Le contexte de l’article.
Quand il
écrit cet article, le Père Berti est très malade. Il mourra d’une crise
cardiaque 10 mois après (le 15 décembre 1980). Cet important article de 13
pages constitue son témoignage ultime et, en quelque sorte, son testament
spirituel.
Il l’a probablement dicté à un de ses « assistant » qui le
secondait, car les répétitions que l’on retrouve plusieurs fois est typique
du fil de la pensée qu’on suit sans le contrôle de la lecture.
Il intervient sous le pontificat de Jean-Paul II. L’hostilité du Saint-Office
est un lointain souvenir, mais le Père Berti y fera quelques allusions
sévères cependant.
Au début des années 1980 une nouvelle polémique se fait jour. De mai 1979 à
février 1980, la Chiesa viva de Brescia (Lombardie), un mensuel catholique
lance une série de critiques très pointues destinées à justifier, selon lui,
sa condamnation par le Saint-Office. C’est à ce
moment que le Père Berti écrit cet article. On y lira plusieurs allusions.
Le Père Berti, comme Segno dei tempi, un bimestriel de Montefranco (Terni, Ombrie) qui réfutait les attaques, ne
savent pas répondre à toutes les objections, très techniques, lancées. Leur
défense consiste alors à relativiser les points attaqués, ce qui se justifie.
Mais depuis la recherche a largement confirmé les positions de Maria Valtorta
et donné tort à ses détracteurs. On peut s’en convaincre en relisant
l’article sur la critique de l’ivraie de la parabole (EMV 181) et sur
l’anachronisme apparent de Galien (EMV 129).
C’est en 1985 que la question d’un prêtre au cardinal Siri, entrainera la
réponse réservée du cardinal Ratzinger, nouveau Préfet de la congrégation
pour la Doctrine de la Foi.
Mais l’intérêt de cet article, envoyé par la Fondation de Viareggio, réside
surtout sur les quelques éléments inédits qui éclairent « l’énigme
Valtorta » comme le qualifiait Jean-François Lavère
et sur les positions affirmées que prend le Père Berti.
Cet article resté longtemps inédit vient de resurgir opportunément au moment
où une enquête sur les vertus héroïques de Maria Valtorta a été confiée à un
prêtre du prestigieux Vicariat de Rome.
L’ARTICLE.
Haut de page.
(VITA
CRISTIANA)
RIVISTA DI ASCETICA E MISTICA
1980 – Anno 49°
N° 3 Juillet-Septembre
Témoignage
oculaire sur Maria Valtorta
Dates et circonstances de la rencontre
avec Maria Valtorta.
Haut de page.
Me
préparant à écrire un témoignage oculaire sur Maria Valtorta, je ressens avec
regret et honte le besoin de me présenter d'abord brièvement mais
suffisamment, afin que les lecteurs ou auditeurs puissent un jour se rendre
compte de la valeur ou de la nullité de mon témoignage.
Je suis né à Florence en 1911 [le 17 mars] et j'ai passé ma prime jeunesse à
l'ombre de la Basilique Sanctuaire de la Santissima-Annunziata
où reposent maintenant, en attendant la glorieuse résurrection, les ossements
de Maria Valtorta. Dans ce
sanctuaire, peut-être le jour même de ma première communion, j'ai ressenti l'appel
au sacerdoce, dans l'ordre des Servites de Marie. Puis en 1928 je
suis allé à Rome où je suis toujours (1980) avec pour seule parenthèse 5
années passées à la Faculté de Théologie de l'Université Catholique de
Louvain, où j'ai appris à aimer la rigueur scientifique, alors qu'en tant que
jeune homme, séjournant à Rome, et fréquentant ce qui s'appelait alors
l'Université Pontificale Urbanienne de Propaganda
Fide, j'ai appris à penser avec ma propre tête, à avoir des idées claires
et à essayer de présenter ces idées avec une rigueur logique.
En 1945, j'ai commencé à fréquenter certains hôpitaux à Rome et je les ai
fréquentés, aussi longtemps que ma santé me le permettait, pendant plus de 30
ans. En 1946 vint à Rome un pieux prêtre de l'ordre des serviteurs de Marie,
donc un de mes frères, le Père Romualdo Maria Migliorini. Il avait été envoyé
à Rome, presque en guise de punition et aussi pour
qu'il cesse de s'occuper de Maria Valtorta. Au lieu de cela, à Rome, il a
trouvé en moi son assistant le plus affectueux et le plus fidèle. Voyez
comment le Seigneur, lorsqu'Il permet une tribulation ou une humiliation, le
fait toujours pour le bien. Donc, en 1946, j'ai rencontré le père Romualdo
Maria Migliorini. Il fut notoirement le directeur spirituel puis l'humble
dactylo de Maria Valtorta.
Le Père Migliorini était vieux et surtout il était malade. Il m'a demandé de
l'aider et moi, non par fanatisme, non pour m’associer à celui qu’on appelait
le "directeur spirituel du porte-parole de Viareggio", mais
seulement pour aider un frère malade, je me suis associé à lui et je suis
devenu son assistant fidèle et travailleur.
Je suis donc un témoin oculaire de Maria Valtorta. Pourquoi ? parce que le
Père Migliorini ne pouvait pas, parce ce que cela lui était interdit,
remettre les pieds en Toscane. Celui qui a donc commencé à aller chez Maria
Valtorta, en 1946, c'était moi. De 1946 à 1961, au moins une fois par mois,
je suis allé chez Maria Valtorta. J'affirme qu'à mon arrivée, je n'ai jamais
été laissé devant la porte, mais immédiatement invité à entrer.
En entrant, je n'ai jamais trouvé la malade Maria Valtorta avec ses jambes
hors du lit, jamais assise sur une chaise, jamais à une table, jamais avec un
livre à la main, mais toujours au lit, assise ou à moitié couchée.
Je l'ai observée pendant 16 ans. Je ne l'ai jamais trouvée en train
d'étudier, je ne l'ai jamais trouvée en train de lire des livres de théologie
ou en tout cas des livres qui pourraient en quelque sorte être utilisés pour
composer les grandes œuvres qu'elle composait alors. Maria Valtorta a donc
écrit plus de 120 cahiers, mais jamais
après avoir consulté des livres. J'en suis un témoin oculaire.
Un jour, un frère franciscain est venu me voir et m'a dit : "Je veux
voir les veux qui ont vu Maria Valtorta". J'ai enlevé mes lunettes et
j'ai dit : "Regarde ces veux verts comme ceux des chats, ces yeux ont vu
Maria Valtorta, comme ces oreilles ont entendu Maria Valtorta".
Réfutation des critiques.
Haut de page.
Je commence
tout de suite par une déclaration qui me semble très importante. Surtout ces
derniers temps, les articles ou commentaires sur les écrits de Maria Valtorta
se multiplient. Je n'ai pas encore lu les articles écrits par le professeur Fabrizio
Braccini de l'Université de Salerne parce que je
suis malade, dis-je (comme il semble). Je ne les ai pas encore lus mais j'ai
entendu dire, de la part de personnes préparées, honnêtes et compétentes,
qu'ils sont bien faits et, le moment venu, en les lisant ou en les faisant
lire, je souhaiterais moi aussi en prendre personnellement connaissance.
D'autres, en revanche, font peur parce qu'ils sont terriblement superficiels.
Par exemple, il y a ceux qui disent (comme les articles qui cherchent la petite
bête, ceux qui paraissent sans relâche dans le magazine Chiesa
Viva, de Brescia) disent que les écrits de Maria Valtorta sont une vie de
Jésus, mal romancée.
Tout d'abord, les écrits de Maria Valtorta, à mon avis, ne sont pas du tout
un roman. Le Poème pourrait peut-être aussi s'appeler un roman en tant que
mise à disposition, mais d’une vie magnifiquement
romancée de Jésus, pas mal romancée, comme celui qui a utilisé cette
expression pour la première fois. Il faut dire
plutôt magnifiquement romancée, excellemment romancée, artistiquement
romancée, pas mal romancée.
D'ailleurs, pourquoi appeler cela un roman ? - Maria Valtorta ne
mérite-t-elle pas d'être estimée, ne mérite-t-elle pas d'être considérée,
surtout aujourd'hui avec le respect tant annoncé de la personne humaine ?
Les visionnaires de Lourdes, les visionnaires de la Salette, les visionnaires
de Monteberico, les visionnaires de Fatima, les
visionnaires de Guadalupe ont été écoutés et considérés ; pourquoi
n'écouterions-nous pas aussi Maria Valtorta ?
- Écoutons-la un instant, écoutons-la, suspendus aux lèvres d'un témoin
oculaire. - Maria Valtorta a toujours dit que ce qu'elle écrivait était le
fruit de visions surnaturelles ou de dictées surnaturelles.
Pourquoi exclure ces propos répétés, perpétuellement répétés par Maria
Valtorta ? - Pourquoi les exclure ? On ne les prend même pas en
considération, pourquoi ?
Et puis, même si l'on voulait affirmer que le Poème de l'Homme-Dieu
est une vie magnifiquement romancée de Jésus, on ne peut en aucun cas
affirmer que les autres œuvres, à savoir : "Le Livre d'Azarias" est
un roman , il n'a rien de fictif. "Les Cahiers
de 1943" ne sont pas un roman, ils n'ont rien de fictif. "Les
leçons sur l'épître de Paul aux Romains" n'ont rien de romanesque. Le
volume qui va sortir : "Les Cahiers de 1944" n'ont rien de fictif.
Le dernier tome qui sortira, si Dieu le veut, dans quelques années, qui sera
constitué de "Divers écrits valtortiens", écrits entre 45 et 53, un tome qui
n'aura rien de fictif ; il n'est donc pas possible d'expliquer le phénomène
valtortien en le présentant comme un roman, même magnifiquement conçu, ce
n'est pas possible ! - Parce qu'il faut, avec respect, sinon accepter, du
moins méditer les mots toujours répétés par Maria Valtorta : "Ce que
j'ai écrit est dû à des visions surnaturelles, c’est dû à des dictées
surnaturelles".
J'en suis témoin, d'une certaine manière, non pas parce que j'ai vu des
manifestations surnaturelles se tenir à côté de Maria Valtorta, non ! - Mais
parce que parfois, en lisant les écrits de Maria Valtorta et en allant vers
elle, je lui disais : "Mademoiselle, mais cette phrase n'est pas très
claire". Elle la regardait, vérifiait ses cahiers et disait parfois :
"Oui, ce n’est pas clair parce que vous avez mal tapé à la machine. Le
cahier dit ceci et cela, vous avez mis un - non - et avec ce - non - vous
avez fait surgir une erreur ou une obscurité".
Ou Maria Valtorta disait : "Oui, la phrase n'est pas claire,
clarifiez-la vous qui êtes théologien". Elle,
ne pouvait pas clarifier cette phrase. Pourquoi ? - Parce qu'elle disait
: "Tant que la lumière de la vision et de la dictée est allumée, je suis
capable d'écrire ; mais quand cette petite lumière de la vision et de la
dictée, quand cette lumière s'éteint, quand cette voix s'éteint, alors je ne
sais plus écrire".
Combien de fois m'a-t-elle dit cela ! -. Maintenant, donc, et par la suite,
il faudra se souvenir de cette affirmation de Maria Valtorta, que son
phénomène s'explique par des visions et des dictées ; et cette affirmation de
Maria Valtorta ne peut être exclue qu'après avoir démontré qu'il ne s'agit
certainement pas de visions et de dictées.
Peut-être que quelqu'un dans les livres de Maria Valtorta trouvera des
imperfections, trouvera aussi des erreurs et dira : "Ici ce n'est pas
dicté par Dieu, ici ce n'est pas montré par Dieu parce qu'il y a une
obscurité, et quelle obscurité ! il y a une erreur, et quelle
erreur !"Mais pour pouvoir dire cela il faudra tout d'abord être
compétent dans les différentes branches de la connaissance, car un théologien
dogmatique [ce qu’était le P. Berti] ne pourra pas juger dans le domaine
liturgique et un hagiographe ne pourra pas s'exprimer dans le champ biblique.
Mais même si une personne compétente parvient à trouver quelque erreur
doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta, il faudra toujours se rappeler
qu'il n'y a personne sur la face de la terre qui soit toujours infaillible.
Même l'infaillibilité du Pape et l'infaillibilité des Conciles œcuméniques
ont de justes limites bien définies par la théologie, bien définies aussi par
la Constitution dogmatique du Concile Vatican I sur la primauté du Pape et
son infaillible Magistère.
Je crois que Maria Valtorta a été très préservée des erreurs, mais on ne peut
pas affirmer qu'elle a toujours été préservée en tout, car Maria Valtorta
aussi pouvait mal voir, mal comprendre, mal écrire, mal décrire. Celui qui a
mu la main (je pense qu’il est possible de le dire) était Dieu, mais la plume
(Elle s'appelait elle-même la plume de Jésus) la plume pouvait aussi parfois
être rouillée par la maladie, par la fatigue, par la nuit, par la fatigue
d'écrire, cette plume a pu parfois être aussi rouillée.
Par conséquent, ceux qui, avec une effrayante superficialité, semblent
affirmer que Maria Valtorta devait être infaillible, commettent une grave
erreur. Au lieu de chercher la petite bête, nous sommes frappés par cette
Œuvre de sagesse et de miséricorde qu’est il
Poema dell'uomo Dio
(L’Évangile tel qu’il m’a été révélé) et qu’est l'ensemble des écrits
valtortiens ; et nous pensons que cette Valtorta a écrit au lit ; elle
écrivait avec peu de lumière ; elle écrivait à toute heure du jour ou de la
nuit ; elle a également écrit pendant de nombreuses heures et peut donc
parfois avoir fait des erreurs, notamment dans la description ou l'écriture.
Qui est infaillible par écrit ? - Qui peut à la place de "moi [mi]"
ne pas écrire "non" ? - Qui ne peut jamais se tromper en écrivant ?
Ce serait un miracle extraordinaire si Maria Valtorta ne s'était jamais
trompée ; quel miracle extraordinaire ce serait.
L’avis du Père Berti sur les écrits
de Maria Valtorta.
Haut de page.
Que dis-je
du phénomène Valtortien ? - Je veux m'exprimer avec la plus grande sérénité,
sans fanatisme. Je déteste le fanatisme. Je veux que ce manque absolu de
fanatisme soit en moi aussi à l'égard de Maria Valtorta ; d'autant plus que
je n'ai servi que Maria Valtorta. Je n'ai pas été son directeur spirituel,
comme certains l'ont dit à tort. Je n'étais pas son confesseur. Cela fait que
mon témoignage vaut un peu moins et un peu plus. Un peu moins parce que c’est
le témoignage de quelqu'un qui ne connaissait pas le fond spirituel de l'âme
de Maria Valtorta. C'est un peu un inconvénient, un peu de ma faiblesse, mais
c'est aussi ma force car je ne suis lié par aucun secret quelconque,
sacerdotal ou professionnel. Je peux parler librement de Maria Valtorta parce
que je n'ai pas dirigé son âme, je n'ai pas écouté ses vertus et ses péchés.
Je n'ai pas été son directeur spirituel et je n'ai pas été son confesseur.
Qu'ai-je donc fait pour Maria Valtorta ? Je n'ai lu les écrits qu'une seule
fois.
Je me souviens qu'un de mes chers amis, Don Franco Bertolotti,
un moine de Subiaco, connait une personne qui a lu le Poème et tous
les écrits 18 fois. Je suis toute petit, une fourmi, je n'ai lu qu'une seule
fois tous les écrits, pour servir, pour annoter. J'ai écrit les premières
notes nécessaires en 1959, puis j'ai écrit toutes les notes à partir de 1960
jusqu'à aujourd'hui 1980 : 20 ans de travail dont 15 de travail intense
du matin au soir.
Ces dernières années, souffrant maintenant de maladies graves, je travaille
moins et surtout je ne travaille jamais seul mais avec un assistant, car
après les maladies dont je vais parler j'avais besoin d'être aidé, et un
noyau de confrères m'a aidé et me soigne, avec quelques laïcs auxquels je
suis très reconnaissant. Parmi ces aides, je me souviens du Père Maggi, du
Père Choote, du Père Crociani,
du Père Tartamella, du Père Maggioreni,
du Père Lai, du Père Curti Vay. Ils m'ont aidé.
J'ai fait les notes théologiques, surtout les notes bibliques et j'ai
remarqué 2 choses très importantes :
1) Maria Valtorta dans ses écrits est toujours en harmonie avec la foi, elle
est toujours en harmonie aussi avec la doctrine catholique la meilleure et la
plus accréditée, toujours en harmonie avec la Révélation divine, toujours en
harmonie (ou du moins pas en désaccord) avec la meilleure doctrine
catholique.
Les livres de Maria Valtorta peuvent se lire tranquillement, ils éclairent,
ils enflamment, ils ne s'éloignent jamais de la Foi, ne s'éloignent jamais de
l'Église, ne s'écartent jamais de ce que nous croyons être la doctrine la
plus solide, la plus sérieuse, acceptée en l'Église catholique, même en ce
temps de pluralisme (comme on dit).
2) Une autre considération importante. Je n'ai lu qu'une seule fois, comme je
l'ai dit, les écrits de Maria Valtorta, mais pour les annoter. Mais je les ai
lu en les étudiant, je les ai lu en les pénétrant,
je les ai lu en les pesant, je les ai lu en les classant, cherchant la
difficulté, les points à éclaircir et étant impressionné par les perles
merveilleuses ou d'une clarté majeure, ou même, d'une certaine manière,
l'achèvement de ce que nous savions mais ne savions pas avec une telle
complétude. Je me souviens d'un vieux saint, le grand protecteur des écrits
valtortiens, l'archevêque de plus de 100 ans, Alfonso Carinci, qui
disait : "Je n'ai jamais lu un écrit aussi parfait, aussi clair et
profond sur le Purgatoire".
Lui qui disait, pensant à la faillibilité de Maria Valtorta : "La fille
a peut-être mal compris, peut-être mal vu, peut-être mal écrit". - Voyez
l'admiration et la pondération. Ce sont ces hommes qui ont compris les écrits
de Maria Valtorta et ce sont ces hommes qui ont su parler avec compétence des
écrits de Maria Valtorta.
J'ai dit, humblement et avec vérité, que j'avais lu les écrits de Maria
Valtorta pour les servir ; mais j'ai un avantage sur tout le monde :
j'ai lu tous les écrits de Maria Valtorta, même ceux inédits. Un bon volume
va bientôt paraître : Les Cahiers de 1944. Je les ai lus, une seule
fois, pour les annoter, mais je les ai lus.
Dans deux ans, sortira peut-être le dernier volume des écrits scientifiques
de Maria Valtorta, un volume de « mélange » d'écrits entre 1945 et
1953. Je les ai lus. Personne ne les a lus. De même, il y a la correspondance
entre Maria Valtorta et le professeur Ferri.
Le Prof. Ferri, un grand sculpteur, peintre et dessinateur, mon cher ami, je
l'ai présenté à Maria Valtorta et Maria Valtorta, en 1950, a commencé à le
recevoir chez elle et à lire un passage, ou à raconter le contenu d'un
passage ou à raconter un fait ou à expliquer un personnage et à guider le
Prof. Ferri.
Ce sont des choses qui sont écrites ici et là mais ensuite elles ont toutes
été rassemblées dans les lettres que j'ai lues. Maria Valtorta a
effectivement dirigé le professeur Ferri.
Monseigneur Cerri, de Nettuno,
a publié un beau livre intitulé "Le Saint Suaire et les intuitions
mystiques de Maria Valtorta". Mais quand, si Dieu le veut, paraîtra le
volume de la correspondance Valtorta-Ferri, il faudra que Mons. Cerri fasse une nouvelle édition refondue de son beau
livre, car dans la correspondance Valtorta-Ferri et vice versa, il trouvera
de nombreux éléments concernant à la fois le Suaire, mais aussi la Passion de
Jésus, les Apôtres et d'autres personnages. Pensez, dans ces lettres on
trouve la description des nez et des oreilles des Apôtres, pour dire le
niveau de détails.
Valtorta a guidé le professeur Ferri dans les moindres détails puis lui a
dit : "Arrêtez, ne touchez plus à rien, ça gâche tout" et
Ferri est retourné à Rome et quand il était à Rome, écrit-il, il n'était plus
capable de travailler comme lorsqu'il travaillait à Viareggio, à côté du lit
de Valtorta, illuminé et guidé par l'esprit et les mots de Valtorta
elle-même.
Ce sont des éléments très importants, inconnus de presque tout le monde. Peu
de gens, des témoins oculaires comme moi, sont au courant de ces détails,
mais d'autres ne sont pas connus. Il n'est donc pas possible de juger
sommairement le phénomène valtortien qui est grand et dont nous, comme les
italiens, devons être fiers.
Je me souviens que lorsque des personnes non éclairées ont voulu mettre fin
au phénomène valtortien, détruire tous les manuscrits, détruire tous
les tapuscrits, je suis allé voir le président de la République italienne
Luigi Einaudi et lui ai dit : "Excellence, sauvez, avec votre pouvoir de
Président de la République, sauvez ce monument national littéraire et
spirituel italien qu'est l'ensemble des écrits de Maria Valtorta".
À dire vrai, il m'a accueilli très gentiment, mais ensuite il n'a rien fait.
Mais le Seigneur a pourvu, et petit à petit, les écrits de Maria Valtorta,
non seulement ont été cachés et conservés, mais ils ont également été publiés
par la Maison d'édition Pisani d’Isola del Liri, près de Frosinone, en Italie, et maintenant on peut
dire qu'ils se sont répandus un peu dans toutes les nations, car dans toutes
les nations du monde il y a des prêtres qui ont étudié en Italie et dans
toutes les nations du monde il y a des émigrants italiens. Ils sont des
millions d'émigrants italiens dispersés presque partout dans le monde ; et
partout, on peut le dire, les écrits de Maria Valtorta se sont répandus.
Quelques travaux sur Maria Valtorta,
dont ceux du Père Berti.
Haut de page.
Et
maintenant, je veux vous parler de mon dernier travail. Pardonnez-moi, c'est
mon témoignage, excusez-moi si je parle de ce que je sais.
En 1979 j'ai eu l'inspiration, disons, d'écrire mes Mémoires valtortiennes,
vu aussi ma mauvaise santé (deux crises cardiaques, une thrombose, deux
cataractes, quatre fois aux urgences) j'ai toujours pensé que le Seigneur
pourrait me rappeler d'un instant à l'autre et j'ai pensé à écrire mes
Mémoires valtortiennes que j'ai écrit l'année dernière. Un volume d'environ
400 pages. Ce ne sont pas des pages pleines, il y a beaucoup d'espaces vides,
car je l'ai écrit sous forme de dictionnaire, en réservant une page pour
chaque personne, même si je ne pouvais écrire que 4 ou 5 lignes sur cette
personne. Quatre cents pages. Maintenant, j'étudie ce travail pour voir si je
peux faire des compléments et j'ai trouvé, pour l'instant, 27 autres éléments
à ajouter et je les ajoute progressivement.
Ce dictionnaire du peuple valtortien, que de belles expressions il
contient ! Je me souviens d'une : la professeure Giuseppina
Azzaro, spécialiste de Sainte Catherine de Sienne, ce grand docteur de
l'Église. Un jour, je suis allé écouter une conférence de la professeure
Azzaro et de son mari, l'hon. Avocat Giuseppe, Sous-secrétaire aux Finances.
Tous deux ont parlé, dans des conférences séparées, de sainte Catherine de
Sienne. Après la conférence, je me suis approché de la Dame pour lui faire un
compliment, pour leur faire plaisir, car ils avaient vraiment été excellents,
mais aussi pour leur parler ensuite de Maria Valtorta, j'ai dit :
"Professeure, maintenant dans l'Église nous avons une autre Docteure de
l'Église, C'est Maria Valtorta, une deuxième Catherine". La Professeure
m'a répondu : "Non, mon père, Maria Valtorta n'est pas une seconde
Catherine, Maria Valtorta n’a pas son pareil, c'est un phénomène
unique." Beaucoup de ces expressions se retrouvent dans ce livre que
j'ai écrit sur les Mémoires de Valtorta.
Ce livre est maintenant confidentiel, disons, car je n'en ai fait que très
peu d'exemplaires et je les ai donnés aux personnes que je respecte le plus
dans le domaine valtortien et qui seraient bien avisées d'écrire aussi leur
propre déposition, comme je le fais, leur propre témoignage oculaire sur
Maria Valtorta.
L'une est Mademoiselle Marta Diciotti, qui a vécu pendant environ 30 ans à
côté de la malade Maria Valtorta, à un mètre de là, ou à un centimètre parce
que le lit de Marta n'était peut-être même pas à un mètre de celui de Maria,
et elle l'a aidée dans tout, sauf une chose : elle ne l'a jamais aidée
en une seule chose : elle ne l'a jamais aidée dans l'écriture, parce que
Marta n'a jamais donné à Maria Valtorta un livre à étudier, à recopier.
La très petite et méprisable, si on peut dire, bibliothèque de Maria Valtorta
(deux ou trois cents fascicules) était fermée à clé et la clé gardée par la
terrible mère.
Maria Valtorta n'a donc rien pu lire pour cela. Elle ne pouvait pas sortir du
lit et Marta ne lui a pas donné de livres car il était interdit de donner les
livres comme il était interdit d'ouvrir la petite bibliothèque de livres.
Toutes les belles choses que beaucoup ne connaissent pas et ils disent pourtant
en quatre mots que le phénomène valtortien est un phénomène d'écriture de
roman seulement, ou quelque chose de similaire. Quel roman ? Mais quand le
grand Manzoni écrivait, il corrigeait et corrigeait. Valtorta a écrit du
premier jet et n'a jamais corrigé les écrits mystiques. Dans ses lettres
personnelles oui, il y a beaucoup de corrections, mais dans les écrits
mystiques il n'y a pas de corrections.
Le grand Pie XII, ce pape très sage, si favorable à Maria Valtorta, m’a dit,
je l'ai entendu de mes oreilles : "Publiez cet Œuvre telle qu'elle est.
Celui qui lira comprendra !"
Le très sage Pie XII corrigeait et rectifiait, et confia à son ami Mgr
Alfonso Carinci : "Votre Excellence, parfois, pour choisir un mot, j'y
passe une heure". Valtorta n'y restait pas une minute. Sur chaque mot,
elle passait le temps strictement nécessaire pour écrire ce mot. Elle ne
réfléchissait pas. Si elle était interrompue, elle reprenait –
"Mademoiselle, que dois-je donner au cordonnier qui a ressemelé les
chaussures ?" - "Donne deux mille lires" - et
immédiatement elle recommençait à écrire ses écrits mystiques. Qui est
capable de ça ? - "Mademoiselle, comment fait-on la soupe de poisson
?" – Come çà et comme çà ; puis elle reprenait l'écriture.
J'ai vécu dans une Faculté de Théologie parmi les professeurs, pendant 50
ans, et parfois je vais frapper à la porte d'un professeur et je le trouve
plongé dans ses études et il me dit : "Va-t'en,
va-t'en, je perds mon fil, tu m’as fait perdre le fil". Maria Valtorta
n'a jamais perdu le fil, et n'a pas corrigé. Mais c'est un phénomène ! Cela
doit être étudié ! On ne peut pas expliquer ou croire qu’on explique en
lançant seulement une phrase : "c'était une personne qui avait le
talent d'un romancier !" Je pense avoir tout expliqué. Ce n'est pas
vrai ! D'abord parce que j'ai dit que toute la production valtortienne
n'est pas de nature romanesque. Si le Poème est une vie de Jésus magnifiquement,
admirablement romancée, le reste ne peut pas être expliqué de cette
manière ; ne peut absolument pas s'expliquer ainsi.
Il faut tenir compte de ces humbles confessions de Maria Valtorta, et ne pas
exclure ce qui dans l'Église de Dieu n'est pas exclu, car il n'est pas exclu
que de nombreux sanctuaires soient nés suite à un ordre de la Madone, ce
n'est pas exclu ! Pourquoi, s'il n'est pas exclu que Notre-Dame ait parlé à
tel endroit ou à tel autre, il faut nécessairement exclure qu'elle ait parlé
à cet autre endroit, à cette autre personne ?
Cette façon d'agir n'est pas scientifique, elle n'est pas scientifique !
C'est superficiel ! C'est bon seulement pour ceux qui se satisfont de tout,
mais c'est superficiel, ce n'est pas scientifique, ce n'est pas rigoureux, ce
n'est pas humble, ce n'est pas ce qui tient compte de la dignité due à toute
personne humaine.
Je reviens un instant en arrière. J'avais parlé plus haut de la
correspondance Valtorta-Ferri et vice versa ; Je me souviens des lettres
Bottai-Valtorta et vice versa.
Qui était ce Bottaï ? Il était fonctionnaire des
chemins de fer d'État ; très pointilleux, et dans ses lettres il soumet Maria
Valtorta à un interrogatoire serré. Par exemple, il lui a demandé : -
"Combien de fois avez-vous vu notre Seigneur Jésus-Christ ?" - Et
Maria Valtorta a répondu, je ne sais pas comment elle a fait : "720"
; peut-être l'Avertisseur Intérieur le lui avait-il rappelé, celui qu'elle
appelait son Moniteur interne, c'est-à-dire son Ange Gardien, Azarias. Ce
peut cependant être aussi : "J'ai vu Jésus 720 fois" tout
simplement.
Maria Valtorta était très simple et on ne peut exclure qu'elle ait dit la
vérité puisque nous savons (au moins nous les témoins oculaires le savons)
qu'elle n'a pas menti, sinon peut-être, quand on s’était absenté, presque à
contrecœur, comme il arrive à tous les mortels.
J'ai dit que j'avais écrit mes Mémoires valtortiennes qui, pour l'instant, ne
sont pas connues, car j'en ai fait peu de copies et les ai données ; au Prof.
Albo Centoni de
Viareggio, parce qu'il les concerne, surtout d'un point de vue littéraire, en
supprimant toutes les erreurs ou horreurs littéraires ; un autre exemplaire
que j'ai donné à Marta Diciotti, susmentionnée, qui ayant vécu aux côtés de
Maria Valtorta pendant environ 30 ans, sait tout de Maria, elle est donc
capable de combler mes lacunes et de corriger mes éventuelles erreurs ; un
autre exemplaire a été envoyé à M.T.M., une personne
mystérieuse, qui aime beaucoup rester dans l'ombre et qu'il faut laisser dans
l'ombre ; c'est une religieuse cloîtrée, une amie proche de Maria Valtorta.
Je ne sais pas si cette M.T.M. les lira, parce qu'elle est âgée, parce
qu'elle est malade ; je ne sais donc pas si elle lira mes mémoires et les
corrigera ; cependant, par respect et en considération de sa valeur, je les
lui ai fait parvenir pour que, si possible, mes souvenirs personnels puissent
être archivés, complétés et perfectionnés.
Je ne sais pas si un jour ils seront publiés, mais je sais que le professeur Albo Centoni susmentionné a
interrogé tous les témoins oculaires ; il a
enregistré les dépositions de tous les témoins oculaires sur un magnétophone
et a préparé un volume avec les dépositions de tous les témoins oculaires.
Qui sait, peut-être qu'un jour un tel volume avec les miennes pourra voir la
lumière, je ne sais même pas, cependant, si cela a été fait.
Le volume susmentionné de mes mémoires a également été remis, en copie, au Dottore Emilio Pisani, très méritant, car son père, le Cavaliere Michele Pisani s'est mis à publier les livres
de Maria Valtorta lorsqu'ils étaient, pour ainsi dire, condamnés à mort. Il a
fait une grande œuvre de foi et de confiance.
Je me souviens encore que j'avais prédit au Cav. Pisani la catastrophe, mais le P. Migliorini m'a
interrompu en me disant : "Cela fait 3 fois qu’on le prévient,
maintenant ça suffit !" - Et je me suis tu. Le Cav.
Pisani, en 1950, a commencé à préparer les ébauches de la première édition.
Depuis 1960, celui qui s'occupe des écrits de Maria Valtorta est le fils du Cav. Michele, c'est le docteur en droit, bien préparé,
Emilio, qui a veillé à ce que les volumes de la deuxième édition et des
éditions suivantes soient tous strictement conformes aux originaux
valtortiens ; donc les volumes que nous pouvons lire tranquillement. Ils
représentent, avec toute la perfection permise aux gens de ce monde, bien
sûr, ils représentent l'Œuvre telle qu'elle est sortie de la plume de Maria
Valtorta, telle qu'elle est contenue dans les cahiers autographes de Maria
Valtorta.
Marta a passé les [122] cahiers au Dott. Pisani qui
les fait reproduire exactement dans les ébauches puis dans l’impression.
J’ai donc supplié aussi le Dott. Emilio Pisani, de
revoir mes Mémoires valtortiennes, surtout parce qu'il connaît tout l'écho
que ces livres produisent chez des milliers et des milliers de lecteurs, avec
lesquels il entretient des relations étroites.
J'aimerais vraiment que mes Mémoires Valtortiennes soient circonscrites,
perfectionnées et complétées et qu'à l'avenir elles puissent également être
publiées, mais avec toutes les autres Mémoires Valtortiennes, afin que les
futurs chercheurs ne manquent de rien, qu’ils aient toute la production
littéraire, mais aussi tout ce qui, de quelque manière que ce soit, puisse
les aider.
D'après ce que nous venons de dire, il apparaît que pour écrire sur Valtorta,
il faut être bien informé et ne pas procéder superficiellement. Pour
comprendre la complexité du phénomène et surtout d'un point de vue
historique, géographique et doctrinal, il peut être utile de consulter les
index, notamment la carte géographique soigneusement préparée par M. Hopfen, un ingénieur allemand de la FAO, avec environ 25
éditions.
Toujours consulter l'index précis du Poema
dell'Uomo-Dio. Pour les autres livres
valtortiens, en revanche, il faut tenir compte des index préparés par le Dott. Emilio Pisani.
Pour avoir un aperçu et aussi une idée détaillée de la doctrine valtortienne,
consultez l'Index des notes [jointes] aux écrits valtortiens publiées jusqu'à
la fin de 1975 et préparé par le P. Corrado M. Berti O.S.M.
Conclusion.
Haut de page.
Ce sera
court et concis. Quelques lignes.
En philosophie, il y avait et il y a peut-être encore un principe
métaphysique sévère : "Effectus non est maior sua causa", c'est-à-dire que l'effet ne peut
être supérieur à sa cause.
Maria Valtorta était intelligente, écrivaine de naissance et bien éduquée.
Mais sa culture ou sa préparation, à la fois lointaine et proche, était
certainement bien inférieure à celle qu'il manifeste dans sa production
spirituelle ou doctrinale ou mystique, si l'on préfère (10 volumes du Poème
et 5 d'autres sujets théologiques ou spirituels divers).
Seuls l'Autobiographie et les autres écrits épistolaires et autobiographiques
sont expliqués par l'expertise et la culture valtortiennes ; mais les 15
volumes doctrinaux ne peuvent être expliqués seulement avec une telle
expertise et culture, sinon il y aurait un effet supérieur à la cause, ce qui
est métaphysiquement impossible et absurde.
Par conséquent, comme l'a dit Enrico Medi [un physicien], une cause naturelle
ne suffit pas pour expliquer l'effet de la production doctrinale
valtortienne, il faut aller à la recherche d'une cause surnaturelle.
Et, comme pour d'autres personnes similaires, il semble juste et respectueux
d'accepter la cause que Maria Valtorta indique, car elle était une personne
humble, honnête (sinon sainte) et véridique.
Or, la cause supérieure indiquée par Maria Valtorta à nous, témoins oculaires
et à tous les lecteurs, consiste en des visions et des dictées surnaturelles.
Des visions qu'elle décrivait à la fois avec son talent inné d'écrivain, mais
non douée d'exemption d’erreur ou d'infaillibilité. Dictées, qu'elle
transcrivait en les écoutant, avec la fidélité permise à tout instrument
humain, non doté de cette infaillibilité. De cette infaillibilité accordée
seulement aux auteurs de la Bible, aux Papes et aux conciles œcuméniques
déterminants.
Et cette défaillance humaine explique les erreurs qui peuvent être signalées
par des personnes vraiment compétentes placées uniquement au service de la
vérité et de la charité. Et donc pas par des adversaires jaloux et
vindicatifs.
Rome, 20
février 1980
P. Corrado M. Berti
De l’Ordre des Servites de Marie
Collegio Internazionale
S. Alessio Falconieri
Viale Trenta Aprile, 6 -
Roma
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