Dictionnaire des personnages de l’Évangile, d’après Maria Valtorta.
Pro e contro Maria Valtorta.
Œuvres de Galien.
Poésies de Cornelius Gallus.
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Anachronisme ou énigme ?
Dans cet épisode Jésus cite des sentences attribuées à un écrivain
romain Galien (Galeno en italien). Mais Claude Galien (Claudius Galienus) ne
vécut que plus tard, de l’an 129 à l’an 216. C’était un médecin célèbre qui
écrivit des ouvrages monumentaux sur des sujets médicaux mais aussi des
réflexions philosophiques. Il s’agirait donc d’un anachronisme.
Une erreur aussi grossière est pourtant contradictoire avec la précision et
la pertinence habituelle des données historiques de Maria Valtorta.
Dans leur introduction du Dictionnaires
des personnages de l’Évangile, selon Maria Valtorta, les auteurs ont
exposées, en les justifiant, les connaissances rares, et dans de nombreux
domaines, que l’on trouvait dans les écrits de Maria Valtorta. Ce qui rend
encore plus étonnant un tel anachronisme.
Mais peut-on l’expliquer à ce jour ?
La polémique pour et contre.
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Un différend n’a pas manqué de se lever sur ce cas. La Chiesa viva, un mensuel catholique de Brescia
(Lombardie) publie, de mai 1979 à février 1980, une série de critiques sur
l’œuvre de Maria Valtorta destinées à justifier, selon lui, sa condamnation
par le Saint-Office.
Ce ne fut pourtant pas la raison de la mise à
l’Index. Celle-ci n’avait été faite qu’au titre d’un manquement
disciplinaire : le défaut d’imprimatur. Cependant, l’Osservatore romano, commentant cette condamnation affirmait que
«Les spécialistes des études bibliques y trouveront certainement beaucoup
d’erreurs historiques, géographiques et autres.» C’est à ce défi que l’auteur
de la Chiesa viva voulait
s’attaquer sous le pseudonyme de dottore Josif Mir.
On sait que l’affirmation de l’Osservatore
romano fut démentie par la suite, tant par les
biblistes de renom qui se penchèrent sur l’œuvre de Maria Valtorta, que par
les études scientifiques récemment publiées.
Segno dei tempi, un bimestriel de Montefranco (Terni, Ombrie) entreprit de répondre aux
critiques émises par Chiesa viva :
de 1981 à 1983, Mgr Aldo Gregori écrivit sous son propre nom, des articles de
réfutation.
Que dit-il de « Galien » ?
L’état du dossier.
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Il note d’abord que, dans le manuscrit de Maria Valtorta, le
nom de Galeno
«est mal écrit et laisse indécis sur sa véritable lecture». Il relève aussi
que son protagoniste n’a pas pu retrouver les citations dans les écrits de
Galien, ce qui aurait fondé l’anachronisme. Malheureusement ces citations ont
été effectivement retrouvées par la suite, comme nous allons le voir. Mgr Gregori concluait à l’époque, que Maria Valtorta avait
pu :
- soit mentionner un «Galeno» connut à l’époque de
Jésus, mais ignoré aujourd’hui. Ce ne serait pas le premier à s’estomper
ainsi, au sortir de la période si riche en écrivains que fut le premier siècle avant Jésus-Christ.
- soit mal orthographier le nom, ce qui demeure possible puisque Maria
Valtorta notait phonétiquement ce qu’elle entendait. Dans ce cas, il
s’agirait donc de voir si un nom ou un surnom pourrait révéler un autre «Galeno» que le médecin de Marc-Aurèle.
Enquêtant sur cette question, Jean-François
Lavère a trouvé la trace de ces citations dans Le génie du christianisme de François
René de Chateaubriand (1768-1848) :
Ô toi qui
nous a faits ! en composant un discours si saint je
crois chanter un véritable hymne à ta gloire ! Je t’honore plus en découvrant
la beauté de tes ouvrages qu’en te sacrifiant des hécatombes entières de
taureaux ou en faisant fumer tes temples de l’encens le plus précieux. La
véritable piété consiste à me connaître moi-même, ensuite à enseigner aux
autres quelle est la grandeur de ta bonté, de ton pouvoir, de ta sagesse. Ta
bonté se montre dans l’égale distribution de tes présents, ayant réparti à
chaque homme les organes qui lui sont nécessaires ; ta sagesse se voit dans
l’excellence de tes dons, et ta puissance dans l’exécution de tes desseins
[Galien, De Usu
partium corporis humani (De l'utilité des parties du corps humain),
livre III, chapitre 10].
En une seule citation, F.R. de Chateaubriand regroupe les
citations données par Jésus dans Maria Valtorta. À défaut d’être identiques,
elles sont largement similaires :
Toi qui nous
as formés, salut ! Quand je décris la perfection humaine, les harmonies de
notre corps, je célèbre ta gloire."
Il a été dit : "Ta bonté brille en ce que tu as distribué tes dons à
tous les vivants, pour que tout homme ait ce qui lui est nécessaire. Et tes
dons témoignent de ta sagesse, comme l'accomplissement de tes volontés
témoigne de ta puissance. "
"de la vraie sagesse et de la piété qui consistent à se
connaître soi-même et à adorer la Vérité."
La source de ces citations est confirmée par un
Professeur italien de la faculté de Salerne (Campanie), Fernando La Greca, spécialisé dans l’histoire
romaine.
Ainsi donc l’anachronisme serait avéré et, de ce fait, la crédibilité des
visions de Maria Valtorta, largement battue en brèche.
C’est conclure un peu vite, et pour deux raisons :
- D’abord parce qu’une telle citation relèverait d’une culture totalement
contradictoire avec un anachronisme grossier.
- Ensuite parce que le chercheur italien décrit un Galien différent du Galien
que l’on connaît habituellement : l’exégèse scientifique a progressé
depuis la polémique.
Plusieurs points sèment en effet le doute sur le personnage tel qu’on
l’imagine et sur les œuvres qu’on lui attribue.
- Galien, auteur de nombreux ouvrages, semble atteint de dédoublement de la
personnalité. Dans son ouvrage de l'Utilité
des parties du corps, il démontre «une ignorance absolue de l'anatomie
humaine», mais dans son Manuel des
dissections, c’est tout le contraire.
- Il se réclame d’Esculape, le dieu guérisseur, mais il en fait le dieu
créateur dans les extraits mentionnés, ce qui est surprenant dans l’Olympe.
L’ouvrage se réfère même à la Bible et à Moîse.
- Galien est médecin, mais en pleine peste, il se fait théologien.
- Dans un manuscrit grec, trouvé récemment, il répertorie ses livres, mais ne
fait pas mention de l'Utilité des
parties du corps où se trouvent les textes repris dans Maria Valtorta.
- Enfin, sur 83
ouvrages qu’on lui attribue, 45 sont apocryphes, soit
plus de la moitié. C’est beaucoup !
Il est donc plus que probable que ses œuvres rassemblées au XVème siècle
(1453) sont un recueil épars de plusieurs sources et de plusieurs auteurs. Il
y a donc plus d’une chance sur deux que la citation de Jésus dans Maria
Valtorta soit effectivement celle d’un auteur qui n’est pas ce Galien du
second siècle.
Mais qui est-il ?
Les hypothèses.
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Il peut s’agir d’un homonyme. La tradition populaire a ainsi
confondu saint Martial du Ier siècle et saint Martial du IIIème siècle, tous
deux dans le Limousin, jusqu’à ce que le rationalisme constatant – et pour
cause – de nombreuses incohérences, décide qu’il s’agissait d’une légende.
Mais la tradition n’est pas la légende.
Ici, «Galien l’ancien» et «Galien le jeune» seraient fondus dans un seul
personnage prolixe et polyvalent, ce que les études scientifiques récentes
commencent à contredire sérieusement.
Mais qui pourrait donc être «Galien l’ancien», ce « philosophe »
réputé comme le qualifie le romain ? Nul ne répond à ce nom dans les auteurs connus de l’époque.
David Amos, cherchant la proximité de
nom avec Galeno,
avance Gaio Cornelio Gallo (Caius Cornelius
Gallus, 69 à 26 avant Jésus-Christ).
Ce personnage, célèbre à l’époque, fut un homme politique et un poète connu
pour avoir introduit l’élégie à Rome. Il fut cité par de nombreux auteurs,
mais son œuvre est en grande partie disparue, comme tant d’autres écrits de
l’époque.
Mais qu’est-ce qui fait qu’une œuvre ancienne disparaisse ? Deux causes
principales : sa destruction ou son attribution à un autre auteur, ce
qui serait le cas ici.
Certes l’élégie amoureuse semble éloignée des textes chantant le Créateur et
sa Création, mais Gallus fut un ami et un protecteur de Virgile (70- 26 av.
JC) qui parle de Gallus dans sa dixième églogue. C’est ce grand poète qui
annonce la venue du Messie dans la 4ème églogue de ses Bucoliques :
Voici les
derniers temps marqués par l’oracle de la Sibylle de Cumes : la longue série
des siècles recommence. Voici venir la Vierge, et le règne de Saturne. Voici
descendre du ciel une race nouvelle. Un enfant nouveau-né sous le règne de
l’Empereur Auguste éliminera la génération de fer et suscitera par tout le
monde une génération d’or.
Jésus le commente en EMV 426.
Si Virgile parle ainsi, que pouvait donc dire son ami et protecteur dans ses
œuvres aujourd’hui perdues ? Quelle culture avait donc ramenée Gallus de
l’Égypte et d’Alexandrie où il séjourna ?
Conclusion.
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L’identité de «Galien l’ancien» reste encore inconnue. Mais les
travaux menés à ce jour concluent indubitablement à rendre crédible les
citations de Jésus dans Maria Valtorta.
Il fallait à Maria Valtorta une confiance et une obéissance absolues aux
visions inspirées pour qu’elle ose écrire ce qui apparaissait pourtant comme
un anachronisme, tant Galien était connu.
Mais cette affirmation contre toute logique, milite en faveur de
l’authenticité des écrits.
Jésus s’en explique :
Toute
personne qui décrit, tout prophète, est esclave de son temps. Au moment où il
écrit et où il voit (je parle de ceux qui écrivent de par la volonté de
Dieu), il le fait en décrivant
parfaitement, même à l’encontre de sa propre façon de voir, conforme à
son époque. Il s’étonne, par exemple, de ne pas voir ceci ou cela, ou bien de
remarquer des objets et des formes de vie différentes de celles de son temps,
mais il les décrit telles qu’il les voit. S’il lui faut en revanche répéter
toute une série de visions en ne les ayant plus sous les yeux, après un long
intervalle de temps, il retombe sans cesse dans sa propre personnalité et
dans les habitudes de son époque. Ceux qui viennent après s’effarent donc de
certaines traces trop humaines dans la description d’un tableau d’origine
divine.
En mars 1945, ces citations d’un certain Galien appelaient
l’opprobre sur les écrits de Maria Valtorta et ce fut longtemps ainsi.
Soixante-dix ans après, l’affirmation devient crédible. Demain elle sera
preuve de son inspiration.
C’est un peu l’image symbolique de la Vie de Jésus révélée à Maria Valtorta.
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