même, Maria ne peut rien, ni voir ni parler. Si tu lui
disais pour l’éprouver : "Répète aussi la dernière vision", tu
verrais que, non seulement les mots lui manqueraient, mais même la description
des faits serait pauvre et incomplète. Hors de ma lumière, Maria est une
pauvre femme quelconque. Il ne demeure en elle que le sens spirituel de la
leçon reçue, ce qui accroît sa volonté d’agir saintement en toutes choses,
conformément à l’instruction qu’elle a entendue. Mais son intelligence ne
tire aucun profit de ce qu’elle a vu. Une fois la vision passée, son esprit
ne peut pas la répéter. S’il n’était plus possible d’imprimer ce qu’elle
écrit et si, par prudence, je cessais d’exiger de sa part les descriptions de
ce qu’elle voit et entend, vous n’obtiendriez plus un seul mot. Ma fille
reposerait encore et toujours dans mes bras, mais tous les autres resteraient
sans nouvelles leçons. Penses-y, et fais réfléchir les autres là-dessus.
Voici maintenant une leçon qui t’est
entièrement destinée mon cher serviteur. Ce n’est pas un reproche, ne le
prends pas ainsi. C’est la caresse de quelqu’un qui t’aime et ne veut pas que
tu fasses de faux pas ou des pas inutiles, par ingénuité. Tu ne le prendrais
pas mal, si un bon père te disait : "Donne-moi la main, pour que je
te guide sur ce sentier accidenté", ou bien: “Tu vois, mon fils ?
Cette fleur, cette baie n’est pas bonne. Elles semblent l’être, mais ne le
sont pas. Ne les goûte jamais. Elles recèlent des sucs nocifs.″ Il en
va de même pour toi, mon enfant immortel: tu ne dois pas être peiné que je
t’instruise. Tu fais partie de mon armée : celle des êtres qui, étant
sans malice, se trouvent sans défense, au fond, contre un monde rusé et
contre Satan, qui l’est plus encore pour agir. C’est une gloire, mais aussi
un danger permanent. J’accorde donc à ces êtres sans défense une aide
particulière, justement parce qu’ils sont ainsi, afin qu’ils ne se laissent
pas tromper par des apparences mensongères.
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171> Tu ne dois pas mesurer tout ce qui est
surnaturel de la même manière. Le surnaturel comprend tout ce qui sort du
monde naturel, n’est-ce pas ? Mais il existe deux courants, deux fleuves
dans le surnaturel, dans l’extranaturel : celui qui vient de Dieu, et
celui qui vient de l’Ennemi de Dieu.
Pris extérieurement et superficiellement, les phénomènes sont à peu près
identiques, car Satan sait contrefaire Dieu avec la perfection du mal. Mais
les miens se reconnaissent à certains signes : le premier est la paix
profonde, l’ordre qui accompagnent ces phénomènes et qui se communiquent aux
personnes présentes; un autre consiste en l’accroissement des facultés
naturelles d’intelligence et de mémoire, car le surnaturel céleste est
toujours grâce; or la grâce augmente aussi les facultés naturelles de l’homme
pour que l’on se souvienne avec exactitude de ses manifestations.
Les phénomènes qui ne sont pas miens, en revanche, comprennent toujours l’effusion
d’un je-ne-sais-quoi qui trouble ou diminue le sérieux surnaturel habituel en
suscitant de la curiosité ou cet intérêt amusé et vide dont vous faites
preuve quand vous allez à une représentation au théâtre, à un spectacle de
jongleurs ou à d’autres semblables. Les phénomènes qui ne proviennent pas de
moi comprennent toujours du désordre. De plus, après le crépitement des
fusées aveuglantes, de la fumée et de la brume enlèvent sa pureté à la
lumière préexistante, si bien que vous avez beau avoir vu et entendu, vous ne
vous souvenez plus de rien avec exactitude et vous tombez dans les
contradictions sans même l’avoir voulu. Satan, de sa main griffue,
embrouille, embrouille pour tourner en dérision et épuiser.
Enfin, le sujet lui-même est un signe très
sûr. À mon action dans un être correspond toujours l’action de l’être. Je
m’explique.
Lorsque j’instruis, tout se métamorphose chez la personne instruite. Il naît
en elle une bonne volonté, un empressement à m’obéir, qui ne comprend pas de
lentes phases d’élévation comme cela se voit dans la volonté habituelle de se
sanctifier, mais des progrès rapides — mais durables — par lesquels
l’âme s’élève et transforme ce qui existait précédemment en ce que je désire.
Ces âmes sont prises de "bonne volonté". Cette dernière y broie et
détruit tout ce qui appartient au passé, tout ce qui formait le
"moi″ antérieur, et les recompose sous une nouvelle forme à mon
modèle. Elles sont les artisans inlassables de leur être immortel. Elles
voient qu’elles changent en mieux. Mais elles ne sont jamais satisfaites du
niveau de bien qu’elles ont atteint et travaillent à acquérir une plus grande
perfection. Et cela, non par orgueil personnel, mais par amour pour moi.
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172> À
l’opposé, chez les âmes qui sont de fausses contemplatives, de faux
instruments, cette inlassable métamorphose manque. En élèves de Satan à cette
occasion, elles se repaissent de ce qu’elles ont, elles s’en délectent.
Parfois, elles ont réellement reçu, au commencement, un don de ma part. Elles
se bercent dans l’orgueil d’être "quelqu’un". Ce sentiment grandit
de jour en jour, comme un animal trop nourri. En fait, il se nourrit excessivement
de l’orgueil que Satan déverse silencieusement mais en abondance autour
d’eux. Ce sentiment d’être "quelqu’un" grossit jusqu’à en devenir
monstrueux. Oui, monstrueux. C’est un monstre parce qu’il perd son aspect
primitif, le mien, pour prendre celui de Satan. Ces gens se créent une
auréole de fausses lumières, ils mettent à profit leur célébrité plus ou
moins relative pour s’en couronner. Ils s’admirent, ils se disent :
"Je suis comme il faut. Me voilà déjà arrivé !" C’est ainsi
qu’ils s’aveuglent, au point de ne plus savoir ce qu’ils sont, c’est ainsi
qu’ils se rendent sourds, au point de ne plus distinguer les voix qui parlent
en eux. La mienne est pourtant si différente de celle de Satan ! Mais
ils ne l’entendent plus. Et tandis que je me retire, Satan leur offre ce
qu’ils veulent : des vanités. Et ils s’en parent...
Qu’est-ce que Dieu peut faire à ces gens qui
veulent le mal et préfèrent les vêtements aux reflets irisés, les
illuminations, les applaudissements, à la croix, à la nudité, aux épines, au
secret, au travail assidu sur soi-même et autour de soi dans le Bien, pour
son propre bien et celui des autres ? Qu’est-ce que Dieu doit faire
vis-à-vis de ces histrions de la sainteté pris, tous autant qu’ils sont, par
les fables et les mensonges ? Dieu se retire. Il les abandonne au père
du mensonge et des ténèbres. Quant à eux, ils se délectent des dons que Satan
leur accorde en récompense de leur comportement. Comme ils voient qu’ils
parviennent à des choses qui dépassent le naturel, ils se proclament "saints".
Ils ignorent qu’elles sont le produit de leur orgueil nourri par Satan. Et
ils ne s’améliorent pas, tu sais ? Ils ne s’améliorent pas. Même si, en
apparence, ils ne régressent pas, il est visible même aux plus superficiels
qu’ils ne font pas de progrès.
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173> Romualdo,
fais attention à l’éclat multicolore qui se dissout en brouillard ! Moi,
je laisse toujours les choses concrètes, bien ordonnées, claires, dans la
lumière. Attention aux faux saints qui sont plus pernicieux pour mon triomphe
que tous les pécheurs notoires. Le surnaturel saint existe. Je le suscite. Il
faut l’accepter et y croire. Mais il ne faut pas accepter au premier coup
d’œil n’importe quel petit vase qui porte l’inscription "Huile de
sagesse divine″, ou n’importe quel livre fermé sur lequel il est écrit :
"Dieu est ici". Assure-toi que le premier n’exhale pas une puanteur
infernale et que le second ne contient pas des formules hérétiques. Observez
également l’extérieur du vase et du livre, où et comment ces gens aiment à se
tenir. Observez, pour abandonner le langage figuré, si cette personne est
humble d’accès, si elle agit saintement, au plus haut degré. Si vous voyez
que son évolution vers le bien est lente ou est même tout à fait absente,
ouvrez les yeux. Ouvrez-les deux fois plus si vous remarquez en cette âme le
plaisir d’être connue. Et ouvrez-les trois fois, soixante-dix fois plus, si vous la sentez
orgueilleuse et installée dans le mensonge.
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