Catéchèse du mardi 22 février 1944
(veille du mercredi des cendres)
281>
41.11 -
Jésus
dit :
"Petit Jean, prends patience. Il s'agit d'autre chose. Et traitons cette
autre chose pour faire plaisir à ton Directeur, et compléter l'ouvrage. Je
veux que ce travail soit remis demain, mercredi des Cendres. Je veux que tu
aies fini ce travail fatigant parce que... je veux te faire souffrir avec
Moi.
Revenons en arrière, très en arrière. Revenons au Temple où, à l'âge de 12
ans, je suis en train de discuter. Revenons même sur les chemins qui mènent a Jérusalem et de Jérusalem au Temple.
Tu vois la douleur de Marie
lorsque se réunirent les groupes d'hommes et de femmes. Elle voit que je ne
suis pas avec Joseph.
Elle ne s'emporte pas en durs reproches envers son époux. Toutes les femmes
l'auraient fait. Elles l'auraient fait pour beaucoup moins, oubliant que
l'homme est toujours le chef dans la famille.
Mais la douleur qui se manifeste sur le visage de Marie transperce le cœur de
Joseph plus qu'aucun reproche. Elle ne s'abandonne pas. Marie, à des scènes
dramatiques. Pour beaucoup moins, d'autres femmes
l'eussent fait pour qu'on les remarque et pour s'attirer de la pitié. Mais sa
douleur contenue est si évidente avec le tremblement qui la saisit, la pâleur
de son visage, ses yeux si grands ouverts qu'elle émeut plus qu'une scène de
pleurs et de cris.
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282> Elle ne sent plus la fatigue ni la faim. Pourtant,
l'étape avait été longue et depuis si
longtemps elle n'avait rien pris ! Mais elle laisse tout. Et la
couchette que l'on préparait et la nourriture qui va être distribuée. Elle
revient sur ses pas. C'est le soir et la nuit descend. Peu importe. Chaque
pas la ramène vers Jérusalem. Elle arrête les caravanes, les pèlerins, elle
les interroge. Joseph la suit et l'aide. Une journée de marche à rebours, et
puis l'angoissante recherche à travers la Cité.
Où, où peut être son Jésus ?
Et Dieu permet qu'elle ne sache pas,
pendant de si longues heures, où me chercher. Chercher un enfant au Temple
n'avait pas de sens. Que pouvait bien faire un enfant au Temple ? Tout
au plus s'il était perdu à travers la ville et s'était ramené là, à
l'intérieur, porté par ses petits pas, sa voix plaintive aurait appelé la maman
et attiré l'attention des adultes, des prêtres, qui auraient pensé à
rechercher les parents avec des écriteaux mis aux portes. Mais pas
d'écriteaux. Personne en ville ne savait rien de cet enfant. Beau ?
Blond ? Robuste ? Mais il y en a tant dont on peut le dire !
C'était trop peu pour pouvoir affirmer : "Je l'ai vu, il était ici
ou là" !
41.12 -
Puis, après trois jours, symbole des trois jours de sa future angoisse, voilà
que Marie à bout de forces pénètre dans le Temple, parcourt les cours et les vestibules. Rien. Elle court,
elle court la pauvre Maman, là où elle entend une voix enfantine. Et même les
agneaux avec leurs bêlements lui semblent la voix de la créature qu'elle
cherche. Mais Jésus ne pleure pas. Il enseigne. Voilà que Marie entend,
au-delà d'un groupe de personnes, la chère voix qui dit : "Ces
pierres frémiront...". Elle tâche de se frayer un chemin à travers la
foule et elle y réussit finalement. Le voilà, le Fils, les bras ouverts, tout
droit au milieu des docteurs.
Marie est la Vierge prudente, mais, cette fois, le chagrin la
fait sortir de sa réserve. C'est une digue
qui abat tout obstacle. Elle court vers son Fils, l'embrasse en le soulevant
de son siège et en le posant à terre. Elle s'écrie : "Oh !
pourquoi nous as-tu fait cela ? Depuis trois jours nous marchons à ta
recherche. Ta Maman se meurt de chagrin, Fils. Ton père est épuisé de
fatigue. Pourquoi, Jésus ?" .
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283> On ne demande pas de "pourquoi" à
Celui qui sait. Le "pourquoi" de sa façon d'agir. A ceux qui sont
appelés on ne demande pas "pourquoi" ils laissent tout pour suivre
la voix de Dieu. J'étais la Sagesse et je savais. J'étais "appelé"
à une mission et je la remplissais. Au-dessus du père et de la mère de la
terre, il y a Dieu, le Père Divin. Ses intérêts dépassent les nôtres, ses affections
passent avant toutes les autres. Je le dis à ma Mère. Je termine
l'enseignement aux docteurs par l'enseignement à Marie, Reine des docteurs.
Et elle ne l'a jamais plus oublié. Un rayon de soleil lui est revenu au cœur,
tandis qu'elle me tient par la main, humble et obéissant, mais mes paroles
lui sont restées au cœur.
Beaucoup de jours ensoleillés ou nuageux passeront sous le ciel, pendant ces vingt et une années où je serai encore
sur la terre . Beaucoup de joies et beaucoup de peines et de pleurs
passeront, les uns après les autres, en son cœur pendant les vingt et une
autres années qui suivront, mais elle ne demandera plus :
"Pourquoi, mon Fils, nous as-tu fait cela ? "
Apprenez cette leçon, vous, hommes arrogants.
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