TEXTES DE LA MESSE.
Missel de
saint Pie X en usage à l’époque.
FÊTE DE LA TRÈS SAINTE TRINITÉ.
Introït : Bénie soit
la Trinité sainte et l’indivisible Unité ; nous lui rendons gloire, car elle
a exercé envers nous sa miséricorde. Ps/ Seigneur, notre souverain Maître,
que votre nom est admirable dans toute la Terre ! Gloire au Père …
Psaume 8, 2. ;Tobie 12, 6.
Collecte : Dieu tout puissant et éternel, qui par la
confession de la vraie foi, avez donné à vos serviteurs de reconnaître la
gloire de l’éternelle Trinité, et d’adorer l’Unité dans la puissance de votre
Majesté ; faites, s’il vous plaît, que, par la fermeté de cette même
foi, nous soyons toujours armés contre toute adversité. Par N.S.J.C…
Épître :
Romains
11, 33-36.
Graduel : Vous êtes béni, Seigneur, vous dont le regard
scrute les abîmes et qui êtes assis sur les
Chérubins. Vous êtes béni, Seigneur, au firmament du ciel, et digne de
louange à jamais. Daniel 3, 55-56.
Alléluia : Vous êtes béni,
Seigneur, Dieu de nos pères, et digne de louange à jamais. Daniel 3, 52.
Évangile : Matthieu
28, 18-20.
Offertoire : Béni soit Dieu le Père, et le
Fils unique de Dieu, et aussi le Saint Esprit ; car il a exercé sur nous
sa miséricorde. Tobie 12, 6.
Secrète :
Nous vous en prions, Seigneur notre Dieu, sanctifiez, par l’invocation de
votre saint Nom, cette hostie que nous vous offrons, et par elle, achevez de
nous rendre une offrande éternellement digne de vous. Par N.S.J.C…
Communion : Bénissons le Dieu du ciel, et
rendons-lui gloire devant tout être qui a vie, car il a exercé envers nous sa
miséricorde. Tobie
12, 6.
Postcommunion : Que la réception de ce sacrement
profite au salut de notre corps et de notre âme, Seigneur notre Dieu ;
et aussi notre profession de foi en la sainte et éternelle Trinité et en son
indivisible Unité. Par N.S.J.C…
PREMIER DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE.
Introït : Psaume 12 (Hébreu 13), 6.1.
Collecte : O Dieu, force de
ceux qui espèrent en vous, écoutez favorablement nos prières ; et
puisque la faiblesse des mortels ne peut rien sans vous, accordez-nous le
secours de votre grâce, afin qu’en obéissant à vos commandements, nos
intentions et nos actions vous soient agréables. Par N.S.J.C.
Épître : 1 Jean 4, 8-21.
Graduel : Psaume 40 (Hébreu 41), 5.2.
Alléluia : Psaume 5, 2.
Évangile: Luc 6, 36-42.
Offertoire: Psaume
5, 3-4.
Secrète :
Accueillez avec indulgence, nous vous en supplions, Seigneur, les hosties que
nous vous offrons, et par elles, faites descendre sur nous votre perpétuel
secours. Par N.S.J.C.
Communion : Psaume
9, 2-3.
Postcommunion :
Rassasiés de biens si précieux, faites, s’il vous plaît, Seigneur, que nous
profitions de ces dons salutaires, et ne cessions jamais de vous louer. Par
N.S.J.C. "
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Le dimanche 16 juin 1946.
142> Azarias
dit :
"J'ai ordre de t'expliquer les deux saintes messes de ce
glorieux dimanche. Contemplons-les ensemble.
Nous avons déjà contemplé et honoré le Père qui resplendit dans les
œuvres du Fils rédempteur, qui fut tel parce que Dieu le Père l'a permis par
un acte d'infinie bonté. Nous avons déjà contemplé et honoré le Fils au
sommet de sa perfection d'Homme-Dieu qui meurt, qui ressuscite et remonte au
Père après avoir tout accompli. Nous avons déjà contemplé et honoré l'Esprit
Saint depuis le commencement de ses œuvres jusqu'à sa parfaite
et complète épiphanie de la Pentecôte.
Aujourd'hui, contemplons et adorons les trois adorables Personnes réunies.
Ainsi commencera une préparation à la fructueuse compréhension de la venue du
Verbe sur terre et de ses saintes paroles.
L'année liturgique ne commence pas aujourd'hui. Nous le savons bien.
Elle a débuté avec l'Avent. Mais, comme pour préparer la venue du Seigneur il
s'est passé des siècles au cours desquels les patriarches et les prophètes
furent les maîtres de cette préparation, de même je veux que tu considères
les nombreux dimanches entre la Pentecôte et l'Avent comme une préparation de
l'année liturgique.
Ce sont des dimanches de sagesse. Vraiment, l'Esprit Saint les pénètre
tous et agit comme un Maître pour préparer les hommes à la sainte venue du
Messie, de sorte que lorsque sa nativité sera commémorée, elle le soit avec
un amour robuste et actif, et non pas seulement avec une affection
superficielle, sentimentale et inutile pour le Nouveau-Né.
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143> En ce Nouveau-Né est déjà présent le futur
Rédempteur qui mourra couvert de plaies sur la croix après s'être fatigué à évangéliser
et à subir mortifications et souffrances. En connaissant le Christ pour ce
qu'il est réellement, on parvient à comprendre Noël pour ce qu'il est
réellement.
Dieu est éternité, c'est pourquoi il est continuité. Il n'y a pas de fracture
dans ses œuvres. L'une engendre l'autre, tout comme les trois Personnes
divines procèdent l'une de l'autre. La sainte Trinité a imprimé son sceau et
sa ressemblance sur ses actions. Par conséquent, elles sont uniformes et
multiformes, mais jamais scindées ni interrompues. Elles forment une
inextinguible chaîne d'amour, infinie et éternelle, parce que tout ce que
fait Dieu est amour, une chaîne qui se déroule au fil des ans et des siècles
sans interruption. Il en est de même de l'année liturgique qui est une chaîne
dont une partie engendre la suivante, et il n'y a pas de terme parce que
chacune de ses parties a pour raison d'être de préparer la suivante.
Glorifions le Seigneur pour le magnifique déroulement de ses temps qui se
reflète dans le petit temps de l'année liturgique. Et progressons dans sa
connaissance après le juste hommage rendu à la Trinité parfaite.
Le saint
patriarche s'exclame, et la liturgie fait siennes les paroles du juste :
"Bénissez le Dieu du ciel et louez-le devant les vivants, parce qu'il
vous a fait miséricorde." La
phrase initiale se change, dans la spécification liturgique, en :
"Très sainte Trinité et indivisible Unité" et, plus loin, en
précisions sur les trois Personnes pour confirmer le dogme sublime jamais
suffisamment contemplé, médité, aimé, de l'Unité et de la Trinité de Dieu.
Mais l'essence de l'invitation est celle-ci : "Proclamez
courageusement jusque face aux ennemis de Dieu ou face à ceux qui, bien qu'ils
ne le combattent pas, sont froids ou apathiques envers la divinité, ou encore
croient qu'il s'agit d'un mythe venu du besoin de l'homme de croire en
quelque chose, proclamez que Dieu est, qu'il est à l'œuvre parce qu'il est,
et qu'il est toute miséricorde en ses œuvres."
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144> Cette humble et sainte prédication est à la portée
de tout croyant. Il n'y a pas d'ignorance, aussi profonde soit-elle, qui
interdise à tout croyant de prêcher Dieu et sa miséricorde. Ce ne sont pas
seulement les discours savants ni les œuvres éclatantes qui prêchent Dieu.
Pour pénétrer profondément même chez celui qui ne connaît pas et ne veut
pas connaître Dieu, il y a la foi simple, inébranlable, sereine jusque
dans la douleur, sa profession par les œuvres toutes de paix, d'espérance, de
charité et de résignation, la foi que Dieu est miséricordieux et que, de lui,
il ne peut venir que du bien.
Combien de créatures qui
ne savent rien de la science, ou qui sont isolées par la maladie, pauvres,
affligées par la misère physique ou financière, surpassent cependant tous les
prédicateurs uniquement par la paix qui émane de leurs œuvres et de leurs
paroles. Leur phrase est simple, placée comme une conséquence naturelle de
chacune de leurs paroles ou opposée à toute insinuation de ceux qui
connaissent mal le Seigneur : "Si Dieu veut que je sois ainsi,
c'est certainement juste. Que sa volonté soit faite ! Il veut sûrement
mon bien. Je n'en doute pas. C'est en lui que j'ai placé toute mon espérance.
Comme il m'a libéré du péché par le sacrifice de Jésus, de même il me donnera
toutes les grâces dont j'ai vraiment besoin, et je le loue pour sa providence
!"
Et même si, oppressé par les croix, le croyant gémit en son
cœur : "Jusqu'à quand ? M'oublieras-tu pour toujours ? Quand
tourneras-tu ta face vers moi ?", ce n'est
certes pas avec colère que cette lamentation monte vers Dieu, mais avec
l'amoureuse anxiété du fils envers son Père, celle-là même que le Christ a ressentie
aux heures les plus douloureuses. Il n'y a pas de reproche dans ce cri, mais
de l'espérance. Il n'y a pas de rébellion à cause du retard, mais l'attente
sereine dans la certitude que le moment viendra où la douleur cessera et où
la foi sera récompensée.
Écoutons les deux
oraisons. Qu'est-ce qui nous permet d'adorer et d'obtenir? La vraie foi.
La foi, pour être vraie, doit être courageuse, et même
héroïquement courageuse contre tout ce qui est créé pour la tourner en
dérision, lui faire obstacle et l'abattre. Le monde, la chair, en plus de
Satan, constituent les ennemis de la foi contre lesquels il faut être
héroïquement courageux.
La bonté de Dieu est telle qu'elle accorde la gloire du martyre, non
seulement aux véritables martyrs qui ont péri dans leur sang pour la foi,
mais aussi à ceux qui, contre tout et tous, savent rester fidèles,
intégralement fidèles au Seigneur.
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145> Combien de batailles sont menées contre la foi
! Combien d'astucieuses manœuvres Satan emploie-t-il pour la diminuer, la couvrir
de ridicule ou montrer qu'il est impossible de la suivre ! Mais c'est là que
l'on voit la justice des trois vertus théologales : la foi, soutenue par
l'espérance et surtout par la charité, ne croule pour aucune raison, elle est
victorieuse de tout. La foi est une connaissance qui vient de l'amour.
Plus fort est l'amour, plus forte est la foi, parce que l'amour porte
à la connaissance de Dieu.
Ces mots de l'oraison de la sainte messe en l'honneur de la très sainte
Trinité sont bien vrais : "O Dieu qui, par la profession de la
vraie foi, nous fais proclamer la gloire de l'éternelle Trinité et adorer sa
triomphante et souveraine unité..."
L'Unité et
Trinité de Dieu est un mystère. Personne, aussi saint soit-il, ne peut le
comprendre. Même ceux auxquels ce mystère fut partiellement révélé - car tout
ne peut être dit à ceux qui sont encore mortels - ne peuvent dire l'avoir
connu. C'est un mystère si éblouissant que l'homme ne peut fixer son regard
sur lui pour le connaître intégralement. Il est plus grand que tout autre
mystère. Il est l'incompréhensible mystère parce qu'il est le mystère très
sublime. C'est pourquoi seule une foi héroïque soutenue par un puissant amour
peut porter, sinon dedans, du moins au seuil de ce mystère, et permettre de
sentir, pour ainsi dire, le divin murmure de l'Unité trine, cachée au-delà du
mur aveuglant de son feu. Plus fort est l'amour, plus la connaissance est
forte, et la distance réduite. Je te rappelle en effet qu'au degré d'amour
atteint par la créature correspond un degré d'amour de Dieu qui lui est
relatif, et même multiplié par sa puissance, parce que Dieu aime se donner à
qui le cherche sans mesure, lui qui se donne par sa miséricorde et sa providence
même à ses enfants qui ne le cherchent pas. Cette distance est réduite parce
que l'âme est davantage unie au Dieu qui descend - car elle ne peut
monter jusqu'à l'abîme de hauteur où brûle la Trinité -, au Dieu qui se
concède pour être connu le plus possible, brûlant d'être complètement connu,
complètement possédé par son enfant lorsque la récompense du paradis
sera donnée à sa foi, à son amour, à son héroïsme.
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146> Ce que je te dis est un juste
prologue de l'autre oraison de ce premier dimanche après Pâques. "Sans
toi, la faiblesse de notre nature,
vouée à la mort, ne peut rien." Mais l'homme qui vit avec Dieu en lui
peut-il encore être faible ? Avec sa Trinité dans le cœur? Avec sa
connaissance de Dieu, avec son amour pour Dieu et avec l'amour de Dieu pour
lui, qui est créature, pour le rendre fort, capable de faire la volonté de
Dieu, d'être calme grâce à l'espérance, et assuré dans la foi ? Non, il ne le
peut. Car l'union limite la faiblesse, et la fusion l'annule. Ce n'est
plus alors la créature, mais Dieu qui vit et agit en l'homme .
Tu sais comment l'on maintient cette union. Que rien ne fasse
fléchir l'étreinte de ton amour pour Dieu. Rien, ni les joies ni les peines,
pas même ces peines que ta connaissance de Dieu te révèle comme non voulues
par lui, non approuvées par celui qui est amour et bonté.
Mon âme, comme une colombe fatiguée et blessée, tu restes dans ta cachette,
qui est pour toi un nid. Demeure en Dieu. Ne parle pas, ne t'agite pas.
Contente-toi d'observer. Tu ne peux faire autrement, oppressée que tu es par
la douleur qui te vient des hommes, assommée par leur contre-charité, et
absorbée par le Dieu qui se montre pour te consoler et te dire :
"Je suis ton Tout." Les mots ne te sont pas nécessaires pour être
comprise par celui qui t'aime. C'est ton amour qui parle par son fidèle
frémissement. C'est suffisant.
Oublie le monde, isole-toi dans ton silence d'amour. Tais-toi, parce que
toute parole est inutile, stérile, pernicieuse. Reste dans ta justice. Reste
dans ton obéissance. Personne n'est plus grand que Dieu. Suis donc ses
commandements et rien de plus.
Entends donc comment Paul te parle, âme blessée par l'humanité qui t'entoure.
Paul, la grande "voix", t'assure que les voies et jugements
impénétrables de Dieu, incompréhensibles aux hommes, sont justes et bons,
riches de sagesse et de science divines. Ce n'est pas lui qui se trompe, mais
ceux qui se croient plus grands que Dieu et montrent, par leurs œuvres sinon
par leurs paroles, qu'ils se considèrent dignes de conseiller Dieu. Ils
parlent tandis que l'œil de Dieu les mesure, ils ne pensent pas que tout est
épreuve et ne craignent pas d'être punis pour leur échec. Ils ne tremblent
pas de montrer qu'ils manquent à l'amour, de montrer qu'ils s'aiment mais
qu'ils n'aiment pas. Ni Dieu ni la créature. Car l'amour est obéissance, et
ici il n'y a pas d'obéissance ; car l'amour est action, et ici
il n'y a pas d'action. Il n'y a pas de charité.
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147> La charité est active . Elle est
active pour faire resplendir les gloires et les miséricordes de Dieu, pour
défendre les innocents, pour surpasser la crainte des hommes. Comment ? Ils
craignent les hommes et ne craignent pas Dieu ? Comment craignent-ils de
manquer de l'aide de Dieu s'ils suivent sa volonté ? Pourquoi le
craignent-ils sinon parce qu'ils n'ont pas la charité ?
Ne se souviennent-ils pas de Jean ? "Si quelqu'un dit : `J'aime
Dieu' mais n'aime pas son frère, c'est un menteur." Car
celui qui n'aime pas ceux qu'il voit et connaît, et dont il connaît
l'innocence et les actions, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne connaît pas ?
Ont-ils oublié le commandement ? Celui qui aime Dieu, qu'il aime aussi son
frère, est-il dit. Où est leur amour ?
Je te répète l'ordre du quatrième dimanche après Pâques. S'ils ne se plient
pas aux paroles du Seigneur, peuvent-ils donc se plier aux tiennes ?
C'est pour cette raison que tu dois te taire. Enferme-toi en Dieu. Lui, il
guérira ton âme blessée. Dans le silence il parlera. Isole-toi. Vis en Dieu
et de Dieu. Laisse venir le châtiment et ne juge pas. Ne juge pas. Dieu les
juge déjà. Imite le Maître pour lui
être semblable, comme le dit l'Évangile. Imite son amour et son humilité.
Viens,
viens, pauvre âme que Satan a trouvé moyen de blesser par l'œuvre de celui
qui te devait protection plus que tout autre. Viens, le
Seigneur est ta force et ta protection, et il veille sur toi avec sa
Puissance trinitaire. Viens, exulte en lui seul parce que, en vérité, les
ennemis de tes frères sont les serviteurs de Satan, qui est douleur tandis
que Dieu est joie, et il ne faut pas se confier à qui cause la douleur.
Exulte donc en Dieu ton Maître et ton Sauveur, d'une exultation toute
spirituelle, et pour cela toute sainte. Si tes détracteurs insistent,
dis-leur seulement : "Puisque vous avez appelé 'poids du Seigneur'
ce qui était un don, je me retire comme cela m'a été dit. Mais souvenez-vous
que, comme il est dit en Jérémie, c'est
vous le fardeau qui écrase les serviteurs de Dieu et rend difficile leur
action, c'est pourquoi celui que l'on ne peut écraser vous jettera dehors.
Souvenez-vous que ce sont vos paroles qui sont un 'poids', et non pas celles
de Dieu, vos paroles avec lesquelles vous changez le sens des paroles et des
décrets du Dieu vivant.
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148> Et souvenez-vous encore que pour moi la paix
est déjà présente, car déjà j'entends le bruit des pas du messager de la
Bonne Nouvelle, de celui qui annonce la paix et la donne sans tarder ."
Entre dans sa paix, toujours plus. Ne crains pas. Ne tremble pas. Le silence
n'est pas pour toi. Le silence n'est pas désaffection ni punition pour toi.
Pour toi, victime qui te consumes, c'est de la pitié, et pour eux une
punition.
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