Liste
des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
Œuvres complètes
de saint Augustin d'Hippone
sur Abbaye Saint Benoît
Œuvres
complètes
de Saint Thomas d'Aquin
Denzinger-Schönmetzer ou Enchiridion Symbolorum :
compilation de tous les textes réglementaires d'Église
Les
différents
Conciles de l'Église
Lettre
encyclique
HUMANI GENERIS
sur quelques opinions fausses
qui menacent de ruiner
les fondements de la foi catholique (Pie XII - 12 août 1950)
Constitution
pastorale
GAUDIUM ET SPES
sur l'Église dans le monde
de ce temps
(Paul VI - 7 décembre 1965)
|
26
Lorsque nous
professons notre foi, nous commençons par dire : "Je crois" ou
"Nous croyons". Avant d’exposer la foi de l’Église telle qu’elle
est confessée dans le Credo, célébrée dans la liturgie, vécue dans la
pratique des Commandements et dans la prière, demandons-nous donc ce que
signifie "croire". La foi est la réponse de l’homme à Dieu qui se
révèle et se donne à lui, en apportant en même temps une lumière surabondante
à l’homme en quête du sens ultime de sa vie. Nous considérons dès lors
d’abord cette quête de l’homme (chapitre premier), ensuite la
Révélation divine, par laquelle Dieu vient au devant de l’homme (chapitre
deuxième), enfin la réponse de la foi (chapitre troisième).
Chapitre 1 : L’homme est
"capable" de Dieu
Haut de page
I. Le désir de Dieu
27
Le désir de Dieu
est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour
Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu
que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de
chercher :
L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation
de l’homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l’homme
de dialoguer avec Lui commence avec l’existence humaine. Car si l’homme
existe, c’est que Dieu l’a créé par Amour et, par Amour, ne cesse de lui
donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité que s’il
reconnaît librement cet Amour et s’abandonne à son Créateur (Gaudium et spes 19, § 1).
28
De multiples manières, dans leur histoire, et jusqu’à aujourd’hui,
les hommes ont donné expression à leur quête de Dieu par leur croyances et
leurs comportements religieux (prières, sacrifices, cultes, méditations,
etc.). Malgré les ambiguïtés qu’elles peuvent comporter, ces formes
d’expression sont si universelles que l’on peut appeler l’homme un être
religieux :
Dieu a fait habiter sur toute la face de la terre tout le genre humain, issu
d’un seul ; il a fixé aux peuples les temps qui leur étaient départis et
les limites de leur habitat, afin que les hommes cherchent la divinité pour
l’atteindre, si possible, comme à tâtons, et la trouver ; aussi bien
n’est-elle pas loin de chacun de nous. C’est en elle en effet que nous avons
la vie, le mouvement et l’être (Actes 17, 26-28).
29
Mais ce "rapport intime et vital qui unit l’homme à Dieu" (Gaudium et spes 19, § 1) peut
être oublié, méconnu et même rejeté explicitement par l’homme. De telles
attitudes peuvent avoir des origines très diverses (cf. Gaudium
et spes 19-21) : la révolte contre le mal dans
le monde, l’ignorance ou l’indifférence religieuses, les soucis du monde et
des richesses (cf. Matthieu 13, 22), le mauvais exemple des croyants, les
courants de pensée hostiles à la religion, et finalement cette attitude de
l’homme pécheur qui, de peur, se cache devant Dieu (cf. Genèse 3, 8-10) et
fuit devant son appel (cf. Jon 1, 3).
30
"Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu" (Psaume 105, 3).
Si l’homme peut oublier ou refuser Dieu, Dieu, Lui, ne cesse d’appeler tout
homme à Le chercher pour qu’il vive et trouve le bonheur. Mais cette quête
exige de l’homme tout l’effort de son intelligence, la rectitude de sa volonté,
"un cœur droit", et aussi le témoignage des autres qui lui
apprennent à chercher Dieu.
Tu es grand, Seigneur, et louable hautement : grand est ton pouvoir et
ta sagesse n’a point de mesure. Et l’homme, petite
partie de ta création, prétend Te louer, précisément l’homme qui, revêtu de
sa condition mortelle, porte en lui le témoignage de son péché et le
témoignage que Tu résistes aux superbes. Malgré tout, l’homme, petite partie
de ta création, veut Te louer. Toi-même Tu l’y incites, en faisant qu’il
trouve ses délices dans ta louange, parce que Tu nous as fait pour Toi et
notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose en Toi (Saint Augustin, Confessions 1, 1, 1).
II. Les voies d’accès à la connaissance de Dieu
Haut de page
31
Créé à l’image de Dieu, appelé à
connaître et à aimer Dieu, l’homme qui cherche Dieu découvre certaines
"voies" pour accéder à la connaissance de Dieu. On les appelle
aussi "preuves de l’existence de Dieu", non pas dans le sens des
preuves que cherchent les sciences naturelles, mais dans le sens
"d'arguments convergents et convaincants" qui permettent
d’atteindre à de vraies certitudes.
Ces "voies" pour approcher Dieu ont pour point de départ la
création : le monde matériel et la personne humaine.
32
Le monde : A partir du mouvement et du devenir, de la
contingence, de l’ordre et de la beauté du monde, on peut connaître Dieu
comme origine et fin de l’univers.
S. Paul affirme au sujet des païens : " Ce qu’on peut
connaître de Dieu est pour eux manifeste : Dieu en effet le leur a
manifesté. Ce qu’il y a d’invisible depuis la création du monde se laisse
voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa
divinité " (Romains 1, 19-20 ; cf. Actes 14, 15. 17 ; 17,
27-28 ; Sagesse 13, 1-9).
Et Saint Augustin : "Interroge la beauté
de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l’air qui
se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel (...) interroge toutes
ces réalités. Toutes te répondent : Vois, nous sommes belles. Leur
beauté est une profession (confessio). Ces
beautés sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau (Pulcher), non sujet au changement ?" (Serm. 241, 2 : PL 38, 1134).
33
L’homme : avec son
ouverture à la vérité et à la beauté, son sens du bien moral, sa liberté et
la voix de sa conscience, son aspiration à l’infini et au bonheur, l’homme
s’interroge sur l’existence de Dieu. A travers tout cela il perçoit des
signes de son âme spirituelle. "Germe d’éternité qu’il porte en
lui-même, irréductible à la seule matière" (Gaudium
et spes 18, § 1 ; cf. 14, § 2), son âme ne
peut avoir son origine qu’en Dieu seul.
34
Le monde et l’homme attestent qu’ils n’ont en eux-mêmes ni leur
principe premier ni leur fin ultime, mais participent à l’Être en soi, sans
origine et sans fin. Ainsi, par ces diverses "voies", l’homme peut
accéder à la connaissance de l’existence d’une réalité qui est la cause
première et la fin ultime de tout, "et que tous appellent Dieu"
(Saint Thomas d’Aquin, Somme
théologique 1, 2, 3).
35
Les facultés de l’homme le rendent capable de connaître l’existence
d’un Dieu personnel. Mais pour que l’homme puisse entrer dans son intimité,
Dieu a voulu se révéler à lui et lui donner la grâce de pouvoir accueillir
cette révélation dans la foi. Néanmoins, les preuves de l’existence de Dieu
peuvent disposer à la foi et aider à voir que la foi ne s’oppose pas à la
raison humaine.
III. La connaissance de Dieu selon l’Église
Haut de page
36
"La Sainte Église, notre mère,
tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu
avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des
choses créées" (Concile Vatican I : Denzinger-Schönmetzer
3004 ; cf. 3026 ; Dei Verbum 6). Sans
cette capacité, l’homme ne pourrait accueillir la révélation de Dieu. L’homme
a cette capacité parce qu’il est créé "à l’image de Dieu" (Genèse
1, 27).
37
Dans les conditions historiques dans lesquelles il se trouve, l’homme
éprouve cependant bien des difficultés pour connaître Dieu avec la seule
lumière de sa raison :
Bien que la raison humaine, en effet, à parler simplement, puisse vraiment
par ses forces et sa lumière naturelles arriver à une connaissance vraie et
certaine d’un Dieu personnel, protégeant et gouvernant le monde par sa
Providence, ainsi que d’une loi naturelle mise par le Créateur dans nos âmes,
il y a cependant bien des obstacles empêchant cette même raison d’user
efficacement et avec fruit de son pouvoir naturel, car les vérités qui
concernent Dieu et les hommes dépassent absolument l’ordre des choses
sensibles, et lorsqu’elles doivent se traduire en action et informer la vie,
elles demandent qu’on se donne et qu’on se renonce. L’esprit humain, pour
acquérir de semblables vérités, souffre difficulté de la part des sens et de
l’imagination, ainsi que des mauvais désirs nés du péché originel. De là
vient qu’en de telles matières les hommes se persuadent facilement de la
fausseté ou du moins de l’incertitude des choses dont ils ne voudraient pas
qu’elles soient vraies (Pie XII, Encyclique "Humani
Generis" : Denzinger-Schönmetzer 3875).
38
C’est pourquoi l’homme a besoin d’être éclairé par la révélation de
Dieu, non seulement sur ce qui dépasse son entendement, mais aussi sur
" les vérités religieuses et morales qui, de soi, ne sont pas
inaccessibles à la raison, afin qu’elles puissent être, dans l’état actuel du
genre humain, connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et
sans mélange d’erreur " (ibid., Denzinger-Schönmetzer
3876 ; cf. Concile Vatican I : Denzinger-Schönmetzer
3005 ; Dei Verbum 6 ; S. Thomas d’Aquin, Somme théologique 1, 1, 1).
IV. Comment parler de Dieu ?
Haut de page
39
En défendant la capacité de la
raison humaine de connaître Dieu, l’Église exprime sa confiance en la
possibilité de parler de Dieu à tous les hommes et avec tous les hommes.
Cette conviction est le point de départ de son dialogue avec les autres
religions, avec la philosophie et les sciences, et aussi avec les incroyants
et les athées.
40
Puisque notre connaissance de Dieu est limitée, notre langage sur
Dieu l’est également. Nous ne pouvons nommer Dieu qu’à partir des créatures,
et selon notre mode humain limité de connaître et de penser.
41
Les créatures portent toutes une certaine ressemblance de Dieu, tout
spécialement l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Les
multiples perfections des créatures (leur vérité, leur bonté, leur beauté)
reflètent donc la perfection infinie de Dieu. Dès lors, nous pouvons nommer
Dieu à partir des perfections de ses créatures, "car la grandeur et la
beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur" (Sagesse 13, 5).
42
Dieu transcende toute créature. Il faut donc sans cesse purifier
notre langage de ce qu’il a de limité, d’imagé, d’imparfait pour ne pas
confondre le Dieu "ineffable, incompréhensible, invisible,
insaisissable" (Liturgie de Saint Jean Chrysostome, Anaphore) avec nos
représentations humaines. Nos paroles humaines restent toujours en deçà du
mystère de Dieu.
43
En parlant ainsi de Dieu, notre langage s’exprime, certes, de façon
humaine, mais il atteint réellement Dieu lui-même, sans pourtant pouvoir
l’exprimer dans son infinie simplicité. En effet, il faut se rappeler
qu’"entre le Créateur et la créature on ne peut marquer tellement de
ressemblance que la dissemblance entre eux ne soit pas plus grande
encore" (Concile Latran IV : Denzinger-Schönmetzer
806), et que "nous ne pouvons saisir de Dieu ce qu’Il est, mais
seulement ce qu’Il n’est pas, et comment les autres êtres se situent par
rapport à Lui" (S. Thomas d’A., s. gent. 1, 30)
|