Vision du mercredi 30
mai 1945
147/148> Il y a 40 ans -
30-5-1905 - je recevais la Confirmation de la main du Cardinal Andréa Ferrari .
175.1 – Au milieu des fleurs
innombrables qui parfument le sol et égayent la vue, se dresse l'horrible spectre
d'un lépreux, couvert de plaies qui exhalent une odeur fétide, rongé par la
lèpre.
Les gens crient, épouvantés, et se retirent de nouveau sur
les premières pentes de la montagne. Certains prennent même des pierres pour
les lancer à l'imprudent. Mais Jésus
se retourne, les bras ouverts, en criant : "Paix ! Restez où
vous êtes et n'ayez pas peur. Déposez les pierres. Ayez pitié de ce pauvre
frère. Lui aussi est fils de Dieu."
Les gens obéissent, subjugués par l'autorité du Maître. Lui s'avance à
travers les hautes herbes fleuries jusqu'à quelques pas du lépreux qui, à son
tour, s'est approché quand il a compris que Jésus le protégeait. Arrivé près
de Jésus, il se prosterne et l'herbe fleurie l'accueille et le submerge comme
une eau fraîche et parfumée. Les fleurs qui ondoient semblent étendre un
voile sur les misères qu'elles cachent. Seule la voix lamentable qui en sort
rappelle qu'il y a là un pauvre être. Elle dit :
"Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier. Aie aussi pitié de
moi !"
Jésus répond :
"Lève ton visage et regarde Moi. L'homme doit savoir regarder le Ciel
quand il y croit. Et toi, tu crois, puisque tu l’implores."
Les herbes remuent et s'ouvrent de nouveau. Le visage du lépreux apparaît
comme la tête d'un naufragé qui émerge de la mer, sans cheveux et sans barbe.
Un crâne où il resterait encore de l'épiderme. Cependant Jésus ose poser la
pointe de ses doigts sur ce front, là où il est net, sans plaies, où il n'y a
qu'une peau cireuse, écailleuse entre deux érosions purulentes dont l'une a
détruit le cuir chevelu et dont l'autre a ouvert un trou là où se trouvait
l’œil droit. Je ne saurais dire si dans cet énorme cavité qui s'étend de la
tempe au nez en mettant à nu le zygoma
et les cartilages du nez, remplie de saleté, il y a encore ou non le globe
oculaire.
Jésus dit, en tenant sa belle main appuyée par son extrémité, là :
"Je le veux. Sois purifié ."
Comme si l'homme n'était pas rongé par la lèpre et couvert de plaies, mais
seulement recouvert de crasses sur lesquelles on aurait versé un détergent
liquide, voilà que la lèpre disparaît. Tout d'abord les plaies se ferment, la
peau redevient claire, l’œil droit réapparaît entre les paupières qui se sont
reformées, les lèvres se referment sur les dents jaunâtres. Seuls les cheveux
et la barbe restent absents avec de rares touffes de poils là où il y avait
encore un reste d'épiderme sain.
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La foule crie de stupeur et l'homme comprend qu'il est guéri en entendant ces
cris de joie. Il lève ses mains, jusqu'alors cachées par les
herbes, et se touche l’œil là où il y avait l'énorme trou. Il se touche la tête,
là où était la grande plaie qui couvrait le crâne et il palpe la nouvelle
peau. Alors il se lève et se regarde la poitrine, les hanches... Tout est
sain et propre... L'homme s'affaisse de nouveau dans le pré fleuri, pleurant
de joie.
"Ne pleure pas. Lève-toi et écoute-moi. Reviens à la vie en observant le
rite et ne parle à personne jusqu'à ce qu'il soit accompli. Montre-toi le
plus tôt possible au prêtre. Fais l'offrande prescrite par Moïse en
témoignage du miracle survenu de ta guérison."
"C'est à Toi que je devrais rendre témoignage, Seigneur !"
"Tu le feras en aimant ma Doctrine. Va."
175.2 – La foule s'approche de nouveau
et, tout en se tenant à la distance imposée, félicite le miraculé. Certains
éprouvent le besoin de lui donner un viatique pour son voyage et lui jettent
des pièces de monnaie. D'autres lui jettent du pain et des vivres. Un homme,
voyant l'habit du lépreux qui n'est qu'une loque qui le couvre mal, enlève
son manteau, en fait un paquet et le jette au lépreux qui peut ainsi se
couvrir d'une manière décente. Un autre, car la charité est contagieuse quand
on est en groupe, ne résiste pas au désir de lui fournir des sandales. Il
enlève les siennes et les lui jette.
"Mais, et toi ?" lui demande Jésus qui le voit faire.
"Oh! j'habite tout près d'ici. Je puis marcher pieds nus. Lui a une
longue route à faire."
"Que Dieu te bénisse et tous ceux qui ont rendu service à ce frère.
Homme, tu prieras pour eux."
"Oui, oui, pour eux et pour Toi, pour que le monde ait foi en Toi."
"Adieu. Va en paix."
L'homme s'éloigne de quelques mètres, et puis il se retourne et crie :
"Mais, au prêtre, je puis dire que c'est Toi qui m'as guéri ?"
"Non. Il ne faut pas. Dis-lui seulement: "Le Seigneur a eu pitié de
moi". C'est la pure vérité. Il ne faut rien d'autre."
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150> 175.3 – Les gens se serrent autour du
Maître, font un cercle qui ne veut s'ouvrir à aucun prix. Mais, entre-temps,
le soleil est descendu. C'est le commencement du repos sabbatique.
Les pays sont loin. Mais les gens ne regrettent pas les pays, les vivres,
rien. Cependant les apôtres s'en préoccupent et en parlent à Jésus. Même les
disciples les plus âgés se préoccupent. Il y a les femmes et les enfants et,
si la nuit est tiède, et soyeuse l'herbe des prés, les étoiles ne sont pas du
pain et les pierres des talus ne donnent pas de quoi manger.
Jésus est le seul qui ne s'en soucie pas. Les gens, en
attendant, mangent ce qui leur reste comme si de rien n'était et Jésus le
fait remarquer aux siens :
"En vérité, je vous dis que ces gens-là
vous sont supérieurs ! Regardez avec quelle insouciance ils expédient ce
qui leur reste. Je leur ai dit : "Ceux qui ne peuvent croire que
demain Dieu donnera de la nourriture à Ses enfants, qu'ils se retirent",
et eux sont restés .
Dieu ne démentira pas son Messie et ne décevra pas ceux qui espèrent en
Lui."
Les apôtres haussent les épaules et ne s'occupent plus d'autre chose.
Après un rouge crépuscule, la nuit descend tranquille et belle et le silence
de la campagne s'étend sur toutes choses après une dernière sérénade donnée
par les oiseaux. Quelques bruissements du vent, et puis le vol silencieux
d'un oiseau de nuit au moment où se lève la première étoile et au premier
coassement d'une grenouille.
Les enfants dorment déjà. Les adultes parlent entre eux et de temps à autre
quelqu'un va auprès du Maître Lui demander un éclaircissement.
175.4 – Aussi on ne s'étonne pas
lorsque, par un sentier entre deux champs de blé, on voit venir un personnage
à l'aspect imposant par sa tenue et par son âge. Derrière lui des hommes le
suivent. Tout le monde se retourne pour le voir et on se le montre en
chuchotant. Un murmure court d'un groupe à l'autre, se ranime et s'éteint.
Les groupes les plus éloignés s'approchent, attirés par la curiosité.
L'homme qui a un noble aspect rejoint Jésus qui, assis
au pied d'un arbre, écoute des hommes, et le salue profondément. Jésus se
lève tout de suite et répond au salut avec le même respect. Ceux qui sont là
sont toute attention.
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151> "J'étais sur la montagne et peut-être
as-tu pensé que je manquais de foi puisque je m'en allais pour ne pas rester
à jeun. Mais je suis parti pour un autre motif. Je voulais être un frère
parmi les frères, le frère aîné. Je voudrais te dire à part ce que je pense.
Peux-tu m'écouter ? Je ne te suis pas hostile bien que je sois un scribe ."
"Allons un peu plus loin..."
Et ils s'en vont au milieu des champs de blé.
"Je voulais pourvoir à la nourriture des pèlerins et je suis descendu
pour ordonner de faire du pain pour toute cette foule. Tu vois que je suis
dans l'espace légal car ces champs m'appartiennent, et d'ici à la cime c'est
un chemin qu'on peut faire pendant le sabbat .
Je serais venu demain avec mes serviteurs, mais j'ai appris que tu es ici
avec la foule. Je te prie de me permettre de pourvoir à leur nourriture
pendant le sabbat. Autrement il me déplairait d'avoir renoncé à t'écouter
pour rien."
"Jamais pour rien, car le Père t'aurait, par ses lumières, donné une
compensation. Mais je te remercie et je ne vais pas te décevoir. Je te fais
seulement observer que la foule est nombreuse."
"J'ai fait chauffer tous les fours, même ceux qui servent à sécher les
denrées, et j'arriverai à avoir du pain pour tout le monde."
"Ce n'est pas pour cela. Je voulais parler de la quantité de
pain..."
"Oh ! Cela ne me dérange pas. L'an dernier j'ai eu beaucoup de
grain. Cette année, tu vois les épis. Laisse-moi faire. Ce sera la meilleure
garantie pour ma récolte. Et puis, Maître... Tu m'as donné un tel pain
aujourd'hui... Toi, oui, tu es le Pain de l’esprit."
"Qu'il en soit alors comme tu veux. Viens que nous le disions aux
pèlerins."
"Non. Tu l'as dit."
"Et tu es scribe ?"
"Oui, je le suis."
"Que le Seigneur t'amène où ton cœur le mérite."
"Je comprends ce que tu ne dis pas. Tu veux dire : à la Vérité.
Parce qu'en nous il y a beaucoup d'erreur et... et beaucoup de
malveillance."
"Qui es-tu ?"
"Un fils de Dieu. Prie le Père pour moi. Adieu. "
"La paix soit avec toi."
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152> 175.5 – Jésus revient lentement vers
les siens pendant que l'homme s'en va avec ses serviteurs.
"Qui était-ce ? Que voulait-il ? T'a-t-il dit quelque chose de
désagréable ? A-t-il des malades ?" Jésus est assailli de
questions.
"Qui il est, je ne sais pas. C'est-à-dire je sais que c'est une âme
bonne et cela me..."
"C'est Jean, le scribe" dit quelqu'un de la foule.
"Eh bien, je le sais maintenant que tu le dis. Il voulait simplement
être le serviteur de Dieu auprès de ses fils. Priez pour lui car demain nous
mangerons tous grâce à sa bonté."
"C'est vraiment un juste" dit quelqu'un.
"Oui. Je ne sais pas comment il peut être l'ami des autres"
commente un autre.
"Bandé, comme un nouveau-né de scrupules et de règles, mais il n'est pas
mauvais" termine un troisième.
"Est-ce que ces champs sont à lui ?" demande un grand nombre
de gens qui ne sont pas du pays.
"Oui, je crois que le lépreux était un de ses serviteurs ou de ses
paysans, mais il le tolérait dans le voisinage et je crois qu'il le
nourrissait aussi."
La conversation continue et Jésus s'en dégage en appelant près de lui les
douze auxquels il demande :
"Et maintenant, que dois-je vous dire pour votre incrédulité ? Le
Père ne nous a-t-il pas envoyé du pain pour nous tous par les mains de
quelqu'un dont la caste m'est hostile ? Oh ! hommes de peu de
foi !... Mais allez dormir dans les foins moelleux. Je vais prier le
Père pour qu'il ouvre vos cœurs et pour Le remercier de sa bonté. Paix à
vous."
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