179> 251.1 – C'est aux premières heures du
matin que Jésus arrive devant une ville sur la mer .
Quatre barques suivent la sienne. La ville s'avance étrangement sur la mer,
comme si elle était construite sur un isthme, ou plutôt comme si un isthme
étroit unissait la partie qui émerge sur la mer à celle qui s'étend sur la
rive.
Dessin de Maria Valtorta. Il a été retourné
pour faciliter la lecture des mots :
ville sur le rivage – isthme – Partie
de la ville sur la mer.
Vue
de la mer, elle semble un énorme champignon qui s'étend avec sa tête sur les
flots et enfonce ses racines sur la côte. C'est l'isthme qui est son pied.
Des deux côtés de l'isthme, il y a deux ports. L'un, celui du nord, moins
fermé est couvert de petites embarcations; l'autre, au sud, bien mieux
abrité, a de gros vaisseaux qui arrivent ou s'en vont.
"Il faut aller là-bas, dit Isaac en montrant du doigt le
port des petites barques. C'est là que sont les pêcheurs."
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180> Ils contournent l'île, et je
m'aperçois que l'isthme est artificiel, une sorte de digue cyclopéenne qui unit
l'île à la terre ferme. On construisait sans difficultés, autrefois! Je
déduis de cette œuvre et du nombre de vaisseaux dans les ports combien la
ville était riche et commerçante. Derrière la ville, après une zone plate, il
y a des petites collines d'aspect agréable, et très loin on découvre le grand
Hermon et la chaîne libanaise. J'en conclus aussi que c'est une des villes
que je voyais du Liban.
La barque de Jésus en ce moment est en train d'arriver dans le port du nord,
dans la rade du port. Il n'aborde pas mais va lentement, à force de rames en
avant et en arrière jusqu'à ce qu'Isaac découvre ceux qu'il cherche et les
appelle à haute voix.
251.2 – Voilà
que s'avancent deux belles barques de pêche et l'équipage se penche sur les
barques plus petites des disciples.
"Le Maître est avec nous, amis. Venez, si vous voulez
entendre sa parole. Ce soir il retourne à Sicaminon" dit Isaac.
"Nous venons tout de suite, Où allons-nous ?"
"Dans un endroit tranquille. Le Maître ne descend pas à Tyr, ni à la
ville sur la rive. Il va parler de la barque. Choisissez un endroit ombragé
et abrité."
"Venez vers les rochers, derrière nous. Il y a des baies tranquilles et
ombragées. Vous pourrez même descendre."
Ils vont dans un rentrant des rochers, plus au nord. La côte, coupée à pic,
abrite du soleil. L'endroit est solitaire.
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181> Seuls les mouettes et les ramiers y
habitent. Ils sortent faire des incursions sur la mer et reviennent en
poussant de grands cris vers leurs nids dans les rochers. Mais d'autres
embarcations se sont unies à celles qui dirigent formant une minuscule
flottille. Au fond de ce golfe minuscule, il y a une plage étroite, un
semblant de plage: une place étroite semée de cailloux. Mais une centaine de
personnes peuvent y tenir.
Ils descendent en utilisant un écueil large et plat qui émerge
des eaux comme un môle naturel et ils prennent place sur la petite plage
caillouteuse, brillante de sel. Ce sont des hommes bruns, maigres, brûlés par
le soleil et la mer. De courts sous-vêtements laissent à découvert leurs
membres agiles et maigres. La différence de race est très visible avec les
juifs présents, elle est moins apparente avec les galiléens. Je dirais que
ces syro-phéniciens ressemblent plutôt aux philistins assez éloignés, qu'aux
peuples qui leur sont plus voisins, Au moins, ceux que je vois.
251.3 – Jésus
tourne le dos à la côte et commence à parler.
"On lit, dans le livre des Rois ,
comment le Seigneur commanda à Elie d'aller à Sarepta de Sidon pendant la
sécheresse et la disette qui affligea la Terre pendant plus de trois ans. Le
Seigneur ne manquait pas de moyens pour rassasier son prophète en n'importe
quel endroit. Et il ne l'envoya pas à Sarepta parce que cette cité était bien
approvisionnée. Non, là aussi, on mourait déjà de faim. Pourquoi alors Dieu y
envoya-t-il Élie le Tishbite ?
Il y avait à Sarepta une femme au cœur droit, veuve et sainte, qui avait un
jeune enfant. Elle était pauvre, seule, pas révoltée pourtant par le terrible
châtiment, pas égoïste malgré sa faim, pas désobéissante. Dieu voulut la
favoriser en lui donnant trois miracles. Un pour l'eau qu'elle avait apportée
à Elie assoiffé, un second pour le petit pain cuit sous la cendre quand elle
n'avait plus qu'une poignée de farine, un troisième pour l'hospitalité donnée
au prophète. Il lui donna le pain et l'huile, la vie de son fils et la
connaissance de la parole de Dieu.
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182> Vous voyez qu'un acte de charité,
non seulement rassasie le corps, enlève la douleur de la mort, mais instruit
l'âme dans la sagesse du Seigneur.
Vous avez donné le logement aux serviteurs du Seigneur et Lui
vous donne la parole de la Sagesse. Sur cette terre où n'arrive pas la parole
du Seigneur, voilà qu'un acte de bonté l'amène. Je peux vous comparer à
l'unique femme de Sarepta qui accueillit le prophète. Vous aussi, êtes ici
les seuls à accueillir le Prophète. Car si j'étais descendu dans. la ville,
les riches et les puissants ne m'auraient pas accueilli, les marchands
affairés et les matelots des grands navires m'auraient laissé de côté, et ma
venue serait restée sans effet.
Maintenant je vais vous quitter et vous direz : "Mais que
sommes-nous ? Une poignée d'hommes. Que possédons-nous ? Une goutte
de sagesse". Et pourtant, je vous dis : "Je vous quitte avec
la charge d'annoncer l'heure du Rédempteur". Je vous laisse en répétant
les paroles du prophète Elie : "L'amphore de farine ne s'épuisera
pas, l'huile ne manquera pas, jusqu'à ce que vienne celui qui la distribue
plus largement.
Déjà vous l'avez fait, car ici il y a des phéniciens mélangés à
vous d'au-delà du Carmel. C'est un signe que vous avez parlé comme on vous a
parlé. Vous voyez que la poignée de farine et la goutte d'huile ne se sont
pas épuisées, mais au contraire n'ont pas cessé de croître. Continuez à les
faire croître. Et s'il vous paraît étrange que Dieu vous ait choisis pour
cette œuvre, alors que vous ne vous sentez pas capables de l'exécuter, dites
la parole de la grande confiance : "Je ferai ce que Tu dis, en me
fiant à ta parole."
251.4 – "Maître,
mais comment nous comporter avec ces païens ? Eux, nous les connaissons
par la pêche. Un même travail nous unit. Mais les autres ?" demande
un pêcheur d'Israël.
"Le même travail nous unit, dis-tu. Et alors est-ce qu'une
même provenance ne devrait pas unir ? Dieu a créé les israélites comme
les phéniciens. Ceux de la plaine de Saron ou de la Haute Judée ne diffèrent
pas de ceux de cette côte. Le Paradis était pour tous les fils de l'homme. Et
le Fils de l'homme vient pour amener au Paradis tous les hommes, Le but c'est
de conquérir le Ciel et de donner la joie au Père. Trouvez-vous donc sur le
même chemin et aimez- vous spirituellement comme vous vous aimez pour des
raisons de travail."
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183> "Isaac nous a dit beaucoup de
choses, mais nous voudrions en savoir davantage. Est-il possible d'avoir un
disciple pour nous qui sommes dans un lieu si éloigné ?"
"Envoie Jean d'En-Dor, Maître. Il est si capable et il est habitué à
vivre avec des païens" suggère Judas de Kériot.
"Non, Jean reste avec nous" répond Jésus d'une manière
tranchante.
Puis il se tourne vers les pêcheurs pour ajouter :
"Quand finit la pêche de la pourpre ?"
"Aux tempêtes d'automne. Ensuite la mer est trop agitée ici."
"Vous retournerez alors à Sycaminon ?"
"Là et à Césarée. Nous vendons beaucoup aux romains."
"Vous pourrez vous retrouver alors avec les disciples. En attendant,
persévérez."
251.5 – "Il
y a quelqu'un à bord de ma barque dont je ne voulais pas, et qui est venu en
ton nom, soit disant."
"Qui est-ce ?"
"Un jeune pêcheur d'Ascalon."
"Fais-le descendre et venir ici."
L'homme va à bord et revient avec un tout jeune homme plutôt confus d'être
l'objet de tant d'attention. L'apôtre Jean le reconnaît :
"C'est un de ceux qui nous ont donné le poisson, Maître".
Il se lève pour le saluer.
"Tu es venu, Hermastée ? Tu es seul ?"
"Seul. À Capharnaüm, j'ai eu honte... Je suis resté sur la côte,
espérant..."
"Quoi ?"
"Voir ton Maître."
"Et n'est-il pas encore le tien ? Pourquoi, ami, tergiverser
encore ? Viens à la Lumière qui t'attend. Regarde comme il t'observe et
sourit."
"Comment serai-je accueilli ?"
"Maître, viens à nous un moment."
Jésus se lève et va vers Jean.
"Il n'ose pas car il est étranger."
"Il n'y a pas d'étrangers pour Moi. Et tes compagnons ?
N'étiez-vous pas nombreux ? ...Ne te trouble pas. Toi seul as su
persévérer. Mais je suis heureux même pour toi seul. Viens avec Moi."
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184> Jésus revient à sa place avec la
nouvelle conquête.
"Celui-ci oui, nous allons le donner à Jean d'En-Dor"
dit-il à l'Iscariote.
251.6 – Et
puis il s'adresse à tout le monde.
"Un groupe de mineurs
descendirent dans une mine où ils savaient qu'il y avait des trésors, bien
cachés pourtant dans les profondeurs du sol. Et ils se mirent à creuser. Mais
le terrain était dur et le travail fatigant.
Un grand nombre se lassèrent et, jetant leurs pics, s'en allèrent. D'autres
se moquèrent du chef d'équipe en le traitant presque d'imbécile. D'autres
s'en prirent à leur sort, au travail, à la terre, au métal et frappèrent avec
colère les entrailles de la terre, brisant le filon en fragments
inutilisables et puis, ayant tout gâté et n'étant arrivés à rien, ils s'en
allèrent, eux aussi. Il n'en resta qu'un, le plus persévérant. Il traita avec
douceur les couches de terre qui résistaient, pour les percer sans rien
gâter, il fit des essais, il creusa plus profond. Il finit par découvrir un
merveilleux filon de métal précieux. La persévérance du mineur fut
récompensée et, avec le métal très pur qu'il avait découvert, il put mettre en
train de nombreux travaux, acquérir beaucoup de gloire et une nombreuse
clientèle parce que tout le monde voulait de ce métal que seule la
persévérance avait su trouver, là où les autres, paresseux ou coléreux,
n'avaient rien obtenu.
Mais l'or découvert, pour être beau et au point voulu pour servir à
l'orfèvre, doit à son tour persévérer dans la volonté de se faire travailler.
Si l'or, après le premier travail de découverte, ne voulait pas souffrir de
peines, il resterait brut et on ne pourrait le travailler. Vous voyez donc
que le premier enthousiasme ne suffit pas pour réussir, ni comme apôtre, ni
comme disciple, ni comme fidèle. Il faut persévérer.
Nombreux
étaient les compagnons d'Hermastée et, dans le feu de l'enthousiasme, ils
avaient promis de venir tous. Lui seul est venu. Nombreux sont mes disciples
et ils le seront de plus en plus. Mais seulement le tiers de la moitié saura
l'être jusqu'à la fin. Persévérer. C'est le grand mot. Pour toutes les choses
bonnes.
Vous, quand vous jetez le tramail pour saisir les coquillages
de pourpre, est-ce que par hasard vous le faites une seule fois ? Non.
Mais, un coup après l'autre, pendant des heures, pendant des journées,
pendant des mois, tout disposés à revenir sur les lieux l'année suivante, parce
que cela donne du pain et de l'aisance à vous et à vos familles.
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185> Et vous voudriez agir autrement
pour les choses plus grandes que sont les intérêts de Dieu et de vos âmes, si
vous êtes fidèles; les vôtres et celles de vos frères, si vous êtes
disciples ? En vérité je vous dis que, pour extraire la pourpre des
vêtements éternels, il faut persévérer jusqu'à la fin.
251.7 – Et
maintenant comportons-nous en bons amis jusqu'à l'heure du retour, ainsi nous
nous connaîtrons mieux et il sera facile de nous reconnaître..."
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