Pro e contro Maria Valtorta.
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La zizanie.
De 1979 à 1983, une controverse s’établit entre deux mensuels
catholiques : La Chiesa Viva de Brescia (Lombardie)
démontrant, par les faits, neuf erreurs contenues dans les écrits de Maria
Valtorta et Segno dei tempi, un
bimestriel de Montefranco (Terni, Ombrie) réfutant
cette démonstration.
L’un des neuf points débattus concerne la parabole du bon grain et de
l’ivraie (Matthieu 13,24-30 et Matthieu 13,36-43).
La Chiesa Viva, sous la plume d’un auteur se faisant appeler dottore Josif Mir, note que
l’ivraie de la parabole est une graminée et non une convolvulacée qui
s’enroule et étouffe le bon grain comme dans le récit de Maria Valtorta. Il
nomme cette plante de l’Évangile : lolium temulentum ou ivraie enivrante.
Segno dei tempi, élude l’accusation
sans vraiment y répondre : Maria Valtorta n’aurait pas décrit la bonne
plante, mais ce n’est pas pour autant que les visions seraient inexactes.
Qu’en est-il vraiment ?
L’état du dossier.
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L’ivraie est une plante, mais aussi une variété de plantes.
L’Évangile ne précise pas de laquelle il s’agit. Il y a dix variétés
différentes qui peuvent pousser dans un «climat doux, ensoleillé et
relativement humide». Il est donc hâtif de conclure qu’il s’agit de l’ivraie
enivrante.
En italien, comme en latin, l’ivraie est connu sous deux noms : Loglio / Lolium ou zizania / zizzania. Deux mots ne désignent jamais exactement la
même chose.
Dans la Vulgate de saint Jérôme,
c’est le terme zizania qui est
employé (d’où l’expression semer la zizanie) et non le terme lolium, nom latin
de l’ivraie qu’oppose La Chiesa viva et que reprend
la botanique.
Zizania a un double sens :
ivraie et mauvaise herbe. C’est donc aussi un terme générique désignant les
«mauvaises» plantes. C’est dans ce sens générique que Jésus l’emploie dans
Maria Valtorta. C’est dans ce sens que peut se comprendre, aussi bien dans
ces écrits que dans l’Évangile canonique, la catéchèse qu’évoque Matthieu 13,36-43.
Les catéchèses.
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Jésus précise : «ils (les anges) enlèveront de son Royaume
toutes les causes de chute
et ceux qui font le mal». «Toutes» n’est pas une seule et ceux qui font le
mal sont multiformes. Nul ne peut imaginer que le mal n’a qu’un seul aspect.
Dans le récit de Maria Valtorta, la catéchèse ne se fait pas à un niveau,
comme le rapporte l’Évangile, mais à trois niveaux :
1 - Un niveau général :
l’avertissement donné à la foule des auditeurs de ne pas laisser pousser de
la «mauvaise herbe» dans leur cœur. Il faut la mettre à part par la bonne
volonté afin «de ne pas être indignes de Dieu».
Jésus parle ainsi en parabole à la foule (verset 10). Il sépare
l’enseignement populaire de l’enseignement aux disciples, non par ésotérisme,
mais par souci de donner en proportion des capacités d’ouverture de l’âme (verset 12).
2 – Un niveau universel,
eschatologique, que Jésus réserve à ses disciples parce qu’ils peuvent le comprendre.
C’est, de plus, un désir de leur part. C’est la catéchèse rapportée par
l’Évangile, plus brièvement que dans Maria Valtorta qui le développe.
3 – Un niveau particulier propre
aux futurs pasteurs de l’Église. La parabole s’applique alors au discernement
des âmes : un niveau que ne rapporte pas l’Évangile.
- L’ivraie symbolise «la légèreté amère de l'esprit du monde». En effet,
cette graminée narcotique ou enivrante, ressemble, à un moment de sa
croissance, à l’épi de blé, comme les attraits du monde peuvent tromper et
perdre.
- Les orties blessent «par surabondance de venin». Elles créent la rancœur si
préjudiciable à la cohésion.
- Le chiendent est un parasite qui épuise, ne sachant que «ramper et sucer»
l’énergie qui, de ce fait, ne profite pas aux plantes les plus saines.
- Le liseron inerte qui ne s’élève que par l’énergie des autres auxquels il
s’accroche.
- La cuscute (cuscuta palaestina)
désigne les tortueux à l’image de ses vrilles qui s’immiscent, s’accrochent
et étouffent.
- Enfin la cigüe et les plantes toxiques, voire mortelles, sont les disciples
criminels qui en arrivent à trahir et éteindre la vie, sous une apparence
parfois attirante et trompeuse.
Cet enseignement, plus directement adressé aux pasteurs, pour eux-mêmes et
leurs troupeaux a aussi un aspect circonstancié : la veille les
disciples venaient d’apprendre l’arrestation du Baptiste à la suite d’une
trahison d’un de ses disciples. La question qui était dans toutes les têtes
était : comment peut-on en arriver là et suis-je moi-même en capacité de
le devenir ?
La parabole pourrait donc se titrer «le bon grain et les mauvaises herbes.»
Conclusion.
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La Chiesa viva
reprochait à Maria Valtorta d’avoir manié l’esbroufe en parsemant le discours
de Jésus de quelques mois hébraïques : Tébet,
Shebat et Adar, mais qu’en fait elle avait imaginé cette scène tant les
erreurs étaient patentes.
On en est loin.
De son côté Segno dei tempi, tentait
d’excuser l’inexactitude botanique.
On en est loin aussi.
Qu’a-t-il pu se passer depuis pour que ces deux avis tombent en
désuétude ? Tout simplement l’avènement d’Internet qui rend accessible à
chacun les connaissances rares auxquelles ni dottore
Josif Mir, ni Mgr Aldo Gregori
ne pouvaient accéder en leur temps.
Il ne restait au premier qu’à affirmer sa défiance fondamentale envers
l’œuvre à partir d’un prétexte et à l’autre à affirmer sa confiance
indéfectible à partir d’une excuse. C’était encore plus difficile pour Maria
Valtorta, car elle n’avait aucun moyen de vérifier les informations contenues
dans la scène qu’elle décrivait : ni que la cuscute était «de Palestine»
ni que orties ou la cigüe étaient présentes au Moyen-Orient.
«Si je leur parle en paraboles, dit Jésus dans Matthieu 13,12, c’est parce
qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni
comprendre.»
C’est là la gloire des visions transmises par Maria Valtorta, nous faire voir
désormais cet épisode de l’Évangile avec une plus grande acuité spirituelle.
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