Vendredi 21-28 mai 1948.
130> Le Doux Hôte me dit: (...)
Pour bien comprendre les paroles de Paul, il
faut considérer attentivement le Péché originel.
Cette leçon a été donnée bien des fois, mais jamais trop de fois, car la
réalité douloureuse du péché originel et de ses conséquences sont souvent
niées ou remises en doute par beaucoup, par trop de gens. Parmi eux, il y en
a qui devraient être bien plus convaincus que les autres de la réalité du
péché originel et de ses conséquences. En effet, leurs études, et surtout les
expériences de leur ministère, leur fournissent continuellement des preuves
tangibles de la décadence de l'homme, qui de créature parfaite qu'il était, à
cause du péché originel s'est transformé en créature faible et imparfaite
exposée aux assauts de Satan et aux dangers extérieurs et intérieurs. L'homme
est une merveilleuse œuvre de la création que l'Ennemi de Dieu a troublée par
jalousie.
Certains diront : "Leçon cent fois répétée, donc inutile".
Elle est toujours utile puisque, au moment du besoin, vous ne la savez jamais
assez, ni pour vous-mêmes, ni pour les autres.
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131>
Satan est excessivement intéressé à ce que vous ne sachiez pas cette leçon.
Alors, il obscurcit en vous l'exacte connaissance de cet épisode. C'est
pourtant un épisode qui ne s'est pas terminé le jour de son accomplissement,
et dont les conséquences ne se sont pas arrêtées aux personnes qui l'ont
accompli. De même que tous les hommes ont hérité la vie (l'existence) à
partir du sang et de la semence d'Adam et Ève, de même, ce funeste héritage
s'est propagé et se propage de génération en génération, depuis Adam, premier
géniteur, jusqu'au dernier humain qui va être engendré. Car le dernier homme
qui naîtra sur Terre sera encore de la descendance de vos Premiers Parents.
L'affirmation de Paul représente le regret exprimé par tous ceux qui, malgré
leur volonté vraiment bonne, constatent qu'ils sont incapables de réaliser le
bien avec la perfection voulue. Pour bien comprendre cet aveu, il faut
regarder les conséquences de la première Faute, et donc la première Faute
elle aussi, afin de ne pas trouver injustes la condamnation et ses
conséquences.
Voici l'aveu de Paul: "Je suis charnel, vendu et sujet au péché".
Il continue: "Je ne sais pas ce que je fais. Je ne fais pas le bien que
je veux, mais le mal que je déteste. Même si je fais ce que je ne veux pas
faire, je reconnais également que la loi est bonne (en interdisant ou en prescrivant
ce qu'elle interdit ou prescrit). Mais (lorsque je fais le mal que je déteste
avec ma partie la meilleure, tandis que je ne fais pas le bien que je
voudrais faire) à ce moment-là, ce n'est pas moi qui agis, mais le péché qui
habite en moi (...). Dans ma chair n'habite pas le bien (...). Il y a en moi
la volonté de l'accomplir, mais je n'arrive pas à le faire (...). Lorsque je
veux faire le bien, le mal est déjà là, à côté de moi (...). Dans mon être
intérieur, je me réjouis de la Loi de Dieu, mais dans mes membres je trouve
une autre loi qui s'oppose à la loi de ma raison, et me rend esclave de la
loi du péché qui est dans mes membres (...)".
"Je suis charnel"
Adam lui aussi était fait de chair en plus d'être fait d'esprit. Mais il
n'était pas charnel, car son esprit et sa raison dominaient la matière. Son
esprit innocent et plein de Grâce reflétait les traits merveilleux de son
Créateur, étant assez intelligent pour comprendre ce qui existe au-delà du
monde naturel.
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132>
Son intelligence, déjà très étendue à cause du don préternaturel de science
infuse qui le rendait capable de comprendre toutes les réalités naturelles,
avait été élevée par la Grâce au niveau surnaturel, le rendant capable de
comprendre l'incompréhensible, chose impossible pour ceux qui ne sont pas
préparés à cela par un don surnaturel; capable de pouvoir comprendre Dieu et,
en proportion réduite, de pouvoir être l'image fidèle de Dieu, pour l'ordre,
la justice, la charité, la sagesse et la liberté de tout esclavage
avilissant.
Oh ! La splendide liberté de l'homme plein de grâce! Dieu lui-même la
respectait, et elle n'était menacée ni par des forces extérieures, ni par des
appétits intérieurs. Royauté sublime de l'homme déifié, fils de Dieu et
héritier du Ciel, royauté de domination sur toutes les créatures! Qui vous
permettait aussi de dominer ce qui maintenant vous tyrannise le plus: votre
moi, où fermentent sans relâche les poisons de la grande blessure!
Quand on dit : "l'homme, roi de la création visible, a été créé avec le
pouvoir d'exercer sa domination sur toutes les créatures", il faudrait
réfléchir à ce que cela signifie. C'est que la Grâce et les autres dons reçus
par l'homme depuis le premier instant de son existence le rendaient capable
d'exercer sa royauté aussi bien sur lui même que sur sa partie inférieure. En
effet, il avait la connaissance de sa fin dernière, il avait l'amour qui le
poussait naturellement vers cette fin, il avait le contrôle de la matière, et
il avait le contrôle des sens qui fonctionnent à l'intérieur de cette
matière. Uni comme il l'était à l'Ordre, et amoureux de l'Amour, il savait
donner à Dieu ce qui lui revenait, et à son propre moi ce qu'il était permis
de lui donner, sans donner lieu aux désordres des passions ou au débordement
des instincts. L'esprit, l'intelligence et la matière formaient en lui une
harmonie globale dont il avait été gratifié à partir du premier moment de son
existence, et qu'il avait reçu comme un tout déjà constitué, non par étapes
successives comme certains le prétendent.
Il n'y a pas eu d'auto genèse
Il n'y a pas eu d'auto genèse, il n'y a pas eu d'évolution. Il y a eu
simplement la Création voulue par le Créateur. Votre raison, dont vous êtes
si orgueilleux, devrait suffire à vous convaincre qu'à partir de rien, on ne
peut former quelque chose d'initial, et qu'à partir d'une chose initiale
unique, on ne peut former le tout.
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133>
Dieu seul peut mettre de l'ordre dans le chaos et le peupler d'innombrables
créatures qui forment la Création. Ce Créateur très puissant n'a pas eu de
limites dans ses actes créatifs, qui ont été multiples. Pas de limites non
plus dans la création de créatures déjà parfaites, parfaites selon le but
pour lequel chacune d'elles a été conçue. Voilà une sottise que de croire que
Dieu, après avoir décidé de se donner une Création, ait pu faire des choses
informes ou incomplètes, et attendre d'en être glorifié seulement à la fin du
cycle évolutif, lorsque chaque créature, et toutes les créatures ensemble,
auraient atteint la perfection de leur nature, en devenant enfin aptes à
satisfaire le but naturel ou surnaturel pour lequel elles auraient été
créées.
De même qu'une telle théorie ne peut s'appliquer aux créatures inférieures,
dont le but naturel est situé à l'intérieur d'un espace de temps limité, de même
et à plus forte raison elle ne peut s'appliquer à l'homme, créé dans un but
surnaturel et destiné à la gloire du Ciel. Pourrait-on seulement imaginer un
Paradis dont les légions de Saints glorifiant Dieu autour de son trône
seraient le produit dernier d'une longue évolution de bêtes sauvages ?
L'homme actuel n'est pas le résultat d'une évolution qui monte, mais le
résultat douloureux d'une évolution qui descend, car la faute d'Adam a entamé
pour toujours la perfection physique, morale et spirituelle de l'homme
initial. La blessure a été tellement grave que même la Passion de
Jésus-Christ, qui pourtant redonne la vie de la Grâce à tous les baptisés, ne
peut effacer les résidus de la faute, les cicatrices de la grande blessure,
c'est à dire les mauvais appétits qui sont la ruine de ceux qui n'aiment pas
Dieu, ou très peu, et qui sont le tourment des justes qui ne voudraient pas
se sentir attirés par la voix de ces appétits, et qui luttent de façon
héroïque, et pendant toute leur vie, pour gagner cette bataille et demeurer
fidèles au Seigneur.
L'homme
n'est pas le résultat d'une évolution
L'homme n'est pas le résultat d'une évolution, de même que la Création n'est
pas le produit d'une auto genèse. Une évolution suppose toujours une première
source créative. De plus, penser que les innombrables espèces existantes
puissent dériver d'une seule cellule auto engendrée, est un pur absurde.
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134>
Pour vivre, la cellule a besoin d'un milieu fertile, pourvu d'éléments qui
permettent et maintiennent la vie. Si la cellule s'est auto engendrée à
partir de rien, où a t elle trouvé les éléments pour se former, vivre et se
reproduire ? Si elle n'existait pas encore lorsqu'elle a commencé à être,
comment a telle trouvé les éléments vitaux: l'air, la lumière, la chaleur,
l'eau ? Ce qui n'existe pas encore ne peut pas créer. Alors, comment la
cellule aurait elle trouvé les quatre éléments déjà prêts à la recevoir au
moment de sa formation ? Qui lui aurait donné le germe qui s'appelle "la
vie" ? Quelle source ? Même si, par hypothèse, on voulait admettre que
ce non existant se soit formé à partir de rien, de quelle façon à partir de
son unité et de son espèce unique, aurait il pu produire toutes les variétés
d'espèces qu'on retrouve dans la Création visible ?
Astres et planètes, mottes de terre, rochers, minéraux, les multiples et
différentes qualités du règne végétal, les différentes espèces et familles du
règne animal, encore plus nombreuses et variées que celles du règne
végétal... Des invertébrés aux vertébrés, des mammifères aux ovipares, des
quadrupèdes aux quadrumanes, des amphibies et reptiles aux poissons, des
carnivores féroces aux ovins doux, des animaux armés de redoutables armes d'attaque
ou de défense aux insectes qu'un rien suffit à détruire, des colosses qui
habitent les forêts vierges et contre qui aucun autre animal ne peut s'élever
sauf leurs propres semblables, à toutes les catégories d'arthropodes,
jusqu'aux protozoaires et bacilles: tous venus d'une seule et unique cellule?
Et par génération spontanée?
Si tel était le cas, la cellule serait plus grande que l'Infini. Pourquoi
l'Infini, Celui dont les attributs n'ont pas de mesure, a-t-il été occupé
pendant six jours,
six étapes sidérales, pour faire la Création visible, en départageant l'œuvre
de cette création en six ordres de création ascensionnelle qui évoluait, elle
oui, vers des perfections toujours plus hautes ? Non parce qu'il avait besoin
d'apprendre à créer toujours mieux, mais à cause de l'ordre qui règle toutes
ses divines opérations.
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135>
Cet ordre aurait été violé car cela aurait eu pour effet de rendre impossible
la survie de la dernière créature à être créé: l'homme si l'homme avait été
créé au tout début, avant que la Terre ne soit constituée dans toutes ses
parties, pour être prête à le recevoir grâce à l'ordre établi dans ses eaux
et dans ses continents; avant que cette même Terre ne soit rendue confortable
par la création du firmament; avant qu'elle ne soit rendue lumineuse, belle,
fertile par le soleil bénéfique, la lune luisante et les innombrables
étoiles; avant qu'elle ne soit devenue la demeure, le réservoir, le jardin de
l'homme grâce aux créatures végétales et animales dont elle est recouverte et
peuplée.
L'homme a été fait au sixième jour. En lui sont résumés les trois règnes de
la Création sensible et, merveilleuse vérité, en lui se trouve aussi la
preuve de son origine divine: l'âme spirituelle que Dieu a infuse dans la
matière de l'homme.
L'homme : véritable anneau de jonction entre la Terre et le Ciel,
véritable trait d'union entre le monde spirituel et le monde matériel, être
où la matière sert de tabernacle à l'esprit, être où l'esprit vivifie la
matière non seulement pour la vie mortelle, qui est limitée, mais aussi pour
la vie immortelle qui doit venir après la résurrection finale.
L'homme : créature en qui resplendit et demeure l'Esprit Créateur.
L'homme : merveille de la puissance de Dieu qui par son souffle, partie
de son Etre infini, pénètre et transforme la poussière en puissance d'homme,
en l'élevant à la condition de créature surnaturelle, de fils de Dieu par
participation de nature, devenue apte à se mettre en relation directe avec
Dieu et à comprendre l'Incompréhensible. L'homme devenu capable d'aimer et en
droit d'aimer Celui qui dépasse tout autre existant, à un point tel, que cet
homme, bloqué par un respect écrasant, ne serait même pas en mesure de
désirer de l'aimer sans le don du divin soutien.
L'homme : le triangle créé qui avec sa base de matière touche la Terre
d'où il a été tiré; avec ses facultés intellectuelles tend à monter vers la
connaissance de Celui à qui il ressemble; et avec sa partie la plus élevée,
l'esprit de l'esprit, la partie la plus choisie de l'âme, touche le Ciel et
se perd dans la contemplation de Dieu Charité, tandis que la Grâce,
gratuitement reçue, l'associe à Dieu, et la charité allumée par cette union
avec Dieu le divinise.
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136>
Car "celui qui aime est né de Dieu",
et le privilège du fils est de participer à la nature de son père. C'est donc
dire que l'homme est l'image de Dieu à cause de son âme divinisée par la
Grâce, et ressemble à Dieu à cause de la charité qui est rendue possible par
cette même Grâce.
L'homme a donc été créé le sixième jour. Il a été créé complet, parfait en
chacune de ses parties matérielles et spirituelles, fait selon la Pensée
divine et selon la fin pour laquelle il avait été créé: aimer et servir son
Dieu pendant la vie terrestre, le connaître dans sa Vérité, et jouir enfin de
Lui dans l'autre vie, éternellement.
L'Homme unique a été créé, celui à partir de qui devait naître toute
l'Humanité, à commencer par la Femme, compagne de l'Homme, faite pour lui, et
qui avec lui aurait peuplé la Terre entière et dominé les autres créatures inférieures.
L'Homme unique a été créé, celui qui en tant que père aurait transmis à sa
descendance tout ce qu'il avait reçu: la vie, les sens, les facultés
matérielles, ainsi que l'immunité de toute souffrance, la raison,
l'intelligence, la science, l'intégrité, l'immortalité, et pour finir, le don
des dons: la Grâce.
La
diversité justifie le Créateur et s'explique autrement
La théorie évolutionniste qui s'appuie sur la conformation du squelette,
ainsi que sur la diversité des couleurs de la peau et celle des physionomies,
et qui par là voudrait prouver ses propos erronés sur l'origine de l'homme,
n'est pas une théorie contre la vérité des origines de l'homme créature créée
par Dieu elle est en sa faveur. Car ce qui prouve l'existence d'un Créateur,
c'est justement la diversité des couleurs et des structures chez les différentes
espèces de créatures que lui, le Tout Puissant, a appelées à l'existence.
Si cela s'applique au cas des créatures inférieures, à plus forte raison cela
s'applique à l'homme. À l'homme créé par Dieu, même si certaines
circonstances de vie, de climat, et aussi de corruption - c'est cela qui a
provoqué le déluge,
et aussi, mais beaucoup plus tard, dans les prescriptions du Sinaï et dans
les malédictions de Moïse, des ordres et des menaces si sévères
- font qu'il présente des aspects et des couleurs différentes selon les
différentes races.
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137>
Tous savent, et l'expérience de la vie le prouve et le confirme
continuellement, qu'une impression violente peut provoquer des réactions
imprévues sur l'embryon d'une mère en gestation, à un point tel que celle ci
met au monde un petit monstre qui rappelle dans ses formes l'objet qui a
troublé la mère. On reconnaît aussi que la longue insertion d'une personne de
race aryenne au sein d'un peuple non aryen produit des modifications plus ou
moins accentuées dans les traits du visage. Cette dernière finit par
emprunter certains traits caractéristiques de la race qui l'accueille. De
même il est prouvé que des climats particuliers, ou les caractéristiques
spéciales d'un milieu ambiant, ont une influence sur la croissance et le
développement des membres du corps humain, et sur la couleur de la peau.
Tout cela pour dire que les chimères sur lesquelles les partisans de
l'évolutionnisme voudraient construire l'édifice de leur présomption ne
soutiennent pas leur édifice mais en favorisent l'effondrement.
Après
le Déluge
Dans le déluge ont péri les branches corrompues de l'humanité errante dans
les ténèbres par suite de la faute. Un seul rayon de l'étoile perdue le
souvenir de Dieu et de sa promesse parvenait encore à se frayer un chemin,
comme au travers d'un épais brouillard, jusqu'au petit nombre des justes.
Une fois les monstres détruits, l'Humanité préservée s'est multipliée à
partir de la race que Dieu avait reconnue comme juste, la race de Noé.
L'Humanité a donc été reconduite à son premier état, celui du premier homme,
dont la nature toujours constituée de matière et d'esprit, et restée telle
même après que la faute en eut dépouillé l'esprit de la Grâce divine et de
l'innocence.
Si l'homme eût été le produit final d'une évolution ayant des brutes pour
ancêtres, à quel moment et de quelle façon aurait il reçu son âme ? Est-il
possible que des brutes aient reçu avec leur vie d'animaux l'âme spirituelle
? L'âme immortelle ? L'âme intelligente ? L'âme libre ? Cette simple pensée
est un blasphème. Et comment donc auraient elles pu transmettre ce qu'elles
n'avaient pas ? Et Dieu, serait il allé jusqu'à se déshonorer Lui même en
plaçant l'âme spirituelle, son souffle divin, dans un animal ? Un animal si
évolué qu'on l'imagine, ne demeure t il pas toujours un animal ? Le
descendant d'une longue série d'animaux ? Même cette supposition est de
nature à offenser le Seigneur.
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138>
Pour se donner un peuple de fils et donner ainsi expression à l'amour dont il
surabonde et recevoir l'amour dont il est assoiffé, Dieu a créé l'homme
directement avec un acte parfait de sa volonté, en une seule opération qui a
eu lieu le sixième jour de la création. Dieu alors a pris de la poussière et
l'a transformée en chair vivante et parfaite. Ensuite il lui a insufflé
l'âme, une âme adaptée à sa spéciale condition d'homme, fils adoptif de Dieu
et héritier du Ciel. Il ne s'agit pas ici de l'âme "que même les animaux
ont dans des narines" (Qohélet 3, 19-21),
et qui va disparaître avec la mort de l'animal. Il s'agit de l'âme spirituelle qui, elle, est immortelle, qui survit
à la mort du corps et ranimera ce corps au son des trompettes du Jugement
lors du triomphe du Verbe incarné, Jésus Christ. Il ranimera ce même corps.
Car il faut que les deux natures qui ont vécu ensemble sur la Terre
s'unissent à nouveau pour l'éternité, dans la joie ou la douleur, selon les
mérites qu'ensemble elles auront acquis.
Voilà la vérité. Que vous l'acceptiez ou que vous la refusiez. Et même si vous
êtes nombreux à vouloir la refuser avec obstination, le jour viendra où vous
la connaîtrez parfaitement, où votre esprit en sera convaincu en un instant,
et vous réaliserez que pour avoir suivi l'orgueil et le mensonge vous aurez
perdu le Bien éternellement.
Il va de soi que ceux qui n'admettent pas que l'homme a été créé par Dieu,
n'arrivent pas à saisir la nature exacte de la Faute, le pourquoi de la
condamnation, les conséquences inhérentes à celle-ci et à celle-là. L'homme a
besoin de croire à la création telle que décrite. Cela lui est nécessaire
pour le rendre capable de se guider afin d'orienter toujours, s'il le veut,
toutes ses actions vers le but pour lequel il a été créé; but immédiat: aimer
et servir Dieu sur terre; but ultime: jouir au Ciel de sa présence.
Mais suivez-moi. Ma parole est lumineuse et simple parce que je suis Dieu. Et
Dieu, Sagesse infinie, sait s'adapter à l'ignorance et à la relativité de ses
petits. J'aime les petits, pourvu qu'ils soient humbles. Je leur dis:
"Venez vers moi, vous qui êtes petits, et je vous apprendrai la
Sagesse"
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139> L'épreuve
Lorsque l'homme s'est réveillé de son premier sommeil et a trouvé près de lui
la compagne de sa vie, il a senti que Dieu avait rendu total son bonheur.
Le bonheur d'Adam était déjà très grand, même avant. Car tout en lui, à
l'extérieur comme à l'intérieur, tout, avait été fait pour lui permettre de
jouir d'un bonheur complet, fait de santé et de sainteté. Les délices, c'est
à dire l'Eden, n'étaient pas seulement autour d'Adam, mais aussi au dedans de
lui. Adam était entouré d'un jardin peuplé de merveilles végétales, animales
et marines, mais un jardin de beautés spirituelles fleurissait aussi à
l'intérieur de lui. C'était un jardin rempli de vertus de tout genre, prêtes
à mûrir en fruits de sainteté parfaite. Il y avait l'arbre de la science, une
science proportionnée à son état, et il y avait celui de la vie surnaturelle:
la Grâce. Il y avait aussi la source divine aux eaux précieuses qui se
répartissaient en quatre branches et arrosaient constamment les vertus de
l'homme, les nourrissant abondamment en vue de leur croissance glorieuse de
sorte que l'homme devienne un miroir de Dieu toujours plus fidèle.
En tant que créature naturelle, Adam jouissait de ce qu'il voyait: la beauté
d'un monde vierge, à peine sorti de la puissance créatrice de Dieu. Il jouissait
de ce qu'il pouvait: de son empire sur toutes les créatures inférieures. Dieu
avait disposé toute chose pour que l'homme soit bien servi. Depuis le soleil
jusqu'au moindre insecte, tout avait été conçu pour que tout lui fût délice.
Comme créature surnaturelle, il jouissait c'était là une extase très suave de
la raison de la compréhension de l'Essence de Dieu, qui est l'Amour. Il
jouissait des rapports d'amour entre l'Immense qui se donnait et sa créature
qui l'aimait dans un état d'adoration. Cette capacité accordée à l'homme de
communiquer avec son Créateur est décrite dans la Genèse, de façon voilée,
dans la phrase: "Ayant entendu la voix de Dieu qui se promenait dans le
jardin d'Eden, dans la brise du soir".
Même si les fils adoptifs de Dieu étaient déjà doués d'une science
proportionnée à leur état, le Père leur apprenait encore des choses, car
l'amour de Dieu est infini: après avoir donné, Dieu le Père désire donner
encore et encore. Et cela d'autant plus que la créature lui est plus fille. Dieu
se donne toujours à celui qui se donne avec générosité.
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140>
Alors donc que l'homme, à son réveil, a vu la femme qui lui ressemblait, il a
senti que son bonheur de créature était complet: il possédait le tout humain
et le Tout surhumain, l'Amour s'étant livré à l'amour humain.
La seule limite que Dieu avait fixée aux immenses possessions de l'homme
était l'interdiction de cueillir les fruits de l'Arbre de la Science du bien
et du mal. Vouloir cueillir de ce fruit inutile était sans raison, vu que
l'homme avait déjà la science qui lui était nécessaire, et qu'une mesure
supérieure à celle établie par Dieu ne pouvait que lui causer dommage.
Remarquez bien: Dieu n'interdit pas de cueillir les fruits de l'Arbre de la
Vie. L'homme en avait besoin pour vivre une vie saine et prolongée sur le
plan naturel, jusqu'au moment où Dieu, poussé par un désir plus vif de se
dévoiler totalement à son fils adoptif, aurait prononcé les paroles:
"Mon fils, monte à ma demeure; viens te plonger en ton Dieu"; ce
qui aurait permis à Adam de monter au Paradis céleste sans la souffrance de
la mort.
L'Arbre de la Vie dont il est question au début et à la fin du Livre de la
Grande Révélation, la Bible,
représente le Verbe Incarné dont le fruit, la Rédemption, a été suspendu au bois de la croix, ce Jésus-Christ qui est Pain
de Vie, Source d'Eau Vive, Grâce, et qui vous a rendu la Vie avec sa Mort.
Vous pouvez toujours manger et boire de ce Fruit pour vivre la vie des justes
et parvenir à la Vie éternelle.
Dieu n'interdit pas à Adam de toucher aux fruits de l'Arbre de la Vie. Il
interdit de toucher aux fruits inutiles de l'Arbre de la Science. En effet,
un surplus de savoir aurait réveillé l'orgueil chez l'homme, qui par la
nouvelle science acquise se croirait l'égal de Dieu. Il deviendrait assez sot
pour se croire capable de posséder cette science sans danger, ce qui aurait
entraîné un droit abusif à l'auto censure de ses propres actions, et la
conviction de pouvoir agir contre son devoir de filiale obéissance envers son
Créateur vu la supposée égalité désormais acquise sur le plan du savoir avec
son Créateur avec son Dieu qui lui avait amoureusement expliqué soit
directement, soit par grâce et la science infuse, ce qui est permis et ce qui
est défendu.
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141>
La mesure donnée par Dieu est toujours
la bonne. Celui qui en veut plus manque de prudence, est intempérant,
imprudent, irrévérent. Il blesse l'amour. Celui qui s'arroge le droit de
prendre ce qui ne lui est pas offert est un voleur et un violent. Il blesse
l'amour. Celui qui agit indépendamment de toute Loi surnaturelle et naturelle
est un rebelle. Il blesse l'amour
Devant l'ordre donné par Dieu, les Premiers Parents auraient dû obéir sans se
poser trop de "pourquoi", dont le résultat est toujours le naufrage
de l'amour, de la foi et de l'espérance. Lorsque Dieu donne un ordre, ou
agit, il faut obéir et faire sa volonté, sans demander le pourquoi de ceci et
de cela. Tout ce que Dieu fait est bien fait, même si la créature, limitée
dans son savoir, n'arrive pas à s'en convaincre.
Pourquoi n'auraient-ils pas dû s'approcher de cet arbre, cueillir de ses
fruits et en manger? Inutile de le savoir. Ce qui est utile, c'est d'obéir,
rien d'autre. Se contenter du beaucoup qu'on a reçu. L'obéissance est amour
et respect, elle est la mesure de l'amour et du respect. Plus on aime et
vénère une personne, plus on lui obéit.
Ici, en l'occurrence, les ordres venaient de Dieu l'infiniment Grand,
l'infiniment Bon, le Bienfaiteur très généreux de l'homme, celui-ci aurait
dû, en signe de reconnaissance, lui donner non seulement "beaucoup"
d'amour, mais "tout" l'amour et toute l'adoration dont il était
capable. Il aurait dû lui donner toute son obéissance sans songer aux raisons
de la prohibition divine.
Les discussions présupposent le droit de juger par soi-même et de critiquer
les ordres ou les actions d'autrui. Juger n'est pas chose facile, et il est
rare que le jugement soit juste. Il ne
l'est jamais lorsqu'on déclare inutile, erroné ou injuste un ordre divin.
L'homme devait obéir. L'épreuve
aurait prouvé en lui cette capacité d'obéissance. La mesure de son amour et
de sa révérence consistait dans la façon dont il aurait ou n'aurait pas su
obéir.
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142>
Le
moyen
L'arbre et la pomme. Deux choses, menues, insignifiantes si on les compare
aux richesses de toutes sortes que Dieu avait accordées à l'homme.
Et quoi donc? Dieu s'était donné lui-même et il voudrait empêcher que l'on
touche à un fruit? Quoi donc? Il avait donné à la poussière la vie naturelle
et surnaturelle, il avait transmis à l'homme son propre souffle, et
maintenant il lui défendrait de cueillir un fruit? Quoi donc? Il avait créé
l'homme roi de toutes les créatures, lui avait accordé le statut de fils
plutôt que celui de son sujet, et maintenant il lui défendrait de manger un
fruit?
À ceux qui ne savent pas réfléchir avec sagesse, cet épisode peut paraître
inexplicable, tel l'entêtement capricieux d'un bienfaiteur qui, après avoir
recouvert un mendiant de toutes sortes de richesses, lui défend par la suite
de ramasser un petit caillou perdu dans la poussière. Mais ce n'est pas
ainsi.
La pomme n'était pas seulement une réalité: celle d'un fruit. La pomme était
aussi un symbole. Le symbole du droit
divin et du devoir humain.
Ainsi, lorsque Dieu appelle des êtres, et les gratifie de ses dons
extraordinaires, les personnes gratifiées devraient toujours se rappeler que
c'est lui qui est Dieu, et que l'homme ne devrait jamais abuser des
privilèges qui lui sont accordés, même s'il se rend compte que Dieu l'aime de
façon extraordinaire. Pourtant, les élus qui savent surmonter cette épreuve
sont peu nombreux. Bon nombre d'entre eux en veulent plus par rapport à ce
qu'ils ont déjà reçu, et vont cueillir ce qui ne leur est pas donné. C'est
ainsi qu'ils trouvent le Serpent et ses fruits empoisonnés.
Faites attention, ô vous les élus! Rappelez-vous que dans votre jardin, si
bien rempli des dons du Très Haut, il y aura toujours un arbre pour vous
mettre à l'épreuve. C'est autour de cet arbre que l'Adversaire de Dieu, qui
est aussi le vôtre, tâche constamment de s'enrouler. Il est là pour essayer d'arracher
à Dieu un de ses instruments en vous séduisant par l'orgueil, l'avidité, la
rébellion. Ne touchez pas aux droits de Dieu. Ne piétinez pas la loi de votre
devoir. Jamais.
Haut
de page.
143>
Les instruments de Dieu semblent être nombreux. Selon certains d'entre vous,
ces "voix" [ces envoyés]
seraient même trop nombreuses. Eh bien croyez, vous tous, théologiens ou
simples fidèles, que ces instruments seraient encore plus nombreux, des
centaines de fois plus nombreux, si tous ceux qui sont appelés par Dieu à ce
genre de ministère particulier pouvaient vaincre la tentation d'en prendre
encore plus, s'ils savaient s'abstenir de cueillir ce que Dieu n'a pas donné.
Pour tous les fidèles, le Décalogue, arbre de la science du Bien et du Mal,
est un test destiné à vérifier leur foi, leur amour, leur obéissance. Pour
les "voix" et les
instruments extraordinaires, cet arbre est encore plus attrayant, encore plus
et mieux piégé par Satan. Plus le don est grand, plus l'orgueil, l'avidité,
la présomption de pouvoir se sauver quoi qu'il advienne, sont faciles à
surgir. Mais je vous dis, Moi, que celui qui reçoit beaucoup a le devoir
d'être plus parfait que les autres s'il veut éviter de recevoir une plus
grande condamnation. Celui qui aura peu reçu aura la circonstance atténuante
d'avoir peu reçu. Sa condamnation ne pourra pas être aussi grave que celle
réservée à celui qui a reçu beaucoup.
Voici une question que je voudrais prévenir: est ce que l'arbre en question
portait à la fois des bons fruits et des mauvais?
Il n'était pas différent des autres. Il portait les mêmes fruits. Mais il
était l'arbre du bien et du mal. Il le
devenait en fonction du comportement de l'homme, pas tellement à l'égard de
l'arbre, qu'à l'égard de l'ordre divin. Obéir, c'est bien. Désobéir,
c'est mal.
Dieu savait que Satan aurait approché l'arbre en question dans le but de
séduire. Dieu sait tout. Le mauvais fruit était
la parole de Satan avalée par Ève. Le danger d'approcher cet arbre était
dans la désobéissance. À la science pure que Dieu avait donnée, Satan a
injecté sa malice impure, malice qui avait bientôt fini par fermenter jusque
dans la chair. Mais Satan, dans un
premier temps, a corrompu l'esprit: il l'a rendu rebelle. Dans un deuxième
temps, il a corrompu l'intelligence : il l'a rendue fourbe.
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de page.
144>
Oh, oui ! Ils l'ont bien connue, après
coup, la science du Bien et du Mal, car tout, même leur nouveau regard,
qui leur a fait prendre conscience d'être nus, les avertissait de la perte du
don de la Grâce et de la conséquente disparition de la vie surnaturelle qui
jusque-là les avaient rendus heureux dans leur savoir innocent.
Nus ! Dépouillés moins des vêtements corporels que des dons de Dieu.
Pauvres! Pauvres pour avoir voulu être comme Dieu. Morts! Morts pour avoir eu
peur de disparaître avec leur espèce s'ils n'avaient pas pris l'initiative
d'agir directement.
Le premier acte contre l'amour a été commis par l'orgueil, la désobéissance,
la méfiance, le doute, la rébellion et la concupiscence spirituelle. En dernier, il a été achevé par la
concupiscence de la chair. J'ai bien dit : en dernier. Plusieurs pensent le contraire: que l'acte de
concupiscence de la chair ait été le premier. Non. Dieu est ordre en toutes
choses.
Même dans ses rapports avec la loi divine, l'homme a péché premièrement contre Dieu. Il a voulu être
semblable à Dieu. Il a voulu être "dieu" dans la connaissance du
Bien et du Mal. Il a voulu une liberté d'agir absolue, donc illicite. Il a
voulu la liberté d'agir selon son bon vouloir et plaisir, contre tout conseil
ou prescription divine. Deuxièmement, il a péché contre l'amour. Il s'est
aimé de façon abusive, en niant à Dieu l'amour révérenciel qui lui revient,
en mettant son propre moi à la place de Dieu, et en témoignant de la haine
pour son prochain à venir: à sa propre race il a transmis l'héritage de la
faute et de la condamnation. En dernier
lieu, il a péché contre sa dignité de créature royale, créature qui avait
reçu le don de la parfaite maîtrise sur ses propres sens.
Le péché de la chair ne pouvait pas avoir lieu tant que l'état de Grâce et
les autres états conséquents étaient encore présents et actifs. Tant que persistait l'innocence, et donc
la domination de la raison sur les sens, la tentation sensuelle aurait pu
survenir, mais l'homme n'aurait pas consommé la faute sensuelle.
Le
châtiment
Il n'a pas été disproportionné, mais juste.
Pour comprendre ce châtiment, il faut prendre en considération la perfection
d'Adam et Ève. Si on considère le sommet où Adam et Ève se trouvaient, on
peut mesurer la profondeur de l'abîme
dans lequel ils sont tombés.
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de page.
145>
Si certains parmi vous étaient pris et placés par Dieu dans un nouvel Eden,
tels que vous êtes à l'état actuel, mais ayant reçu les mêmes ordres qu'avait
reçu Adam, croyez-vous que, vous rendant coupables de son péché, vous seriez
traités avec la même rigueur dont a été traité Adam? Non. Dieu est juste. Il
connaît le terrible héritage qui est en vous.
Les conséquences du péché originel ont été réparées par le Christ pour ce qui
est de la Grâce. Mais la faiblesse de la blessure qui a été infligée à votre
perfection originelle demeure. Cette faiblesse consiste en la présence en
vous de mauvais appétits, ou penchants, qui comme des germes d'infection
latents, mais présents, sont toujours prêts à se révolter en vous et à
accabler votre personne. Ils sont présents même chez les saints. Au fond, la sainteté n'est autre chose que
le fruit de la lutte continuelle que l'âme et la raison des justes mènent
contre les assauts de leurs mauvais penchants, et fruit de la victoire qu'ils
remportent dans l'effort de demeurer fidèles à l'Amour.
Aujourd'hui, Dieu, qui est infiniment juste, ne serait pas inexorable avec
personne de vous comme il le fut avec Adam.
Avec Adam, oui, il a été sévère, car Adam avait tout pour vaincre la
tentation, et la vaincre facilement. Mais dans le châtiment même, où l'on
voit que si l'homme prévaricateur n'a pas respecté les limites posées par
Dieu, Dieu, lui, a respecté les limites qu'il s'était fixées à l'égard de
l'homme.
Dieu n'a pas violé le libre arbitre de
l'homme. L'homme, par contre, a violé les droits de Dieu. Dieu n'a pas
violé la liberté d'action de l'homme, ni avant, ni après la faute. Il avait
soumis l'homme à une épreuve. Il savait, étant Dieu, que l'homme ne l'aurait
pas surmontée. Mais il était juste que l'homme y fût soumis pour pouvoir être
confirmé en grâce. Les anges, pour les mêmes raisons, ont subi leur épreuve,
et Dieu a confirmé en grâce ceux qui en sont sortis victorieux. En soumettant
l'homme à l'épreuve, Dieu, pour la même fin, l'a laissé libre d'agir à sa
guise.
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146>
Si Dieu eût voulu violer le libre vouloir de l'homme de se choisir une destinée,
dans ce cas ou il ne l'aurait pas soumis à l'épreuve, ou bien il lui aurait
lié les puissances du vouloir de façon à l'empêcher de mal agir. De même,
s'il eût voulu le récompenser à n'importe quel prix, il le pardonnerait à
l'avance, ou bien, pour avoir un prétexte pour lui pardonner, il aurait
suscité dans son cœur la contrition parfaite, ou alors, du moins, une forme
d'attrition, un regret des biens perdus. Ensuite, avec un rayon de son amour,
il aurait aidé l'homme à passer de cette attrition imparfaite, conçue pour
les biens perdus dans le présent et l'avenir, à une forme de contrition
parfaite, conçue pour l'offense faite à Dieu et pour la perte de sa Grâce et
de sa Charité.
Dans tous ces cas, cependant, il y aurait eu injustice envers les anges, qui
ont été soumis à l'épreuve sans que la puissance de leur volonté ne soit
liée, sans pardon anticipé, et sans qu'aucun mouvement de contrition ou
d'attrition ne soit provoqué par Dieu pour justifier un pardon divin. Il faut
dire que pour les anges il était bien plus facile d'éviter le péché que pour
les hommes, et cela à cause de leurs dons de grâce et de nature (esprits sans
corps, libres du poids des sens), et aussi parce qu'ils étaient exempts des
pressions internes causées par les sens, et des pressions externes (causées
par le Serpent). En plus, ils avaient la connaissance de Dieu. Ils ont
néanmoins péché, sans la moindre circonstance atténuante qui pourrait dériver
de l'ignorance ou des stimulations sensuelles, par pure malice et par volonté
sacrilège de pécher. De toute façon il n'en fut rien, ni du côté de Dieu, ni
du côté de l'homme.
Dieu a respecté la volonté humaine. L'homme a persévéré dans son état de
révolte envers son divin Bienfaiteur. C'est avec orgueil qu'Adam est sorti du
jardin d'Eden, après avoir menti son pacte avec le Mensonge étant déjà avenu
et après avoir essayé de justifier son péché avec de pauvres excuses. Ce
n'est pas parce qu'ils étaient nus et ce n'est pas par honte de comparaître
tels devant Celui qui les avait créés et habillés seulement de grâce et
d'innocence, qu'ils se sont fait des ceintures de feuilles. Mais c'est parce
que, se sentant coupables, ils ont eu peur de comparaître devant Dieu.
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147>
La peur, oui. Le repentir, non. Raison pour laquelle, après les avoir chassés
de l'Eden, Dieu "plaça deux chérubins à la porte de ce paradis" (Gn 3,24), de façon à empêcher les deux prévaricateurs d'y
entrer à nouveau par ruse, dans le but de profiter indûment des fruits de
l'arbre de la vie, ce qui aurait rendu vaine une partie du juste châtiment de
Dieu, et dépossédé Dieu de son droit: celui de donner la vie ou de la
reprendre après l'avoir gardée saine, heureuse et longue avec les fruits
bienfaisants de l'arbre de la vie.
Ainsi le châtiment fut juste. Privation de ce que l'homme avait spontanément
méprisé: la Grâce, l'intégrité, l'immortalité, l'immunité, la science. Perte
subséquente de la charité paternelle de Dieu et de son soutien puissant;
faiblesse de l'âme blessée; fièvre de la chair réveillée qui délire et la raison
étouffée; peur de Dieu; perte de l'Eden où la vie coulait sans peine ni
souffrance; sans fatigue, ni mort, ni assujettissement de la femme à l'homme,
ni inimitiés entre les hommes, entre frères, entre fils de la même mère; ni
délits; ni abus; tous les maux qui tourmentent depuis l'humanité; la peur de
mourir et la peur du jugement; chagrin d'avoir engendré la douleur et chagrin
de la transmettre avec la vie même aux êtres les plus chers.
Conséquences
Le péché originel, en plus de la condamnation immédiate qu'il a provoquée sur
les personnes d'Adam et Ève, a eu des conséquences qui pèsent sur toute l'Humanité,
et qui dureront jusqu'à la fin du temps. Comme premier père de la famille
humaine, Adam a transmis son infirmité à tous ses descendants.
La même chose se produit lorsqu'un homme taré engendre des enfants. Les
germes de sa tare sont transférés d'une génération à l'autre. Même si, à
l'aide de médicaments appropriés, la virulence de ce germe héréditaire est
réduit et muée de façon à diminuer ses ravages, il reste que les descendants
de cette lignée ne peuvent pas être aussi parfaits que ceux qui sont
engendrés par une constitution parfaitement saine.
"Par l'œuvre d'un seul homme le péché est entré dans le monde".
Cela est écrit, et c'est la vérité.
Cette douleur, avant même d'être proclamée par Paul, l'a été par la Sagesse,
par l'enseignement du Verbe, et par les Psalmistes.
Il s'agit toujours de la voix de Dieu, car ces personnes ont été inspirées
par lui.
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148>
Cette douleur emplit le monde et se transmet de génération en génération.
Elle continuera de se transmettre ainsi jusqu'à la fin du monde. Elle a
couvert de son hurlement les lieux où Adam, laborieusement, à la sueur de son
front, tirait de la terre le pain de sa subsistance. Et ce cri s'est répandu
sur toute la terre. Les horizons, les vallées, les forêts, les animaux l'ont
entendu et se le sont répété en frissonnant. Ce cri a montré à Adam et Ève,
comme dans une lumière aveuglante, l'immensité de leur péché, commis non
seulement contre Dieu mais aussi contre leur propre chair et leur propre
sang.
Jusque-là, le verdict de Dieu n'avait pas encore brisé la rébellion de
l'homme. Celui-ci, avec l'esprit d'adaptation de l'animal - car l'homme privé
de la Grâce n'est rien d'autre que le plus parfait des animaux - s'était vite
adapté à son nouveau destin. Même si ce nouveau destin n'était pas aussi
facile et joyeux que le premier, il n'était pas dépourvu de joies humaines
qui compensaient les douleurs.
La libido se satisfaisait dans l'union des deux chairs qui s'unissaient pour
n'en former qu'une. Fusion, oui, mais pas fusion sainte comme Dieu la
voulait, et comme l'homme innocent et rempli de science l'avait comprise dans
le jardin d'Eden. C'était dorénavant la joie de créer de nouvelles vies par
soi-même oh! l'orgueil persistant! et de se croire pour cela semblables à
Dieu Créateur. C'était la joie de dominer les animaux. C'était la
satisfaction des récoltes et celle de se suffire à soi-même, sans se sentir
obligé de remercier personne. Joies sensuelles, mais joies tout de même.
Oh ! Que d'obscurité de la fumée d'orgueil de ces deux insolents! Que
d'obscurité dans le brouillard de leurs concupiscences effrénées! Que
d'obstination!
La maternité se réalisait dans la douleur, mais la joie des enfants
compensait cette douleur
La nourriture n'était pas facile à pourvoir, mais le ventre s'emplissait
quand même, et avec satisfaction, puisque la Terre était remplie de bonnes
choses.
La maladie et la mort étaient très loin, car les corps, créés parfaits,
jouissaient d'une santé et d'une virilité qui faisaient croire aux deux
arrogants que la vie était bien longue, sinon éternelle.
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149>
Et l'orgueil en fermentation suscitait la pensée railleuse : "Le
châtiment de Dieu? Où est-il? Nous sommes heureux même sans Dieu".
Mais un jour, l'herbe verte des champs, parsemée des fleurs que Dieu avait créées,
est apparue tachée du vermeil du premier sang versé sur la Terre. La mère
hurla sur le corps inerte du doux Abel,
et le père a compris que ce n'était pas par vaine menace que Dieu lui avait
annoncé: "Tu retourneras à la terre d'où tu es venu, car tu es poussière
et tu redeviendras poussière".
C'est ainsi qu'Adam mourut deux fois, la première à la mort de son fils car
un père meurt dans la mort de son fils et la deuxième, au moment de sa propre
mort. Quant à Ève, elle accoucha d'une douleur
déchirante en rendant à la terre le corps inanimé de son fils chéri.
C'est là qu'elle comprit ce que c'est que d'accoucher dans le péché.
Mais au moment même où le châtiment de Dieu frappait comme la foudre -
c'était encore de la miséricorde - l'orgueil mourut, et à sa place commença à
germer le repentir. C'était la nouvelle vie. Elle permit aux deux Coupables
de remonter le sentier escarpé de la Justice, et de mériter, après bonne
expiation et longue attente, le pardon de Dieu par les mérites du Christ.
Et de Marie. Oh ! Laissez que
je célèbre ici cette vérité sur l'Immaculée, qui a été et qui est toujours à
moi. Grâce à notre amour conjoint, elle a donné au monde le Verbe qui s'est
fait Chair: l'Emmanuel.
Par l'infidélité de la femme, le genre humain a connu le péché, la douleur,
la mort. Par la fidélité de la Femme, le genre humain a pu renaître à la
Grâce, et donc au pardon, à la joie pure, à la Vie.
Par la concupiscence, est venue la mort, toutes les morts. Par la pureté
d'une triple virginité de corps, de pensée, d'esprit est venue la Vie, la
vraie Vie, chez les justes ressuscités à la vie éternelle. Non seulement la
vie de la chair, mais aussi celle de la pensée enfin ouverte à la Vérité, et
celle de l'esprit enfin ressuscité à la Grâce.
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150>
Par le mariage avec Satan est entrée la haine fratricide et déicide. Par le
mariage avec Dieu est entré l'amour fraternel et l'amour spirituel: deux
amours qui embrassent Humanité et Divinité, qui se déversent sur l'une et sur
l'autre, qui se prodiguent pour l'une et pour l'autre. L'Amour incarné et
l'Amour virginal se sont offerts tous deux
volontairement et totalement. Tous les deux ont été consommés pour que Dieu
soit consolé, et que l'homme soit sauvé.
La mort d'Abel a brisé l'orgueil d'Adam et rendu Ève experte de l'atrocité
que comporte le fait d'accoucher pour les Ténèbres. La mort du Christ a broyé
le Péché et montré à l'Humanité ce que coûte l'accouchement à la Grâce. Le
hurlement d'Ève correspond au cri émis par Marie à la mort de son Fils Très
Saint.
À ceux qui croient que Marie était au-dessus
de la douleur parce que pleine de Grâce, je dis que Ève, la coupable, n'a pas
souffert la désolation que Marie a souffert dans son
innocence. Si le rugissement d'Ève signa la naissance du repentir, le cri de
Marie signa, lui, la naissance de l'ère nouvelle. Et si l'heure marquée par
l'effusion du premier sang humain, répandu par violence criminelle qui fait
que la Terre a été maudite deux fois, a été le commencement d'un retour vers
la Justice, de façon analogue l'a été l'heure de none qui marque l'effusion
de la dernière goutte de Sang du Fils de Dieu. Par-là est descendue des Cieux
la Rédemption, comme un fleuve de salut, sortie des deux Cœurs innocents et
blessés du Fils et de la Mère.
La Vie que vous avez, vous l'avez eue non seulement par les mérites de Jésus,
mais aussi par les mérites de Marie. La Mère de la Vie, la Mère Vierge, la
pure et l'innocente, qui en mettant au monde son Jésus n'avait pas connu les
douleurs de l'accouchement selon la loi de la chair déchue a connu, et bien
connu, les souffrances de l'accouchement le plus douloureux, le vôtre, de
celui qui a permis à l'Humanité pécheresse de renaître à la nouvelle Vie de
la Grâce.
À cause d'un seul homme l'humanité a connu la mort. Grâce à un seul Homme
elle connaît maintenant la Vie. Par Adam, l'Humanité a hérité du Péché et de
ses conséquences. Par Jésus, Fils de Dieu et de Marie, l'Humanité hérite à
nouveau la Grâce et ses conséquences.
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151>
Cette Grâce ne supprime pas, il est vrai, les conséquences terrestres de la
faute originelle car la douleur, la mort vous attristent et les appétits de
la chair persistent en vous, et vous dérangent, vous font peur, vous gardent
dans la lutte mais elle vous aide puissamment à supporter vos présentes
douleurs, dans l'espoir du Ciel à venir. Cette même Grâce vous aide à
affronter la peur de la mort, par la connaissance de la Miséricorde divine.
Elle vous aide aussi à vous opposer à la chair, à dompter ses appétits avec
l'aide surnaturelle obtenue par les mérites du Christ, et les Sacrements
qu'il a institués.
J'avais dit : "La Grâce ne supprime pas les conséquences terrestres
de la Faute...". C'est là justement le point qui provoque la rébellion
de plusieurs, qui s'exclament: "Où est la justice dans tout cela? Le
Rédempteur, ne pouvait-il pas nous remettre la perfection dans son
ensemble?".
Il était juste qu'il en fût ainsi. Tout
ce que Dieu fait est juste.
L'homme n'a pas été blessé lors d'un affrontement avec Dieu, de façon à ce
que Dieu soit dans l'obligation de réparer lui-même les dommages causés
volontairement ou involontairement. L'homme s'est blessé par lui-même, consciemment
et volontairement. Lorsque, dans la vie de tous les jours, un homme se blesse
de façon tellement grave, qu'il s'en sort mutilé, taré, ou tout au moins
marqué de graves cicatrices, pas même le meilleur des médecins n'est en
mesure de tout réparer, ou de tout refaire, surtout lorsqu'il s'agit d'un
membre amputé.
Adam s'est amputé lui-même, et par lui-même, de la Grâce, de la vie
surnaturelle, de l'innocence, de l'intégrité, de l'immunité, de l'immortalité
et de la science. Comme chef de file de toute la famille humaine, il a
transmis sa pénible hérédité à toute sa descendance.
Mais l'Humanité, plus chanceuse que l'homme individuel, a pu obtenir sa
guérison par les mérites de Jésus, Rédempteur et Sauveur. Elle a reçu même
davantage: la "re création" dans la
Grâce, qui est la vie de l'âme. À travers les Sacrements que Jésus a
institués, et les vertus transmises par ces Sacrements, à travers aussi mes
dons, il vous a obtenu les moyens qui vous font grandir toujours plus dans la
perfection. Cette perfection atteint son point culminant avec la "super création", c'est à dire la
sainteté.
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152>
Toutefois, même le Sacrifice de l'Homme Dieu, qui pourtant vous a remis les
dons perdus, et vous a fait remonter à l'ordre surnaturel c'est à dire à la
capacité de connaître, aimer et servir Dieu en cette vie, pour pouvoir
ensuite le posséder et jouir de sa présence au Paradis pour l'éternité pas
même ce Sacrifice, dis-je, n'a effacé les cicatrices des grandes blessures
que l'homme s'est infligées volontairement. Surtout la cicatrice de la triple concupiscence, laquelle est toujours prête à
s'ouvrir et à s'infecter à nouveau si l'esprit ne veille pas pour tenir sous
contrôle les passions mauvaises.
J'avais dit aussi : "La connaissance de la Miséricorde
divine". Oui. L'héritage de la Faute vous a obtenu le Rédempteur, mais
aussi, le dévoilement de la Miséricorde de Dieu, la révélation de sa charité,
de sa sagesse et de sa divine puissance.
L'homme, engendré à nouveau comme fils de Dieu grâce à Jésus, connaît ce
qu'Adam ne connaissait pas. Il connaît l'immensité de l'amour du Père,
capable de donner son Fils unique pour qu'il efface avec son Sang le décret
de condamnation de l'Humanité, déchue dans son Chef de file.
Adam en savait long sur l'amour que Dieu avait pour lui. Il le savait par sa
science infuse, mais surtout par la Grâce, qui en l'élevant à l'ordre
surnaturel, l'en avait rendu capable. Tout lui parlait de l'amour divin
autour de lui et à l'intérieur de lui. Par son élection à l'ordre surnaturel,
Adam savait beaucoup aimer. Il savait aimer selon la bonne mesure, celle que
Dieu avait jugée suffisante à le préparer durant la vie pour la vision
béatifique prévue pour après son passage de la Terre au Ciel. Cependant
jamais, pas même dans ses transports d'amour les plus ardents, Adam,
l'innocent, n'a pu atteindre par sa soif de connaître et d'aimer le centre de
la vérité. Jamais il n'a pu s'abîmer dans cette fournaise ardente d'Amour qui
est aussi Vérité. Jamais il n'avait pu posséder la connaissance totale de cette
vérité qui s'appelle Amour Infini.
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153>
L'homme qui vit sur Terre ne peut voir Dieu tel qu'il est. L'Homme Adam qui
venait d'être créé, et qui était riche de toutes sortes de dons, lui non plus
ne pouvait voir Dieu tel qu'il est. Tout lui faisait penser à Dieu. Tout lui
parlait de Dieu. Tout l'attirait vers Dieu. L'homme était tendrement aimé et
tout recouvert de dons qui l'aidaient à aimer. Mais entre l'homme et Dieu il
y a toujours un abîme. Au fait, ce sont deux abîmes qui se regardent, où le
Majeur attire le mineur. L'abîme majeur attire l'esprit de l'abîme mineur,
étincelle devant lui et l'enrichit de ses feux de lumière. Dieu darde ses
lumières sur l'esprit de l'homme comme pour une infusion continuelle de
sagesse.
Pour l'homme, l'Amour divin est un geste d'invitation: le geste de deux bras
et d'un sein qui s'ouvrent et qui s'offrent pour l'étreinte béatifiante.
L'amour humain lui donne des ailes pour oublier la Terre et se lancer vers le
Ciel, vers Dieu qui l'appelle. Mais une loi de justice veut que la rencontre
totale, la fusion, ait lieu seulement
après l'épreuve qui confirme l'homme dans la grâce.
De sorte que, plus l'homme monte vers Dieu, plus Dieu se retire et fuit dans
son abîme sans fin. Ce n'est pas cruauté de la part de Dieu, mais pour garder
active la volonté que l'homme a de le rejoindre, et pour creuser ainsi en lui
une plus grande capacité à être comblée par les fruits de la Grâce, c'est à
dire par Dieu lui-même. En effet, plus l'homme avance activement,
inlassablement, intensément vers Dieu, plus il devient apte à recevoir et à
posséder Dieu et sa très sainte Grâce.
Or j'ai parlé au temps présent. Car telle est toujours la condition de
l'homme face à l'immensité divine, incompréhensible pour l'intelligence de la
créature. Même les plus grands contemplatifs ne sont pas parvenus à la
connaissance de l'Inconnaissable de leur vivant. Ici les noms de Jean et
Paul, deux apôtres déjà rachetés par le Christ, pour qui le Ciel s'est ouvert
jusqu'au troisième et jusqu'au septième degré.
Et aussi Moïse, Ezéchiel, Daniel, qui ont vu respectivement "le dos de
Dieu",
"la lumière laissée par la Lumière infinie", "l'Être
d'apparence humaine" mais qui était "feu d'électre"
et "voix qui se faisait entendre au-dessus du firmament",
"l'Ancien des jours, dont le visage était voilé par le fleuve de feu qui
coulait rapidement devant lui" et qui laissait voir seulement ses
cheveux et ses vêtements.
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154>
Aussi longtemps que Jean et Paul ont été parmi les mortels, ils n'ont pas été
admis à la connaissance de l'Inconnaissable. Les trois autres ont dû attendre
que la Rédemption soit accomplie, avant de pouvoir y accéder.
Mais telle était surtout la condition d'Adam, élevé à l'ordre surnaturel.
Adam était doué, comme vous, rendus et fidèles à la grâce, d'une intelligence
spirituelle capable de se rapprocher beaucoup de la Vérité de Dieu, mais non
pas de connaître le Mystère de Dieu.
C'est seulement par Jésus que l'homme a pu pénétrer plus loin oh, combien
plus loin! franchir les distances, soulever les voiles, s'approcher de
l'ardeur du Foyer Un et Trine, et connaître l'immensité de l'Amour avec une
profondeur restée inconnue à Adam.
Inconnue par mesure de protection.
Dieu a voulu éviter à Adam le risque de répéter le péché de Lucifer, devenu
Satan pour avoir nié l'adoration à l'Amour fait chair. Il a évité de lui
demander d'adorer le Verbe, incarné par amour et par l'œuvre de l'Amour. Si
Dieu eût proposé le futur Christ à Adam, Adam aurait peut être refusé lui
aussi d'adorer le futur Christ, vraie Synthèse de l'Amour trinitaire. Car
Lucifer a prétendu orgueilleusement de pouvoir lui-même racheter l'homme, en
jugeant que sa propre ressemblance avec Dieu était non pas une participation de nature, mais croyait
il substantielle,
donc le rendant l'égal de Dieu en savoir, en puissance et en beauté. Il a
ainsi offensé gravement l'Esprit Saint, dispensateur des lumières, des
vérités et de la sagesse qui se trouvent en Dieu. Or les péchés contre
l'Esprit Saint, qui ont été commis par Lucifer et
par ses compagnons rebelles, comme ils sont encore commis par beaucoup
d'hommes, ces péchés ne sont pas
pardonnés.
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155>
Dieu voulait pardonner à l'homme. C'est pour cela qu'il lui a proposé le test
de l'obéissance. Mais il lui a épargné l'épreuve de l'adoration du Verbe fait
Homme, afin de lui éviter le péché impardonnable. Aussi bien celui de
jalouser le Christ, que celui de la présomption de pouvoir se sauver et de
pouvoir sauver sans passer par le Christ. Ou enfin celui de rejeter comme
impossible la vérité qui vous est connue, à savoir, que l'Incréé pourrait se
faire "créé" en naissant de la femme, que l'Esprit très Pur, qui
est Dieu, pourrait se faire homme en assumant la chair humaine.
Mais vous, non. Vous qui avez été rachetés
par le Christ, qui êtes arrivés après la venue du Christ, et surtout après le
sacrifice du Christ, vous connaissez tout de l'amour de Dieu. Vous savez tout
cela, car le Christ vous a révélé cet amour infini. Il vous l'a dévoilé et
expliqué par sa propre Personne, ainsi qu'avec sa parole, son exemple et ses
actions.
Vous regardez le Christ bébé qui pleure dans une grotte, et vous n'en êtes
pas effrayés. Son indigence même attire votre faiblesse spirituelle, qui ne
se sent ni découragée ni effrayée devant l'Enfant Dieu. Ce Dieu qui s'est
tellement anéanti, lui l'Immense, dans ses petits membres, lui, le Tout
Puissant, dans des membres qui avaient besoin de tous les secours car,
incapables de prendre soin de son organisme.
Vous regardez le Christ enfant, et vous n'en êtes pas effrayés. Sa sagesse
est douce. En peu de mots, il vous indique la voie pour vous rendre avec
sécurité à la Maison du Père: "S'occuper
de ce que Dieu veut, de ce qui lui revient".
Toute la Loi est condensée dans cette phrase brève mais tellement riche en
sagesse. Il vous dit, en s'adressant à ceux qui représentent l'humanité
choisie, si chère au Seigneur: "Ne savez-vous pas qu'il faut faire ceci,
seulement ceci, ceci au-dessus de tout le reste, qu'il faut mettre cet amour
au-dessus de tout autre amour, pour avoir une place au Ciel?".
Le Christ Maître est déjà tout présent dans les paroles brèves qu'il adresse
à Marthe : "Tu t'occupes de trop de choses; une seule est
nécessaire",
et lorsqu'il dit au disciple encore trop attaché aux choses de ce monde:
"Laisse les morts enterrer les morts",
et aussi: "Celui qui, après avoir mis la main à la charrue, se retourne
pour regarder en arrière, n'est pas apte au Royaume de Dieu".
Haut
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156>
Le Christ qui aime sa Mère avec
perfection, ne la fait pas passer avant sa mission. Il dit clairement que
"sa mère et sa famille sont ceux qui font la volonté de Dieu", et
il en donne l'exemple le premier, car l'amour envers Dieu est, comme cela se
doit, toujours le plus grand par rapport aux autres amours, tous, y compris
celui de la Mère très sainte.
Le Christ, c'est bien lui encore qui repousse Pierre, en l'appelant
"Satan" parce que celui-ci le tente à ne pas faire la volonté du
Père.
Et puis le Christ des Béatitudes. Présent dans la dernière: "Bienheureux
ceux qui mettent en pratique la parole de Dieu". Il s'agit encore de la
Loi.
Le Christ, le voilà lorsqu'il apprend à Nicodème comment le vieil homme,
l'homme déchu par l'héritage d'Adam, peut connaître la régénération et voir
le Royaume de Dieu "en renaissant à la vie par l'eau et le Saint
Esprit".
L'eau vous est donnée par le Christ lui-même, l'Esprit Saint vous vient de
l'amour. L'amour, c'est faire la
volonté de Dieu : pour ce qui concerne tous, c'est obéir à sa Loi;
pour ce qui concerne chacun, c'est d'obéir à ses décrets particuliers.
Le Christ est là, qui enseigne la religion vraie, celle qui mérite la récompense
de la divine Justice : "Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé".
Le Christ vous donne Dieu de façon à ce que vous puissiez l'aimer selon votre
manière sensible: "Jusqu'ici, jamais vous n'avez entendu la voix de
Dieu, ni vu son visage. Alors me voici. Je suis celui sur lequel Dieu a
imprimé son sceau. Celui qui me voit, voit celui qui m'a envoyé. Celui qui
m'écoute, écoute le Père. Je n'ai pas parlé en mon nom. J'ai dit ce que le
Père m'a dit de vous dire".
Il vous dévoile l'amour du Père, ce Père qui, à partir de la faute d'Adam,
trouve moyen de vous encourager à un plus grand amour, une connaissance plus
exacte de lui, une union plus étroite: "La volonté de mon Père est que
vous me connaissiez pour celui que je suis: Dieu".
Le Christ, entendez le qui proclame: "Je ne fais rien en mon nom. Je dis
et je fais ce que mon Père veut. Je fais toujours ce qui lui plaît".
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Voyez le Christ Bon Pasteur lorsqu'il dévoile le vrai pourquoi du grand amour
que le Père a pour lui: "Le Père m'aime: parce que je donne ma vie volontairement
pour que vous soyez sauvés. C'est cela
le désir de mon Père, que vous soyez sauvés".
Entendez le Christ lorsqu'il dit, à la veille de sa Passion : "Mon
Père m'a envoyé, et m'a prescrit ce que je dois dire et faire. Je sais que son commandement est la vie
éternelle".
Le Christ, c'est lui qui absout Pilate quand il lui dit : "Tu
n'aurais sur moi aucun pouvoir si ce pouvoir ne te fût donné d'en haut. Pour
cela, celui qui m'a livré entre tes mains est plus coupable de ma mort que
toi".
Mais en réalité celui qui l'abandonnait aux mains des autorités, dans une
divine folie d'amour pour l'homme, c'était son Père, le Dieu infini devant
qui le Fils dit son oraison parfaite: "Que ta Volonté soit faite, et non
la mienne. Que ta Volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel".
C'est Dieu le Père qui permet aux autorités de la Terre de jouer leur rôle le
temps qu'il faut, après quoi ni la force des armes, ni aucune autre force ne
peut les garder au poste de commande.
Oh! Le Christ qui obéit à partir de sa naissance jusqu'à sa mort! Le Christ
qui dit "Oui" avec son premier vagissement, et "Oui" avec
sa dernière parole au sommet du Golgotha. Il est le Verbe du "Oui"
éternel à son Père. Il ne fait jamais peur, il n'effraye pas avec sa loi, il
vous donne l'exemple qui montre que cette loi peut être suivie par l'homme,
vu que lui l'Homme l'a suivie avant même de vous la montrer. Ce Dieu Homme
qui se livre à la mort, aux ennemis, aux insultes, à la fatigue, à la
pauvreté, à la chair ce n'est pas par erreur que J'ai placé la mort en
premier et la chair en dernier, mais parce qu'il a été plus facile pour le
Sauveur d'accepter la mort, que pour le Verbe Dieu d'accepter de se renfermer
dans une chair vous donne, ô hommes, la connaissance de ce qu'est le
Dieu Amour.
Ce Père très divin, qui sacrifie son Fils bien aimé, vous donne la mesure de l'amour de Dieu pour vous.
On a dit: "Il n'y a pas d'amour plus grand que l'amour de celui qui
donne sa vie pour ses amis".
Mais on devrait dire aussi qu'il y a un amour encore plus grand: C'est
l'amour du Père qui sacrifie son vrai et unique Fils pour sauver la vie de
ses enfants adoptifs qui, tels de vrais enfants prodigues, ont volontairement
abandonné la maison paternelle, se sont rendus malheureux et ont fait
souffrir le Père.
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Voilà de quel amour Dieu vous a aimés. Il a sacrifié son Fils Unique pour
sauver l'Humanité coupable, cette Humanité qui, de même qu'au commencement
des jours, lorsqu'elle jouissait du beaucoup qu'elle avait reçu de Dieu
gratuitement, n'a pas su lui témoigner ni reconnaissance, ni obéissance, ni
amour. Pareillement aujourd'hui elle ne lui témoigne ni reconnaissance, ni
obéissance, ni amour, même si depuis vingt siècles elle reçoit plus que
beaucoup, car elle reçoit le Tout, l'Immense, Dieu s'étant livré lui-même
dans sa Deuxième Personne.
Après avoir médité tout cela, il est doux de conclure que même si le
châtiment a été grand, sans toutefois être injuste, la Miséricorde a été
encore plus grande, infiniment plus grande que le châtiment. En plus de vous
rendre les dons, dont Adam vous avait fraudés, de vous les rendre au prix de
sa Douleur, de son Sang et de sa Mort sur la croix, cette Miséricorde se
donne elle-même à vous dans la Sainte Eucharistie. Elle met à votre
disposition les eaux de la Vie dont elle est la source, une source qui
jaillit et monte jusqu'au Ciel. Elle vous donne sa douce Loi d'amour, son
exemple, son Humanité, sa Divinité, son Esprit Saint. Son Humanité vous est
donnée pour que, grâce à elle, il soit plus facile à votre humanité de
l'aimer. Sa Divinité vous est donnée pour que, grâce à elle, son Père entende
vos prières comme si elles sortaient de la bouche même de son Fils bien aimé
qui habite en vous. Son Esprit-Saint, vous est donné pour que, grâce à ses
dons, les vertus infuses au Baptême soient puissamment aidées à se développer
et se perfectionner. Ces dons aident puissamment le chrétien à vivre sa vie
chrétienne, c'est à dire sa vie divinisée, sa vie de fils de Dieu. Même si
ces dons n'effacent pas vos mauvais penchants, ils vous transmettent
néanmoins la force de les contrôler, de sorte que pour vous, ces penchants
qui sont un mal, deviennent un "bien". C'est à dire héroïsme, moyen
de victoire, couronne et habit de gloire.
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