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L'œuvre de Maria Valtorta
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Autobiographie.
Cinquième partie.
(en construction).


Bénie soit la souffrance qui me rend semblable à toi ! Bénie soit la croix qui m'élève jusqu'au ciel ! Béni soit l'amour qui donne des ailes à ma souffrance !


 




 

379> J'ai confiance en lui.        

 L'ardeur ne cessait de croître. En consultant mon journal, après si longtemps, je m'aperçois que l'hymne de joie que je chante au sein de la souffrance retentit d'une joie de plus en plus haute.         

Le carême commença, puis la semaine de la Passion et la semaine sainte. Puisque Maria ne pouvait plus se rendre auprès de Jésus crucifié, ce fut Jésus crucifié qui vint auprès de Maria.       

 Un sculpteur m'amena une grande croix de marbre noir avec un magnifique Christ en marbre de Carrare. C'était une véritable œuvre d'art, d'où émanait une puissante expression. Il voulait le vendre car il avait besoin d'argent pour faire un traitement ophtalmique. Il était en train de perdre la vue. Il s'était adressé à nous pour que nous puissions le montrer à nos amies, et en particulier à la comtesse Melzi d'Eril[1], dans l'espoir de trouver un acheteur.     

Je fis installer le Christ sur le divan, qui est aujourd'hui le lit de Marta. À l'époque, la pièce était encore un salon. Il y resta durant tout le carême et jusqu'au lendemain de Pâques, si je ne me trompe. J'allais le voir à tout moment, sous prétexte de m'abriter dans cette pièce silencieuse où l'odeur du charbon ne pénétrait pas. En réalité j'y allais pour lui dire mon amour. Combien de baisers n'ai-je pas laissés sur ce marbre froid qui représentait mon Dieu ! Je m'agenouillais à côté du divan et je lui parlais pendant des heures, en écoutant la Voix qui me répondait et qui provenait du profond des cieux et qui résonnait dans mon cœur. 

Si j'avais été riche, j'aurais acheté moi-même cet objet d'art. Il avait un air si naturel ce visage ridé par la souffrance et creusé par la mort, avec un tel abandon dans les membres, et son thorax déchiré dans un dernier souffle après son dernier cri! Il portait la main gauche serrée sur son clou, comme si une der­nière convulsion l'avait recroquevillée de la sorte, et la main droite au contraire portait le pouce, l'index et le médius bien droits, comme s'il bénissait encore.      

 L'amour grandissait en moi par la contemplation de mon Dieu mourant... Il grandissait tellement qu'il me procura un tourment physique qui eut son paroxysme le vendredi saint. Ah ! J'ai bien cru que j'allais mourir d'un déchirement du thorax tellement fut intense l'amour en moi ! J'ai senti que quelque chose se déchirait en moi, comme si une lance fouillait dans ma poitrine[2]. Mais il y a vraiment quelque chose qui s'est déchirée, car même les sages esculapes élucubrèrent à propos d'une lésion que l'on devinait dans le médiastin, ou bien entre le médiastin et le cœur, et dont ils ne savaient s'expliquer la présence.        

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380> Je crois que c'est seulement la main qui m'avait procuré cette blessure qui soigna la plaie, en sorte qu'elle reste là sans que j'en meure. Je crois que cela s'est passé de la sorte car la douleur que j'éprouvais, supérieure à tout ce que peut supporter un être humain, je le ressens encore, surtout aux heures de plus intense union avec mon Seigneur. Je suppose que cela s'est passé de la sorte puisque aucun remède humain ne parvient à calmer cette douleur. C'est ce que je suppose encore, car cette douleur ne manque pas de survenir lorsque j'accède à une force tellement absolue dans la prière que j'obtiens du ciel quelque grâce. Je le suppose encore parce que cette douleur disparaît tout d'un coup lorsque la grâce a été obtenue, quitte à revenir avec une force toujours plus grande, à des moments d'amour plus intense ou de prière plus intense... S'il s'agissait d'une douleur humaine, ce serait une chose qui rendrait fou !  

Quelques jours avant d'éprouver cet épanchement si suave et si cruel, j'avais composé une prière que je répétais après celle de saint François et qu'il avait formulée de la sorte :

Mon Seigneur Jésus Christ, je te demande de m'accorder deux choses avant de mourir: la première est de sentir dans mon âme et dans mon corps, pour autant qu'il soit possible, la douleur que toi, doux Jésus, tu as endurée à l'heure de ton amère Passion. La seconde est de ressentir dans mon cœur, pour autant que cela soit possible, cet amour extraordinaire dont toi, le Fils de Dieu, tu étais animé au point de soutenir volontiers une si grande passion pour nous pécheurs.

Ma prière, qui s'adressait au père séraphique, s'exprimait de la sorte :

O mon Père saint François, à cause de l'amour par lequel le Christ t'aima et par lequel tu l'aimas, donne-moi, je t'en prie, la souffrance et l'amour que tu imploras sur toi. Je ne te demande pas la gloire visible des stigmates, dont je ne suis pas digne, mais une participation intime aux peines et à l'amour de Jésus et de toi, en sorte que moi, comme vous, puisse mourir d'amour pour Dieu et pour les âmes.

Le bon Dieu me donnait donc tout ce que je lui avais demandé : la blessure intérieure qui était faite de peine et d'amour, une blessure qui m'aurait conduite à la mort après une marée de souffrances traversée avec tant de bonne volonté pour le Seigneur et pour les âmes. 

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381>  Ah ! Je puis bien le dire ! Le Seigneur ne m'a jamais refusé ce que je lui ai demandé. Parce qu'il avait pitié de ma petitesse, parce qu'il avait compassion de ma vie sans aucun soulagement ou gentillesse de la part de mes parents, parce ce qu'il appréciait ma bonne volonté qui était tout ce que je pouvais lui donner, il m'a toujours comblée de tendresses, de dons, de pensées délicates comme seuls savent le faire un père qui aime et un époux très amoureux. Il m'a donné beaucoup plus que ce que je lui demandais. Il s'est toujours penché avec attention pour écouter non seulement mes requêtes, mais aussi mes désirs inexprimés et les a fait devenir réalité.    

J'aimais les fleurs, mais je ne pouvais pas m'en acheter. Eh bien ! la petite cour de la maison était un véritable panier comble de fleurs ramassées dans la rue : bulbes d'iris, violettes, géraniums dont les boutures, jetées par je ne sais qui, prenaient aussitôt produisant une grande quantité de fleurs, les unes après les autres. J'avais trouvé une petite repousse de passiflore, l'une de mes fleurs préférées, et c'était devenu une plante vigoureuse. roses, muguets, freesias, violettes, toutes sortes de géraniums, pélargoniums, iris blancs et violacés, œillets... j'avais de tout et durant tous les mois de l'année. Les gens qui venaient en étaient très étonnés. Mes quarante et plus vases étaient tous fleuris. Les plantes se remplissaient constamment de corolles comme dans un éternel printemps. Mais depuis que je suis alitée, elles sont toutes mortes...           

J'aimais les colombes et j'avais pu obtenir quelques races splendides qui me témoignaient une tendresse humaine, plus qu'humaine. Maintenant elles sont presque toutes mortes et sont redevenues sauvages. 

Je désirais avoir des petits oiseaux et Jésus ne cessa de me les fournir, et il me les envoya de telle façon que maman ne puisse jamais dire non !  

Mon chien était mort et j'en souffrais parce que, malade comme je suis, j'éprouve le besoin d'une compagnie fidèle durant les longues heures de la nuit et durant les heures où je suis seule pendant la journée : et quelqu'un m'a offert un chien.

Et ainsi de suite. Des petites joies matérielles jusqu'aux grandes choses spirituelles, Jésus met ses cadeaux dans la main de sa petite esclave d'amour
[3]. Il m'accorde des grâces pour tous ceux qui me disent de prier et aussi des grâces spirituelles pour moi. Et il m'accorde un réconfort qui n'en finit pas. Sans doute agit-il de la sorte parce que lui seul sait ce que je souffre, lui et moi le savons avec exactitude. Tous les autres sont très loin d'imaginer la consistance de ma souffrance.           

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382>  Et à force de me donner toujours tout ce que je lui demandais, il m'accorda aussi la blessure interne que l'on ne voit pas mais qui est douloureuse comme une lance crochue, incandescente, qui arrache et brûle la chair vive.         

Si le vendredi saint 1930 j'eus droit à ma première heure d'agonie avec le Christ, en 1934, le jour du vendredi saint, je fus transpercée par l'amour pendant que je contemplais mon Jésus sur la croix. Dès que j'ai pu me lever j'ai composé le texte ci-dessous, que je répète souvent, surtout aux heures les plus douloureuses, ou pendant le carême.

 Il est l'Homme des douleurs, le bien-aimé de mon cœur. Et pour ressembler à Dieu il me faut souffrir moi aussi. 
Venez donc à moi chères épines, et clous suaves. Frappez-moi, car l'épouse veut s'orner des bijoux de son Roi.           
Vois comme son regard languit, comme brûle sa bouche tandis qu'il prie sur la croix pour la méchante humanité.  
Entends-tu, mon cœur, la voix qui murmure parmi les sanglots les mots de l'amour?        
Il meurt pour nous et pardonne et promet le paradis et, penchant son doux visage, prononce: "J'ai soif !" et il attend notre acte charitable.
À tes lèvres bénies, à ton cœur souffrant, quels soins puis-je donner pour calmer ton dernier souffle ? Quel baume dois-je utiliser pour te soulager, ô mon Rédempteur ? 
"Ton affection est fidèle et ta souffrance est généreuse".          
Ah ! Venez donc à moi douces épines et chers clous ! C'est moi qu'il faut saisir, c'est moi qu'il faut frapper, c'est moi qu'il faut clouer sur ce bois, afin que sur ma poitrine et sur mon cœur, mon Roi puisse reposer sa tête.           
De mon affection et de mon amour je veux essuyer ses larmes, désaltérer sa fièvre, réconforter l'agonie.       
Bénie soit la souffrance qui me rend semblable à toi ! Bénie soit la croix qui m'élève jusqu'au ciel ! Béni soit l'amour qui donne des ailes à ma souffrance !  
Béni soit le jour où ton regard m'a accrochée ! Et plus bienheureux encore soit le moment où à toi je me suis consacrée !    
Mais séraphique est le tourment qui m'unit, ô Rédempteur, à la croix, à la douleur, pour ta gloire, ô mon Dieu !                    
Ah! venez donc à moi douces épines et clous adorés, ornez-moi, et sculptez en moi les traits de mon Roi.         
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383> Viens donc, bois de la croix, dur et ensanglanté, toi seul es mon soutien, et c'est toi seulement que je désire ici-bas.       
Là-haut dans le ciel, parmi les splendeurs, m'attend le Rédempteur. Il n'a plus de langueur ni de gémissements, mais il resplendit éternellement.           
C'est vers lui, qu'ornée de la croix, la tête entourée d'épines, consumée de son amour, un jour je m'envolerai. Et au milieu du chant des anges et des éblouissements séraphiques il transformera mes tourments et mes souffrances en autant de pierres précieuses.      
Bénie soit la souffrance, bénie soit la croix, béni soit l'amour qui dans le ciel aura son achèvement !

Écrire de la sorte, seulement l'écrire, n'aurait rien de méritoire. Ce pourrait même n'être qu'un vain exercice de mots. Mais quant à moi ces paroles, je les ai certifiées et je les certifie encore par ma souffrance que j'aime bien plus que moi-même. Et cela donne toute sa valeur à ce cri, qui s'est exprimé en un moment d'union profonde avec mon Roi crucifié[4].       

Ma maladie n'a cessé de s'accentuer en profondeur et en quantité de malaises, mais de mon côté je n'ai pas changé de refrain et je ne cesse de dire: "Bénis soient la douleur, la croix et l'amour". Et je ne cesse d'appeler: "Venez donc à moi épines, clous, fouets, car ce que le monde fuit constitue mon repos, car lorsqu'augmente l'emprise de la souffrance, augmentent en même temps la paix et la béatitude, et pour toute cellule de mon corps qui se brise et pour toute force qui s'anéantit, je sens que s'ajoute pour moi une cellule de mon nouveau moi qui vivra au ciel, car le ciel appartient à ceux qui ont su mourir à la chair avant que la chair ne meure en eux."        

Je souffre avec le Christ et c'est avec lui que je serai glorifiée. Sa vie et sa passion se manifestent en moi qui ne demande qu'à rester fixée sur la croix, sur cette croix qui est une folie pour les fils de perdition, mais qui constitue une force divine pour ceux qui sont entrés dans la voie du salut, comme le dit l'apôtre dont la parole est percutante et le cœur ardent
[5].        

 Deux jours après ce moment d'extase et ce cri de désir qui me fendit la poitrine, je fus mise en croix. Le Christ en descendait, dans la gloire de sa Résurrection, moi j'y montais par amour pour mes plus chers amis : Jésus et les âmes.

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384> J'avais fait un effort contre moi-même, pour ne pas donner d'inquiétude à papa, et pour éviter de rester au lit ce jour-là. Mais je ne tenais pas sur mes jambes. J'entendis, d'une radio voisine, la bénédiction papale, impartie après la canonisation de don Bosco. C'est avec ce viatique que je revenais au lit. Désormais nous avions transformé le salon en chambre à coucher et j'en pris possession... et c'est encore là que je suis.        

Une neuvaine d'années. Combien devrais-je en faire encore ? Il me semble que je suis près de la fin. Mais qui oserait désormais s'abandonner à de telles espérances quand il a été si souvent déçu ?  

Eh Bien! Qu'il soit fait encore une fois selon ta volonté!
 

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Fiche mise à jour le 03/01/2018

 



[1] La famille Melzi d’Eril est marquée par la figure de Francesco (1753-1816), qui devint Vice-président de la République italienne dont le président était Bonaparte. À sa transformation en Royaume d’Italie par l’empereur Napoléon, il se retire de la politique après avoir été nommé comte de Magenta et duc de Lodi.

[2] Sainte Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux ou Padre Pio décrivent la blessure d’Amour (transverbération) en termes similaires.

[3] Le "saint esclavage d’Amour" est une formule introduit principalement par saint Louis-Marie Grignion de Montfort dans son acte de consécration à Jésus par Marie (Le Secret de Marie § 70) Il exprime la soumission confiante et totale en Marie pour réaliser, dans sa vie, le dessein de Jésus. Maria Valtorta s’était consacrée selon cette formule le 4 mai 1928, comme elle l’explique plus tard dans son calendrier mystique (Cahiers, 10 février 1946). La formule de consécration est exprimée en toute fin de L’amour de la Sagesse éternelle § 225.

[4] Roi crucifié, époux crucifié sont des expressions par lesquelles Jésus se présente aux âmes corédemptrices qui acceptent de le suivre sur la Crois. Il en est ainsi d’Amélie de Gibergues (Époux crucifié, J’épouse en crucifiant – Cum Clamore Valido, Supplique) ; Conception de Armida (Le Verbe ne s'est incarné et ne s'incarne encore dans les âmes que pour être crucifié), de Gemma Galgani "épouse d’un Roi crucifié". Sans oublier la phrase fondatrice de saint Paul "Avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi" (Galates 2, 19-20).

[5] Cf. 1 Corinthiens 1,17-25.