440> Ils sont tous assis en
cercle, dans un petit bois près d'Hébron et ils mangent en parlant entre eux.
Judas, maintenant qu'il est sûr que Marie ira chez sa mère, est revenu à de
meilleures dispositions d'esprit et il cherche, par mille politesses, à
effacer le souvenir de sa mauvaise humeur auprès de ses compagnons et des
femmes. Il a dû aller pour des achats dans le pays et il raconte qu'il l'a
trouvé bien changé depuis l'année précédente : "La nouvelle de la
prédication et des miracles de Jésus est arrivée jusqu'ici. Et les gens ont
commencé à réfléchir sur tant de choses. Tu sais, Maître, que dans ces
parages il y a un domaine de Doras ? Et même l'épouse de Chouza possède ici, sur ces montagnes, des terres et un
château qui lui appartiennent personnellement, qui font partie de sa dot. On
voit que, un peu elle, un peu les paysans de Doras, parce qu'il doit s'en
trouver ici quelques-uns d'Esdrelon, ont préparé le
terrain. Lui, Doras, a commandé le silence. Mais eux !... Je crois
qu'ils ne se tairaient pas, même avec le supplice. La mort du vieux pharisien a
frappé les gens de stupeur, sais-tu ? Et la santé excellente de Jeanne qui
est venue ici avant Pâque. Ah ! et puis, pour te rendre service, il y a
eu aussi l'amant d'Aglaé. Sais-tu qu'elle s'est échappée peu après notre
passage ici ? Et lui, pour se venger, a agi comme un démon envers
plusieurs innocents. C'est ainsi que les gens ont fini par penser à Toi,
comme à un vengeur des opprimés et te désirent. Je parle des
meilleurs..."
441> "Vengeur des opprimés ! En effet,
je le suis, mais surnaturellement. Aucun ne voit juste de ceux qui me voient
avec le sceptre et la hache en mains, comme roi et justicier selon l'esprit
de la terre. Mais certainement je suis venu libérer des oppressions : du
péché, la plus grave des maladies, des désolations, des ignorances et de
l'égoïsme. Beaucoup apprendront qu'il n'est pas juste d'opprimer parce que le
sort les a placés dans une situation élevée, mais qu'au contraire on doit
utiliser cette situation pour soulager ceux qui sont en bas."
"Lazare le fait et Jeanne aussi, mais ils sont deux contre des
centaines" dit Philippe désolé.
"Les fleuves ne sont pas larges à leur source comme ils le sont à leur
estuaire. Quelques gouttes, un filet d'eau, mais après... Il y a des fleuves
qui semblent des mers à leur embouchure."
"Le Nil, oh ?!" dit Marie d'Alphée. "Ta mère me parlait
de quand vous êtes allés en Égypte. Elle me disait souvent : "Une
mer, crois-moi, une mer vert azur. C'était un vrai rêve de le voir au maximum
de sa crue !" et puis elle me parlait des arbres qui paraissaient
surgir de l'eau et puis de tout ce vert qui semblait naître de l'eau quand
elle se retirait..."
"Eh bien ! Moi, je vous le dis. Comme à sa source le Nil n'est
qu'un filet d'eau et puis devient ce géant qu'il est, ainsi, ce qui n'est
qu'un filet de grandeur qui se penche avec amour et par amour sur les plus
petits deviendra par la suite une multitude. Jeanne, Lazare, Marthe pour le
moment et par la suite, combien, combien !" Jésus semble voir ceux
qui seront miséricordieux pour leurs frères, et il sourit, absorbé dans sa
vision.
Judas confie que le chef de la synagogue voulait venir avec lui, mais qu'il
n'a pas osé prendre personnellement une décision : "Tu te souviens,
Jean, comme il nous a chassés l'an passé ?"
"Je m'en souviens... Mais disons-le au Maître."
Jésus, interrogé, dit qu'ils vont entrer à Hébron. S'ils les veulent, ils les
appelleront, et eux s'arrêteront, sinon ils passeront sans s'arrêter.
"Ainsi, nous verrons aussi la maison du Baptiste. À qui est-elle,
maintenant ?"
"À qui la veut, je crois. Sciammai est parti
et n'est plus revenu. Il a enlevé ses serviteurs et ses meubles. Les
habitants, pour se venger de ses injustices, ont abattu le mur de clôture et
la maison est à tout le monde. Le jardin, au moins. Ils s'y réunissent pour
vénérer leur Baptiste. On dit que Sciammai a été
assassiné. Je ne sais pourquoi... une affaire de
femmes, semble-t-il..."
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442> "Quelque
intrigue de la cour corrompue, certainement !..." murmure Nathanaël
dans sa barbe.
Ils se lèvent et se dirigent vers Hébron, vers la maison du Baptiste. Au
moment où ils arrivent, voilà un groupe serré d'habitants. Ils s'avancent, un
peu indécis, curieux et gênés. Mais Jésus les salue d'un sourire. Ils
s'enhardissent, se séparent, et du groupe sort le chef de la synagogue
discourtois de l'année passée.
"Paix à toi !" salue immédiatement Jésus. "Nous
permets-tu de séjourner dans ta ville ? Je suis avec tous mes disciples
préférés et avec les mères de quelques-uns d'entre eux."
"Maître, mais tu n'as pas de la rancune contre nous, contre
moi ?"
"De la rancune ? Je ne sais pas ce que c'est et je ne vois pas
pourquoi je devrais en avoir."
"L'an passé, je t’ai offensé…"
"Tu as offensé l'Inconnu, te croyant en droit de le faire. Puis tu as
compris et tu as regretté de l'avoir fait. Mais ceci est du passé, et comme
le regret annule la faute, ainsi le présent annule le passé. Maintenant, pour
toi, je ne suis plus l'Inconnu. Quels sentiments as-tu donc envers
Moi ?"
"De respect, Seigneur. De... désir..."
"De désir ? Que veux-tu de Moi ?"
"Te connaître mieux que je ne te connais."
"Comment ? De quelle façon ?"
"Par ta parole et tes œuvres. Ici est arrivée la connaissance de ta
personne, de ta doctrine, de ta puissance et on nous a dit que tu n'es pas
étranger à la libération du Baptiste. Tu ne le haïssais donc pas, tu n'as pas
cherché à supplanter notre Jean !... Lui-même n'a pas nié que c'est grâce à Toi qu'il revit la vallée du saint Jourdain.
Nous sommes allés auprès de lui, lui parler de Toi, et il nous a dit :
"Vous ne savez pas qui vous avez repoussé. Je devrais vous maudire, mais
je vous pardonne parce qu'il m'a enseigné à pardonner et à être doux. Mais,
si vous ne voulez pas être anathème au Seigneur et à moi son serviteur, aimez
le Messie. Et n'ayez pas de doute. Voilà à quoi vous le reconnaîtrez :
esprit de paix, amour parfait, sagesse supérieure à toute autre, doctrine
céleste, douceur absolue, puissance sur toute chose, humilité totale,
chasteté angélique. Vous ne pouvez pas vous tromper. Quand vous respirerez la
paix près d'un homme qui se dit le Messie, quand vous boirez son amour,
l'amour qui émane de Lui, quand vous passerez de vos ténèbres à la Lumière,
quand vous verrez les pécheurs se racheter et les chairs guérir, dites
alors : Celui-ci est vraiment l'Agneau de Dieu!". Nous
savons que tes œuvres sont celles dont parle notre Jean. Pardonne-nous,
aime-nous, donne-nous ce que le monde attend de Toi."
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443> "C'est pour cela
que je suis ici. Je viens de si loin pour donner aussi à la ville de Jean ce
que je donne à tout lieu qui m'accueille. Dites ce que vous désirez de
Moi."
"Nous avons, nous aussi des malades, et nous sommes ignorants. C'est
surtout en ce qui est amour et bonté que nous sommes ignorants. Jean, dans
son amour total de Dieu, a une main de fer et une parole de feu, et il veut
nous plier tous comme un géant plie un brin d'herbe, Beaucoup tombent dans le
découragement parce que l'homme est plus pécheur: que saint. Il est difficile
d'être saint !... Toi... on dit que tu ne ploies pas mais que tu
relèves, que tu ne cautérises pas mais que tu appliques du baume, que tu
n'écrases pas mais que tu caresses. On sait que tu es paternel avec les
pécheurs et puissant contre les maladies quelles qu'elles soient et surtout
les maladies du cœur, Les rabbins ne savent plus le faire."
"Amenez-moi vos malades, et puis réunissez-vous dans ce jardin abandonné
et profané par le péché après avoir été un temple pour la Grâce qui y
habita."
Les Hébronites, comme des hirondelles, partent dans
toutes les directions et il ne reste que le chef de la synagogue qui entre
avec Jésus et ses disciples dans l'enceinte du jardin, et ils se mettent à
l'ombre d’une tonnelle où se mêlent les rosiers et les vignes qui ont poussé
librement. Les Hébronites ont vite fait de revenir
et avec eux, sur un brancard un paralytique, une jeune aveugle, un petit muet
et deux qui ont je ne sais quelle maladie, qu'on accompagne en les soutenant.
"La paix à toi" dit Jésus à chaque malade qui arrive. Et puis, la
douce demande : "Que voulez-vous que je vous fasse ?".
Puis c'est le chœur des lamentations de ces infortunés, chacun voulant dire
sa propre histoire.
Jésus, qui était assis, se lève et va vers le petit muet auquel il baigne les
lèvres de sa salive et dit la grande parole :
"Ouvre-toi !" Et il dit de même, en mouillant les paupières
fermées de l'aveugle, avec son doigt humide de salive. Et puis il donne la
main au paralytique et lui dit : "Lève-toi !" Enfin, il
impose les mains aux deux malades en leur disant : "Soyez guéris,
au nom du Seigneur !" Le petit muet, qui auparavant gémissait, dit
nettement: "Maman !", alors que la jeune fille remue ses
paupières dessillées devant la lumière et de ses doigts abrite ses yeux du
soleil qui était pour elle un inconnu, et pleure et rit, et regarde encore,
en fermant à moitié les yeux, car elle n'est pas habituée à la lumière, elle regarde les feuillages, la terre, les personnes et particulièrement
Jésus.
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444> Le paralytique descend avec
assurance du brancard et ses charitables porteurs le soulèvent vide pour
faire comprendre à ceux qui sont loin que la grâce est accordée, pendant que
les deux malades pleurent de joie et s'agenouillent pour vénérer leur
Sauveur.
La foule pousse un cri frénétique d'hosanna. Thomas, qui est auprès de Judas,
le fixe si intensément et avec une expression si claire que celui-ci lui
répond : "J'étais un imbécile, pardonne-moi."
Lorsque les cris ont cessé, Jésus commence à parler. "Le Seigneur parla
à Josué en ces termes :
"Parle
aux fils d'Israël et dis-leur: établissez les villes de refuge dont je vous
ai parlé par la bouche de Moïse, afin que puisse y trouver refuge celui qui
aura tué involontairement et qu'il puisse ainsi échapper à la colère du plus
proche parent, du vengeur du sang". Et Hébron est l'une de ces villes.
Il est toujours dit : "Et les anciens de la ville ne livreront pas
l'innocent à celui qui le cherche pour le tuer, mais ils l'accueilleront et
lui permettront d'y habiter et il y restera jusqu'au jugement et jusqu'à la
mort du grand prêtre en fonction; après quoi, il pourra rentrer dans sa ville
et dans sa maison". Dans cette loi est observé et organisé l'amour
miséricordieux à l'égard du prochain. C'est Dieu qui a imposé cette loi parce
qu'il n'est pas permis de condamner l'accusé sans l'entendre, ni de tuer dans
un accès de colère.
On peut dire cela aussi pour les crimes et les accusations d'ordre moral. Il
n'est pas permis d'accuser sans connaître, ni de juger sans entendre
l'accusé. Mais aujourd'hui, aux accusations et condamnations pour les fautes
habituelles ou pour les fautes prétendues, s'ajoute une nouvelle série :
celle qui se rapporte à ce qu'on fait contre ceux qui viennent au nom de
Dieu. Au cours des siècles, cela s'est produit contre les Prophètes,
maintenant cela se reproduit contre le Précurseur du Christ et contre le
Christ. Vous le voyez. Attiré par tromperie hors du territoire de Sichem, le
Baptiste attend la mort dans les prisons d'Hérode parce que lui ne consentira
jamais aux mensonges et aux compromis. On pourra supprimer sa vie et lui
couper la tête, mais on ne pourra briser son honnêteté, ni séparer son âme de
la Vérité qu'il a servie fidèlement sous toutes ses formes, divines,
surnaturelles ou morales. Et de la même façon, on persécute le Christ avec
une furie double et décuple parce qu'il ne se borne pas à dire à Hérode:
"Cela ne t'est pas permis" mais qu'il proclame d'une voix de
tonnerre ce : "Cela ne t'est pas permis" partout où en entrant
il trouve le péché ou sait qu'existe le péché, sans exclure aucune
catégorie, et cela au nom de Dieu et pour l'honneur de Dieu. Comment se
fait-il que cela puisse exister ? N'y a-t-il plus de serviteurs de Dieu
en Israël ? Oui, il y en a. Mais ce sont des "idoles".
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445> Dans la lettre de Jérémie aux
exilés, il est
dit, entre autres nombreuses choses, celles qui suivent. Et à leur sujet
j'attire votre attention car toute parole du Livre est un enseignement qui,
au moment où l'Esprit Saint l'a fait écrire pour un fait présent, se rap-
porte aussi à un fait qui viendra dans l'avenir. Il est donc dit :
"...Quand vous serez entrés en Babylonie, vous verrez des dieux d'or,
d'argent, de pierre, de bois... Gardez-vous d'imiter la façon de faire des
étrangers, d'avoir peur, de les craindre... Dites en votre cœur : 'Il ne
faut adorer que Toi, ô Seigneur' ". Et la lettre donne des indications
particulières sur ces idoles qui ont une langue faite par un artisan et ne
s'en servent pas pour réprimander leurs faux prêtres qui les dépouillent pour
revêtir les courtisanes de l'or de l'idole, quitte ensuite à enlever l'or
profané par la sueur de la prostitution pour en revêtir l'idole; de ces
idoles que la rouille et les mites peuvent ronger et qui ne sont décrassées
et bien vêtues que si l'homme leur lave la figure et les habille, alors que
d'elles-mêmes elles ne peuvent rien faire, même si elles ont en mains le
sceptre ou la hache. Et le Prophète conclut : "Ne les craignez donc
pas". Et il continue : "Ces dieux sont inutiles comme des
vases brisés. Leurs yeux sont remplis de la poussière que soulèvent les pieds
de ceux qui entrent dans le temple et on les tient bien enfermés comme dans
un tombeau ou comme quelqu'un qui a offensé le roi, parce que n'importe qui
peut leur enlever leurs vêtements précieux. Ils ne voient pas la lumière des
lampes, car ils sont dans les temples comme des bûches et les lampes ne
servent qu'à les enfumer pendant que les chouettes, les hirondelles, et
autres oiseaux volent sur leurs têtes et les souillent d'excréments, et que
les chats se font un nid dans leurs vêtements et les déchirent. Il ne faut
donc pas les craindre, ce sont des choses mortes. Même l'or ne leur
sert pas, c'est pour la montre, et si on ne le polit pas, ils ne brillent
pas, de même qu'ils n'ont rien senti quand on les a fabriqués. Le feu ne
les a pas réveillés. On les a achetés à des prix fabuleux. L'homme les
mène où il veut car ils sont honteusement impuissants... Pourquoi donc leur
donne-t-on le nom de dieux ? Car on les adore en leur faisant des
offrandes et par toute une pantomime de fausses cérémonies que ne comprennent
pas ceux qui les font et que ne croient pas ceux qui les voient. Qu'on leur
fasse du mal ou du bien, ils y sont indifférents, ils sont incapables de
choisir ou de détrôner un roi, ils ne peuvent rendre les richesses ni le mal,
ils ne peuvent sauver un homme de la mort, sauver le
faible de celui qui le domine. Ils n'ont pas pitié des veuves ni des
orphelins. Ils sont semblables aux pierres de la montagne"... La lettre
s'exprime à peu près ainsi.
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446> Voici. Nous aussi, nous avons
des idoles, et non plus des saints, dans les rangs du Seigneur. C'est pour
cela que le Mal peut se dresser contre le Bien. Le mal qui souille de fumier
l'intelligence et le cœur de ceux qui ne sont plus saints, et qui font leurs
nids sous de fausses apparences de bonté.
Ils ne savent plus parler les paroles de Dieu. C'est naturel ! Ils ont
une langue faite par l'homme et ils parlent des paroles d'homme quand ils ne
parlent pas les paroles de Satan et ils ne savent que faire des reproches
déplacés aux innocents et aux pauvres, cependant ils se taisent devant le
spectacle de la corruption des puissants. Car ils sont tous corrompus et ne
peuvent s'accuser l'un l'autre étant coupables des mêmes fautes. Cupides, non
au profit du Seigneur, mais au profit de Mammon ils travaillent en acceptant
l'or de la luxure et du crime, en le troquant, en le volant, pris par une
frénésie qui dépasse toute limite et tout ce qu'on peut imaginer. La
poussière se niche sur eux, fermente sur eux et s'ils font voir une figure
bien lavée, l’œil de Dieu voit un cœur souillé. La rouille de la haine et le
ver du péché les ronge, et ils ne savent pas s'y opposer pour se sauver. Ils
brandissent les malédictions comme des sceptres et des haches, mais ils ne savent
pas qu'ils sont maudits. Enfermés dans leurs pensées et dans leur haine comme
des cadavres dans un tombeau, ou des prisonniers dans une prison, ils y
restent, s'agrippant aux barreaux par crainte qu'une main ne les sorte de là,
parce que là ces morts sont encore quelque chose: des momies, non plus des
momies qui ressemblent à un homme, mais des corps dés séchés comme du
bois alors que dehors ils seraient des objets démodés, négligés par le monde
qui cherche la Vie, qui a besoin de la Vie comme l'enfant a besoin du sein
maternel, et qui recherche celui qui lui donne la Vie et non les puanteurs de
la mort.
Ils résident au Temple, oui, et la fumée des lampes: des honneurs, les
enfume, mais la lumière ne descend pas en eux. Toutes les passions font en eux
leurs nids comme des oiseaux et des chats, alors que le feu de la mission ne
leur donne pas le mystique tourment d'être brûlés par le feu de Dieu. Ils
sont réfractaires à l'Amour. Le feu de la Charité ne les enflamme pas, comme
la Charité ne les revêt pas de ses splendeurs d'or. La Charité double dans sa
manifestation et dans sa source: charité de Dieu et du prochain en sa manifestation; charité en Dieu et en l'homme en sa source.
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447> Car Dieu s'éloigne de l'homme
qui n'aime pas et ainsi cette première source est tarie, et l'homme s'éloigne
de l'homme méchant et ainsi se tarit la seconde source. Tout est enlevé par
la charité à l'homme sans amour. Ils se laissent acheter par de l'argent
maudit et se laissent entraîner là où l'intérêt et la puissance l'exige.
Non. Ce n'est pas permis! Il n'y a pas d'argent pour acheter les
consciences Et spécialement celles des prêtres et des maîtres. Il n'est
pas permis d'acquiescer aux puissances de la terre quand elles veulent porter
à des actions contraires à celles que Dieu commande. C'est de l'impuissance
spirituelle, et il est dit: "L'eunuque n'entrera pas dans l'assemblée du
Seigneur". Donc s'il ne peut appartenir au peuple de Dieu celui qui est
physiquement impuissant, est-ce que l'impuissant spirituel peut être son
ministre? Aussi je vous dis en vérité que beaucoup de prêtres et de maîtres
sont maintenant affligés d'un coupable eunuchisme spirituel, car ils sont
mutilés dans leur virilité spirituelle. Beaucoup. Trop!
Réfléchissez. Observez. Comparez. Vous verrez que nous avons beaucoup
d'idoles et peu de ministres du Bien qui est Dieu. Voilà pourquoi il peut se
faire que les villes de refuge ne sont plus des refuges. On ne respecte plus
rien en Israël et les saints meurent parce que ceux qui ne sont pas saints
les haïssent.
Mais, je vous invite : "Venez!" Je vous appelle au nom
de votre Jean qui souffre parce qu'il fut saint, qu'on a frappé parce qu'il
m'a précédé et qu'il a tenté d'enlever les ordures sur les chemins de
l'Agneau. Venez servir Dieu. Le temps est proche. Ne soyez pas non préparés à
la Rédemption. Faites que ce soit sur un terrain ensemencé que la pluie
tombe. Autrement elle serait répandue pour rien. Vous, vous d'Hébron, vous
devez être en tête! Ici, vous avez vécu avec Zacharie et Élise: les saints
qui ont mérité que le Ciel leur donne Jean. Ici, Jean a répandu le parfum de
la Grâce avec sa véritable innocence de petit enfant et, de son désert, il
vous a envoyé les encens anticorrupteurs de sa
Grâce devenue un prodige de pénitence. Ne décevez pas votre Jean. Il a porté
l'amour du prochain à un degré pour ainsi dire divin qui lui fait aimer le
dernier habitant du désert comme il vous aime, vous, ses concitoyens. Mais
sûrement que lui vous obtiendra le Salut. Et le Salut c'est de suivre la voix
du Seigneur et de croire en sa Parole. De cette cité sacerdotale venez en
masse au service de Dieu. Je passe et vous appelle. Ne soyez pas inférieurs
aux prostituées auxquelles suffit une parole de
miséricorde pour quitter le chemin qu'elles suivaient et venir sur le chemin
du Bien.
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448> On m'a demandé à mon
arrivée: "Mais tu ne nous gardes pas rancune?" Rancune? Oh! non!
C’est l'amour que je vous garde! Et je garde l'espérance de vous voir dans
les rangs de mon peuple, du peuple que Moi, je conduis à Dieu dans le nouvel
exode vers la vraie Terre Promise: le Royaume de Dieu, au-delà de la
Mer Rouge des sens et des déserts du péché, libres des esclavages de tous
genres, vers la Terre éternelle, riche de délices, saturée de paix... Venez!
C'est l'Amour qui passe. Qui veut peut le suivre, car pour être accueilli par
Lui, il ne faut que la bonne volonté."
Jésus a terminé au milieu d'un silence étonnant. Il semble que beaucoup
pèsent les paroles qu'ils ont entendues, les examinent, les goûtent, les
comparent.
Pendant que se produisent ces réactions, Jésus, fatigué et en sueur, s'assied
et parle avec Jean et Judas. Voilà qu'un cri s'élève en dehors de l'enceinte,
un cri confus, et puis plus clair: "Est-ce le Messie ? Est-ce
Lui ?" et après une réponse affirmative voilà qu'on fait avancer un
estropié qui ressemble à un S tant il est difforme.
"Oh ! C'est Masala !"
"Mais il est trop estropié ! Qu'espère-t-il?"
"Voici sa mère ! La malheureuse !"
"Maître, le mari l'a renvoyée à cause de cet avorton qu'est son fils, et
elle vit ici de charité. Mais maintenant elle est vieille et elle a peu de
temps à vivre..."
L'avorton, c'est bien cela, est maintenant devant Jésus. Il ne peut même pas
lui voir le visage tant l'homme est courbé et difforme. Il semble une
caricature d'homme-chimpanzé ou d'homme-chameau. La mère, âgée et misérable,
ne parle même pas, elle gémit seulement : "Seigneur, Seigneur... je
crois..."
Jésus pose ses mains sur les épaules déformées de l'homme qui Lui arrive à
peine à la taille, lève le regard vers le Ciel et dit d'une voix de
tonnerre : "Lève-toi et marche sur les chemins du Seigneur."
L'homme éprouve une secousse et puis il bondit debout comme l'homme le plus
parfait. Le changement est si subit qu'il semble s'être débarrassé des
ressorts qui le maintenaient dans cette position anormale. Maintenant il
arrive aux épaules de Jésus. Il le regarde et puis tombe à genoux, avec sa
mère, et il baise les pieds de son Sauveur.
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