Vision du lundi 13
août 1945.
185> 252.1 – Les
gens de Sicaminon, attirés par la curiosité ont, pendant toute la journée,
assiégé l'endroit où se trouvent les disciples qui attendent le retour du
Maître. Mais les femmes disciples, en attendant n'ont pas perdu leur temps,
elles ont lavé les vêtements couverts de poussière et imprégnés de sueur, et
sur la petite plage il y a une joyeuse exposition de vêtements qui sèchent au
vent et au soleil. Maintenant que le soir va descendre et qu'avec le soir va
se faire sentir l'humidité saline, elles se hâtent de ramasser les vêtements
encore un peu humides, de les battre et de les tirer en tous sens avant de
les plier, pour qu'ils se présentent bien rangés à leurs propriétaires
respectifs.
"Apportons tout de suite les vêtements à Marie" dit Marie d'Alphée.
Et elle ajoute : "Cela a été pour elle un gros sacrifice,
hier et aujourd'hui dans cette cabane sans air !..."
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186> Je comprends ainsi que l'absence de
Jésus a duré plus d'une journée et que pendant ce temps Marie de Magdala, qui
ne possède qu'un seul vêtement, a dû rester cachée jusqu'à ce que son
vêtement d'emprunt soit sec.
Suzanne répond :
"Heureusement elle ne se plaint jamais! Je ne pensais pas qu'elle fût
aussi bonne."
"Et aussi humble, dois-tu dire, et réservée. Pauvre fille ! C'était
vraiment le diable qui la tourmentait ! Délivrée par mon Jésus elle est
redevenue elle-même, telle sûrement qu'elle était toute petite."
Et, parlant entre elles deux, elles reviennent à la maison apporter les
vêtements lavés.
Dans la cuisine, pendant ce temps, Marthe est occupée à
préparer, la nourriture pendant que la Vierge lave les légumes dans une
bassine de cuivre et les met ensuite à cuire pour le souper.
"Voilà. Tout est sec, tout est propre et plié. Il y en
avait besoin. Va trouver Marie et donne-lui ses vêtements" dit Suzanne,
en donnant les vêtements à Marthe.
Les sœurs reviennent ensemble peu après.
"Merci à toutes les deux. Le sacrifice du vêtement que je n'avais pas
changé depuis des jours m'était le plus pénible" dit Marie de Magdala en
souriant. "Maintenant il me semble être toute fraîche."
"Va t'asseoir dehors. Il y a une bonne brise. Tu dois en avoir besoin
après avoir été si longtemps renfermée" observe Marthe qui, étant moins
grande et moins forte que sa sœur, a pu mettre un vêtement de Suzanne ou de
Marie d'Alphée pendant que les siens étaient à la lessive.
"Pour cette fois on s'est débrouillé ainsi. Mais à l'avenir, nous ferons
notre petit sac comme les autres et nous n'aurons pas cet ennui" dit
Marie-Madeleine.
"Comment ? Tu as l'intention de le suivre comme
nous ?"
"Certainement. À moins qu'il ne me commande le contraire. Je vais
maintenant sur la rive voir s'ils reviennent.
252.2 – Reviendront-ils
ce soir ?"
"Je l'espère, répond Marie très Sainte. Je suis inquiète parce qu'il est
allé en Phénicie. Mais je pense qu'il est avec les apôtres, et je pense aussi
que les phéniciens sont peut-être meilleurs que tant d'autres.
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187> Mais je voudrais qu'il revienne à
cause des gens qui l'attendent. Quand je suis allée à la fontaine, une mère
m'a arrêtée en me disant : "Tu es avec le Maître galiléen, celui
qu'on appelle Messie ? Viens alors et regarde mon enfant. Voilà un an
que la fièvre le tourmente". Je suis entrée dans une petite maison.
Pauvre enfant ! On dirait une fleurette en train de mourir ! Je le
dirai à Jésus."
Marthe dit :
"Il y en a d'autres qui demandent la guérison. Plus la guérison que
l'enseignement."
"L'homme difficilement est un être tout spirituel. Il entend davantage
les appels de la chair et ses besoins" répond la Vierge.
"Cependant, beaucoup après le miracle naissent à la vie de
l'esprit."
"Oui, Marthe. Et c'est pour cela que mon Fils fait tant de miracles. Par
bonté envers l'homme, mais aussi pour l'attirer, par ce moyen, à son chemin
qu'autrement un trop grand nombre ne suivraient pas."
252.3 – Jean
d’En-Dor, qui n’était pas parti avec Jésus, rentre à la maison, et avec lui
un grand nombre de disciples qui étaient allés dans les maisonnettes qu’ils
habitaient. Presque en même temps Marie-Madeleine revient en disant :
"Ils arrivent. Ce sont les cinq barques parties à l'aube hier. Je les ai
très bien reconnues."
"Ils seront fatigués et assoiffés. Je vais prendre encore de l'eau. La
fontaine est très fraîche" dit Marie d'Alphée et elle sort avec les
brocs.
"Allons à la rencontre de Jésus. Venez" dit la
Vierge.
Et elle sort avec Marie-Madeleine et Jean d'En-Dor parce que Marthe et
Suzanne restent aux fourneaux, toutes rouges et fort occupées à finir la
préparation du repas.
En côtoyant la rive, elles arrivent à un petit môle où d'autres barques de
pêche sont rentrées et sont au repos. De l'extrémité on découvre bien tout le
golfe et la ville qui lui donne son nom, et on voit, aussi les cinq barques
qui filent rapidement un peu penchées dans leur course. Leurs voiles sont
bien gonflées par un vent du nord qui leur est favorable et soulage les
hommes accablés par la chaleur.
"Regarde comme Simon et les autres se débrouillent bien.
Ils suivent à merveille la barque du pilote. Voilà qu'ils ont dépassé
l'écueil; maintenant ils prennent le large pour contourner le courant qui est
fort à cet endroit. Voilà... maintenant tout va bien. Bientôt ils seront
ici" dit Jean d'En-Dor.
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188> En effet les barques s'approchent
de plus en plus et l'on distingue ceux qui s'y trouvent.
252.4 – Jésus
est dans la première, avec Isaac. Il, s'est levé et sa grande taille apparaît
dans toute sa majesté jusqu'à ce que les voiles qu'on amène le cachent pour
quelques minutes. En effet la barque vire et se retourne pour se mettre à
l'abri du petit môle en passant devant les femmes qui sont juste en haut du
môle. Jésus sourit pour les saluer alors qu'elles se mettent à marcher
rapidement pour arriver en même temps que la barque au point de débarquement.
"Dieu te bénisse, mon Fils !" dit Marie en
saluant Jésus qui descend sur le quai.
"Dieu te bénisse, Maman, Tu as été inquiète ! À
Sidon, il n'y avait pas celui que nous cherchions. Nous sommes allés jusqu'à
Tyr, et là nous avons trouvé. Viens, Hermastée... Voilà, Jean. Ce jeune homme
veut qu'on l'instruise, je te le confie."
"Je ne te décevrai pas en l'instruisant sur ta parole, Merci,
Maître ! Il y en a beaucoup qui t'attendent" dit Jean d'En-Dor.
"Il y a aussi un pauvre petit malade, mon Fils, et sa mère
te désire"
"J'y vais tout de suite."
"Je sais qui c'est, Maître. Je t'y accompagne. Viens, toi aussi,
Hermastée, Commence à connaître la bonté infinie de notre Seigneur" dit
l'homme d'En-Dor.
Descendent de la deuxième barque Pierre, de la troisième
Jacques, de la quatrième André, de la cinquième Jean, les quatre pilotes
suivis des autres apôtres ou disciples qui étaient avec eux et qui se groupent
autour de Jésus et de Marie.
"Allez à la maison. J'arrive tout de suite Moi aussi.
Préparez pendant ce temps ce qu'il faut pour le repas et dites à ceux qui
attendent que je parlerai vers la fin de la soirée."
"Et s'il y a des malades ?"
"Je commencerai par les guérir, même avant le repas pour qu'ils puissent
rentrer heureux à la maison."
Ils se séparent. Jésus s'en va avec l'homme d'En-Dor et Hermastée vers la
ville. Les autres refont le chemin sur la plage caillouteuse, racontent tout
ce qu'ils ont vu et entendu, contents comme des enfants qui reviennent chez
la mère.
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189> 252.5 – Judas de Kériot aussi est
content. Il montre toutes les oboles que les pêcheurs de pourpre ont voulu
lui donner et surtout un beau paquet de la précieuse matière.
"Ceci est pour le Maître. Si lui ne la
porte pas, qui peut la porter ? Ils m'ont appelé à part en disant :
"Nous avons des coraux précieux dans la barque, et nous avons même une
perle. Pense ! Un trésor. Je ne sais pas comment nous est arrivée
pareille fortune, mais nous te les donnons volontiers pour le Maître. Viens
les voir". J’y suis allé pour leur faire plaisir pendant que le Maître
s'était retiré dans une grotte pour prier. Il y avait de très beaux coraux et
une perle, pas grosse, mais belle. Je leur ai dit : "Ne vous privez
pas de ces choses, Le Maître ne porte pas de bijoux. Donnez-moi plutôt un peu
de cette pourpre, on en fera un ornement pour son vêtement. Ils n'avaient que
ce paquet. À tout prix ils ont voulu me le donner tout entier. Tiens, Mère,
fais-en un beau travail, comme tu le sais pour notre Seigneur. Mais fais-le,
tu sais ? Si Lui s'en aperçoit, il voudra qu'on le vende pour les
pauvres. Et à nous, il nous plaît de le voir vêtu comme il le mérite,
n'est-ce pas ?"
"Oh ! oui, c'est vrai ! Moi je souffre quand je le vois si
simple au milieu des autres, Lui qui est Roi, eux, pires que des esclaves et
tout enrubannés et brillants. Et ils le regardent comme un pauvre indigne
d'eux !" dit Pierre.
"Tu as vu, hein ? les rires des seigneurs de Tyr,
pendant que nous prenions congé des pêcheurs ?!" lui répond son
frère.
Jacques de Zébédée déclare :
Je leur ai dit : "Soyez honteux, chiens que vous êtes ! Un fil
de son vêtement blanc a plus de prix que toutes vos fanfreluches."
"Je voudrais, puisque Judas a pu avoir cette chose, que tu la prépares
pour les Tabernacles" dit l'autre Judas, le Thaddée.
"Je n'ai jamais filé avec de la pourpre, mais
j'essaierai..." dit Marie très Sainte en touchant le soyeux étaim ,
léger, moelleux, de couleur magnifique.
"Ma nourrice connaît bien cela" dit Marie-Madeleine experte en fait
de beauté. "Nous la trouverons à Césarée. Elle te fera voir. Tu
apprendras vite, car tu sais tout bien faire. Moi, je mettrais un galon au
cou, aux manches et au bas du vêtement : pourpre sur du lin très blanc
ou de la laine très blanche, avec des palmes et des rosaces, comme il y en a
sur les marbres du Saint, et avec le nœud de David au milieu. Cela irait très
bien."
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190> Marthe dit :
"Notre mère fit ce dessin, à cause de sa beauté, sur le vêtement que
Lazare prit pour son voyage dans les terres de Syrie quand il en prit
possession. Je l'ai conservé parce que c'était le dernier travail de notre
mère. Je te l'enverrai."
"Je le ferai en priant pour votre mère."
252.6 – On
a rejoint les maisons. Les apôtres se dispersent pour rassembler ceux qui veulent
le Maître, spécialement les malades...
Jésus revient avec Jean d'En-Dor et Hermastée, et il passe en
saluant au milieu de ceux qui se pressent devant les maisonnettes. Son
sourire est une bénédiction.
On Lui présente l'inévitable malade des yeux, à peu près
aveugle par suite d'ophtalmies ulcéreuses, et il le guérit. C'est ensuite le
tour de quelqu'un qui a sûrement la malaria, amaigri et jaune comme un
chinois, et il le guérit.
Puis c'est une femme qui Lui demande un miracle singulier : le Lait pour
son sein qui en manque, et elle montre un enfant de quelques jours,
sous-alimenté et tout rouge comme par échauffement. Elle pleure :
"Tu vois. Nous avons le commandement d'obéir à l'homme et de procréer,
mais à quoi cela sert-il si ensuite nous voyons languir nos enfants ?
C'est le troisième que j'engendre et j'en ai déjà conduit deux au tombeau, à
cause de cette poitrine stérile. Celui-ci déjà meurt parce qu'il est né au
moment des chaleurs, Les autres ont vécu l'un dix lunes, l'autre six, pour me
faire pleurer encore davantage quand ils moururent de maladies intestinales.
Si j'avais eu du lait, cela ne serait pas arrivé..."
Jésus la regarde et dit :
"Ton enfant vivra. Aie foi. Va à ta maison, et quand tu seras arrivée
donne le sein au petit. Aie foi."
La femme s'en va obéissante avec le pauvre petit qui se plaint comme un petit
chat et qu'elle serre sur son cœur.
"Mais est-ce que le lait lui viendra ?"
"Bien sûr qu'il viendra."
"Moi, je dis que l'enfant vivra mais que le lait ne viendra pas et ce
sera déjà un miracle s'il vit. Il est pour ainsi dire mort de
privations."
"Pas du tout. Je dis que le lait va lui venir."
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191> "Oui."
"Non."
252.7 – Les
avis varient avec les personnes. Entre-temps, Jésus se retire pour manger.
Quand il sort pour prêcher de nouveau, les gens sont encore plus nombreux. En
effet le miracle de l'enfant fiévreux accompli par Jésus dès son débarquement
s'est répandu, dans la ville.
"Je
vous donne ma paix pour préparer votre esprit à m'entendre. Dans la tempête,
la voix du Seigneur ne peut arriver. Tout trouble nuit à la Sagesse car elle
est pacifique, puisqu'elle vient de Dieu. Le trouble, au contraire, ne vient
pas de Dieu, car les inquiétudes, les angoisses, les doutes, sont des œuvres
du Malin pour troubler les fils des hommes et les séparer de Dieu.
Je vous propose cette parabole pour que vous
compreniez mieux l'enseignement.
Un agriculteur avait dans ses champs un grand nombre d'arbres et de vignes
qui donnaient beaucoup de fruit et, parmi ces dernières, une de grande valeur
dont il était très fier. Une
année cette vigne produisit une abondante frondaison mais peu de raisin. Un
ami dit à l'agriculteur : "C'est parce que tu l'as trop peu
taillée". L'année suivante, l'homme la tailla abondamment. La vigne fit
peu de sarments, encore moins de raisin. Un autre ami dit : "C'est
parce que tu l'as trop taillée". La troisième année, l'homme la laissa à
elle-même. La vigne ne produisit même pas une grappe de raisin et eut des
feuilles peu nombreuses, maigres, recroquevillées et couvertes de taches de
rouille. Un troisième ami décréta :
"La vigne meurt parce que le terrain n'est pas bon. Tu n'as qu'à la
brûler".
"Mais pourquoi si c'est le même terrain que pour les autres et je lui
donne les mêmes soins ? Au début elle donnait une bonne récolte."
L'ami haussa les épaules et s'en alla.
Un voyageur inconnu passa et s'arrêta pour observer
l'agriculteur tristement appuyé contre le tronc de la pauvre vigne.
"Qu'as-tu ? lui demanda-t-il. Un mort à la
maison ?".
"Non, mais elle est en train de mourir cette vigne que
j'aimais tant. Elle n'a plus de sève pour produire le fruit. Une année peu,
la suivante moins, celle-ci rien. J'ai fait ce qu'on m’a dit, mais cela n'a
servi à rien".
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192> Le voyageur inconnu entra dans le
champ et s'approcha de la vigne. Il toucha les feuilles, prit dans sa main
une motte de terre, la sentit, la brisa entre ses doigts, leva son regard
vers le tronc d'un arbre qui soutenait la vigne.
"Il faut enlever ce tronc. C'est lui qui stérilise la vigne".
"Mais elle s'y appuie depuis des années ?!".
"Réponds-moi, homme : quand tu as mis cette vigne en
place comment était-elle et comment était-il, lui ?".
"Oh ! c'était un beau plant de vigne de trois ans. Je
l'avais pris sur une autre de mes vignes et pour le mettre ici, j'avais fait
un trou profond pour ne pas blesser les racines en l'enlevant de la terre où'
il avait poussé, Ici aussi, j'avais fait un trou pareil et même encore plus
grand pour qu'il fût tout de suite à l'aise. Et, auparavant, j'avais biné
toute la terre autour pour la rendre plus moelleuse pour les racines afin
qu'elles puissent se répandre rapidement, sans difficulté. Je l'ai
soigneusement arrangée, en mettant au fond du fumier consommé. Les racines,
tu le sais, se fortifient quand elles trouvent tout de suite de la
nourriture. Je me suis moins occupé de l'orme. C'était un arbuste destiné
seulement à soutenir le plant de vigne. Aussi, je l'ai mis presque en surface
près du plant. Je l'ai butté et je suis parti. Tous les deux ont pris racine,
parce que la terre est bonne. Mais la vigne croissait d'une année à l'autre,
aimée, taillée, sarclée. L'orme, au contraire, végétait. Mais pour ce qu'il
valait!... Puis il est devenu robuste. Tu vois maintenant comme il est
beau ? Quand je reviens de loin, je vois sa cime qui s’élève, haute
comme une tour, et on dirait l'enseigne de mon petit royaume. Avant la vigne
le recouvrait et l'on ne voyait pas sa belle frondaison, Mais maintenant
regarde comme elle est belle là en haut, dans le soleil ! Et quel
tronc ! Élancé, puissant. Il pouvait soutenir la vigne des années et des
années, même si elle était devenue aussi puissante que celles prises sur le
Torrent de la Grappe par les explorateurs d'Israël. Mais au contraire... "
"Au contraire il l'a tuée. Il l'a étouffée. Tout favorisait sa
vie : le terrain, la situation, la lumière, le soleil, les soins que tu
lui as donnés. Mais celui-là l'a tuée. Il est devenu trop fort. Il a lié les
racines jusqu'à les étouffer, il a pris toute la sève du sol, il lui a mis un
bâillon pour l'empêcher de respirer, de profiter de la lumière.
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193> Coupe tout de suite cet arbre
inutile et puissant, et ta vigne ressuscitera. Et mieux encore, elle
ressuscitera si, avec patience, tu creuseras le sol pour mettre à nu les
racines de l'orme et les couper pour être sûr qu'elles ne donnent pas de
rejetons. Leurs dernières ramifications pourriront dans le sol et au lieu de
donner la mort, elles donneront la vie parce qu'elles deviendront du fumier,
digne châtiment de leur égoïsme. Le tronc, tu le brûleras et ainsi il te fera
du profit. Il ne sert qu'au feu un arbre inutile et nuisible, et il faut
l'enlever pour que tout ce qui est bon aille à l'arbre bon et utile. Aie foi en
ce que je dis et tu seras content".
"Mais toi, qui es-tu ? Dis-le-moi pour que je puisse avoir
foi".
"Je suis le Sage. Celui qui croit en Moi sera en
sécurité" et il s'en alla.
252.8 – L'homme
resta un peu hésitant. Puis il se décida et mit la main à la scie. Il appela
aussi ses amis pour qu'ils l'aident.
"Mais tu es sot ?"
"Tu vas perdre l'orme en plus de la vigne".
"Moi, je me contenterais de couper la cime pour donner de l'air à la
vigne. Rien de plus".
"Il lui faudra pourtant un tuteur. Tu fais un travail inutile".
"Qui sait qui était ton conseiller ! Peut-être, à ton insu,
quelqu'un qui te hait". "Ou bien un fou" et ainsi de suite.
"Je fais ce qu'il m'a dit. J'ai foi en cet homme".
Et il scia l'orme au ras du sol, et non content de cela, dans un large rayon
il mit à nu les racines des deux arbres. Patiemment il coupa celles de l'orme
en prenant soin de ne pas abîmer celles de la vigne. Il reboucha le grand
trou et il mit à la vigne, restée sans tuteur, un solide pieu de fer portant
le mot "Foi" écrit sur une tablette attachée en haut du pieu.
Les autres s'en allèrent en secouant la tête. L'automne passa,
et l'hiver. Le printemps arriva. Les sarments enroulés autour du tuteur se
garnirent de nombreux bourgeons d'abord fermés comme dans un étui de velours
argenté, et puis entrouverts sur l'émeraude des petites feuilles naissantes,
et puis ouvertes, et puis poussant à partir du tronc de nouveaux sarments
robustes, tout un épanouissement de fleurettes, et puis une profusion de
grains de raisin.
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194> Plus de grappes que de feuilles, et
celles-ci larges, vertes, robustes avec des groupes de deux, trois grappes et
plus encore et chaque grappe portait, serrés les uns contre les autres, des grains
charnus, succulents, splendides.
"Et maintenant, que dites-vous ? Oui ou non, était-ce
l'arbre qui faisait mourir ma vigne ? Oui ou non, le Sage avait-il bien
parlé ? Oui ou non, ai-je eu raison d'écrire sur cette tablette le mot
'Foi' ?" dit l'homme à ses amis incrédules.
"Tu as eu raison, et heureux es-tu d'avoir su avoir foi et
d'être capable de détruire le passé et les choses nuisibles qui te furent
dites".
Voilà pour la parabole.
252.9 – Pour
le fait de la femme aux seins desséchés, voici la réponse. Regardez vers la
ville."
Tout le monde se tourne du côté de la ville et voit la femme de tout à
l'heure qui court et qui tout en courant ne détache pas son bébé de la
mamelle gonflée, bien gonflée de lait que le petit affamé suce avec une
voracité telle qu'il semble s'y noyer. Et la femme ne s'arrête qu'aux pieds
de Jésus devant qui elle détache un moment le bébé de son sein en
criant :
"Bénis, bénis, pour qu'il vive pour Toi !"
Après cet intermède, Jésus reprend :
"Et pour vos suppositions sur le miracle, vous avez eu une réponse.
252.10 – Mais
la parabole a un sens plus large que ce petit épisode d'une foi récompensée,
et le voici.
Dieu avait placé sa vigne, son peuple, dans un endroit
favorable, en lui procurant tout ce qu'il lui fallait pour croître et donner
des fruits toujours plus grands, en l'appuyant sur des maîtres pour qu'il pût
plus facilement comprendre la Loi et s'en faire une force. Mais les maîtres
voulurent se mettre au-dessus du Législateur et ils crûrent, crûrent,
crûrent, jusqu'à s'imposer plus que l'éternelle parole. Et Israël est devenu
stérile. Le Seigneur a alors envoyé le Sage pour que ceux qui, en Israël,
avec une âme droite souffrent de cette stérilité et essaient tel ou tel
remède selon les paroles ou les conseils des maîtres pourvus de science
humaine mais non de science surnaturelle et par conséquent éloignés de la
connaissance de ce qu'il faut faire pour rendre la vie à l'esprit d'Israël,
puissent avoir un conseil vraiment salutaire.
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195> Or qu'arrive-t-il ? Pourquoi
Israël ne reprend-il pas de forces et ne redevient-il, pas vigoureux comme
aux beaux temps de sa fidélité au Seigneur ? Parce qu'il faudrait
conseiller d'enlever, tous les parasites qui se sont développés au détriment
de la Chose sainte : la Loi du Décalogue, telle qu'elle a été donnée,
sans compromissions, sans tergiversations, sans hypocrisies, de les enlever
pour laisser de l'air, de l'espace, de la nourriture à la Vigne, au Peuple de
Dieu, en lui donnant un tuteur puissant, droit, qui ne plie pas, unique, au
nom solaire : la Foi. Et ce conseil, on ne l'accepte pas.
Aussi je vous dis qu'Israël périra, alors qu'il pourrait
ressusciter et posséder le Royaume de Dieu, s'il savait croire et se repentir
avec générosité et changer foncièrement.
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