Vision du jeudi
22 août 1946.
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478.1 - Le soleil se lève
à peine sur la nature rendue humide par une averse, tombée depuis peu
certainement parce que la poussière de la route en est encore humectée, sans
pourtant avoir fait de la boue. Voilà pourquoi je dis qu'il a plu depuis peu
et que cela n'a été qu'une averse. Une première pluie d'automne, l'annonce
des pluies de novembre qui changeront les routes de Palestine en un ruban visqueux de boue. Mais celle-ci légère, favorable aux
voyageurs, n'a fait qu'humecter la poussière - l'autre fléau de la Palestine
réservé aux mois d'été, comme la boue l'est à ceux d'hiver - et laver
l'atmosphère, les feuilles et les herbes qui, propres, brillent toutes au
premier rayon du soleil. Un petit vent, doux et pur, court à travers les
oliviers qui couvrent les collines de Nazareth et il semble qu'un grand vol
d'anges court à travers les arbres pacifiques, tellement leurs frondaisons
rappellent dans leur bruissement le bruit des grandes ailes qui se meuvent
dans le vol, et elles brillent avec leur argent lumineux, toutes penchées du
même côté, comme si à l'arrière du vol angélique il restait un sillage de
lumière paradisiaque.
La ville est déjà dépassée de quelques stades quand Jésus, qui a marché par
des raccourcis à travers les collines, entre dans la grand-route qui, de
Nazareth, va à la plaine d'Esdrelon, la route des caravanes qui de minute en
minute s'anime avec le passage des pèlerins. Il fait quelques autres stades
sur la route. À un endroit, elle bifurque près d'une pierre milliaire, qui
sur deux côtés porte l'inscription : "Jafia
Simonia - Bethléem Carmel" à l'ouest,
et : "Xalot - Naïm Scythopolis
– Engannim" à l'est. Là Jésus voit, arrêtés
sur le bord de la route, ses cousins Joseph et Simon qui, avec Jean de
Zébédée, le saluent tout de suite.
"Paix à vous ! Vous êtes déjà ici ? Je pensais m'arrêter ici
pour vous attendre et être le premier... et je vous trouve déjà"
Et il les embrasse visiblement content de les voir.
"Tu ne pouvais arriver le premier. Craignant que tu passes avant que
nous arrivions, nous sommes partis à la clarté des étoiles, tout de suite
cachées par des nuages."
"Je vous avais dit que vous m'auriez vu. Alors, toi, Jean, tu n'as pas
dormi !"
"Peu, Maître, mais toujours plus que Toi certainement. Mais cela ne fait
rien" et le visage serein de Jean sourit, vrai miroir de son excellent
caractère toujours content de tout.
478.2 - "Eh bien, mon
frère, tu voulais me parler ?" dit Jésus à Joseph.
"Oui... Viens un peu à l'intérieur de cette vigne. Nous serons plus
tranquilles"
Et Joseph d'Alphée le premier pénètre entre deux rangs de vignes déjà
dépouillées de leurs fruits. Seuls quelques grappillons restent encore sur
les sarments, au milieu des feuilles qui blondissent et vont bientôt tomber,
réservés à la faim du pauvre et du pèlerin, suivant les prescriptions
mosaïques.
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395> Jésus le suit avec Simon. Jean
reste sur la route, mais Jésus l'appelle en disant :
"Tu peux venir, Jean. Tu es mon témoin."
"Mais..." dit l'apôtre en regardant interdit les deux fils
d'Alphée.
"Oui, oui, viens aussi. Et même nous voulons que tu entendes nos
paroles" dit Joseph.
Alors Jean descend à son tour dans le vignoble où tous ensemble ils
s'enfoncent en suivant les courbes des rangées, au point que l'on ne peut
plus les voir de la route.
478.3 - "Jésus, j'ai
été heureux de voir que tu m'aimes" dit Joseph.
"Et pouvais-tu en douter ? Ne t'ai-je pas toujours
aimé ?"
"Moi aussi, je t'ai toujours aimé. Mais... dans notre amour, depuis
quelque temps, nous ne nous comprenions plus. Moi... je ne pouvais approuver
ce que tu faisais, car cela me paraissait ta ruine, celle de ta Mère et la
nôtre. Tu sais... Nous tous les vieux galiléens, nous nous rappelons comment
fut frappé Jude le galiléen
et comment furent dispersés ses parents et ses disciples dont les biens
furent confisqués. Ceux qui ne furent pas tués, furent envoyés aux galères et
eurent leurs biens confisqués. Moi, je ne voulais pas cela pour nous. C'est
que... Oui, il me semblait que cela ne devait pas être vrai que justement
chez nous, de la descendance de David, oui, mais ainsi... Nous ne manquons
pas de pain, pour cela non, et que le Très-Haut en soit loué. Mais où se
trouve la grandeur royale que toutes les prophéties attribuent à celui qui
sera le Messie ? Et Toi, es-tu la verge qui frappe pour dominer ?
Tu n'as pas été la lumière à ta naissance. Tu n'es même pas né dans ta
maison !... Oh ! je les connais bien les prophéties ! Nous,
bois sec désormais, mais rien ne disait que le Seigneur l'aurait revêtu d'une
frondaison. Et Toi, qu'es-tu sinon un juste ?
C'étaient les idées à cause desquelles je te combattais en gémissant sur
notre ruine. Et pendant que je gémissais ainsi, voici venir des tentateurs
pour faire enflammer encore plus mes idées de grandeur, de royauté... Jésus,
ton frère a été un imbécile. Je les ai crus, et je t'ai déplu.
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396> C'est dur de l'avouer, mais je dois
le dire. Et toi pense qu'Israël tout entier était en moi, imbécile comme moi,
sûr comme moi que l'apparence du Messie n'est pas celle que tu nous donnes...
Il est dur de dire : "Je me suis trompé ! Nous nous sommes trompés
et nous nous trompons ! Depuis des siècles". Mais ta Mère m'a
expliqué les paroles des prophètes.
Oh ! oui ! Jacques a raison, et Jude a raison. Entendues de sa
bouche, comme eux les ont entendues tout enfants, on voit que tu es le
Messie. Voilà, mes cheveux blanchissent car je ne suis plus un enfant, et je
ne l'étais pas non plus quand Marie revint du Temple comme épouse de Joseph.
Et je me souviens de ces jours-là, et de la réprobation stupéfaite de mon père quand il vit que son frère ne
faisait pas les noces au plus vite. Sa stupeur, stupeur de Nazareth, et aussi
les médisances. Car il n'est pas d'usage de laisser passer tant de mois avant
les noces, en se mettant dans les conditions de pécher et de... Jésus,
j'estime Marie, et j'honore la mémoire de mon parent. Mais le monde... Pour
le monde, cela n'a pas été un bon moment… Toi... Oh ! maintenant je
sais. Ta Mère m'a expliqué les prophéties. Voilà pourquoi Dieu a voulu que
les noces soient retardées. Pour que ta naissance coïncide avec le grand Édit
et que tu naisses à Bethléem de Juda. Et... Marie m'a tout expliqué, tout
oui, et il y a eu une sorte de lumière pour que je comprenne ce qu'elle a tu
par humilité. Et je dis : tu es le Messie. C'est ce que j'ai dit et ce
que je dirai. Mais le dire, ce n'était pas encore changer l'esprit... car mon
esprit pense que le Messie est Roi. Les prophéties parlent... et il est
difficile de pouvoir comprendre dans le Messie un caractère autre que celui
de Roi...
478.4 - Mais
suis-tu ? Tu es fatigué ?"
"Non, j'écoute."
"Eh bien... Ceux qui cherchaient à séduire mon cœur sont revenus et ils
voulaient que je te contraigne... Et parce que je n'ai pas voulu, le voile
est tombé de leurs visages et ils sont apparus pour ce qu'ils sont : de
faux amis, de vrais ennemis... Et d'autres sont venus, pleurant comme des
pécheurs, et je les ai entendus. Ils ont répété tes paroles dans la maison de
Chouza... Maintenant je sais que tu régneras sur les esprits, c'est-à-dire
que tu seras Celui en qui toute la sagesse d'Israël se centralise pour donner
des lois nouvelles et universelles.
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397> En Toi la sagesse des patriarches
et celle des juges, et celle des prophètes, et celle de nos aïeux David et
Salomon, en Toi la sagesse qui a guidé les rois, Néhémie et Esdras, en Toi celle
qui a conduit les Maccabées. Toute la sagesse d'un peuple, de notre peuple,
du Peuple de Dieu. Je comprends que tu donneras au monde, tout entier soumis
à ton pouvoir, tes lois très sages. Et c'est vraiment un peuple de saints que
sera ton peuple.
478.5 - Mais, mon Frère,
tu ne peux faire cela tout seul. Moïse pour bien moins se choisit des aides .
Et ce n'était qu'un peuple ! Toi... Tout le monde. Tout entier à
tes pieds !… Ah ! Mais pour faire cela, tu dois te faire
connaître... Pourquoi ce sourire sur tes lèvres, tout en restant les yeux
fermés ?"
"Parce que j'écoute et que je me demande : "Mon frère
oublie-t-il qu'il m'a fait des reproches parce que je me faisais connaître,
disant que j'aurais nui à toute la famille !" Voilà pourquoi je
souris. Et je pense aussi que depuis deux ans et six mois, je ne fais que
me faire connaître."
"C'est
vrai. Mais... Qui te connaît ? Des pauvres, des paysans, des pêcheurs,
des pécheurs, et des femmes ! Les doigts de la main suffisent pour
compter, parmi ceux qui te connaissent, ceux qui ne sont pas des nullités
sans valeur. Je dis que tu dois te faire connaître des grands d'Israël, des
Prêtres, des Princes des Prêtres, des Anciens, des Scribes, des grands Rabbis
d'Israël, de tous ceux qui sont peu nombreux mais valent une multitude. C'est
eux qui doivent te connaître ! Eux, ceux qui ne t'aiment pas, parmi
leurs accusations dont maintenant je comprends la fausseté, en ont une de
vraie, de juste : celle que tu les négliges. Pourquoi ne te présentes-tu
pas pour ce que tu es ? Et pourquoi ne les conquiers-tu pas par ta
sagesse ? Monte au Temple et siège dans le Portique de Salomon - tu es
de la souche de David et prophète, cette place te revient, elle ne revient à
personne comme à Toi, de droit - et parle."
"J'ai parlé. C'est pour cela qu'ils m'ont haï."
"Insiste, et parle en roi. Ne te rappelles-tu pas la puissance, la
majesté des actes de Salomon ? Si (il est splendide ce
"si" !) tu es vraiment celui qu'ont prophétisé les prophètes,
comme le montrent les prophéties vues avec les yeux de l'esprit, tu es plus
qu'un Homme. Lui, Salomon, n'était qu'un homme. Alors, montre-toi pour ce que
tu es, et ils t'adoreront."
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398> "M'adoreront-ils
les juifs, les princes, et les chefs des familles et des tribus
d'Israël ? Pas tous, mais quelques-uns qui ne m'adorent pas, m'adoreront
en esprit et en vérité. Mais pas maintenant. Je dois avant ceindre la
couronne et prendre le sceptre et revêtir la pourpre."
"Ah ! alors, tu es roi, tu vas l'être bientôt ! Tu le
dis ! C'est comme je pensais ! C'est comme beaucoup la
pensent !"
"En vérité, tu ne sais pas comment Je régnerai. Seul le Très-Haut et
Moi, et quelques âmes auxquelles l'Esprit du Seigneur s'est plu à le révéler,
maintenant et dans les temps passés, nous savons comment régnera le Roi
d'Israël, l'Oint de Dieu."
478.6 - "Pourtant,
écoute-moi aussi, Frère, dit Simon d'Alphée. Pourtant Joseph a raison.
Comment veux-tu qu'ils t'aiment ou qu'ils te craignent si tu évites toujours
de les stupéfier ? Ne veux-tu pas appeler Israël aux armes ?
L'ancien cri de guerre et de victoire
ne veux-tu pas le dire ? Mais, au moins - ce n'est pas la première fois
que se produisent ainsi les appels au trône en Israël - mais au moins par les
hosannas du peuple, mais au moins pour avoir su arracher ces hosannas par ta
puissance de Rabbi et de Prophète, deviens roi."
"Je le suis déjà. Depuis toujours."
"Oui, réplique Simon. C'est ce que nous a dit un chef du Temple. Tu es
né roi des juifs. Mais tu n'aimes pas la Judée. Tu es un roi déserteur
puisque tu ne vas pas à elle. Tu es un roi qui n'est pas saint si tu n'aimes
pas le Temple où la volonté d'un peuple te consacrera roi. Sans la volonté
d'un peuple, si tu ne veux pas t'imposer à lui par la violence, tu ne peux
régner."
"Sans
la volonté de Dieu, tu veux dire, Simon. Qu'est-ce que la volonté du
peuple ? Qu'est le peuple ? Par qui est-il peuple ? Qui le
soutient comme tel ? Dieu. Ne l'oublie pas, Simon. Et Moi, je serai ce
que Dieu veut. C'est par sa volonté que je serai ce que je dois être, et rien
ne pourra empêcher que je le sois. Moi, je n'aurai pas à jeter le cri de
rassemblement. Israël sera tout entier présent à ma proclamation. Moi, je
n'aurai pas besoin de monter au Temple pour être acclamé. Ils m'y porteront.
Un peuple tout entier m'y portera pour que je monte sur mon trône. Vous
m'accusez de ne pas aimer la Judée… C'est au cœur de cette Judée, à
Jérusalem, que je deviendrai le "Roi des Juifs". Saül n'a pas été
proclamé roi à Jérusalem, et David non plus, ni non plus Salomon. Mais Moi,
je serai consacré Roi à Jérusalem. Mais je n'irai pas maintenant publiquement
au Temple, et je n'y siégerai pas car ce n'est pas mon heure."
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399> 478.7 - Joseph reprend la
parole.
"Tu laisses passer ton heure. C'est moi qui te le dis. Le peuple est las
des oppresseurs étrangers et de nos chefs. C'est l'heure, je te le dis. Toute
la Palestine, à l'exception de la Judée, et encore pas toute, te suit en
qualité de Rabbi et plus encore. Tu es comme un étendard élevé sur une
hauteur et tous te regardent. Tu es comme un aigle et tous suivent ton vol.
Tu es comme un vengeur et tous attendent que tu décoches la flèche. Va,
quitte la Galilée, la Décapole, la Pérée, les autres régions, et va au cœur
d'Israël, dans la citadelle où tout le mal est renfermé et d'où doit venir
tout le bien, et conquiers-la. Là aussi tu as des disciples, mais qui sont
tièdes, parce qu'ils te connaissent peu; mais peu nombreux parce que tu n'y
séjournes pas; mais incertains parce que tu n'y as pas fait les œuvres que tu
as faites ailleurs. Va-t-en en Judée pour qu'eux aussi voient qui tu es par
tes œuvres. Tu reproches aux juifs de ne pas t'aimer. Mais comment peux-tu
prétendre de l'être, si tu leur restes caché ? Personne, qui cherche à
être acclamé en public et le désire, ne fait ses œuvres en cachette, mais il
les fait de façon que le public les voie. Si donc tu peux faire des prodiges
sur les cœurs, sur les corps et sur les éléments, va là et
fais-toi connaître au monde."
"Je
vous l'ai dit : ce n'est pas mon heure. Mon temps n'est pas encore venu.
Il vous semble toujours que ce soit le bon moment, mais il n'en est pas
ainsi. Je dois prendre le temps qui est le mien : pas avant, pas après.
Avant, ce serait inutile. Je me ferais effacer du monde et des cœurs avant
d'avoir achevé mon œuvre et le travail déjà fait ne donnerait pas de fruit,
parce qu'il ne serait pas achevé ni aidé par Dieu, qui veut que je l'accomplisse
sans négliger une seule parole ou une seule action. Je dois obéir à mon Père,
et je ne ferai jamais ce que vous espérez, car cela servirait à nuire au
dessein de mon Père.
Je vous comprends et vous excuse. Je n'ai pas de rancœur pour vous. Je n'éprouve
pas de lassitude, d'ennui pour votre cécité... Vous ne savez pas, mais Moi,
je sais. Vous ne savez pas, vous voyez la surface du visage du monde. Moi, je
vois la profondeur. Le monde vous montre encore bon visage. Il ne vous hait
pas, non qu'il vous aime, mais parce que vous ne méritez pas sa haine. Vous
êtes trop peu de chose. Mais il me hait Moi, parce que je suis un danger pour
le monde : un danger pour la fausseté, pour la cupidité, pour la
violence qu'est le monde.
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400> 478.8 - Je suis la
Lumière, et la lumière illumine. Le monde n'aime pas la lumière car elle
manifeste les actions du monde .
Le monde ne m'aime pas, il ne peut pas m'aimer car il sait que je suis venu
pour le vaincre dans le cœur des hommes et dans le roi ténébreux qui le
domine et le dévoie. Le monde ne veut pas se convaincre que je suis son
Médecin et son Remède et, comme un fou, il voudrait m'abattre pour n'être pas
guéri. Le monde encore ne veut pas se persuader que je suis le Maître parce
que ce que je dis est contraire à ce qu'il dit. Et alors il cherche à
étouffer la Voix qui parle au monde afin de l'instruire à Dieu, de lui
montrer la vraie nature de ses actions qui sont mauvaises.
Entre le Monde et Moi, il y a un abîme, et pas par ma faute. Je suis venu
pour donner au monde la Lumière, le Chemin, la Vérité, la Vie. Mais le monde
ne veut pas m'accueillir et pour lui ma lumière devient ténèbres parce
qu'elle sera la cause de la condamnation de ceux qui n'ont pas voulu de Moi. Dans
le Christ se trouve toute la Lumière pour ceux d'entre les hommes qui veulent
l'accueillir, mais dans le Christ aussi se trouvent toutes les ténèbres pour
ceux qui me haïssent et me repoussent. C'est pour cela qu'au commencement de
mes jours mortels, j'ai été prophétiquement indiqué comme "un signe de
contradiction"
parce que, selon la manière dont je serai accueilli, ce sera
salut ou condamnation, mort ou vie, lumière ou ténèbres. Mais ceux qui
m'accueillent, en vérité, en vérité je vous dis qu'ils deviendront des fils
de la Lumière, c'est-à-dire de Dieu, car ils sont nés à Dieu pour avoir
accueilli Dieu.
478.9 - Par conséquent, si
je suis venu pour faire des hommes des fils de Dieu, comment puis-je faire de
Moi un roi comme, par amour ou par haine, par simplicité ou par malice,
beaucoup en Israël vous voulez faire ? Vous ne comprenez pas que je me détruirais
Moi-même, le vrai Moi-même, c'est-à-dire le Messie, non pas le Jésus de Marie
et Joseph de Nazareth. Je détruirais le Roi des rois, le Rédempteur, celui
qui est né d'une Vierge, appelé Emmanuel ,
appelé l'Admirable, le Conseiller, le Fort, le Père du siècle futur, le
Prince de la Paix ,
Dieu, Celui dont l'empire et la paix n'auront pas de limites, en s'assoyant
sur le trône de David à cause de la descendance humaine, mais ayant le monde
pour escabeau de ses pieds, pour escabeau de ses pieds tous ses ennemis et le
Père à ses côtés, comme il est dit au livre des Psaumes ,
par droit surhumain d'origine divine ?
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401> Vous ne comprenez pas que Dieu ne
peut être Homme, autrement que par perfection de bonté, pour sauver l'homme,
mais ne peut pas, ne doit pas s'abaisser Lui-même à de pauvres choses
humaines ? Vous ne comprenez pas que si j'acceptais la couronne, la
royauté comme vous la comprenez, j'avouerais que je suis un faux Christ, je
mentirais à Dieu, je me renierais Moi-même, et je renierais le Père, et je
serais pire que Lucifer, car je priverais Dieu de la joie de vous avoir, je
serais pire que Caïn pour vous, car je vous condamnerais à être
perpétuellement exilé de Dieu dans les Limbes sans espérance de
Paradis ?
Tout cela, vous ne le comprenez pas ? Ne comprenez-vous pas le piège où
les hommes veulent me faire tomber ? Le piège de Satan pour frapper
l'Éternel dans son Aimé et dans ses créatures : les hommes ? Ne
comprenez-vous pas que c'est le signe que je suis plus qu'un homme, que je
suis l'Homme-Dieu ? Le fait que je
n'aspire qu'à des choses spirituelles pour vous donner le Royaume
spirituel de Dieu ?... Vous ne comprenez pas que le signe que je…"
"Les paroles de Gamaliel !" s'écrie Simon.
"...que je ne suis pas un roi, mais le
Roi, c'est cette haine de tout l'enfer et du monde entier envers
Moi ? Je dois enseigner, souffrir, vous sauver. C'est cela que je dois
faire. Et cela Satan ne le veut pas et les satans ne le veulent pas.
478.10 - L'un de vous a
dit : "Les paroles de Gamaliel". Voici : lui n'est pas
mon disciple et il ne le sera jamais tant que je serai
de ce monde, mais c'est un juste. Eh bien : parmi ceux qui me
proposent et qui vous proposent le pauvre royaume humain, y a-t-il par hasard
Gamaliel ?"
"Oh ! non ! dit Simon. Étienne a dit que le rabbi, ayant
appris ce qui est arrivé chez Chouza, s'est écrié : "Mon esprit
tressaille en se demandant si Lui peut être vraiment ce qu'il dit. Mais toute
question serait morte avant de se former dans mon esprit, et pour toujours,
s'il avait consenti à cette chose. L'Enfant, que j'ai entendu, a dit que
l'esclavage comme la royauté ne seront pas ce que nous croyons, en comprenant
mal les prophètes, c'est-à-dire matérielles, mais de l'esprit, grâce au
Christ, Rédempteur de la Faute et Fondateur du Royaume de Dieu dans les
esprits.
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402> Je me rappelle ces paroles, et c'est
sur elles que je juge le Rabbi. Si, en le jugeant, je le trouvais au-dessous
de cette hauteur, je le repousserais comme un pécheur et un menteur. Et j'ai
tremblé de voir se dissoudre dans le néant l'espérance que cet Enfant m'a
donnée"
"Oui, mais en attendant, il ne l'appelle pas le Messie" dit Joseph.
"Il attend un signe, dit-il" répond Simon.
"Et Toi, donne-le-lui, alors ! Et qu'il soit puissant."
"Je lui donnerai ce que je lui ai promis, mais pas maintenant.
478.11 - Vous, allez à cette
fête. Moi je n'y viens pas publiquement, comme rabbi, comme prophète, pour
m'imposer, car ce n'est pas encore mon temps."
"Mais, au moins, tu viendras en Judée ? Tu donneras aux juifs des
preuves qui les convainquent ? Pour qu'ils ne puissent pas dire..."
"Oui. Mais crois-tu qu'elles serviront à me procurer la paix ?
Frère, plus j'agirai et plus je serai haï. Mais je te contenterai. Je leur
donnerai les preuves les plus grandes qui puissent exister... et je leur
dirai des paroles capables de changer des loups en agneaux, des pierres dures
en cire molle. Mais cela ne servira à rien..."
Jésus est triste.
"Je t'ai fait souffrir ? Je le disais pour ton bien."
"Non, tu ne me donnes pas du chagrin… Je voudrais pourtant que tu me
comprennes, que toi, mon frère, tu me voies pour ce que je suis... Je
voudrais m'en aller avec la joie de te savoir mon ami. L'ami comprend et il
veille sur les intérêts de l'ami..."
"Et moi, je te dis que je le ferai. Je sais qu'ils te haïssent.
Désormais, je le sais. C'est pour cela que je suis venu. Mais tu le
sais : je veillerai sur Toi. Je suis l'aîné, je réfuterai les calomnies
et je penserai à ta Mère" promet Joseph.
"Merci, Joseph. Il est grand mon fardeau et tu l'allèges. La douleur, une mer, s'avance avec ses flots pour me submerger et avec elle la
haine... Mais si j'ai votre amour, ce n'est rien. C'est que le Fils de
l'homme a un cœur... et ce cœur a besoin d'amour..."
"Et moi, je te le donne. Oui. Sous l’œil de Dieu qui me voit, je te dis
que je te le donne. Va en paix, Jésus, à ton travail. Je t'aiderai. Nous nous
aimions bien. Puis... Mais maintenant redevenons ce que nous étions
autrefois, l'un pour l'autre. Toi : le Saint; moi : l'homme, mais
unis pour la gloire de Dieu. Adieu, Frère."
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403> "Adieu, Joseph."
Ils s'embrassent. C'est le tour de Simon qui demande :
"Bénis-nous pour que nos cœurs s'ouvrent à toute la Lumière."
Jésus les bénit et, avant de les quitter, il leur dit encore :
"Je vous confie ma Mère…"
"Va en paix. Elle aura deux fils en nous."
Ils se quittent.
478.12 - Jésus revient sur
la route et, avec Jean à côté de Lui, il se met à marcher vite, très vite.
Après un bon moment, Jean rompt le silence pour demander :
"Mais Joseph d'Alphée, il est convaincu ou non, désormais ?"
"Pas encore."
"Et alors, Toi, qu'es-tu pour lui ? Messie ? Homme ?
Roi ? Dieu ? Je n'ai pas bien compris. Il me semble qu'il..."
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