Dimanche 16 mai 1948.
Pentecôte.
124> Le Doux Hôte me dit (depuis le 7
mars, l'Esprit Saint veut que je l'appelle ainsi) :
Voici
une leçon pour tous, mais surtout pour ceux qui sont chargés d'enseigner la
Vérité et la connaissance de Dieu, dont l'essence est la Charité. Si dans votre cœur il n'y a pas de charité, vous n'êtes
pas fils de Dieu.
Dans ma dernière leçon je vous ai parlé de la science qui est vraie, et de la science qui ne l'est
pas, ou qui ne l'est pas complètement,
puisqu'elle se limite au territoire du savoir humain. La vraie science
dépasse la pauvreté, la misère, l'étroitesse, la relativité du savoir humain.
Elle va au-delà. Comme une flèche d'or incandescent, elle se lance à la
rencontre de ce qui a saveur du Vrai éternel. Car ce qui constitue la vraie science, ou plutôt la vraie Sagesse — ce mot sagesse est
plus approprié — habite les plages éternelles.
La vraie sagesse demeure à l'intérieur de ce centre ardent et lumineux qu'est
la Charité. Pas besoin d'être richissime en savoir humain pour conquérir la
vraie sagesse, qui est la connaissance de Dieu.
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125> Ce
n'est pas dans le grand savoir au sujet
des œuvres des hommes, et surtout ce n'est pas en de longues et pédantes
controverses théologiques qu'on acquiert la connaissance de ce qu'est Dieu,
de ce qu'il veut, de ce qu'on doit faire pour le posséder éternellement. Mais
c'est en aimant beaucoup.
Celui qui aime parfaitement, même d'une perfection humaine, c'est-à-dire
relative — c'est parfaitement aimer que d'aimer de toutes ses capacités, —
celui-là transmet la perfection non seulement à son esprit mais aussi à son
intelligence.
Oui, une intelligence éclairée par la charité est une intelligence parfaite.
Une intelligence parfaite est une intelligence surhumaine. C'est
l'intelligence savante de la vraie science. Elle n'avait pas besoin de livres
ni d'études pour être transmise à l'homme. Cette science du Vrai éternel, qui
en Dieu existe à un degré infini, était infuse chez Adam et Ève en quantité
proportionnée à leur état. Dieu l'avait insufflée en eux, créatures faites à
son image et ressemblance. L'être humain était destiné à la posséder en
quantité suffisante. Suffisante pour le guider dans toutes ses œuvres, dans
tous ses rapports avec son prochain et avec les créatures inférieures :
rapports vécus toujours par amour de Dieu.
Moi, Charité et Sagesse, je vous dis : moins de science et plus d'amour, et
vous posséderez la Sagesse.
C'est de
la pure folie que de vouloir expliquer, à l'aide de la science humaine, le
mystère de Dieu, les merveilleuses étapes de la Création, de l'évolution, et
les transformations des choses créées. Une folie qui par la suite dégénère en
hérésie. Il vous est impossible, à vous, d'expliquer l'origine de ce qui est
fini, si vous ne contemplez pas avec amour, c'est-à-dire avec foi — car la
foi n'est jamais séparée de l'amour — le réel Infini.
La foi éclaire la science et l'aide à comprendre. Elle est comme le lait
maternel qui développe l'enfant et le fait devenir un être toujours plus
formé. De même qu'un nouveau-né ne saurait soutenir et nourrir sa mère ou un
être adulte, de même la science ne peut prétendre nourrir ou aider la foi. La
foi relève de la religion, et la religion c'est ce qui permet à la créature,
intelligente mais limitée, de comprendre l'infini et tout ce qui ne saurait
être compris autrement.
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126> Autant votre science est suffisante
pour maîtriser des notions limitées, autant la sagesse — qui est foi et en
plus amour — est indispensable pour connaître les vérités transcendantes. Si
vous avez la foi, vous engendrez la lumière. Au contraire, si en voulant
comprendre le mystère vous l'analysez, si, pour l'accepter ou pas vous le
disputez, si vous l'examinez comme un médecin examinerait une maladie
physique, ou un avocat un cas de lésion morale, alors vous engendrez des
ténèbres et du froid glacial.
La foi
ne s'oppose pas à la science. On peut même dire que la science humaine trouve
dans la religion le moyen de comprendre les découvertes des lois de la Création,
ou des explications à ce sujet. Tandis que la science humaine non aidée par
la religion tombe nécessairement dans l'erreur, la religion, elle, même sans
le secours de la science, conduit à la Vérité et à la connaissance des
vérités essentielles.
Enfin, lorsque l'homme, au lieu de se contenter de diriger ses investigations
scientifiques vers des lois et des faits de la nature, les dirige vers les
mystères surnaturels — c'est-à-dire sur Dieu, qui pour l'homme sera toujours
un mystère — alors ce n'est plus dans l'erreur qu'il tombe, mais dans la
négation.
La raison, cette chose merveilleuse qui distingue l'homme de la brute, est
vraiment grande si on la compare à l'instinct, unique lumière dont disposent
les êtres inférieurs; mais elle est petite, petite, oh ! tellement petite si
elle s'entête à vouloir découvrir qui est Dieu. Si elle est humble, la raison
se plie avec respect devant Dieu incompréhensible et infini. Elle s'exclame:
"Je crois! Pour te comprendre je crois. La foi que j'ai en ta Révélation,
c'est ma lumière et l'aliment qui me fait vivre. Vivre de toi, en toi et avec
toi, de façon à pouvoir un jour venir à toi, dans ton céleste Royaume, pour
te connaître comme il sera permis aux justes de te connaître".
Ni
l'idéalisme ni le positivisme ne sauraient expliquer Dieu, la Création, la vie à
venir. Les réponses aux questions savantes qui sont inscrites dans les corps
humains, sur les pages du firmament, dans les entrailles de la terre, ne
servent à rien à l'orgueil intellectuel de ceux qui veulent saisir par leurs
propres moyens ce qui dépasse la portée de ces moyens.
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127> Ces mêmes réponses ne servent non
plus à l'ignorance, ou la demi-ignorance, de ceux qui prétendent posséder le
savoir et le pouvoir de juger ce que ne peuvent ni savoir ni juger sans ma
lumière, pas même ceux qu'on appelle docteurs en religion. Le sens de ces
réalités ne peut être saisi sans ma lumière.
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