Vision du dimanche 29 juillet 1945
66> 237.1 - Jésus
se trouve sur le chemin qui du lac de Méron va vers
celui de Galilée. Il y a avec Lui le Zélote et Barthélemy, et ils semblent
attendre près d'un torrent, réduit à un filet d'eau qui pourtant nourrit des
plantes touffues, les autres qui arrivent de deux côtés différents.
La journée est torride, et pourtant beaucoup de gens ont suivi les trois
groupes qui ont dû prêcher à travers les campagnes en ache- minant les
malades vers le groupe de Jésus et en parlant de Lui à ceux qui sont en bonne
santé. Un grand nombre de miraculés forment un groupe heureux assis parmi les
arbres, et en eux la joie est telle qu'ils ne sentent même pas l'ennui de la
chaleur, de la poussière, de la lumière éblouissante, toutes choses qui ne
mortifient pas qu'un peu tous les autres.
Quand le groupe dirigé par Jude Thaddée arrive le premier près de Jésus,
apparaît avec évidence la fatigue de ceux qui le forment et de ceux qui le
suivent. En dernier lieu vient le groupe dirigé par Pierre où se trouvent
beaucoup de gens de Corozaïn et de Bethsaïda.
"Nous avons travaillé, Maître, mais il faudrait qu'il y ait plusieurs
groupes... Tu vois. Aller au loin, ce n'est pas possible à cause de la
chaleur. Et alors, comment faire ? On dirait que le monde s'agrandisse
au fur et à mesure que nous travaillons davantage, en éparpillant les pays et
en allongeant les distances. Je ne m'étais jamais rendu compte que la Galilée
était si grande. Nous n'en travaillons qu'un coin, tout juste un coin, et
nous n'arrivons pas à l'évangéliser, tant elle est vaste et si nombreux sont
ceux qui ont besoin de Toi et qui te désirent" soupire Pierre.
"Ce n'est pas que le monde s'agrandisse, Simon, répond le Thaddée. C'est que s'étend la notoriété de notre Maître."
"Oui, c'est vrai. Regarde combien de gens. Certains nous suivent depuis
ce matin. Aux heures les plus chaudes, nous nous sommes réfugiés dans un
bois, mais même maintenant que le soir approche, la marche est pénible. Et
ces pauvres gens sont beaucoup plus loin de leurs maisons que nous. Si cela
continue d'augmenter ainsi, je ne sais pas comment nous ferons..." dit
Jacques de Zébédée.
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67> "En octobre les bergers viendront aussi" dit
André pour le réconforter.
"Hé ! oui ! Les bergers, les disciples, c'est bien ! Mais
ils ne servent que pour dire : "Jésus est le Sauveur. Il est
ici". Rien de plus" répond Pierre.
"Mais, au moins, les gens sauront où le trouver. Maintenant, au
contraire ! Nous venons ici, et eux accourent ici; pendant qu'ils
viennent ici, nous allons ailleurs et eux doivent nous courir après. Et avec
des enfants et des malades, ce n'est pas bien pratique."
237.2 - Jésus parle :
"Tu as raison, Simon-Pierre. J'ai Moi aussi compassion de ces âmes et de
ces foules, Pour beaucoup, ne pas me trouver à un moment donné, ce peut être
une cause irréparable de malheur. Regardez comme ils sont las et troublés
ceux qui n'ont pas encore la certitude de ma Vérité, et comme ils sont
affamés ceux qui ont déjà goûté ma parole et ne savent plus s'en passer, et
nulle autre parole ne les contente plus. Ils semblent des brebis sans berger
qui errent ici et là sans trouver quelqu'un pour les conduire et les nourrir.
J'y pourvoirai, mais vous, vous devez m'aider. De toutes vos forces,
spirituelles, morales et physiques. Ce n'est plus en groupes nombreux, mais
deux par deux que vous devez savoir aller. Et j'enverrai deux par deux les
meilleurs des disciples. C'est que la moisson est vraiment grande. Oh !
cet été, je vous préparerai à cette grande mission. Pour Tammuz ,
nous serons rejoints par Isaac avec les meilleurs disciples. Et je vous
préparerai. Vous n'y suffirez pas encore, car si la
moisson est vraiment grande, les ouvriers en revanche sont
peu nombreux, Priez donc le Maître de la terre qu'il envoie beaucoup
d'ouvriers à sa moisson"
"Oui, mon Seigneur. Mais cela ne changera pas beaucoup la situation de
ceux qui te cherchent" dit Jacques d'Alphée.
"Pourquoi, mon frère ?"
"Parce qu'ils ne cherchent pas seulement la doctrine et la parole de
Vie, mais aussi la guérison de leurs langueurs, de leurs maladies, de toutes
leurs infirmités que la vie ou Satan apportent à la partie inférieure ou
supérieure de leur être, Et cela, il n 'y a que Toi qui puisses le
faire, parce qu'en Toi il y a la Puissance."
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68> "Ceux qui sont un avec Moi arriveront
à faire ce que je fais et les pauvres seront secourus dans toutes leurs
misères. Mais vous n'avez pas encore en vous ce qu'il faut pour le faire.
Essayez de vous surpasser vous-mêmes, de fouler vos tendances humaines pour
faire triompher l'esprit. Assimilez non seulement ma parole mais son esprit,
c'est-à-dire sanctifiez-vous par elle et ensuite vous pourrez tout. Et
maintenant allons leur dire ma parole puisqu'ils ne veulent pas s'en aller
sans que je leur aie donné la parole de Dieu. Et ensuite nous retournerons à
Capharnaüm. Là aussi il y a des gens qui attendent..."
237.3 - "Seigneur, mais est-ce
vrai que Marie de Magdala t'a demandé pardon dans la maison du
pharisien ?"
"C'est vrai, Thomas."
"Et tu le lui as donné ?" demande Philippe.
"Je le lui ai donné."
"Mais tu as mal fait !" s'écrie Barthélemy.
"Pourquoi ? Elle avait un repentir sincère et méritait le
pardon."
"Mais tu ne devais pas le lui donner dans cette maison,
publiquement..." Lui reproche l'Iscariote.
"Mais je ne vois pas en quoi je me suis trompé."
"En ceci : tu sais ce que sont les pharisiens, combien d'arguties
ils ont en tête, comme ils te surveillent, comme ils te calomnient, comme ils
te haïssent. Il y en avait un, à Capharnaüm, qui était un ami et c'était
Simon. Et tu appelles dans sa maison une prostituée pour profaner sa maison
et scandaliser l'ami Simon."
"Je ne l'ai pas appelée, Moi. Elle y est venue. Ce n'était pas une
prostituée, c'était une repentie. Cela change beaucoup. Si on n'avait pas
de dégoût de l'approcher avant et de toujours la désirer, même en ma
présence, maintenant qu'elle n'est plus une chair mais une âme, on ne doit
pas avoir de dégoût de la voir entrer pour s'agenouiller à mes pieds et
pleurer, en s'accusant, s'humiliant dans une humble confession publique que
renferment ces pleurs. Simon le pharisien a eu sa maison sanctifiée par un
grand miracle : "la résurrection d'une âme". Sur la place de
Capharnaüm, il y a maintenant cinq jours, il me demandait: "Tu as fait
ce seul miracle ?" et il répondait lui-même :
"Certainement pas" et il avait un grand désir d'en voir un. Je le
lui ai donné. Je l'ai choisi pour être le témoin, le paranymphe de ces
fiançailles de l'âme avec la Grâce. Il doit en être fier."
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69> "Au contraire, il en est
scandalisé. Peut-être tu as perdu un ami."
"J'ai trouvé une âme. Cela vaut la peine de perdre l'amitié d'un homme,
sa pauvre amitié d'homme, pour rendre à une âme l'amitié avec Dieu."
"C'est inutile. Avec Toi, on ne peut obtenir une réflexion humaine. Nous
sommes sur la terre, Maître ! Rappelle-le-toi. Et ce sont les lois et
les idées de la terre qui prédominent. Tu agis suivant la méthode du Ciel, tu
te meus dans ton Ciel que tu as dans le cœur, tu vois tout à travers les
clartés du Ciel. Mon pauvre Maître ! Comme tu es divinement incapable de
vivre parmi nous qui sommes pervers !" Judas l'Iscariote
l'embrasse, admiratif et désolé, disant pour terminer : "Et je m'en
afflige, parce que tu te crées tant d'ennemis par excès de perfection."
"Ne t'en afflige pas, Judas. Il est écrit qu'il en est ainsi. Mais
comment sais-tu que Simon est offensé ?"
"Il n'a pas dit qu'il est offensé, mais à Thomas et à moi, il a fait
comprendre que ce n'est pas une chose à faire. Tu ne devais pas l'inviter
dans sa maison, où il n'entre que des personnes honnêtes."
"Bien ! Pour l'honnêteté des gens qui vont chez Simon, n'en parlons
pas" dit Pierre.
"Et je pourrais dire que la sueur des prostituées a coulé plusieurs fois
sur le dallage, sur les tables, et ailleurs chez Simon le pharisien" dit
Mathieu.
"Mais pas publiquement" réplique l'Iscariote.
"Non, avec une hypocrisie attentive à le cacher."
"Tu vois qu'il change alors."
"C'est un changement aussi l'entrée d'une prostituée qui entre pour
dire : "Je laisse mon péché infâme" au lieu de celle qui entre
pour dire : "Me voici à toi pour accomplir ensemble le péché"
"Mathieu a raison" disent-ils tous.
"Oui il a raison. Mais eux ne pensent pas comme nous et il faut en venir
à des compromis avec eux, s'adapter à eux pour les avoir comme amis."
"Cela
jamais, Judas. En matière de vérité,
d'honnêteté, de conduite morale, il n'y a pas d'adaptation ni de
compromis" dit Jésus d'une voix de tonnerre. Et il termine :
"Du reste, je sais que j'ai bien agi, et en vue du bien. Cela suffit.
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70> 237.4 - Allons
congédier ces gens fatigués."
Et il s'en va vers ceux qui, éparpillés sous les arbres, regardent dans sa
direction, anxieux de l'entendre.
"La paix à vous tous qui, pendant des stades et à la canicule, êtes
venus entendre la Bonne Nouvelle. En vérité je vous dis que vous commencez à comprendre ce qu'est le Royaume de Dieu, combien
précieuse est sa possession et combien il est heureux de lui appartenir. Et
pour vous toute fatigue perd la valeur qu'elle a pour les autres, parce que
l'âme commande en vous et dit à la chair : "Réjouis-toi que je
t'accable. C'est pour ton bonheur que je le fais. Quand tu seras réunie à
moi, après la résurrection finale, tu m'aimeras dans la mesure où je t'ai
piétinée et tu verras en moi ton second sauveur". N'est-ce pas ce que
dit votre esprit ? Mais bien sûr qu'il le dit !
Vous maintenant vous basez vos actions sur l'enseignement de mes paraboles
lointaines. Mais maintenant je vous donne d'autres lumières pour vous rendre
toujours plus énamourés de ce Royaume qui vous attend et dont la valeur est
sans mesure.
Écoutez : Un homme était allé par
hasard dans un champ pour prendre du terreau et le porter dans son jardin.
Voilà qu'en creusant avec fatigue la terre dure, il trouve sous une couche de
terre un filon de métal précieux. Que fait alors cet homme ? Il recouvre
de terre sa découverte. Il n'hésite pas à travailler davantage encore, car la
découverte en vaut la peine. Et puis, il va chez lui, rassemble toutes ses
richesses en argent et en objets, et ces derniers il les vend pour avoir
beaucoup d'argent. Puis il va trouver le propriétaire du champ et lui
dit :
"Ton champ me plaît. Combien en veux-tu ?"
"Mais il n'est pas à vendre" dit l'autre.
Mais l'homme offre une somme toujours plus forte, disproportionnée avec la
valeur du champ et il finit par décider le propriétaire qui pense :
"Cet homme est fou ! Mais puisqu'il l'est, j'en profite. Je prends
la somme qu'il m'offre. Ce n'est pas de l'usure, puisque c'est lui qui veut
me la donner. Avec elle je m'achèterai au moins trois autres champs, et plus
beaux" et il vend, convaincu d'avoir fait une affaire merveilleuse.
Mais, au contraire, c'est l'autre qui fait une bonne affaire, car il se prive
d'objets qu'un voleur peut emporter ou que l'on peut perdre ou consommer, et
il se procure un trésor qui, parce qu'il est vrai, naturel, est inépuisable.
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71> Cela vaut donc la peine qu'il
sacrifie ce qu'il a pour cette acquisition, en restant pendant quelque temps
avec la seule possession du champ, mais en réalité il possède pour toujours
le trésor qui y est caché.
Vous, vous l'avez compris et vous faites comme l'homme de la parabole.
Quittez les richesses éphémères pour posséder le Royaume des Cieux. Vous les
vendez aux imbéciles de ce monde, les leur cédez, acceptez qu'on se moque de
vous pour ce qui, aux yeux du monde, paraît une sotte manière d'agir. Agissez
ainsi, toujours, et un jour votre Père qui est dans les Cieux,
avec joie vous donnera votre place dans le Royaume.
Retournez dans vos maisons avant que vienne le sabbat et, pendant le jour du
Seigneur, pensez à la parabole du trésor qu'est le Royaume céleste. La paix
soit avec vous."
237.5 - Les gens s'éparpillent
lentement sur les routes et les sentiers de campagne pendant que Jésus s'en
va en direction de Capharnaüm dans le soir qui descend.
Il y arrive en pleine nuit. Ils traversent en silence la ville silencieuse au
clair de la lune qui est la seule lampe qui existe pour les ruelles obscures
et mal pavées. Ils entrent en silence dans le petit jardin à côté de la
maison, croyant que tout le monde est au lit.
Mais, au contraire, une lampe luit dans la cuisine et trois ombres, rendues
mobiles par le mouvement de la flamme, se projettent sur le muret blanc du
four qui est tout près.
"Il y a des gens qui t'attendent, Maître. Mais cela ne peut pas aller
ainsi ! Maintenant je vais leur dire que tu es trop fatigué. Monte sur
la terrasse en attendant."
"Non, Simon. Je vais à la cuisine. Si Thomas a retenu ces personnes,
c'est signe qu'il y a un motif sérieux."
Mais, pendant ce temps, ceux qui sont à l'intérieur ont entendu le
chuchotement et Thomas, le propriétaire de la maison, vient sur le seuil.
"Maître, il y a la dame habituelle. Elle t'attend depuis hier au coucher
du soleil. Elle est avec un serviteur"
Puis, à voix basse :
"Elle est très agitée. Elle pleure sans arrêt..."
"C'est bien. Dis-lui devenir en haut. Où a-t-elle dormi ?"
"Elle ne voulait pas dormir, mais finalement elle s'est retirée pour
quelques heures vers l'aube, dans ma chambre. Le serviteur, je l'ai fait
dormir dans un de vos lits."
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72> "C'est bien, il y dormira
encore cette nuit et toi, tu dormiras dans le mien."
"Non, Maître. J'irai sur la terrasse, sur des nattes. Je dormirai aussi
bien."
237.6 - Jésus monte sur la terrasse.
Voilà Marthe qui monte, elle aussi.
"La paix à toi, Marthe."
Un sanglot Lui répond.
"Tu pleures encore ? Mais n'es-tu pas heureuse ?"
De la tête Marthe fait signe que non.
"Mais pourquoi, donc? …"
Une longue pause, pleine de sanglots. Enfin, dans un gémissement :
"Depuis plusieurs soirs, Marie n'est plus revenue. Et on ne la trouve
pas. Ni moi, ni la nourrice, ni Marcelle, ne la trouvons... Elle était sortie
en commandant le char. Elle était très bien mise... Oh ! elle n'avait
pas voulu remettre mon vêtement !... Elle n'était pas à moitié nue, elle
en a encore de ceux-ci, mais elle était très provocante dans ce... Et elle
avait pris avec elle or et parfums... et elle n'est plus revenue. Elle a renvoyé
le serviteur aux premières maisons de Capharnaüm en disant. "Je
reviendrai avec une autre compagnie". Mais elle n'est plus revenue. Elle
nous a trompés ! Ou bien elle s'est sentie seule, peut-être tentée... ou
il lui est arrivé malheur... Elle n'est plus revenue..."
Et Marthe se glisse à genoux, en pleurant la tête appuyée sur l'avant-bras
qu'elle a mis sur un tas de sacs vides.
Jésus la regarde et dit lentement, avec assurance, dominateur :
"Ne pleure pas. Marie est venue à Moi il y a trois soirs. Elle m'a
parfumé les pieds, elle a mis à mes pieds tous ses bijoux. Elle s'est
consacrée ainsi, et pour toujours, en prenant place parmi mes disciples. Ne
la dénigre pas en ton cœur. Elle t'a surpassée."
"Mais où, où est alors ma sœur ? crie Marthe en relevant son visage
bouleversé. Pourquoi n'est-elle pas revenue à la maison ? Elle a
peut-être été attaquée ? Elle a peut-être pris une barque et elle s'est
noyée ? Peut-être un amant qu'elle a repoussé l'a enlevée ?
Oh ! Marie ! Ma Marie ! Je l'avais retrouvée et je l'ai tout
de suite perdue !"
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73> Marthe est vraiment hors d'elle. Elle
ne pense plus que ceux qui sont en bas peuvent l'entendre. Elle ne pense plus
que Jésus peut lui dire où est sa sœur. Elle se désespère sans plus réfléchir
à rien.
237.7 - Jésus la prend par les
poignets et la force à rester tranquille, à l'écouter, la dominant de sa
haute taille et de son regard magnétique.
"Assez ! Je veux que tu aies foi en mes paroles. Je veux que tu
sois généreuse. Tu as compris ?"
Il ne la laisse que quand Marthe s'est un peu calmée.
"Ta sœur est allée goûter sa joie, s'entourant d'une solitude sainte,
parce qu'elle a en elle la pudeur super-sensible de ceux qui sont rachetés.
Je te l'ai dit à l'avance. Elle ne peut supporter le regard doux, mais
inquisiteur des parents sur son nouveau vêtement d'épouse de la Grâce. Et ce
que je te dis est toujours vrai. Tu dois me croire."
"Oui, Seigneur, oui. Mais ma Marie a été trop, trop au pouvoir du démon.
Il l'a reprise tout d'un coup, il..."
"Il se venge sur toi de la proie qu'il a perdue pour toujours. Dois-je donc voir que toi, la courageuse, tu deviens sa proie pour une
frayeur folle et sans raison d'être ? Dois-je voir qu'à cause d'elle qui
maintenant croit en Moi, tu perds la belle foi que je t'ai toujours
connue ? Marthe ! Regarde-moi bien. Écoute-moi. N'écoute pas Satan. Ne sais-tu pas que quand
il est obligé d'abandonner sa proie par une victoire que Dieu remporte sur
lui, il se met tout de suite à agir, cet inlassable bourreau des êtres, cet
inlassable voleur des droits de Dieu, pour trouver d'autres proies ? Ne
sais-tu pas que ce sont les tortures d'une tierce personne, qui résiste aux
assauts parce qu'elle est bonne et fidèle, qui affermissent la guérison d'un
autre esprit ? Ne sais-tu pas que rien n'est isolé de tout
ce qui arrive et existe dans la création, mais que tout suit une loi
éternelle de dépendances et de conséquences qui fait qu'une action de
quelqu'un a des répercussions naturelles et surnaturelles très étendues ?
237.8 - Tu pleures ici, toi tu connais
ici le doute atroce et tu restes fidèle à ton Christ même à cette heure de
ténèbres. Là-bas, dans un endroit voisin que tu ne connais pas, Marie sent se
dissoudre le dernier doute sur l'infinité du pardon qu'elle a obtenu. Ses
pleurs se changent en sourire et ses ombres en lumière. C'est ton tourment
qui l'a conduite là où se trouve la paix, là où les âmes se régénèrent auprès
de la Génératrice sans tache; auprès de celle qui
est tellement Vie qu'elle a obtenu de donner au monde le Christ qui est la
Vie.
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74> Ta sœur est chez ma Mère !
Oh ! ce n'est pas la première qui rentre sa voile dans ce port paisible
après que le doux rayon de la vivante Etoile Marie l'a appelée sur ce sein
d'amour, par l'amour muet et actif de son Fils ! Ta sœur est à
Nazareth."
"Mais comment y est-elle allée, ne connaissant pas ta Mère, ta maison ?.. Seule... Pendant la nuit... Ainsi... Sans
moyens... Avec ce vêtement... Un si long chemin... Comment ?"
"Comment ? Comme l'hirondelle fatiguée va au nid natal traversant
mers et montagnes, triomphant des tempêtes, des nuages et des vents
contraires. Comme vont les hirondelles aux lieux de leur hivernage, par un instinct
qui les guide, par une tiédeur qui les invite, par le soleil qui les appelle.
Elle aussi est accourue vers le rayon qui l'appelle... vers la Mère
universelle. Et nous la verrons revenir à l'aurore, heureuse... sortie pour
toujours des ténèbres, avec une Mère à son côté, la mienne, et pour n'être
jamais plus orpheline. Peux-tu croire cela ?"
"Oui, mon Seigneur."
Marthe est comme fascinée. En effet Jésus a été un dominateur. Grand, debout,
et pourtant légèrement incliné au-dessus de Marthe agenouillée, il a parlé lentement d'un ton pénétrant, comme pour
passer dans la disciple bouleversée. Peu de fois je l'ai vu avec cette
puissance pour persuader par sa parole quelqu'un qui l'écoute. Mais à la fin,
quelle lumière, quel sourire sur son visage !
Marthe le reflète par un sourire et une lumière plus apaisée sur son propre
visage.
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