Le samedi 17 mars
1945.
384> 132.1 - "Mes enfants dans le
Seigneur, la fête de la Purification est maintenant imminente, et Moi, Lumière du monde, je
vous y envoie, préparés avec le minimum nécessaire pour bien la célébrer.
C'est la première lumière de fête d'où vous tirerez la lumière pour toutes
les autres. Il serait bien sot celui qui prétendrait allumer une foule de
lumières sans avoir la possibilité d'allumer la première. Et encore bien plus
sot serait celui qui prétendrait commencer sa sanctification par des choses
plus ardues, en négligeant ce qui est à la base de l'édifice immuable de la
perfection: le Décalogue
.
132.2 - On
lit dans les Macchabées que Judas avec les
siens, ayant, grâce à la protection du Seigneur, repris le Temple et la Cité , détruisit les autels des dieux étrangers et leurs
sanctuaires et purifia le Temple. Puis il dressa un autre autel, se
procura du feu avec les pierres à feu, offrit les sacrifices, fit brûler
l'encens, posa les lumières et les pains de proposition . Puis tous prosternés par terre, ils supplièrent le
Seigneur de faire en sorte de ne plus les faire pécher, ou bien, si par leur
faiblesse, ils seraient de nouveau tombés dans le péché; qu'ils soient
traités avec une miséricorde divine . Et ceci arriva le 25 du mois de Casleu
.
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385> Réfléchissons et appliquons ce récit à
nous-mêmes, car toute parole de l'histoire d'Israël, et donc du peuple élu, a
un sens spirituel. La vie est toujours un enseignement. La vie d'Israël
est un enseignement non seulement pour les jours de la terre, mais aussi pour
la conquête des jours éternels.
"Ils détruisirent les autels et
les sanctuaires païens" .
C'est la première opération, celle que je
vous ai indiquée de faire, en vous nommant les dieux individuels qui se
substituent au Dieu vrai : les idolâtries des sens, de l'or, de
l'orgueil, les vices capitaux qui mènent à la profanation, à la mort de l'âme
et du corps et au châtiment de Dieu.
Je ne vous ai pas écrasés sous les innombrables formules qui maintenant
oppriment les fidèles et forment un prétendu rempart à la vraie Loi,
alourdie, cachée sous des tas et des tas de défenses toutes extérieures. En l'alourdissant, ils conduisent le fidèle
à perdre de vue la linéaire, claire et sainte voix du Seigneur qui dit
de : "Ne pas blasphémer. Ne pas être idolâtre. Ne pas profaner les
fêtes. Ne pas déshonorer ses parents. Ne pas tuer. Ne pas commettre
l'impureté. Ne pas voler. Ne pas mentir. Ne pas envier le bien d'autrui. Ne
pas désirer la femme d'autrui". Dix
"non". Pas un de plus. Et ce
sont les dix colonnes du temple de l'âme . Au-dessus resplendit l'or du précepte saint entre
tous : "Aime ton Dieu. Aime ton prochain". C'est le
couronnement du temple. C'est la protection des fondements. C'est la gloire
du constructeur . Sans l'amour, personne ne pourrait obéir aux
dix commandements et les colonnes tomberaient toutes ou quelques-unes et le
temple s'écroulerait complètement ou en partie. Mais de toute façon il ne
serait que ruines et ne pourrait plus accueillir le Très Saint.
Faites ce que je vous ai dit, en abattant les trois concupiscences. Donnez
franchement un nom à votre vice comme Dieu use de franchise pour vous
dire : "Ne faites pas ceci et cela". Inutile de
subtiliser sur les termes. Celui qui a un amour plus fort que celui
qu'il donne à Dieu, quel que soit cet amour, est un idolâtre.
Qui nomme Dieu en faisant profession de Le servir et ensuite Lui désobéit,
est un rebelle. Celui qui par cupidité travaille le sabbat est un profanateur
et il est un méfiant et présomptueux. Celui qui refuse de secourir ses
parents, en alléguant de faux prétextes, même s'il affirme que ce sont des
ressources données à Dieu, est haï de Dieu qui a établi pères et mères à son
image sur la terre.
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386> Celui qui tue est toujours un
assassin. Celui qui commet l'impureté est toujours un luxurieux. Celui qui
dérobe est toujours un voleur. Celui qui ment est toujours abject. Celui qui
veut ce qui ne lui appartient pas est toujours un gourmand qui a la faim la
plus exécrable. Celui qui profane la couche nuptiale est toujours un être
immonde.
Il en est ainsi. Et je vous rappelle qu'après l'érection du veau d'or,
survint la colère du Seigneur ;
après l'idolâtrie de Salomon ,
le schisme qui divisa et affaiblit Israël ;
après avoir accepté l'hellénisme et même après l'avoir bien accueilli par
l'entremise de Juifs indignes sous Antiochus Épiphane ,
on a vu surgir nos malheurs actuels, spirituels, économiques et nationaux .
Je vous rappelle que Nadab et Abiu ,
faux serviteurs de Dieu, furent frappés par Jéhovah . Je vous rappelle que la manne, tombée le sabbat,
n'était pas sainte . Je vous rappelle Cam et Absalon . Je vous rappelle le péché de David au détriment d'Urie
et celui d'Absalon au détriment d'Amnon
. Je vous rappelle la
fin d'Absalon et celle d’Amnon . Je vous rappelle le sort du voleur Héliodore
, et de Simon
et de Ménélaus . Je vous rappelle la fin honteuse des deux
calomniateurs qui avaient produit un faux témoignage contre Suzanne . Et je pourrais continuer sans fin de pareils exemples.
132.3 - Mais,
revenons aux Macchabées.
"Et ils purifièrent le
Temple".
Il ne suffit pas de dire : "Je détruis". Il faut dire :
"Je purifie". Je vous ai dit comment l'homme se purifie par un
repentir humble et sincère. Il n'est pas de péché que Dieu ne
pardonne si le pécheur est réellement repenti. Ayez foi dans la Bonté Divine.
Si vous pouviez arriver à comprendre ce qu'est cette Bonté, même si vous
aviez sur vous tous les péchés du monde, vous ne fuiriez pas loin de Dieu,
mais plutôt vous courriez à ses pieds car seul le Très Bon peut pardonner ce
que l'homme ne pardonne pas.
"Et ils élevèrent un autre
autel" .
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387> Oh ! n'essayez pas de tromper
le Seigneur. Ne soyez pas faux dans vos actions. Ne mélangez pas Dieu et
Mammon. Vous auriez un autel vide : celui de Dieu. Car il est inutile
d'élever un nouvel autel s'il subsiste encore des restes de l'autre. Ou Dieu,
ou l'idole. Choisissez.
"Et ils allumèrent le feu avec
la pierre et l'amadou" .
La pierre, c'est la ferme volonté d'appartenir à Dieu. L'amadou, c'est le désir
d'anéantir par tout le reste de votre vie, jusqu'au souvenir de votre péché
dans le cœur de Dieu. Voici alors que jaillit le feu : l'amour. Car le fils
qui cherche à réconforter, par toute une vie d'honneur, le père qu'il a
offensé, que fait-il, sinon aimer le père en voulant que son fils le
réjouisse, lui qui autrefois était cause de larmes et à présent de
joie ? Et maintenant, arrivés à cet état, vous pouvez offrir les
sacrifices, brûler de l'encens, apporter des lumières et des pains .
Les sacrifices ne seront pas odieux à Dieu, et agréables Lui seront au
contraire les prières, l'autel sera vraiment éclairé, riche des aliments de
votre offrande journalière. Vous pourrez prier en disant : "Sois
pour nous un protecteur" ,
car Lui sera votre ami.
Mais sa miséricorde n'a pas attendu que vous criiez pitié. Elle a prévenu
votre désir et vous a envoyé la Miséricorde pour vous dire :
"Espérez. Je vous le dis :
Dieu vous pardonne. Venez au Seigneur".
Il y a déjà un autel parmi vous : l'autel nouveau . De lui jaillissent des fleuves de lumière et de
pardon. Ils se répandent comme l'huile, guérissent, donnent la force. Croyez
en la parole qui vient de lui. Pleurez avec Moi sur vos péchés. Comme le lévite
dirige le chœur, je dirige vos voix vers Dieu et Il ne repoussera pas votre
gémissement s'il est uni à ma voix. Avec vous je m'anéantis, Frère des hommes
par la chair, Fils du Père par l'esprit, et je dis pour vous, avec vous : "De ce profond abîme où Moi-l'Humanité,
je suis tombé, je crie vers Toi Seigneur .
Écoute la voix de celui qui se regarde et soupire, et ne ferme pas tes
oreilles à mes paroles .
C'est horrible de me voir, ô Dieu. Horrible je suis aussi à mes yeux !
Et que serai-je aux tiens ? Ne regarde pas mes fautes, Seigneur, car
autrement je ne pourrai me tenir en ta présence, mais use envers moi de ta miséricorde .
Tu l'as dit : 'Je suis la Miséricorde'. Et je crois en ta parole. Mon
âme, blessée et abattue, se confie à Toi, se fie à tes promesses
,
et de l'aube à la nuit de la jeunesse à la vieillesse j'espérerai en Toi ".
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388>
132.4 - Coupable
d'homicide
et d'adultère, réprouvé de Dieu ,
David obtint pourtant son pardon après avoir crié au Seigneur :
"Aie pitié non pas à cause de mon respect, mais pour l'honneur de
ta miséricorde qui est infinie. Et à cause d'elle, efface mon péché . Il n'y a pas d'eau qui puisse laver mon cœur si elle
n’est pas puisée dans les eaux profondes de ta sainte bonté. Lave-moi par
elle de mon iniquité et purifie-moi de ma souillure . Je ne nie pas mon péché et je reconnais même ma faute
et elle est toujours devant moi comme un témoin qui m'accuse
. J'ai offensé l'homme dans le prochain et en moi-même,
mais je regrette surtout d'avoir péché contre Toi. Et que cela te dise que je
reconnais que Tu es juste en tes paroles et que je crains ton jugement qui
triomphe de toute puissance humaine . Mais considère, ô Éternel, que je suis né dans le
péché et que pécheresse était celle qui m'a conçu , et que aussi Tu m'as aimé au point d'en arriver à me
dévoiler ta sagesse et que Tu me l'as donnée, comme maîtresse pour comprendre
les mystères de tes plus sublimes vérités. Et si Tu as tant fait pour moi,
dois-je craindre de Toi ? Non, je ne crains pas . Asperge-moi avec l'amertume de la douleur et je serai
purifié. Lave-moi par les larmes et je deviendrai comme la neige des montagnes . Fais-moi entendre ta voix, et ton serviteur humilié
exultera, parce que ta voix est joie et gaieté, même si elle réprimande . Tourne ton visage vers mes péchés. Ton regard effacera
mon iniquité. Le cœur que Tu m'as donné a été profané par Satan et par la
faiblesse de mon humanité . Crée en moi un cœur nouveau qui soit pur, et détruis
ce qui est corruption dans les viscères de ton serviteur, pour que règne
uniquement en lui un esprit droit . Mais ne me chasse pas de ta présence et ne m'enlève
pas ton amitié parce que seul le salut qui vient de Toi est joie pour
mon âme, et ton esprit souverain est le réconfort de celui qui est humilié . Fais que je devienne celui qui va parmi les hommes en
disant : 'Considérez comme le Seigneur est bon. Allez sur ses routes et
vous serez bénis comme je le suis, moi avorton et qui redeviens fils de Dieu
par la grâce qui renaît en moi'. Et les impies se convertiront à Toi . Le sang et la chair se révoltent et crient en moi.
Libère-moi, ô Seigneur, salut de mon âme et je chanterai tes louanges . Je ne savais pas mais maintenant j'ai compris. Ce
n'est pas un sacrifice de bélier que Tu veux , mais l'holocauste d'un cœur contrit.
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389>
Un cœur contrit et humilié t'est plus agréable que les béliers et les
moutons, parce que Tu nous as créés pour Toi, et Tu veux que nous nous en
souvenions et te rendions ce qui est à Toi .
Dans ta grande bonté, montre-toi bienveillant à mon égard et reconstruis ma
Jérusalem qui est aussi la tienne :
celle d'un esprit purifié et pardonné sur lequel on puisse offrir le
sacrifice, l'oblation et l'holocauste pour le péché en action de grâce et de
louange. Et que chacun de mes nouveaux jours soit une hostie de sainteté qui
se consume sur ton autel pour monter avec le parfum de mon amour jusqu'à Toi ".
132.5 - Venez !
Allons vers le Seigneur ! Moi devant, vous à ma suite. Allons aux eaux
salutaires, aux pâturages saints, allons vers les terres de Dieu. Oubliez le
passé. Souriez à l'avenir. Ne pensez pas à la boue, mais regardez les
étoiles. Ne dites pas : "Je suis ténèbre", mais dites :
"Dieu est Lumière". Je suis venu vous annoncer la paix, dire aux
paisibles la Bonne Nouvelle, guérir ceux qui ont le cœur brisé par trop de
choses, annoncer la liberté à tous les esclaves, et en premier lieu
ceux de Mammon, libérer ceux qui sont prisonniers de leurs concupiscences.
Je vous dis : l'année de grâce est arrivée .
Pour vous, ne pleurez pas par la tristesse qu'éprouve le pécheur. Ne pleurez
pas, vous qui êtes exilés du Royaume de Dieu. Aux cendres je substitue l'or
et l'huile aux larmes. Je vous revêts d'habits de fête pour vous présenter au
Seigneur
et dire : "Voici les brebis que Tu m'as envoyé chercher. Je les ai
visitées et rassemblées, je les ai comptées, j'ai cherché celles qui étaient
dispersées et je te les ai amenées en les arrachant aux nuages et aux brouillards .
Je les ai prises au milieu de tous les peuples, je les ai réunies de toutes
les régions pour les conduire à la Terre qui n'est plus la terre et que Tu as
préparée pour elles, ô Père Saint ,
pour les amener sur les cimes paradisiaques de tes fertiles montagnes
où tout est lumière et beauté, le long des rivières des célestes béatitudes
où se rassasient de Toi les esprits aimés de Toi .
Je suis allé aussi à la recherche de celles qui étaient blessées, j'ai guéri
les fractures, j’ai refait les forces des faibles, je n'ai pas laissé de côté
une seule brebis .
Et celle que les loups avides des sens avaient le plus mise à mal, je me la
suis mise, comme un joug d'amour sur les épaules et je la dépose à tes pieds,
Père Bienveillant et Saint, parce qu'elle ne peut plus marcher, qu'elle ne
connaît pas tes paroles et que c'est une pauvre âme que poursuivent les
remords et les hommes, un esprit qui regrette et tremble, une eau
poussée et repoussée par le flot sur le rivage. Elle vient
pleine de désirs retenue par la connaissance d'elle-même...
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390> Ouvre-lui ton sein, Père qui es
Tout Amour, pour qu'en Toi elle trouve la paix cette créature perdue.
Dis-lui : 'Viens'. Dis-lui : 'Tu es à Moi'. Elle a appartenu à tout
un monde, mais elle en a la nausée et la peur .
Elle dit : 'Chaque patron est un sicaire dégoûtant'. Fais qu'elle puise
dire : 'Ce Roi à moi m'a donné la joie d'être prise !'. Elle
ne sait pas ce que c'est que l'amour. Mais, si Tu l'accueilles, elle saura ce
qu'est cet amour céleste, amour nuptial entre Dieu et l'esprit humain. Et
comme un oiseau délivré des cages des hommes cruels, elle s'élèvera,
s'élèvera toujours plus haut, jusqu'à Toi, au Ciel, dans la joie, dans la
gloire, en chantant : "J'ai trouvé Celui que je cherchais. Mon cœur
n'a pas d'autre désir. En Toi, je me repose et je jubile, Seigneur Éternel,
je suis bienheureuse, dans les siècles des siècles ".
Allez. Avec un esprit nouveau, célébrez la fête de la Purification. Et que la
lumière de Dieu s'allume en vous."
Jésus a été irrésistible, à la fin de son discours. Un visage de lumière aux
yeux rayonnants, un sourire et un ton de voix qui sont d'une douceur
inconnue.
Les gens sont comme fascinés et ne bougent pas jusqu'à ce qu'il répète :
"Allez. La paix soit avec vous." Alors commence le départ des
pèlerins qui parlent beaucoup.
132.6 - La
femme voilée s'en va comme toujours, de son
pas rapide et légèrement ondulant. Elle semble avoir des ailes, avec son
manteau gonflé par le vent aux épaules.
"Maintenant je comprendrai si elle est d'Israël" dit Pierre.
"Pourquoi ?"
"Parce que si elle reste ici, c'est signe que..."
"...que c'est une pauvre femme qui n'a pas de maison à elle rien de
plus. Souviens-toi de cela, Pierre." Jésus marche vers le pays.
"Oui, Maître, je m'en souviendrai... Et maintenant, nous qu'allons-nous
faire maintenant que tous vont rester dans leurs maisons pour la Fête ?"
"Nos femmes allument les lampes pour nous."
"Je regrette... C'est la première année que je ne les vois pas allumées
dans ma maison, ou que je ne les allume pas..."
"Tu es un grand enfant ! Nous les allumerons nous aussi les
lampes. Ainsi tu ne feras plus grise mine et c'est toi qui les
allumeras."
"Moi ? Pas moi, Seigneur. Tu es notre Chef de famille. C'est à Toi
de le faire."
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391> "Moi, je suis toujours une
lampe allumée... et je voudrais que vous aussi le soyez. Je suis l'Encénie
Éternelle, Pierre.
132.7 - Sais-tu
que je suis né justement le 25 du mois de Casleu ?"
"Eh ! qui sait combien de lumières ?" demande Pierre
étonné.
"On ne pouvait les compter ...C'étaient toutes les étoiles du
ciel..."
"Non ! On ne t'a pas fait fête à Nazareth ?"
"Je ne suis pas né à Nazareth, mais au milieu des ruines, à Bethléem. Je
vois que Jean
a su se taire. Il est très obéissant, Jean."
"Et il n'est pas curieux. Mais moi... je le suis tellement ! Vas-
tu le raconter ? À ton pauvre Simon. Autrement, comment faire
pour parler de Toi ? Parfois des gens me questionnent, et je ne sais
quoi dire... Les autres savent faire. Je veux dire tes frères
et Simon, Barthélemy
et Jude de Simon.
Et... oui, Thomas aussi sait
parler ... on dirait quelqu'un qui fait de la réclame au marché... pour
vendre sa marchandise, mais il arrive à parler ... Matthieu... eh ! lui aussi va
bien ! Il déploie l'ancien savoir-faire dont il usait pour plumer les
gens à son comptoir de gabelle, pour forcer les autres à dire : "Tu as
raison". Mais moi !... Pauvre Simon de
Jonas ! Mais les poissons que t'ont-ils enseigné ?
Et le lac ? Deux choses... mais qui ne servent pas: les poissons à me
taire et à être constant : leur constance à échapper au filet et pour moi la
constance à les y mettre. Le lac, à être courageux et à avoir l’œil à tout.
Et la barque ? À trimer sans épargner mes muscles, à rester debout même
si l'eau est agitée et si on risque de tomber. L’œil à la polaire, les mains
fermes à la barre, force, courage, constance, attention, voilà ce que m'a
enseigné ma pauvre vie..."
Jésus lui met Une main sur l'épaule et le secoue en le regardant
affectueusement et plein d'admiration, une véritable admiration pour cette
simplicité et il dit :
"Et ça te paraît peu, Simon Pierre ? Tu as tout ce qu'il faut pour
être ma "pierre". Il n'y a rien à ajouter, rien à enlever. Tu seras
le pilote éternel, Simon. Et à celui qui viendra après toi, tu diras : "L’œil à la polaire: Jésus. La main ferme à la barre, force,
courage, constance, attention, trimer sans relâche, avoir l’œil à tout, et
savoir rester debout même sur les eaux agitées..." Pour ce qui est du
silence... allons... les poissons ne te l'ont pas enseigné !"
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392> "Mais pour ce que je devrais
savoir dire, je suis plus muet que les poissons. Les autres paroles ?
...Même les poules savent caqueter comme je fais...
132.8 - Mais,
dis-moi, mon Maître. Me donnes-tu un fils, à moi aussi ? Nous sommes
âgés... mais tu as dit que le Baptiste est né d'une femme âgée... Maintenant
tu as dit : "Et à qui viendra après toi, tu diras..." Qui
vient après un homme, s'il n'a pas un fils ?" Pierre a un visage
suppliant et plein d'espoir.
"Non, Pierre. Ne t'en afflige pas. Tu ressembles tout à fait à ton lac
quand un nuage cache le soleil. Tout riant, il devient sombre. Non, mon
Pierre. Mais ce n'est pas un fils, mais des milliers et des dizaines
de milliers que tu en auras, et dans toutes les nations... Ne te rappelles-tu
pas du jour où je t'ai dit : "Tu seras pêcheur
d'hommes ?"
"Oh !... oui... mais... Ç'aurait été si doux un enfant qui m'eût
dit "père !"
"Tu en auras tant que tu ne pourras plus les compter et auxquels tu
donneras la vie éternelle. Tu les retrouveras au Ciel et tu me les amèneras
en disant : "Ce sont les enfants de ton Pierre et je veux qu'ils
soient où je suis", et Moi je te dirai : "Oui, Pierre. Que ce
soit comme tu veux, car tu as tout fait pour Moi, et Moi, je fais tout pour
toi"."
C'est avec une douceur sans pareil qu'il lui fait ces promesses.
Pierre avale sa salive, partagé entre la peine d'une espérance morte pour une
paternité de la terre et les pleurs de joie d'une extase qui déjà s'annonce.
"Oh ! Seigneur ! dit-il. Mais pour donner la vie éternelle, il
faut persuader aux âmes d'aller vers le bien. Et... nous en sommes toujours
au même point : je ne sais pas parler."
"Tu sauras parler, quand l'heure viendra, et mieux que Gamaliel."
"Je veux le croire... Mais fais-le Toi ce miracle, car si je dois
arriver de moi-même..."
Jésus rit de son rire tranquille et lui dit : "Aujourd'hui, je suis
tout à toi. Allons au pays, chez cette veuve. J'ai une obole secrète : un
anneau à vendre. Sais-tu comment je l'ai eu ? Il est arrivé à mes pieds
une pierre, pendant que je priais au pied de ce saule. Il y avait attaché un
petit paquet avec un morceau de parchemin. À l'intérieur du
paquet, l'anneau ; sur le parchemin le mot "charité"
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de page.
393> "Veux-tu me le faire
voir ? Oh ! qu'il est beau ! Ça vient d'une femme. Quel petit
doigt ! Mais combien de métal !.."
"Maintenant, tu vas le vendre. Moi, je ne sais pas le faire. L'hôtelier
achète l'or. Je le sais. Je t'attends près du four, Va, Pierre."
"Mais... si je ne sais pas m'y prendre ? Moi, l'or... Je ne sais
rien en matière d'or, moi !"
"Pense que c'est du pain pour des gens qui ont faim et fais de ton
mieux. Adieu."
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