Vision du mardi 6
mars 1945.
338> 125.1 – Le temps est moins mauvais,
bien qu'il pleuve encore un peu et les gens peuvent venir trouver le Maître.
Jésus écoute à
part deux ou trois personnes qui ont des choses importantes à Lui dire et
qui, après cela, regagnent leurs places plus tranquilles. Il bénit aussi un petit
enfant qui souffre de fractures depuis
le haut des jambes et qu'aucun médecin ne veut soigner disant que :
"C'est inutile. La fracture s'étend tout en haut jusque vers l'épine
dorsale."
C'est ce que dit la mère toute en larmes, et elle explique :
"Il courait avec sa petite sœur dans la
rue du pays. Un Hérodien est
arrivé au galop avec son char et l'a renversé dessous. J'ai cru qu'il était
mort. Mais, c'est pire. Tu le vois. Je l'allonge sur cette planche car ... il
n'y a rien d'autre à faire. Et il souffre, il souffre car l'os perce. Mais
ensuite, quand l'os ne percera plus, il souffrira car il ne pourra que rester
allongé sur le dos."
"Tu as grand mal ?" demande avec compassion Jésus à l'enfant
qui pleure.
"Oui."
"Où ?"
"Ici... et là."
Il touche de sa main hésitante les deux os iliaques .
"Et puis ici et là." et il touche les reins et les épaules.
"Elle est dure, la planche, et je veux bouger, moi...".
Il pleure désespéré.
"Veux-tu venir dans mes bras, à Moi ? Y viens-tu ? Je t'emmène
là haut. Tu vas voir tout le monde pendant que je parle."
"Oh ! oui…" (son "oui" est plein de désir). Le
pauvre petit tend ses bras suppliants.
"Viens, alors."
"Mais
il ne peut pas, Maître, c'est impossible ! Il a trop mal... Je ne peux
même pas le bouger pour le laver."
"Je ne lui ferai pas de mal."
"Le médecin..."
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"Le médecin, c'est le médecin, mais Moi, je suis Moi. Pourquoi es-tu
venue ?"
"Parce
que tu es le Messie." répond la femme qui pâlit et rougit, prise entre
l'espérance et le désespoir.
"Et alors ? Viens, petit."
Jésus passe un bras sous ses jambes inertes, l'autre bras sous les petites
épaules. Il prend le bambin et lui demande :
"Est-ce que je te fais mal ? Non ? Alors, dis adieu à la maman
et partons."
Et, à travers la foule qui s'ouvre, il s'en va avec son fardeau. Il va
jusqu'au fond, sur l'espèce d'estrade qu'on Lui a faite pour que tout le
monde le voie, même de la cour. Il se fait donner un petit banc et s'y
assied. Il installe le bambin sur ses genoux et lui demande :
"Ça te plaît ? Maintenant, tiens-toi tranquille et écoute toi
aussi."
Puis il commence à parler. Il ne fait les gestes que d'une seule main, la
droite, car de la gauche, il soutient l'enfant qui regarde les gens, heureux
de voir quelque chose et sourit à sa maman qui est là-bas, au fond, le cœur
palpitant d'espérance. Il joue avec le cordon du vêtement de Jésus et
aussi avec la barbe soyeuse et blonde du Maître et même avec une mèche de ses
longs cheveux.
125.1 – "Il est dit : “Travaille
d’un travail honnête, et le septième jour consacre-le au Seigneur et à ton
esprit” .
C’est cela que dit le commandement du repos
sabbatique.
L’homme n’est pas plus que Dieu et Dieu aussi a fait la création en six jours
et le septième s’est reposé. Comment alors, l’homme se permet-il de ne pas
imiter le Père et de ne pas obéir à son commandement ? Est-ce un ordre
inintelligent ? Non. En vérité c’est un commandement salutaire, que ce
soit dans l’ordre physique, ou dans l’ordre moral, ou dans le spirituel.
Le corps de l’homme quand il est fatigué a besoin de repos comme celui de
toute créature. Il repose aussi, et nous le laissons reposer pour ne pas le
perdre, le bœuf qui laboure les champs, l’âne qui nous porte, la brebis qui a
mis bas son agneau et nous donne le lait. Elle repose aussi, et nous la
laissons reposer, la terre du champ, dans les mois où elle n’est pas
ensemencée, elle se nourrit et se sature des sels qui lui tombent du ciel ou
remontent du sol. Ils se reposent bien, et même sans nous demander notre
avis, les animaux et les plantes qui obéissent aux lois éternelles d’une sage
reproduction.
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340> Pourquoi, alors, l’homme ne veut-il
pas imiter le Créateur qui s’est reposé le septième jour, et les créatures
inférieures, végétaux ou animaux qui, sans avoir eu qu’un ordre à leur
instinct, savent s’y conformer et lui obéir ?
Le commandement est aussi utile à l’ordre moral qu’à l’ordre physique.
Pendant six jours, l’homme a été occupé par tous et par tout. Pris comme le
fil dans le mécanisme du métier à tisser, il est allé, en haut, en bas, sans
jamais pouvoir dire : “Maintenant, je m’occupe de moi-même, et de ceux
qui me sont les plus chers. Je suis le père, et aujourd’hui pour moi les fils
existent; je suis l’époux, et aujourd’hui je me consacre à l’épouse; je suis
le frère et je jouis de mes frères; je suis le fils et je donne mes soins à
mes parents âgés”.
C’est un ordre spirituel. Le travail est saint. Plus saint l’amour. Très
saint Dieu. Et alors, souviens-toi de donner au moins un jour sur sept à
notre bon et saint Père, qui nous a donné la vie et nous la conserve.
Pourquoi Le traiter moins bien qu’un père, que des fils, que des frères,
qu’une épouse, que notre propre corps ? Que le jour du Seigneur Lui
appartienne. Oh ! quelle douceur que de se retrouver
après le travail du jour, le soir au foyer plein d’affections ! Quelle
douceur que de le retrouver après un long voyage ! Et pourquoi ne pas se
retrouver après six jours de travail dans la maison du Père ? Pourquoi
ne pas être comme un fils qui revient d’un voyage de six jours et qui
dit : “Voici que je viens passer mon jour de repos avec toi” ?
125.3 – Mais, maintenant, écoutez,
j‘ai dit : “Travaille d’un
travail honnête”
Vous savez que notre Loi commande l’amour du
prochain. L’honnêteté du travail fait partie de l’amour du prochain. Celui
qui est honnête dans
son travail ne vole pas dans le commerce, ne frustre pas l’ouvrier de son
salaire, ne le frustre pas malhonnêtement. Il se rappelle que le serviteur et
l’ouvrier ont une chair et une âme semblable à la sienne. Il ne les traite
pas comme des pierres inertes que l’on peut briser et frapper avec le pied ou
le fer. Celui qui n’agit pas ainsi n’aime pas son prochain et pèche donc aux
yeux de Dieu. Son gain est maudit, même s’il en tire une obole pour le
Temple.
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341> Oh ! quelle offrande
menteuse ! Et comment peut-on oser la mettre au pied de l’autel, quand
elle ruisselle des larmes et du sang de l’inférieur frustré, ou qu’elle
s’appelle “larcin”, c’est à dire trahison à l’égard du prochain, car le
voleur est un traître pour son prochain ? Ce n’est pas, croyez-le
sanctifier une fête que de ne pas s’en servir pour s’examiner soi-même et
s’employer à devenir meilleur, que de ne pas réparer les péchés commis
pendant les six jours. Voici ce qu’est la sanctification d’une fête ! Ce
n’est pas un acte tout extérieur et qui ne change pas d’un iota votre façon
de penser.
Dieu veut des œuvres vivantes et non
pas des simulacres d’œuvres. C’est un simulacre, l’obéissance fausse à
sa Loi. C’est un simulacre la sanctification mensongère du sabbat, c’est à
dire le repos qu’on observe pour manifester aux yeux des hommes qu’on obéit
au commandement, mais en consumant ces heures de loisir, dans le vice, dans
la luxure, dans la ripaille, en réfléchissant à la manière de frustrer le
prochain et de lui nuire pendant la semaine suivante. C’est un simulacre, la
sanctification du sabbat, c’est à dire le repos matériel que n’accompagne pas
le travail intime, spirituel, sanctifiant, d’un sincère examen de soi-même,
d’un humble aveu de sa propre misère, d’une sérieuse résolution de mieux agir
la semaine suivante.
125.4 – Vous direz : “Et si
ensuite on retombe dans le péché ?” Mais que diriez-vous d’un enfant
qui, étant tombé ne voudrait plus faire un pas pour ne pas s’exposer à une
chute ? Que c’est un sot. Qu’il ne doit pas avoir honte d’avoir une
démarche mal assurée, puisque nous sommes tous passés par là quand nous
étions petits et que ce n’est pas pour cela que notre père ne nous en a pas
moins aimé. Qui ne se souvient comment nos chutes ont fait tomber sur nous
une pluie de baisers maternels et de caresses de notre père ?
C’est
la même chose que fait notre Très Doux Père qui est dans les Cieux. Il se
penche sur son petit tombé par terre et qui pleure, et Il lui dit : “Ne
pleure pas. Je te relève. Tu feras plus attention une autre fois. Maintenant,
viens dans mes bras. Là, tout ton mal disparaîtra et tu en sortiras fortifié, guéri, heureux”. C’est cela que dit Notre Père
qui est dans les Cieux. C’est cela que je vous dis, Moi. Si vous arrivez à
avoir foi dans le Père, tout vous réussira. Une foi, mais faites attention,
comme celle d’un tout petit. Le
tout petit croit tout possible. Il ne se demande pas comment un fait peut se
produire. Il n’en mesure pas sa profondeur.
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342> Il croit en celui qui lui inspire confiance
et fait ce qu’il lui dit. Soyez comme des tout petits auprès du Très-Haut.
Comme Il les aime ces petits anges égarés sur notre terre et qui en font la
beauté ! Il aime également les âmes qui se font simples, bonnes, pures
comme un tout petit.
Voulez-vous voir la foi d’un tout petit, pour apprendre à avoir la foi ?
Regardez bien. Vous avez eu tous compassion pour ce tout petit que je tiens
sur ma poitrine. Contrairement à ce que disaient les médecins et la maman, il
n’a pas pleuré quand je l’ai assis sur mon sein. Vous voyez ? Lui, qui
depuis longtemps ne faisait que pleurer nuit et jour sans trouver de repos,
ici, il n’a pas pleuré et s’est endormi tranquille sur mon cœur. Je lui ai
demandé: “Veux-tu venir dans mes bras ?” et lui a répondu : “Oui”
sans raisonner sur son misérable état, sur la douleur que probablement il
aurait pu ressentir, sur les conséquences d’un déplacement. Sur mon visage il
a vu l’amour et il a dit : “oui“, et il est venu. Il n’a pas ressenti de
douleur. Il s’est réjoui d’être ici, tout en haut, et de voir, lui qui était
cloué sur cette planche, il a joui qu’on le place sur la douceur de la chair,
au lieu que sur la dureté du bois. Il a souri, il a joué et s’est endormi
avec encore une mèche de mes cheveux dans ses petites mains.
125.5 – Maintenant, je vais l’éveiller
avec un baiser..." et Jésus dépose un baiser sur les cheveux châtains du
bambin, jusqu’à ce qu’il l’éveille en lui souriant.
"Comment t’appelles-tu ?"
"Jean."
"Écoute, Jean. Veux-tu marcher ? Aller vers ta maman et lui
dire : “Le Messie te bénit à cause de ta foi” ?"
"Oui ! oui !" et puis le petit bat de ses petites mains
et Lui demande : "Tu vas me faire marcher ? Sur les
prés ? Plus cette méchante planche si dure ? Plus de médecins qui
font mal ?"
"Plus, jamais plus."
"Ah ! Comme je t’aime !".
Il jette ses bras au cou de Jésus et le baise, et pour être plus à l’aise
pour le baiser saute à genoux sur les genoux de Jésus, et une grêle de
baisers innocents tombe sur le front, les yeux, les joues de Jésus.
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343> Dans sa joie, le bambin ne s’est
pas même aperçu qu’il pouvait remuer, lui, jusqu’alors brisé. Mais le cri de
la mère et ceux de la foule le secouent et le font se retourner avec
étonnement. Ses yeux innocents dans son visage amaigri se font
interrogateurs. Toujours à genoux, le bras droit autour du cou de Jésus, il
Lui demande confidentiellement - en désignant la foule tumultueuse, sa mère
qui, au fond, l’appelle en unissant son nom à celui de Jésus :
"Jean ! Jésus ! Jean ! Jésus !"
"Pourquoi la foule crie-t-elle, et maman aussi ? Qu’est-ce qu’ils
ont ? Est-ce Toi, Jésus ?"
"C’est Moi. La foule crie parce qu’elle est contente que tu puisses
marcher. Adieu, petit Jean (Jésus le baise et le bénit). Va vers ta maman et
sois gentil."
Le bambin descend tranquillement des genoux de Jésus, puis par terre. Il
court vers sa maman, saute à son cou et lui dit :
"Jésus te bénit. Pourquoi pleures-tu, alors ?"
Quand les gens sont un peu silencieux, Jésus dit d’une voix de
tonnerre :
"Faites comme le petit Jean, vous qui tombez dans le péché et vous vous
blessez. Ayez foi en l’amour de Dieu. La paix soit avec vous."
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