Liste des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
Constitution
dogmatique
LUMEN GENTIUM
sur l'Église
(Paul VI -21 novembre 1964)
Constitution
pastorale
GAUDIUM ET SPES
sur l'Église dans le monde
de ce temps
(Paul VI - 7 décembre 1965)
Lettre
encyclique
MEDIATOR DEI
sur la Sainte Liturgie
(Pie XII - 20 Novembre 1947)
en italien
Lettre
encyclique
FIDEI DONUM
sur l'esprit missionnaire
de l'Église
(Pie XII – 21 avril 1957)
en italien
Décret
CHRISTUS DOMINUS
sur la charge
pastorale
des évêques
(Paul VI - 28 octobre 1965)
Décret
OPTATAM TOTIUS
ECCLESIAE RENOVATIONEM
sur la formation des prêtres
(Paul VI - 28 octobre 1965)
Décret
PRESBYTERORUM ORDINIS
sur le
ministère
et la vie des prêtres
(Paul VI - 7 décembre 1965)
Décret
AD GENTES
sur l'activité
missionnaire
de l'Église
(Paul VI - 7 décembre 1965)
Décret
APOSTOLICAM ACTUOSITATEM
sur l'apostolat des laïcs
(Paul VI - 18 novembre 1965)
Constitution
SACROSENTUM CONCILIUM
sur la Sainte Liturgie
(Paul VI - 4 décembre 1963)
CODE DE DROIT CANONIQUE
Saint
Clément de Rome
Lettre
apostolique
MULIERIS DIGNITATEM
sur la dignité et
la vocation de la femme
(Jean-Paul II - 15 août 1988)
Saint Augustin d'Hippone
Grégoire de Naziance (St)
|
Chapitre troisième : Les sacrements du service de
la communion.
1533
Le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie sont les sacrements de
l’initiation chrétienne. Ils fondent la vocation commune de tous les
disciples du Christ, vocation à la sainteté et à la mission d’évangéliser le
monde. Ils confèrent les grâces nécessaires pour la vie selon l’Esprit en
cette vie de pèlerins en marche vers la patrie.
1534
Deux autres sacrements, l’Ordre et le Mariage, sont ordonnés au salut
d’autrui. S’ils contribuent également au salut personnel, c’est à travers le
service des autres qu’ils le font. Ils confèrent une mission particulière
dans l’Église et servent à l’édification du peuple de Dieu.
1535
En ces sacrements, ceux qui ont été déjà consacrés par le Baptême et
la Confirmation (1) pour le sacerdoce commun de tous les fidèles, peuvent
recevoir des consécrations particulières. Ceux qui reçoivent le
sacrement de l’Ordre sont consacrés pour être, au nom du Christ,
" par la parole et la grâce de Dieu les pasteurs de
l’Église " (2). De leur côté, " les époux chrétiens, pour
accomplir dignement les devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés
par un sacrement spécial " (3).
(1) cf. Lumen Gentium 10 – (2) Lumen Gentium
11 – (3) Gaudium et spes
48, 2.
Article 6 - Le sacrement de l’Ordre
1536
L’Ordre est le sacrement grâce auquel la mission confiée par le Christ à ses
Apôtres continue à être exercée dans l’Église jusqu’à la fin des temps :
il est donc le sacrement du ministère apostolique. Il comporte trois
degrés : l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat.
[Sur l’institution et la mission du ministère apostolique par le Christ voir § 871
et suivants. Ici, il n’est
question que de la voie sacramentelle par laquelle est transmis ce ministère]
I. Pourquoi ce nom de sacrement de l’ordre ?
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1537
Le mot Ordre, dans l’antiquité
romaine, désignait des corps constitués au sens civil, surtout le corps de
ceux qui gouvernent. Ordinatio désigne
l’intégration dans un ordo. Dans l’Église, il y a des corps constitués
que la Tradition, non sans fondements dans l’Écriture Sainte (1), appelle dès
les temps anciens du nom de taxeis (en
grec), d’ordines : ainsi la liturgie
parle de l’ordo episcoporum, de l’ordo presbyterorum, de l’ordo diaconorum.
D’autres groupes, reçoivent aussi ce nom d’ordo : les
catéchumènes, les vierges, les époux, les veuves...
1538
L’intégration dans un de ces corps de l’Église se faisait par un rite
appelé ordinatio, acte religieux et
liturgique, qui était une consécration, une bénédiction ou un sacrement.
Aujourd’hui le mot ordinatio est réservé à
l’acte sacramentel qui intègre dans l’ordre des évêques, des presbytres et
des diacres et qui va au-delà d’une simple élection, désignation,
délégation ou institution par la communauté, car elle confère
un don du Saint-Esprit permettant d’exercer un " pouvoir
sacré " (sacra potestas. (2) qui
ne peut venir que du Christ lui-même, par son Église. L’ordination est aussi appelée
consecratio car elle est une mise à part et
une investiture par le Christ lui-même, pour son Église. L’imposition des
mains de l’évêque, avec la prière consécratoire,
constituent le signe visible de cette consécration.
(1) cf. Hébreux 5,
6 ; 7, 11 ; Psaume 110, 4 – (2) cf. Lumen Gentium
§ 10.
II. Le sacrement de l’Ordre dans l’économie du salut
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Le sacerdoce de l’Ancienne Alliance
1539
Le peuple élu fut constitué par Dieu
comme " un royaume de prêtres et une nation consacrée "
(1). Mais au-dedans du peuple d’Israël, Dieu choisit l’une des douze tribus,
celle de Lévi, mise à part pour le service liturgique (2) ; Dieu
lui-même est sa part d’héritage (3). Un rite propre a consacré les origines
du sacerdoce de l’Ancienne Alliance (4). Les prêtres y sont
" établis pour intervenir en faveur des hommes dans leur relations
avec Dieu, afin d’offrir dons et sacrifices pour les péchés " (5).
1540
Institué pour annoncer la parole de Dieu (6) et pour rétablir la
communion avec Dieu par les sacrifices et la prière, ce sacerdoce reste
pourtant impuissant à opérer le salut, ayant besoin de répéter sans cesse les
sacrifices, et ne pouvant aboutir à une sanctification définitive (7), que
seul devait opérer le sacrifice du Christ.
1541
La liturgie de l’Église voit cependant dans le sacerdoce d’Aaron et le
service des lévites, tout comme dans l’institution des soixante-dix
" Anciens " (8), des préfigurations du ministère ordonné
de la Nouvelle Alliance. Ainsi, dans le rite latin, l’Église prie dans la
préface consécratoire de l’ordination des
évêques :
Dieu et Père de Jésus Christ notre Seigneur, (...) tout au long de l’ancienne
Alliance tu commençais à donner forme à ton Église ; dès l’origine, tu
as destiné le peuple issu d’Abraham à devenir un peuple saint ; tu as
institué des chefs et des prêtres et toujours pourvu au service de ton
sanctuaire ... (9)
1542
Lors de l’ordination des prêtres, l’Église prie :
" Seigneur, Père très saint, ... déjà dans l’Ancienne Alliance, et
comme pour annoncer les sacrements à venir, tu avais mis à la tête du peuple
des grands prêtres chargés de le conduire, mais tu as aussi choisi d’autres
hommes que tu as associés à leur service et qui les ont secondés dans leur
tâche. C’est ainsi que tu as communiqué à soixante-dix hommes, pleins de
sagesse, l’esprit que tu avais donné à Moïse, et tu as fait participer les
fils d’Aaron à la consécration que leur père avait reçue " (10)
1543
Et dans la prière consécratoire pour
l’ordination des diacres, l’Église confesse :
" Père très saint ... , pour l’édification de ce temple nouveau
(l’Église), tu as établi des ministres des trois ordres différents, les
évêques, les prêtres et les diacres, chargés, les uns et les autres, de te
servir, comme autrefois, dans l’Ancienne Alliance, pour le service de ta
demeure, tu avais mis à part les fils de la tribu de Lévi et tu étais leur
héritage " (11).
(1) Exode 19,
6 ; cf. Isaïe 61, 6 – (2) cf. Nombres 1, 48-53 – (3) cf. Josué 13, 33 – (4)
cf. Exode 29, 1-30 ; Lévitique 8 – (5) cf. Hébreux 5, 1 – (6) cf.
Malachie 2, 7-9 – (7) cf. Hébreux 5, 3 ; 7, 27 ; 10, 1-4 – (8) cf.
Nombres 11, 24-25- (9) Pontificale Romanum. De Ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum
47 ; ed. typica altera, Polyglotte Vaticane 1990 p. 24 – (10) ibid n. 159 p. 91-92 – (11) ibid
n. 207.
L’unique sacerdoce
du Christ.
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1544
Toutes les préfigurations du sacerdoce
de l’Ancienne Alliance trouvent leur accomplissement dans le Christ Jésus
" unique médiateur entre Dieu et les hommes " (1).
Melchisédech, " prêtre du Dieu Très Haut " (2), est
considéré par la Tradition chrétienne comme une préfiguration du sacerdoce du
Christ, unique " Grand prêtre selon l’ordre de
Melchisédech " (3), " saint, innocent,
immaculé " (4), qui, " par une oblation unique a rendu
parfaits pour toujours ceux qu’il sanctifie " (5), c’est-à-dire par
l’unique sacrifice de sa Croix.
1545
Le sacrifice rédempteur du Christ est unique, accompli une fois pour
toutes. Et pourtant, il est rendu présent dans le sacrifice eucharistique de
l’Église. Il en est de même de l’unique sacerdoce du Christ : il est
rendu présent par le sacerdoce ministériel sans que soit diminuée l’unicité
du sacerdoce du Christ : " Aussi le Christ est-Il le seul vrai
prêtre, les autres n’étant que ses ministres " (6).
(1) 1 Timothée 2, 5 –
(2) Genèse 14, 18 – (3) Hébreux 5, 10 ; 6, 20 – (4) Hébreux 7, 26 – (5)
Hébreux 10, 14 – (6) Saint Thomas d’Aquin, In ad Hebraeos. 7, 4.
Deux participations à l’unique sacerdoce du Christ.
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1546
Le Christ, grand prêtre et unique médiateur,
a fait de l’Église " un Royaume de prêtres pour son Dieu et
Père " (1). Toute la communauté des croyants est, comme telle,
sacerdotale. Les fidèles exercent leur sacerdoce baptismal à travers leur
participation, chacun selon sa vocation propre, à la mission du Christ,
Prêtre, Prophète et Roi. C’est par les sacrements du Baptême et de la
Confirmation que les fidèles sont " consacrés pour être ... un
sacerdoce saint " (2).
1547
Le sacerdoce ministériel ou hiérarchique des évêques et des prêtres, et
le sacerdoce commun de tous les fidèles, bien que " l’un et
l’autre, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du
Christ " (3), diffèrent cependant essentiellement, tout en étant
" ordonnés l’un à l’autre " (4). En quel sens ? Alors
que le sacerdoce commun des fidèles se réalise dans le déploiement de la
grâce baptismale, vie de foi, d’espérance et de charité, vie selon l’Esprit,
le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun, il est relatif
au déploiement de la grâce baptismale de tous les chrétiens. Il est un des moyens
par lesquels le Christ ne cesse de construire et de conduire son Église.
C’est pour cela qu’il est transmis par un sacrement propre, le sacrement de
l’Ordre.
(1) Apocalypse 1,
6 ; cf. Apocalypse 5, 9-10 ; 1 Pierre 2, 5. 9 – (2) Lumen Gentium 10 – (3) Lumen Gentium
10 – (4) Lumen Gentium 10
En la personne du Christ-Tête (In persona Christi Capitis)...
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1548
Dans le service ecclésial du ministre
ordonné, c’est le Christ lui-même qui est présent à son Église en tant que
Tête de son corps, Pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice
rédempteur, Maître de la Vérité. C’est ce que l’Église exprime en disant que
le prêtre, en vertu du sacrement de l’Ordre, agit in persona Christi Capitis (1) :
C’est le même Prêtre, le Christ Jésus, dont en vérité le ministre tient le
rôle. Si, en vérité, celui-ci est assimilé au Souverain Prêtre, à cause de la
consécration sacerdotale qu’il a reçue, il jouit du pouvoir d’agir par la
puissance du Christ lui-même qu’il représente (virtute
ac persona ipsius Christi)
(2)
Le Christ est la source de tout le sacerdoce : car le prêtre de
l’ancienne loi était figure du Christ et le prêtre de la nouvelle agit en la
personne du Christ (3).
1549
Par le ministère ordonné, spécialement des évêques et des prêtres, la
présence du Christ comme chef de l’Église, est rendue visible au milieu de la
communauté des croyants (4). Selon la belle expression de Saint Ignace d’Antioche,
l’évêque est typos tou Patros,
il est comme l’image vivante de Dieu le Père (5).
1550
Cette présence du Christ dans le ministre ne doit pas être comprise comme
si celui-ci était prémuni contre toutes les faiblesses humaines, l’esprit de
domination, les erreurs, voire le péché. La force de l’Esprit Saint ne
garantit pas de la même manière tous les actes des ministres. Tandis que dans
les sacrements cette garantie est donnée, de sorte que même le péché du
ministre ne peut empêcher le fruit de grâce, il existe beaucoup d’autres
actes où l’empreinte humaine du ministre laisse des traces qui ne sont pas
toujours le signe de la fidélité à l’Évangile, et qui peuvent nuire par
conséquent à la fécondité apostolique de l’Église.
1551
Ce sacerdoce est ministériel. " Cette charge, confiée
par le Seigneur aux pasteurs de son peuple, est un véritable service "
(6). Il est entièrement référé au Christ et aux hommes. Il dépend entièrement
du Christ et de son sacerdoce unique, et il a été institué en faveur des hommes
et de la communauté de l’Église. Le sacrement de l’Ordre communique
" un pouvoir sacré ", qui n’est autre que celui du
Christ. L’exercice de cette autorité doit donc se mesurer d’après le modèle
du Christ qui par amour s’est fait le dernier et le serviteur de tous (7).
" Le Seigneur a dit clairement que le soin apporté à son troupeau
était une preuve d’amour pour Lui " (8).
(1) cf. Lumen Gentium 10 ; 28 ; Sacrosanctum
concilium 33 ; Christus Dominus
11 ; Presbyterorum Ordinis
2 ; 6 – (2) Pie XII, encyclique Mediator Dei –
(3) Saint Thomas d’Aquin, Summa theologiae 3, 22, 4 – (4) cf. Lumen Gentium 21 – (5) Epistula ad Trallianos 3, 1 ; cf. Magn.
6, 1 – (6) Lumen Gentium 24 – (7) cf. Marc 10,
43-45 ; 1 Pierre 5, 3. – (8) Saint Jean Chrysostome, De sacredotio
2, 4 : page 48, 635 D ; cf. Jean 21, 15-17.
"Au nom de toute l’Église"
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1552
Le sacerdoce ministériel n’a pas seulement
pour tâche de représenter le Christ – Tête de l’Église – face à l’assemblée
des fidèles, il agit aussi au nom de toute l’Église lorsqu’il présente à Dieu
la prière de l’Église (1) et surtout lorsqu’il offre le sacrifice
eucharistique (2).
1553
" Au nom de toute l’Église ", cela ne veut pas
dire que les prêtres soient les délégués de la communauté. La prière et
l’offrande de l’Église sont inséparables de la prière et de l’offrande du
Christ, son Chef. C’est toujours le culte du Christ dans et par son Église.
C’est toute l’Église, corps du Christ, qui prie et qui s’offre,
" per ipsum et cum ipso et in
ipso ", dans l’unité du Saint-Esprit, à Dieu le Père. Tout le
corps, " caput et membra ",
prie et s’offre, et c’est pourquoi ceux qui, dans le corps, en sont
spécialement les ministres, sont appelés ministres non seulement du Christ,
mais aussi de l’Église. C’est parce que le sacerdoce ministériel représente
le Christ qu’il peut représenter l’Église.
(1) cf. Sacrosanctum concilium 33 – (2)
cf. Lumen Gentium 10.
III. Les trois
degrés du sacrement de l’ordre.
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1554
« Le ministère ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la
diversité des ordres par ceux que déjà depuis l’antiquité on appelle évêques,
prêtres, diacres » (1). La doctrine catholique, exprimée dans la
liturgie, le magistère et la pratique constante de l’Église, reconnaît qu’il
existe deux degrés de participation ministérielle au sacerdoce du
Christ : l’épiscopat et le presbytérat. Le diaconat est destiné à les
aider et à les servir. C’est pourquoi le terme sacerdos
désigne, dans l’usage actuel, les évêques et les prêtres, mais non pas les
diacres. Néanmoins, la doctrine catholique enseigne que les degrés de
participation sacerdotale (épiscopat et presbytérat) et le degré de service
(diaconat) sont tous les trois conférés par un acte sacramentel appelé
" ordination ", c’est-à-dire par le sacrement de
l’Ordre :
Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque, qui
est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme
l’assemblée des apôtres : sans eux on ne peut parler d’Église (2).
(1) Lumen Gentium 28 – (2) Saint Ignace d’Antioche, Epistula ad Trallianos
3, 1.
L’ordination épiscopale – plénitude du sacrement de
l’Ordre.
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1555
« Parmi les différents ministères
qui s’exercent dans l’Église depuis les premiers temps, la première place, au
témoignage de la Tradition, appartient à la fonction de ceux qui, établis
dans l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis les origines, sont les
sarments par lesquels se transmet la semence apostolique " (1).
1556
Pour remplir leur haute mission, « les apôtres furent enrichis par
le Christ d’une effusion spéciale de l’Esprit Saint descendant sur eux ;
eux-mêmes, par l’imposition des mains, transmirent à leurs collaborateurs le
don spirituel qui s’est communiqué jusqu’à nous à travers la consécration
épiscopale » (2).
1557
Le deuxième Concile du Vatican « enseigne que, par la consécration
épiscopale, est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la
coutume liturgique de l’Église et la voix des saints Pères désignent en effet
sous le nom de sacerdoce suprême, de réalité totale (summa)
du ministère sacré » (3).
1558
« La consécration épiscopale, en
même temps que la charge de sanctifier, confère aussi des charges d’enseigner
et de gouverner ... En effet, ... par l’imposition des mains et par les
paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée et le
caractère sacré imprimé, de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente
et visible, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife
et jouent son rôle (in Eius persona agant) »(4). " Aussi, par l’Esprit
Saint qui leur a été donné, les évêques ont-ils été constitués de vrais et
authentiques maîtres de la foi, pontifes et pasteurs »(5).
1559
« C’est en vertu de la consécration sacramentelle et par la communion
hiérarchique avec le chef du collège et ses membres que quelqu’un est fait
membre du corps épiscopal »(6). Le caractère et la nature collégiale
de l’ordre épiscopal se manifestent entre autres dans l’antique pratique de
l’Église qui veut que pour la consécration d’un nouvel évêque plusieurs évêques
participent au sacre (7). Pour l’ordination légitime d’un Evêque, une
intervention spéciale de l’Evêque de Rome est requise aujourd’hui, en raison
de sa qualité de lien suprême visible de la communion des Églises
particulières dans l’Église une et de garant de leur liberté.
1560
Chaque évêque a, comme vicaire du Christ, la charge pastorale de l’Église
particulière qui lui a été confiée, mais en même temps il porte
collégialement avec tous ses frères dans l’épiscopat la sollicitude pour toutes
les Églises : « Si chaque évêque n’est pasteur propre que de la
portion du troupeau confiée à ses soins, sa qualité de légitime successeur
des Apôtres par institution divine le rend solidairement responsable de la
mission apostolique de l’Église » (8).
1561
Tout ce qu’on vient de dire explique
pourquoi l’Eucharistie célébrée par l’évêque a une signification toute
spéciale comme expression de l’Église réunie autour de l’autel sous la
présidence de celui qui représente visiblement le Christ, Bon Pasteur et Tête
de son Église (cf. Sacrosanctum concilium
41 ; Lumen Gentium 26).
(1) Lumen Gentium 20 – (2) Lumen Gentium
21 – (3) Ibid. – (4) ibid. – (5) Christus Dominus 2
– (6) Lumen Gentium 22 – (7) cf. ibid – (8) Pie XII, encyclique Fidei donum ; cf. Lumen Gentium 23 ; Christus Dominus
4 ; 36 ; 37 ; Ad Gentes 5 ; 6 ; 38.
L’ordination des presbytres – coopérateurs des
évêques.
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1562
« Le Christ, que le Père a
consacré et envoyé dans le monde, a, par les apôtres, fait leurs successeurs,
c’est-à-dire les évêques, participants de sa consécration et de sa mission. A
leur tour, les évêques ont légitimement transmis, à divers membres de
l’Église, et suivant des degrés divers, la charge de leur ministère »
(1). « Leur fonction ministérielle a été transmise aux prêtres à un
degré subordonné : ceux-ci sont établis dans l’Ordre du presbytérat pour
être les coopérateurs de l’Ordre épiscopal dans
l’accomplissement de la mission apostolique confiée par le Christ » (2).
1563
« La fonction des prêtres, en tant qu’elle est unie à l’Ordre
épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit,
sanctifie et gouverne son Corps. C’est pourquoi le sacerdoce des prêtres,
s’il suppose les sacrements de l’initiation chrétienne, est cependant conféré
au moyen du sacrement particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les
marque d’un caractère spécial, et les configure ainsi au Christ Prêtre pour
les rendre capables d’agir au nom du Christ Tête en personne »(3).
1564
« Tout en n’ayant pas charge suprême du pontificat et tout en
dépendant des évêques dans l’exercice de leur pouvoir, les prêtres leur sont
cependant unis dans la dignité sacerdotale ; et par la vertu du
sacrement de l’Ordre, à l’image du Christ prêtre suprême et éternel (4) ils
sont consacrés pour prêcher l’Évangile, pour être les pasteurs des fidèles et
pour célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament "(5).
1565
En vertu du sacrement de l’Ordre les prêtres participent aux dimensions
universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres. Le don
spirituel qu’ils ont reçu dans l’ordination les prépare, non pas à une
mission limitée et restreinte, « mais à une mission de salut d’ampleur
universelle, "jusqu’aux extrémités de la terre » (6),
" prêts au fond du cœur à prêcher l’Évangile en quelque lieu que ce
soit " (7).
1566
« C’est dans le culte ou synaxe
eucharistique que s’exerce par excellence leur charge sacrée : là,
tenant la place du Christ et proclamant son mystère, ils joignent les
demandes des fidèles au sacrifice de leur chef, rendant présent et appliquant
dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, l’unique
sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ s’offrant une fois pour toutes
à son Père en victime immaculée »(8). De ce sacrifice unique, tout leur
ministère sacerdotal tire sa force (9).
1567
« Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide et
l’instrument, appelés à servir le peuple de Dieu, les prêtres constituent,
avec leur évêque, un seul presbyterium aux fonctions diverses. En
chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent, d’une
certaine façon, présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant
et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les
mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles »(10). Les
prêtres ne peuvent exercer leur ministère qu’en dépendance de l’évêque et en
communion avec lui. La promesse d’obéissance qu’ils font à l’évêque au moment
de l’ordination et le baiser de paix de l’évêque à la fin de la liturgie de
l’ordination signifient que l’évêque les considère comme ses collaborateurs,
ses fils, ses frères et ses amis, et qu’en retour ils lui doivent amour et
obéissance.
1568
« Du fait de leur ordination, qui les a fait entrer dans l’ordre du
presbytérat, les prêtres sont tous intimement liés entre eux par la
fraternité sacramentelle ; mais, du fait de leur affectation au service
d’un diocèse en dépendance de l’évêque local, ils forment tout spécialement à
ce niveau un presbyterium unique " (11). L’unité du presbyterium
trouve une expression liturgique dans l’usage qui veut que les presbytres
imposent à leur tour les mains, après l’évêque, pendant le rite de l’ordination.
(1) Lumen Gentium 28 – (2)
Presbyterorum Ordinis 2 –
(3) Presbyterorum Ordinis
2 – (4) cf. Hébreux
5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28 – (5) Lumen Gentium
28 – (6) Presbyterorum Ordinis
10 – (7) Optatam totius
20 – (8) Lumen Gentium 28 – (9) cf. Presbyterorum Ordinis 2 – (10)
Lumen Gentium 28 – (11) Presbyterorum
Ordinis 8.
L’ordination des
diacres – « en vue du service ».
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1569
« Au degré inférieur de la hiérarchie,
se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains "non pas en vue
du sacerdoce, mais en vue du service »(1). Pour l’ordination au
diaconat, seul l’évêque impose les mains, signifiant ainsi que le diacre est
spécialement rattaché à l’évêque dans les tâches de sa
" diaconie " (2).
1570
Les diacres participent d’une façon spéciale à la mission et à la grâce
du Christ (3). Le sacrement de l’Ordre les marque d’une empreinte
(caractère) que nul ne peut faire disparaître et qui les configure au Christ
qui s’est fait le "diacre", c’est-à-dire le serviteur de tous (4).
Il appartient entre autres aux diacres d’assister l’évêque et les prêtres
dans la célébration des divins mystères, surtout de l’Eucharistie, de la
distribuer, d’assister au mariage et de le bénir, de proclamer l’Évangile et
de prêcher, de présider aux funérailles et de se consacrer aux divers
services de la charité (5).
1571
Depuis le deuxième Concile du Vatican, l’Église latine a rétabli le
diaconat « en tant que degré propre et permanent de la
hiérarchie »(6), alors que les Églises d’Orient l’avaient toujours
maintenu. Ce diaconat permanent, qui peut être conféré à des hommes
mariés, constitue un enrichissement important pour la mission de l’Église. En
effet, il est approprié et utile que des hommes qui accomplissent dans
l’Église un ministère vraiment diaconal, soit dans la vie liturgique et
pastorale, soit dans les œuvres sociales et caritatives « soient
fortifiés par l’imposition des mains transmise depuis les apôtres et plus étroitement
unis à l’autel, pour qu’ils s’acquittent de leur ministère plus efficacement,
au moyen de la grâce sacramentelle du diaconat »(7).
(1) Lumen Gentium 29 ; cf. Christus Dominus
15 – (2) cf. Saint Hippolyte de Rome, Traditio apostolica
8 – (3) cf. Lumen Gentium 41 ; Apostolicam actuositatem 16 –
(4) cf. Marc 10, 45 ; Luc 22, 27 ; Saint Polycarpe
de Smyrne, Epistula ad Philippenses 5, 2 – (5) cf. Lumen Gentium
29 ; Sacrosanctum concilium
35, § 4 ; Ad Gentes 16 – (6) Lumen Gentium 29 – (7) Ad Gentes 16.
IV. La célébration
de ce sacrement.
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1572
La célébration de l’ordination d’un évêque, de prêtres ou de diacres, de par
son importance pour la vie de l’Église particulière, réclame le concours du
plus grand nombre possible de fidèles. Elle aura lieu de préférence le
dimanche et à la cathédrale, avec une solennité adaptée à la circonstance.
Les trois ordinations, de l’évêque, du prêtre et du diacre, suivent le même
mouvement. Leur place est au sein de la liturgie eucharistique.
1573
Le rite essentiel du sacrement de l’Ordre est constitué, pour les
trois degrés, de l’imposition des mains par l’évêque sur la tête de
l’ordinand ainsi que de la prière consécratoire
spécifique qui demande à Dieu l’effusion de l’Esprit Saint et de ses dons
appropriés au ministère pour lequel le candidat est ordonné (1).
1574
Comme dans tous les sacrements, des rites annexes entourent la
célébration. Variant fortement dans les différentes traditions liturgiques,
ils ont en commun d’exprimer les multiples aspects de la grâce sacramentelle.
Ainsi, les rites initiaux, dans le rite latin, – la présentation et
l’élection de l’ordinand, l’allocution de l’évêque, l’interrogatoire de
l’ordinand, les litanies des saints – attestent que le choix du candidat
s’est fait conformément à l’usage de l’Église et préparent l’acte solennel de
la consécration, après laquelle plusieurs rites viennent exprimer et achever
d’une manière symbolique le mystère qui s’est accompli : pour l’évêque
et le prêtre l’onction du saint chrême, signe de l’onction spéciale du
Saint-Esprit qui rend fécond leur ministère ; remise du livre des
Évangiles, de l’anneau, de la mitre et de la crosse à l’évêque en signe de sa
mission apostolique d’annonce de la Parole de Dieu, de sa fidélité à
l’Église, épouse du Christ, de sa charge de pasteur du troupeau du
Seigneur ; remise au prêtre de la patène et du calice,
" l’offrande du peuple saint " qu’il est appelé à
présenter à Dieu ; remise du livre des Évangiles au diacre qui vient de
recevoir mission d’annoncer l’Évangile du Christ.
(1) cf. Pie XII,
constitution apostolique Sacramentum Ordinis : Denzinger-Schönmetzer
3858.
V. Qui peut conférer ce sacrement ?
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1575
C’est le Christ qui a choisi les
Apôtres et leur a donné part à sa mission et à son autorité. Élevé à la
droite du Père, il n’abandonne pas son troupeau, mais le garde par les
Apôtres sous sa constante protection et le dirige encore par ces mêmes
pasteurs qui continuent aujourd’hui son œuvre (1). C’est donc le Christ
" qui donne" aux uns d’être apôtres, aux autres, pasteurs (2).
Il continue d’agir par les évêques (3).
1576
Puisque le sacrement de l’Ordre est le sacrement du ministère apostolique,
il revient aux évêques en tant que successeurs des Apôtres, de transmettre
"le don spirituel"(4), "la semence apostolique"(5). Les
évêques validement ordonnés, c’est-à-dire qui sont dans la ligne de la
succession apostolique, confèrent validement les trois degrés du sacrement de
l’Ordre (6).
(1) cf. Missale Romanum, Préface des
Apôtres – (2) cf. Éphésiens 4, 11 – (3) cf. Lumen Gentium
21 – (4) Ibid. – (5) Lumen Gentium 20 – (6) cf. Denzinger-Schönmetzer 794 et 802 ; Codex Juris Canonici, canon
1012 ; Corpus Canonum Ecclesiarum
Orientalium, canon 744 ; 747.
VI. Qui peut recevoir ce
sacrement ?
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1577
" Seul un homme (vir) baptisé
reçoit validement l’ordination sacrée " (1). Le Seigneur Jésus a
choisi des hommes (viri) pour former le
collège des douze apôtres (2), et les apôtres ont fait de même lorsqu’ils ont
choisi les collaborateurs (3) qui leur succèderaient dans leur tâche (4). Le
collège des évêques, avec qui les prêtres sont unis dans le sacerdoce, rend
présent et actualise jusqu’au retour du Christ le collège des douze. L’Église
se reconnaît liée par ce choix du Seigneur lui-même. C’est pourquoi
l’ordination des femmes n’est pas possible (5).
1578
Nul n’a un droit à recevoir le sacrement de l’Ordre. En effet, nul
ne s’arroge à soi-même cette charge. On y est appelé par Dieu (6). Celui qui
croit reconnaître les signes de l’appel de Dieu au ministère ordonné, doit
soumettre humblement son désir à l’autorité de l’Église à laquelle revient la responsabilité et le droit d’appeler quelqu’un
à recevoir les ordres. Comme toute grâce, ce sacrement ne peut être reçu que
comme un don immérité.
1579
Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception des diacres
permanents, sont normalement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en
célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat " en
vue du Royaume des cieux " (7). Appelés à se consacrer sans partage
au Seigneur et à " ses affaires " (8), ils se donnent
tout entier à Dieu et aux hommes. Le célibat est un signe de cette vie
nouvelle au service de laquelle le ministre de l’Église est consacré ;
accepté d’un cœur joyeux, il annonce de façon rayonnante le Règne de Dieu
(9).
1580
Dans les Églises Orientales, depuis des siècles, une discipline
différente est en vigueur : alors que les évêques sont choisis
uniquement parmi les célibataires, des hommes mariés peuvent être ordonnés
diacres et prêtres. Cette pratique est depuis longtemps considérée comme
légitime ; ces prêtres exercent un ministère fructueux au sein de leurs
communautés (10). D’ailleurs, le célibat des prêtres est très en honneur dans
les Églises Orientales, et nombreux sont les prêtres qui l’ont choisi
librement, pour le Royaume de Dieu. En Orient comme en Occident, celui qui a
reçu le sacrement de l’Ordre ne peut plus se marier.
(1) Codex Juris Canonici, canon 1024 –
(2) cf. Marc 3, 14-19 ; Luc 6, 12-16 – (3) cf. 1 Timothée 3, 1-13 ;
2 Timothée 1, 6 ; Tite 1, 5-9 – (4) Saint Clément de Rome, Epistula ad Corinthios 42,
4 ; 44, 3. – (5) cf. Mulieris dignitatem 26-27 ; Congrégation pour la doctrine de
la foi, déclaration Inter insigniores – (6) cf. Hébreux 5, 4 – (7) Matthieu 19,
12 – (8) cf. 1 Corinthiens 7, 32 – (9) cf. Presbyterorum
Ordinis 16 – (10) cf. Presbyterorum
Ordinis 16.
VII. Les effets du
sacrement de l’Ordre.
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Le caractère indélébile.
1581
Ce sacrement configure au Christ par une grâce spéciale de l’Esprit Saint, en
vue de servir d’instrument du Christ pour son Église. Par l’ordination l’on
est habilité à agir comme représentant du Christ, Tête de l’Église, dans sa
triple fonction de prêtre, prophète et roi.
1582
Comme dans le cas du Baptême et de la Confirmation, cette participation à
la fonction du Christ est accordée une fois pour toutes. Le sacrement de
l’Ordre confère, lui aussi, un caractère spirituel indélébile et il ne
peut pas être réitéré ni être conféré temporairement (1).
1583
Un sujet validement ordonné peut, certes, pour de graves motifs, être
déchargé des obligations et des fonctions liées à l’ordination ou être
interdit de les exercer (2), mais il ne peut plus redevenir laïc au sens
strict (3) car le caractère imprimé par l’ordination l’est pour toujours. La
vocation et la mission reçues au jour de son ordination le marquent d’une
façon permanente.
1584
Puisque en fin de compte c’est le Christ qui agit et opère le salut à
travers le ministre ordonné, l’indignité de celui-ci n’empêche pas le Christ
d’agir (4). Saint Augustin le dit avec force :
Quant au ministre orgueilleux, il est à ranger avec le diable. Le don du
Christ n’en est pas pour autant profané, ce qui s’écoule à travers lui garde
sa pureté, ce qui passe par lui reste limpide et vient jusqu’à la terre
fertile. ... La vertu spirituelle du sacrement est en effet pareille à la
lumière : ceux qui doivent être éclairés la reçoivent dans sa pureté et,
si elle traverse des êtres souillés, elle ne se souille pas (5).
(1) cf. Concile de
Trente : Denzinger-Schönmetzer 1767 ;
Lumen Gentium 21 ; 28 ; 29 ; Presbyterorum Ordinis 2 – (2)
cf. Codex Juris Canonici,
canon 290-293 ; 1336, § 1, 3°. 5° ; 1338, § 2 – (3) cf. Concile de
Trente : Denzinger-Schönmetzer 1774 – (4) cf.
Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1612 ; Denzinger-Schönmetzer 1154 – (5) Saint
Augustin, In evangelieum
Johannis tractatus.
5, 15.
La grâce du Saint-Esprit.
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1585
La grâce du Saint-Esprit propre à ce
sacrement est celle d’une configuration au Christ Prêtre, Maître et Pasteur
dont l’ordonné est constitué le ministre.
1586
Pour l’évêque, c’est d’abord une grâce
de force (1) : celle de guider et de défendre avec force et prudence son
Église comme un père et un pasteur, avec un amour gratuit pour tous et une
prédilection pour les pauvres, les malades et les nécessiteux (2). Cette
grâce le pousse à annoncer l’Évangile à tous, à être le modèle de son
troupeau, à le précéder sur le chemin de la sanctification en s’identifiant
dans l’Eucharistie avec le Christ Prêtre et Victime, sans craindre de donner
sa vie pour ses brebis :
Accorde, Père qui connais les cœurs, à ton serviteur que tu as choisi pour
l’épiscopat, qu’il fasse paître ton saint troupeau et qu’il exerce à ton
égard le souverain sacerdoce sans reproche, en te servant nuit et jour ;
qu’il rende sans cesse ton visage propice et qu’il offre les dons de ta
sainte Église ; qu’il ait en vertu de l’esprit du souverain sacerdoce le
pouvoir de remettre les péchés suivant ton commandement, qu’il distribue les
charges suivant ton ordre et qu’il délie de tout lien en vertu du pouvoir que
tu as donné aux apôtres ; qu’il te plaise par sa douceur et son cœur
pur, en t’offrant un parfum agréable, par ton Enfant Jésus-Christ ... (3).
1587
Le don spirituel que confère l’ordination presbytérale est exprimé par cette prière propre au rite byzantin.
L’évêque, en imposant la main, dit entre autres :
Seigneur, remplis du don du Saint-Esprit celui que tu as daigné élever au
degré du sacerdoce afin qu’il soit digne de se tenir sans reproche devant ton
autel, d’annoncer l’Évangile de ton Royaume, d’accomplir le ministère de ta
parole de vérité, de t’offrir des dons et des sacrifices spirituels, de
renouveler ton peuple par le bain de la régénération ; de sorte que
lui-même aille à la rencontre de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ,
ton Fils unique, au jour de son second avènement, et qu’il reçoive de ton
immense bonté la récompense d’une fidèle administration de son ordre (4).
1588
Quant aux diacres, " la grâce sacramentelle leur donne la force
nécessaire de servir le peuple de Dieu dans la ‘diaconie’ de la liturgie, de
la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son
presbyterium " (5).
1589
Devant la grandeur de la grâce et de la charge sacerdotales, les saints
docteurs ont ressenti l’urgent appel à la conversion afin de correspondre par
toute leur vie à Celui dont le sacrement les constitue les ministres. Ainsi,
Saint Grégoire de Nazianze, tout jeune prêtre,
s’écrie :
Il faut commencer par se purifier avant de purifier les autres ; il faut
être instruit pour pouvoir instruire ; il faut devenir lumière pour
éclairer, s’approcher de Dieu pour en rapprocher les autres, être sanctifié
pour sanctifier, conduire par la main et conseiller avec intelligence (6). Je
sais de qui nous sommes les ministres, à quel niveau nous nous trouvons et
quel est celui vers lequel nous nous dirigeons. Je connais la hauteur de Dieu
et la faiblesse de l’homme, mais aussi sa force (7). [Qui est donc le prêtre ?
Il est] le défenseur de la vérité, il se dresse avec les anges, il glorifie
avec les archanges, il fait monter sur l’autel d’en haut les victimes des
sacrifices, il partage le sacerdoce du Christ, il remodèle la créature, il
rétablit [en elle] l’image [de Dieu], il la recrée pour le monde d’en haut,
et, pour dire ce qu’il y a de plus grand, il est divinisé et il divinise
(8).
Et le saint Curé d’Ars : " C’est le prêtre qui continue
l’œuvre de rédemption sur la terre " ... " Si l’on
comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais
d’amour " ... " Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de
Jésus " (9).
(1) "L’Esprit
qui fait chefs" : Prière de consécration de l’évêque du rite latin
– Pontificale Romanum. De Ordinatione
Episcopi, presbyterorum
et diaconorum, 47 – (2) cf. Christus Dominus 13 et 16 – (3) Saint Hippolyte de Rome, Traditio apostolica 3 – (4) Liturgia Byzantina. 2 oratio
chirotoniae presbyteralis,
Euchologion, [Roma 1873] p. 136 – (5) Lumen Gentium 29 – (6) Saint Grégoire de Nazianze,
Orationes
2, 71 : page 35, 480B ; Orationes 2, 74 : page 46, 481B ; Orationes 2,
73 : page 35, 481A – (7) ibid., 74 – (8) ibid., 73 – (9) Nodet, Jean-Marie Vianney 100.
En bref
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1590
Saint Paul dit à son disciple
Timothée : " Je t’invite à raviver le don que Dieu a déposé en
toi par l’imposition de mes mains " (2 Timothée 1, 6), et " celui
qui aspire à la charge d’évêque, désire une noble fonction " (1
Timothée 3, 1). A Tite, il disait : " Si je t’ai laissé en
Crète, c’est pour y achever l’organisation, et pour établir dans chaque ville
des presbytres, conformément à mes instructions " (Tite 1, 5).
1591
Toute l’Église est un peuple sacerdotal. Grâce au Baptême, tous les fidèles
participent au sacerdoce du Christ. Cette participation s’appelle
" sacerdoce commun des fidèles ". Sur sa base et à son
service existe une autre participation à la mission du Christ ; celle du
ministère conféré par le sacrement de l’Ordre, dont la tâche est de servir au
nom et en la personne du Christ-Tête au milieu de la communauté.
1592
Le sacerdoce ministériel diffère essentiellement du sacerdoce commun des
fidèles parce qu’il confère un pouvoir sacré pour le service des fidèles. Les
ministres ordonnés exercent leur service auprès du peuple de Dieu par
l’enseignement (munus docendi),
le culte divin (munus liturgicum)
et par le gouvernement pastoral (munus regendi).
1593
Depuis les origines, le ministère ordonné a été conféré et exercé à trois
degrés : celui des Évêques, celui des presbytres et celui des diacres.
Les ministères conférés par l’ordination sont irremplaçables pour la
structure organique de l’Église : Sans l’Evêque, les presbytres et les
diacres, on ne peut parler d’Église (cf. Saint Ignace d’Antioche, Epistula ad Trallianos 3,1).
1594
L’Evêque reçoit la plénitude du sacrement de l’Ordre qui l’insère dans le
Collège épiscopal et fait de lui le chef visible de l’Église particulière qui
lui est confiée. Les Évêques, en tant que successeurs des Apôtres et membres
du Collège, ont part à la responsabilité apostolique et à la mission de toute
l’Église sous l’autorité du Pape, successeur de Saint Pierre.
1595
Les presbytres sont unis aux évêques dans la dignité sacerdotale et en même
temps dépendent d’eux dans l’exercice de leur fonctions pastorales ; ils
sont appelés à être les coopérateurs avisés des Évêques ; ils forment
autour de leur Evêque le " presbyterium " qui porte avec
lui la responsabilité de l’Église particulière. Ils reçoivent de l’évêque la
charge d’une communauté paroissiale ou d’une fonction ecclésiale déterminée.
1596
Les diacres sont des ministres ordonnés pour les tâches de service de
l’Église ; ils ne reçoivent pas le sacerdoce ministériel, mais
l’ordination leur confère des fonctions importantes dans le ministère de la
Parole, du culte divin, du gouvernement pastoral et du service de la charité,
tâches qu’ils doivent accomplir sous l’autorité pastorale de leur Evêque.
1597
Le sacrement de l’Ordre est conféré par l’imposition des mains suivie d’une
prière consécratoire solennelle qui demande à Dieu
pour l’ordinand les grâces du Saint Esprit requises pour son ministère.
L’ordination imprime un caractère sacramentel indélébile.
1598
L’Église confère le sacrement de l’Ordre seulement à des hommes (viris) baptisés, dont les aptitudes pour l’exercice du
ministère ont été dûment reconnues. C’est à l’autorité de l’Église que
revient la responsabilité et le droit d’appeler quelqu’un à recevoir les
ordres.
1599
Dans l’Église latine, le sacrement de l’Ordre pour le presbytérat n’est
conféré normalement qu’à des candidats qui sont prêts à embrasser librement
le célibat et qui manifestent publiquement leur volonté de le garder pour
l’amour du Royaume de Dieu et du service des hommes.
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