Liste
des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
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Chapitre Deuxième : Je crois en
Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu
Article 3 - Paragraphe 2.
" ... Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie "
I.
Conçu du Saint-Esprit...
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484
L’Annonciation à Marie
inaugure la " plénitude des temps " (Ga 4, 4),
c’est-à-dire l’accomplissement des promesses et des préparations. Marie est
invitée à concevoir Celui en qui habitera " corporellement la
plénitude de la divinité " (Colossiens 2, 9). La réponse divine à
son " comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point
d’homme ? " (Luc 1, 34) est donnée par la puissance de
l’Esprit : " L’Esprit Saint viendra sur toi " (Luc
1, 35).
485
La mission de l’Esprit
Saint est toujours conjointe et ordonnée à celle du Fils (cf. Jean 16,
14-15). L’Esprit Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la Vierge Marie
et la féconder divinement, lui qui est " le Seigneur qui donne la
Vie ", en faisant qu’elle conçoive le Fils éternel du Père dans une
humanité tirée de la sienne.
486
Le Fils unique du Père
en étant conçu comme homme dans le sein de la Vierge Marie est
" Christ ", c’est-à-dire oint par l’Esprit Saint (cf.
Matthieu 1, 20 ; Luc 1, 35), dès le début de son existence humaine, même
si sa manifestation n’a lieu que progressivement : aux bergers (cf. Luc
2, 8-20), aux mages (cf. Matthieu 2, 1-12), à Jean-Baptiste (cf. Jean 1, 31-34),
aux disciples (cf. Jean 2, 11). Toute la vie de Jésus-Christ manifestera donc
" comment Dieu l’a oint d’Esprit et de puissance " (Ac 10, 38).
II. ... Né de la Vierge Marie
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487
Ce que la foi
catholique croit au sujet de Marie se fonde sur ce qu’elle croit au sujet du
Christ, mais ce qu’elle enseigne sur Marie éclaire à son tour sa foi au
Christ.
La prédestination de Marie
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488
"Dieu a envoyé
son Fils" (Galates 4,4), mais pour lui "façonner un corps"
(cf. Hébreux 10,5) il a voulu la libre coopération d’une créature. Pour cela,
de toute éternité, Dieu a choisi, pour être la Mère de Son Fils, une fille
d’Israël, une jeune juive de Nazareth en Galilée, "une vierge fiancée à
un homme du nom de Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge
était Marie" (Luc 1,26-27).
Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée
par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une
femme ayant contribué à l’œuvre de mort, de même une femme contribuât aussi à
la vie (cf. Lumen Gentium 56 ;
61).
489
Tout au long de l’Ancienne Alliance, la mission de Marie a été préparée
par celle de saintes femmes. Tout au commencement, il y a Ève : malgré
sa désobéissance, elle reçoit la promesse d’une descendance qui sera
victorieuse du Malin (cf. Genèse3, 15) et celle d’être la mère de tous les
vivants (cf. Genèse3, 20). En vertu de cette promesse, Sara conçoit un fils
malgré son grand âge (cf. Genèse18, 10-14 ; 21, 1-2). Contre toute
attente humaine, Dieu choisit ce qui était tenu pour impuissant et faible
(cf. 1Corinthiens 1, 27) pour montrer sa fidélité à sa promesse : Anne,
la mère de Samuel (cf. 1 S 1), Déborah, Ruth, Judith et Esther, et beaucoup
d’autres femmes. Marie " occupe la première place parmi ces humbles
et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec
confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue
attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie
nouvelle " (Lumen Gentium 55).
L’Immaculée Conception
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490
Pour être la Mère du
Sauveur, Marie "fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d’une si grande
tâche" (Lumen Gentium 56).
L’ange Gabriel, au moment de l’Annonciation la salue comme " pleine
de grâce " (Luc 1, 28). En effet, pour pouvoir donner l’assentiment
libre de sa foi à l’annonce de sa vocation, il fallait qu’elle soit toute
portée par la grâce de Dieu.
491
Au long des siècles l’Église a pris conscience que Marie, "comblée de
grâce" par Dieu (Luc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception. C’est
ce que confesse le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le
pape Pie IX.
La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa
conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en
vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de
toute souillure du péché originel (DS 2803).
492
Cette " sainteté éclatante absolument unique " dont elle
est " enrichie dès le premier instant de sa conception "
(Lumen Gentium 56) lui vient tout entière du Christ : elle est
" rachetée de façon éminente en considération des mérites de son
Fils " (Lumen Gentium 53). Plus que toute autre personne créée, le Père l’a
" bénie par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux,
dans le Christ " (Ep 1, 3). Il l’a
" élue en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être sainte et
immaculée en sa présence, dans l’amour " (cf. Éphésiens 1, 4).
493
Les Pères de la tradition orientale appellent la Mère de Dieu " la
Toute Sainte " (Panaghia), ils la
célèbrent comme " indemne de toute tache de péché, ayant été pétrie
par l’Esprit Saint, et formée comme une nouvelle créature " (Lumen Gentium 56). Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout péché
personnel tout au long de sa vie.
"Qu’il me soit fait selon ta parole..."
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494
A l’annonce qu’elle enfantera "le Fils du Très Haut" sans connaître
d’homme, par la vertu de l’Esprit Saint (cf. Luc 1, 28-37), Marie a répondu
par "l’obéissance de la foi" (Romains 1, 5), certaine que
"rien n’est impossible à Dieu" : "Je suis la servante du
Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole" (Luc 1, 37-38). Ainsi,
donnant à la parole de Dieu son consentement, Marie devint Mère de Jésus et,
épousant à plein cœur, sans que nul péché la
retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement à la
personne et à l’œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec
lui, par la grâce de Dieu, au mystère de la Rédemption (cf. Lumen Gentium 56).
Comme dit Saint Irénée, " par son obéissance elle est
devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause de
salut " (Hær. 3, 22, 4). Aussi, avec lui, bon nombre d’anciens
Pères disent : " Le nœud dû à la désobéissance d’Ève, s’est
dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Ève avait noué par
son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi " (cf. ibid.) ;
comparant Marie avec Ève, ils appellent Marie " la Mère des
vivants " et déclarent souvent : "par Ève la mort, par
Marie la vie" (Lumen Gentium 56).
La maternité divine de Marie
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495
Appelée dans les Évangiles " la mère de Jésus " (Jean 2,
1 ; 19, 25 ; cf. Matthieu 13, 55), Marie est acclamée, sous
l’impulsion de l’Esprit, dès avant la naissance de son fils, comme
" la mère de mon Seigneur " (Luc 1, 43). En effet, Celui
qu’elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son
Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième
Personne de la Sainte Trinité. L’Église confesse que Marie est vraiment Mère
de Dieu (Theotokos) (cf. DS 251).
La virginité de Marie
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496
Dès les premières formulations de la foi (cf. DS 10-64), l’Église a confessé
que Jésus a été conçu par la seule puissance du Saint-Esprit dans le sein de
la Vierge Marie, affirmant aussi l’aspect corporel de cet événement :
Jésus a été conçu " de l’Esprit Saint sans semence
virile " (Cc. Latran en 649 : DS 503). Les Pères voient dans
la conception virginale le signe que c’est vraiment le Fils de Dieu qui est
venu dans une humanité comme la nôtre :
Ainsi, Saint Ignace d’Antioche (début IIe siècle) :
" Vous êtes fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est
véritablement de la race de David selon la chair (cf. Romains 1, 3), Fils de
Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu (cf. Jean 1, 13), véritablement
né d’une vierge, (...) il a été véritablement cloué pour nous dans sa chair
sous Ponce Pilate (...) il a véritablement souffert, comme il est aussi
véritablement ressuscité " (Smyrn. 1-2).
497
Les récits
évangéliques (cf. Matthieu 1, 18-25 ; Luc 1, 26-38) comprennent la
conception virginale comme une œuvre divine qui dépasse toute compréhension
et toute possibilité humaines (cf. Luc 1, 34) : " Ce qui a été
engendré en elle vient de l’Esprit Saint ", dit l’ange à Joseph au
sujet de Marie, sa fiancée (Matthieu 1, 20). L’Église y voit l’accomplissement
de la promesse divine donnée par le prophète Isaïe : " Voici
que la vierge concevra et enfantera un fils " (Isaïe 7, 14, d’après
la traduction grecque de Matthieu 1, 23).
498
On a été parfois troublé par le silence de l’Évangile de Saint Marc et des Épîtres
du Nouveau Testament sur la conception virginale de Marie. On a aussi pu se
demander s’il ne s’agissait pas ici de légendes ou de constructions
théologiques sans prétentions historiques. A quoi il faut répondre : La
foi en la conception virginale de Jésus a rencontré vive opposition,
moqueries ou incompréhension de la part des non-croyants, juifs et païens
(cf. Saint Justin, dial. 66, 67 ; Origène, Cels.
1, 32. 69 ; e.a.) : elle n’était pas
motivée par la mythologie païenne ou par quelque adaptation aux idées du
temps. Le sens de cet événement n’est accessible qu’à la foi qui le voit dans
ce " lien qui relie les mystères entre eux " (DS 3016),
dans l’ensemble des mystères du Christ, de son Incarnation à sa Pâque. Saint
Ignace d’Antioche témoigne déjà de ce lien : " Le prince de ce
monde a ignoré la virginité de Marie et son enfantement, de même que la mort
du Seigneur : trois mystères retentissants qui furent accomplis dans le
silence de Dieu " (Eph. 19, 1 ; cf.
1Corinthiens 2, 8).
Marie – "toujours Vierge"
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499
L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Église à
confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie (cf. DS 427) même dans
l’enfantement du Fils de Dieu fait homme (cf. DS 291 ; 294 ;
442 ; 503 ; 571 ; 1880). En effet la naissance du Christ
" n’a pas diminué, mais consacré l’intégrité virginale "
de sa mère (Lumen Gentium 57). La liturgie de
l’Église célèbre Marie comme la Aeiparthenos,
" toujours vierge " (cf. Lumen Gentium
52).
500
A cela on objecte parfois que l’Écriture mentionne des frères et sœurs de
Jésus (cf. Marc 3, 31-35 ; 6, 3 ; 1Corinthiens 9, 5 ; Ga 1,
19). L’Église a toujours compris ces passages comme ne désignant pas d’autres
enfants de la Vierge Marie : en effet Jacques et Joseph,
" frères de Jésus " (Matthieu 13, 55), sont les fils
d’une Marie disciple du Christ (cf. Matthieu 27, 56) qui est désignée de
manière significative comme " l’autre Marie " (Matthieu
28, 1). Il s’agit de proches parents de Jésus, selon une expression connue de
l’Ancien Testament (cf. Genèse13, 8 ; 14, 16 ; 29, 15 ; etc.).
501
Jésus est le Fils unique de Marie. Mais la maternité spirituelle de Marie
(cf. Jean 19, 26-27 ; Apocalypse 12, 17) s’étend à tous les hommes qu’il
est venu sauver : " Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait
‘l’aîné d’une multitude de frères’ (Romains 8, 29), c’est-à-dire de croyants,
à la naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son
amour maternel " (Lumen Gentium 63).
La maternité virginale de Marie dans le
dessein de Dieu
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502
Le regard de la foi
peut découvrir, en lien avec l’ensemble de la Révélation, les raisons
mystérieuses pour lesquelles Dieu, dans son dessein salvifique, a voulu que
son Fils naisse d’une vierge. Ces raisons touchent aussi bien la personne et
la mission rédemptrice du Christ que l’accueil de cette mission par Marie
pour tous les hommes.
503
La virginité de Marie manifeste l’initiative absolue de Dieu dans
l’Incarnation. Jésus n’a que Dieu comme Père (cf. Luc 2, 48-49). " La
nature humaine qu’il a prise ne l’a jamais éloigné du Père (...) ;
naturellement Fils de son Père par sa divinité, naturellement fils de sa mère
par son humanité, mais proprement Fils de Dieu dans ses deux
natures " (Cc. Frioul en 796 : DS 619).
504
Jésus est conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie parce qu’il
est le Nouvel Adam (cf. 1Corinthiens 15, 45) qui inaugure la création
nouvelle : " Le premier homme, issu du sol, est
terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel "
(1Corinthiens 15, 47). L’humanité du Christ est, dès sa conception, remplie
de l’Esprit Saint car Dieu " lui donne l’Esprit sans
mesure " (Jean 3, 34). C’est de " sa
plénitude " à lui, tête de l’humanité rachetée (cf. Colossiens 1,
18), que " nous avons reçu grâce sur grâce " (Jean 1,
16).
505
Jésus, le Nouvel Adam, inaugure par sa conception virginale la nouvelle
naissance des enfants d’adoption dans l’Esprit Saint par la foi.
" Comment cela se fera-t-il ? " (Luc 1, 34 ;
cf. Jean 3, 9). La participation à la vie divine ne vient pas " du
sang, ni du vouloir de chair, ni du vouloir d’homme, mais de Dieu "
(Jean 1, 13). L’accueil de cette vie est virginal car celle-ci est
entièrement donnée par l’Esprit à l’homme. Le sens sponsal
de la vocation humaine par rapport à Dieu (cf. 2Corinthiens 11, 2) est
accompli parfaitement dans la maternité virginale de Marie.
506
Marie est vierge parce que sa virginité est le signe de sa foi "que nul
doute n’altère" (Lumen Gentium 63) et de sa
donation sans partage à la volonté de Dieu (cf. 1Corinthiens 7, 34-35). C’est
sa foi qui lui donne de devenir la mère du Sauveur : "Bienheureuse
Marie, plus encore parce qu’elle a reçu la foi du Christ que parce qu’Elle a
conçu la chair du Christ" (Saint Augustin, virg.
3 : PL 40, 398).
507
Marie est à la fois vierge et mère car elle est la figure et la plus parfaite
réalisation de l’Église (cf. Lumen Gentium
63) : "L’Église devient à son tour une Mère, grâce à la parole de
Dieu qu’elle reçoit dans la foi : par la prédication en effet, et par le
Baptême elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du
Saint-Esprit et nés de Dieu. Elle est aussi vierge, ayant donné à son Époux
sa foi, qu’elle garde intègre et pure " (Lumen Gentium
64).
En bref
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508
Dans la descendance d’Ève, Dieu a choisi la Vierge Marie pour être la Mère de
son Fils. " Pleine de grâce ", elle est " le
fruit le plus excellent de la Rédemption " (SC 103) : dès le
premier instant de sa conception, elle est totalement préservée de la tache
du péché originel et elle est restée pure de tout péché personnel tout au long
de sa vie.
509
Marie est vraiment " Mère de Dieu " puisqu’elle est la
mère du Fils éternel de Dieu fait homme, qui est Dieu lui-même.
510
Marie " est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en
l’enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein,
Vierge toujours " (Saint Augustin, sermon 186, 1 : PL 38,
999) : de tout son être elle est " la servante du
Seigneur " (Luc 1, 38).
511
La Vierge Marie a " coopéré au salut des hommes avec sa foi et son
obéissance libres " (Lumen Gentium 56).
Elle a prononcé son oui " au nom de toute la nature
humaine " (Saint Thomas d’A., s. th. 3, 30, 1) : Par son
obéissance, elle est devenue la nouvelle Ève, mère des vivants.
Paragraphe 3. Les mystères de la Vie du
Christ
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512
Le Symbole de la foi
ne parle, concernant la vie du Christ, que des mystères de l’Incarnation (conception
et naissance) et de la Pâque (passion, crucifixion, mort, sépulture, descente
aux enfers, résurrection, ascension). Il ne dit rien, explicitement, des
mystères de la vie cachée et publique de Jésus, mais les articles de la foi
concernant l’Incarnation et la Pâque de Jésus éclairent toute la vie
terrestre du Christ. "Tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le
commencement jusqu’au jour où (...) Il fut enlevé au ciel" (Actes 1,
1-2) est à voir à la lumière des mystères de Noël et de Pâques.
513
La Catéchèse, selon les circonstances, déploiera toute la richesse des
mystères de Jésus. Ici il suffit d’indiquer quelques éléments communs à tous
les mystères de la vie du Christ (I), pour esquisser ensuite les principaux
mystères de la vie cachée (II) et publique (III) de Jésus.
I. Toute la vie du Christ est mystère
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514
Beaucoup de choses qui
intéressent la curiosité humaine au sujet de Jésus ne figurent pas dans les
Évangiles. Presque rien n’est dit sur sa vie à Nazareth, et même une grande part
de sa vie publique n’est pas relatée (cf. Jean 20, 30). Ce qui a été écrit
dans les Évangiles, l’a été " pour que vous croyez que Jésus est le
Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son
nom " (Jean 20, 31).
515
Les Évangiles sont
écrits par des hommes qui ont été parmi les premiers à avoir la foi (cf. Marc
1, 1 ; Jean 21, 24) et qui veulent la faire partager à d’autres. Ayant
connu dans la foi qui est Jésus, ils ont pu voir et faire voir les traces
de son mystère dans toute sa vie terrestre. Des langes de sa nativité
(cf. Luc 2, 7) jusqu’au vinaigre de sa passion (cf. Matthieu 27, 48) et au
suaire de sa Résurrection (cf. Jean 20, 7), tout dans la vie de Jésus est
signe de son mystère. A travers ses gestes, ses miracles, ses paroles, il a
été révélé qu’" en Lui habite corporellement toute la plénitude de
la divinité " (Colossiens 2, 9). Son humanité apparaît ainsi comme
le "sacrement", c’est-à-dire le signe et l’instrument de sa
divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y avait de visible dans sa
vie terrestre conduisit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa
mission rédemptrice.
Les traits communs des mystères de Jésus
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516
Toute la vie du Christ est Révélation du Père : ses paroles et
ses actes, ses silences et ses souffrances, sa manière d’être et de parler.
Jésus peut dire : " Qui me voit, voit le Père "
(Jean 14, 9), et le Père : " Celui-ci est mon Fils
bien-aimé ; écoutez-le " (Luc 9, 35). Notre Seigneur s’étant
fait homme pour accomplir la volonté du Père (cf. Hébreux 10, 5-7), les
moindres traits de ses mystères nous manifestent " l’amour de Dieu
pour nous " (1 Jean 4, 9).
517
Toute la vie du Christ est mystère de Rédemption. La Rédemption nous
vient avant tout par le sang de la Croix (cf. Éphésiens 1,7 ; Colossiens
1,13-14 ; 1Pierre 1,18-19), mais ce mystère est à l’œuvre dans toute la
vie du Christ : dans son Incarnation déjà, par laquelle, en se faisant
pauvre, il nous enrichit par sa pauvreté (cf. 2Corinthiens 8, 9) ; dans
sa vie cachée qui, par sa soumission (cf. Luc 2, 51), répare notre
insoumission ; dans sa parole qui purifie ses auditeurs (cf. Jean 15,
3) ; dans ses guérisons et ses exorcismes, par lesquels " il a
pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies " (Matthieu 8,
17 ; cf. Isaïe 53,4) ; dans sa Résurrection, par laquelle il nous
justifie (cf. Romains 4, 25).
518
Toute la vie du Christ
est mystère de Récapitulation. Tout ce que Jésus a fait, dit et
souffert, avait pour but de rétablir l’homme déchu dans sa vocation
première :
Lorsqu’il s’est incarné et s’est fait homme, il a récapitulé en
lui-même la longue histoire des hommes et nous a procuré le salut en
raccourci, de sorte que ce que nous avions perdu en Adam, c’est-à-dire d’être
à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous le recouvrions dans le Christ
Jésus (Saint Irénée, hær. 3, 18, 1). C’est
d’ailleurs pourquoi le Christ est passé par tous les âges de la vie, rendant
par là à tous les hommes la communion avec Dieu (ibid. 3, 18, 7 ; cf. 2,
22, 4).
Notre communion aux mystères de Jésus
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519
Toute la richesse du Christ "est destinée à tout homme et constitue le
bien de chacun" (Redemptor hominis
11). Le Christ n’a pas vécu sa vie pour lui-même, mais pour nous, de
son Incarnation "pour nous les hommes et pour notre salut" jusqu’à
sa mort "pour nos péchés" (1Corinthiens 15, 3) et à sa Résurrection
"pour notre justification" (Romains 4, 25). Maintenant encore, il
est "notre avocat auprès du Père" (1Jean 2,1), "étant toujours
vivant pour intercéder en notre faveur" (Hébreux 7,25). Avec tout ce
qu’il a vécu et souffert pour nous une fois pour toutes, il reste présent
pour toujours "devant la face de Dieu en notre faveur" (Hébreux 9,
24).
520
En toute sa vie, Jésus
se montre comme notre modèle (cf. Romains 15, 5 ; Ph 2, 5) :
il est "l’homme parfait" (Gaudium et spes 38) qui nous invite à devenir ses disciples et à le
suivre : par son abaissement, il nous a donné un exemple à imiter (cf.
Jean 13, 15), par sa prière, il attire à la prière (cf. Luc 11, 1), par sa
pauvreté, il appelle à accepter librement le dénuement et les persécutions
(cf. Matthieu 5, 11-12).
521
Tout ce que le Christ a vécu, il fait que nous puissions le vivre en Lui
et qu’il vive en nous. "Par son Incarnation, le Fils de Dieu
s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" (Gaudium
et spes 22, § 2). Nous sommes appelés à ne faire
plus qu’un avec lui ; ce qu’il a vécu dans sa chair pour nous et comme
notre modèle, il nous y fait communier comme les membres de son Corps :
Nous devons continuer et accomplir en nous les états et
mystères de Jésus, et le prier souvent qu’il les consomme et accomplisse en
nous et en toute son Église (...). Car le Fils de Dieu a
dessein de mettre une participation, et de faire comme une extension et
continuation de ses mystères en nous et en toute son Église, par les grâces
qu’il veut nous communiquer, et par les effets qu’il veut opérer en nous par
ces mystères. Et par ce moyen il veut les accomplir en nous (Saint Jean
Eudes, Le royaume de Jésus, 3, 4 : Œuvres complètes, v. 1
[Vannes 1905] p. 310-311).
II. Les mystères de l’enfance et de la
vie cachée de Jésus
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Les préparations
522
La venue du Fils de
Dieu sur la terre est un événement si immense que Dieu a voulu le préparer
pendant des siècles. Rites et sacrifices, figures et symboles de la Première
alliance (cf. Hébreux 9, 15), Il fait tout converger vers le Christ ; Il
l’annonce par la bouche des prophètes qui se succèdent en Israël. Il éveille
par ailleurs dans le cœur des païens l’obscure attente de cette venue.
523
Saint Jean le Baptiste
est le précurseur (cf. Ac 13, 24) immédiat du
Seigneur, envoyé pour Lui préparer le chemin (cf. Matthieu 3, 3).
"Prophète du Très-Haut" (Luc 1, 76), il dépasse tous les prophètes
(cf. Luc 7, 26), il en est le dernier (cf. Matthieu 11,13), il inaugure l’Évangile
(cf. Ac 1, 22 ; Luc 16, 16) ; il salue la
venue du Christ dès le sein de sa mère (cf. Luc 1, 41) et il trouve sa joie à
être "l’ami de l’époux" (Jean 3, 29) qu’il désigne comme
"l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" (Jean 1, 29).
Précédant Jésus "avec l’esprit et la puissance d’Élie" (Luc 1, 17),
il lui rend témoignage par sa prédication, son baptême de conversion et
finalement son martyre (cf. Marc 6, 17-29).
524
En célébrant chaque année la liturgie de l’Avent, l’Église actualise
cette attente du Messie : en communiant à la longue préparation de la
première venue du Sauveur, les fidèles renouvellent l’ardent désir de son
second Avènement (cf. Apocalypse 22, 17). Par la célébration de la nativité
et du martyre du Précurseur, l’Église s’unit à son désir :
" Il faut que Lui grandisse et que moi je décroisse "
(Jean 3, 30).
Le mystère de Noël
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525
Jésus est né dans
l’humilité d’une étable, dans une famille pauvre (cf. Luc 2, 6-7) ; de
simples bergers sont les premiers témoins de l’événement. C’est dans cette
pauvreté que se manifeste la gloire du ciel (cf. Luc 2, 8-20). L’Église ne se
lasse pas de chanter la gloire de cette nuit :
La Vierge aujourd’hui met au monde
l’Éternel
Et la terre offre une grotte à
l’Inaccessible.
Les anges et les pasteurs le louent
Et les mages avec l’étoile s’avancent,
Car Tu es né pour nous,
Petit Enfant, Dieu éternel !
(Kontakion de
Romanos le Mélode)
526
"Devenir
enfant " par rapport à Dieu est la condition pour entrer dans le
Royaume (cf. Matthieu 18,3-4) ; pour cela il faut s’abaisser (cf.
Matthieu 23,12), devenir petit ; plus encore : il faut "naître
d’en haut" (Jean 3,7), " naître de Dieu " (Jean
1,13) pour "devenir enfants de Dieu" (Jean 1,12). Le mystère de
Noël s’accomplit en nous lorsque le Christ "prend forme" en nous
(Galates 4,19). Noël est le mystère de cet "admirable
échange" :
O admirable échange ! Le créateur du genre humain,
assumant un corps et une âme, a daigné naître d’une vierge et, devenu homme
sans l’intervention de l’homme, Il nous a fait don de sa divinité (Liturgia Horarum, antienne de
l’octave de Noël).
Les mystères de l’enfance de Jésus
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527
La circoncision de Jésus, le huitième jour après sa naissance (cf. Luc
2,21), est signe de son insertion dans la descendance d’Abraham, dans le
peuple de l’alliance, de sa soumission à la loi (cf. Ga 4,4), et de sa
députation au culte d’Israël auquel Il participera pendant toute sa vie. Ce
signe préfigure " la circoncision du Christ " qu’est le
Baptême (cf. Colossiens 2,11-13).
528
L’Épiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils
de Dieu et Sauveur du monde. Avec le Baptême de Jésus au Jourdain et les
noces de Cana (cf. Liturgia Horarum,
antienne du Magnificat des secondes vêpres de l’Épiphanie), elle célèbre
l’adoration de Jésus par des "mages" venus d’Orient (Matthieu 2,1).
Dans ces "mages", représentants des religions païennes
environnantes, l’Évangile voit les prémices des nations qui accueillent la
Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem
pour "rendre hommage au roi des Juifs" (Matthieu 2,2) montre qu’ils
cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David (cf.
Nombres 24,17 ; Apocalypse 22,16), celui qui sera le roi des nations
(cf. Nombres 24, 17-19). Leur venue signifie que les païens ne peuvent
découvrir Jésus et l’adorer comme Fils de Dieu et Sauveur du monde qu’en se
tournant vers les juifs (cf. Jean 4,22) et en recevant d’eux leur promesse
messianique telle qu’elle est contenue dans l’Ancien Testament (cf. Matthieu
2,4-6). L’Épiphanie manifeste que " la plénitude des païens entre
dans la famille des patriarches " (Saint Léon le Grand, sermon
33,3 : PL 54, 242) et acquiert la Israelitica
dignitas (Missale Romanum, Vigile Pascale 26 : prière après la
troisième lecture).
529
La présentation de Jésus au Temple (cf. Luc 2, 22-39) Le montre comme
le Premier-Né appartenant au Seigneur (cf. Ex 13, 12-13). Avec Siméon et Anne
c’est toute l’attente d’Israël qui vient à la rencontre de son Sauveur
(la tradition byzantine appelle ainsi cet événement). Jésus est reconnu comme
le Messie tant attendu, " lumière des nations " et
" gloire d’Israël ", mais aussi " signe de
contradiction ". Le glaive de douleur prédit à Marie annonce cette
autre oblation, parfaite et unique, de la Croix qui donnera le salut que Dieu
a " préparé à la face de tous les peuples ".
530
La fuite en Égypte
et le massacre des innocents (cf. Matthieu 2,13-18) manifestent l’opposition
des ténèbres à la lumière : "Il est venu chez lui et les siens ne
l’ont pas reçu" (Jean 1,11). Toute la vie du Christ sera sous le signe
de la persécution. Les siens la partagent avec lui (cf. Jean 15,20). Sa
montée d’Égypte (cf. Matthieu 2,15) rappelle l’Exode (cf. Osée 11,1) et
présente Jésus comme le libérateur définitif.
Les mystères de la vie cachée de Jésus
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531
Pendant la plus grande partie de sa vie, Jésus a partagé la condition de
l’immense majorité des hommes : une vie quotidienne sans apparente
grandeur, vie de travail manuel, vie religieuse juive soumise à la Loi de
Dieu (cf. Ga 4, 4), vie dans la communauté. De toute cette période il nous
est révélé que Jésus était " soumis " à ses parents et
qu’" il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et
devant les hommes " (Luc 2, 51-52).
532
La soumission de Jésus
à sa mère et son père légal accomplit parfaitement le quatrième commandement.
Elle est l’image temporelle de son obéissance filiale à son Père céleste. La
soumission de tous les jours de Jésus à Joseph et à Marie annonçait et
anticipait la soumission du Jeudi Saint : " Non pas ma
volonté... " (Luc 22, 42). L’obéissance du Christ dans le quotidien
de la vie cachée inaugurait déjà l’œuvre de rétablissement de ce que la
désobéissance d’Adam avait détruit (cf. Romains 5, 19).
533
La vie cachée de Nazareth permet à tout homme de communier à Jésus par les
voies les plus quotidiennes de la vie :
Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de
Jésus : l’école de l’Évangile (...). Une leçon de silence
d’abord. Que naisse en nous l’estime du silence, cette admirable et
indispensable condition de l’esprit (...). Une leçon de vie familiale.
Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son
austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable (...). Une leçon
de travail. Nazareth, ô maison du " Fils du
Charpentier ", c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer
la loi sévère et rédemptrice du labeur humain (...) ; comme nous
voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur
montrer leur grand modèle, leur frère divin (Paul VI, discours 5 janvier 1964
à Nazareth ).
534
Le recouvrement de Jésus au Temple (cf. Luc 2, 41-52) est le seul
événement qui rompt le silence des Évangiles sur les années cachées de Jésus.
Jésus y laisse entrevoir le mystère de sa consécration totale à une mission
découlant de sa filiation divine : " Ne saviez-vous pas que je
me dois aux affaires de mon Père ? " Marie et Joseph
" ne comprirent pas " cette parole, mais ils l’accueillirent
dans la foi, et Marie " gardait fidèlement tous ces souvenirs en
son cœur ", tout au long des années où Jésus restait enfoui dans le
silence d’une vie ordinaire.
III. Les mystères de la vie publique de
Jésus
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Le Baptême de Jésus
535
Le commencement (cf.
Luc 3, 23) de la vie publique de Jésus est son Baptême par Jean dans le
Jourdain (cf. Ac 1, 22). Jean proclamait
" un baptême de repentir pour la rémission des péchés "
(Luc 3, 3). Une foule de pécheurs, publicains et soldats (cf. Luc 3, 10-14),
Pharisiens et Sadducéens (cf. Matthieu 3, 7) et prostituées (cf. Matthieu 21,
32) vient se faire baptiser par lui. " Alors paraît
Jésus ". Le Baptiste hésite, Jésus insiste : il reçoit le
Baptême. Alors l’Esprit Saint, sous forme de colombe, vient sur Jésus, et la
voix du ciel proclame : " Celui-ci est mon Fils
bien-aimé " (Matthieu 3, 13-17). C’est la manifestation
(" Épiphanie ") de Jésus comme Messie d’Israël et Fils de
Dieu.
536
Le Baptême de Jésus,
c’est, de sa part, l’acceptation et l’inauguration de sa mission de Serviteur
souffrant. Il se laisse compter parmi les pécheurs (cf. Isaïe 53, 12) ;
il est déjà " l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du
monde " (Jean 1, 29) ; déjà, il anticipe le
" baptême " de sa mort sanglante (cf. Marc 10, 38 ;
Luc 12, 50). Il vient déjà " accomplir toute justice "
(Matthieu 3, 15), c’est-à-dire qu’il se soumet tout entier à la volonté de
son Père : il accepte par amour le baptême de mort pour la rémission de
nos péchés (cf. Matthieu 26, 39). A cette acceptation répond la voix du Père
qui met toute sa complaisance en son Fils (cf. Luc 3, 22 ; Isaïe 42, 1).
L’Esprit que Jésus possède en plénitude dès sa conception, vient
" reposer " sur lui (Jean 1, 32-33 ; cf. Isaïe 11,
2). Il en sera la source pour toute l’humanité. A son Baptême, " les
cieux s’ouvrirent " (Matthieu 3, 16) que le péché d’Adam avait fermés ; et les eaux sont sanctifiées par la descente
de Jésus et de l’Esprit, prélude de la création nouvelle.
537
Par le Baptême, le
chrétien est sacramentellement assimilé à Jésus qui anticipe en son baptême
sa mort et sa résurrection ; il doit entrer dans ce mystère
d’abaissement humble et de repentance, descendre dans l’eau avec Jésus, pour
remonter avec lui, renaître de l’eau et de l’Esprit pour devenir, dans le
Fils, fils bien-aimé du Père et " vivre dans une vie nouvelle "
(Romains 6, 4) :
Ensevelissons-nous avec le Christ par le Baptême, pour
ressusciter avec lui ; descendons avec lui, pour être élevés avec
lui ; remontons avec lui, pour être glorifiés en lui (Saint Grégoire de Naz., or. 40, 9 : PG 36, 369B).
Tout ce qui s’est passé dans le Christ nous fait connaître
qu’après le bain d’eau, l’Esprit Saint vole sur nous du haut du ciel et
qu’adoptés par la Voix du Père, nous devenons fils de Dieu (Saint Hilaire,
Mat. 2 : PL 9, 927).
La Tentation de Jésus
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538
Les Évangiles parlent
d’un temps de solitude de Jésus au désert immédiatement après son baptême par
Jean : "Poussé par l’Esprit" au désert, Jésus y demeure
quarante jours sans manger ; il vit avec les bêtes sauvages et les anges
le servent (cf. Marc 1, 12-13). A la fin de ce temps, Satan le tente par
trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu.
Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis
et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui "pour revenir au temps
marqué" (Luc 4, 13).
539
Les Évangélistes
indiquent le sens salvifique de cet événement mystérieux. Jésus est le nouvel
Adam, resté fidèle là où le premier a succombé à la tentation. Jésus
accomplit parfaitement la vocation d’Israël : contrairement à ceux qui
provoquèrent jadis Dieu pendant quarante ans au désert (cf. Psaume 95, 10),
le Christ se révèle comme le Serviteur de Dieu totalement obéissant à la
volonté divine. En cela, Jésus est vainqueur du diable : il a
"ligoté l’homme fort" pour lui reprendre son butin (Marc 3, 27). La
victoire de Jésus sur le tentateur au désert anticipe la victoire de la
passion, obéissance suprême de son amour filial du Père.
540
La tentation de Jésus manifeste la manière qu’a le Fils de Dieu d’être Messie,
à l’opposé de celle que lui propose Satan et que les hommes (cf. Matthieu 16,
21-23) désirent lui attribuer. C’est pourquoi le Christ a vaincu le Tentateur
pour nous : "Car nous n’avons pas un grand prêtre impuissant
à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière
semblable, à l’exception du péché" (Hébreux 4, 15). L’Église s’unit
chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de
Jésus au désert.
"Le Royaume de Dieu est tout proche"
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541
" Après que
Jean eut été livré, Jésus se rendit en Galilée. Il y proclamait en ces termes
la Bonne Nouvelle venue de Dieu : ‘Les temps sont accomplis et le
Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à la Bonne
Nouvelle’ " (Marc 1, 15). " Pour accomplir la volonté du
Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre " (Lumen
Gentium 3). Or, la volonté du Père, c’est
d’" élever les hommes à la communion de la vie divine "
(Lumen Gentium 2). Il le fait en rassemblant les
hommes autour de son Fils, Jésus-Christ. Ce rassemblement est l’Église, qui
est sur terre " le germe et le commencement du Royaume de
Dieu " (Lumen Gentium 5).
542
Le Christ est au cœur de ce rassemblement des hommes dans la "famille de
Dieu". Il les convoque autour de lui par sa parole, par ses signes qui
manifestent le règne de Dieu, par l’envoi de ses disciples. Il réalisera la
venue de son Royaume surtout par le grand mystère de sa Pâque : sa mort
sur la Croix et sa Résurrection. "Et moi, élevé de terre, j’attirerai
tous les hommes à moi" (Jean 12, 32). A cette union avec le Christ tous
les hommes sont appelés (cf. Lumen Gentium 3).
L’annonce du Royaume de Dieu
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543
Tous les hommes sont
appelés à entrer dans le Royaume. Annoncé d’abord aux enfants d’Israël (cf.
Matthieu 10, 5-7), ce Royaume messianique est destiné à accueillir les hommes
de toutes les nations (cf. Matthieu 8, 11 ; 28, 19). Pour y accéder, il
faut accueillir la parole de Jésus :
La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on
sème dans un champ : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agrégés au
petit troupeau du Christ ont accueilli son royaume lui-même ; puis, par
sa propre vertu, la semence croît jusqu’au temps de la moisson (Lumen Gentium 5).
544
Le Royaume appartient aux pauvres et aux petits, c’est-à-dire à ceux
qui l’ont accueilli avec un cœur humble. Jésus est envoyé pour
" porter la bonne nouvelle aux pauvres " (Luc 4,
18 ; cf. 7, 22). Il les déclare bienheureux car " le Royaume
des cieux est à eux " (Matthieu 5, 3) ; c’est aux
" petits " que le Père a daigné révéler ce qui reste
caché aux sages et aux habiles (cf. Matthieu 11, 25). Jésus partage la vie
des pauvres, de la crèche à la croix ; il connaît la faim (cf. Marc 2,
23-26 ; Matthieu 21, 18), la soif (cf. Jean 4, 6-7 ; 19, 28) et le
dénuement (cf. Luc 9, 58). Plus encore : il s’identifie aux pauvres de
toutes sortes et fait de l’amour actif envers eux la condition de l’entrée
dans son Royaume (cf. Matthieu 25, 31-46).
545
Jésus invite les
pécheurs à la table du Royaume : " Je ne suis pas venu
appeler les justes, mais les pécheurs " (Marc 2, 17 ; cf. 1 Tm
1, 15). Il les invite à la conversion sans laquelle on ne peut entrer dans le
Royaume, mais il leur montre en parole et en acte la miséricorde sans bornes
de son Père pour eux (cf. Luc 15, 11-32) et l’immense " joie dans
le ciel pour un seul pécheur qui se repent " (Luc 15, 7). La preuve
suprême de cet amour sera le sacrifice de sa propre vie " en
rémission des péchés " (Matthieu 26, 28).
546
Jésus appelle à entrer dans le Royaume à travers les paraboles, trait
typique de son enseignement (cf. Marc 4, 33-34). Par elles, il invite au
festin du Royaume (cf. Matthieu 22, 1-14), mais il demande aussi un choix
radical : pour acquérir le Royaume, il faut tout donner (cf. Matthieu
13, 44-45) ; les paroles ne suffisent pas, il faut des actes (cf.
Matthieu 21, 28-32). Les paraboles sont comme des miroirs pour l’homme :
accueille-t-il la parole comme un sol dur ou comme une bonne terre (cf. Matthieu
13, 3-9) ? Que fait-il des talents reçus (cf. Matthieu 25, 14-30) ?
Jésus et la présence du Royaume en ce monde sont secrètement au cœur des
paraboles. Il faut entrer dans le Royaume, c’est-à-dire devenir disciple du
Christ pour " connaître les mystères du Royaume des
cieux " (Matthieu 13, 11). Pour ceux qui restent
" dehors " (Marc 4, 11), tout
demeure énigmatique (cf. Matthieu 13, 10-15).
Les signes du Royaume de Dieu
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547
Jésus accompagne ses
paroles par de nombreux " miracles, prodiges et signes "
(Ac 2, 22) qui manifestent que le Royaume est
présent en Lui. Ils attestent que Jésus est le Messie annoncé (cf. Luc 7,
18-23).
548
Les signes accomplis
par Jésus témoignent que le Père l’a envoyé (cf. Jean 5, 36 ; 10, 25).
Ils invitent à croire en lui (cf. Jean 10, 38). A ceux qui s’adressent à lui
avec foi, il accorde ce qu’ils demandent (cf. Marc 5, 25-34 ; 10,
52 ; etc.). Alors les miracles fortifient la foi en Celui qui fait les
œuvres de son Père : ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu (cf. Jean
10, 31-38). Mais ils peuvent aussi être " occasion de
chute " (Matthieu 11, 6). Ils ne veulent pas satisfaire la
curiosité et les désirs magiques. Malgré ses miracles si évidents, Jésus est
rejeté par certains (cf. Jean 11, 47-48) ; on l’accuse même d’agir par
les démons (cf. Marc 3, 22).
549
En libérant certains
hommes des maux terrestres de la faim (cf. Jean 6, 5-15), de l’injustice (cf.
Luc 19, 8), de la maladie et de la mort (cf. Matthieu 11, 5), Jésus a posé
des signes messianiques ; il n’est cependant pas venu pour abolir tous
les maux ici-bas (cf. Luc 12, 13. 14 ; Jean 18, 36), mais pour libérer
les hommes de l’esclavage le plus grave, celui du péché (cf. Jean 8, 34-36),
qui les entrave dans leur vocation de fils de Dieu et cause tous leurs
asservissements humains.
550
La venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan (cf. Matthieu
12, 26) : " Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les
démons, c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous "
(Matthieu 12, 28). Les exorcismes de Jésus libèrent des hommes de
l’emprise des démons (cf. Luc 8, 26-39). Ils anticipent la grande victoire de
Jésus sur " le prince de ce monde " (Jean 12, 31). C’est
par la Croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement
établi : " Dieu a régné du haut du bois " (Hymne
" Vexilla Regis ").
"Les clefs du Royaume"
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551
Dès le début de sa vie publique, Jésus choisit des hommes au nombre de douze
pour être avec Lui et pour participer à sa mission (cf. Marc 3, 13-19) ;
il leur donne part à son autorité" et il les envoya proclamer le
Royaume de Dieu et guérir" (Luc 9, 2). Ils restent pour toujours
associés au Royaume du Christ car celui-ci dirige par eux l’Église : Je
dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi ;
vous mangerez et boirez à la table en mon Royaume, et vous siégerez sur des
trônes, pour juger les douze tribus d’Israël (Luc 22, 29-30).
552
Dans le collège des Douze Simon Pierre tient la première place (cf. Marc 3,
16 ; 9, 2 ; Luc 24, 34 ; 1Corinthiens 15, 5). Jésus lui a confié
une mission unique. Grâce à une révélation venant du Père, Pierre avait
confessé : " Tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant ". Notre Seigneur lui avait alors déclaré :
" Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les
Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle " (Matthieu 16, 18).
Le Christ, " Pierre vivante " (1 Pierre 2, 4), assure à
son Église bâtie sur Pierre la victoire sur les puissances de mort. Pierre,
en raison de la foi confessée par lui, demeurera le roc inébranlable de l’Église.
Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d’y affermir ses
frères (cf. Luc 22, 32).
553
Jésus a confié à
Pierre une autorité spécifique : " Je te donnerai les clefs du
Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les
cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les
cieux pour délié " (Matthieu 16, 19). Le " pouvoir des
clefs " désigne l’autorité pour gouverner la maison de Dieu, qui
est l’Église. Jésus, " le Bon Pasteur " (Jean 10, 11) a
confirmé cette charge après sa Résurrection : " Pais mes
brebis " (Jean 21, 15-17). Le pouvoir de " lier et
délier " signifie l’autorité pour absoudre les péchés, prononcer
des jugements doctrinaux et prendre des décisions disciplinaires dans l’Église.
Jésus a confié cette autorité à l’Église par le ministère des apôtres (cf.
Matthieu 18, 18) et particulièrement de Pierre, le seul à qui il a confié
explicitement les clefs du Royaume.
Un avant-goût du Royaume : La Transfiguration
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554
A partir du jour où
Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître
" commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller
à Jérusalem, y souffrir (...) être mis à mort et, le troisième jour,
ressusciter " (Matthieu 16, 21) : Pierre refuse cette annonce
(cf. Matthieu 16, 22-23), les autres ne la comprennent pas davantage (cf.
Matthieu 17, 23 ; Luc 9, 45). C’est dans ce contexte que se situe
l’épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus (cf. Matthieu 17, 1-8 par. ; 2 P 1, 16-18), sur une haute montagne, devant
trois témoins choisis par lui : Pierre, Jacques et Jean. Le visage et
les vêtements de Jésus deviennent fulgurants de lumière, Moïse et Élie
apparaissent, lui " parlant de son départ qu’il allait accomplir à
Jérusalem " (Luc 9, 31). Une nuée les couvre et une voix du ciel
dit : " Celui-ci est mon Fils, mon Élu ;
écoutez-le " (Luc 9, 35).
555
Pour un instant, Jésus
montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre
aussi que, pour " entrer dans sa gloire " (Luc 24, 26),
il doit passer par la Croix à Jérusalem. Moïse et Élie avaient vu la gloire
de Dieu sur la Montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les
souffrances du Messie (cf. Luc 24, 27). La passion de Jésus est bien la
volonté du Père : le Fils agit en Serviteur de Dieu (cf. Isaïe 42, 1).
La nuée indique la présence de l’Esprit Saint : " Toute la
Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans l’homme, l’Esprit
dans la nuée lumineuse " (Saint Thomas d’A., s. th. 3, 45, 4, ad
2) :
Tu t’es transfiguré sur la montagne, et, autant qu’ils en
étaient capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que
lorsqu’ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était
volontaire et qu’ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du
Père (Liturgie byzantine, Kontakion de la fête de
la Transfiguration).
556
Au seuil de la vie publique : le Baptême ; au seuil de la
Pâque : la Transfiguration. Par le Baptême de Jésus " fut
manifesté le mystère de notre première régénération " : notre
Baptême ; la Transfiguration " est le sacrement de la seconde
régénération " : notre propre résurrection (Saint Thomas d’A.,
s. th. 3, 45, 4, ad 2). Dès maintenant nous participons à la Résurrection du
Seigneur par l’Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ.
La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ
" qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son
corps de gloire " (Ph 3, 21). Mais elle nous rappelle aussi qu’" il
nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de
Dieu " (Ac 14, 22) :
Cela Pierre ne l’avait pas encore compris quand il désirait
vivre avec le Christ sur la montagne (cf. Luc 9, 33). Il t’a réservé cela,
Pierre, pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descend
pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé,
crucifié sur la terre. La Vie descend pour se faire tuer ; le Pain
descend pour avoir faim ; la Voie descend, pour se fatiguer en chemin ;
la Source descend, pour avoir soif ; et tu refuses de peiner ?
(Saint Augustin, sermon 78, 6 : PL 38, 492-493).
La montée de Jésus à Jérusalem
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557
" Or, comme approchait le temps où il devait être emporté de ce monde,
Jésus prit résolument le chemin de Jérusalem " (Luc 9, 51 ;
cf. Jean 13, 1). Par cette décision, il signifiait qu’il montait à Jérusalem
prêt à mourir. A trois reprises il avait annoncé sa passion et sa
Résurrection (cf. Marc 8, 31-33 ; 9, 31-32 ; 10, 32-34). En se
dirigeant vers Jérusalem, il dit : " Il ne convient pas qu’un
prophète périsse hors de Jérusalem " (Luc 13, 33).
558
Jésus rappelle le
martyre des prophètes qui avaient été mis à mort à Jérusalem (cf. Matthieu
23, 37a). Néanmoins, il persiste à appeler Jérusalem à se rassembler autour
de lui : " Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à
la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes (...) et vous
n’avez pas voulu ! " (Matthieu 23, 37b). Quand Jérusalem est
en vue, il pleure sur elle et exprime encore une fois le désir de son
cœur : " Ah ! Si en ce jour tu avais compris, toi aussi,
le message de paix ! Mais, hélas, il est demeuré caché à tes
yeux " (Luc 19, 41-42).
L’entrée messianique de Jésus à Jérusalem
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559
Comment Jérusalem
va-t-elle accueillir son Messie ? Alors qu’il s’était toujours dérobé
aux tentatives populaires de le faire roi (cf. Jean 6, 15), Jésus choisit le
temps et prépare les détails de son entrée messianique dans la ville de
" David, son père " (Luc 1, 32 ; cf. Matthieu 21,
1-11) Il est acclamé comme le fils de David, celui qui apporte le salut ( "Hosanna" veut dire "sauve
donc !", "donne le salut !"). Or "Roi de
Gloire" (Psaume 24, 7-10) entre dans sa Ville "monté
sur un ânon" (Za 9, 9) : il ne conquiert
pas la Fille de Sion, figure de son Église, par la ruse ni par la violence,
mais par l’humilité qui témoigne de la Vérité (cf. Jean 18, 37). C’est
pourquoi les sujets de son Royaume, ce jour-là, sont les enfants (cf.
Matthieu 21, 15-16 ; Psaume 8, 3) et les "pauvres de Dieu",
qui l’acclament comme les anges l’annonçaient aux bergers (cf. Luc 19,
38 ; 2, 14). Leur acclamation, "Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur" (Psaume 118, 26), est reprise par l’Église dans le
"Sanctus" de la liturgie eucharistique pour ouvrir le mémorial de
la Pâque du Seigneur.
560
L’entrée de Jésus à
Jérusalem manifeste la Venue du Royaume que le Roi-Messie va accomplir
par la Pâque de sa Mort et de sa Résurrection. C’est par sa célébration, le dimanche
des Rameaux, que la liturgie de l’Église ouvre la grande Semaine Sainte.
En bref
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561
" Toute la vie du Christ fut un continuel enseignement : ses
silences, ses miracles, ses gestes, sa prière, son amour de l’homme, sa
prédilection pour les petits et les pauvres, l’acceptation du sacrifice total
sur la Croix pour la rédemption du monde, sa Résurrection sont l’actuation de
sa parole et l’accomplissement de la Révélation " (CT 9).
562
Les disciples du Christ doivent se conformer à Lui jusqu’à ce qu’il soit
formé en eux (cf. Ga 4, 19). " C’est pourquoi nous sommes assumés
dans les mystères de sa vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa
Résurrection, en attendant de l’être à son Règne " (Lumen Gentium 7).
563
Berger ou Mage, on ne peut atteindre Dieu ici-bas qu’en s’agenouillant devant
la crèche de Bethléem et en l’adorant caché dans la faiblesse d’un enfant.
564
Par sa soumission à Marie et Joseph, ainsi que par son humble travail pendant
de longues années à Nazareth, Jésus nous donne l’exemple de la sainteté dans
la vie quotidienne de la famille et du travail.
565
Dès le début de sa vie publique, à son baptême, Jésus est le
" Serviteur ", entièrement consacré à l’œuvre rédemptrice
qui s’accomplira par le " baptême " de sa passion.
566
La tentation au désert montre Jésus, Messie humble qui triomphe de Satan par
sa totale adhésion au dessein de salut voulu par le Père.
567
Le Royaume des cieux a été inauguré sur la terre par le Christ.
" Il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la
présence du Christ " (Lumen Gentium 5).
L’Église est le germe et le commencement de ce Royaume. Ses clefs sont
confiées à Pierre.
568
La Transfiguration du Christ a pour but de fortifier la foi des apôtres en
vue de la passion : la montée sur la " haute
montagne " prépare la montée au Calvaire. Le Christ, Tête de l’Église,
manifeste ce que son Corps contient et rayonne dans les sacrements :
" l’espérance de la Gloire " (Colossiens 1, 27) (cf.
Saint Léon le Grand, sermon 51, 3 : PL 54, 310C).
569
Jésus est monté volontairement à Jérusalem tout en sachant qu’il y mourrait
de mort violente à cause de la contradiction de la part des pécheurs (cf.
Hébreux 12, 3)..
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