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Traduction automatique de cette fiche :
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Vision du mardi 20 février 1945.


Vision d'une des dernières grandes persécutions sous Maximien.

Un vieux prêtre évangélise et baptise de son propre sang, un groupe de gladiateurs.

 



Les dernières grandes persécutions.


L’empereur Maximien.
(Musée de Toulouse).

 

RETOURS AUX FICHES.

 

23/24> Je ne sais comment je vais arriver à écrire tout cela : je sens en effet que Jésus veut se présenter avec son Évangile tel qu’il l’a vécu, et j'ai souffert toute la nuit pour me rappeler la vision qui suit; j’en ai gribouillé les paroles que j’ai entendues comme je le pouvais, pour ne pas les oublier.  

 Un temps de persécution, l’une des plus grandes persécutions car les chrétiens sont torturés en masse et non pas individuellement. [1] Le lieu en est la cavea d’un cirque (c’est bien le terme exact ?). [2] Bref, c’est un local qui se trouve certainement sous les gradins du cirque et est destiné au repos des gladiateurs, des bestiaires et de tous les employés du cirque. Je préviens tout de suite que je n’emploierai pas les termes exacts parce que voici trente-cinq ans que je n’ai plus rien lu sur l’histoire romaine, par conséquent...    

Une foule de chrétiens de tout âge s’entassent dans cette pièce, spacieuse mais sombre : la lumière y pénètre seulement par une porte ouverte sur un couloir qui mène certainement à l’intérieur du cirque, et peut-être à l’extérieur, ainsi que par une petite fenêtre, un soupirail bas plutôt, au niveau du sol du cirque d’où proviennent des bruits de foule. Il y a là des enfants de quelques années à peine, encore dans les bras de leur mère — deux d’entre eux, qui doivent avoir près de deux ans tètent encore le sein épuisé de leur mère — aussi bien que de faibles vieillards.         

Il s’y trouve aussi des gladiateurs qui ont déjà revêtu le casque et l’armure correspondants; cette dernière les défend sans les défendre, puisqu’elle laisse à découvert des parties vitales de leur corps telles que la gorge ainsi que des régions de l’abdomen à la hauteur et à l’endroit du foie et de la rate. Ils portent cette armure incomplète à même la peau et tiennent une dague courte et large de la forme d’une feuille de châtaigner plus ou moins. Ce sont de fort beaux hommes, non pas tant de visage que de corps — ils sont robustes et harmonieux et à chaque mouvement je peux en observer l’agile mobilité des muscles —. Certains ont des cicatrices d’anciennes blessures, d’autres n’en montrent aucun signe. Ils discutent ensemble et je note qu’ils doivent provenir de pays soumis à Rome — ce sont sûrement des prisonniers de guerre — car ils ne parlent qu’un latin très bâtard, prononcé d’une voix dure et gutturale, quand ils s’adressent aux chrétiens qui, en attendant la mort, chantent leurs hymnes doux et tristes.         

Un gladiateur de presque deux mètres de haut, un vrai colosse blond comme le miel et aux yeux clairs bleu-gris, — des yeux doux en dépit de l’ombre de fer que la visière du casque reflète sur son visage — s’adresse à un vieillard entièrement vêtu de blanc, digne, austère, - plus encore, ascétique - que tous les chrétiens entourent du plus grand respect :      

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25> "Père blanc, si les fauves t’épargnent, moi, je devrai te tuer. Tels sont les ordres. Or cela me déplaît, car j'ai laissé en Pannonie [3] un vieux père comme toi".

- Ne regrette rien, mon fils. Tu m’ouvres le ciel. De toute ma longue vie, jamais je n’aurai reçu un don plus beau que celui que tu me fais.        

- La mort et les luttes existent même au ciel, là où ton Dieu se trouve sûrement, tout comme nos dieux sont dans le mien et les dieux d’ici dans le ciel de Rome. Veux-tu continuer à souffrir par la haine des dieux comme tu souffres ici ?        

- Mon Dieu est seul. Il règne dans son ciel avec amour et justice. Ceux qui y parviennent ne connaissent qu’une joie éternelle.

- Je l’ai entendu dire par une foule de chrétiens au cours de cette persécution. J’ai dit à une fillette qui me souriait au moment où j'abaissais la dague vers elle... et j'ai fait semblant de la tuer, mais je ne l’ai pas fait pour la sauver, parce qu’elle était tendre et blonde comme une jeune bruyère de nos forêts, ... mais cela ne m’a servi à rien... Je n’ai pas pu la faire sortir de là et, le lendemain... c’est aux serpents que fut livré ce corps de lait et de rose..."       

L’homme se tait, il paraît triste.         

"Que lui as-tu dit, mon fils, demande le vieil homme.     

- J’ai dit : "Tu vois ? Je ne suis pas méchant. Mais c’est mon métier. Je suis un esclave de guerre. S’il est vrai que ton Dieu est juste, dis-lui de se souvenir d’Albulus - on m’appelle comme ça à Rome - et de se manifester, lui et ses bienfaits." Elle m’a répondu : "Oui″ Mais cela fait maintenant plusieurs jours, et personne n’est venu.       

- Tant que tu ne seras pas chrétien, Dieu ne se montrera pas à toi autrement que par l’intermédiaire de ses serviteurs. Or combien ne t’en a-t-il pas apporté ! Tout chrétien est un serviteur de Dieu, tout martyr un ami, au point de vivre dans les bras de Dieu. 

 - Oh, ils ont été nombreux... et moi - pas seulement moi, d’ailleurs, mais aussi Dacius et Illyricus, et d’autres encore parmi nous -, nous avons été saisis par votre allégresse... et nous voudrions la partager. Vous êtes enchaînés... pas nous. Mais nous ne sommes même pas libres de respirer. Si César le veut, on nous enchaîne le souffle en nous donnant la mort. Cela te rebute de nous parler de Dieu ?         

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26> - C’est ma dernière joie de la terre, mon fils, et elle est bien grande. Que Jésus, mon Dieu et mon Maître te bénisse pour cela. Je suis prêtre, Albulus, j’ai passé ma vie à le prêcher et à lui amener bien des créatures. Mais je n’espérais plus avoir cette joie. Écoute..." Le vieil homme lui raconte alors la vie de Jésus, à lui comme aux autres gladiateurs qui se pressent tout autour, de sa naissance à sa mort en croix et il esquisse les exigences essentielles de la foi. Il parle assis sur une grosse pierre qui lui sert de banquette; il est paisible, solennel, tout de pureté avec ses cheveux longs, sa barbe à la Moïse et ses vêtements; son regard et ses paroles sont pleines d’ardeur. Il s’interrompt deux fois seulement pour bénir deux groupes de chrétiens emmenés dans l’arène pour être jetés, au cours de jeux nautiques, en pâture aux crocodiles. Puis il se remet à parler au cercle des robustes gladiateurs, presque tous roses et blonds, qui l’écoutent bouche bée.

Ce docteur de l’Église s’appelle Chrysostome. Mais quel nom donner alors à celui qui ne se nomme pas ?    

Il termine par ces mots :          

"Voilà l’essentiel de ce qu’il faut croire pour obtenir le baptême et le ciel.″   

Les voix robustes des gladiateurs - une dizaine - font résonner la voûte basse :       

" Nous le croyons. Donne-nous ton Dieu.    

- Je n’ai rien pour vous asperger, pas la moindre goutte d’eau ou d’autre liquide, et mon heure est venue. Mais vous trouverez le moyen... Non ! Dieu me l’inspire ! Un liquide est prêt pour vous.

- Les chrétiens aux lions, ordonne le surveillant. Tous !″

Le vieux prêtre en tête, suivi par les autres, au nombre desquels se trouvent les mères sur les seins desquelles les bébés se sont endormis, entrent dans l’arène en chantant.       

Quelle foule ! Quelle lumière ! Quel bruit ! Que de couleurs ! Elle est incroyablement bondée de personnes de tout milieu. Le bas peuple, bruyant, se trouve dans la partie exposée au soleil, le patriciat est à l’ombre. Des toges par milliers, des éventails en autruche, des bijoux, des conversations ironiques à voix plus basse.     

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27> Au centre de la partie à l’ombre se trouve le podium impérial, couvert d’un baldaquin pourpre et précédé d’une balustrade fleurie et couverte de tissus. Des sièges moelleux y sont disposés pour le repos de César et celui des patriciens et courtisans qu’il a invités. Deux tripodes en or fument aux côtés extrêmes du balcon et répandent des essences rares. Les chrétiens sont poussés vers la partie au soleil.           

J’allais oublier quelque chose. Il y a, au centre de l’arène, un... je ne sais comment le décrire. C’est une construction en marbre d’où s’élèvent vers le ciel de fins jets d’eau impalpables; sur la plateforme de cette construction, d’un ovale allongé et haute d’à peine deux mètres, se trouvent des statuettes de dieux en or, et des tripodes où brûlent de l’encens ont été disposés devant elles.

Les chrétiens sont donc groupés dans la partie au soleil de l’arène. J’esquisse un dessin comme je le peux. Les lions font irruption à l’endroit marqué d’un X. Le vieux prêtre s’avance en premier, seul, les bras tendus. Il parle :

"Romains, paix et bénédiction sur mes frères et sur moi. Que Jésus, en raison de la joie que vous nous donnez de le confesser par le sang, vous accorde la Lumière et la Vie éternelle. Nous l’en prions car nous vous sommes reconnaissants de la pourpre éternelle dont vous nous revêtez en..."        

Un lion a bondi après s’être approché en rampant presque par terre, le terrasse et le saisit par l’épaule. Le vêtement et les cheveux de neige du vieil homme sont déjà tout rouges.

C’est le signal de l’attaque des fauves. La meute des fauves s’élance et bondit sur le troupeau des doux. D’un coup de patte, une lionne arrache à une mère l’un de ses bébés endormis, un coup de patte si féroce qu’il emporte la partie du sein de la mère; celle-ci, peut-être déchirée jusqu’au cœur, tombe à la renverse sur le sable et meurt. À coups de queue et de patte, l'animal défend son tendre repas et le dévore en un clin d’œil. Il en reste une petite trace rouge sur le sable, unique trace du bébé martyr, tandis que le fauve se lève en se léchant les babines.         

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28> Toutefois les chrétiens sont nombreux et, en comparaison, il n’y a pas suffisamment de fauves. En outre, peut-être sont-ils déjà rassasiés. Plus que pour dévorer, ils tuent pour tuer. Ils jettent à terre, égorgent, éventrent, lèchent un peu puis passent ailleurs, à une autre proie.   

Le peuple s’inquiète car les chrétiens n’ont guère de réaction et les bêtes ne sont pas assez féroces. Il hurle :          

"À mort ! À mort ! À mort aussi l’intendant ! Ce ne sont pas là des lions, mais des chiens bien nourris ! Mort aux traîtres de Rome et de César !″        

 L’empereur donne un ordre et les fauves sont reconduits dans leurs caves. L’on fait entrer les gladiateurs pour le coup de grâce. La foule hurle le nom de ses préférés :   

"Albulus, Illyricus, Dacius, Hercule, Polyphème, Tracius !″, et d’autres encore.      

Il n’y a pas seulement les gladiateurs auxquels s’est adressé le vieillard martyr qui agonise dans l’arène, un poumon presque découvert par un coup de patte. D’autres aussi sont là, qui entrent par d’autres côtés.  

Albulus court vers le vieux prêtre. La foule crie :   

"Fais-le souffrir ! Lève-le, qu’on puisse voir le coup ! Allez, Albulus !″

Mais Albulus se penche vers le vieillard pour lui demander quelque chose et, sur son assentiment, il hèle ses compagnons qui ont auparavant écouté parler le vieux prêtre.    

Je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils font, s’ils se font bénir ou ce qui se passe, car leurs corps robustes forment une sorte de toit au-dessus du vieil homme prostré. Mais je le comprends lorsque je vois qu’une main sénile, déjà vacillante, se lève sur le groupe de têtes serrées l’une contre l’autre, les asperge du sang dont elle s’est remplie comme une coupe, puis retombe.      

Eclaboussés par ce sang, les gladiateurs se redressent d’un bond et lèvent leurs dagues, qui brillent dans la lumière. Ils hurlent d’une voix forte :         

"Ave César, empereur ! Les triomphateurs te saluent."    

Puis, avec la rapidité de l’éclair, ils s’élancent vers la construction au centre du cirque, sautent dessus, renversent les idoles et les piétinent.           

La foule hurle, comme prise de folie. Il y a ceux qui voudraient défendre leur gladiateur préféré, ceux qui invoquent une mort atroce pour ces nouveaux chrétiens... Quant à eux, revenus dans l’arène, ils se sont alignés, sereins, magnifiques comme des statues de géants, un nouveau sourire sur leur visage fier.

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29> César, un homme laid, obèse, cynique, couronné de fleurs et vêtu de pourpre, se lève au milieu du cercle de ses patriciens, tous en vêtement blanc. Seuls quelques-uns ont une frange rouge. La foule se tait, dans l’attente de ce qu’il va dire. César - je ne sais lequel a ce visage aplati, l’air vicieux - les laisse tous dans l’attente pendant quelques minutes, puis baisse le pouce et dit :    

"Qu’ils soient mis à mort par leurs compagnons !"           

Les gladiateurs non convertis, qui pendant ce temps ont égorgé les chrétiens à demi-morts aussi méthodiquement qu’un boucher saigne les agneaux, se retournent et avec la même froideur et précision automatiques, ils ouvrent la gorge de leurs compagnons à l’endroit de la veine jugulaire. Telle une brassée d’épis taillés tige après tige par la serpe, les dix nouveaux chrétiens, aspergés du sang du prêtre martyr font de leur propre sang un vêtement de pourpre éternelle et tombent le sourire aux lèvres, sur le dos, les yeux tournés vers le ciel où se lève leur jour bienheureux.



J’ignore de quel cirque il s’agit, j’ignore à quel âge du christianisme. Je n’ai aucun élément. Je vois et je rapporte ce que je vois. Je n’ai jamais mis les pieds en quelque arène, cirque ou Colisée que ce soit, de sorte que je ne peux donner la moindre indication. D’après la foule et la présence de César, je suppose que cela se passe à Rome. Mais je ne le sais pas. La vision du vieux prêtre martyr et de ses derniers baptisés me restent au plus profond du cœur, voilà tout. 

[Le chapitre de
l’EMV 113 suit - qui commence par répéter les quatre premières lignes de l'écriture de ce jour. Les chapitres EMV 114 à EMV 120 suivent ensuite, avec des dates allant du 21 au 28 février 1945.]

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Fiche mise à jour le 19/11/2019.

 



[1] Les persécutions sous Dioclétien et Maximien, en 303, furent les plus longues et les lus violentes de toutes. On l'appela l'ère des Martyrs. Dioclétien excité par Galérius, son gendre, publia quatre édits pendant son règne :  

par le premier, il ordonna de démolir les églises, de brûler les livres saints et de priver les chrétiens de leurs droits civils ;         

le second édit prononça l'emprisonnement des chefs de l'Eglise ;     

le troisième ordonna d'employer les tortures contre les prêtres qui refuseraient de sacrifier aux idoles;          

Enfin un quatrième édit fit couler des flots de sang, en étendant à tous les chrétiens l'obligation de sacrifier. 

Cependant après cette dernière lutte le paganisme s'avoua vaincu. Galérius, dans l'édit de 311, accorda aux chrétiens le droit d'exercer librement leur religion.

[2] La cavea désigne le bâtiment où se trouvent les gradins de l'amphithéâtre.

[3] Actuellement la Hongrie. L'empereur Maximien qui est présent dans cette scène, est un général s'étant illustré dans différentes guerres dont celle de Pannonie. C'est l'époque de la Tétrarchie qui annonce la partition de l’empire romain.