Le dimanche 27
septembre 1944.
374> 411.1 – C'est
par une campagne toute blonde de moissons que Jésus passe avec ses disciples.
Il fait très chaud bien que l'on soit aux premières heures de la journée. Les
moissonneurs fauchent les sillons tout garnis d'épis, en faisant des vides
dans l'or des blés. Les faux brillent un instant au soleil, disparaissent
dans les épis pour réapparaître de l'autre côté pour un autre instant, et les
javelles plient et se couchent comme si elles étaient lasses d'être restées
debout pendant des mois sur la terre échauffée par le soleil. Des femmes
passent, liant les gerbes derrière les faucheurs. Partout la campagne est
occupée à ce travail. La moisson a été très bonne et les moissonneurs en sont
tout réjouis.
Quand le groupe apostolique passe le long du chemin et quand les travailleurs
en sont proches, plusieurs suspendent un instant leur travail.
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375> Ils s'appuient à leur faux, essuient leur sueur et
regardent, et de même les femmes qui lient les gerbes. Dans leurs vêtements clairs,
la tête couverte d'un linge blanc, elles paraissent autant de fleurs qui
émergent de la terre dépouillée des blés, coquelicots, bleuets et
marguerites. Les hommes, en tuniques courtes, bises ou jaunâtres, attirent
moins le regard. Ils n'ont de clair que le linge lié par une ficelle sur la
tête et qui retombe sur le cou et les joues. Dans cette blancheur, les
visages bronzés par le soleil paraissent encore plus noirs.
Jésus, quand il voit qu'on le remarque, passe en saluant :
"La paix et la bénédiction de Dieu soient avec vous."
Et les autres répondent :
"Que la bénédiction de Dieu vienne sur Toi" ou bien plus
simplement : "Qu'elle soit aussi avec Toi."
Certains, plus loquaces, intéressent Jésus aux moissons en disant :
"Elle a été bonne cette année. Regarde ces épis grenus et comme ils sont
serrés dans les sillons. On fatigue à les couper, mais c'est le
pain… !"
"Soyez-en reconnaissants au Seigneur.
Et vous savez que ce n'est pas en paroles, mais en actes, que l'on doit
montrer sa reconnaissance. Soyez miséricordieux avec cette récolte en pensant
que le Tout Puissant a été miséricordieux en donnant ses rosées et son soleil
à vos champs pour que vous ayez beaucoup de grain. Rappelez-vous le précepte
du Deutéronome. En récoltant la richesse que Dieu vous a donnée, pensez
à celui qui n'a rien, et laissez-lui un peu du vôtre. Saint mensonge que
celui-là qui est charité pour votre prochain et que Dieu voit. Il vaut mieux
en laisser que de tout ramasser avec avidité. Dieu bénit ceux qui sont
généreux. Donner vaut mieux que recevoir parce que cela oblige Dieu qui est juste à donner une
récompense plus copieuse à celui qui a eu pitié."
Jésus passe et répète ses conseils d'amour.
411.2 – Le soleil devient plus chaud. Les moissonneurs cessent le
travail. Ceux qui sont à proximité rentrent chez eux, les autres se mettent à
l'ombre des arbres et là se reposent, mangent, sommeillent.
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376> Jésus aussi s'abrite dans un bosquet très touffu à
l'intérieur de la campagne et, assis sur l'herbe, après avoir prié et offert la
nourriture frugale de pain, de fromage et d'olives, il distribue les parts et
mange en parlant avec les siens.
Il y a de l'ombre, de la fraîcheur et un grand silence. Le silence des heures
ensoleillées de l'été. Un silence qui invite au sommeil et, en effet, la
plupart sommeillent après le repas.
Jésus, non. Il repose, les épaules appuyées à un arbre, et pendant ce temps
il s'intéresse au travail des insectes sur les fleurs. À un certain moment il
fait signe à Jean, à Judas l'Iscariote et à un des plus âgés, qu'il appelle
Barthélemy, et quand il les a autour de Lui, il dit :
"Mais regardez ce petit insecte, quel travail il est en train de faire.
Regardez : cela fait un moment que je le surveille. Il veut enlever à ce
calice si petit le miel qui en remplit le fond et, comme il ne peut y
arriver, regardez : il allonge d'abord une de ses petites pattes et puis
l'autre, la plonge dans le miel et puis s'en nourrit. Au bout d'un moment il
l'a vidé. Voyez quelle admirable chose est la Providence de Dieu !
N'ignorant pas que sans certains organes l'insecte, créé pour être une
chrysolite volante au-dessus de la verdure des prés, n'aurait pu se nourrir,
voilà qu'elle a muni les petites pattes de ces poils minuscules. Vous les
voyez ? Toi, Barthélemy ? Non ? Regarde. Maintenant je le
prends et je te le montre à contre-jour."
Et délicatement il prend le scarabée qui semble d'or bruni et il le renverse
sur sa main. Le scarabée fait le mort et tous les trois observent ses petites
pattes. Et puis il remue ses pattes pour s'enfuir.
Naturellement il n'y arrive pas, mais Jésus l'aide et le met sur ses pattes.
La bestiole avance sur la paume et s'en va au bout des doigts, elle se
penche, ouvre ses ailes, mais elle est méfiante.
"Elle ne sait pas que Moi, je ne veux que le bien de tout être. Elle n'a
que son petit instinct, parfait si on le compare à sa nature, suffisant pour
tout ce dont elle a besoin, mais si inférieur à la pensée humaine. Aussi
l'insecte n'est pas responsable s'il fait de mauvaises actions, au contraire
de l'homme. L'homme possède en lui-même une lumière de l'intelligence
supérieure et il la possédera d'autant plus qu'il sera davantage instruit des
choses de Dieu. Il sera donc responsable de ses actions."
411.3 – "Alors,
Maître, dit Barthélemy, nous que tu instruis, nous avons une grande
responsabilité ?"
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377> "Grande. Et dans l'avenir, vous en aurez
davantage, quand le Sacrifice sera accompli et que la Rédemption sera venue,
et avec elle la Grâce qui est force et lumière. Et après elle, viendra Celui
qui vous rendra encore plus capable de vouloir. Celui, ensuite, qui ne voudra
pas, sera très responsable."
"Alors, bien peu se sauveront !"
"Pourquoi, Barthélemy ?"
"Parce que l'homme est si faible !"
"Mais s'il fortifie sa faiblesse par sa confiance en Moi, il devient
fort. Croyez-vous que Moi je ne comprends pas vos luttes ? Et que je ne
compatis pas à vos faiblesses ? Vous voyez ? Satan est comme cette
araignée qui est en train de tendre son piège, de cette petite branche à
cette tige. Il est si fin et si traître ! Regardez comme resplendit ce
fil. Il paraît être de l'argent d'un filigrane impalpable. Il sera invisible
pendant la nuit et demain, à l'aube, il sera couvert de gemmes splendides, et
les mouches imprudentes, qui tourniquent pendant la nuit à la recherche de
nourritures plus ou moins propres, tomberont dedans, et aussi les légers
papillons qui sont attirés par ce qui brille..."
Les autres apôtres se sont approchés, et ils écoutent la leçon tirée du règne
végétal et du règne animal.
"...Eh bien, mon amour fait, à l'égard de Satan,
ce que fait maintenant ma main. Il détruit la toile. Regardez comment
l'araignée fuit et se cache. Elle a peur du plus fort. Satan aussi a peur du
plus fort. Et le plus fort c'est l'Amour."
411.4 – "Ne
vaudrait-il pas mieux détruire l'araignée ?" dit Pierre, très
pratique dans ses conclusions.
"Cela vaudrait mieux. Mais cette araignée fait son devoir. Il est vrai qu'elle tue les pauvres petits papillons si beaux, mais elle
extermine aussi un grand nombre de mouches sales qui transportent les germes
de maladies des malades à ceux qui sont sains, des morts aux vivants."
"Mais dans notre cas, que fait l'araignée ?"
"Que fait-elle Simon ? (Simon aussi est
très âgé, et c'est lui qui se plaignait des rhumatismes) Elle fait ce que fait la bonne volonté en vous. Elle
détruit les tiédeurs, les apathies, les vaines présomptions. Elle vous oblige
à rester vigilants. Quelle est la chose qui vous rend dignes de
récompense ?
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378> La
lutte et la victoire. Pouvez-vous avoir la victoire si vous n'avez pas de
lutte ? La présence de Satan oblige à une vigilance continuelle.
L'Amour, ensuite, qui vous aime, fait que cette présence n'est pas forcément
nocive. Si vous restez près de l'Amour, Satan tente, mais il devient
incapable de nuire vraiment."
"Toujours ?"
"Toujours, dans les grandes et les petites choses. Par exemple :
une petite chose. À toi il conseille inutilement d'avoir soin de ta santé.
Conseil rusé pour chercher à t'enlever à Moi. L'Amour te tient étroitement
Simon, et tes douleurs perdent leur importance même à tes yeux."
"Oh ! Seigneur, tu sais… ?"
"Oui. Mais ne t'en accable pas. Allons, allons ! L'Amour te donnera
tant de courage qu'il est maintenant le premier à sourire de ton humanité qui
tremble à cause de ses rhumatismes..."
Jésus rit de la confusion du disciple et il le serre contre Lui pour le
consoler. Même en riant, il est plein de dignité. Les autres aussi rient.
411.5 – "Qui vient aider cette pauvre vieille ?"
dit Jésus en montrant une petite vieille qui, bravant la canicule, glane dans
les sillons fauchés.
"Moi" dit Jean et avec lui Thomas et Jacques.
Mais Pierre tire Jean par la manche et, l'amenant un peu de côté, il lui
dit :
"Demande au Maître ce qui le rend si heureux. Je le Lui ai demandé, mais il m'a seulement dit : "Mon
bonheur est de voir une âme qui recherche la Lumière". Mais si tu le Lui
demandes... à toi il dit tout."
Jean est pris entre la retenue et, d'autre part, le désir de savoir et de
contenter Pierre. Il rejoint lentement Jésus qui est déjà dans le champ en
train de glaner. La petite vieille en voyant tous ces jeunes a un geste de désolation et se fatigue à s'activer.
"Femme ! Femme ! crie Jésus. Je glane pour toi. Ne reste pas
au soleil, mère. Je vais venir."
La petite vieille, interdite par tant de bonté, le regarde fixement, puis
elle obéit, et elle dirige sa mince personne, courbée et un peu tremblante le
long du filet d'ombre du talus qui limite le champ. Jésus marche rapidement
en ramassant des épis. Jean le suit de près, plus loin Thomas et Jacques.
"Maître, dit Jean haletant, comment trouves-tu tant d'épis ? Moi,
dans le sillon à côté, j'en trouve si peu !"
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379> Jésus sourit et ne parle pas. Je ne pourrais
le jurer, mais il me semble que les épis fauchés et non récoltés se lèvent là
où l’œil divin se pose. Jésus ramasse et sourit. Il a une vraie gerbe d'épis
dans les bras.
"Tiens, Jean, prends la mienne. Ainsi tu en as une quantité toi aussi,
et la petite mère va être heureuse."
"Mais, Maître... Tu fais un miracle ? Il n'est pas possible que tu
en trouves tant !"
"Chut ! C'est pour la petite mère... en pensant à la mienne et à la
tienne. Regarde quelle petite vieille c'est !... Le bon Dieu, qui
rassasie l'oiseau à peine né, veut remplir le minuscule grenier de cette
petite grand-mère. Cela lui fera du pain pour les mois qui lui restent
encore. Elle ne verra pas la prochaine moisson. Mais je ne veux pas qu'elle
ait faim pendant son dernier hiver. Maintenant tu vas entendre ses
exclamations. Prépare-toi, Jean, à en avoir les oreilles déchirées, comme
Moi, je me prépare à être baigné de larmes et de baisers..."
"Comme tu es gai, Jésus, depuis quelques jours !
Pourquoi ?"
"C'est toi qui veux le savoir ou quelqu'un qui t'envoie ?"
Jean, déjà rouge par la fatigue, devient cramoisi.
Jésus comprend :
"Dis à celui
qui t'envoie qu'il y a un de mes frères qui est malade et qui cherche sa guérison.
Sa volonté de guérir me remplit de joie."
"Qui est-ce, Maître ?"
"Un de tes frères. Quelqu'un que Jésus aime. Un pécheur."
"Alors, ce n'est pas l'un de nous."
"Jean, tu crois que parmi vous il n'y a pas de péché ? Tu crois que
je n'ai de joie qu'à cause de vous ?"
"Non, Maître. Je sais que nous aussi, nous sommes pécheurs, et que tu
veux sauver tous les hommes."
"Et alors ? Je t'ai dit : "Ne cherche pas à savoir"
quand il s'agissait de découvrir le mal. Je te dis la même chose maintenant
qu'il s'agit d'une aurore de bien...
411.6 – La paix à toi, mère ! Voici nos épis. Mes compagnons
vont venir avec les leurs."
"Dieu te bénisse, fils. Comment donc en as-tu trouvé autant ? Il
est vrai que je n'y vois pas bien clair, mais ce sont deux gerbes, grosses,
grosses..."
La vieille les palpe, de sa main tremblante, elle les caresse, elle veut les
soulever... Mais elle ne le peut.
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380>
"Nous allons t'aider. Où est ta maison ?"
"Celle-là."
Elle montre une maisonnette au-delà des champs.
"Tu es seule, n'est-ce pas ?"
"Oui. Comment le sais-tu ? Et Toi, qui es-tu ?"
"Je suis quelqu'un qui a une mère."
"Et lui, c'est ton frère ?"
"C'est mon ami."
Par derrière Jésus, l'ami fait de grands signes à la vieille, mais elle a ses
pupilles voilées et elle ne les voit pas, et d'autre part elle est trop
occupée à regarder Jésus. Son cœur de vieille mère est tout ému.
"Tu es en sueur, fils. Viens ici, à l'abri de cet arbre. Assieds-toi.
Regarde comme la sueur coule ! Essuie-toi avec mon voile. Il est usé,
mais propre. Prends, prends, mon fils."
"Merci, mère."
"Bénie celle qui est ta mère, à Toi si bon. Dis-moi ton nom et le sien,
pour que moi je les dise à Dieu afin qu'il vous bénisse."
"Marie et Jésus."
"Marie et Jésus... Marie et Jésus... Attends. Une fois j'ai beaucoup
pleuré... Le fils de mon fils fut tué en défendant son garçon et cela fit
mourir mon fils de chagrin... On disait que l'innocent fut tué parce qu'on
cherchait quelqu'un du nom de Jésus... Maintenant je suis au seuil de la
mort, et ce Nom revient..."
"Alors, tu pleurais à cause de ce Nom, mère. Que maintenant ce Nom te
donne la bénédiction..."
"Tu es ce Jésus... Dis-le à une femme qui va mourir et qui a vécu sans
maudire, parce qu'on lui dit que sa douleur servait à sauver le Messie pour
Israël."
Jean redouble ses gestes. Jésus se tait.
"Oh ! dis-le-moi. Est-ce Toi ? Toi qui me bénirais à la fin de
ma vie ? Au nom de Dieu, parle."
"C'est Moi."
"Ah !" La petite vieille se prosterne contre terre.
"Mon Sauveur ! J'ai vécu dans l'attente et je n'espérais pas te
voir. Est-ce que je verrai ton triomphe ?"
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381> "Non, mère. Comme Moïse, tu
mourras sans connaître ce jour. Mais je te donne à l'avance la paix de Dieu. Je suis la
Paix. Moi, la Route. Moi, la Vie. Toi, mère et grand-mère de justes, tu me verras
dans un autre triomphe qui sera éternel, et c'est Moi qui t'ouvrirai les
portes, à toi, à ton fils, au fils de ton fils et à son garçon. Il est sacré
pour le Seigneur ce garçon qui est mort pour Moi ! Ne pleure pas,
mère..."
"Et moi, je t'ai touché ! Et Toi, tu as glané pour moi les
épis ! Oh ! comment ai-je mérité cet honneur ?!"
411.7 – "À
cause de ta sainte résignation. Viens, mère, à ta maison. Et que ce grain te
donne du pain pour l'âme plus que pour le corps. Moi, je suis le vrai Pain
qui est descendu du Ciel pour rassasier la faim de tous les cœurs. Vous
(Thomas et Jacques les ont rejoints avec leurs javelles) prenez ces gerbes. Et allons."
Ils s'en vont tous les trois avec leur chargement d'épis. Jésus les suit avec
la petite grand-mère qui pleure et murmure des prières. Ils arrivent à la
maisonnette : deux petites pièces, un four minuscule, un figuier, un peu
de vigne. Propreté et pauvreté.
"C'est ton asile ?"
"Oui. Bénis-le, Seigneur !"
"Appelle-moi : fils. Et prie pour que ma Mère ait du réconfort dans
sa douleur, toi qui sais ce que c'est que la douleur d'une mère. Adieu, mère.
Je te bénis au nom du Dieu vrai."
Et Jésus lève la main et bénit la petite demeure et puis il se penche,
embrasse la petite vieille et la serre contre son cœur et baise sa tête
couverte de quelques cheveux blancs. Elle pleure et effleure de ses lèvres
les mains de Jésus, le vénère, l'aime...
La douleur me submerge . Pourquoi est-ce
que je pense à ma mère, qui a eu peur de toi, Jésus, quand elle t’a vu ?
Pourquoi avoir peur de toi, Jésus ?
411.8 – Jésus dit :
[…]
"II y a beaucoup de pourquoi dans ton cœur après cette dictée.
Un pourquoi que tu as dans le cœur, est toujours si je savais que Judas ne se
serait pas sauvé malgré cet effort vers le salut.
Je le savais.
Et alors pourquoi étais-je heureux ?
Parce que ce seul désir présent, fleur dans la lande du cœur de Judas,
faisait regarder avec bienveillance par mon Père mon disciple que j'aimais et
que je n'aurais pas pu sauver. L’œil de Dieu sur un cœur ! Que
voudrais-je sinon que le Père vous regarde tous et avec amour ?
Et je devais être heureux pour donner à ce malheureux jusqu'à ce moyen pour
se relever. L'aiguillon de ma joie de le voir revenir à Moi.
Un jour, après ma Mort, Jean connut cette vérité et il la dit à Pierre,
Jacques, André et aux autres, parce que j'en avais donné l'ordre au Préféré,
auquel ne fut inconnu aucun secret de mon cœur. Il le sut et le dit pour que
tous eussent une règle de conduite pour la direction des disciples et des
fidèles.
À l'âme, qui après une chute, vient au ministre de Dieu et avoue son erreur
envers l'ami ou le fils, envers l'époux ou le frère, et qui après s'être
trompée vient dire : "Garde-moi avec toi, je ne veux plus errer
pour ne pas donner de douleur à Dieu et à toi", on ne doit pas, entre
autres choses, refuser la satisfaction de voir notre bonheur de la voir
désireuse de nous rendre heureux. Il faut un tact infini dans le soin des
cœurs. Moi, la Sagesse, tout en sachant que dans le cas de Judas c'était
inutile, je l'ai eu pour enseigner à tous l'art de racheter, d'aider celui
qui se rachète.
Et maintenant, je te dis, à toi aussi comme à Simon le cananéen :
"Allons, allons !" et je te serre contre Moi, pour te faire
sentir qu'il y a quelqu'un qui t'aime.
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