Le dimanche 12 mai 1946.
92> Azarias
dit :
"Il serait en fait bien juste que la terre entière chante avec
allégresse des louanges au Seigneur. Les êtres inférieurs de la terre le font
par les facultés qui leur ont été accordées, parce que le simple fait
d'exécuter ce pourquoi ils ont été créés a valeur de chant de louange au Dieu
créateur. Le roi de la terre, l'homme, ce roi des créatures animales, ce
patron qui exploite les règnes animaux, végétaux, aquatiques et minéraux, ne
sait le faire ni par ordre ni par amour - l'ordre selon la nature animale qui
assimile l'homme à toutes les espèces créées à partir de la matière mais lui
laisse la première place des êtres qui vivent sur terre ; l'amour en raison
de la nature spirituelle dont Dieu l'a doté afin que ce trait d'union entre
la matérialité des brutes et la spiritualité des anges lui soit semblable -,
cet être auquel Dieu a réservé une vie immortelle, puisque ce qui est une
parcelle de Dieu ne saurait finir dans le néant, cet être pour lequel il a
créé un Royaume de béatitude éternelle.
Haut de page.
93> L'homme
viole l'ordre, tous les ordres, en conséquence de quoi il viole même l'amour.
Le désordre est déjà la haine qui conduit à commettre des œuvres
préjudiciables à ses frères et à faire preuve de négligence envers Dieu.
L'homme nuit à ses frères en se servant des règnes sur lesquels il est un roi
capable de les exploiter, il nuit à ses frères en se servant de
l'intelligence supérieure dont il est doté, se prenant pour un petit dieu d'un
temps en réalité bien bref durant lequel il ne sait pas témoigner à Dieu le
respect et l'obéissance qui lui sont dus ; ce faisant, l'homme montre qu'il
contrevient à l'ordre et, de fait, qu'il est un désordonné dans
l'ordre ; il montre sa haine envers ses semblables et envers Dieu,
puisqu'il lèse les premiers et offense Dieu de mille manières.
La liturgie rappelle le devoir de l'homme, cet être qui vit sur la terre,
d'aimer et louer le Seigneur. C'est son devoir premier parmi toutes les
formes d'amour révérenciel envers celui qui est digne de toute louange ;
c'est aussi un acte prudent car le fait de garder l'esprit tourné vers Dieu
retient l'être d'accomplir les œuvres auxquelles seuls ceux qui sont sans foi
peuvent se livrer. Mais trop peu nombreux sont ceux qui écoutent ce conseil,
cette invitation liturgique, et la terre manque trop de voix humaines dans le
chœur de louange de la création à son Créateur. Les plus belles voix de cet
immense chœur sont bien rares parce que trop d'hommes ne se souviennent pas
qu'ils n'existent que parce que Dieu les maintient.
Aux temps du psalmiste, les œuvres de la création étaient encore attribuées à
Dieu. Aujourd'hui, l'homme ne le reconnaît même plus. Et cet être qui, de
lui-même, ne sait pas créer le moindre brin d'herbe, un seul et insignifiant
mais innocent et utile brin d'herbe, prétend nier à Dieu l'attribut de
Créateur ; le plus souvent, il met l'obscure et pesante matière à la
place du Dieu lumineux. Il répète la maudite phrase du Rebelle : "Comme
toi, je suis." Il se fait créateur de mort et de souffrance en prenant
des choses créées par Dieu et qui "étaient bonnes" pour créer ce qui "n'est pas bon", ce
qui est tourment et aversion.
Haut de page.
94> Cependant,
comme au temps du psalmiste, tandis qu'ils agissent en actes et en pensée contre
Dieu, contre l'ordre, contre la paix, contre tout, ils
s'opposent également à la sincérité et, par hypocrisie, calcul et lâcheté,
ils flattent bassement Dieu par de fausses cérémonies utilitaires, destinées
à tromper le prochain, et surtout aptes à offenser Dieu plus encore qu'une
loyale absence de culte.
O hypocrites qui
avez sans cesse à la bouche le mot : "Dieu ! Dieu !" alors que vous
dites en votre cœur : "Moi ! Moi !", vos œuvres
recouvrent la terre. De quoi ? De ruine, de douleur, de mort ! Le caractère
terrible et sublime de Dieu a donné " de bonnes choses " par sa
terrible puissance, selon l'antique façon d'exprimer le grandiose, la
perfection d'une puissance ; il les a données par son infinie puissance,
selon l'expression d'une juste reconnaissance de Dieu. Et ces œuvres
terribles en puissance, faites par Dieu, avaient rempli la création de
choses, d'êtres, d'éléments, d'aides, de lois naturelles et surnaturelles qui
prodiguaient la construction, la joie, la vie.
Mais voici que l'homme, qui n'a d'amour ni pour Dieu ni pour ses frères,
l'homme fait ses propres œuvres, vraiment terribles dans le sens
actuel du mot, épouvantables, cruelles, qui détruisent ce que Dieu avait
fait, qui piétinent tout droit et tout devoir, qui se moquent de toute loi
naturelle et surnaturelle, qui annulent l'amour et causent la ruine, la souffrance,
la mort.
Cette avalanche produite par les hommes sans Dieu
peut-elle être freinée par l'homme lui-même ? C'est possible individuellement
en n'y coopérant pas mais en menant une vie vraiment chrétienne dans
l'ordre, la justice et l'amour. Et Dieu aide ces volontaires en leur
procurant tous les moyens de vivre selon l'ordre, la justice et l'amour.
Il leur rend la grâce par les mérites du Christ, la soutient par les
sacrements, amplifie la foi par les preuves de la vérité et de l'amour de
Dieu. De la naissance à la mort de l'homme, Dieu ne fait que renforcer ces
aides et d'autres encore, toutes surnaturelles, parmi lesquelles le ministère des anges n'est pas le dernier, pour faire en sorte que
l'homme parvienne à la mort en état de grâce et de paix, et ainsi à la
possession de l'éternelle gloire.
Il est aussi possible de freiner cette avalanche collectivement si l'homme
s'unit à ses autres frères dans un bon esprit fraternel, opposant ainsi une
société chrétienne à une société antichrétienne, une famille de fils fidèles au Père à une
famille de fils dégénérés qui ont abandonné le Père des lumières pour élire
comme père, le père des Ténèbres .
Haut de page.
95> Toutefois, l'homme
est si faible que sa volonté ne suffit pas à résister à la force du mal qui,
de mille manières, ravage le monde, le défigure et corrompt les âmes de façon
définitive ou périodique par des assauts imprévus. De lui-même, l'homme ne
peut résister à Satan qui le combat personnellement car Satan, c’est
lui-même, la chair et le monde. Alors prions ensemble, nous les anges unis
aux bonnes âmes humaines, pour demander au Tout-Puissant, qui a donné aux pécheurs
tout le nécessaire pour revenir dans les voies de la justice, d'accorder à
ceux qui sont déjà sur ce chemin, mais qui pourraient encore tomber sous le
joug de quelques pièges ou d'un fléchissement de leur volonté, ce qui est
utile pour rejeter vigoureusement ce qui s'oppose à la vie chrétienne et
pratiquer ce qui lui est conforme avec force et constance jusqu'au bout. En
d'autres termes, prions Dieu de leur accorder son aide. Grâce à elle, le
faible devient fort, le peureux héroïque, le sensuel tempérant, l'homme
parvient à la justice, à s'y maintenir et à en vivre, car même si l'on tombe
sous la violence d'un assaut à cause de quelque somnolence spirituelle
momentanée, grâce à l'aide de Dieu l'on se relève bien vite pour reprendre sa
route vers le but : le Ciel.
Méditons
à présent les enseignements de Pierre qui peut parler en maître, d'une part
grâce à son expérience d'homme, d'autre part parce qu'il a été instruit par
le Verbe et illuminé par l'Esprit Paraclet pour être capable d'enseigner sans
fin l'Église apostolique .
Simon de Jonas de Capharnaüm, le "Képhas" de Jésus, peut parler aux
hommes parce qu'il est lui-même un homme qui voulut et sut devenir
un apôtre, un apôtre sur lequel est descendue la Flamme de la Pentecôte pour
le consacrer à l'enseignement parfait .
N'as-tu jamais médité, mon âme, sur le symbole de cette langue de feu qui,
comme tu l'as vu, s'est posée sur la tête de chaque apôtre tandis qu'elle
couronnait celle qui est toute sainte ? Je veux te le faire comprendre. On
vous dit généralement : en forme de flamme pour être sensible aux apôtres et
signifier
l'amour et la lumière. C'est vrai, bien sûr, mais ce n'est pas tout.
Haut de page.
96> Le Paraclet pouvait venir de façon suffisante
dans le "grand vent impétueux", et pénétrer dans le cénacle ; le
rite eucharistique y avait déjà été accompli, autrement dit le don du Dieu
fait chair à ses fidèles afin qu'il soit en eux, même après la séparation et
qu'ils ne soient pas désolés de l'absence de leur cher Maître. Le Paraclet,
tel un globe de merveilleuses splendeurs, pouvait pénétrer et rester là pour
éclairer les esprits qui devaient parler au monde du vrai Dieu et de son
Christ.
Mais le Paraclet ne se borna pas à cela. Lui aussi, comme le Verbe incarné, se
rompit en morceaux et se donna, sous la forme d'une communion, d'une
effusion de ses dons de sagesse, intelligence, conseil, science, force, piété
et crainte de Dieu, tout comme Jésus s'était donné avec son Corps et son
Sang, son Âme et sa Divinité. Or, malgré le baptême des apôtres dans le très
précieux Sang de l'Agneau qui avait purifié leur âme mais n'avait pas détruit
leur humanité - laquelle devait lutter et évoluer par elle-même jusqu'à la
spiritualité parfaite -, celle-ci demeurait opaque et pesante même après la
résurrection. C'est pourquoi l'ineffable Amour, créateur en union avec le
Père et le Fils car l'union et la volonté des Trois qui s'aiment divinement
est indissoluble, voulut créer le nouvel homme apostolique. En son
temps, le Père l'avait déjà créé et amené à la vie, et le Fils à la grâce.
Le Paraclet, agissant sur ces deux créations,
voulut les compléter et les perfectionner, en brûlant en l'homme apostolique
les scories les plus toxiques et pesantes de l'humanité tenace, situées dans
la tête où les cinq sens sont réunis au service de la sensualité matérielle,
où est renfermé l'organe qui préside aux sensations et les transmet aux
organes plus lointains, et où se trouve l'agent de la pensée. La tête est le
sommet de l'homme, unique animal à se tenir debout, comme pour témoigner de
sa royauté; cette érection semble symboliser que, tout comme sur les cimes où
le soleil règne davantage et où descendent les éclairs de l'électricité
naturelle, lui aussi, sommet de la création, recueille le soleil divin et
reçoit les commandements et réconforts surnaturels, merveilleux, de son Père
qui est aux cieux.
Haut de page.
97> Mais ni le soleil
divin ni même ses paternels messages ne peuvent pénétrer dans la tête
humaine, parce qu'elle est trop souvent endurcie par les lourdes carapaces de
la triple sensualité tandis que montent des profondeurs du cœur les
fumées viciées d'une humanité corrompue.
Le très saint Maître l'a dit : "C'est du cœur que proviennent les
mauvaises pensées, les homicides, les vols, les adultères et les
fornications, les faux témoignages, les envies, les blasphèmes." Ils montent à la tête comme la fumée d'un
brasier fétide, en suscitant des pensées perturbatrices qui seront ensuite
transmises aux organes exécuteurs.
Même
s'il n'y avait pas, chez les apôtres, d'homicides, de vols, d'adultères, de
fornications, de faux témoignages ou de blasphèmes, ils n'étaient néanmoins
pas exempts d'une foule de misères mineures, indignes de maîtres spirituels,
qui pouvait s'accroître sous l'effet de l'orgueil d'être des maîtres ayant
bénéficié de manière extraordinaire des dons extraordinaires de Dieu !
Combien sont tombés dans le démérite à cause de cela ! Combien sont ceux pour
lesquels les dons extraordinaires sont devenus la raison de leur ruine !
S'il est vrai que
la sélection des esprits s'accomplit par le péché, on peut également dire que
ce n'est pas seulement par les moyens ténébreux que les agneaux se séparent
des boucs ; la sélection s'accomplit aussi par le moyen lumineux des dons
extraordinaires. Dieu se communique souvent par ce genre de don. Mais il est
bien rare qu'il persévère parce qu'il est mis en fuite par l'orgueil, le
mensonge et la sensualité spirituelle de la créature qui en bénéficie.
Chez les apôtres, cela ne devait pas
se produire. Chez le fils de la Ténèbre, en Judas, misérable et déicide, le
don du miracle avait déclenché la perte de l'apôtre. Mais chez les Douze
destinés à évangéliser le monde, il ne devait plus y avoir de perte. C'est
alors que l'Esprit vint, par sa communion de la Pentecôte, brûler et purifier
le siège des sens et de la pensée, en d'autres termes la tête des hommes
apostoliques ; en même temps, il couronna d'amour la tête de la Vierge, son
épouse, pour l'embrasser par l'unique baiser digne de la bienheureuse Vierge
Mère, de celle qui est tout entière grâce, fille, épouse et mère de la grâce,
Marie, la reine des apôtres et de l'Église sur la terre, la reine des anges
dans les cieux. Alléluia !
Haut de page.
98> Maintenant que je t'ai expliqué le symbole de la
fraction du Feu Paraclet en de nombreuses langues et leur ardeur sur la tête
des apôtres, revenons à Pierre, apôtre qui, une fois devenu spirituel après
la communion de l'Esprit, se souvint d'avoir été un homme. Avec charité,
connaissance et vérité, il disait et rappelle encore aux hommes, ses
disciples et frères, les règles permettant d'atteindre la spiritualité qui
fait les saints.
Il dit : "Je vous exhorte, comme des pèlerins et des étrangers, à
vous abstenir des convoitises charnelles."
En fait, l'homme chrétien est un étranger et un pèlerin au milieu des foules
païennes. Le monde, aux mœurs païennes et l'humanité toujours plus ou moins
latente, plus ou moins violente, même chez le chrétien, oblige l'esprit à
avancer comme un pèlerin par des contrées qui ne sont pas les siennes,
inconnues et dangereuses.
Alors Pierre prévient :
"Gardez-vous des désirs charnels" comme on se garde des gens d'une
autre nation qui pourraient vous capturer pour faire de vous leurs esclaves.
Procédez avec
circonspection. Vous ne connaissez pas le vrai visage des choses qui vous
entourent. Elles peuvent avoir bon aspect et, en fait, être abjectes ;
l'aspect peut être innocent mais la réalité malhonnête. Faites attention. Ne
concluez pas d'alliances faciles. Soyez charitables, mais ne laissez pas
pénétrer en vous ce qui vient des hommes, ce qui ne vient pas de votre race
élue.
Ayez une charité qui prie, compatit et enseigne par l'attitude plus encore
que par les paroles. Mais ayez aussi de la réserve. Pensez toujours que
l'esprit est plus délicat qu'une vierge et que dès qu'il est défloré, il n'a
plus la fraîche beauté de l'innocence. Que le pardon descende sur l'esprit
repenti, il redeviendra acceptable au Seigneur par la pénitence. Mais la
mémoire demeure, le souvenir de la chute, ce souvenir qui mortifie et dont
Satan peut se servir pour agiter des fantasmes dans les heures obscures que
rencontre tout homme, spécialement à l'heure de la mort, pour le rendre
peureux et défiant à l'égard de Dieu.
Oh ! Souveraine sécurité d'un esprit vierge de fautes mortelles et de fautes
volontaires ! Sois donc recherchée et défendue, sécurité souveraine, pour que
l'homme se réjouisse de toi !
Haut de page.
99> Soyez donc circonspects durant ce temps où vous
êtes des étrangers et des pèlerins, pour vous-mêmes et pour l'honneur de
Dieu. Ne voulez-vous pas travailler à sa gloire ? Vous devez alors tendre à
convertir les païens esclaves du sens et du monde. Mais comment pourriez-vous
le faire si les sensuels et les mondains ont matière à vous opposer que vous
êtes comme eux ? Soyez donc attentifs à ne pas provoquer de murmures sur
votre compte, mais veillez au contraire à ce que vos œuvres véritablement
saintes suscitent de bonnes pensées, ouvrant la route à la venue du Seigneur
chez les païens du monde, lesquels, au jour de leur conversion par votre
mérite, vous glorifieront comme leurs sauveurs, en union au grand et trois
fois saint Dieu et Sauveur.
Pierre dit : "Soyez soumis à toute
institution humaine, à cause du Seigneur."
Et alors ? Peut-être Dieu protège-t-il certaines autorités néfastes ? Oh ! Ne
le pensez pas ! Mais ce qui accumule pour vous des mérites - c'est-à-dire
votre obéissance à toute autorité humaine afin qu'il ne puisse se dire que
vous êtes rebelles, turbulents et motifs de scandale -, accumule en même
temps les condamnations sur ceux qui, ayant autorité, l'utilisent de manière
infâme. Pour cette raison, soyez soumis. Jusqu'à quel point ? Jusqu'où va le
droit humain. Mais si une autorité humaine voulait pénétrer dans le domaine
de Dieu et vous imposer des lois contraires à la Loi divine, alors soyez
libres et sachez mourir plutôt que trahir Dieu et sa Loi par peur d'un ou
plusieurs hommes.
Ne faites pas ceci par calcul pour vous rendre les hommes favorables, mais
par esprit surnaturel qui sait distinguer le bon ordre du mauvais, et agir en
conséquence sans léser son droit à la Vie ; les persécutions ne détruisent
pas cette Vie, elles y poussent au contraire ceux qui sont fidèles à la
sainte Loi.
Respectez tout. Dieu laisse libre l'arbitre de l'homme. Personne n'a le droit
de faire violence au libre-arbitre de ses frères. Ceux qui imposent par la
violence des esclavages à la pensée humaine pour en obtenir des foules
d'esclaves liés par leurs idées hérétiques et pernicieuses, ceux-là sont
maudits éternellement.
Soyez les loyaux adversaires de ceux qui ne pensent pas comme vous. Cherchez
à les amener à vos saintes pensées par la sainteté de votre vie plutôt que par l'éloquence
de votre parole.
Haut de page.
100> Mais ne vous
rendez jamais à leurs propres systèmes de délation et de violence, de mépris
et de calomnies. Ils ont beau être de pauvres frères entourés d'idées
hérétiques qui les dévoient, ils n'en restent pas moins vos frères. C'est
aussi pour eux qu'est venu le Sauveur, qu'il a prié et souffert, qu'il est
mort. Vous devez prier et souffrir pour leur conversion, à l'imitation de
notre Seigneur Jésus Christ.
Ne donnez pas aux
rois ou aux chefs d'Etat un honneur plus grand que celui que vous donnez à
Dieu. Vous pleurez de l'avoir fait. Vous avez pris un homme, un misérable
homme, pour un envoyé de Dieu , en oubliant que ce sont les œuvres
des hommes qui témoignent de leur appartenance à Dieu ou à Satan. Et vous
êtes en train d'expier amèrement votre stupide idolâtrie. Pas une idolâtrie
ne passe sans châtiment. Pensez-y. C'est pourquoi honorez les chefs, mais
n'adorez que Dieu.
Soyez respectueux de la grande dépendance qui est
celle du citoyen à l'égard de ses chefs, des enfants à l'égard de leurs
parents et des serviteurs à l'égard leurs patrons, sans rancœurs ni envies,
sans prévariquer ni trahir. Apprenez à voir Dieu au-delà de l'homme et, tout
en obéissant aux magistrats, aux parents ou aux patrons, qui peuvent être
tels qu'ils ne suscitent pas l'amour, regardez au-delà d'eux-mêmes et
dites : "Père, je te sers, j'accomplis ton commandement qui dit d'être doux et
obéissant ". Oh ! Vous verrez alors combien il est
facile d'obéir si vous croyez fermement que cette obéissance est vue et bénie
de Dieu comme la plus grande des œuvres méritoires de l'homme, et qu'il en
est comme le dit saint François d'Assise, ton saint bien-aimé chez lequel le
Christ est si visible : la joie parfaite ne réside ni dans la science ni dans
les diverses choses, mais dans l'accomplissement de la volonté de Dieu et
dans la capacité de souffrir les peines et les souffrances avec patience pour
l'amour de Dieu.
Tu vois donc, mon
âme, comme les mots de l'apôtre font écho à ceux de François le
Séraphique ; ils reconnaissent une grâce, et une grande grâce, dans le
fait de savoir supporter les tourments et les souffrances injustes par amour
pour Dieu alors que, lorsqu'on
souffre en punition des fautes commises, ce n'en est que l'expiation, comme
un débit qui se solde, et rien de plus.
Haut de page.
101> En revanche, quand
il vous est donné de souffrir sans avoir commis de faute, en ayant au
contraire fait le bien, c'est une grande grâce qui brille aux yeux de Dieu,
un trésor qui s'accumule à votre bénéfice dans le Royaume des cieux.
|