TEXTES DE LA MESSE.
Missel de saint Pie X en usage à
l’époque.
Introït : Psaume
43 (Hébreu 44), 24-26.2.
Collecte : Dieu, qui vois que nous
ne plaçons notre confiance en aucune de nos œuvres, accorde-nous d'être
défendus contre toutes les adversités par la protection du Docteur des
Gentils (saint Paul). Par N.S.J.C.
Épître: 2
Corinthiens 11,19-33 ; 12,1-9.
Graduel : Psaume
82 (Hébreu 83), 19.14.
Trait : Psaume
59 (Hébreu 60), 4.6.
Évangile: Luc 8, 4-15.
Offertoire : Psaume
16 (Hébreu 17), 5-7.
Secrète : Que le sacrifice qui
t'est offert, Seigneur, nous donne sans cesse la vie et nous protège. Par
N.S.J.C.
Communion : Psaume 43
(Hébreu 44), 4.
Postcommunion : Nous te supplions,
Dieu tout-puissant, de donner à ceux dont tu as refait les forces par tes
sacrements, la grâce de te servir dignement par une vie qui te plaise. Par
N.S.J.C.
Tentation de Jésus au désert.
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Dimanche 24 février 1946.
9> Saint Azarias me dit :
«Viens,
écoutons la sainte messe. La liturgie d'aujourd'hui, bien que s'adressant à
tous, s'adresse en particulier à vous, qui êtes les instruments
extraordinaires de Dieu.
Tandis que chantent les hommes sur la terre et les anges dans le ciel,
contemplons les enseignements de la sainte messe d'aujourd'hui en vous les
appliquant.
Tu entends ? "O Dieu, qui vois comment nous ne nous mettons notre
confiance en aucun de nos actes, accorde-nous d'être défendus contre toute
adversité par la protection du Docteur des Gentils."
Voilà :
l'humilité est une des vertus essentielles chez les instruments
extraordinaires, portés plus que tout autre, à cause de ce qu'ils sont, à
tomber dans le péché d'orgueil en confondant la source et l'estuaire. Ce
n'est pas de son estuaire qu'un fleuve doit tirer sa gloire ou à qui il doit montrer de la reconnaissance,
mais de sa source, ne te semble-t-il pas ?
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10> Sans elle, qui se donne sans tarir, le fleuve sécherait et il
n'y aurait pas d'estuaire. Le fleuve doit donc reconnaître que c'est la
source qu'il faut louer et remercier.
Dans l'esprit du juste, et en particulier chez l'instrument extraordinaire,
il doit toujours y avoir la reconnaissance qu'il est un estuaire parce que
Dieu est sa source. Donc, il ne doit jamais avoir l'orgueil de dire la parole
démoniaque : "Je suis", qui est la cause de tout mal, toujours.
Seul Dieu est. Lui seul peut dire : "Je suis. Je suis par
moi-même."
Tous les autres n'existent que parce qu'il les fait exister. Par leur
propre puissance ils ne sont rien et ne seraient rien. Jamais.
C'est pourquoi il ne faut jamais mettre votre confiance en vos
actes, c'est une prudente et sainte habitude.
Si les actions de l'homme étaient faites par sa seule capacité, elles
seraient toujours limitées et imparfaites au plus haut degré.
La connaissance de la Loi de Dieu, la grâce, les sacrements et les
sacramentaux augmentent la capacité de l'homme à faire des actions justes et
saintes. Les dons gratuits de Dieu font que ses actions atteignent
l'extraordinaire, dépassant les facultés communes de l'homme et du croyant,
pour accéder à des puissances au-delà de l'ordinaire. Mais l'homme ne doit pas s'en vanter. Il doit les recevoir
d'une âme humble et obéissante et dans l'adoration, sans les exiger ni les
détériorer en voulant les augmenter de volume, par les déchirures qu'y
provoque le père du mensonge et de l'orgueil. Or il les provoque avec un
art sublime et un sourire tentateur. Oh ! Que l'instrument extraordinaire ne
mette jamais de pauvres chiffons crasseux sur le métal précieux que Dieu lui
a donné, pour le faire apparaître plus grandiose ! Imaginez-vous un diamant,
petit mais d'une eau très pure, enveloppé d'une couche de simple verre ? Il
semblera plus gros. Mais le verre verdâtre, posé par couches sur la pierre
précieuse, en atténuera le brillant et la fera ressembler à du verre commun.
La sincérité : être ce que l'on est et rien de plus. Toi,
âme qui m'est confiée, tu sais combien de fois le tentateur séduit, en
proposant de faire des comédies, d'ajouter du clinquant pour épater, pour
paraître plus encore !
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11> Le grand danger! Seul celui qui sait résister et être ce que
Dieu fait de lui, rien de plus, conserve le don et reste un instrument. Avec
quels tremblements ne t'ai-je pas vue tentée chaque fois ! Et avec quelles
louanges de gloire ai-je béni le Seigneur et remercié la cour céleste de
t'avoir aidée à résister, chaque fois que je t'ai vue sortir de l'épreuve,
fatiguée, souffrante, mais plus mûre et victorieuse !
L'ange du Seigneur est comme un jardinier qui soigne une plante
précieuse. De la naissance à la maturité... Il veille sans cesse, dans la
crainte des vents, du gel, des tempêtes, des parasites et des rongeurs. Sa
paix complète d'ange, il la retrouve quand il remonte au ciel avec le fruit
cueilli sur le rameau levé de terre, l'âme sauvée jusqu'à la fin. Il va alors
retrouver ses frères avec une joie ardente et dit : "Mon âme est sauvée,
elle est avec nous dans la paix ! Gloire, gloire, gloire au Seigneur !"
Ayez donc une reconnaissance humble et constante de votre néant, et suppliez
continuellement les bienheureux habitants des cieux de vous apporter leur
aide. C'est la communion des saints invoquée pour venir en aide aux
militants, et spécialement par ceux qui, en raison de leur condition
particulière, sont plus exposés, c'est vrai, au Soleil éternel, mais aussi
aux tempêtes que déchaînent Satan et le monde. Les tempêtes se jettent sur
les cimes isolées.
Le deuxième enseignement de la liturgie d'aujourd'hui,
spécialement pour vous les instruments extraordinaires, se trouve dans la
parole de Paul, le Docteur des Gentils, qui, "enlevé jusqu'au troisième
ciel...
entendit des paroles inexprimables qu'il n'est pas permis à l'homme de redire."
Vous n'êtes pas enlevés au troisième ciel, mais vous entendez des paroles
inexprimables, mystérieuses, qui vous sont données pour qu'elles soient
données. Vous êtes
donc de beaucoup inférieurs à Paul. Pourtant, vous entendez les paroles de
celui qui mérita d'être enlevé si haut qu'il put entendre les secrets, les
mystères de Dieu ! Il confesse qu'un ange de Satan l'a frappé et, justifiant
le Seigneur de l'avoir permis, il illustre les raisons de bonté pour
lesquelles cet assaut satanique a été permis : "Afin que la grandeur des
révélations ne me fasse pas m'enorgueillir, il a été mis une écharde dans ma
chair, un ange de Satan chargé de me gifler."
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12> Il reconnaît être encore un homme, c'est-à-dire sujet
aux tentations sataniques. Il ne dit pas : "Moi qui suis allé au
troisième ciel, je suis un séraphin intouchable." Non. Humblement, il
dit être un homme circonvenu par Satan, et il voit que cela sert à le garder
humble malgré la grandeur de ce qu'il a reçu.
En outre, il vous enseigne le remède pour être délivrés : "Par trois fois,
j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi."
Il est
bon de dire humblement : "Ne m'induis pas en tentation, mais sauve-moi
du Malin".
Le Seigneur Jésus lui-même l'a dit, lui l'Innocent,
le Fils de Dieu. Toutes les créatures qui croient au Dieu un et trine,
saint, bon, Père des hommes doivent le dire. Vouloir agir seul pour repousser
Satan n'est pas une bonne chose, c'est de la présomption. La présomption,
c'est de l'orgueil. Or l'orgueil est maudit de Dieu.
Invoquez, invoquez le Seigneur béni, le Père, le Fils, l'Esprit Saint,
invoquez les célestes cours des saints et des anges. Contre la hargne de
Satan les défenses ne sont jamais suffisantes. La Trinité bénie et tous les
habitants des cieux ne demandent qu'à vous aider dans cette lutte sans trêve
entre les puissances infernales et la partie inférieure d'une part, et la
partie supérieure et les puissances célestes d'autre part.
Pour le
réconfort de vos douloureuses
constatations d'impuissance à être intouchables de Satan qui, dans sa colère,
vous fait violence précisément parce qu'il ne parvient pas à vous entraîner
là où il le voudrait, écoutez la réponse du Seigneur à l'apôtre
découragé par les gifles du Mal : "Ma grâce te suffit, parce que ma
puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse».
Il ne faut pas prétendre à tout, âmes élues pour l'extraordinaire. Vous avez le Ciel. Vous
devez supporter l'Abîme qu'on vous présente pour vous terroriser. Mais vous
le savez maintenant : c'est pour que vous ne puissiez pas vous
enorgueillir.
De cette manière, connaissant à quel point vous n'êtes rien,
le monde sachant quel néant vous êtes et voyant que vous
accomplissez des ministères supérieurs selon la doctrine que vous entendez
pour la donner, vous vous refaçonnez en perfection; alors "la
puissance de Dieu qui vous secourt dans votre faiblesse donne toute sa
mesure".
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13> En avant
donc, chères âmes qui savez faire pour vous grâce et sanctification de ces
dons extraordinaires ! Chantez avec l'Apôtre : "Aussi mettrai-je mon
orgueil bien plutôt dans mes faiblesses afin que repose sur moi la puissance
du Christ."
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ! Gloire à Jésus par qui tout
a été fait ! Gloire dans l'éternité pour les œuvres merveilleuses de Dieu ! »
Alors mon Azarias, qui a parlé avec une merveilleuse douceur, me salue d'un
sourire et se tait.
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