Le mercredi 22 août
1945
250> 260.1 – "Que faites-vous, amis, près de ce feu ?"
demande Jésus en trouvant ses disciples autour d'un feu bien nourri qui
resplendit dans les premières ombres du soir à un carrefour de la plaine d'Esdrelon.
Les apôtres sursautent car ils ne l'ont pas vu venir, et ils oublient le feu
pour saluer le Maître. On dirait qu'il y a un siècle qu'ils ne l'ont pas vu.
Puis ils expliquent :
"Nous avons arrangé un différend entre deux frères de Jezraël et ils ont été si contents qu'ils ont voulu nous donner chacun
un agneau. Nous avons pensé les cuire pour les donner à ceux de Doras. Michée de Yokhanan les a égorgés et préparés et maintenant nous allons les
mettre à rôtir. Ta Mère avec Marie et Suzanne sont allées avertir ceux de Doras de venir à la fin de la soirée, quand l'intendant
s'enferme chez lui pour boire. Les femmes se font moins remarquer... Nous,
nous avons essayé de les voir en passant comme des voyageurs à travers les
champs, mais on a fait peu de chose. Nous avions décidé de nous réunir ce
soir, ici, et de dire... quelque chose de plus, pour l'âme, et pour qu'ils se
sentent bien aussi en leur corps, comme tu as fait les autres fois. Mais
maintenant il y a Toi, et ce sera plus beau."
"Qui aurait parlé ?"
"Mais !... Un peu tous... Ainsi, sans façon. On ne peut pas davantage,
d'autant plus que Jean, le Zélote et ton frère ne veulent pas parler et pas même Judas
de Simon, et aussi Barthélemy cherche à ne pas parler... Nous nous sommes même
disputés pour cela..." dit Pierre.
"Et pourquoi ne veulent-ils pas parler, ces cinq ?"
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251> "Jean et Simon, parce qu'ils disent que ce n'est pas bien que ce soit
toujours eux... Ton frère parce qu'il veut que moi je parle, disant que si je
ne commence jamais... Barthélemy parce que... parce qu'il a peur de parler
trop en maître et de ne pas savoir convaincre. Tu vois que ce sont des
excuses..."
"Et toi, Judas de Simon, pourquoi ne veux-tu pas parler ?"
"Mais pour les mêmes raisons que les autres ! Pour toutes à la fois
car elles sont toutes justes..."
"Beaucoup de raisons. Et il y en a une qu'on n'a pas dite.
260.2 – Maintenant c'est Moi qui juge, et mon jugement est sans
appel. Toi, Simon de Jonas, tu parleras comme dit le Thaddée, et il le dit
avec sagesse. Et toi, Judas de Simon, tu parleras aussi. Ainsi, une des
multiples raisons, celle que Dieu connaît et toi aussi, cessera
d'exister."
"Maître, crois-le, il n'y a rien d'autre..." cherche à répliquer
Judas.
Mais Pierre lui coupe la parole en disant :
"Oh ! Seigneur ! Moi, parler en ta présence ? Je ne
réussirai pas. J'ai peur de te faire rire..."
"Tu ne veux pas être seul, tu ne veux pas être avec Moi... Que veux-tu,
alors ?"
"Tu as raison. Mais... que dois-je dire ?"
"Regarde ton frère, qui vient avec les agneaux. Aide-le, et pendant
qu'ils cuisent, penses-y. Tout sert à trouver des sujets."
"Même un agneau sur la flamme ?" demande Pierre incrédule.
"Oui. Obéis."
Pierre pousse un soupir vraiment pitoyable, mais ne réplique plus. Il va à la
rencontre d'André et l'aide à embrocher les animaux dans un bâton taillé
en pointe qui fait office de broche, et il se met à surveiller la cuisson
avec sur le visage une concentration qui lui donne l'air d'un juge au moment
de la sentence.
"Allons à la rencontre des femmes, Judas de Simon" commande Jésus.
Et il s'en va vers les champs désolés de Doras.
"Un bon disciple ne méprise pas ce que le Maître ne méprise pas,
Judas" dit-il après un moment et sans préambule.
"Maître, je n'ai pas de mépris. Mais, comme Barthélemy, je sens que je
ne serais pas compris et je préfère me taire."
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251> "Nathanaël le fait parce
qu'il craint de ne pas satisfaire mon désir, c'est-à-dire éclairer et soulager
les cœurs. Il fait mal, lui aussi, parce qu'il manque de confiance dans le
Seigneur. Mais tu fais beaucoup plus mal, parce que, chez toi, ce n'est pas
la peur de n'être pas compris mais dédain de te faire comprendre par de
pauvres paysans ignorants en tout, sauf en matière de vertu. En cette
matière, ils surpassent vraiment beaucoup d'entre vous. Tu n'as encore rien
compris, Judas. L'Évangile est justement la Bonne Nouvelle apportée aux
pauvres, aux malades, aux esclaves, à ceux qui sont désolés. Ensuite, elle sera aussi pour les autres, mais c'est
précisément pour que ceux qui subissent les malheurs aient de l'aide et du
réconfort, qu'elle est donnée."
Judas baisse la tête et ne répond pas.
260.3 – D'un bosquet débouchent Marie, Marie de Cléophas et
Suzanne.
"Mère, je te salue ! La paix-à vous, femmes !"
"Mon Fils ! J'étais allé chez ces gens... torturés. Mais j'ai eu une
bonne nouvelle pour ne pas me faire souffrir outre mesure, Doras s'est
débarrassé de ces terres et Yokhanan (Giocana) les a prises. Ce n'est pas le
paradis... mais ce n'est plus l'enfer. L'intendant l'a dit aujourd'hui aux
paysans. Lui est déjà parti, emportant sur les chars jusqu'au dernier grain
de blé et les laissant tous sans vivres. Et comme le surveillant de Yokhanan
n'a aujourd'hui des vivres que pour les siens, ceux de Doras auraient dû
rester sans manger. Cela a été vraiment une providence d'avoir ces
agneaux !"
"C'est une providence aussi qu'ils n'appartiennent plus à Doras. Nous
avons vu leurs maisons... des porcheries..." dit Suzanne scandalisée.
"Ils sont tout heureux, ces pauvres !" termine Marie de
Cléophas.
"Moi aussi, je suis content. Ils seront toujours mieux
qu'auparavant" répond Jésus qui revient vers les apôtres.
Jean d'En-Dor le rejoint avec des brocs d'eau qu'il porte avec Hermastée.
"Ce sont ceux de Yokhanan qui nous les ont donnés" explique-t-il
après avoir vénéré Jésus.
Tous reviennent à l'endroit où rôtissent les deux agneaux au milieu de nuées
de fumée grasse. Pierre continue à tourner sa broche et, pendant ce temps,
rumine ses pensées. De son côté, Jude Thaddée, tenant son frère par la
taille, va de long en large en parlant sans arrêt.
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253> Pour
les autres, c'est qui apporte du bois, à qui prépare... la table, en
apportant de grosses pierres pour servir de sièges ou de tables, je ne sais.
260.4 – Arrivent
les paysans de Doras, encore plus maigres et plus déguenillés. Mais tellement
heureux ! Ils sont une vingtaine et il n'y a même pas un enfant, ni une
femme. Pauvres hommes seuls...
"La paix soit à vous tous, et bénissons ensemble le Seigneur de vous
avoir donné un meilleur maître. Bénissons-le en priant pour la conversion de
celui qui vous a tant fait souffrir. N'est-ce pas ? Tu es heureux, vieux
père ? Moi aussi. Je pourrai venir plus souvent avec l'enfant. Ils t'en
ont parlé ? Tu pleures de joie, n'est-ce pas ? Viens, viens sans
crainte..." dit-il en parlant avec le grand-père de Marziam, qui tout
courbé Lui baise les mains en pleurant et murmurant :
"Je ne demande plus rien au Très-Haut. Il m'a donné plus que je ne
demandais. Maintenant je voudrais mourir par peur de vivre si longtemps
encore que je retombe dans mes souffrances."
Un peu embarrassés de se trouver avec le Maître, les paysans ont vite fait de
s'enhardir. Sur de larges feuilles étendues sur les pierres qu'on a apportées
auparavant, on dépose les deux agneaux et on fait les parts en déposant
chacune sur une mince et large fouace qui sert de plat. Ils sont déjà
tranquilles dans leur simplicité et mangent avec appétit, rassasiant la faim
qu'ils ont accumulée et parlant des derniers événements.
L'un d'eux dit :
"J'ai toujours maudit les sauterelles, les taupes et les fourmis. Mais
désormais elles me sembleront autant de messagères du Seigneur car c'est
grâce à elles que nous avons quitté l'enfer."
Bien que la comparaison des sauterelles et des fourmis aux troupes angéliques
soit un peu forte, personne ne rit, parce que tout le monde sent le tragique
qui se cache sous ces mots.
La flamme illumine ce groupe de personnes, mais les visages ne sont pas
tournés vers la flamme et il en est peu qui regardent ce qu'ils ont devant
eux. Tous les yeux se portent sur le visage de Jésus, ne s'en détournant que
pour un instant quand Marie d'Alphée, qui s'occupe de faire les parts, revient
mettre une nouvelle portion sur les fouaces des paysans affamés, et termine
son travail en enveloppant deux gigots rôtis dans d'autres larges feuilles en
disant au grand-père de Marziam :
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254> "Tiens.
Vous en aurez encore une bouchée chacun, demain. En attendant, le surveillant
de Yokhanan pourvoira."
"Mais vous…"
"Nous, nous serons moins chargés. Prends, prends, homme."
Des deux agneaux il ne reste que les os rongés et une odeur persistante de
gras fondu qui brûle encore sur le bois qui s'éteint, remplacé pour
l'éclairage par le clair de lune.
260.5 – Les
paysans de Yokhanan se réunissent aussi aux autres. C'est le moment de
parler.
Les yeux bleus de Jésus se lèvent cherchant Judas Iscariote qui s'est mis
près d'un arbre, un peu dans l'ombre. Et comme il fait semblant de ne pas
comprendre ce regard, Jésus appelle à haute voix :
"Judas !" Et il le force à se lever et à se présenter.
"Ne t'écarte pas. Je te prie d'évangéliser à ma place. Je suis très
fatigué, et si je n'étais pas arrivé ce soir, vous auriez bien dû parler,
vous !"
"Maître... je ne sais que dire...
Pose-moi au moins des questions."
"Ce n'est pas à Moi de le faire. À vous : que désirez-vous entendre
ou voulez-vous avoir des explications ?" demande-t-il ensuite aux
paysans.
Les hommes se regardent l'un l'autre... ils sont embarrassés... Enfin un
paysan demande :
"Nous avons connu la puissance du Seigneur et sa bonté, mais nous savons
bien peu de chose de sa doctrine. Peut-être nous pourrons en savoir davantage,
maintenant que nous sommes avec Yokhanan. Mais nous avons un vif désir de
savoir quelles sont les choses indispensables qu'il faut faire pour obtenir
le Royaume que le Messie promet. Avec ce rien que nous pouvons faire,
pourrons-nous l'obtenir ?"
Judas répond :
"Il est certain que vous êtes dans des conditions très pénibles. Tout en
vous et autour de vous se ligue pour vous éloigner du Royaume. La liberté que
vous n'avez pas de venir au Maître quand il vous semble bon, le fait d'être
serviteur d'un maître qui, s'il n'est pas une hyène comme Doras est,
quoiqu'il en soit un molosse qui tient prisonniers ses serviteurs, les
souffrances et l'avilissement où vous êtes, sont autant de conditions
défavorables à votre
élection au Royaume.
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255> C'est
qu'il vous sera difficile de ne pas avoir en vous des ressentiments et des
sentiments de rancœur, de critique et de vengeance à l'égard de celui qui
vous traite durement. Et le minimum nécessaire, c'est d'aimer Dieu et le
prochain. Sans cela, il n'y a pas de salut. Vous devez veiller à maintenir
votre cœur dans une soumission passive à la volonté de Dieu qui se manifeste
dans votre sort et vous devez supporter avec patience votre maître, sans même
laisser à votre pensée la liberté d'un jugement qui certainement ne pourrait
être bienveillant à l'égard de votre maître, ni de remerciement pour votre...
pour votre... En somme, vous ne devez pas réfléchir pour ne pas vous
révolter, car cette révolte tuerait l'amour. Et celui qui n'a pas l'amour n'a
pas le salut, car il contrevient au premier commandement. Moi, cependant, je
suis pour ainsi dire certain que vous pourrez vous sauver car je vois en vous
de la bonne volonté unie à la douceur d'âme qui donne l'espoir que vous
saurez tenir loin de vous la haine et l'esprit de vengeance. Du reste, la
miséricorde de Dieu est si grande qu'il vous pardonnera ce qui manque encore
à votre perfection."
260.6 – Un
silence. Jésus reste la tête très penchée, ce qui empêche de voir
l'expression de son visage. Mais on peut voir les autres visages, et ce ne
sont vraiment pas des visages heureux. Les paysans semblent plus humiliés
qu'auparavant, les apôtres et les femmes sont stupéfaits, je dirais presque
épouvantés.
"Nous chercherons à ne faire surgir en nous aucune pensée qui ne soit de
patience et de pardon." répond humblement le vieillard.
Un autre paysan dit en soupirant :
"Il nous sera sûrement difficile d'arriver à la perfection de l'amour.
Pour nous, c'est déjà beaucoup de ne pas être devenus assassins de ceux qui
nous torturent ! L'esprit souffre, souffre, souffre, et même s'il ne
hait pas, il a du mal à aimer comme ces enfants émaciés qui ont du mal à
grandir..."
"Mais non, homme. Moi, au contraire, je crois
que justement parce que vous avez tant souffert sans en arriver à
l'assassinat et à la vengeance, vous avez l'esprit plus fort que le nôtre en
fait d'amour. Vous aimez sans même le remarquer" dit Pierre pour les
consoler.
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256> 260.7 – Pierre
s'aperçoit qu'il a pris la parole et s'interrompt pour dire :
"Oh ! Maître !... Mais... tu m'as dit que je devais parler...
et même d'illustrer mes dires par l'agneau que je faisais rôtir. J'ai
continué de le regarder pour chercher de bonnes paroles à l'intention de nos
frères, dans leur situation. Mais certainement, parce que je suis sot, je
n'ai rien trouvé qui convienne et, je ne sais comment, je me suis trouvé très loin dans des
pensées dont je ne sais dire si elles sont extravagantes et alors elles sont
bien de moi, ou saintes et alors elles sont sûrement venues du Ciel. Je les
dis comme elles me sont venues et Toi, Maître, tu m'en donneras l'explication
ou tu me désapprouveras et vous tous compatirez.
Je regardais donc, en premier lieu, la flamme, et il m'est venu cette
pensée : "Voilà : de quoi est faite la flamme ? Du bois.
Mais le bois, par lui-même ne s’enflamme pas. Et même, s'il n'est pas bien
sec, il ne s'allume pas du tout car l'eau l'alourdit et empêche l'amadou de
l'enflammer. Le bois, quand il est mort, arrive à pourrir et à se réduire en
poussière par l'action des vers mais, par lui-même, il ne s'allume pas. Et
voilà que, si quelqu'un l'arrange d'une manière convenable et en approche
l'amadou et le briquet et fait surgir l'étincelle et favorise l'allumage en
soufflant sur les brindilles pour faire grandir la flamme, car on commence
toujours par les branches les plus fines, voilà que la flamme surgit et
devient belle et utile et elle envahit tout, même les grosses bûches".
Et je me disais : "Nous sommes le bois. Par nous-mêmes, nous ne
nous allumons pas. Mais pourtant il faut prendre soin de ne pas trop nous
laisser imprégner par les lourdes eaux de la chair et du sang pour permettre
à l'amadou de nous allumer. Et nous devons désirer d'être brûlés car, si nous
restons inertes, nous pouvons être détruits par les intempéries et les vers,
c'est-à-dire par l'humanité et le démon. Alors que, si nous nous abandonnons
au feu de l'amour, il commencera par brûler les brindilles et les détruira -
et pour moi, ces brindilles, c'étaient les imperfections - et puis croîtra et
attaquera les bûches les plus grosses, c'est-à-dire les passions les plus
fortes.
Et nous, le bois, chose matérielle, dure, opaque, grossière aussi, nous
deviendrons cette chose belle, immatérielle, agile, qu'est la flamme et tout
cela parce que nous nous serons prêtés à l'amour qui est le briquet et
l'amadou qui, de notre être misérable d'hommes pécheurs font l'ange du temps
futur, le citoyen du Royaume des Cieux". Cela a été ma première
pensée."
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257> 260.8 – Jésus
a levé un peu la tête et reste à écouter, les yeux fermés, avec une ombre de
sourire sur les lèvres. Les autres regardent Pierre, encore étonnés, mais ne
sont plus effrayés.
Lui continue tranquillement.
"Une autre pensée m'est venue en regardant les animaux qui cuisaient. Ne
dites pas que mes pensées sont puériles. Le Maître m'a dit de les chercher
dans ce que je voyais... Et j'ai obéi.
Je regardais donc les animaux et je me disais : "Voilà, ce sont
deux êtres innocents et doux. Notre Ecriture est pleine de douces allusions à
l'agneau, à la fois pour rappeler Celui qui est le Messie promis
et Sauveur depuis le moment où il fut représenté par l'agneau mosaïque, et
pour dire que Dieu aura pitié de nous. C'est ce que disent les prophètes. Il
vient rassembler ses brebis, secourir ceux qui sont blessés, porter ceux qui
ont un membre fracturé. Quelle bonté !" je me disais. "Comme
il ne faut pas avoir peur d'un Dieu qui nous promet tant de pitié pour nous,
misérables ! Mais" me disais-je encore, "il faut être doux,
doux au moins, puisque nous ne sommes pas innocents. Doux et désireux d'être
consumés par l'amour, car même l'agneau le plus doux et le plus pur, que devient-il
une fois tué, si la flamme ne le cuit pas ? Une charogne putride, alors
que si le feu l'enveloppe, il devient une nourriture saine et bénie".
Et je concluais : "En somme, tout le bien est fait par l'amour. Il
nous dépouille des lourdeurs de l'humanité, nous rend brillants et utiles,
nous rend bons pour les frères et agréables à Dieu. Il sublime nos bonnes
qualités naturelles en les portant à une hauteur où elles prennent le nom de
vertus surnaturelles. Et qui est vertueux est saint, qui est saint possède le
Ciel. Car ce qui ouvre les chemins de la perfection, ce n'est pas la science
et ce n'est pas la peur, mais c'est l'amour. Lui, beaucoup plus
que la crainte du châtiment, nous tient éloignés du mal par le désir de ne
pas contrister le Seigneur. Il nous donne de la compassion pour nos frères et
de l'amour, parce qu'ils viennent de Dieu. L'amour est donc le salut et la
sanctification de l'homme".
Voilà ce que je pensais en regardant mon rôti et en obéissant à mon Jésus. Et
pardonnez-moi s'il n'y a que ces seules pensées. Mais à moi, elles m'ont fait
du bien. Je vous les donne dans l'espoir qu'elles vous fassent du bien, à
vous aussi."
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258> 260.9 – Jésus
ouvre les yeux. Il est radieux. Il allonge le bras et pose sa main sur
l'épaule de Pierre :
"En vérité, tu as trouvé les paroles qu'il fallait. L'obéissance et
l'amour te les ont fait trouver. L'humilité et le désir de donner des
consolations aux frères feront d'elles tant d'étoiles dans la nuit de leur
ciel. Que Dieu te bénisse, Simon de Jonas !"
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