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Dictionnaire géographique de l’Évangile, d’après Maria Valtorta.




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La vie de la Vierge Marie, Catherine Emmerick.



La vie de Marie d’après les révélations des mystiques.




Historique de la maison de la Sainte Vierge près d’Éphèse.




Plan de la "maison de Marie" à Panaghia Capouli.



Reconstitution du Temple d’Artémis à Éphèse.


Éphèse aujourd’hui.

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Éphèse.

Aujourd’hui Selçuk.

Éphèse au temps de Jésus, était un des ports les plus importants de la méditerranée, aujourd’hui sur la côte ouest de la Turquie. La ville comptait alors plus de 100.000 habitants. Son temple d’Artémis, de grande renommée, était considérée comme la quatrième des sept merveilles du monde. Son culte générait tout un commerce dont vivait une grande partie de la population.

 L’évangélisation d’Éphèse : Paul et Apollos.         
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Aussi, de 52 à 57, quand l’apôtre Paul l’évangélise avec succès, il provoque une émeute fomentée par Démétrios, un orfèvre prospère qui vendait des répliques en argent du temple d’Artémis : les conversions mettaient en péril son commerce. Le chapitre 19 des Actes des apôtres rapporte cet épisode.     

En arrivant dans cette métropole, Paul ne découvre pourtant que "quelques disciples" instruits par Apollos d’Alexandrie
[1], un orateur de talent. Il enseignait exactement ce qui concerne Jésus, "bien qu’il ne connut que le baptême de Jean". Paul baptise alors "une douzaine" d’entre eux qui reçoivent l’effusion de l’Esprit dès que l’apôtre leur impose les mains[2].     

Après un premier séjour, Paul demeure deux ans à Éphèse
[3]. Il annonce l’Évangile, d’abord à la synagogue puis, en butte aux violentes contradictions, dans un lieu ami. Maria Valtorta connaît le chef de la synagogue qui officiait trente ans auparavant : Jean. Il avait la particularité d’être né le même jour et au même lieu que Jésus. Devenu aveugle, il retourne en Palestine où il est guéri et y demeure comme disciple[4]. Nous nous étions interrogés[5], sans pouvoir conclure, pour savoir s’il s’agissait du "prêtre Jean" dont parle Benoît XVI[6]. Mais l’évangélisation d’Éphèse est attribuée à Apollos, non à ce Jean.           

Paul ne fait pas qu’évangéliser : il fait des miracles si extraordinaires qu’on utilise des linges l’ayant touché pour guérir des malades
[7].                  

Sept exorcistes juifs itinérants, tous frères, veulent s’approprier ce pouvoir. C’était, semble-t-il, une spécialité locale car l’expression Ephesia grammata (caractères éphésiens) était passée en proverbe pour désigner les caractères magiques ou divinatoires
[8].   

Mal leur en prit car le démon les agresse : ils doivent s’enfuir nus et lacérés
[9]. Scéva, le père de ces exorcistes présomptueux, est connu de Maria Valtorta, bien qu’elle ne le nomme pas. C’était un sadducéen, membre du Sanhédrin, adonné à la nécromancie pourtant sévèrement condamnée par l’Écriture. Il avait été amant de Marie de Magdala une trentaine d’années avant les incidents d’Éphèse.   

Un détail relie sa vie aux pratiques divinatoires d’Éphèse : Scéva s’adonnait à un procédé magique consistant à invoquer le nom secret de Dieu pour le plier à leur volonté.

 Jean l’évangéliste à Éphèse.     
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Selon Irénée de Lyon (vers 130 à Smyrne-202 à Lyon), disciple de Polycarpe contemporain de saint Jean, l’apôtre séjourna à Éphèse, avant la chute du Temple (70 ap. J.C.). C’est là qu’il écrivit son évangile, le dernier des quatre.

Après les autres disciples, Jean, le disciple du Seigneur qui reposa sur sa poitrine, donna lui aussi sa version de l’évangile comme il séjournait à Éphèse[10].

Selon Clément d'Alexandrie Jean, fut ensuite exilé, en 94, dans l'île de Patmos au large d’Éphèse, où il écrit l'Apocalypse. Éphèse est l’une des sept églises de l’Apocalypse, fidèle, mais endormie dans sa gloire passée : quarante ans s’étaient écoulés depuis les débuts de son évangélisation.        

Après la mort de Domitien en l'an 96, il revient à Éphèse. De là, il rayonne dans les communautés chrétiennes locales, "tantôt pour y établir des évêques, tantôt pour y organiser des Églises complètes, tantôt pour choisir comme clerc un de ceux qui étaient désignés par l'Esprit". Il meurt à Éphèse en l'an 101, à l'âge d'environ 90 ans. Il serait enterré près d'Éphèse, où il existait une basilique Saint-Jean aujourd'hui en ruine.     

Une tradition suppose que la Vierge Marie l’aurait suivi à l’occasion des premières persécutions d’Hérode Agrippa en 44. Cela ne ressort ni des visions de Maria Valtorta, ni des Écritures : Marie, née en 21 avant Jésus-Christ, serait "morte" à 70 ans, soit vers l’an 49, à Jérusalem. Ce n’est qu’après cette date que Jean a pu s’expatrier jusqu’à Ephèse. En effet, lorsque Paul y séjourne entre 52 et 57, il n’y a pas trace de l’apôtre Jean, ni de la Vierge Marie. Les quelques disciples qu’il y trouve ignorent tout du baptême de l’Esprit et n’ont reçu que le baptême de Jean-Baptiste annoncé par Apollos, situation incompatible avec la présence de Jean ou de la Vierge Marie qui avaient vécu la Pentecôte
[11].        

Si un tel séjour a eu lieu, il ne peut être que postérieur à Paul. Il n’aurait donc rien à voir avec la persécution de 44 à Jérusalem et contredirait les sources qui postulent que l’Assomption de Marie a eu lieu à Éphèse.

 Le concile d’Éphèse.         
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En 431 eut lieu à Éphèse un concile destiné à trancher l’appellation de Théotokos (Mère de Dieu) que la piété populaire attribuait à Marie. Nestorius, patriarche de Constantinople, voulait lui substituer le titre de Christotokos (Mère du Christ) car il ne pensait pas que Jésus soit vrai Dieu comme il était vrai homme.    

Le concile, plein de rebondissements, se réunit "dans la grande église appelée Marie". La dévotion mariale était très forte à Éphèse, ce qu’explique, de notre point de vue, l’apostolat successif de Paul et de Jean quelques siècles plus tôt. Aussi quand la Vierge Marie fut proclamée "Mère de Dieu" et Nestorius condamné puis destitué, le peuple éclata de joie.

Une lettre de cette époque
[12] relate cette anecdote et parle de Jean l’apôtre et de la Vierge Marie. Malheureusement, le texte omet un verbe essentiel, ouvrant ainsi la porte aux opinions diverses : certains complètent "Éphèse, là où Jean et Marie sont morts". D’autres décryptent : "Éphèse, là où Jean et Marie ont une église". La plupart mettent des points de suspension sans trancher.

 Séjour de Marie à Éphèse.         
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La présence de Marie à Éphèse prit une particulière importance à la fin du XIXe siècle lorsqu’on localisa sa maison à Panaghia-Capouli[13] (Porte de la Toute-Sainte) à partir des visions d’Anne-Catherine Emmerich.          

Les descriptifs qu’elle fit de la localisation permirent de découvrir un bâtiment, manifestement très ancien, qu’on identifia à la maison de Marie décrite par la voyante
[14].

"Vers la quatrième année qui suivit la mort du Christ[15], lorsque la persécution s'éleva contre Lazare et les siens[16], Marie reçut un avertissement et Jean la conduisit, avec d'autres personnes, à Éphèse, où déjà quelques chrétiens s'étaient établis. Après l'Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Marie vécut environ trois ans à Sion, trois ans à Béthanie et neuf ans à Éphèse[17]. Cependant la sainte Vierge ne demeurait pas à Ephèse même; sa maison était située à trois lieues et demie de là, sur une montagne qu'on voyait à gauche en venant de Jérusalem, et qui s'abaissait en pente douce vers la ville. Lorsqu'on vient du sud, Éphèse semble ramassée au pied de la montagne; mais à mesure qu'on avance, on la voit se dérouler tout autour. Au midi on aperçoit des allées plantées d'arbres magnifiques, puis d'étroits sentiers conduisent sur la montagne, couverte d'une verdure agreste. Le sommet présente une plaine ondulée et fertile d'une demi-lieue de tour : c'est là que s'était établie la sainte Vierge.       

"Le pays était solitaire et sauvage; on y voyait, au milieu de petites places sablonneuses, des grottes creusées dans le roc, beaucoup de collines fertiles et agréables, parsemées d'arbres de forme pyramidale, au tronc lisse, et qui forment un très bel ombrage. Avant de conduire la sainte Vierge à Éphèse, Jean avait fait construire pour elle une maison en cet endroit, où déjà beaucoup de saintes femmes et plusieurs familles chrétiennes s'étaient établies, avant même que la grande persécution eût éclaté
[18]. Elles demeuraient, sous des tentes ou dans des grottes, rendues habitables à l'aide de quelques boiseries. Comme on avait utilisé les grottes et autres emplacements tels que la nature les offrait, leurs habitations étaient isolées, et souvent éloignées d'un quart de lieue les unes des autres. Derrière la maison de Marie, la seule qui fût en pierre, la montagne n'offrait, jusqu'au sommet, qu'une masse de rochers d'où l'on apercevait, par-delà les allées d'arbres, la ville d'Éphèse et la mer avec ses îles nombreuses, Un cours d'eau très sinueux serpentait entre la ville et la demeure de la sainte Vierge, Plus tard, cette localité devint la résidence d'un évêque. 

"La maison de Marie était carrée, la partie postérieure seule était arrondie; les fenêtres étaient pratiquées au haut des murs, et le toit était plat. Elle était divisée en deux parties par le foyer, placé au centre. …"

Quand on compare ce descriptif à l’état des lieux, on ne peut pas douter qu’Anne-Catherine Emmerich ait eu la vision de ce lieu. Cependant, de nombreux détails et quelques incohérences sèment le doute sur la retranscription qui nous est parvenue, et donc sur les conclusions qu’on en tire :     

Contradictions dans les visions d’A.C. Emmerich :         

- Joachim Bouflet, le traducteur de "La Vie de Marie", note plusieurs anachronismes dans ces passages d'A.C. Emmerich : Marie serait morte à Éphèse en 48, date supposée du
Concile de Jérusalem où pourtant elle a assisté quelques années plus tôt selon la voyante. Jacques le majeur (le fils de Zébédée) aurait assisté à la mort de Marie à Éphèse avant de subir le martyr à Jérusalem. Mais on le date de 44. 

- Le descriptif de la maison carrée de Marie ne correspond pas au bâtiment découvert, manifestement une église, sauf en quelques détails insuffisants pour qu’il y ait une véritable identification (par ex. le foyer n’est pas dans la maison carrée, …).     

- L’archéologie date le bâtiment du IVe siècle et non du premier.        

Contradictions avec l’Écriture :

- Sur l’esprit : Marie et Jean, au pied de la Croix, ont prouvé que la fidélité au Christ était au-dessus de la crainte. Marie n’a pas fui Jérusalem par crainte des persécutions ! Appliquée au Christ par Pierre, cette pensée lui valut son vade retro Satanas ! Jacques de Zébédée meurt martyr à Jérusalem lors de la persécution d’Hérode-Agrippa. Jacques d’Alphée y est assassiné, 20 ans après. C’est dans cette ville que Paul rencontre Jean au terme de 17 ans d’apostolat (Galates 1 et 2). Si les autres apôtres se dispersent, c’est afin de propager l’Évangile, non par crainte.     

- Sur la lettre : alors que Marie et Jean auraient résidé pendant plusieurs années à Éphèse, cette ville n’est évangélisée, très peu de temps après, que par Apollos puis par Paul (Actes 18 et 19). Il n’y a aucun souvenir de la présence de Marie ni de tous les fidèles qui, selon Emmerich, servaient Marie. Paul ne trouve qu’une poignée de croyants qui ne connaissent pas l’Esprit saint et ne sont pas baptisés en son nom. Autant d’éléments incohérents et incompatibles avec la présence de Marie et de Jean.     

Qu’en est-il vraiment ?

Anne-Catherine Emmerich a réellement eu une vision de ce lieu, mais la transcription en a été enjolivée et déformée comme beaucoup de ses visions. Nous ne tenons ce descriptif que de troisième main : la voyante l’a décrit à Clemens Brentano qui a parfois induit ses propres conclusions tirées d’autres lectures qui le passionnaient. Après sa mort, son frère Christian et sa veuve reprirent les milliers de notes de Clemens pour écrire "La vie de la Vierge Marie".      

Il y a sans doute eu un glissement sémantique de la "maison de Marie" dû à la piété mariale très forte chez les éphésiens, sans doute sous l’effet de l’apôtre Jean qui y séjourna sur la fin de sa vie. D’abord «église de Marie», elle est devenue un haut lieu du culte marial après le concile d’Éphèse qui la proclama Théotokos (Mère de Dieu), un de ses plus grands titres de Gloire, sinon le premier. Cet évènement glissa progressivement vers la notion de lieu de résidence, puis de Dormition. Mais A.C. Emmerich a vu «l’église de Marie» où se tint le concile.       

D’ailleurs les trois papes (Paul VI
[19], Jean-Paul II[20] et Benoît XVI[21]) qui se rendirent à la Maison de Marie à Panaghia Capouli, ont honorés la Theotokos et le concile, et non pas la maison où vécut Marie.

 La tradition d’Éphèse.  
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La tradition de Marie séjournant à Éphèse n’est pas née avec Anne-Catherine Emmerich : déjà Marie d’Ágreda, au XVIIe siècle note le passage de Marie à Éphèse, mais elle meurt (dormition) à Jérusalem.   

Selon elle, "une année entière s'était écoulée depuis la mort de notre Sauveur, lorsque les apôtres résolurent, par une inspiration divine, d'aller prêcher la foi dans tout l'univers" Chacun reçoit par l'Esprit saint l'indication des terres à évangéliser. Jean est chargé d'assister et de servir la Vierge Marie et de lui administrer l'Eucharistie. Il partage ces fonctions avec
Jacques le mineur[22]. Les persécutions arrivant, Jean propose à Marie de partir à Éphèse[23]. Ils trouvent refuge auprès de quelques fidèles venus de Palestine. Marie "choisit pour sa demeure la maison de quelques femmes peu riches, qui vivaient sans aucune compagnie d'hommes dans la retraite et dans la solitude […] ils demeurèrent dans cette maison tant qu'ils séjournèrent dans cette ville d'Éphèse"[24]. Jean et Marie ne quitteront définitivement Éphèse que pour assister au Concile de Jérusalem (an 48 ou 49). Ville où elle revient mourir.    

Là aussi le séjour de Jean et de Marie à Éphèse aurait précédé l’arrivée de Paul qui ne trouve aucune trace de leur passage ni de leur évangélisation.        

Le pape Benoît XIV (Lambertini) était partisan de ce séjour à Éphèse, peut-être sous l’influence des révélations de Marie d’Ágreda, on ne sait.     

Si les témoignages sur la présence de Jean à Ephèse sont nombreux, la présence de Marie n'est attestée qu'à partir du Ve siècle au concile d'Ephèse où la phrase est malheureusement tronquée du verbe nécessaire à sa pleine compréhension
[25]. 

Les sources mystiques, qui l’attestent, se contredisent et le témoignage des Actes des apôtres ne cautionne pas cette hypothèse.

 Où en parle-t-on dans l’œuvre de Maria Valtorta ? .           
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- EMV 364.



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Fiche mise à jour le 08/01/18

 



[1] Actes des apôtres, 18, 24-28.

[2] Idem, chapitre 19, verset 6.

[3] Idem, verset 10.

[4] EMV 365.

[5] Dictionnaire des personnages de l’Évangile selon Maria Valtorta, rubrique du personnage.

[6] Benoît XVI, Jésus de Nazareth, page 252.

[7] Idem, verset 12.

[8] Source : Yves Petrakian.

[9] Idem, verset 16.

[10] Irénée, Contre les hérésies, III, 1, 2.

[11] Actes des apôtres, chapitre 19.

[12] Sur une lettre du Concile d'Ephèse (431), article d'Édouard Delebecque.

[13] Il existe plusieurs orthographes du nom.

[14] Vie de Marie, page 411 et suivantes.

[15] Catherine Emmerick décompte les années à partir de l’an 33 retenu, à son époque, comme la date de la Passion.

[16] Il s’agit de la persécution où fut lapidé Étienne, le premier martyr.

[17] Soit jusqu’à l’an 48 ou 49.

[18] Celle de 44.

[19] 26 juillet 1967. Discours aux fidèles d’Éphèse.

[20] 30 novembre 1979. Homélie à la Maison de la Vierge à Éphèse.

[21] 29 novembre 2006. Homélie lors de la messe au sanctuaire «Meryem Ana Evì».

[22] La Cité mystique de Dieu - Livre 7, Chapitre 13, § 227 à 231, pages 51 à 57.

[23] Idem – chapitre 17, § 344 et 345, page 186.

[24] Idem – Livre 8, Chapitre 1, § 372, pages 216 et 217.

[25] Ces textes sont récapitulés dans R. Laurentin "Vie authentique de Marie" – Paris Éditions de l'Œuvre - 2008, p. 439 à 447.