Le dimanche 19 mai 1946.
102> Saint Azarias dit :
"Les
hommes, qui ne veulent plus, qui ne peuvent plus lire et comprendre les
paroles que les événements écrivent sur les pages du temps, sont bien
incapables de dire les paroles de l'introït. Au contraire, levant le poing et
tournant leur haine vers Dieu, ils blasphèment : "Aucune
merveille ! Aucune justice ! Dieu n'existe pas ou, s'il existe, c'est un
Dieu idole qui ne peut s'opposer aux hommes. Un Dieu idole. L'homme est
davantage dieu que lui, parce qu'il peut faire ce qu'il veut sans que
personne ne le punisse."
Ainsi parlent certains hommes, cette partie parmi les hommes qui est la plus
nombreuse, mais dans laquelle la royauté surnaturelle de l'homme est annulée
car ils ont en eux un esprit mort sur lequel est assis le Mal sous ses
diverses formes d'athéisme, de haine envers Dieu et les hommes, de férocité,
de corruption.
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103> Mais ce
n'est pas à eux que je m'adresse. Je te parle à toi, petite voix, je parle à
toutes les "voix" et ensuite à ceux qui sont encore des hommes
faits à l'image et ressemblance de Dieu, c'est-à-dire un assemblage de corps
et d'âme dans lequel l'esprit est un roi qui se souvient de Dieu, qui le
sert, qui lui obéit et qui obtiendra la possession de Dieu, cette possession
béatifique qui fait des hommes autant de dieux, éternels, infiniment heureux .
Je vous fais examiner la vérité des paroles de l'introït, vérité qu'une
observation superficielle semble démentir, mais qui est lumineuse au-delà de
l'écran fumeux et opaque des destructions, des massacres, des misères et des
autres châtiments qui ont frappé et frapperont encore l'humanité.
Dieu a fait des merveilles. Si, comme cela vous arrive lorsque du haut d'un
de vos avions vous regardez en bas les continents que vous survolez, vous
pouviez, de haut, de très haut, — c'est-à-dire des sphères du monde
surnaturel dont les habitants sont pénétrés du règne spirituel de la vérité
et de la lumière —, si donc vous pouviez voir d'un seul regard d'observation
intelligente tout ce qui est advenu durant ces dernières années sur votre
planète, vous verriez se recomposer comme en une immense mosaïque les
fragments des merveilles opérées par Dieu, et apparaître un chef d'œuvre
extrêmement vaste, merveilleux, témoignant de la justice du Seigneur.
Pourquoi,
chers fils qui êtes fidèles dans le Seigneur, ne se trouve-t-il personne
parmi vous qui puisse dire : "Le Seigneur m'a défendu, il a pourvu à mes
justes besoins, j'ai vu sa main en cette heure de guerre, en cette
heure de persécution". Nombreux parmi vous sont ceux qui pleurent parce
que leur famille n'est plus ce qu'elle était avant-guerre , ou
parce que leur bien-être n'est plus ce qu'il était. Fils du Seigneur, vous
pleurez, mais ne pleureriez-vous pas davantage si celui que vous pleurez
était encore parmi les vivants ? Pour combien la mort ne fut-elle pas une
miséricorde !
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104> Vous ne
le savez pas. Miséricorde dans le temps, miséricorde dans l'éternité. S'ils
vivaient à présent ils auraient encouru des dangers comme cela ne
leur est pas arrivé auparavant. Vivants, ils auraient trouvé la justice des
hommes, laquelle, sous ses formes, est toujours cruelle par rapport à celle
de Dieu et davantage faite de haine que de compréhension, tant elle
communique la haine envers le coupable et dans le cœur même du coupable.
Voyez au contraire de quelle pitié Dieu a fait preuve en certaines morts qui
ont été l'expiation, le solde de la grande dette que celui ou celle
que vous pleurez avait envers Dieu. Et même dans le cas où pas la moindre pensée
de repentir n'a effleuré l'esprit corrompu à l'heure de la mort - et il
aurait suffi d'un seul cri d'invocation au Père, au Sauveur, pour
sauver son âme de la mort et le rendre à la Vie à l'heure où cessait sa
petite vie terrestre - cette mort aura toujours été une justice
miséricordieuse parce qu'elle vous empêche d'avoir honte, de frissonner
d'horreur, ô mères, épouses ou enfants, devant le nouvel aspect moral de
celui que maintenant vous pleurez.
Tous les événements,
d'une façon générale, n'ont été et ne sont que justice. Vous prétendriez
peut-être que Dieu, offensé, soit et demeure inerte devant les continuelles
provocations de l'homme qui piétine et détruit de mille façons le précepte
capital ? Croyez-vous qu'il soit permis de se moquer de Dieu et de faire
comme s'il n'existait pas ? Le pouvoir qui vous a été donné est grand, et
vous en abusez. Mais voici la réponse de Dieu : sa non-intervention en
votre faveur, non pas individuellement, mais en tant que multitude.
"Le Créateur n'existe pas", crient-ils. "Il n'y a pas de
Dieu", blasphèment-ils. Le Créateur vous montre son existence par
d'inexplicables flagellations météoriques et animales.
Ne dites pas : "C'est donc qu'il n'est pas bon." La bonté est une
vertu, la sottise est une maladie. Dieu ne peut être malade, imparfait, aucun
de ses pouvoirs n'est sujet à l'infirmité. C'est pourquoi, à l'homme qui a
détruit, violé, piétiné les droits de ses semblables - et cette criminalité a
été celle de toute la terre -, Dieu répond par son droit de détruire
ce qu'il a créé. À l'homme qui ne retrouve pas la raison avec la guerre, mais
qui au contraire devient toujours plus démoniaque, Dieu répond par la famine.
Il vous traite ainsi comme des animaux brutaux qui ne comprennent que les
besoins brutaux. Il traite de cette façon l'humanité pour ce qu'elle est.
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105> Vous, à qui je parle,
vous direz : "Et nous ? " C'est vrai. Les justes d'un peuple
périssent aussi pour les péchés de ce peuple. Mais tandis que vous pleurez
pour les punitions actuelles, élevez vos cœurs, comme l'enseigne l'oraison,
et tournez-les vers "les vraies joies", c'est-à-dire vers
les choses spirituelles, vers la promesse d'une vie future, d'une récompense
pour les persévérants, vers Dieu votre Père et votre récompense.
Afin d'enlever tout doute sur la providentielle présence de Dieu même dans
les faits qui semblent ne pas avoir leur origine en lui, donc une bonne
origine, parce qu'ils font pleurer, voici ces mots de l'apôtre Jacques :
"Tout ce que l'on peut recevoir de merveilleux, tout don parfait vient d'en
haut."
Il faut savoir voir. C'est là l'essentiel. Voir pour croire. Non pas voir
pour croire à l'existence de Dieu, parce qu'en cette matière est
bienheureux celui qui sait croire sans voir , et son
acte continuel de foi lui vaudra une grande gloire au ciel. Mais voir au-delà
de la matérialité des faits les justices surnaturelles qui s'y cachent. Quand
quelqu'un sait voir ainsi, voici que, par une métamorphose de
l'événement matériel, celui-ci se change en fait surnaturel et bénéfique, il
s'ennoblit en monnaie d'acquisition et en mérite immortel.
Observez
la chrysalide enfermée dans le cocon : c'est un animal bien laid qu'on écrase
volontiers à cause de la répulsion qu'elle suscite. Mais si la chrysalide
réussit à échapper à sa destruction par l'homme, par le gel, les oiseaux ou
les pluies, et à rester attachée avec son cocon là où l'a mise la sollicitude
prévoyante de celui qui l'a déposée, voici qu'alors, à l'heure établie par
des lois immuables et savantes, le cocon s'ouvre et l'homme émerveillé voit
que la chenille inerte, répugnante, s'est transformée en un papillon agile et
magnifique.
Dieu agit de même dans ses fidèles et en faveur de ses fidèles. Il
métamorphose les actions humaines cruelles, brutes, répugnantes, voulues par
l'égoïsme, par la haine, par l'avidité de la majeure partie des hommes et qui
frappent comme la grêle et blessent comme des coups de fouet aussi bien la
meilleure partie que celle qui mérite de se torturer en son propre sein parce
qu'elle a perdu toute fraternité humaine et s'est changée en une foule
immense de fauves et de démons.
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106> Il les métamorphose en choses
merveilleuses, en dons parfaits, à condition que les fidèles de Dieu aient su
rester là où ses soins prévoyants les ont mis, c'est-à-dire dans le rayon de
sa lumière. L'on voit ainsi que, de cette commune mésaventure, il naît une
sélection : parce qu'ils savent voir, les fils de la lumière
deviennent plus lumineux et plus sûrement élus, tandis que les fils des
ténèbres se font toujours plus ténébreux et réprouvés. Replacés au seuil du
chemin qui mène à Dieu, même la constatation du grand mal provoqué par leur
mauvaise volonté ne parvient pas à les conduire au repentir, ni à être
pensifs.
C'est pour cela, bons fils de mon Seigneur, qu'il faut que
vous sachiez voir, et voir de façon surnaturelle. Voir que
les tortures du monde dont vous souffrez, et qui sont l'œuvre des hommes,
peuvent vous obtenir une augmentation de mérites et de gloire. Voir, au-delà
de la main griffue du mal et des méchants qui vous agrippe et vous tourmente,
la très sainte main du Père qui vous offre le moyen d'obtenir un don immense
et éternel en raison de votre patience, de votre foi, de votre acceptation de
ce qui, de toute façon, ne peut plus être repoussé. Il faut tout voir
comme venant de Dieu.
Voici pourquoi l'on peut dire, avec sagesse, que toute chose
excellente, tout don parfait vient d'en haut, alors que les choses mauvaises
et sans perfection proviennent d'en bas : comme des semences maléfiques,
elles produisent des ténèbres que récoltent les serviteurs du Très-Bas, et
sont répandues telles une pluie de tourments sur toute l'humanité.
"Tout don parfait vient d'en haut et descend du Père des
lumières."
Voyez quelle sécurité donne cette phrase : "Descend du Père des
lumières." S'il est le Père des lumières, c'est que Dieu n'est en rien,
ni jamais, semblable à quelqu'un qui avancerait à tâtons dans les ténèbres et
choisirait au hasard ce qui, dans ces ténèbres, lui tomberait sous la main en
en ignorant la nature et les effets. Non, il ne saurait être ainsi. Alors
soyez confiants, chers fils de ce Père des lumières, soyez confiants. Il
sait, lui, quand, comment et quels dons parfaits vous donner pour vous rendre
parfaits. Ne les repoussez pas, ne les utilisez pas mal, ne les corrompez
pas. Acceptez-les avec humilité, avec d'autant plus d'humilité qu'il s'agit
de dons extraordinaires ; je dis cela pour vous, chères voix et avec
suffisamment d'amour de la vérité pour ne pas ajouter ni retrancher un iota
de ce que Dieu vous confie, sans en voiler la moindre partie ni la charger de
fanfreluches par de fausses hontes ou de fausses peurs.
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107> Soyez comme Dieu vous
fait. On vous croit ? Heureux ceux qui savent voir Dieu dans son
instrument. On ne vous croit pas ? Priez pour eux. On se moque de vous ? On
tente de vous induire au désaveu de ce que vous êtes ? Réagissez avec douceur
en pardonnant l'offense, mais restez inébranlables, tenaces comme des
montagnes de granit dans votre certitude. Dieu seul a
le droit de vous faire cesser d'être ce que vous êtes. Et vous ne devez pas
vous lamenter si, après s'être servi de vous, il vous met à l'écart sur la
terre pour susciter d'autres instruments. Croyez-moi, ô voix : si vous êtes
aussi obéissantes à l'appel missionnaire qu'à l'ordre du repos, même si votre
voix n'avait eu à transmettre qu'un seul mot, votre mérite au ciel
serait bien grand à cause de votre obéissance, dans l'action comme dans le
repos après l'action.
Jacques dit : "... du Père des lumières qui ne
connaît ni vicissitude ni ombre de changement."
Vous
voyez comme Dieu est stable, en lui-même, dans ses décrets ? Seule la
créature est instable, et c'est pourquoi elle fuit parfois la volonté
toujours stable de Dieu, provoquant ainsi elle-même son triste sort. Mais
Dieu ne varie pas, ne change pas. S'il vous a attirés à lui au point de vous
confier une mission parmi les hommes, il ne peut ensuite vous abandonner et
changer de décret.
Notre
très saint Seigneur Jésus, étant l'égal du Père, n'a pas changé son cœur à
l'égard des apôtres. Sans ignorer qui était Judas, esprit changeant par
excellence, Jésus ne changea jamais. Jusqu'à la dernière heure il traita
Judas en apôtre et ami. À la dernière cène, il le purifia comme les autres,
se communiqua à Judas comme aux autres et, à Gethsémani, il le salua encore
du doux nom d'ami . Et dans
l'hypothèse où Judas, au lieu d'aller se pendre, avait couru au pied de la
croix, le Mourant aurait rassemblé ses forces pour lui dire encore :
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108>
"Mon ami, pourquoi viens-tu ? Pour recevoir le pardon ? Le voici
pour toi, totalement. Va et ne pèche plus. Aime-moi
et fais-moi aimer." Jésus aurait encore dit à sa Mère : "Femme,
voici tes fils !", unissant l'Innocente au déicide ; la Femme
très sainte, elle qui est la plus grande créature après Dieu, n'aurait pas
non plus repoussé Judas parce qu'elle est la sainte que Dieu seul surpasse en
perfection. Les larmes de Judas au pied de la croix auraient procuré au monde
la prière parfaite de Jésus au Père en faveur du pécheur. Mais le monde ne
méritait pas de connaître l'exacte mesure de ce qu'est l'amour
miséricordieux. Et cette prière n'a pas été prononcée...
Jésus, qui est Dieu comme le Père, n'a jamais changé son cœur et sa pensée
envers ses élus. Ce n'est pas lui, mais Judas, qui a changé son cœur et sa
pensée, et qui s'est damné volontairement. "C'est par libre volonté, dit
Jacques, que Jésus nous a engendrés par la Parole de vérité, pour que nous
soyons comme les prémices de ses créatures."
Cela est dit pour tous les vrais fidèles de Dieu, et très spécialement pour
tous les élus parmi le troupeau élu. Mais les prémices, pour être telles,
c'est-à-dire de grande valeur, doivent être sans tare. Il faut répondre par
la bonne volonté à la volonté de Dieu, c'est-à-dire être "prompt à
écouter, mais lent à parler et lent à la colère".
Âme qui m'est confiée,
voici maintenant un grand conseil que mon Seigneur me donne de te communiquer.
Accueille-le parce qu'il vient de la Lumière et parce qu'il est toute
lumière, il vient de la Sagesse et il est toute sagesse, il vient de la
Justice et il est toute justice. Accueille-le comme tu as accueilli les
précédents, avec la docilité du flocon de neige qui se laisse conduire par le
vent. Dieu est ce vent qui te conduit par des voies utiles et justes. Il n'y
a pas une seule de ses actions à ton égard qui ne soit marquée du sceau de
son infinie bienveillance. Mon Seigneur te fait dire par moi, Azarias, ton
"bon compagnon Sois lente à parler."
Jusqu'à présent tu as parlé en répondant avec sincérité même aux questions
qui étaient de la simple curiosité. Cela suffit maintenant. Souviens-toi que
les intentions qui sont face à toi ne sont pas droites, ne sont pas de vraies
charités.
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109> Ils t'interrogent avec
beaucoup d'humanité, mais très rarement avec une bonne humanité.
Pourquoi le font-ils ? Pour t'aider ? Non. Les
meilleurs le font uniquement par curiosité; et les autres par désir de te
prendre en faute. Jésus lui aussi fut interrogé par des pharisiens, scribes
et sadducéens pour ces deux motifs : curiosité inutile ou animosité et désir
de le prendre en faute.
Je t'ai déjà dit qui doivent être tes témoins quand
mon Seigneur, qui est aussi le tien, m'a ordonné de te le dire. Tu dois voir
et traiter tout autre comme un étranger qui ne doit pas être admis dans
les domaines du Roi parce que son esprit investigateur qui cherche à pénétrer
dans le "jardin clos "
est douteux, pour le moins douteux. Sois lente, extrêmement lente, avare,
extrêmement avare de paroles avec tous, si ce n'est avec tes témoins. Tu vois
que les autres ne changent pas d'attitude. Ils semblent relever la tête vers
la Lumière, puis, appesantis par trop de théories et non allégés par l'aura
spirituelle qui pourrait contrebalancer le poids des théories, ils retombent
à leur point de départ. Parfois même ils déforment tes propos, soit
volontairement soit par incapacité d'entendre, et se font tentateurs contre
la prudence et contre la charité.
Tu as entrouvert la porte sur l'ordre de Dieu afin qu'ils ne puissent avoir
pour excuse de ne pas savoir. Maintenant, sur l'ordre de Dieu encore, referme-la.
Renferme-toi en toi-même, avec ton grand Trésor et ton petit trésor :
Dieu et l'Œuvre . Fais
preuve d'une grande charité de prières et de pardon pour ceux qui ne l'ont
pas pour toi et le prouvent de bien des manières ; mais garde aussi une juste
prudence parce que, quand tout a été dit pour convaincre et qu'ils ne veulent
pas se laisser convaincre, il est inutile de dire des paroles oiseuses sur
des choses qui ne le sont pas. Imite Jésus qui, après avoir parlé
infatigablement durant trois années devant ceux qu'aucune parole, action ou
exemple n'avaient changés en sa faveur et qui s'étaient ligués pour le
condamner, leur a opposé le silence. Désormais, eux et toi ne parlez plus la
même langue. Etant donné qu'à l'une des deux parties il manque la charité, elle n'a
pas la lumière nécessaire pour te comprendre.
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110> Voici donc venu le temps
des "grands silences" que la bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus
t'avait prophétisé lors de ton exil dans les montagnes durant l'été 1944 . Plonges-y.
Identifie-toi toujours plus à Dieu en te séparant toujours plus des hommes.
Que Dieu soit ton unique directeur et confident, comme à l'époque où notre
Seigneur Jésus te préparait à être une "voix". Au fil de tes
besoins, il t'indiquera la conduite à tenir. En effet, s'il est vrai que les
hommes s'autorisent beaucoup de permissions, il est aussi vrai que Dieu
oppose son "ça suffit !" quand la charité vient à être offensée.
Montre une fois seulement ces paroles, puis garde le silence. Silence
d'inutiles réponses et inutiles questions, et silence d'inutiles références à
quine peut changer les choses, ou ne les veut changer.
Reprenons maintenant
l'épître. "Lent à la colère parce que la colère de l'homme n'accomplit
pas la justice de Dieu."
Pour cette raison aussi, il est bon que tu te taises. Il y a des créatures qui
ne se souviennent pas d'avoir devant elles d'autres créatures et, renversant
le commandement, elles font aux autres ce qu'elles n'aimeraient pas qu'on
leur fasse. Elles exigent des autres ce qu'elles-mêmes, et de loin, ne savent
faire. Par conséquent, silence, silence, silence. Ne parle pas. Si tu es
interrogée et agacée au point de troubler ce qui meurt avec l'humanité et
perturbe l'esprit, donne cette brève réponse : "Au nom du Seigneur je
vous prie de vous abstenir de demander ce qu'il n'est pas nécessaire que je
dise." Respecte le commandement de justice de Dieu, le commandement de
silence, sans pécher par le ressentiment ni admettre d'étrangers dans les
domaines du Roi.
De cette façon, mon âme, tu te libéreras même de la poussière que soulève le
vent du ressentiment, de la fange que la connaissance réelle et profonde de
la psychologie humaine fait monter à la surface des cœurs, ces lacs
d'humanité, empêchant ainsi la limpidité du ciel de s'y refléter. Tu
oublieras toujours davantage la malice, signe du venin satanique resté dans
le sang de l'homme pour le rendre rancunier et incrédule.
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111> Tu te libéreras de tout
et, "avec douceur et mansuétude", tu embrasseras ton grand Trésor :
Dieu et sa Parole, "la Parole déposée en toi et qui a le pouvoir de
sauver ton âme". Sauver, oui, par l'enseignement qui se trouve en chaque
parole et par la paix qu'il te communique.
Il est dit : "Le Christ ressuscité des morts ne meurt plus. Sur lui la
mort ne règne plus."
Mais c'est aussi le destin des petits "Christ" après l'épreuve.
Maintenant tu es au tombeau, là où l'on ne trouve que solitude et silence.
Dans le tombeau n'entrent que ceux qui sont témoins du sacrifice et de la
gloire qui s'ensuit. À ceux-là tu peux dire "combien de choses le
Seigneur a fait pour ton âme". Pour ce qui est des autres, silence.
"Quand ensuite viendra le Consolateur, il convaincra le monde au sujet
du péché, de la justice et du jugement."
Dans ton cas comme dans celui de notre Seigneur Jésus, et dans la mesure qui
est celle de la créature par rapport au très saint Sauveur, le Consolateur
montrera leur péché, leur erreur d'obstination et de surdité à ceux qui te
repoussent, sans pitié pour l'instrument, et s'élèvent ainsi comme des juges
contre Dieu qui t'a choisie. Il révélera le mépris manifesté à la Parole qui,
une fois de plus, a parlé dans un but d'amour, et leur contre-charité à
l'égard d'une de leur sœur. Il montrera la justice de son œuvre en toi et à
travers toi, et de tout ordre qu'il t'a donné. Il montrera son jugement,
sans appel, relatif à la petite "voix" que le monde, que les grands
du monde, n'ont pas voulu accueillir en rejetant ton petit monde de
chrétienne. Une fois de plus, en effet, les hommes repoussent la lumière, qui
se manifeste quand et comme elle le veut, par les moyens les plus humbles et
dans les buts les plus saints, pour contrebalancer les ténèbres d'une fausse
sagesse qui sait beaucoup de ce qui est humain, mais ignore presque tout de
la vraie sagesse. Cette sagesse a toujours parlé aux humbles pour les élever
au-dessus des puissants, elle a jailli des lèvres des petits plus souvent
que de celles des savants, parce que l'Esprit du Seigneur ne cherche pas les
chaires pompeusement préparées, mais des cœurs ardents d'amour d'où il peut
répandre ses instructions.
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