Liste des sigles
SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta
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Chapitre deuxième - Les Sacrements de
guérison
1420
Par les sacrements de l’initiation chrétienne, l’homme reçoit la vie nouvelle
du Christ. Or, cette vie, nous la portons "en des vases d’argile"
(2 Corinthiens 4, 7). Maintenant, elle est encore "cachée avec le Christ
en Dieu" (Colossiens 3, 3). Nous sommes encore dans "notre demeure
terrestre" (2 Corinthiens 5, 1) soumise à la souffrance, à la maladie et
à la mort. Cette vie nouvelle d’enfant de Dieu peut être affaiblie et même
perdue par le péché.
1421
Le Seigneur Jésus-Christ, médecin de nos âmes et de nos corps, Lui qui a
remis les péchés au paralytique et lui a rendu la santé du corps (cf. Marc 2,
1-12), a voulu que son Église continue, dans la force de l’Esprit Saint, son
œuvre de guérison et de salut, même auprès de ses propres membres. C’est le
but des deux sacrements de guérison : du sacrement de Pénitence et de
l’Onction des malades.
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Article 4 - Le sacrement de Pénitence et de
Réconciliation
1422
"Ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de la miséricorde
de Dieu le pardon de l’offense qu’ils lui ont faite et du même coup sont
réconciliés avec l’Église que leur péché a blessée et qui, par la charité,
l’exemple, les prières, travaille à leur conversion" (Lumen gentium 11).
I. Comment est appelé ce sacrement ?
1423
Il est appelé sacrement de conversion puisqu’il réalise
sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion (cf. Marc 1, 15), la
démarche de revenir au Père (cf. Luc 15, 18) dont on s’est éloigné par le
péché.
Il est appelé sacrement de Pénitence puisqu’il consacre une démarche
personnelle et ecclésiale de conversion, de repentir et de satisfaction du
chrétien pécheur.
1424
Il est appelé sacrement de la confession puisque l’aveu, la confession
des péchés devant le prêtre est un élément essentiel de ce sacrement. Dans un
sens profond ce sacrement est aussi une "confession",
reconnaissance et louange de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde envers
l’homme pécheur.
Il est appelé sacrement du pardon puisque par l’absolution sacramentelle
du prêtre, Dieu accorde au pénitent "le pardon et la paix" (OP
formule de l’absolution).
Il est appelé sacrement de Réconciliation car il donne au pécheur l’amour
de Dieu qui réconcilie : "Laissez-vous réconcilier avec Dieu"
(2 Co 5, 20). Celui qui vit de l’amour miséricordieux de Dieu est prêt à répondre
à l’appel du Seigneur : "Va d’abord te réconcilier avec ton frère"
(Matthieu 5, 24).
II. Pourquoi un sacrement de la réconciliation
après le Baptême ?
1425
"Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été
justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu"
(1 Co 6,11). Il faut se rendre compte de la grandeur du don de Dieu qui nous
est fait dans les sacrements de l’initiation chrétienne pour saisir à quel
point le péché est une chose exclue pour celui qui a " revêtu le
Christ " (Ga 3, 27). Mais l’apôtre saint Jean dit aussi :
"Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous abusons
nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous" (1 Jean 1,8). Et le Seigneur
lui-même nous a enseigné de prier : "Pardonne-nous nos offenses"
(Luc 11,4) en liant le pardon mutuel de nos offenses au pardon que Dieu
accordera à nos péchés.
1426
La conversion au Christ, la nouvelle naissance du Baptême, le don
de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture, nous
ont rendu " saints et immaculés devant lui " (Éphésiens
1, 4), comme l’Église elle-même, épouse du Christ, est " sainte et
immaculée devant lui " (Éphésiens 5, 27). Cependant, la vie
nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et
la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché que la tradition
appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu’ils
fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce
du Christ (cf. Denzinger-Schönmetzer 1515). Ce
combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie
éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler (cf. Denzinger-Schönmetzer 1545 ; Lumen gentium 40).
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III. La conversion des baptisés
1427
Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie essentielle de
l’annonce du Royaume : "Les temps sont accomplis et le Royaume de
Dieu est tout proche ; repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle"
(Marc 1,15). Dans la prédication de l’Église cet appel s’adresse d’abord à
ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et son Évangile. Aussi, le
Baptême est-il le lieu principal de la conversion première et fondamentale.
C’est par la foi en la Bonne Nouvelle et par le Baptême (cf. Actes 2, 38) que
l’on renonce au mal et qu’on acquiert le salut, c’est-à-dire la rémission de
tous les péchés et le don de la vie nouvelle.
1428
Or, l’appel du Christ à la conversion continue à retentir dans la vie des
chrétiens. Cette seconde conversion est une tâche ininterrompue pour
toute l’Église qui " enferme des pécheurs dans son propre
sein " et qui " est donc à la fois sainte et appelée à se
purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement "
(Lumen gentium 8). Cet effort de conversion n’est
pas seulement une œuvre humaine. Elle est le mouvement du " cœur
contrit " (Psaume 51,19) attiré et mû par la grâce (cf. Jean 6,
44 ; 12, 32) à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés
le premier (cf. 1 Jean 4, 10).
1429
En témoigne la conversion de Saint Pierre après le triple reniement de
son Maître. Le regard d’infinie miséricorde de Jésus provoque les larmes du
repentir (Luc 22, 61) et, après la résurrection du Seigneur, la triple
affirmation de son amour envers lui (cf. Jean 21, 15-17). La seconde
conversion a aussi une dimension communautaire. Cela apparaît dans
l’appel du Seigneur à toute une Église : "Repends-toi !"
(Ap 2, 5. 16).
Saint Ambroise dit des deux conversions que, dans l’Église, "il y a
l’eau et les larmes : l’eau du Baptême et les larmes de la Pénitence"
(ep. 41, 12 : PL 16, 1116B).
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IV. La pénitence intérieure
1430
Comme déjà chez les prophètes, l’appel de Jésus à la conversion et à la pénitence
ne vise pas d’abord des œuvres extérieures, " le sac et la
cendre ", les jeûnes et les
mortifications, mais la conversion du cœur, la pénitence intérieure. Sans
elle, les œuvres de pénitence restent stériles et mensongères ; par
contre, la conversion intérieure pousse à l’expression de cette attitude en
des signes visibles, des gestes et des œuvres de pénitence (cf. Jl 2, 12-13 ; Is 1, 16-17 ; Matthieu 6, 1-6.
16-18).
1431
La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la
vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du
péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions
que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la
résolution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la
confiance en l’aide de sa grâce. Cette conversion du cœur est accompagnée
d’une douleur et d’une tristesse salutaires que les Pères ont appelées animi cruciatus
(affliction de l’esprit), compunctio cordis (repentir du cœur) (cf. Concile de
Trente : Denzinger-Schönmetzer
1677-1678 ; 1705 ; Catechismus Romanus 2, 5, 4).
1432
Le cœur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à
l’homme un cœur nouveau (cf. Ez 36, 26-27). La
conversion est d’abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos
cœurs à lui : "Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis"
(Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C’est en
découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par
l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à craindre d’offenser Dieu
par le péché et d’être séparé de lui. Le cœur humain se convertit en
regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jean 19, 37 ; Za 12, 10) :
Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est
précieux à son Père car, répandu pour notre salut, il a ménagé au monde
entier la grâce du repentir (Saint Clément de Rome, Cor. 7,4).
1433
Depuis Pâques, c’est l’Esprit Saint qui "confond le monde en
matière de péché" (Jean 16, 8-9), à savoir que le monde n’a pas cru en
Celui que le Père a envoyé. Mais ce même Esprit, qui dévoile le péché, est le
Consolateur (cf. Jean 15, 26) qui donne au cœur de l’homme la grâce du
repentir et de la conversion (cf. Actes 2, 36-38 ; cf. Jean-Paul II, DeV 27-48).
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V. Les multiples formes de la pénitence dans la vie
chrétienne
1434
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées.
L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne,
la prière, l’aumône (cf. Tb 12, 8 ; Matthieu 6, 1-18), qui expriment
la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux
autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le
martyre, ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts
accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le
souci du salut du prochain (cf. Jc 5, 20)
l’intercession des saints et la pratique de la charité " qui couvre
une multitude de péchés " (1 P 4, 8).
1435
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de
réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la
justice et du droit (cf. Am 5, 24 ; Is 1, 17), par l’aveu des fautes aux
frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de
conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances,
l’endurance de la persécution à cause de la justice. Prendre sa croix, chaque
jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence (cf. Luc 9,
23).
1436
Eucharistie et Pénitence. La conversion et la pénitence quotidiennes
trouvent leur source et leur nourriture dans l’Eucharistie, car en elle est
rendu présent le sacrifice du Christ qui nous a réconciliés avec Dieu ;
par elle sont nourris et fortifiés ceux qui vivent
de la vie du Christ ; " elle est l’antidote qui nous libère de
nos fautes quotidiennes et nous préserve des péchés mortels "
(Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1638).
1437
La lecture de l’Écriture Sainte, la prière de la Liturgie des Heures et
du Notre Père, tout acte sincère de culte ou de piété ravive en nous l’esprit
de conversion et de pénitence et contribue au pardon de nos péchés.
1438 Les temps et les jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême,
chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de
la pratique pénitentielle de l’Église (cf. SC 109-110 ; CIC, can. 1249-1253 ; CCEO, can.
880-883). Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices
spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de
pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage
fraternel (œuvres caritatives et missionnaires).
1439
Le mouvement de la conversion et de la pénitence a été
merveilleusement décrit par Jésus dans la parabole dite " du fils
prodigue " dont le centre est " le père
miséricordieux " (Luc 15, 11-24) : la fascination d’une
liberté illusoire, l’abandon de la maison paternelle ; la misère extrême
dans laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune ;
l’humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et pire encore,
celle de désirer se nourrir des caroubes que mangeaient les cochons ; la
réflexion sur les biens perdus ; le repentir et la décision de se déclarer
coupable devant son père ; le chemin du retour ; l’accueil généreux
par le père ; la joie du père : ce sont là des traits propres au
processus de conversion. La belle robe, l’anneau et le banquet de fête sont
des symboles de cette vie nouvelle, pure, digne, pleine de joie qu’est la vie
de l’homme qui revient à Dieu et au sein de sa famille, qui est l’Église.
Seul le cœur du Christ qui connaît les profondeurs de l’amour de son Père, a
pu nous révéler l’abîme de sa miséricorde d’une manière si pleine de simplicité
et de beauté.
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VI. Le sacrement de la pénitence et de la réconciliation
1440
Le péché est avant tout offense à Dieu, rupture de la communion avec Lui. Il
porte en même temps atteinte à la communion avec l’Église. C’est pourquoi la
conversion apporte à la fois le pardon de Dieu et la réconciliation avec
l’Église, ce qu’exprime et réalise liturgiquement le sacrement de la
Pénitence et de la Réconciliation (cf. Lumen gentium
11).
Dieu seul pardonne le péché
1441
Dieu seul pardonne les péchés (cf. Marc 2, 7). Parce que Jésus est le
Fils de Dieu, il dit de lui-même : " Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la
terre " (Marc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin :
" Tes péchés sont pardonnés ! " (Marc 2, 5 ;
Luc 7, 48). Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il donne ce
pouvoir aux hommes (cf. Jean 20, 21-23) pour qu’ils l’exercent en son nom.
1442
Le Christ a voulu que son Église soit tout entière, dans sa prière, sa vie et
son agir, le signe et l’instrument du pardon et de la réconciliation qu’Il
nous a acquis au prix de son sang. Il a cependant confié l’exercice du
pouvoir d’absolution au ministère apostolique. Celui-ci est chargé du
" ministère de la réconciliation " (2 Co 5, 18). L’apôtre
est envoyé "au nom du Christ", et "c’est Dieu
lui-même " qui, à travers lui, exhorte et supplie : "Laissez-vous
réconcilier avec Dieu" (2 Co 5, 20).
Réconciliation avec l’Église
1443
Durant sa vie publique, Jésus n’a pas seulement pardonné les péchés, il a
aussi manifesté l’effet de ce pardon : il a réintégré les pécheurs
pardonnés dans la communauté du peuple de Dieu d’où le péché les avait
éloignés ou même exclus. Un signe éclatant en est le fait que Jésus admet les
pécheurs à sa table, plus encore, qu’il se met lui-même à leur table, geste
qui exprime de façon bouleversante à la fois le pardon de Dieu (cf. Luc 15)
et le retour au sein du peuple de Dieu (cf. Luc 19, 9).
1444
En donnant part aux apôtres de son propre pouvoir de pardonner les
péchés, le Seigneur leur donne aussi l’autorité de réconcilier les pécheurs
avec l’Église. Cette dimension ecclésiale de leur tâche s’exprime notamment
dans la parole solennelle du Christ à Simon Pierre : " Je te
donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la
terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié
aux cieux " (Matthieu 16, 19). " Cette même charge de
lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée au collège des
apôtres unis à leur chef (Matthieu 18, 18 ; 28, 16-20) " (Lumen
gentium 22).
1445 Les mots lier et délier signifient : celui que vous
exclurez de votre communion, celui-là sera exclu de la communion avec
Dieu ; celui que vous recevez de nouveau dans votre communion, Dieu
l’accueillera aussi dans la sienne. La réconciliation avec l’Église est
inséparable de la réconciliation avec Dieu.
Le sacrement du pardon
1446
Le Christ a institué le sacrement de
Pénitence pour tous les membres pécheurs de son Église, avant tout pour ceux
qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu
la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C’est à eux que le
sacrement de Pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de
retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l’Église présentent ce
sacrement comme " la seconde planche [de salut] après le naufrage
qu’est la perte de la grâce " (Tertullien, pæn.
4, 2 ; cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1542).
1447
Au cours des siècles la forme concrète,
selon laquelle l’Église a exercé ce pouvoir reçu du Seigneur, a beaucoup
varié. Durant les premiers siècles, la réconciliation des chrétiens qui
avaient commis des péchés particulièrement graves après leur Baptême (par
exemple l’idolâtrie, l’homicide ou l’adultère), était liée à une discipline
très rigoureuse, selon laquelle les pénitents devaient faire pénitence
publique pour leurs péchés, souvent durant de longues années, avant de
recevoir la réconciliation. A cet " ordre des pénitents "
(qui ne concernait que certains péchés graves) on n’était admis que rarement
et, dans certaines régions, une seule fois dans sa vie. Pendant le septième
siècle, inspirés par la tradition monastique d’Orient, les missionnaires
irlandais apportèrent en Europe continentale la pratique " privée "
de la pénitence qui n’exige pas la réalisation publique et prolongée d’œuvres
de pénitence avant de recevoir la réconciliation avec l’Église. Le sacrement
se réalise désormais d’une manière plus secrète entre le pénitent et le
prêtre. Cette nouvelle pratique prévoyait la possibilité de la réitération et
ouvrait ainsi le chemin à une fréquentation régulière de ce sacrement. Elle
permettait d’intégrer dans une seule célébration sacramentelle le pardon des
péchés graves et des péchés véniels. C’est, dans les grandes lignes, cette
forme de la pénitence que l’Église pratique jusqu’à nos jours.
1448
A travers les changements que la discipline et la célébration de ce
sacrement ont connu au cours des siècles, on
discerne la même structure fondamentale. Elle comporte deux éléments
également essentiels ; d’une part, les actes de l’homme qui se convertit
sous l’action de l’Esprit Saint : à savoir la contrition, l’aveu et la
satisfaction ; d’autre part, l’action de Dieu par l’intervention de
l’Église. L’Église qui, par l’évêque et ses prêtres, donne au nom de
Jésus-Christ le pardon des péchés et fixe la modalité de la satisfaction,
prie aussi pour le pécheur et fait pénitence avec lui. Ainsi le pécheur est
guéri et rétabli dans la communion ecclésiale.
1449
La formule d’absolution en usage dans l’Église latine exprime les
éléments essentiels de ce sacrement : le Père des miséricordes est la
source de tout pardon. Il réalise la réconciliation des pécheurs par la Pâque
de son Fils et le don de son Esprit, à travers la prière et le ministère de
l’Église :
"Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la
résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé
l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : par le ministère de
l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés". (Ordo Paenitentiae 46. 55 [Polyglotte Vaticane 1974, p. 27.
37]).
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VII. Les actes du pénitent
1450
"La Pénitence oblige le pécheur à accepter volontiers tous ses
éléments : dans son cœur, la contrition ; dans sa bouche, la
confession ; dans son comportement, une totale humilité ou une
fructueuse satisfaction" (Catechismus Romanus 2, 5, 21 ; cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1673).
La contrition
1451
Parmi les actes du pénitent, la contrition vient en premier lieu.
Elle est " une douleur de l’âme et une détestation du péché commis
avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir " (Concile de
Trente : Denzinger-Schönmetzer 1676).
1452 Quand elle provient de l’amour de Dieu aimé plus que tout, la
contrition est appelée "parfaite" (contrition de charité). Une
telle contrition remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi le
pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme résolution de recourir
dès que possible à la confession sacramentelle (cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1677)
1453
La contrition dite "imparfaite" (ou "attrition") est,
elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Elle naît de la
considération de la laideur du péché ou de la crainte de la damnation
éternelle et des autres peines dont est menacé le pécheur (contrition par
crainte). Un tel ébranlement de la conscience peut amorcer une évolution
intérieure qui sera parachevée sous l’action de la grâce, par l’absolution
sacramentelle. Par elle-même, cependant, la contrition imparfaite n’obtient
pas le pardon des péchés graves, mais elle dispose à l’obtenir dans le
sacrement de la Pénitence (cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1678 ; 1705).
1454
Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de
conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus
adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse
morale des Évangiles et des lettres apostoliques : Sermon sur la
montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm
12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Éphésiens 4-6).
La confession des péchés
1455
La confession des péchés (l’aveu), même d’un point de vue simplement
humain, nous libère et facilite notre réconciliation avec les autres. Par
l’aveu, l’homme regarde en face les péchés dont il s’est rendu
coupable ; il en assume la responsabilité et par là, il s’ouvre de
nouveau à Dieu et à la communion de l’Église afin de rendre possible un
nouvel avenir.
1456
L’aveu au prêtre constitue une partie essentielle du sacrement de
Pénitence : " Les pénitents doivent, dans la confession,
énumérer tous les péchés mortels dont ils ont conscience après s’être
examinés sérieusement, même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été
commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20,
17 ; Matthieu 5, 28), car parfois ces péchés blessent plus grièvement
l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de
tous " (Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1680) :
Lorsque les fidèles du Christ s’efforcent de confesser tous les péchés qui
leur viennent à la mémoire, on ne peut pas douter qu’ils les présentent tous
au pardon de la miséricorde divine. Ceux qui agissent autrement et qui en
cachent sciemment quelques-uns ne proposent à la bonté divine rien qu’elle
puisse remettre par l’intermédiaire du prêtre. Car " si le malade
rougit de découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce qu’elle
ignore " (Saint Jérôme, Eccl. 10,
11 : PL 23, 1096) (Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1680).
1457
D’après le commandement de l’Église, " tout fidèle parvenu à
l’âge de la discrétion doit confesser au moins une fois par an, les péchés
graves dont il a conscience " (Denzinger-Schönmetzer
1683 ; cf. Denzinger-Schönmetzer 1708 ;
CIC, can. 989). Celui qui a conscience d’avoir
commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s’il
éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l’absolution
sacramentelle (cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1647 ; 1661), à moins qu’il n’ait un motif grave
pour communier et qu’il ne lui soit possible d’accéder à un confesseur (cf.
CIC, can. 916 ; CCEO, can.
711). Les enfants doivent accéder au sacrement de la Pénitence avant de
recevoir pour la première fois la Sainte. Communion (cf. CIC, can. 914).
1458 Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes
quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée par l’Église
(cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1680 ; CIC, can. 988, § 2 ).
En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former
notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser
guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus
fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes
poussés à être miséricordieux comme lui (cf. Luc 6, 36) :
Celui qui confesse ses péchés agit déjà avec Dieu. Dieu accuse tes
péchés ; si tu les accuses toi aussi, tu te joins à Dieu. L’homme et le
pécheur sont pour ainsi dire deux réalités : quand tu entends parler de
l’homme, c’est Dieu qui l’a fait ; quand tu entends parler du pécheur,
c’est l’homme lui-même qui l’a fait. Détruis ce que tu as fais
pour que Dieu sauve ce qu’il a fait... Quand tu commences à détester ce que
tu as fait, c’est alors que tes œuvres bonnes commencent parce que tu accuses
tes œuvres mauvaises. Le commencement des œuvres bonnes, c’est la confession
des œuvres mauvaises. Tu fais la vérité et tu viens à la Lumière (Saint
Augustin, ev. Jo. 12, 13).
La satisfaction
1459
Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire le possible
pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation
de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice
exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même,
ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le
péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés
(cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1712). Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé
spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses
péchés : il doit " satisfaire " de manière
appropriée ou " expier " ses péchés. Cette satisfaction
s’appelle aussi "pénitence".
1460
La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte de la
situation personnelle du pénitent et doit chercher son bien spirituel. Elle
doit correspondre autant que possible à la gravité et à la nature des péchés
commis. Elle peut consister dans la prière, une offrande, dans les œuvres de
miséricorde, le service du prochain, dans des privations volontaires, des
sacrifices, et surtout dans l’acceptation patiente de la croix que nous
devons porter. De telles pénitences aident à nous configurer au Christ qui,
seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm 3, 25 ;
1 Jean 2, 1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent de devenir les
cohéritiers du Christ ressuscité, "puisque nous souffrons avec lui"
(Rm 8, 17 ; cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1690) :
Mais notre satisfaction, celle que nous acquittons pour nos péchés, n’est que
par Jésus-Christ : nous qui, de nous-mêmes comme tels, ne pouvons rien
nous-mêmes, avec l’aide "de celui qui nous fortifie, nous pouvons tout"
(Ph 4, 13). Ainsi l’homme n’a rien dont il puisse se glorifier, mais toute
notre "gloire" est dans le Christ... en qui nous satisfaisons,
" en faisant de dignes fruits de pénitence " (Luc 3, 8),
qui en Lui puisent leur force, par Lui sont offerts au Père et grâce à Lui
sont acceptés par le Père (Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1691).
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VIII. Le ministre de ce sacrement
1461
Puisque le Christ a confié à ses apôtres le ministère de la réconciliation
(cf. Jean 20, 23 ; 2 Co 5, 18), les évêques, leurs successeurs, et les
presbytres, collaborateurs des évêques, continuent à exercer ce ministère. En
effet, ce sont les évêques et les presbytres, qui ont, en vertu du sacrement
de l’Ordre, le pouvoir de pardonner tous les péchés " au nom du
Père et du Fils et du Saint-Esprit ".
1462
Le pardon des péchés réconcilie avec Dieu mais aussi avec l’Église.
L’évêque, chef visible de l’Église particulière, est donc considéré à juste
titre, depuis les temps anciens, comme celui qui a principalement le pouvoir
et le ministère de la réconciliation : il est le modérateur de la
discipline pénitentielle (Lumen gentium 26). Les
presbytres, ses collaborateurs, l’exercent dans la mesure où ils en ont reçu
la charge soit de leur évêque (ou d’un supérieur religieux) soit du Pape, à
travers le droit de l’Église (cf. CIC, can.
844 ; 967-969 ; 972 ; CCEO, can.
722, §§ 3-4).
1463
Certains péchés particulièrement graves sont frappés de l’excommunication,
la peine ecclésiastique la plus sévère, qui empêche le
réception des sacrements et l’exercice de certains actes ecclésiastiques (cf.
CIC, can. 1331 ; CCEO, can.
1431 ; 1434), et dont l’absolution, par conséquent, ne peut être
accordée, selon le droit de l’Église, que par le Pape, l’évêque du lieu ou
des prêtres autorisés par eux (cf. CIC, can.
1354-1357 ; CCEO, can. 1420). En cas de danger
de mort tout prêtre, même dépourvu de la faculté d’entendre les confessions,
peut absoudre de tout péché (cf. CIC, can.
976 ; CCEO, can. 725) et de toute
excommunication.
1464
Les prêtres doivent encourager les fidèles à accéder au sacrement de la
Pénitence et doivent se montrer disponibles à célébrer ce sacrement chaque
fois que les chrétiens le demandent de manière raisonnable (cf. CIC, can. 986 ; CCEO, can.
735 ; PO 13).
1465
En célébrant le sacrement de la Pénitence, le prêtre accomplit le
ministère du Bon Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui du Bon
Samaritain qui panse les blessures, du Père qui
attend le Fils prodigue et l’accueille à son retour, du juste Juge qui ne
fait pas acception de personne et dont le jugement est à la fois juste et
miséricordieux. Bref, le prêtre est le signe et l’instrument de l’amour
miséricordieux de Dieu envers le pécheur.
1466
Le confesseur n’est pas le maître, mais le serviteur du pardon de Dieu.
Le ministre de ce sacrement doit s’unir à l’intention et à la charité du
Christ (cf. PO 13). Il doit avoir une connaissance éprouvée du comportement
chrétien, l’expérience des choses humaines, le respect et la délicatesse
envers celui qui est tombé ; il doit aimer la vérité, être fidèle au
magistère de l’Église et conduire le pénitent avec patience vers la guérison
et la pleine maturité. Il doit prier et faire pénitence pour lui en le
confiant à la miséricorde du Seigneur.
1467
Étant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect
dû aux personnes, l’Église déclare que tout prêtre qui entend des confessions
est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents
lui ont confessés, sous des peines très sévères (CIC, can.
1388, §1 ; CCEO, can. 1456). Il ne peut pas
non plus faire état des connaissances que la confession lui donne sur la vie
des pénitents. Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions, s’appelle le "sceau
sacramentel", car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste
" scellé " par le sacrement.
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IX. Les effets de ce sacrement
1468
" Toute l’efficacité de la
Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui
dans une souveraine amitié " (Catechismus
Romanus 2, 5, 18). Le but et l’effet de ce
sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux qui
reçoivent le sacrement de Pénitence avec un cœur contrit et dans une
disposition religieuse, " il est suivi de la paix et de la
tranquillité de la conscience, qu’accompagne une forte consolation
spirituelle " (Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
1674). En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une
véritable " résurrection spirituelle ", une restitution
de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus
précieux est l’amitié de Dieu (Luc 15, 32).
1469
Ce sacrement nous réconcilie avec l’Église. Le péché ébrèche ou
brise la communion fraternelle. Le sacrement de Pénitence la répare ou la
restaure. En ce sens, il ne guérit pas seulement celui qui est rétabli dans
la communion ecclésiale, il a aussi un effet vivifiant sur la vie de l’Église
qui a souffert du péché d’un de ses membres (cf. 1 Co 12, 26). Rétabli ou
affermi dans la communion des saints, le pécheur est fortifié par l’échange
des biens spirituels entre tous les membres vivants du Corps du Christ,
qu’ils soient encore dans l’état de pèlerinage ou qu’ils soient déjà dans la
patrie céleste (cf. Lumen gentium 48-50) :
Il faut rappeler que la réconciliation avec Dieu a comme conséquence, pour
ainsi dire, d’autres réconciliations qui porteront remède à d’autres ruptures
produites par le péché : le pénitent pardonné se réconcilie avec
lui-même dans la profondeur de son être, où il récupère la propre vérité
intérieure ; il se réconcilie avec les frères que de quelque manière il
a offensé et blessé ; il se réconcilie avec l’Église ; il se
réconcilie avec la création toute entière (RP 31).
1470
Dans ce sacrement, le pécheur, en se remettant au jugement miséricordieux
de Dieu, anticipe d’une certaine façon le jugement auquel il
sera soumis à la fin de cette vie terrestre. Car c’est maintenant,
dans cette vie-ci, que nous est offert le choix entre la vie et la mort, et
ce n’est que par le chemin de la conversion que nous pouvons entrer dans le
Royaume d’où exclut le péché grave (cf. 1 Co 5, 11 ; Ga 5, 19-21 ; Ap 22, 15). En se convertissant au Christ par la
pénitence et la foi, le pécheur passe de la mort à la vie " et il
n’est pas soumis au jugement " (Jean 5, 24).
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X. Les indulgences
1471
La doctrine et la pratique des indulgences dans l’Église sont étroitement liées
aux effets du sacrement de Pénitence.
Qu’est-ce que l’indulgence ?
"L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle
due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle
bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l’action de
l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et
applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints"
(Paul VI, const. ap.
"Indulgentiarum doctrina", Norme 1).
"L’indulgence est partielle ou plénière, selon qu’elle libère
partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le
péché " (ibid, Norme 2).
" Tout fidèle peut gagner des indulgences pour soi-même ou les
appliquer aux défunts" (CIC, can. 994).
Les peines du péché
1472
Pour comprendre cette doctrine et cette pratique de l’Église il faut voir
que le péché a une double conséquence. Le péché grave nous prive de la
communion avec Dieu, et par là il nous rend incapables de la vie éternelle,
dont la privation s’appelle la "peine éternelle" du péché. D’autre
part, tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures,
qui a besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans l’état
qu’on appelle Purgatoire. Cette purification libère de ce qu’on appelle la
"peine temporelle" du péché. Ces deux peines ne doivent pas être
conçues comme une espèce de vengeance, infligée par Dieu de l’extérieur, mais
bien comme découlant de la nature même du péché. Une conversion qui procède d’une
fervente charité, peut arriver à la totale purification du pécheur, de sorte
qu’aucune peine ne subsisterait (cf. Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer 1712-1713 ; 1820).
1473
Le pardon du péché et la restauration de la communion avec Dieu
entraînent la remise des peines éternelles du péché. Mais des peines
temporelles du péché demeurent. Le chrétien doit s’efforcer, en supportant
patiemment les souffrances et les épreuves de toutes sortes et, le jour venu,
en faisant sereinement face à la mort, d’accepter comme une grâce ces peines
temporelles du péché ; il doit s’appliquer, par les œuvres de
miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes
pratiques de la pénitence, à se dépouiller complètement du "vieil
homme" et à revêtir "l’homme nouveau" (cf. Éphésiens 4,24).
Dans la communion des saints
1474
Le chrétien qui cherche à se purifier de son péché et à se sanctifier avec
l’aide de la grâce de Dieu ne se trouve pas seul. " La vie de
chacun des enfants de Dieu se trouve liée d’une façon admirable, dans le
Christ et par le Christ, avec la vie de tous les autres frères chrétiens,
dans l’unité surnaturelle du Corps mystique du Christ, comme dans une
personne mystique " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum
doctrina " 5).
1475
Dans la communion des saints " il existe donc entre les fidèles –
ceux qui sont en possession de la patrie céleste, ceux qui ont été admis à
expier au purgatoire ou ceux qui sont encore en pèlerinage sur la terre – un
constant lien d’amour et un abondant échange de tous biens "
(ibid.). Dans cet échange admirable, la sainteté de l’un profite aux autres,
bien au-delà du dommage que le péché de l’un a pu causer aux autres. Ainsi,
le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit d’être plus
tôt et plus efficacement purifié des peines du péché.
1476
Ces biens spirituels de la communion des saints, nous les appelons aussi le trésor
de l’Église, " qui n’est pas une somme de biens, ainsi qu’il en
est des richesses matérielles accumulées au cours des siècles, mais qui est
le prix infini et inépuisable qu’ont auprès de Dieu les expiations et les
mérites du Christ Notre Seigneur, offerts pour que l’humanité soit libérée du
péché et parvienne à la communion avec le Père. C’est dans le Christ, notre
Rédempteur, que se trouvent en abondance les satisfactions et les mérites de
sa rédemption (cf. He 7, 23-25 ; 9, 11-28) ".
1477
" Appartiennent également à ce trésor le prix vraiment immense,
incommensurable et toujours nouveau qu’ont auprès de Dieu les prières et les
bonnes œuvres de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints qui se
sont sanctifiés par la grâce du Christ, en marchant sur ses traces, et ont
accompli une œuvre agréable au Père, de sorte qu’en travaillant à leur propre
salut, ils ont coopéré également au salut de leurs frères dans l’unité du
Corps mystique " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum
doctrina " 5).
Obtenir l’indulgence de Dieu par l’Église
1478
L’indulgence s’obtient par l’Église qui, en vertu du pouvoir de lier et
de délier qui lui a été accordé par le Christ Jésus, intervient en faveur
d’un chrétien et lui ouvre le trésor des mérites du Christ et des saints pour
obtenir du Père des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour
ses péchés. C’est ainsi que l’Église ne veut pas seulement venir en aide à ce
chrétien, mais aussi l’inciter à des œuvres de piété, de pénitence et de
charité (cf. Paul VI, loc. cit. 8 ; Concile de
Trente : Denzinger-Schönmetzer 1835).
1479
Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de
la même communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant
pour eux des indulgences, de sorte qu’ils soient acquittés des peines
temporelles dues pour leurs péchés.
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XI. La célébration du sacrement de pénitence
1480
Comme tous les sacrements, la pénitence est une action liturgique. Tels sont
ordinairement les éléments de la célébration : salutation et bénédiction
du prêtre, lecture de la Parole de Dieu pour éclairer la conscience et
susciter la contrition, et exhortation à la repentance ; la confession
qui reconnaît les péchés et les manifeste au prêtre ; l’imposition et
acceptation de la pénitence ; l’absolution du prêtre ; louange
d’action de grâces et envoi avec la bénédiction du prêtre.
1481 La liturgie byzantine connaît plusieurs formules d’absolution, de
forme déprécative, qui expriment admirablement le mystère du pardon :
" Que le Dieu, qui par le prophète Nathan, a pardonné à David
lorsqu’il eut confessé ses propres péchés, et à Pierre lorsqu’il eut pleuré
amèrement, et à la courtisane lorsqu’elle eut répandu ses larmes sur ses
pieds, et au pharisien, et au prodigue, que ce même Dieu vous pardonne, par
moi, pécheur, en cette vie et dans l’autre et qu’Il vous fasse comparaître
sans vous condamner à son redoutable tribunal, Lui qui est béni dans les
siècles des siècles. Amen. " (Euxologia
to mèga [Athens 1992] p.
222)
1482
Le sacrement de la Pénitence peut aussi avoir lieu dans le cadre d’une célébration
communautaire, dans laquelle on se prépare ensemble à la confession et on
rend grâce ensemble pour le pardon reçu. Ici, la confession personnelle des
péchés et l’absolution individuelle sont insérées dans une liturgie de la
Parole de Dieu, avec lectures et homélie, examen de conscience mené en commun,
demande communautaire du pardon, prière du " Notre Père "
et action de grâce en commun. Cette célébration communautaire exprime plus
clairement le caractère ecclésial de la pénitence. Quelle que soit cependant
la manière de sa célébration, le sacrement de Pénitence est toujours, d’après
sa nature même, une action liturgique, donc ecclésiale et publique (cf. SC
26-27).
1483
En des cas de nécessité grave on peut recourir à la célébration
communautaire de la réconciliation avec confession générale et absolution
générale. Une telle nécessité grave peut se présenter lorsqu’il y a un
danger imminent de mort sans que le ou les prêtres aient le temps suffisant
pour entendre la confession de chaque pénitent. La nécessité grave peut
exister aussi lorsque, compte tenu du nombre des pénitents, il n’y a pas
assez de confesseurs pour entendre dûment les confessions individuelles dans
un temps raisonnable, de sorte que les pénitents, sans faute de leur part, se
verraient privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte
communion. Dans ce cas les fidèles doivent avoir, pour la validité de
l’absolution, le propos de confesser individuellement leurs péchés graves en
temps voulu (cf. CIC, can. 962, § 1). C’est à
l’Evêque diocésain de juger si les conditions requises pour l’absolution
générale existent (cf. CIC, can. 961, § 2). Un
grand concours de fidèles à l’occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages ne
constitue pas un cas d’une telle grave nécessité (cf. CIC, can. 961, § 1)
1484
"La confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution
demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec
Dieu et l’Église, sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une
telle confession " (OP 31). Ceci n’est pas sans raisons profondes.
Le Christ agit en chacun des sacrements. Il s’adresse personnellement à
chacun des pécheurs : "Mon enfant, tes péchés sont remis"
(Marc 2, 5) ; il est le médecin qui se penche sur chacun des malades qui
ont besoin de lui (cf. Marc 2, 17) pour les guérir ; il les relève et
les réintègre dans la communion fraternelle. La confession personnelle est
donc la forme la plus significative de la réconciliation avec Dieu et avec
l’Église.
En bref
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1485
" Le soir de Pâques, le Seigneur Jésus se montra à ses Apôtres et
leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les
péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur
seront retenus’ " (Jean 20, 22-23).
1486 Le pardon des péchés commis après le Baptême est accordé par un
sacrement propre appelé sacrement de la conversion, de la confession, de la
pénitence ou de la réconciliation.
1487 Qui pèche blesse l’honneur de Dieu et son amour, sa propre dignité
d’homme appelé à être fils de Dieu et le bien-être spirituel de l’Église dont
chaque chrétien doit être une pierre vivante.
1488 Aux yeux de la foi, aucun mal n’est plus grave que le péché et rien n’a
de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l’Église et pour le
monde entier.
1489 Revenir à la communion avec Dieu après l’avoir perdue par le péché, est
un mouvement né de la grâce du Dieu plein de miséricorde et soucieux du salut
des hommes. Il faut demander ce don précieux pour soi-même comme pour autrui.
1490 Le mouvement de retour à Dieu, appelé conversion et repentir, implique
une douleur et une aversion vis-à-vis des péchés commis, et le propos ferme
de ne plus pécher à l’avenir. La conversion touche donc le passé et
l’avenir ; elle se nourrit de l’espérance en la miséricorde divine.
1491 Le sacrement de la Pénitence est constitué par l’ensemble des trois
actes posés par le pénitent, et par l’absolution du prêtre. Les actes du
pénitent sont : le repentir, la confession ou manifestation des péchés
au prêtre et le propos d’accomplir la réparation et les œuvres de réparation.
1492
Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré par des motifs qui
relèvent de la foi. Si le repentir est conçu par amour de charité envers
Dieu, on le dit " parfait " ; s’il est fondé sur
d’autres motifs, on l’appelle " imparfait ".
1493 Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec l’Église, doit
confesser au prêtre tous les péchés graves qu’il n’a pas encore confessé et dont il se souvient après avoir examiné
soigneusement sa conscience. Sans être en soi nécessaire, la confession des
fautes vénielles est néanmoins vivement recommandée par l’Église.
1494 Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de certains actes de
" satisfaction " ou de " pénitence ",
en vue de réparer le dommage causé par le péché et de rétablir les habitudes
propres au disciple du Christ.
1495 Seuls les prêtres qui ont reçu de l’autorité
de l’Église la faculté d’absoudre peuvent pardonner les péchés au nom du
Christ.
1496 Les effets spirituels du sacrement de Pénitence sont :
– la réconciliation avec Dieu par laquelle le pénitent recouvre la grâce,
– la réconciliation avec l’Église ;
– la remise de la peine éternelle encourue par les péchés mortels ;
– la remise, au moins en partie, des peines temporelles, suites du
péché ;
– la paix et la sérénité de la conscience, et la consolation
spirituelle ;
– l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.
1497
La confession individuelle et intégrale des péchés graves suivie de
l’absolution demeure le seul moyen ordinaire pour la réconciliation avec Dieu
et avec l’Église.
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