Vision du jeudi 10 février 1944
7> Jésus dit :
"Et maintenant, viens. Bien que tu sois
ce soir comme quelqu'un qui va expirer, viens, que je t'amène vers mes souffrances.
Long sera le chemin que nous devrons faire ensemble, car aucune douleur ne
m'a été épargnée: ni celle de la chair, ni celle de
la pensée, ni celle du cœur, ni celle de l'esprit. Toutes je les ai
éprouvées, de toutes je me suis nourri, de toutes je me suis désaltéré,
jusqu'à en mourir.
Si tu posais ta
bouche sur mes lèvres, tu sentirais qu'elles gardent encore l'amertume de
tant de douleur. Si tu pouvais voir mon Humanité dans son vêtement,
maintenant éclatant, tu verrais que cet éclat émane de milliers et de
milliers de blessures qui couvrirent d'un vêtement de pourpre vivante mes
membres déchirés, exsangues, marqués de coups, transpercés par amour pour
vous.
Maintenant mon
Humanité est éclatante. Mais il y eut un jour où elle fut semblable à celle
d'un lépreux tant elle était frappée et humiliée. L'Homme-Dieu, qui avait en
Lui-même la perfection de la beauté physique en tant que Fils de Dieu et de
la Femme sans tache, apparut alors, aux yeux de ceux qui le regardaient avec
amour, avec curiosité, ou avec mépris, laid : un "ver" comme dit
David, l'opprobre des hommes, le rebut du peuple.
Mon amour pour mon Père et pour les enfants de mon Père m'a amené à
abandonner mon corps à ceux qui me frappaient, à offrir mon visage à ceux qui
me giflaient et me couvraient de crachats, à ceux qui croyaient faire une
œuvre méritoire en m'arrachant les cheveux, la barbe, en me transperçant la
tête avec les épines, en rendant la terre et ses fruits complices des
tourments infligés à son Sauveur, en déboîtant mes membres, en découvrant mes
os, en arrachant mes vêtements et donnant ainsi à ma pureté la plus grande
des tortures, en m'attachant à un bois, en m'élevant comme un agneau égorgé
aux crocs d'un boucher, et aboyant autour de mon agonie comme une meute de
chiens affamés que l'odeur du sang rend encore plus féroces.
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8> Accusé, condamné, tué. Trahi,
renié, vendu. Abandonné même par Dieu à cause des crimes que j'avais pris sur
Moi. Devenu plus pauvre qu'un mendiant dépouillé par
des brigands puisqu'on ne me laissa même pas mes vêtements pour couvrir ma
nudité livide de martyr. Pas même épargné au-delà de la mort par l'insulte
d'une blessure et les calomnies de mes ennemis. Submergé sous la boue de tous
vos péchés, précipité jusqu'au fond des ténèbres de la douleur, sans aucune
lumière du Ciel qui répondît à mon regard mourant, et sans un mot de Dieu qui
répondît à mon dernier appel.
Isaïe dit la raison de tant de douleur : "Il a vraiment pris sur Lui nos
maux et il a porté nos douleurs."
Nos douleurs ! Oui, je les ai
portées à votre place ! Pour soulever les vôtres, les adoucir, les supprimer,
si vous m'aviez été fidèles. Mais vous n'avez pas voulu l'être. Et
qu'en ai-je eu ? Vous m'avez "regardé comme un lépreux, comme quelqu'un
frappé par Dieu". Oui, j'avais sur Moi la lèpre de vos péchés sans
nombre, elle était sur Moi comme un vêtement de pénitence, comme un cilice; mais comment n'avez-vous pas vu transparaître Dieu
dans son infinie charité de ce vêtement que pour vous Il avait mis sur sa
sainteté ?
"Blessé à cause de nos iniquités, transpercé à cause de nos crimes"
dit Isaïe qui, de son regard prophétique, voyait le Fils de l'homme devenu
une immense plaie pour guérir celles des hommes. Et s'il n'y avait eu que les
blessures de ma chair !
Mais ce que vous m'avez le plus blessé c'est
le sentiment et l'esprit. De l'un et de l'autre, vous avez fait un jouet et
une cible et vous m'avez frappé dans l'amitié que je vous avais donnée, par
l'intermédiaire de Judas;
dans la fidélité que j'espérais de vous, par l'intermédiaire de Pierre qui me renia; dans la reconnaissance pour mes bienfaits,
par l'intermédiaire de ceux qui me criaient : "Meurs !" après que
je les ai eus tirés de tant de maladies; à travers l'amour, pour les
déchirements infligés à ma Mère; à travers la religion, en déclarant que je
blasphémais Dieu, Moi, qui pour le zèle de la cause de Dieu, m'étais mis
entre les mains de l'homme en m'incarnant, en souffrant toute ma vie, et en
m'abandonnant à la férocité humaine sans proférer un mot ou une plainte.
Il aurait suffi d'un regard pour réduire en cendres accusateurs, juges
et bourreaux. Mais j'étais venu volontairement pour accomplir le
sacrifice et comme agneau, parce que j'étais l'Agneau de Dieu et je le
suis pour l'éternité, je me suis laissé conduire au dépouillement et à la
mort pour faire de ma Chair votre Vie.
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9> Quand j'ai été élevé, j'étais
déjà consumé par des souffrances sans nom, avec tous les noms. J'ai
commencé de mourir à Bethléem,
en voyant la lumière de la Terre qui était si différente d'une façon
angoissante pour Moi qui étais le Vivant du Ciel. J'ai continué à
mourir dans la pauvreté, dans l'exil, dans la fuite, dans le travail, dans
l'incompréhension, dans la fatigue, dans la trahison, dans les affections
qu'on m'enlevait, dans les tortures, dans les mensonges, dans les blasphèmes.
Voilà ce qu'a donné l'homme à Moi qui venais pour l'unir à Dieu !
Marie, regarde ton Sauveur. Il n'a pas son vêtement blanc, ni sa tête blonde.
Il n'a pas le regard de saphir que tu Lui connais.
Son habit est rouge de sang, il est déchiré et couvert de saleté et de
crachats. Son visage est tuméfié et défiguré, son regard voilé de sang et de
pleurs, et ses yeux te regardent à travers la croûte qu'ils forment et la
poussière qui alourdit les paupières. Mes mains, tu les vois ? Elles ne sont
déjà qu'une plaie en attendant la plaie finale.
Regarde, petit Jean, comme me regarda
ton frère Jean.
Derrière mes pas, il reste des empreintes sanglantes. La sueur délave le sang
qui coule des écorchures des fouets, de ce qui restait encore de l'agonie du
Jardin. La parole sort, dans l'essoufflement de l'angoisse d'un cœur qui
meurt déjà de tortures de tous noms, de mes lèvres brûlées et contusionnées.
Dorénavant, tu me verras souvent ainsi. Je suis le Roi de la douleur et je
viendrai te parler de ma douleur dans mon vêtement royal. Suis-moi, malgré
ton agonie. Je saurai, car je suis plein de pitié, devant tes lèvres
empoisonnées par ma souffrance, mettre aussi le miel parfumé des plus
sereines contemplations. Mais tu dois plutôt préférer ces contemplations
sanglantes, car c'est par elles que tu as la Vie et avec elles que tu
amèneras les autres à la Vie. Baise ma main sanglante et veille en
méditant sur Moi le Rédempteur."
Je vois Jésus comme Lui-même se dépeint. Ce soir,
depuis 19h (il est 1h et quart du 11 février, désormais) je suis vraiment en
agonie.
Jésus me dit ce matin 11 février à 7h.30 :
"Hier soir, je n'ai voulu te parler que de Moi en proie à la souffrance,
car j'ai commencé la description et la vision de mes douleurs. Hier soir,
c'était l'introduction. Et tu étais tellement épuisée, mon amie ! Mais avant
que l'agonie revienne, je dois te faire un doux reproche.
Hier matin, tu as été égoïste. Tu as dit au Père : "Espérons que je dure
parce que ma fatigue est la plus grande". Non, la sienne est la
plus grande car elle est fatigante, sans être compensée par la béatitude de
voir et de posséder Jésus comme tu l'as jusqu'avec sa sainte Humanité. Ne
sois jamais égoïste, même dans les choses les plus petites. Une disciple, un
petit Jean, doit être très humble et très charitable comme son Jésus.
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10> Et maintenant reste avec Moi.
"Les fleurs sont apparues... le temps de la taille est venu... et on a
entendu dans les campagnes la voix de la tourterelle..." Et ce sont les
fleurs qui sont nées dans les flaques de Sang de ton Christ. Et Celui que l'on coupera comme une branche que l'on taille, c'est le
Rédempteur. Et la voix de la tourterelle qui appelle l'épouse à son festin de
noces douloureuses et saintes, c'est la mienne qui t'aime.
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