SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
Les vertus dans l'œuvre de Maria Valtorta
TEXTES
DE RÉFÉRENCE
Constitution
dogmatique
DEI VERBUM
sur la Révélation Divine
(Paul VI - 18 novembre 1965)
Constitution
dogmatique
LUMEN GENTIUM
sur l'Église
(Paul VI -21 novembre 1964)
Déclaration
DIGNITATIS HUMANAE
sur la liberté religieuse
(Paul VI - 7 décembre 1965)
Lettre encyclique
DOMINUM ET VIVIFICANTEM
sur l'Esprit-Saint dans l'Église
et dans le monde
(Jean-Paul II – 18 mai 1986)
Exhortation apostolique
RECONCILIATIO ET PAENITENTIA
sur la réconciliation
et la pénitence
(Jean-Paul II – 2 décembre 1984)
Œuvres complètes
de saint Augustin d'Hippone
sur Abbaye Saint Benoît
Œuvres
complètes
de Saint Thomas d'Aquin
|
Chapitre premier :
La dignité de la personne humaine.
Article 7
Les vertus.
1803
"Tout ce qui est vrai, tout ce qui
est digne, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est
aimable, tout ce qui a bon renom, s’il est quelque vertu et s’il est quelque
chose de louable, que ce soit pour vous ce qui compte"(1).
La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien. Elle permet
à la personne, non seulement d’accomplir des actes bons, mais de donner le
meilleur d’elle-même. De toutes ses forces sensibles et spirituelles, la
personne vertueuse tend vers le bien ; elle le poursuit et le choisit en
des actions concrètes.
Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu(2).
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(1) Philippiens 4, 8. – (2) Saint
Grégoire de Nysse, Orationes de beatitudinibus, 1.
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I. Les vertus humaines.
1804
Les vertus humaines sont des attitudes fermes, des dispositions
stables, des perfections habituelles de l’intelligence et de la volonté qui
règlent nos actes, ordonnent nos passions et guident notre conduite selon la
raison et la foi. Elles procurent facilité, maîtrise et joie pour mener une
vie moralement bonne. L’homme vertueux, c’est celui qui librement pratique le
bien.
Les vertus morales sont humainement acquises. Elles sont les fruits et les
germes des actes moralement bons ; elles disposent toutes les puissances
de l’être humain à communier à l’amour divin.
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Distinction des vertus cardinales.
1805
Quatre vertus jouent un rôle charnière. Pour cette raison on les
appelle "cardinales" ; toutes les autres se regroupent autour
d’elles. Ce sont : la prudence, la justice, la force et la tempérance.
"Aime-t-on la rectitude ? Les vertus sont les fruits de ses
travaux, car elle enseigne tempérance et prudence, justice et courage"(1).
Sous d’autres noms, ces vertus sont louées dans de nombreux passages de
l’Écriture.
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(1) Sagesse 8,7.
1806
La prudence est la vertu qui dispose la raison pratique à
discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes
moyens de l’accomplir. "L’homme avisé surveille ses pas"(1).
"Soyez sages et sobres en vue de la prière"(2).
La prudence est la "droite règle de l’action", écrit saint Thomas(3)
après Aristote. Elle ne se confond ni avec la timidité ou la peur, ni avec la
duplicité ou la dissimulation. Elle est dite auriga
virtutum : elle conduit les autres vertus
en leur indiquant règle et mesure. C’est la prudence qui guide immédiatement
le jugement de conscience. L’homme prudent décide et ordonne sa conduite
suivant ce jugement. Grâce à cette vertu, nous appliquons sans erreur les
principes moraux aux cas particuliers et nous surmontons les doutes sur le
bien à accomplir et le mal à éviter.
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(1) Proverbes 14, 15. – (2) 1
Pierre 4, 7. – (3) Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, 2-2, 47, 2.
1807
La justice est la vertu morale qui consiste dans la constante
et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû. La
justice envers Dieu est appelée "vertu de religion". Envers les
hommes, elle dispose à respecter les droits de chacun et à établir dans les
relations humaines l’harmonie qui promeut l’équité à l’égard des personnes et
du bien commun. L’homme juste, souvent évoqué dans les Livres saints, se
distingue par la droiture habituelle de ses pensées et la rectitude de sa
conduite envers le prochain. "Tu n’auras ni faveur pour le petit, ni complaisance
pour le grand ; c’est avec justice que tu jugeras ton prochain"(1).
"Maîtres, accordez à vos esclaves le juste et l’équitable, sachant que,
vous aussi, vous avez un Maître au ciel"(2).
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(1) Lévitique 19, 15. – (2) Colossiens 4, 1.
1808
La force est la vertu morale qui assure dans les
difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle
affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les
obstacles dans la vie morale. La vertu de force rend capable de vaincre la
peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions. Elle
dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice de sa vie pour défendre
une juste cause. "Ma force et mon chant, c’est le Seigneur"(1).
"Dans le monde, vous aurez de l’affliction, mais courage, moi j’ai
vaincu le monde"(2).
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(1) Psaume 118, 14. – (2) Jean 16, 33.
1809
La tempérance est la vertu morale qui modère l’attrait des
plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la
maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les
limites de l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses
appétits sensibles, garde une saine discrétion et "ne se laisse pas
entraîner pour suivre les passions de son cœur"(1).
La tempérance est souvent louée dans l’Ancien Testament : "Ne te
laisse pas aller à tes convoitises, réprime tes appétits"(2).
Dans le Nouveau Testament, elle est appelée "modération" ou
"sobriété". Nous devons "vivre avec modération, justice et
piété dans le monde présent"(3).
Bien vivre n’est autre chose qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme
et de tout son agir. On Lui conserve un amour entier (par la tempérance) que
nul malheur ne peut ébranler (ce qui relève de la force), qui n’obéit qu’à
Lui seul (et ceci est la justice), qui veille pour discerner toutes choses de
peur de se laisser surprendre par la ruse et le mensonge (et ceci est la
prudence4).
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(1) Siracide 5, 2 ; cf. 37,
27-31. – (2) Siracide 18, 30. – (3) Tite
2, 12. – (4) Saint Augustin, De moribus ecclesiae catholicae, 1, 25, 46.
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Les vertus et la grâce
1810
Les vertus humaines acquises par l’éducation, par des actes délibérés et
par une persévérance toujours reprise dans l’effort, sont purifiées et
élevées par la grâce divine. Avec l’aide de Dieu, elles forgent le caractère
et donnent aisance dans la pratique du bien. L’homme vertueux est heureux de
les pratiquer.
1811
Il n’est pas facile pour l’homme blessé par le péché de garder
l’équilibre moral. Le don du salut par le Christ nous accorde la grâce
nécessaire pour persévérer dans la recherche des vertus. Chacun doit toujours
demander cette grâce de lumière et de force, recourir aux sacrements,
coopérer avec le Saint-Esprit, suivre ses appels à aimer le bien et à se
garder du mal.
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II. Les vertus théologales.
1812
Les vertus humaines s’enracinent dans les vertus théologales qui adaptent les
facultés de l’homme à la participation de la nature divine(1).
Car les vertus théologales se réfèrent directement à Dieu. Elles disposent
les chrétiens à vivre en relation avec la Sainte Trinité. Elles ont Dieu Un
et Trine pour origine, pour motif et pour objet.
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(1) cf. 2 Pierre 1, 4.
1813
Les vertus théologales fondent, animent et caractérisent l’agir
moral du chrétien. Elles informent et vivifient toutes les vertus morales.
Elles sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables
d’agir comme ses enfants et de mériter la vie éternelle. Elles sont le gage
de la présence et de l’action du Saint Esprit dans les facultés de l’être
humain. Il y a trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la
charité(1).
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(1) cf. 1 Corinthiens 13, 13.
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La foi.
1814
La foi est la vertu théologale par laquelle nous croyons en Dieu et à
tout ce qu’Il nous a dit et révélé, et que la Sainte Église nous propose à
croire, parce qu’Il est la vérité même. Par la foi "l’homme s’en remet
tout entier librement à Dieu"(1). C’est pourquoi le croyant
cherche à connaître et à faire la volonté de Dieu. "Le juste vivra de la
foi"(2). La foi vivante "agit par la charité"(3).
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(1) Dei Verbum 5 – (2) Romains 1, 17 – (3) Galates 5,
6.
1815
Le don de la foi demeure en celui qui n’a pas péché contre elle(1).
Mais "sans les œuvres, la foi est morte"(2) :
privée de l’espérance et de l’amour, la foi n’unit pas pleinement le fidèle au
Christ et n’en fait pas un membre vivant de son Corps.
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(1) cf. concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1545 – (2) Jacques 2, 26.
1816
Le disciple du Christ ne doit pas seulement garder la foi et en vivre, mais
encore la professer, en témoigner avec assurance et la répandre :
"Tous doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le
suivre sur le chemin de la Croix, au milieu des persécutions qui ne manquent
jamais à l’Église"(1). Le service et le témoignage de la foi sont requis pour
le Salut : "Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je
me déclarerai, moi aussi, pour lui devant mon Père qui est aux cieux ;
mais celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai, moi aussi,
devant mon Père qui est aux cieux"(2).
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(1) Lumen gentium 42 ; cf. Dignitatis humanae 14 – (2) Matthieu 10, 32-33.
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L’espérance.
1817
L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme
notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre
confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos
forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. "Gardons
indéfectible la confession de l’espérance, car celui qui a promis est
fidèle"(1). "Cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion,
par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ,
nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle"(2).
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(1) Hébreux 10, 23 – (2) Tite 3, 6-7.
1818
La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu
dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les
activités des hommes ; elle les purifie pour les ordonner au Royaume des
cieux ; elle protège du découragement ; elle soutient en tout
délaissement ; elle dilate le cœur dans l’attente de la béatitude
éternelle. L’élan de l’espérance préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur
de la charité.
1819
L’espérance chrétienne reprend et accomplit l’espérance du peuple élu
qui trouve son origine et son modèle dans l’espérance d’Abraham comblé
en Isaac des promesses de Dieu et purifié par l’épreuve du sacrifice(1).
"Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une
multitude de peuples"(2).
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(1) cf. Genèse 17, 4-8 ; 22, 1-18 – (2) Romains 4, 18.
1820
L’espérance chrétienne se déploie dès le début de la prédication de
Jésus dans l’annonce des béatitudes. Les béatitudes élèvent notre
espérance vers le Ciel comme vers la nouvelle Terre promise ; elles en
tracent le chemin à travers les épreuves qui attendent les disciples de
Jésus. Mais par les mérites de Jésus Christ et de sa passion, Dieu nous garde
dans "l’espérance qui ne déçoit pas"(1). L’espérance est
"l’ancre de l’âme", sûre et ferme, "qui pénètre ... là où est
entré pour nous, en précurseur, Jésus"(2). Elle est aussi une
arme qui nous protège dans le combat du salut : "Revêtons la
cuirasse de la foi et de la charité, avec le casque de l’espérance du
salut"(3). Elle nous procure la joie dans l’épreuve même :
"avec la joie de l’espérance, constants dans la tribulation"(4).
Elle s’exprime et se nourrit dans la prière, tout particulièrement dans celle
du Pater, résumé de tout ce que l’espérance nous fait désirer.
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(1) Romains 5,5 – (2) Hébreux 6,19-20 – (3) 1 Thessaloniciens 5, 8 – (4)
Romains 12, 12.
1821
Nous pouvons donc espérer la gloire du ciel promise par Dieu à ceux
qui l’aiment(1) et font sa volonté(2). En toute circonstance,
chacun doit espérer, avec la grâce de Dieu, "persévérer jusqu’à la
fin"(3) et obtenir la joie du ciel, comme l’éternelle
récompense de Dieu pour les bonnes œuvres accomplies avec la grâce du Christ.
Dans l’espérance l’Église prie que "tous les hommes soient sauvés"(4).
Elle aspire à être, dans la gloire du ciel, unie au Christ, son Epoux :
Espère, ô mon âme, espère. Tu ignores le jour et l’heure. Veille
soigneusement, tout passe avec rapidité, quoique ton impatience rende douteux
ce qui est certain, et long un temps bien court. Songe que plus tu
combattras, plus tu prouveras l’amour que tu portes à ton Dieu, et plus tu te
réjouiras un jour avec ton Bien-Aimé, dans un bonheur et un ravissement qui
ne pourront jamais finir(5).
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(1) cf. Romains 8, 28-30 – (2) cf. Matthieu 7, 21 – (3) cf. Matthieu 10, 22 ;
cf. concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1541 – (4) 1 Timothée 2, 4 –
(5) Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), Exclamaciones del alma a Dios, 15, 3.
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La charité.
1822
La charité est la vertu théologale par laquelle nous aimons Dieu
par-dessus toute chose pour Lui-même, et notre prochain comme nous-mêmes pour
l’amour de Dieu.
1823
Jésus fait de la charité le commandement nouveau(1).
En aimant les siens "jusqu’à la fin"(2), il manifeste
l’amour du Père qu’il reçoit. En s’aimant les uns les autres, les disciples
imitent l’amour de Jésus qu’ils reçoivent aussi en eux. C’est pourquoi Jésus
dit : "Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez
en mon amour"(3). Et encore : "Voici mon commandement :
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés"(4).
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(1) cf. Jean 13, 34 – (2) Jean 13, 1 – (3) Jean 15, 9 – (4) Jean 15, 12.
1824
Fruit de l’Esprit et plénitude de la loi, la charité garde les
commandements de Dieu et de son Christ : "Demeurez en mon
amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour"(1).
--------------------------------------
(1) Jean 15, 9-10 ; cf. Matthieu 22, 40 ; Romains 13, 8-10.
1825
Le Christ est mort par amour pour nous alors que nous étions encore
"ennemis"(1). Le Seigneur nous demande d’aimer comme Lui jusqu’à nos ennemis(2), de
nous faire le prochain du plus lointain(3), d’aimer les enfants(4) et
les pauvres comme Lui-même(5).
L’apôtre saint Paul a donné un incomparable tableau de la charité :
"La charité prend patience, la charité rend service, elle ne jalouse
pas, elle ne plastronne pas, elle ne s’enfle pas d’orgueil, elle ne fait rien
de laid, elle ne cherche pas son intérêt, elle ne s’irrite pas, elle
n’entretient pas de rancune, elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle
trouve sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, elle croit tout, elle espère
tout, elle endure tout"(6).
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(1) Romains 5, 10 – (2) Matthieu 5, 44 – (3) cf. Luc 10, 27-37 – (4) cf. Marc
9, 37 – (5) cf. Matthieu 25, 40. 45 – (6) 1 Corinthiens 13, 4-7.
1826
"Sans la charité, dit encore l’Apôtre, je ne suis rien
...". Et tout ce qui est privilège, service, vertu même ... "sans
la charité, cela ne me sert de rien"(1). La charité est
supérieure à toutes les vertus. Elle est la première des vertus
théologales : "Les trois demeurent : la foi, l’espérance et la
charité. Mais la charité est la plus grande"(2).
--------------------------------------
(1) 1 Corinthiens 13, 1-4 – (2) 1 Corinthiens 13, 13.
1827
L’exercice de toutes les vertus est animé et inspiré par la charité.
Celle-ci est le "lien de la perfection"(1) ;
elle est la forme des vertus ; elle les articule et les ordonne
entre elles ; elle est source et terme de leur pratique chrétienne. La
charité assure et purifie notre puissance humaine d’aimer. Elle l’élève à la
perfection surnaturelle de l’amour divin.
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(1) Colossiens 3, 14.
1828
La pratique de la vie morale animée par la charité donne au chrétien
la liberté spirituelle des enfants de Dieu. Il ne se tient plus devant Dieu
comme un esclave, dans la crainte servile, ni comme le mercenaire en quête de
salaire, mais comme un fils qui répond à l’amour de "celui qui nous a
aimés le premier"(1) :
Ou bien nous nous détournons du mal par crainte du châtiment, et nous sommes
dans la disposition de l’esclave. Ou bien nous poursuivons l’appât de la
récompense et nous ressemblons aux mercenaires. Ou enfin c’est pour le bien
lui-même et l’amour de celui qui commande que nous obéissons ... et nous
sommes alors dans la disposition des enfants(2).
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(1) 1 Jean 4, 19 – (2) Saint Basile, Regulae fusius tractatae, prologue
3.
1829
La charité a pour fruits la joie, la paix et la
miséricorde ; elle exige la bienfaisance et la correction fraternelle ;
elle est bienveillance ; elle suscite la réciprocité, demeure
désintéressée et libérale ; elle est amitié et communion :
L’achèvement de toutes nos œuvres, c’est la dilection. Là est la fin ;
c’est pour l’obtenir que nous courons, c’est vers elle que nous
courons ; une fois arrivés, c’est en elle que nous nous reposerons(1).
--------------------------------------
(1) Saint Augustin, In apistulam Johannis ad Perthos tractatus, 10, 4.
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III. Les dons et les Fruits du
Saint-Esprit.
1830
La vie morale des chrétiens est soutenue par les dons du Saint-Esprit.
Ceux-ci sont des dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre
les impulsions de l’Esprit Saint.
1831
Les sept dons du Saint-Esprit sont la sagesse, l’intelligence, le
conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils
appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David(1).
Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent.
Ils rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations
divines.
Que ton Esprit bon me conduise sur une terre unie(2).
Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu... Enfants et donc
héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ(3).
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(1) cf. Isaïe 11, 1-2 – (2) Psaume 143, 10 – (3) Romains 8, 14. 17.
1832
Les fruits de l’Esprit sont des perfections que forme en nous le
Saint-Esprit comme des prémices de la gloire éternelle. La tradition de
l’Église en énumère douze : "charité, joie, paix, patience,
longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence,
chasteté"(1).
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(1) Galates 5, 22-23 vulgate
En bref
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1833
La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien.
1834
Les vertus humaines sont des dispositions stables de l’intelligence et de
la volonté, qui règlent nos actes, ordonnent nos passions et guident notre
conduite selon la raison et la foi. Elles peuvent être regroupées autour de
quatre vertus cardinales : la prudence, la justice, la force et la
tempérance.
1835
La prudence dispose la raison pratique à discerner, en toute
circonstance, notre véritable bien et à choisir les justes moyens de
l’accomplir.
1836
La justice consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu
et au prochain ce qui lui est dû.
1837
La force assure, dans les difficultés, la fermeté et la constance dans la
poursuite du bien.
1838
La tempérance modère l’attrait des plaisirs sensibles et procure
l’équilibre dans l’usage des biens créés.
1839
Les vertus morales grandissent par l’éducation, par des actes délibérés
et par la persévérance dans l’effort. La grâce divine les purifie et les
élève.
1840
Les vertus théologales disposent les chrétiens à vivre en relation avec
la Sainte Trinité. Elles ont Dieu pour origine, pour motif et pour objet,
Dieu connu par la foi, espéré et aimé pour Lui-même.
1841
Il y a trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité
(cf. 1 Corinthiens 13, 13). Elles informent et vivifient toutes les vertus
morales.
1842
Par la foi nous croyons en Dieu et nous croyons tout ce qu’Il nous a révélé
et que la Sainte Église nous propose à croire.
1843
Par l’espérance nous désirons et attendons de Dieu avec une ferme
confiance la vie éternelle et les grâces pour la mériter.
1844
Par la charité nous aimons Dieu par-dessus toute chose et notre prochain
comme nous-même pour l’amour de Dieu. Elle est le "lien de la
perfection" (Colossiens 3, 14) et
la forme de toutes les vertus.
1845
Les sept dons du Saint Esprit accordés aux chrétiens sont la sagesse,
l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de
Dieu.
Article 8 :
Le péché.
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I. La miséricorde et le péché.
1846
L’Évangile est la révélation, en Jésus Christ, de la miséricorde de Dieu pour
les pécheurs(1). L’ange l’annonce à Joseph : "Tu lui donneras
le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses
péchés"(2). Il en va de même de l’Eucharistie, sacrement de la
Rédemption : "Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, qui va être
répandu pour une multitude en rémission des péchés"(3).
--------------------------------------
(1) cf. Luc 15 – (2) Matthieu 1, 21 – (3) Matthieu 26, 28.
1847
"Dieu nous a créés sans nous, il n’a pas voulu nous sauver sans
nous"(1). L’accueil de sa miséricorde réclame de nous l’aveu de
nos fautes. "Si nous disons : ‘Nous n’avons pas de péché’, nous
nous abusons, la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, Il
est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et nous purifier de toute
injustice"(2).
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(1) Saint Augustin, Sermones,
169, 11, 13 – (2) 1 Jean 1, 8-9.
1848
Comme l’affirme saint Paul : "Où le péché s’est multiplié,
la grâce a surabondé". Mais pour faire son œuvre, la grâce doit
découvrir le péché pour convertir notre cœur et nous conférer "la
justice pour la vie éternelle par Jésus Christ Notre Seigneur" (1). Tel
un médecin qui sonde la plaie avant de la panser, Dieu, par sa Parole et par
son Esprit, projette une lumière vive sur le péché :
La conversion requiert la mise en lumière du péché, elle contient en
elle-même le jugement intérieur de la conscience. On peut y voir la preuve de
l’action de l’Esprit de vérité au plus profond de l’homme, et cela devient en
même temps le commencement d’un nouveau don de la grâce et de l’amour :
"Recevez l’Esprit Saint". Ainsi, dans cette "mise en lumière
du péché" nous découvrons un double don : le don de la
vérité de la conscience et le don de la certitude de la rédemption. L’Esprit
de vérité est le Consolateur (2).
--------------------------------------
(1) Romains 5, 20-21 – (2) Dominum et Vivificantem 31.
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II.
La définition du péché .
1849
Le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience
droite ; il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers
le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la
nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Il a été défini
comme "une parole, un acte ou un désir contraires à la loi
éternelle"(1).
--------------------------------------
(1) Saint Augustin, Contra Faustum manichaeum, 22, 27;
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique
1-2, 71, 6.
1850
Le péché est une offense de Dieu : "Contre toi, toi seul,
j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait"(1).
Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs.
Comme le péché premier, il est une désobéissance, une révolte contre Dieu,
par la volonté de devenir "comme des dieux", connaissant et
déterminant le bien et le mal(2). Le péché est ainsi "amour de soi jusqu’au mépris
de Dieu"(3). Par cette exaltation orgueilleuse de soi, le péché est
diamétralement contraire à l’obéissance de Jésus qui accomplit le salut(4).
--------------------------------------
(1) Psaume 51,6 – (2) Genèse 3,5 – (3) Saint Augustin, De civitate Dei,.
14, 28 – (4) cf. Philippiens 2, 6-9.
1851
C’est précisément dans la Passion où la miséricorde du Christ va le
vaincre, que le péché manifeste le mieux sa violence et sa
multiplicité : incrédulité, haine meurtrière, rejet et moqueries de la
part des chefs et du peuple, lâcheté de Pilate et cruauté des soldats,
trahison de Judas si dure à Jésus, reniement de Pierre et abandon des
disciples. Cependant, à l’heure même des ténèbres et du Prince de ce monde(1),
le sacrifice du Christ devient secrètement la source de laquelle jaillira
intarissablement le pardon de nos péchés.
--------------------------------------
(1) cf. Jean 14, 30.
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III. La
diversité des péchés.
1852
La variété des péchés est grande. L’Écriture en fournit plusieurs listes. L’épître
aux Galates oppose les œuvres de la chair au fruit de l’Esprit :
"On sait bien tout ce que produit la chair : fornication, impureté,
débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements,
disputes, dissensions, scissions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et
choses semblables – et je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux
qui commettent ces fautes-là n’hériteront pas du Royaume de Dieu"(1).
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(1) Galates 5, 19-21 ; cf. Romains 1, 28-32 ; 1 Corinthiens 6, 9-10 ;
Éphésiens 5, 3-5 ; Colossiens 3, 5-8 ;
1 Timothée 1, 9-10 ; 2 Timothée 3, 2-5.
1853
On peut distinguer les péchés selon leur objet, comme pour tout acte
humain, ou selon les vertus auxquelles ils s’opposent, par excès ou par
défaut, ou selon les commandements qu’ils contrarient. On peut les ranger
aussi selon qu’ils concernent Dieu, le prochain ou soi-même ; on peut
les diviser en péchés spirituels et charnels, ou encore en péchés en pensée,
en parole, par action ou par omission. La racine du péché est dans le cœur de
l’homme, dans sa libre volonté, selon l’enseignement du Seigneur :
"Du cœur en effet procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères,
débauches, vols, faux témoignages, diffamations. Voilà les choses qui rendent
l’homme impur"(1). Dans le cœur réside aussi la charité, principe des
œuvres bonnes et pures, que blesse le péché.
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(1) Matthieu 15, 19.
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IV. La
gravité du péché : péché mortel et véniel
1854
Il convient d’apprécier les péchés
selon leur gravité. Déjà perceptible dans l’Écriture(1),
la distinction entre péché mortel et péché véniel s’est imposée dans la
tradition de l’Église. L’expérience des hommes la corrobore.
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(1) cf. 1 Jean 5, 16-17.
1855
Le péché mortel détruit la charité dans le cœur de l’homme par une
infraction grave à la loi de Dieu ; il détourne l’homme de Dieu, qui est
sa fin ultime et sa béatitude en Lui préférant un bien inférieur.
Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la
blesse.
1856
Le péché mortel, attaquant en nous le principe vital qu’est la
charité, nécessite une nouvelle initiative de la miséricorde de Dieu et une
conversion du cœur qui s’accomplit normalement dans le cadre du sacrement de
la Réconciliation :
Lorsque la volonté se porte à une chose de soi contraire à la charité par
laquelle on est ordonné à la fin ultime, le péché par son objet même a de
quoi être mortel... qu’il soit contre l’amour de Dieu, comme le blasphème, le
parjure, etc. ou contre l’amour du prochain, comme l’homicide, l’adultère, etc ... En revanche, lorsque la volonté du pécheur se
porte quelquefois à une chose qui contient en soi un désordre mais n’est
cependant pas contraire à l’amour de Dieu et du prochain, tel que parole
oiseuse, rire superflu, etc., de tels péchés sont véniels (1).
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(1) Saint Thomas d’Aquin, Somme
théologique, 1-2, 88, 2.
1857
Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont
ensemble requises : "Est péché mortel tout péché qui a pour objet
une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos
délibéré"(1).
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(1) Reconciliatio
et poenitentia
17.
1858
La matière grave est précisée par les Dix commandements selon
la réponse de Jésus au jeune homme riche : "Ne tue pas, ne commets
pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de
tort, honore ton père et ta mère" (1). La gravité des péchés
est plus ou moins grande : un meurtre est plus grave qu’un vol. La
qualité des personnes lésées entre aussi en ligne de compte : la
violence exercée contre les parents est de soi plus grave qu’envers un
étranger.
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(1) Marc 10, 18.
1859
Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier
consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de
l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement
suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et
l’endurcissement du cœur(1) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère
volontaire du péché.
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(1) cf. Marc 3, 5-6 ; Luc 16, 19-31.
1860
L’ignorance involontaire peut diminuer sinon excuser
l’imputabilité d’une faute grave. Mais nul n’est censé ignorer les principes
de la loi morale qui sont inscrits dans la conscience de tout homme. Les
impulsions de la sensibilité, les passions peuvent également réduire le
caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions
extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché par malice, par choix
délibéré du mal, est le plus grave.
1861
Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme
l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la
grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté
par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du
Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de
faire des choix pour toujours, sans retour. Cependant si nous pouvons juger
qu’un acte est en soi une faute grave, nous devons confier le jugement sur
les personnes à la justice et à la miséricorde de Dieu.
1862
On commet un péché véniel quand on n’observe pas dans une
matière légère la mesure prescrite par la loi morale, ou bien quand on
désobéit à la loi morale en matière grave, mais sans pleine connaissance ou
sans entier consentement.
1863
Le péché véniel affaiblit la charité ; il traduit une affection
désordonnée pour des biens créés ; il empêche les progrès de l’âme dans
l’exercice des vertus et la pratique du bien moral ; il mérite des
peines temporelles. Le péché véniel délibéré et resté sans repentance nous
dispose peu à peu à commettre le péché mortel. Cependant le péché véniel ne
rompt pas l’Alliance avec Dieu. Il est humainement réparable avec la grâce de
Dieu. "Il ne prive pas de la grâce sanctifiante ou déifiante et de la
charité, ni par suite, de la béatitude éternelle"(1) :
L’homme ne peut, tant qu’il est dans la chair, éviter tout péché, du moins
les péchés légers. Mais ces péchés que nous disons légers, ne les tiens pas
pour anodins : si tu les tiens pour anodins quand tu les pèses, tremble
quand tu les comptes. Nombre d’objets légers font une grande masse ;
nombre de gouttes emplissent un fleuve ; nombre de grains font un
monceau. Quelle est alors notre espérance ? Avant tout, la confession
... (2).
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(1) Reconciliatio
et poenitentia
17 – (2) Saint Augustin, In epistulam Johannis tractatus, 1, 6.
1864
"Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le
blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis" (1). Il n’y a pas de
limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir
la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le
salut offert par l’Esprit Saint (2). Un tel endurcissement peut conduire à
l’impénitence finale et à la perte éternelle.
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(1) Matthieu 12, 31 ; cf. Marc 3, 29 ; Luc 12, 10 – (2) cf. Dominum et Vivificantem 46.
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V. La
prolifération du péché.
1865
Le péché crée un entraînement au péché ; il engendre le vice par la
répétition des mêmes actes. Il en résulte des inclinations perverses qui
obscurcissent la conscience et corrompent l’appréciation concrète du bien et
du mal. Ainsi le péché tend-il à se reproduire et à se renforcer, mais il ne
peut détruire le sens moral jusqu’en sa racine.
1866
Les vices peuvent être rangés d’après les vertus qu’ils contrarient, ou
encore rattachés aux péchés capitaux que l’expérience chrétienne a
distingués à la suite de Saint
Jean Cassien et de Saint Grégoire le Grand(1). Ils sont appelés
capitaux parce qu’ils sont générateurs d’autres péchés, d’autres vices. Ce
sont l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère, l’impureté, la gourmandise, la
paresse ou acédie.
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(1) Moralia in Job, 31, 45.
1867
La tradition catéchétique rappelle aussi qu’il existe des "péchés
qui crient vers le ciel". Crient vers le ciel : le sang d’Abel(1) ;
le péché des Sodomites(2) ; la clameur du peuple opprimé en Égypte(3) ;
la plainte de l’étranger, de la veuve et de l’orphelin(4) ;
l’injustice envers le salarié(5).
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(1) cf. Genèse 4, 10 – (2) cf. Genèse 18, 20 ; 19, 13 – (3) cf. Exode 3, 7-10 – (4) cf. Exode 22,
20-22 – (5) cf. Deutéronome 24, 14-15 ; Jacques 5, 4.
1868
Le péché est un acte personnel. De plus, nous avons une responsabilité dans
les péchés commis par d’autres, quand nous y coopérons :
– en y participant directement et volontairement ;
– en les commandant, les conseillant, les louant ou les approuvant ;
– en ne les révélant pas ou en ne les empêchant pas, quand on y est
tenu ;
– en protégeant ceux qui font le mal.
1869
Ainsi le péché rend les hommes complices les uns des autres, fait régner
entre eux la concupiscence, la violence et l’injustice. Les péchés provoquent
des situations sociales et des institutions contraires à la Bonté divine. Les
"structures de péché" sont l’expression et l’effet des péchés
personnels. Elles induisent leurs victimes à commettre le mal à leur tour.
Dans un sens analogique elles constituent un "péché social" (1).
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(1) cf. Reconciliatio
et poenitentia 16.
En bref
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1870
"Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous
miséricorde" (Romains 11, 32).
1871
Le péché est "une parole, un acte ou un désir contraires à la loi
éternelle. Il est une offense à Dieu. Il se dresse contre Dieu dans une
désobéissance contraire à l’obéissance du Christ.
1872
Le péché et un acte contraire à la raison. Il blesse la nature de l’homme
et porte atteinte à la solidarité humaine.
1873
La racine de tous les péchés est dans le cœur de l’homme. Leurs espèces
et leur gravité se mesurent principalement selon leur objet.
1874
Choisir délibérément, c’est-à-dire en le sachant et en le voulant, une
chose gravement contraire à la loi divine et à la fin dernière de l’homme,
c’est commettre un péché mortel. Celui-ci détruit en nous la charité sans
laquelle la béatitude éternelle est impossible. Sans repentir, il entraîne la
mort éternelle.
1875
Le péché véniel constitue un désordre moral réparable par la charité
qu’il laisse subsister en nous.
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