Dimanche 10 mars 1946.
18> Azarias
dit :
Mon âme, voici notre messe, la messe vue et considérée pour toi par les
"voix". On commence par une promesse véridique, comme tout ce qui
est de Dieu : "Il m'invoquera et je l'exaucerai. Je le libérerai et je
le glorifierai. Je le comblerai par une longue vie."
Il semble bien qu'un seul Dieu parle, non ?
Mais notre très saint Dieu est trois, tout en étant un. Chacune des trois
Personnes saintes a ses attributs spéciaux, qui ne manquent pas chez les
autres, mais qui resplendissent plus particulièrement chez l'une des trois,
et qui, unis par l'amour, attribut commun, forment l'inconcevable et très
parfaite perfection de notre Seigneur Dieu un et trine.
Les trois Personnes saintes s'admirent et se contemplent, déversant le fleuve
de leurs trois perfections unies sur les fils, sur les sauvés, sur les
instruits.
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19> Voici
que le Père promet : "Il m'invoquera et je l'exaucerai". Il est
père. Un père peut-il être sourd à l'appel à l'aide de son enfant ? Il ne le
peut pas. Un Père si parfait le peut encore moins, il ne peut absolument
pas être sourd à ses enfants qui l'invoquent. Mais il se penche sur les
pécheurs qui, en raison d'une souffrance ou d'un repentir, se rappellent de
lui. Que ne ferait-il pas pour ceux qui l'aiment comme des enfants fidèles ?
Repose-toi, mon âme, tout abandonnée à l'amour
du Père. L'abandon n'est pas une offense, comme peuvent le croire ceux qui ne
connaissent pas Dieu comme nous le connaissons. L'amour est toujours déférent
et respectueux et ce d'autant plus qu'il est grand ; il est parfaitement
déférent et respectueux quand il est absolu, parce que c'est l'âme qui aime.
Une fois entrée dans la connaissance amoureuse de Dieu, l'âme est humble. Ce
n'est que dans le cas des amours humains que la familiarité engendre un
manque de charité, car ils sont toujours grevés de matérialité. Mais dans les
amours spirituels – je parle des vrais amours, non des amours exaltés
et passagers ni des élans superficiels des sentimentaux –, la familiarité ne dégénère pas en manque de respect.
Alors l'âme s'appuie sur Dieu, humiliant son front à ses pieds, prostrée à
genoux, consciente de la distance infinie qui sépare toujours sa petite
perfection de la perfection infinie. Elle est là, en adoration, mais avec une
ferveur d'enfant, jusqu'à ce que Dieu lui dise : "Non, pas comme cela,
pas comme une esclave. Viens sur les genoux, sur le sein du Père, ô ma fille
que j'ai créée." C'est alors l'extase, tu le sais, jusqu'à ce que Dieu
la congédie et l'âme retourne aimer aux pieds de Dieu, en adoration.
Le Fils promet :
"Je le libérerai et je le glorifierai". Par ses mérites infinis, Jésus libère ceux qu'il
rachète. C'est pour cela qu'il fut le Christ. C'est pour cela qu'il quitta le
Ciel, qu'il souffrit et qu'il mourut. Il n'a rien demandé pour vous, avant
d'aller à sa Passion, sinon que la même gloire que le Père lui avait donnée
et qu'il avait transmise à ses disciples fût accordée à tous ceux qui
croiraient en lui, afin qu'ils soient une seule chose avec le Dieu un et
trine. Jésus, notre très
saint Seigneur, n'a jamais démenti ses paroles. Pour cette raison, ceux qui vivent
selon son enseignement seront glorifiés par lui, auquel tout jugement a été
donné parce qu'il est Dieu, le Fils bien-aimé du Père, parce qu'il est
l'Obéissant, le Consolateur de son Père, le Rédempteur, parce qu'il est celui
qui a tout donné : l'union au Ciel avec le Père, la paix des cieux en
s'incarnant, la Vie en mourant pour l'homme.
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20> L'Esprit Saint
promet : "Je le comblerai par une longue vie". L'esprit qui a compris la vérité
peut-il désirer des jours prolongés sur terre ? Non. Alors de quelle vie
parle l'Esprit éternel ? De la vie éternelle donnée à ceux qui ont su aimer.
En effet, savoir aimer signifie tout savoir, tout bien faire, cela
signifie se sauver, se sanctifier, connaître et être sage. L'Amour promet
: "À ceux qui ont su aimer, je donnerai une longue
vie". Oh ! Vie qui n'a plus de fin !
Avalanche de siècles et de siècles dans une jouissance immuable, qui ne
fatigue pas, qui s'accroît à chaque instant, d'autant qu'elle semble toujours
nouvelle, plus vaste, plus belle... Notre joie d'anges... Gloire à Dieu !
Voici le prophète qui dit : "Qui repose dans
l'aide du Très-Haut vivra sous la protection du Dieu du Ciel". Ne crains pas. Tu lui fais
confiance comme créature et comme porte-parole. Le Ciel te protégera. Même si
le monde entier s'avançait contre toi pour te condamner, peux-tu croire que
cela puisse influencer le jugement de Dieu ? Celui-ci n'est pas troublé par
les vociférations humaines. Toi, reste ferme dans ton obéissance. Dieu est
plus que tous. Sers-le, et même si tu étais frappée d'anathème, outragée, torturée,
il déverserait sur toi ses fleuves d'amour et tu te sentirais protégée.
Unis-toi à
l'abstinence de carême de la manière que Dieu t'a montrée. Tu souffres
beaucoup de ce qui arrive. Moi, je compte tes souffrances. Lorsque
tu souffres, tu dois dire : "Que ta volonté
soit faite". Mon âme, cela vaut beaucoup plus que les jeûnes
faits de mauvaise grâce en ne procurant que du malaise à la chair. Souffre en
paix. De la part de mon Seigneur je te dis que tu es exempte de culpabilité
en ce qui concerne tout ce qui est en train d'advenir. Sois donc
en paix. Tu as pratiqué l'obéissance et la prudence. Reste en paix.
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21> Voilà la parole de Paul. Il fut, lui aussi,
une "voix" depuis le
moment où Dieu le fit sien, une "voix" infatigable et héroïque :
c'est un maître des "voix". Ecoute ce maître parler à ceux qui propagent
la Parole de Dieu de façon spéciale, bien qu'il s'adresse aux fidèles en
général. Du reste, chaque chrétien ne devrait-il pas prêcher le Christ et le
vrai Dieu, avec pour principal objet de son instruction celui de s'instruire
lui-même dans la sagesse pour pouvoir en parler, et comme but principal de
ses journées celui de pratiquer ce qu'il a appris pour prêcher encore Dieu et
son Christ par tous les actes de sa vie vertueuse ?
Paul dit : "Nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de
Dieu". Mon Seigneur t'a bien souvent parlé pour te former à être capable
de recevoir la grâce extraordinaire. Il t'a dit que, là où pénétreraient
l'orgueil et la désobéissance, le don deviendrait châtiment. Il t'a montré que, si c'est un
don, c'est aussi un joug qui oblige à une vertu continuelle afin de ne pas
devenir condamnation. Il l'a dit lui-même : "À qui il a été beaucoup
donné, il sera beaucoup demandé. " Oui. Il vous est refusé, à vous, de pouvoir dire
: "Je ne savais pas". C'est pourquoi, puisque vous connaissez les
choses, vous devez être parfaits selon vos forces et savoir qu'elles
augmentent toujours parce que la Sagesse fortifie les âmes qui l'accueillent
avec humilité.
Tu penses : "Et si quelqu'un reçoit tièdement ce don
?" Si quelqu'un agit ainsi ou, pire encore, s'il corrompt le don
par des adjonctions humaines ou sataniques, alors les forces n'augmentent pas
mais diminuent et se dévoient, et la Sagesse se retire après avoir condamné.
Reçois donc activement la grâce de Dieu, toujours plus activement. Il te
faut même parvenir au point que ton moindre soupir soit animé par une
bonne volonté de servir la grâce et de la faire fructifier. Le Seigneur
peut exiger de toi ce don total, car "il t'a exaucée au temps propice et
au jour du salut il t'a secourue".
Comment alors dois-tu exercer ce don total ? Paul te le dit : "En ne
fournissant de motif de scandale à personne, afin que ton ministère ne soit
pas insulté". Agis en toute chose comme un instrument de Dieu, avec
beaucoup de patience dans les tribulations, dans les nécessités et les
tourments, quoi qu'il arrive. Les flagellations des jugements malveillants ne
sont pas moins douloureuses que celles des fouets. Les interdictions ne sont
pas moins frustrantes que les prisons. Les incompréhensions ou les mauvaises
interprétations, qui privent du réconfort d'être aidés dans votre tâche, ne
sont pas moins pénibles que les fatigues, les veilles et les jeûnes.
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22> Mais puisses-tu tout supporter avec
pureté, sagesse, longanimité, avec suavité, avec l'Esprit Saint, avec une
charité non simulée, avec la Parole de la vérité, avec la vertu de Dieu, avec
les armes de la justice dans la main droite comme dans la gauche, au milieu
des heures de gloire comme au milieu de l'ignominie et des heures amères,
dans la bonne et dans la mauvaise réputation !
Ce que tu es, tu le sais. Ils peuvent te dire ce qu'ils
veulent. Ils peuvent t'accuser d'être séduite ou séductrice... tu sais que tu
es véridique. Ils peuvent te dire : "Mais qui êtes-vous ? Une ignorante.
Une nullité". Or qu'est-ce que la réputation des hommes ? Il suffit que
tu sois connue dans les cieux. Que tu aies l'aspect d'une pauvre infirme,
qu'importe ? La puissance de Dieu en resplendit d'autant plus, elle qui,
contre toute loi naturelle, accomplit ce prodige d'un moribond qui supporte
des fatigues supérieures aux forces d'une personne en bonne santé pour la
gloire de Dieu, parce que Dieu l'alimente de sa Vie afin qu'elle le serve
jusqu'à quand il voudra.
Les hommes pourront te châtier. Mais la mort, la vraie mort, ne
te sera pas donnée, parce que tu vis la demande du
"Notre-Père" et que tu fais ce que Dieu veut de toi. Tu es attristée,
comme le furent les saints depuis le Christ, à cause de la misère des hommes,
mais, pour toi, tu trouves dans l'amour réciproque la sainte joie de l'esprit
en paix.
Tu paraîtras pauvre en moyens matériels comme en moyens surnaturels,
puisque tu ne peux ni travailler ni aller à l'église. Mais tu as des trésors,
accumulés davantage par ta souffrance que par tout le reste ; tu as tout
parce que tu as Dieu pour amour et pour réconfort. Tu es pauvre mais tu en
enrichis beaucoup d'autres grâce aux trésors que Dieu t'a ouverts, et grâce à
la souffrance que tu as demandée. Propriétaire, tu l'es en possédant
le Tout. Chante, chante avec moi le psaume. Je suis l'ange qui est ton
gardien. Chante avec moi le psaume de David et ne crains pas, ne crains pas.
Les hommes sont pires que la vipère, que le lion et le
dragon.
Beaucoup d'hommes sont très proches des démons. Mais celui qui est avec Dieu
et avec ses anges ne doit pas craindre.
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23> Fais
tiennes les paroles du sublime Tenté et réponds à Satan, à ses serviteurs, au monde, aux
hommes qui voudraient t'effrayer, te mortifier et t'éloigner de ta mission
par des menaces ou des propositions d'honneurs et de profits immédiats et
tangibles : "L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole
qui vient de Dieu. Arrière, Satan ! Je sers le Seigneur Dieu et personne
d'autre".
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