"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta.

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 La maternité virginale, accordée aussi à Ève avant son avilissement.


 La Dormition de Marie.

 La chanson du mensonge de Satan à Ève.

 Se fier à Dieu.

 Ce "oui" a annulé le "non" d'Ève.


 

Accueil >> Plan du Site >> Sommaire du Tome 1.

Ancienne édition : Tome 1, chapitre 25.
Nouvelle édition : Tome 1, chapitre 17.8.
Ce nouveau chapitre regroupe en un seul,
trois chapitres de l’ancienne édition.

17
La désobéissance d’Ève et l’obéissance de Marie
(suite).

 17.1 : Demandez à votre âme les vérités célestes.  17.2 : L'homme était appelé à dominer sur tout.  17.3 : La naissance du mal en Lucifer.  17.4 : L'homme devait procréer sans union sexuelle.  17.5 : Satan éveille la chair en Ève qui ne se tourne pas vers le Père.  17.6 : Une condamnation plus grande pèse sur la femme.  17.7 : La Grâce contre les trois concupiscences.        
 17.8 : Exulte mon esprit.  17.9 : J’ignorais que j'étais sans tache.  17.10 : La joie d'être mère d'un homme et de Dieu.  17.11 : Joie d’avoir rendu Dieu heureux.  17.12 : La désobéissance d'Ève et ses conséquences.  17.13 : J'ai obéi dans la joie et dans la douleur.  17.14 : Mon “oui” a effacé le “non” d’Ève au commandement de Dieu.  17.15 : Être un tremplin pour que les autres réussissent à marcher vers la Croix.     
 17.16 : L'arbre métaphorique ou symbolique.  17.17 : Gravité de la première faute.  17.18 : L’amour des hommes devait être sans luxure.  17.19 : Ève a cru Satan et a désiré ce qui n’était pas bon sans remords.  17.20 : Recevez la Lumière.  17.21 : Les bêtes sauvages vous dépassent par l’honnêteté de leurs amours.     
 Annexe : Rien n’est impossible à Dieu.

Catéchèse du mercredi 8 mars 1944.

113>  17.8- Marie dit :    

«Lorsque j’eus compris la mission à laquelle Dieu m’appelait, je fus comblée de joie
[1] ; de joie, mon cœur s’ouvrit comme un lys fermé, et il en sortit le sang qui servit de terreau au Germe du Seigneur[2].       

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114>  17.9- Joie d’être mère.

Je m’étais consacrée à Dieu dès mon plus jeune âge, car la lumière du Très-Haut m’avait éclairée sur la cause du mal du monde, et j’avais voulu, pour autant que c’était en mon pouvoir, effacer en moi l’empreinte de Satan.        

J’ignorais que j’étais sans tache. Je ne pouvais l’imaginer. Cette seule pensée aurait été de la présomption, de l’orgueil, car, étant née de parents humains, il ne m’était pas permis de penser que c’était moi l’Elue appelée à être l’Immaculée.           

L’Esprit de Dieu m’avait instruite sur la douleur du Père devant la corruption d’Ève qui, alors qu’elle était une créature de grâce, avait voulu s’abaisser au niveau d’une créature inférieure. J’avais le désir d’adoucir cette douleur en élevant ma chair à une pureté angélique par la volonté de me garder inviolée de toute pensée, de tout désir et de tout contact humain
[3].  

Mon cœur ne battrait que pour mon Dieu, mon être tout entier ne serait qu’à lui. Mais si je ne connaissais pas la fièvre brûlante de la chair, il y avait encore le sacrifice de ne pas être mère.         

Exempte de tout ce qui maintenant l’abîme, la maternité avait aussi été accordée à Ève par le Père créateur. Sans la pesanteur de la volupté, comme cette maternité était douce et pure ! J’en ai fait l’expérience ! De quoi Ève ne s’est-elle pas appauvrie en renonçant à cette richesse ! Plus que de l’immortalité ! Que cela ne vous paraisse pas exagéré. Mon Jésus et moi, sa Mère, avec lui, nous avons connu la langueur de la mort. Pour ma part, le doux affaiblissement d’une personne fatiguée qui s’endort
[4], et lui l’atroce anéantissement du condamné.           

La mort est donc survenue pour nous aussi. Mais la maternité sans violation d’aucune sorte
[5], je suis seule à l’avoir connue, moi la nouvelle Ève, afin de pouvoir dire au monde quelle est la douceur du sort de la femme appelée à être mère sans souffrance aucune. Et le désir de cette maternité pure pouvait exister et existait réellement dans la vierge toute donnée à Dieu, parce qu’elle fait la gloire de la femme. Si en outre vous pensez au grand honneur dans lequel les Juifs tenaient la femme mère, vous imaginerez d’autant mieux quel avait été mon sacrifice en acceptant par mon vœu cette privation.  

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115> Or la Bonté éternelle accorda ce don à sa servante sans m’ôter la pureté dont j’avais été revêtue pour devenir une fleur sur son trône. Et j’exultais de la double joie d’être mère d’un homme et mère de Dieu.

 17.10- Joie d’être celle par qui la paix réconciliait le Ciel avec la terre.        

Oh ! Avoir désiré cette paix par amour de Dieu et du prochain, et savoir que c’est par mon intermédiaire à moi, pauvre servante du Tout-Puissant, qu’elle venait au monde ! Dire : “Ô hommes, ne pleurez plus. Je porte en moi le secret qui vous rendra heureux. Je ne puis vous le révéler, parce qu’il est scellé en moi, dans mon cœur, tout comme le Fils de Dieu est enfermé dans mon sein inviolé. Mais déjà je vous l’apporte, et chaque heure qui passe rapproche le moment où vous le verrez et en connaîtrez le nom saint.”          

 17.11- Joie d’avoir rendu Dieu heureux : joie de croyante pour son Dieu empli de joie !   

Avoir ôté du cœur de Dieu l’amertume de la désobéissance d’Ève, de son orgueil, de son incrédulité !     

Mon Jésus t’a expliqué de quelle faute le premier couple s’est entaché. J’ai effacé cette faute en remontant à rebours les étapes de sa descente.    

 17.12- L’origine de la faute se situe dans la désobéissance. “Vous ne mangerez pas de cet arbre”, avait dit Dieu. Or l’homme et la femme, ces rois de la création, qui pouvaient manger de tout excepté de cela, parce que Dieu voulait que les anges seuls leur soient supérieurs, ne tinrent pas compte de cette interdiction.   

L’arbre, c’était le moyen de mettre à l’épreuve l’obéissance de ses enfants.        

Qu’est-ce qu’obéir au commandement de Dieu ? C’est agir bien, car Dieu ne commande que le bien. Qu’est-ce que désobéir ? C’est agir mal, car cela crée en l’homme une disposition à la rébellion, terrain propice à l’action de Satan.        

Ève s’approche de l’arbre : elle aurait dû fuir pour en recevoir le bien, mais son geste lui a valu le mal. Elle se laisse entraîner par la curiosité puérile de voir ce qu’il pouvait bien avoir de spécial, par l’imprudence qui lui fait juger inutile le commandement de Dieu, étant donné qu’elle est forte et pure, reine de l’Eden où tout lui est soumis et où rien ne saurait lui faire du mal. Sa présomption la perd, cette présomption qui est déjà le levain de l’orgueil.        

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116> C’est le Séducteur qu’elle trouve auprès de l’arbre : face à son inexpérience, à sa pure et si belle inexpérience, à la faiblesse de son inexpérience, il entonne la chanson du mensonge : “Penses-tu qu’il y ait quoi que ce soit de mal ? Mais non ! Dieu te l’a dit parce qu’il veut vous garder esclaves de son pouvoir. Vous vous prenez pour des rois ? Vous êtes moins libres qu’une bête sauvage. Elle, au moins, a eu le droit d’aimer d’un amour véritable. Pas vous. Elle a le droit d’être créatrice comme Dieu. Elle engendre des enfants et voit grandir à souhait sa famille. Pas vous. Cette joie vous est refusée. À quoi bon vous avoir fait homme et femme si c’est pour vivre de cette manière ? Soyez des dieux. Ne connaissez-vous pas la joie d’être deux en une seule chair, qui en crée une troisième et ainsi de suite ? Ne croyez pas aux promesses de Dieu de jouir de votre postérité en voyant vos enfants créer de nouvelles familles, après avoir quitté père et mère pour elles. Il vous a donné un semblant de vie. La vraie vie, c’est d’en connaître les lois. Alors vous serez comme des dieux et vous pourrez dire à Dieu : "Nous sommes tes égaux."      

Et la séduction a continué, parce qu’Ève n’a pas eu la volonté de la repousser, mais plutôt de la suivre et d’expérimenter ce qu’il n’appartenait pas à l’homme de connaître. C’est ainsi que l’arbre interdit est devenu réellement mortel pour la race humaine, car ses branches portent le fruit de l’amère connaissance qui vient de Satan. La femme devient femelle et, le levain de la connaissance satanique dans le cœur, elle va corrompre Adam.        

Leur chair ainsi avilie, leur sens moral corrompu, l’esprit dégradé, ils connurent alors la douleur et la mort de l’âme privée de la grâce et de la chair privée de l’immortalité. La blessure d’Ève engendra la souffrance, qui ne sera pas apaisée avant la mort du dernier couple sur terre.   

 17.13- Moi, j’ai parcouru en sens contraire le chemin de ces deux pécheurs. J’ai obéi. En toutes circonstances, j’ai obéi. Dieu m’avait demandé d’être vierge. J’ai obéi. Après avoir aimé la virginité qui me rendait aussi pure que la première femme avant de connaître Satan, Dieu m’a demandé d’être épouse. J’ai obéi, relevant ainsi le mariage au degré de pureté qu’il avait dans la pensée de Dieu lorsqu’il a créé nos premiers parents. Alors que j’étais convaincue que je serais destinée à la solitude dans le mariage et au mépris des autres à cause de ma sainte stérilité, voici que Dieu m’a demandé de devenir mère. J’ai obéi.

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117> J’ai cru que ce serait possible et que cette parole venait bien de Dieu, parce qu’en l’écoutant j’étais inondée de paix. Je n’ai pas pensé : “Je l’ai mérité.” Je ne me suis pas dit : “Désormais, le monde va m’admirer, car je suis semblable à Dieu en créant la chair de Dieu.” Non, je me suis anéantie dans l’humilité.  

La joie a jailli de mon cœur comme la tige d’une rose en fleur. Mais elle s’est aussitôt parée d’épines aiguës et la douleur m’a étreinte comme ces branches autour desquelles s’enroulent les liserons. La douleur due à la souffrance de mon époux, c’est le spasme au sein de ma joie. La douleur due à la souffrance de mon Fils, ce sont les épines de ma joie.   

Ève a recherché la jouissance, le triomphe, la liberté. Moi, j’ai accepté la douleur, l’anéantissement, l’esclavage. J’ai renoncé à ma vie tranquille, à l’estime de mon époux, à ma propre liberté. Je n’ai rien gardé pour moi. Je suis devenue la servante de Dieu dans mon corps, ma conduite et mon âme ; je me suis fiée à lui non seulement pour la conception virginale, mais aussi pour la défense de mon honneur, pour la consolation de mon époux, pour le moyen de l’amener lui aussi à sublimer notre mariage, pour que nous devenions ceux qui rendent à l’homme et à la femme leur dignité perdue.      

 17.14- J’ai embrassé la volonté du Seigneur sur moi, sur mon époux, sur mon enfant. J’ai dit “oui” pour tous les trois, avec la certitude que Dieu n’allait pas mentir à sa promesse de me secourir dans ma douleur d’épouse qui se voit jugée coupable et de mère qui se rend compte qu’elle enfante son fils pour le livrer à la souffrance.

“Oui”, ai-je dit. Oui, et cela suffit.
Ce “oui” a effacé le “non” d’Ève au commandement de Dieu. “Oui, Seigneur, comme tu veux. Je connaîtrai ce que tu veux. Je vivrai comme tu le veux. Je connaîtrai la joie si tu le veux. Je souffrirai de ce que tu veux. Oui, toujours oui, mon Seigneur, depuis cet instant où ton rayon m’a rendue mère jusqu’au moment où tu m’as appelée à toi. Oui, toujours oui. Toutes les voix de la chair, toutes les inclinations de mes sens sont remises sous le poids de ce oui perpétuel. Plus haut se trouve mon âme, placée comme sur un piédestal de diamant. Il lui manque des ailes pour voler vers toi, mais elle maîtrise tout mon être dompté et asservi pour te servir dans la joie comme dans la douleur. Mais souris, mon Dieu, et sois heureux : la faute est vaincue, effacée, annihilée.         

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118> Elle gît sous mon talon[6], elle est lavée par mes larmes, détruite par mon obéissance. De mon sein naîtra l’Arbre nouveau. Il portera le Fruit qui connaîtra le mal, intégralement[7], pour l’avoir souffert en lui-même, et il produira le bien, intégralement. Les hommes pourront venir à lui et je serai heureuse qu’ils le cueillent, même sans penser qu’il naît de moi. Pourvu que l’homme soit sauvé et Dieu aimé, qu’il soit fait de sa servante ce que l’on fait de la terre où un arbre se dresse : un tremplin pour s’élever.”   

 17.15- Maria, il faut toujours savoir être un tremplin pour que les autres s’élèvent vers Dieu. Peu importe s’ils nous piétinent, pourvu qu’ils réussissent à marcher vers la croix. C’est le nouvel arbre qui porte le fruit de la connaissance du bien et du mal : il dit en effet aux hommes ce qui est mal et ce qui est bien pour qu’ils sachent choisir et vivre. Il sait en même temps devenir une liqueur capable de guérir les personnes empoisonnées par le mal auquel elles ont voulu goûter. Qu’importe si les pieds des hommes foulent notre cœur, pourvu que le nombre des rachetés croisse et que le sang de mon Jésus n’ait pas été versé sans produire de fruit. C’est là le sort des servantes de Dieu. Mais, ensuite, nous méritons de recevoir dans notre sein la sainte Hostie et de dire au pied de la croix baignée de son sang et de nos larmes : “Père, voici l’hostie immaculée que nous t’offrons pour le salut du monde. Garde-nous, Père, unies à elle et, par ses mérites infinis, donne-nous ta bénédiction. ”



Quant à moi, je te donne ma caresse. Prends du repos, ma fille, le Seigneur est avec toi.»

Suite de l’épisode =>

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Fiche mise à jour le 23/09/2020.

 



[1] Cf. Le Magnificat, Luc 1,46-49.

[2] Marie d’Ágreda : "comme par un effet naturel, son très-chaste cœur fut comme étreint et pressé par une force qui lui fit distiller trois gouttes de son très-pur sang dans son sein virginal […] de sorte que le cœur de la très-pure Marie a réellement et véritablement fourni, à force d'amour, la matière dont la très-sainte humanité du Verbe fut formée pour notre rédemption" (La Cité mystique de Dieu – Livre 3, chapitre 11, § 138, pages 568 et 569)       
M. d'Agréda analyse justement et abstraitement les aspects humains et divins de l'Incarnation : du sang fourni par Marie aux quatre stades synchroniques de l'Incarnation, selon les analyses de la théologie traditionnelle (La vie de la Vierge Marie d’après les révélations des mystiques, Mgr Laurentin, Presses de la Renaissance, 2011).

[3] Idem, commentaires sur le célibat du couple. Les "vies révélées", soulignent la virginité de Marie, selon Luc 1,34 : "Je ne connais pas d'homme" trahi par nos traductions liturgiques en "je suis (encore) vierge". La légende dorée explicite la parole de Marie "Je ne me propose pas d'en connaître : Elle fut donc vierge, d'esprit, de cœur et de propos délibéré." (La légende dorée – Tome 1, L'Annonciation, page 377).

[4] Voir la Dormition de Marie.

[5] Op. cit., commentaires de Mgr Laurentin sur la naissance de Jésus : J'ai étudié la question sous-jacente de la virginité "in partu" (durant l’accouchement) dans la plaquette "le mystère de la naissance virginale" fondée sur l'étude des Pères. La "Vie spirituelle" a renoncé à la publication de cet article imprimé pour "Le supplément de la vie spirituelle", mais je l'ai édité en tiré-à-part en 1955 (tirage privé).        
[…] Vatican II a su traiter avec profondeur et délicatesse l'enseignement dogmatique de l'Église, sans que la commission où j'étais entre dans aucune discussion. Mgr Philips, secrétaire et rédacteur, prévint toute discussion, secrètement appréhendée par tous, en exprimant parfaitement le mystère par une brève citation liturgique médiévale qui fit d'emblée l'unanimité : "la naissance de Jésus n'a pas diminuée mais consacrée la virginité intégrale de sa mère" ("Virginalem eius integritatem non minuit sed sacravit" Constitution
Lumen Gentium – n°57). Comme Luc et selon la tradition chrétienne, le Concile a normalement évité toute description anatomo-physiologique de la naissance virginale.

[6] Allusion à Genèse 3,15. Voir aussi Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, § 54.

[7] Référence à la Passion. Voir aussi  Philippiens 2, 7-8, «(Le Christ Jésus) s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix».