Le mercredi 29 août
1945
302> 266.1 – Jésus est seul avec Matthieu qui, blessé
à un pied ; n'a pas pu aller prêcher avec les autres. Mais cependant des
malades et des gens désireux d'entendre la Bonne Nouvelle occupent la
terrasse et l'espace libre du jardin pour l'entendre et obtenir son aide.
Jésus achève son discours en disant :
"Après avoir contemplé ensemble la grande phrase de Salomon :
"C'est dans l'abondance de la justice que se trouve la plus grande force" je vous exhorte à posséder cette abondance parce
que c'est la monnaie qu'il faut pour entrer dans le Royaume des Cieux.
Demeurez avec ma paix et que Dieu soit avec vous."
Puis il se tourne vers les pauvres et les malades - et, dans beaucoup de cas,
ce sont à la fois l'un et l'autre - et il écoute avec bonté leurs doléances,
donne un secours en argent, conseille par ses paroles, guérit par
l'imposition des mains et par la parole. Mathieu, à ses côtés, fait la
distribution de l'argent.
266.2 – Jésus écoute avec attention
une pauvre
veuve qui Lui parle en pleurant de la mort imprévue de son
mari menuisier, à son établi, survenue quelques jours auparavant :
"Je suis accourue pour te chercher ici, et toute la parenté du mort m'a
accusée d'être inconvenante et dure de cœur, et maintenant elle me maudit.
Mais moi, j'étais venue parce que je sais que tu ressuscites et je sais que,
si j'avais pu te trouver, mon mari serait ressuscité. Tu n'y étais pas...
Maintenant lui est dans le tombeau depuis deux semaines... et je reste avec
cinq enfants... Les parents me haïssent et ne m'aident pas. J'ai des oliviers
et des vignes. Pas beaucoup, mais ils me donneraient du pain pour l'hiver si
je pouvais les garder jusqu'à la récolte. Mais je n'ai pas d'argent car
l'homme, depuis quelque temps, n'était pas en bonne santé. Il travaillait peu
et, pour se soutenir, mangeait et ne buvait que trop. Il disait que le vin
lui faisait du bien... au contraire, il a fait le double mal de le tuer et de
dissiper les économies déjà réduites par son peu de travail. Il allait finir
un char et un coffre, et avait mis en chantier deux lits, des étagères et des
tables.
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303> Mais maintenant... Rien n'est fini,
et mon garçon n'a pas encore huit ans. Je vais perdre l'argent... Je devrai
vendre l'outillage, le bois. Le char et le coffre, je ne peux même pas les
vendre comme tels, bien qu'ils soient presque terminés, et je devrai les
céder comme bois de chauffage. Et l'argent ne suffira pas car, moi, ma mère
âgée et malade, et cinq enfants, nous sommes sept personnes... Je vendrai le
vignoble et les oliviers... Mais tu sais comme est le monde... Il étrangle
ceux qui sont dans le besoin. Dis-moi, que dois-je faire ? Je voulais
garder l'établi et les outils pour le fils qui connaît déjà quelque chose du
bois... je voulais garder la terre pour vivre, et pour doter mes
filles..."
Il est en train d'écouter tout cela quand un remue-ménage parmi les gens
l'avertit qu'il y a quelque chose de nouveau. Il se retourne pour voir et
voit trois hommes qui se fraient un chemin à travers la foule. Il se tourne
de nouveau pour parler à la veuve :
"Où habites- tu ?"
"À Chorazeïn, près du chemin qui mène à la Fontaine Chaude. Une maison
basse entre deux figuiers."
"C'est bien. Je viendrai finir le char et le coffre, et tu les vendras à
ceux qui les ont commandés. Attends-moi demain à l'aurore."
"Toi ! Toi, travailler pour moi !"
L'étonnement suffoque la femme.
"Je reprendrai mon travail et je te donnerai la paix, En même
temps, aux gens sans cœur de Chorazeïn, je donnerai une leçon de
charité."
"Oh ! oui ! Sans cœur ! S'il y avait eu encore le vieil Isaac ! Il ne m'aurait
pas laissée mourir de faim. Mais lui est retourné vers Abraham..."
"Ne pleure pas. Va-t’en tranquille. Voilà ce dont tu as besoin pour
aujourd'hui. Demain, Moi je viendrai. Va en paix."
La femme se prosterne pour baiser ses vêtements et s'en va plus tranquille.
266.3 – "Maître trois fois saint,
puis-je te saluer ?" demande l'un des trois hommes qui sont
survenus et qui se sont arrêtés respectueusement derrière Jésus, en attendant
qu'il congédie la femme, et qui ont donc entendu la promesse de Jésus. Et cet
homme qui salue, c'est Manahen.
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304> Jésus se tourne et dit avec un sourire :
"Paix à toi, Manahen ! Tu t'es donc souvenu de Moi ?"
"Toujours, Maître. Et j'avais décidé de venir te trouver chez Lazare ou au Jardin des Oliviers
pour être avec Toi. Mais avant la Pâque, le Baptiste a été pris. Il a été
repris par trahison, et moi je craignais qu'en l'absence d'Hérode, venu à Jérusalem pour la
Pâque, Hérodiade ne commandât de tuer le Saint. Elle n'a pas voulu aller
à Sion pour les fêtes, disant qu'elle était malade.
Malade, oui, de haine et de luxure... Je suis allé à Machéronte pour surveiller... et
retenir la femme perfide qui serait capable de tuer de sa main... Et elle ne
le fait pas par crainte de perdre la faveur d'Hérode qui... par peur ou par
conviction, défend Jean, en se limitant à le garder en prison. En ce moment
Hérodiade a fui la chaleur accablante de Machéronte pour aller dans un
château qui lui appartient. Et je suis venu avec mes amis et disciples de
Jean. Il les a envoyés pour t'interroger et je me suis uni à eux."
266.4 – Les gens, entendant parler
d'Hérode et comprenant quel est celui qui en parle, s'empressent avec
curiosité autour du groupe de Jésus et des trois.
"Que vouliez-vous me demander ?" demande Jésus après les
échanges de salutations avec les deux austères personnages.
"Parle, Manahen, toi qui sais tout, et Lui es plus attaché" dit
l'un des deux.
"Voici, Maître. Tu dois être indulgent si, par trop d'amour, les
disciples arrivent à se méfier de Celui qu'ils croient opposés à leur maître
ou désireux de le supplanter. C'est ce que font les tiens et de même ceux de
Jean. C'est une jalousie compréhensible qui montre tout l'amour des disciples
pour leurs maîtres. Quant à moi... je suis impartial, et eux qui sont avec
moi peuvent le dire, car je te connais et je connais Jean ; et je vous aime
avec justice, au point que t'aimant Toi, pour ce que tu es, j'ai préféré
faire le sacrifice de rester près de Jean parce que je le vénère, lui aussi,
pour ce qu'il est, et actuellement parce qu'il est plus en danger que Toi.
Maintenant, à cause de cet amour qu'attisent par leur rancœur les pharisiens,
eux sont arrivés à douter que tu es le Messie. Et ils l'ont avoué à Jean,
croyant lui faire plaisir en lui disant : "Pour nous, c'est toi qui
es le Messie. Il ne peut y avoir quelqu'un de plus saint que toi". Jean
a commencé par leur faire des reproches en les appelant blasphémateurs et
puis, après les reproches, avec plus de douceur, il leur a expliqué tout ce
qui te désigne comme le vrai Messie.
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305> Enfin, voyant qu'ils n'étaient pas encore
persuadés, il a pris deux d'entre eux, ceux-ci, et leur a dit :
"Allez le trouver et dites-lui, en mon nom : 'Es-tu celui qui doit
venir, ou devons-nous en attendre un autre ?' ". Il n'a pas envoyé
les disciples autrefois bergers, car eux croient et il n'aurait servi à rien
de les envoyer. Mais il a choisi parmi ceux qui doutent pour qu'ils
t'approchent et que leurs paroles dissipent les doutes de ceux qui sont comme
eux. Je les ai accompagnés pour pouvoir te voir. J'ai parlé. Toi, maintenant,
apaise leurs doutes."
266.5 – "Mais ne nous crois pas
hostiles, Maître ! Les paroles de Manahen pourraient te le faire penser.
Nous... nous... Nous connaissons depuis des années le Baptiste et nous
l'avons toujours vu saint, pénitent, inspiré. Toi... nous ne te connaissons
que par les paroles d'autrui. Et tu sais ce qu'est la parole des hommes...
Elle crée et détruit renommée et louange par le contraste entre ceux qui
exaltent et ceux qui dénigrent, comme un nuage se forme et se dissipe par
l'effet de deux vents contraires."
"Je sais, je sais. Je lis dans votre esprit, et vos yeux lisent la
vérité dans ce qui vous entoure, de même que vos oreilles ont entendu mon
entretien avec la veuve. Cela suffirait pour vous persuader. Mais je vous
dis : observez ce qui m'entoure. Ici, il n'y a pas de riches ni de
jouisseurs, il n'y a pas de personnes scandaleuses. Mais des pauvres, des
malades, des israélites honnêtes qui veulent connaître la Parole de Dieu. Et
rien d'autre. Celui-ci, celui-là, cette femme, et puis cette fillette, et ce
vieillard sont venus ici malades et maintenant ils sont en bonne santé.
Interrogez-les et ils vous diront ce qu’ils avaient et comment je les ai
guéris, et comme ils sont maintenant. Faites, faites. Moi, pendant ce temps,
je parle avec Manahen"
Et Jésus va se retirer.
"Non, Maître. Nous ne doutons pas de tes paroles. Donne-nous seulement
une réponse à apporter à Jean, pour qu'il voie que nous sommes venus et pour
qu'il puisse se baser sur elle pour persuader nos compagnons."
"Allez rapporter ceci à Jean : "Les
sourds entendent, cette fillette était sourde et muette, Les muets parlent,
et cet homme était muet de naissance. Les aveugles voient.
266.6 – Homme, viens ici. Dis-leur ce
que tu avais" dit Jésus en prenant un miraculé par le bras.
Celui-ci dit :
"Je suis maçon, et il m'est tombé sur la figure un seau plein de chaux
vive. Elle m'a brûlé les yeux. Depuis quatre ans j'étais dans les ténèbres.
Le Messie a humecté mes yeux desséchés avec sa salive et ils sont redevenus
plus frais que quand j'avais vingt ans. Qu'il en soit béni."
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306> Jésus reprend :
"Et avec les aveugles, les sourds, les muets guéris, se redressent les
boiteux et courent les estropiés. Voilà ce vieillard qui était tout à l'heure
déformé et qui maintenant est droit comme un palmier du désert et agile comme
une gazelle. Se guérissent les maladies les plus graves. Toi, femme,
qu'avais-tu ?"
"Un mal au sein pour avoir trop donné de lait à des bouches voraces et
le mal, avec le sein, me rongeait la vie. Maintenant, regardez"
Et elle entrouvre son vêtement, montrant son sein intact et elle
ajoute :
"Ce n'était qu'une plaie et ma tunique encore couverte de pus le montre.
Maintenant je m'en vais à la maison mettre un vêtement propre. Je suis forte
et heureuse. Alors que seulement hier j'étais mourante, amenée ici par des
gens charitables, et si malheureuse... à cause des enfants qui allaient être
sans mère. Louange éternelle au Sauveur !"
"Vous entendez ? Et vous pouvez interroger le chef de la synagogue de cette ville sur la résurrection de sa fille
et, en allant à Jéricho, passez par Naïm. Informez-vous au sujet du jeune homme ressuscité en
présence de toute la ville et au moment où on allait le mettre au tombeau.
Vous pourrez ainsi rapporter que les morts ressuscitent. Que beaucoup de
lépreux sont guéris, vous pouvez le savoir dans de nombreuses localités
d'Israël, mais si vous voulez aller à Sicaminon, cherchez-en parmi les disciples et vous en trouverez
plusieurs. Dites donc à Jean que les lépreux sont purifiés. Et dites, puisque
vous le voyez, que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Et bienheureux
celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet.
266.7 – Dites
cela à Jean. Et dites-lui que je le bénis avec tout mon amour."
"Merci, Maître. Bénis-nous aussi avant notre départ."
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307> "Vous ne pouvez partir par
cette chaleur. Soyez donc mes hôtes jusqu'au soir. Vous vivrez pendant un
jour la vie de ce Maître qui n'est pas Jean, mais que Jean aime parce qu'il
sait qui il est. Venez à la maison. Il y fait frais et je vous restaurerai.
Adieu, mes auditeurs. La paix soit avec vous"
Et après avoir congédié les foules, il rentre à la maison avec les trois
hôtes...
266.8 – ...Je ne sais pas ce qu'ils
disent pendant ces heures de chaleur étouffante. Ce que je vois maintenant,
ce sont les préparatifs du départ des deux disciples pour Jéricho. Il semble
que Manahen reste car on n'a pas amené son cheval avec les deux ânes robustes
devant l'ouverture du mur de la cour. Les deux envoyés de Jean, après
plusieurs inclinations au Maître et à Manahen, montent en selle et se
retournent encore pour regarder et saluer jusqu'à ce qu'un détour de la route
les dérobe à la vue.
Beaucoup de gens de Capharnaüm se sont rassemblés pour voir ce départ, car la
nouvelle de la venue des disciples de Jean et la réponse que leur a faite
Jésus ont fait le tour du pays et je crois aussi des autres pays voisins. Je
vois des personnes de Bethsaïde et de Chorazeïn, qui se sont présentées aux
envoyés de Jean en demandant de ses nouvelles et en lui envoyant leurs
salutations -ce sont peut-être d'anciens disciples du Baptiste - qui restent
maintenant en groupe avec des gens de Capharnaüm pour commenter.
Jésus, avec à son côté Manahen, va rentrer dans la maison en
parlant. Mais les gens se pressent autour de Lui, curieux d'observer le frère
de lait d'Hérode et ses manières pleines de respect pour Jésus et ils
désirent parler avec le Maître.
266.9 – Il y a aussi Jaïre, le chef de synagogue mais, grâce à Dieu, il n'y a pas
de pharisiens. C'est justement Jaïre qui dit :
"Jean sera content ! Non seulement tu lui as envoyé une réponse
exhaustive mais aussi, en les retenant, tu as pu les instruire et leur
montrer un miracle."
"Et puis, quel miracle ! dit un homme. J'avais amené exprès ma
fillette aujourd'hui pour qu'ils la voient. Elle n'a jamais été aussi bien
et, pour elle, c'est une joie de venir trouver le Maître. Vous avez entendu,
hein ? sa réponse ? "Je ne me souviens pas de ce que c'est que
la mort. Mais je me souviens qu'un ange m'a appelée en me faisant passer à
travers une lumière de plus en plus vive au bout de laquelle était Jésus. Et comme
je l'ai vu alors, avec mon esprit qui revenait en moi, je ne le vois plus
maintenant.
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308> Vous et moi, en ce moment, nous voyons l'Homme, mais
mon esprit a vu le Dieu renfermé dans l'Homme". Et comme elle est
devenue bonne, depuis lors ! Elle l'était bonne, mais maintenant c'est
vraiment un ange. Ah ! pour moi, que tous disent ce qu'ils veulent, il
n'y a de saint que Toi !"
"Mais Jean aussi est saint" dit quelqu'un de Bethsaïde.
"Oui, mais il est trop sévère."
"Il ne l'est pas davantage pour les autres que pour lui-même."
"Mais il ne fait pas de miracles et l'on dit qu'il jeûne pour être comme
un mage."
"Et pourtant il est saint"
La discussion s'étend dans la foule.
266.10 – Jésus lève la main et l'étend
avec le geste habituel qu'il a quand il réclame le silence et l'attention
parce qu'il veut parler. Le silence se fait tout de suite. Jésus dit :
"Jean est saint et grand. Ne regardez pas ses manières de faire ni
l'absence de miracles. En vérité je vous le dis : "C'est un grand du
Royaume de Dieu". C'est là qu'il apparaîtra dans toute sa grandeur.
Plusieurs se lamentent de ce qu'il était et est sévère jusqu'à paraître dur.
En vérité je vous dis que lui a fait un travail de géant pour préparer les
voies du Seigneur,
Et celui qui travaille ainsi n'a pas de temps à perdre en mollesses. Ne
disait-il pas lui, quand il était le long du Jourdain, les paroles où Isaïe
l'annonce, lui et le Messie : "Toute vallée sera comblée, toute
montagne sera abaissée, les voies tortueuses seront redressées et les voies
raboteuses aplanies"
et cela pour préparer les voies au Sauveur et Roi ?
Mais, en vérité, il a fait, lui, plus que tout Israël pour me préparer la
route ! Et qui doit abattre les montagnes et combler les vallées,
redresser les chemins et rendre douces les montées pénibles, ne peut que
travailler avec rudesse. C'est qu'il était le Précurseur et il ne me
devançait que de quelques lunes et il fallait que tout soit fait avant que le
Soleil soit haut sur le jour de la Rédemption. Ce jour est arrivé, le Soleil
monte pour resplendir sur Sion et de là sur tout le monde. Jean a préparé la
route, comme il le devait.
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309> Qu'êtes-vous allés voir dans le
désert ? Un roseau que le vent courbe dans toutes les directions ?
Mais qu'êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu souplement ? Mais ces
gens habitent les maisons des rois, enveloppés de vêtements souples et servis
avec respect par mille serviteurs et courtisans, courtisans eux aussi d'un
pauvre homme. Ici, il y en a un. Demandez-lui s'il n'a pas de dégoût pour la
vie de cour et de l'admiration pour le rocher solitaire et rugueux sur lequel
en vain se ruent la foudre et la grêle et sur lequel luttent les vents
imbéciles pour l'arracher alors qu'il reste solide avec l'élan de toutes ses
parties vers le ciel, avec sa pointe qui d'en haut prêche la joie tant elle
est élancée, pointue comme une flamme qui s'élève. Voilà ce qu'est Jean.
C'est ainsi que le voit Manahen car il a compris la vérité de la vie et de la
mort, et il voit la grandeur là où elle se trouve, même si elle se cache sous
des apparences sauvages.
Et vous, qu'avez-vous vu en Jean quand vous êtes allés le voir ? Un
prophète ? Un saint ? Je vous le dis : il est plus qu'un
prophète. Il est plus que beaucoup de saints, plus que des saints car c'est
lui dont il est écrit : "Voici que J'envoie devant vous mon ange
pour préparer ton chemin devant Toi".
266.11 – Réfléchissez.
Vous savez que les anges sont de purs esprits créés par Dieu à sa
ressemblance spirituelle, servant de lien entre l'homme : perfection de
la création visible et matérielle, et Dieu : perfection du Ciel et de la
Terre, Créateur du Royaume spirituel et du règne animal. Dans l'homme, même
le plus saint, il y a toujours la chair et le sang pour mettre un abîme entre
lui et Dieu. Et l'abîme s'approfondit par suite du péché qui alourdit même ce
qu'il y a de spirituel dans l'homme. Voici alors que Dieu crée les anges,
créatures qui atteignent le sommet de l'échelle de la création comme les
minéraux en marquent la base, les minéraux, la poussière qui forme la terre,
les matières inorganiques en général. Purs miroirs de la Pensée de Dieu,
flammes qui s'appliquent à agir par amour, prêts pour comprendre, empressés
d'agir, libres dans leur volonté comme nous, mais d'une volonté toute sainte
qui ignore les révoltes et l'entraînement du péché. Voilà ce que sont les
anges adorateurs de Dieu, ses messagers auprès des hommes, nos protecteurs,
qui nous donnent la Lumière qui les enveloppe et le Feu qu'ils recueillent de
leur adoration.
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310> Jean est appelé :
"ange" par la parole prophétique. Eh bien, je vous le dis : "Parmi ceux qui sont nés de la femme,
il ne s'en est jamais levé un plus grand que Jean Baptiste". Et pourtant
le plus petit du Royaume des Cieux sera plus grand que lui-homme. Car
quelqu'un du Royaume des Cieux est fils de Dieu et non fils de la femme.
Tendez donc tous à devenir citoyens du Royaume.
266.12 – Que vous demandiez-vous l'un à
l'autre ?"
"Nous disions : "Mais est-ce que Jean sera dans le
Royaume ? Et comment y sera-t-il ?"
"Lui, en son esprit est déjà du Royaume et il y sera après la mort comme
un des soleils les plus brillants de l'éternelle Jérusalem. Et cela à cause
de la Grâce qui, en lui, est sans défaut et à cause de sa propre volonté. Car
il a été et il est violent même avec lui-même, pour une fin sainte... À
partir du Baptiste le Royaume des Cieux appartient à ceux qui savent le
conquérir par la force opposée au Mal et ce sont les violents qui le
conquièrent. Car maintenant, on connaît ce qu'il faut faire et tout est donné
pour cette conquête. Ce n'est plus le temps où ne parlaient que la Loi et les
Prophètes. Eux ont parlé jusqu'à Jean. Maintenant c'est la Parole de Dieu qui
parle et elle ne cache pas un iota de ce qu'il faut savoir pour cette
conquête. Si vous croyez en Moi, vous devez donc voir Jean comme l'Élie qui
doit venir.
Qu'entende qui a des oreilles pour entendre.
Mais, à qui comparerai-je cette génération ? Elle est
semblable à celle que décrivent ces garçons qui, assis sur la place, crient à
leurs compagnons : "Nous avons joué et vous n'avez pas
dansé ; nous avons entonné des lamentations et vous n'avez pas
pleuré". De fait, est venu Jean qui ne mange ni ne boit, et cette
génération dit : "Il peut agir ainsi, car il a le démon qui
l'aide". Le Fils de l'homme est venu, qui mange et boit, et ils disent :
"C'est un gros mangeur et un buveur, ami de publicains et de
pécheurs". Ainsi la Sagesse voit ses fils lui rendre justice !
266.13 – En vérité je vous le dis que
seuls les tout petits savent reconnaître la vérité parce qu'il n'y a pas de
malice en eux."
"Tu as bien parlé, Maître" dit le chef de la synagogue. "Voilà
pourquoi ma fille, encore sans malice, te voit tel que nous n'arrivons pas à
te voir.
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311> Et pourtant cette ville et celles voisines
voient déborder sur elles ta puissance, ta sagesse et ta bonté et, je dois le
reconnaître, elles ne progressent qu'en méchanceté à ton égard. Elles ne se
repentent pas et le bien que tu leur donnes produit une fermentation de haine
envers Toi."
"Comment parles-tu, Jaïre ? Tu nous calomnies ! Nous sommes
ici parce que fidèles au Christ" dit quelqu'un de Bethsaïde.
"Oui. Nous. Mais combien sommes-nous ? Moins de cent sur trois
villes qui devraient être aux pieds de Jésus. Parmi ceux qui manquent, et je
parle des hommes, la moitié est hostile, un quart indifférent, l'autre je
veux penser qu'il ne peut pas venir. N'est-ce pas une faute aux yeux de
Dieu ? Et est-ce qu'Il ne punira pas toute cette rancœur et cet
entêtement dans le mal ? Parle Toi, Maître, qui sais et qui, si tu te
tais, c'est à cause de ta bonté mais pas parce que tu ignores. Tu es généreux
et on prend cela pour de l'ignorance et de la faiblesse. Parle donc, et que
ta parole puisse secouer au moins les indifférents, puisque les méchants ne
se convertissent pas mais deviennent toujours plus méchants."
"Oui, c'est une faute et elle sera
punie. Car le don de Dieu ne doit jamais être méprisé ni servir à faire du
mal. Malheur à toi, Chorazeïn, malheur à toi Bethsaïde, vous qui faites
un mauvais usage des dons de Dieu ! Si à Tyr et à Sidon il y avait eu
les miracles produits parmi vous déjà depuis longtemps, vêtus de cilice et
couverts de cendre, ses habitants auraient fait pénitence et seraient venus à
Moi. Aussi je vous dis que pour Tyr et Sidon on usera d'une plus grande
clémence que pour vous le jour du Jugement. Et toi, Capharnaüm, tu crois que
seulement pour m'avoir donné l'hospitalité tu seras exaltée jusqu'au
Ciel ? Tu descendras jusqu'à l'enfer ! Car si à
Sodome avaient été faits les miracles que je t'ai donnés, elle serait encore
florissante, parce qu'elle aurait cru en Moi et se serait
convertie, Aussi il y aura plus de clémence pour Sodome au jour du Jugement
dernier, parce qu'elle n'a pas connu le Sauveur et sa Parole et par
conséquent sa faute est moins grande, que pour toi qui as connu le Messie et
entendu sa parole et ne t'es pas convertie. Cependant, puisque Dieu est
juste, pour ceux de Capharnaüm, de Bethsaïde et de Chorazeïn qui ont cru et
se sanctifient en obéissant à ma parole, on usera d'une grande miséricorde.
Car il n'est pas juste que les justes soient englobés dans la ruine des
pécheurs.
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312> 266.14 – Pour
ce qui concerne ta fille, Jaïre, et la tienne, Simon, et ton enfant,
Zacharie, et tes petits-enfants, Benjamin, je vous dis qu'eux qui sont sans
malice voient déjà Dieu. Et vous voyez comme leur foi est pure et travaille
en eux, unie à la sagesse céleste et au désir de charité que les adultes ne
possèdent pas."
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