| 
     
    
    
  Liste des sigles 
    
  SS. Jean-Paul II et Maria Valtorta 
    
  Constitution
  dogmatique  
  LUMEN GENTIUM  
  sur l'Église  
  (Paul VI -21 novembre 1964) 
   
    
  Constitution
  pastorale  
  GAUDIUM ET SPES  
  sur l'Église dans le monde  
  de ce temps  
  (Paul VI - 7 décembre 1965) 
   
    
  Lettre
  encyclique  
  MEDIATOR DEI  
  sur la Sainte Liturgie  
  (Pie XII - 20 Novembre 1947)  
  en italien 
   
    
  Lettre
  encyclique  
  FIDEI DONUM
   
  sur l'esprit missionnaire  
  de l'Église  
  (Pie XII – 21 avril 1957)  
  en italien 
   
    
  Décret
   
  CHRISTUS DOMINUS  
  sur la charge
  pastorale  
  des évêques  
  (Paul VI - 28 octobre 1965) 
   
    
  Décret  
  OPTATAM TOTIUS  
  ECCLESIAE RENOVATIONEM  
  sur la formation des prêtres  
  (Paul VI - 28 octobre 1965) 
   
    
  Décret
   
  PRESBYTERORUM ORDINIS  
  sur le
  ministère  
  et la vie des prêtres  
  (Paul VI - 7 décembre 1965) 
   
    
  Décret  
  AD GENTES  
  sur l'activité
  missionnaire  
  de l'Église  
  (Paul VI - 7 décembre 1965) 
   
    
  Décret  
  APOSTOLICAM ACTUOSITATEM  
  sur l'apostolat des laïcs  
  (Paul VI - 18 novembre 1965) 
   
    
  Constitution
   
  SACROSENTUM CONCILIUM  
  sur la Sainte Liturgie  
  (Paul VI - 4 décembre 1963) 
   
    
  CODE DE DROIT CANONIQUE 
   
    
  Saint
  Clément de Rome 
   
    
  Lettre
  apostolique  
  MULIERIS DIGNITATEM  
  sur la dignité et  
  la vocation de la femme  
  (Jean-Paul II - 15 août 1988) 
   
    
  Saint Augustin d'Hippone 
   
    
  Grégoire de Naziance (St) 
   | 
  
   Chapitre troisième : Les sacrements du service de
  la communion. 
  1533   
  Le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie sont les sacrements de
  l’initiation chrétienne. Ils fondent la vocation commune de tous les
  disciples du Christ, vocation à la sainteté et à la mission d’évangéliser le
  monde. Ils confèrent les grâces nécessaires pour la vie selon l’Esprit en
  cette vie de pèlerins en marche vers la patrie.            
   
  1534   
  Deux autres sacrements, l’Ordre et le Mariage, sont ordonnés au salut
  d’autrui. S’ils contribuent également au salut personnel, c’est à travers le
  service des autres qu’ils le font. Ils confèrent une mission particulière
  dans l’Église et servent à l’édification du peuple de Dieu.         
   
  1535   
  En ces sacrements, ceux qui ont été déjà consacrés par le Baptême et
  la Confirmation (1) pour le sacerdoce commun de tous les fidèles, peuvent
  recevoir des consécrations particulières. Ceux qui reçoivent le
  sacrement de l’Ordre sont consacrés pour être, au nom du Christ,
  " par la parole et la grâce de Dieu les pasteurs de
  l’Église " (2). De leur côté, " les époux chrétiens, pour
  accomplir dignement les devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés
  par un sacrement spécial " (3).          
   
  (1) cf. Lumen Gentium 10 – (2) Lumen Gentium
  11 – (3) Gaudium et spes
  48, 2. 
  Article 6 - Le sacrement de l’Ordre 
  1536   
  L’Ordre est le sacrement grâce auquel la mission confiée par le Christ à ses
  Apôtres continue à être exercée dans l’Église jusqu’à la fin des temps :
  il est donc le sacrement du ministère apostolique. Il comporte trois
  degrés : l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat. 
  [Sur l’institution et la mission du ministère apostolique par le Christ voir § 871
  et suivants. Ici, il n’est
  question que de la voie sacramentelle par laquelle est transmis ce ministère]      
   
  I. Pourquoi ce nom de sacrement de l’ordre ?    
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  1537 
  Le mot Ordre, dans l’antiquité
  romaine, désignait des corps constitués au sens civil, surtout le corps de
  ceux qui gouvernent. Ordinatio désigne
  l’intégration dans un ordo. Dans l’Église, il y a des corps constitués
  que la Tradition, non sans fondements dans l’Écriture Sainte (1), appelle dès
  les temps anciens du nom de taxeis (en
  grec), d’ordines : ainsi la liturgie
  parle de l’ordo episcoporum, de l’ordo presbyterorum, de l’ordo diaconorum.
  D’autres groupes, reçoivent aussi ce nom d’ordo : les
  catéchumènes, les vierges, les époux, les veuves...        
   
  1538  
  L’intégration dans un de ces corps de l’Église se faisait par un rite
  appelé ordinatio, acte religieux et
  liturgique, qui était une consécration, une bénédiction ou un sacrement.
  Aujourd’hui le mot ordinatio est réservé à
  l’acte sacramentel qui intègre dans l’ordre des évêques, des presbytres et
  des diacres et qui va au-delà d’une simple élection, désignation,
  délégation ou institution par la communauté, car elle confère
  un don du Saint-Esprit permettant d’exercer un " pouvoir
  sacré " (sacra potestas. (2) qui
  ne peut venir que du Christ lui-même, par son Église. L’ordination est aussi appelée
  consecratio car elle est une mise à part et
  une investiture par le Christ lui-même, pour son Église. L’imposition des
  mains de l’évêque, avec la prière consécratoire,
  constituent le signe visible de cette consécration.           
   
  (1) cf. Hébreux 5,
  6 ; 7, 11 ; Psaume 110, 4 – (2) cf. Lumen Gentium
  § 10.         
   
  II. Le sacrement de l’Ordre dans l’économie du salut    
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  Le sacerdoce de l’Ancienne Alliance        
   
  1539  
  Le peuple élu fut constitué par Dieu
  comme " un royaume de prêtres et une nation consacrée "
  (1). Mais au-dedans du peuple d’Israël, Dieu choisit l’une des douze tribus,
  celle de Lévi, mise à part pour le service liturgique (2) ; Dieu
  lui-même est sa part d’héritage (3). Un rite propre a consacré les origines
  du sacerdoce de l’Ancienne Alliance (4). Les prêtres y sont
  " établis pour intervenir en faveur des hommes dans leur relations
  avec Dieu, afin d’offrir dons et sacrifices pour les péchés " (5).    
   
  1540  
  Institué pour annoncer la parole de Dieu (6) et pour rétablir la
  communion avec Dieu par les sacrifices et la prière, ce sacerdoce reste
  pourtant impuissant à opérer le salut, ayant besoin de répéter sans cesse les
  sacrifices, et ne pouvant aboutir à une sanctification définitive (7), que
  seul devait opérer le sacrifice du Christ.           
   
  1541  
  La liturgie de l’Église voit cependant dans le sacerdoce d’Aaron et le
  service des lévites, tout comme dans l’institution des soixante-dix
  " Anciens " (8), des préfigurations du ministère ordonné
  de la Nouvelle Alliance. Ainsi, dans le rite latin, l’Église prie dans la
  préface consécratoire de l’ordination des
  évêques :            
  Dieu et Père de Jésus Christ notre Seigneur, (...) tout au long de l’ancienne
  Alliance tu commençais à donner forme à ton Église ; dès l’origine, tu
  as destiné le peuple issu d’Abraham à devenir un peuple saint ; tu as
  institué des chefs et des prêtres et toujours pourvu au service de ton
  sanctuaire ... (9)   
   
  1542   
  Lors de l’ordination des prêtres, l’Église prie :        
  " Seigneur, Père très saint, ... déjà dans l’Ancienne Alliance, et
  comme pour annoncer les sacrements à venir, tu avais mis à la tête du peuple
  des grands prêtres chargés de le conduire, mais tu as aussi choisi d’autres
  hommes que tu as associés à leur service et qui les ont secondés dans leur
  tâche. C’est ainsi que tu as communiqué à soixante-dix hommes, pleins de
  sagesse, l’esprit que tu avais donné à Moïse, et tu as fait participer les
  fils d’Aaron à la consécration que leur père avait reçue " (10)        
   
  1543  
  Et dans la prière consécratoire pour
  l’ordination des diacres, l’Église confesse :  
  " Père très saint ... , pour l’édification de ce temple nouveau
  (l’Église), tu as établi des ministres des trois ordres différents, les
  évêques, les prêtres et les diacres, chargés, les uns et les autres, de te
  servir, comme autrefois, dans l’Ancienne Alliance, pour le service de ta
  demeure, tu avais mis à part les fils de la tribu de Lévi et tu étais leur
  héritage " (11). 
   
  (1) Exode 19,
  6 ; cf. Isaïe 61, 6 – (2) cf. Nombres 1, 48-53 – (3) cf. Josué 13, 33 – (4)
  cf. Exode 29, 1-30 ; Lévitique 8 – (5) cf. Hébreux 5, 1 – (6) cf.
  Malachie 2, 7-9 – (7) cf. Hébreux 5, 3 ; 7, 27 ; 10, 1-4 – (8) cf.
  Nombres 11, 24-25- (9) Pontificale Romanum. De Ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum
  47 ; ed. typica altera, Polyglotte Vaticane 1990 p. 24 – (10) ibid n. 159 p. 91-92 – (11) ibid
  n. 207.            
   
  L’unique sacerdoce
  du Christ.      
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  1544  
  Toutes les préfigurations du sacerdoce
  de l’Ancienne Alliance trouvent leur accomplissement dans le Christ Jésus
  " unique médiateur entre Dieu et les hommes " (1).
  Melchisédech, " prêtre du Dieu Très Haut " (2), est
  considéré par la Tradition chrétienne comme une préfiguration du sacerdoce du
  Christ, unique " Grand prêtre selon l’ordre de
  Melchisédech " (3), " saint, innocent,
  immaculé " (4), qui, " par une oblation unique a rendu
  parfaits pour toujours ceux qu’il sanctifie " (5), c’est-à-dire par
  l’unique sacrifice de sa Croix.   
   
  1545  
  Le sacrifice rédempteur du Christ est unique, accompli une fois pour
  toutes. Et pourtant, il est rendu présent dans le sacrifice eucharistique de
  l’Église. Il en est de même de l’unique sacerdoce du Christ : il est
  rendu présent par le sacerdoce ministériel sans que soit diminuée l’unicité
  du sacerdoce du Christ : " Aussi le Christ est-Il le seul vrai
  prêtre, les autres n’étant que ses ministres " (6).     
   
  (1) 1 Timothée 2, 5 –
  (2) Genèse 14, 18 – (3) Hébreux 5, 10 ; 6, 20 – (4) Hébreux 7, 26 – (5)
  Hébreux 10, 14 – (6) Saint Thomas d’Aquin, In ad Hebraeos. 7, 4.    
   
  Deux participations à l’unique sacerdoce du Christ.      
  Haut de page            
   
  1546  
  Le Christ, grand prêtre et unique médiateur,
  a fait de l’Église " un Royaume de prêtres pour son Dieu et
  Père " (1). Toute la communauté des croyants est, comme telle,
  sacerdotale. Les fidèles exercent leur sacerdoce baptismal à travers leur
  participation, chacun selon sa vocation propre, à la mission du Christ,
  Prêtre, Prophète et Roi. C’est par les sacrements du Baptême et de la
  Confirmation que les fidèles sont " consacrés pour être ... un
  sacerdoce saint " (2).        
   
  1547  
  Le sacerdoce ministériel ou hiérarchique des évêques et des prêtres, et
  le sacerdoce commun de tous les fidèles, bien que " l’un et
  l’autre, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du
  Christ " (3), diffèrent cependant essentiellement, tout en étant
  " ordonnés l’un à l’autre " (4). En quel sens ? Alors
  que le sacerdoce commun des fidèles se réalise dans le déploiement de la
  grâce baptismale, vie de foi, d’espérance et de charité, vie selon l’Esprit,
  le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun, il est relatif
  au déploiement de la grâce baptismale de tous les chrétiens. Il est un des moyens
  par lesquels le Christ ne cesse de construire et de conduire son Église.
  C’est pour cela qu’il est transmis par un sacrement propre, le sacrement de
  l’Ordre.         
   
  (1) Apocalypse 1,
  6 ; cf. Apocalypse 5, 9-10 ; 1 Pierre 2, 5. 9 – (2) Lumen Gentium 10 – (3) Lumen Gentium
  10 – (4) Lumen Gentium 10   
   
  En la personne du Christ-Tête (In persona Christi Capitis)...              
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  1548
   
  Dans le service ecclésial du ministre
  ordonné, c’est le Christ lui-même qui est présent à son Église en tant que
  Tête de son corps, Pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice
  rédempteur, Maître de la Vérité. C’est ce que l’Église exprime en disant que
  le prêtre, en vertu du sacrement de l’Ordre, agit in persona Christi Capitis (1) :      
  C’est le même Prêtre, le Christ Jésus, dont en vérité le ministre tient le
  rôle. Si, en vérité, celui-ci est assimilé au Souverain Prêtre, à cause de la
  consécration sacerdotale qu’il a reçue, il jouit du pouvoir d’agir par la
  puissance du Christ lui-même qu’il représente (virtute
  ac persona ipsius Christi)
  (2)           
  Le Christ est la source de tout le sacerdoce : car le prêtre de
  l’ancienne loi était figure du Christ et le prêtre de la nouvelle agit en la
  personne du Christ (3).            
   
  1549  
  Par le ministère ordonné, spécialement des évêques et des prêtres, la
  présence du Christ comme chef de l’Église, est rendue visible au milieu de la
  communauté des croyants (4). Selon la belle expression de Saint Ignace d’Antioche,
  l’évêque est typos tou Patros,
  il est comme l’image vivante de Dieu le Père (5).            
   
  1550  
  Cette présence du Christ dans le ministre ne doit pas être comprise comme
  si celui-ci était prémuni contre toutes les faiblesses humaines, l’esprit de
  domination, les erreurs, voire le péché. La force de l’Esprit Saint ne
  garantit pas de la même manière tous les actes des ministres. Tandis que dans
  les sacrements cette garantie est donnée, de sorte que même le péché du
  ministre ne peut empêcher le fruit de grâce, il existe beaucoup d’autres
  actes où l’empreinte humaine du ministre laisse des traces qui ne sont pas
  toujours le signe de la fidélité à l’Évangile, et qui peuvent nuire par
  conséquent à la fécondité apostolique de l’Église.         
   
  1551  
  Ce sacerdoce est ministériel. " Cette charge, confiée
  par le Seigneur aux pasteurs de son peuple, est un véritable service "
  (6). Il est entièrement référé au Christ et aux hommes. Il dépend entièrement
  du Christ et de son sacerdoce unique, et il a été institué en faveur des hommes
  et de la communauté de l’Église. Le sacrement de l’Ordre communique
  " un pouvoir sacré ", qui n’est autre que celui du
  Christ. L’exercice de cette autorité doit donc se mesurer d’après le modèle
  du Christ qui par amour s’est fait le dernier et le serviteur de tous (7).
  " Le Seigneur a dit clairement que le soin apporté à son troupeau
  était une preuve d’amour pour Lui " (8).        
   
  (1) cf. Lumen Gentium 10 ; 28 ; Sacrosanctum
  concilium 33 ; Christus Dominus
  11 ; Presbyterorum Ordinis
  2 ; 6 – (2) Pie XII, encyclique Mediator Dei –
  (3) Saint Thomas d’Aquin, Summa theologiae 3, 22, 4 – (4) cf. Lumen Gentium 21 – (5) Epistula ad Trallianos 3, 1 ; cf. Magn.
  6, 1 – (6) Lumen Gentium 24 – (7) cf. Marc 10,
  43-45 ; 1 Pierre 5, 3. – (8) Saint Jean Chrysostome, De sacredotio
  2, 4 : page 48, 635 D ; cf. Jean 21, 15-17.      
   
  "Au nom de toute l’Église"           
  Haut de page            
   
  1552
   
  Le sacerdoce ministériel n’a pas seulement
  pour tâche de représenter le Christ – Tête de l’Église – face à l’assemblée
  des fidèles, il agit aussi au nom de toute l’Église lorsqu’il présente à Dieu
  la prière de l’Église (1) et surtout lorsqu’il offre le sacrifice
  eucharistique (2).     
   
  1553  
  " Au nom de toute l’Église ", cela ne veut pas
  dire que les prêtres soient les délégués de la communauté. La prière et
  l’offrande de l’Église sont inséparables de la prière et de l’offrande du
  Christ, son Chef. C’est toujours le culte du Christ dans et par son Église.
  C’est toute l’Église, corps du Christ, qui prie et qui s’offre,
  " per ipsum et cum ipso et in
  ipso ", dans l’unité du Saint-Esprit, à Dieu le Père. Tout le
  corps, " caput et membra ",
  prie et s’offre, et c’est pourquoi ceux qui, dans le corps, en sont
  spécialement les ministres, sont appelés ministres non seulement du Christ,
  mais aussi de l’Église. C’est parce que le sacerdoce ministériel représente
  le Christ qu’il peut représenter l’Église.      
   
  (1) cf. Sacrosanctum concilium 33 – (2)
  cf. Lumen Gentium 10.   
   
  III. Les trois
  degrés du sacrement de l’ordre.     
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  1554  
  « Le ministère ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la
  diversité des ordres par ceux que déjà depuis l’antiquité on appelle évêques,
  prêtres, diacres » (1). La doctrine catholique, exprimée dans la
  liturgie, le magistère et la pratique constante de l’Église, reconnaît qu’il
  existe deux degrés de participation ministérielle au sacerdoce du
  Christ : l’épiscopat et le presbytérat. Le diaconat est destiné à les
  aider et à les servir. C’est pourquoi le terme sacerdos
  désigne, dans l’usage actuel, les évêques et les prêtres, mais non pas les
  diacres. Néanmoins, la doctrine catholique enseigne que les degrés de
  participation sacerdotale (épiscopat et presbytérat) et le degré de service
  (diaconat) sont tous les trois conférés par un acte sacramentel appelé
  " ordination ", c’est-à-dire par le sacrement de
  l’Ordre :          
  Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque, qui
  est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme
  l’assemblée des apôtres : sans eux on ne peut parler d’Église (2).       
   
  (1) Lumen Gentium 28 – (2) Saint Ignace d’Antioche, Epistula ad Trallianos
  3, 1.         
   
  L’ordination épiscopale – plénitude du sacrement de
  l’Ordre.             
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  1555
   
  « Parmi les différents ministères
  qui s’exercent dans l’Église depuis les premiers temps, la première place, au
  témoignage de la Tradition, appartient à la fonction de ceux qui, établis
  dans l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis les origines, sont les
  sarments par lesquels se transmet la semence apostolique " (1).         
   
  1556  
  Pour remplir leur haute mission, « les apôtres furent enrichis par
  le Christ d’une effusion spéciale de l’Esprit Saint descendant sur eux ;
  eux-mêmes, par l’imposition des mains, transmirent à leurs collaborateurs le
  don spirituel qui s’est communiqué jusqu’à nous à travers la consécration
  épiscopale » (2).       
   
  1557 
  Le deuxième Concile du Vatican « enseigne que, par la consécration
  épiscopale, est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la
  coutume liturgique de l’Église et la voix des saints Pères désignent en effet
  sous le nom de sacerdoce suprême, de réalité totale (summa)
  du ministère sacré » (3). 
  1558 
  « La consécration épiscopale, en
  même temps que la charge de sanctifier, confère aussi des charges d’enseigner
  et de gouverner ... En effet, ... par l’imposition des mains et par les
  paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée et le
  caractère sacré imprimé, de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente
  et visible, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife
  et jouent son rôle (in Eius persona agant) »(4). " Aussi, par l’Esprit
  Saint qui leur a été donné, les évêques ont-ils été constitués de vrais et
  authentiques maîtres de la foi, pontifes et pasteurs »(5).     
   
  1559 
  « C’est en vertu de la consécration sacramentelle et par la communion
  hiérarchique avec le chef du collège et ses membres que quelqu’un est fait
  membre du corps épiscopal »(6). Le caractère et la nature collégiale
  de l’ordre épiscopal se manifestent entre autres dans l’antique pratique de
  l’Église qui veut que pour la consécration d’un nouvel évêque plusieurs évêques
  participent au sacre (7). Pour l’ordination légitime d’un Evêque, une
  intervention spéciale de l’Evêque de Rome est requise aujourd’hui, en raison
  de sa qualité de lien suprême visible de la communion des Églises
  particulières dans l’Église une et de garant de leur liberté.        
   
  1560  
  Chaque évêque a, comme vicaire du Christ, la charge pastorale de l’Église
  particulière qui lui a été confiée, mais en même temps il porte
  collégialement avec tous ses frères dans l’épiscopat la sollicitude pour toutes
  les Églises : « Si chaque évêque n’est pasteur propre que de la
  portion du troupeau confiée à ses soins, sa qualité de légitime successeur
  des Apôtres par institution divine le rend solidairement responsable de la
  mission apostolique de l’Église » (8). 
  1561  
  Tout ce qu’on vient de dire explique
  pourquoi l’Eucharistie célébrée par l’évêque a une signification toute
  spéciale comme expression de l’Église réunie autour de l’autel sous la
  présidence de celui qui représente visiblement le Christ, Bon Pasteur et Tête
  de son Église (cf. Sacrosanctum concilium
  41 ; Lumen Gentium 26).       
   
  (1) Lumen Gentium 20 – (2) Lumen Gentium
  21 – (3) Ibid. – (4) ibid. – (5) Christus Dominus 2
  – (6) Lumen Gentium 22 – (7) cf. ibid – (8) Pie XII, encyclique Fidei donum ; cf. Lumen Gentium 23 ; Christus Dominus
  4 ; 36 ; 37 ; Ad Gentes 5 ; 6 ; 38. 
   
  L’ordination des presbytres – coopérateurs des
  évêques.          
  Haut de page            
   
  1562
   
  « Le Christ, que le Père a
  consacré et envoyé dans le monde, a, par les apôtres, fait leurs successeurs,
  c’est-à-dire les évêques, participants de sa consécration et de sa mission. A
  leur tour, les évêques ont légitimement transmis, à divers membres de
  l’Église, et suivant des degrés divers, la charge de leur ministère »
  (1). « Leur fonction ministérielle a été transmise aux prêtres à un
  degré subordonné : ceux-ci sont établis dans l’Ordre du presbytérat pour
  être les coopérateurs de l’Ordre épiscopal dans
  l’accomplissement de la mission apostolique confiée par le Christ » (2).       
   
  1563  
  « La fonction des prêtres, en tant qu’elle est unie à l’Ordre
  épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit,
  sanctifie et gouverne son Corps. C’est pourquoi le sacerdoce des prêtres,
  s’il suppose les sacrements de l’initiation chrétienne, est cependant conféré
  au moyen du sacrement particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les
  marque d’un caractère spécial, et les configure ainsi au Christ Prêtre pour
  les rendre capables d’agir au nom du Christ Tête en personne »(3).    
   
  1564  
  « Tout en n’ayant pas charge suprême du pontificat et tout en
  dépendant des évêques dans l’exercice de leur pouvoir, les prêtres leur sont
  cependant unis dans la dignité sacerdotale ; et par la vertu du
  sacrement de l’Ordre, à l’image du Christ prêtre suprême et éternel (4) ils
  sont consacrés pour prêcher l’Évangile, pour être les pasteurs des fidèles et
  pour célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament "(5).          
   
  1565  
  En vertu du sacrement de l’Ordre les prêtres participent aux dimensions
  universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres. Le don
  spirituel qu’ils ont reçu dans l’ordination les prépare, non pas à une
  mission limitée et restreinte, « mais à une mission de salut d’ampleur
  universelle, "jusqu’aux extrémités de la terre » (6),
  " prêts au fond du cœur à prêcher l’Évangile en quelque lieu que ce
  soit " (7).            
   
  1566  
  « C’est dans le culte ou synaxe
  eucharistique que s’exerce par excellence leur charge sacrée : là,
  tenant la place du Christ et proclamant son mystère, ils joignent les
  demandes des fidèles au sacrifice de leur chef, rendant présent et appliquant
  dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, l’unique
  sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ s’offrant une fois pour toutes
  à son Père en victime immaculée »(8). De ce sacrifice unique, tout leur
  ministère sacerdotal tire sa force (9).     
   
  1567  
  « Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide et
  l’instrument, appelés à servir le peuple de Dieu, les prêtres constituent,
  avec leur évêque, un seul presbyterium aux fonctions diverses. En
  chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent, d’une
  certaine façon, présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant
  et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les
  mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles »(10). Les
  prêtres ne peuvent exercer leur ministère qu’en dépendance de l’évêque et en
  communion avec lui. La promesse d’obéissance qu’ils font à l’évêque au moment
  de l’ordination et le baiser de paix de l’évêque à la fin de la liturgie de
  l’ordination signifient que l’évêque les considère comme ses collaborateurs,
  ses fils, ses frères et ses amis, et qu’en retour ils lui doivent amour et
  obéissance.    
   
  1568  
  « Du fait de leur ordination, qui les a fait entrer dans l’ordre du
  presbytérat, les prêtres sont tous intimement liés entre eux par la
  fraternité sacramentelle ; mais, du fait de leur affectation au service
  d’un diocèse en dépendance de l’évêque local, ils forment tout spécialement à
  ce niveau un presbyterium unique " (11). L’unité du presbyterium
  trouve une expression liturgique dans l’usage qui veut que les presbytres
  imposent à leur tour les mains, après l’évêque, pendant le rite de l’ordination.        
   
  (1) Lumen Gentium 28 – (2)
  Presbyterorum Ordinis 2 –
  (3) Presbyterorum Ordinis
  2 – (4)  cf. Hébreux
  5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28 – (5) Lumen Gentium
  28 – (6) Presbyterorum Ordinis
  10 – (7) Optatam totius
  20 – (8) Lumen Gentium 28 – (9) cf. Presbyterorum Ordinis 2 – (10)
  Lumen Gentium 28 – (11) Presbyterorum
  Ordinis 8.       
   
  L’ordination des
  diacres – « en vue du service ».           
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  1569
   
  « Au degré inférieur de la hiérarchie,
  se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains "non pas en vue
  du sacerdoce, mais en vue du service »(1). Pour l’ordination au
  diaconat, seul l’évêque impose les mains, signifiant ainsi que le diacre est
  spécialement rattaché à l’évêque dans les tâches de sa
  " diaconie " (2).   
   
  1570  
  Les diacres participent d’une façon spéciale à la mission et à la grâce
  du Christ (3). Le sacrement de l’Ordre les marque d’une empreinte
  (caractère) que nul ne peut faire disparaître et qui les configure au Christ
  qui s’est fait le "diacre", c’est-à-dire le serviteur de tous (4).
  Il appartient entre autres aux diacres d’assister l’évêque et les prêtres
  dans la célébration des divins mystères, surtout de l’Eucharistie, de la
  distribuer, d’assister au mariage et de le bénir, de proclamer l’Évangile et
  de prêcher, de présider aux funérailles et de se consacrer aux divers
  services de la charité (5).      
   
  1571  
  Depuis le deuxième Concile du Vatican, l’Église latine a rétabli le
  diaconat « en tant que degré propre et permanent de la
  hiérarchie »(6), alors que les Églises d’Orient l’avaient toujours
  maintenu. Ce diaconat permanent, qui peut être conféré à des hommes
  mariés, constitue un enrichissement important pour la mission de l’Église. En
  effet, il est approprié et utile que des hommes qui accomplissent dans
  l’Église un ministère vraiment diaconal, soit dans la vie liturgique et
  pastorale, soit dans les œuvres sociales et caritatives « soient
  fortifiés par l’imposition des mains transmise depuis les apôtres et plus étroitement
  unis à l’autel, pour qu’ils s’acquittent de leur ministère plus efficacement,
  au moyen de la grâce sacramentelle du diaconat »(7).         
   
  (1) Lumen Gentium 29 ; cf. Christus Dominus
  15 – (2) cf. Saint Hippolyte de Rome, Traditio apostolica
  8 – (3) cf. Lumen Gentium 41 ; Apostolicam actuositatem 16 –
  (4) cf. Marc 10, 45 ; Luc 22, 27 ; Saint Polycarpe
  de Smyrne, Epistula ad Philippenses 5, 2 – (5) cf. Lumen Gentium
  29 ; Sacrosanctum concilium
  35, § 4 ; Ad Gentes 16 – (6) Lumen Gentium 29 – (7) Ad Gentes 16.     
   
  IV. La célébration
  de ce sacrement.         
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  1572 
  La célébration de l’ordination d’un évêque, de prêtres ou de diacres, de par
  son importance pour la vie de l’Église particulière, réclame le concours du
  plus grand nombre possible de fidèles. Elle aura lieu de préférence le
  dimanche et à la cathédrale, avec une solennité adaptée à la circonstance.
  Les trois ordinations, de l’évêque, du prêtre et du diacre, suivent le même
  mouvement. Leur place est au sein de la liturgie eucharistique.  
   
  1573 
  Le rite essentiel du sacrement de l’Ordre est constitué, pour les
  trois degrés, de l’imposition des mains par l’évêque sur la tête de
  l’ordinand ainsi que de la prière consécratoire
  spécifique qui demande à Dieu l’effusion de l’Esprit Saint et de ses dons
  appropriés au ministère pour lequel le candidat est ordonné (1).    
   
  1574 
  Comme dans tous les sacrements, des rites annexes entourent la
  célébration. Variant fortement dans les différentes traditions liturgiques,
  ils ont en commun d’exprimer les multiples aspects de la grâce sacramentelle.
  Ainsi, les rites initiaux, dans le rite latin, – la présentation et
  l’élection de l’ordinand, l’allocution de l’évêque, l’interrogatoire de
  l’ordinand, les litanies des saints – attestent que le choix du candidat
  s’est fait conformément à l’usage de l’Église et préparent l’acte solennel de
  la consécration, après laquelle plusieurs rites viennent exprimer et achever
  d’une manière symbolique le mystère qui s’est accompli : pour l’évêque
  et le prêtre l’onction du saint chrême, signe de l’onction spéciale du
  Saint-Esprit qui rend fécond leur ministère ; remise du livre des
  Évangiles, de l’anneau, de la mitre et de la crosse à l’évêque en signe de sa
  mission apostolique d’annonce de la Parole de Dieu, de sa fidélité à
  l’Église, épouse du Christ, de sa charge de pasteur du troupeau du
  Seigneur ; remise au prêtre de la patène et du calice,
  " l’offrande du peuple saint " qu’il est appelé à
  présenter à Dieu ; remise du livre des Évangiles au diacre qui vient de
  recevoir mission d’annoncer l’Évangile du Christ.  
   
  (1) cf. Pie XII,
  constitution apostolique Sacramentum Ordinis : Denzinger-Schönmetzer
  3858.             
   
  V. Qui peut conférer ce sacrement ?        
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  1575 
  C’est le Christ qui a choisi les
  Apôtres et leur a donné part à sa mission et à son autorité. Élevé à la
  droite du Père, il n’abandonne pas son troupeau, mais le garde par les
  Apôtres sous sa constante protection et le dirige encore par ces mêmes
  pasteurs qui continuent aujourd’hui son œuvre (1). C’est donc le Christ
  " qui donne" aux uns d’être apôtres, aux autres, pasteurs (2).
  Il continue d’agir par les évêques (3).             
   
  1576 
  Puisque le sacrement de l’Ordre est le sacrement du ministère apostolique,
  il revient aux évêques en tant que successeurs des Apôtres, de transmettre
  "le don spirituel"(4), "la semence apostolique"(5). Les
  évêques validement ordonnés, c’est-à-dire qui sont dans la ligne de la
  succession apostolique, confèrent validement les trois degrés du sacrement de
  l’Ordre (6).    
   
  (1) cf. Missale Romanum, Préface des
  Apôtres – (2) cf. Éphésiens 4, 11 – (3) cf. Lumen Gentium
  21 – (4) Ibid. – (5) Lumen Gentium 20 – (6) cf. Denzinger-Schönmetzer 794 et 802 ; Codex Juris Canonici, canon
  1012 ; Corpus Canonum Ecclesiarum
  Orientalium, canon 744 ; 747.       
   
  VI. Qui peut recevoir ce
  sacrement ?       
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  1577 
  " Seul un homme (vir) baptisé
  reçoit validement l’ordination sacrée " (1). Le Seigneur Jésus a
  choisi des hommes (viri) pour former le
  collège des douze apôtres (2), et les apôtres ont fait de même lorsqu’ils ont
  choisi les collaborateurs (3) qui leur succèderaient dans leur tâche (4). Le
  collège des évêques, avec qui les prêtres sont unis dans le sacerdoce, rend
  présent et actualise jusqu’au retour du Christ le collège des douze. L’Église
  se reconnaît liée par ce choix du Seigneur lui-même. C’est pourquoi
  l’ordination des femmes n’est pas possible (5).   
   
  1578 
  Nul n’a un droit à recevoir le sacrement de l’Ordre. En effet, nul
  ne s’arroge à soi-même cette charge. On y est appelé par Dieu (6). Celui qui
  croit reconnaître les signes de l’appel de Dieu au ministère ordonné, doit
  soumettre humblement son désir à l’autorité de l’Église à laquelle revient la responsabilité et le droit d’appeler quelqu’un
  à recevoir les ordres. Comme toute grâce, ce sacrement ne peut être reçu que
  comme un don immérité. 
   
  1579 
  Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception des diacres
  permanents, sont normalement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en
  célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat " en
  vue du Royaume des cieux " (7). Appelés à se consacrer sans partage
  au Seigneur et à " ses affaires " (8), ils se donnent
  tout entier à Dieu et aux hommes. Le célibat est un signe de cette vie
  nouvelle au service de laquelle le ministre de l’Église est consacré ;
  accepté d’un cœur joyeux, il annonce de façon rayonnante le Règne de Dieu
  (9).   
   
  1580 
  Dans les Églises Orientales, depuis des siècles, une discipline
  différente est en vigueur : alors que les évêques sont choisis
  uniquement parmi les célibataires, des hommes mariés peuvent être ordonnés
  diacres et prêtres. Cette pratique est depuis longtemps considérée comme
  légitime ; ces prêtres exercent un ministère fructueux au sein de leurs
  communautés (10). D’ailleurs, le célibat des prêtres est très en honneur dans
  les Églises Orientales, et nombreux sont les prêtres qui l’ont choisi
  librement, pour le Royaume de Dieu. En Orient comme en Occident, celui qui a
  reçu le sacrement de l’Ordre ne peut plus se marier.           
   
  (1) Codex Juris Canonici, canon 1024 –
  (2) cf. Marc 3, 14-19 ; Luc 6, 12-16 – (3) cf. 1 Timothée 3, 1-13 ;
  2 Timothée 1, 6 ; Tite 1, 5-9 – (4) Saint Clément de Rome, Epistula ad Corinthios 42,
  4 ; 44, 3. – (5) cf. Mulieris dignitatem 26-27 ; Congrégation pour la doctrine de
  la foi, déclaration Inter insigniores – (6) cf. Hébreux 5, 4 – (7) Matthieu 19,
  12 – (8) cf. 1 Corinthiens 7, 32 – (9) cf. Presbyterorum
  Ordinis 16 – (10) cf. Presbyterorum
  Ordinis 16.   
   
  VII. Les effets du
  sacrement de l’Ordre.             
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  Le caractère indélébile.      
   
  1581 
  Ce sacrement configure au Christ par une grâce spéciale de l’Esprit Saint, en
  vue de servir d’instrument du Christ pour son Église. Par l’ordination l’on
  est habilité à agir comme représentant du Christ, Tête de l’Église, dans sa
  triple fonction de prêtre, prophète et roi.          
   
  1582 
  Comme dans le cas du Baptême et de la Confirmation, cette participation à
  la fonction du Christ est accordée une fois pour toutes. Le sacrement de
  l’Ordre confère, lui aussi, un caractère spirituel indélébile et il ne
  peut pas être réitéré ni être conféré temporairement (1).  
   
  1583 
  Un sujet validement ordonné peut, certes, pour de graves motifs, être
  déchargé des obligations et des fonctions liées à l’ordination ou être
  interdit de les exercer (2), mais il ne peut plus redevenir laïc au sens
  strict (3) car le caractère imprimé par l’ordination l’est pour toujours. La
  vocation et la mission reçues au jour de son ordination le marquent d’une
  façon permanente.      
   
  1584 
  Puisque en fin de compte c’est le Christ qui agit et opère le salut à
  travers le ministre ordonné, l’indignité de celui-ci n’empêche pas le Christ
  d’agir (4). Saint Augustin le dit avec force :    
  Quant au ministre orgueilleux, il est à ranger avec le diable. Le don du
  Christ n’en est pas pour autant profané, ce qui s’écoule à travers lui garde
  sa pureté, ce qui passe par lui reste limpide et vient jusqu’à la terre
  fertile. ... La vertu spirituelle du sacrement est en effet pareille à la
  lumière : ceux qui doivent être éclairés la reçoivent dans sa pureté et,
  si elle traverse des êtres souillés, elle ne se souille pas (5).            
   
  (1) cf. Concile de
  Trente : Denzinger-Schönmetzer 1767 ;
  Lumen Gentium 21 ; 28 ; 29 ; Presbyterorum Ordinis 2 – (2)
  cf. Codex Juris Canonici,
  canon 290-293 ; 1336, § 1, 3°. 5° ; 1338, § 2 – (3) cf. Concile de
  Trente : Denzinger-Schönmetzer 1774 – (4) cf.
  Concile de Trente : Denzinger-Schönmetzer
  1612 ; Denzinger-Schönmetzer 1154 – (5) Saint
  Augustin, In evangelieum
  Johannis tractatus.
  5, 15.           
   
  La grâce du Saint-Esprit.   
  Haut de page            
   
  1585 
  La grâce du Saint-Esprit propre à ce
  sacrement est celle d’une configuration au Christ Prêtre, Maître et Pasteur
  dont l’ordonné est constitué le ministre.             
   
  1586 
  Pour l’évêque, c’est d’abord une grâce
  de force (1) : celle de guider et de défendre avec force et prudence son
  Église comme un père et un pasteur, avec un amour gratuit pour tous et une
  prédilection pour les pauvres, les malades et les nécessiteux (2). Cette
  grâce le pousse à annoncer l’Évangile à tous, à être le modèle de son
  troupeau, à le précéder sur le chemin de la sanctification en s’identifiant
  dans l’Eucharistie avec le Christ Prêtre et Victime, sans craindre de donner
  sa vie pour ses brebis :   
  Accorde, Père qui connais les cœurs, à ton serviteur que tu as choisi pour
  l’épiscopat, qu’il fasse paître ton saint troupeau et qu’il exerce à ton
  égard le souverain sacerdoce sans reproche, en te servant nuit et jour ;
  qu’il rende sans cesse ton visage propice et qu’il offre les dons de ta
  sainte Église ; qu’il ait en vertu de l’esprit du souverain sacerdoce le
  pouvoir de remettre les péchés suivant ton commandement, qu’il distribue les
  charges suivant ton ordre et qu’il délie de tout lien en vertu du pouvoir que
  tu as donné aux apôtres ; qu’il te plaise par sa douceur et son cœur
  pur, en t’offrant un parfum agréable, par ton Enfant Jésus-Christ ... (3).   
   
  1587 
  Le don spirituel que confère l’ordination presbytérale est exprimé par cette prière propre au rite byzantin.
  L’évêque, en imposant la main, dit entre autres :             
  Seigneur, remplis du don du Saint-Esprit celui que tu as daigné élever au
  degré du sacerdoce afin qu’il soit digne de se tenir sans reproche devant ton
  autel, d’annoncer l’Évangile de ton Royaume, d’accomplir le ministère de ta
  parole de vérité, de t’offrir des dons et des sacrifices spirituels, de
  renouveler ton peuple par le bain de la régénération ; de sorte que
  lui-même aille à la rencontre de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ,
  ton Fils unique, au jour de son second avènement, et qu’il reçoive de ton
  immense bonté la récompense d’une fidèle administration de son ordre (4).        
   
  1588 
  Quant aux diacres, " la grâce sacramentelle leur donne la force
  nécessaire de servir le peuple de Dieu dans la ‘diaconie’ de la liturgie, de
  la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son
  presbyterium " (5).          
   
  1589 
  Devant la grandeur de la grâce et de la charge sacerdotales, les saints
  docteurs ont ressenti l’urgent appel à la conversion afin de correspondre par
  toute leur vie à Celui dont le sacrement les constitue les ministres. Ainsi,
  Saint Grégoire de Nazianze, tout jeune prêtre,
  s’écrie :          
  Il faut commencer par se purifier avant de purifier les autres ; il faut
  être instruit pour pouvoir instruire ; il faut devenir lumière pour
  éclairer, s’approcher de Dieu pour en rapprocher les autres, être sanctifié
  pour sanctifier, conduire par la main et conseiller avec intelligence (6). Je
  sais de qui nous sommes les ministres, à quel niveau nous nous trouvons et
  quel est celui vers lequel nous nous dirigeons. Je connais la hauteur de Dieu
  et la faiblesse de l’homme, mais aussi sa force (7). [Qui est donc le prêtre ?
  Il est] le défenseur de la vérité, il se dresse avec les anges, il glorifie
  avec les archanges, il fait monter sur l’autel d’en haut les victimes des
  sacrifices, il partage le sacerdoce du Christ, il remodèle la créature, il
  rétablit [en elle] l’image [de Dieu], il la recrée pour le monde d’en haut,
  et, pour dire ce qu’il y a de plus grand, il est divinisé et il divinise
  (8).             
  Et le saint Curé d’Ars : " C’est le prêtre qui continue
  l’œuvre de rédemption sur la terre " ... " Si l’on
  comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais
  d’amour " ... " Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de
  Jésus " (9).           
   
  (1) "L’Esprit
  qui fait chefs" : Prière de consécration de l’évêque du rite latin
  – Pontificale Romanum. De Ordinatione
  Episcopi, presbyterorum
  et diaconorum, 47 – (2) cf. Christus Dominus 13 et 16 – (3) Saint Hippolyte de Rome, Traditio apostolica 3 – (4) Liturgia Byzantina. 2 oratio
  chirotoniae presbyteralis,
  Euchologion, [Roma 1873] p. 136 – (5) Lumen Gentium 29 – (6) Saint Grégoire de Nazianze,
  Orationes
  2, 71 : page 35, 480B ; Orationes 2, 74 : page 46, 481B ; Orationes 2,
  73 : page 35, 481A – (7) ibid., 74 – (8) ibid., 73 – (9) Nodet, Jean-Marie Vianney 100. 
  
  En bref          
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  1590 
  Saint Paul dit à son disciple
  Timothée : " Je t’invite à raviver le don que Dieu a déposé en
  toi par l’imposition de mes mains " (2 Timothée 1, 6), et " celui
  qui aspire à la charge d’évêque, désire une noble fonction " (1
  Timothée 3, 1). A Tite, il disait : " Si je t’ai laissé en
  Crète, c’est pour y achever l’organisation, et pour établir dans chaque ville
  des presbytres, conformément à mes instructions " (Tite 1, 5).
              
   
  1591 
  Toute l’Église est un peuple sacerdotal. Grâce au Baptême, tous les fidèles
  participent au sacerdoce du Christ. Cette participation s’appelle
  " sacerdoce commun des fidèles ". Sur sa base et à son
  service existe une autre participation à la mission du Christ ; celle du
  ministère conféré par le sacrement de l’Ordre, dont la tâche est de servir au
  nom et en la personne du Christ-Tête au milieu de la communauté.       
   
  1592  
  Le sacerdoce ministériel diffère essentiellement du sacerdoce commun des
  fidèles parce qu’il confère un pouvoir sacré pour le service des fidèles. Les
  ministres ordonnés exercent leur service auprès du peuple de Dieu par
  l’enseignement (munus docendi),
  le culte divin (munus liturgicum)
  et par le gouvernement pastoral (munus regendi).            
   
  1593  
  Depuis les origines, le ministère ordonné a été conféré et exercé à trois
  degrés : celui des Évêques, celui des presbytres et celui des diacres.
  Les ministères conférés par l’ordination sont irremplaçables pour la
  structure organique de l’Église : Sans l’Evêque, les presbytres et les
  diacres, on ne peut parler d’Église (cf. Saint Ignace d’Antioche, Epistula ad Trallianos 3,1).
    
   
  1594 
  L’Evêque reçoit la plénitude du sacrement de l’Ordre qui l’insère dans le
  Collège épiscopal et fait de lui le chef visible de l’Église particulière qui
  lui est confiée. Les Évêques, en tant que successeurs des Apôtres et membres
  du Collège, ont part à la responsabilité apostolique et à la mission de toute
  l’Église sous l’autorité du Pape, successeur de Saint Pierre.   
   
  1595 
  Les presbytres sont unis aux évêques dans la dignité sacerdotale et en même
  temps dépendent d’eux dans l’exercice de leur fonctions pastorales ; ils
  sont appelés à être les coopérateurs avisés des Évêques ; ils forment
  autour de leur Evêque le " presbyterium " qui porte avec
  lui la responsabilité de l’Église particulière. Ils reçoivent de l’évêque la
  charge d’une communauté paroissiale ou d’une fonction ecclésiale déterminée.
    
   
  1596 
  Les diacres sont des ministres ordonnés pour les tâches de service de
  l’Église ; ils ne reçoivent pas le sacerdoce ministériel, mais
  l’ordination leur confère des fonctions importantes dans le ministère de la
  Parole, du culte divin, du gouvernement pastoral et du service de la charité,
  tâches qu’ils doivent accomplir sous l’autorité pastorale de leur Evêque.
          
   
  1597 
  Le sacrement de l’Ordre est conféré par l’imposition des mains suivie d’une
  prière consécratoire solennelle qui demande à Dieu
  pour l’ordinand les grâces du Saint Esprit requises pour son ministère.
  L’ordination imprime un caractère sacramentel indélébile.   
   
  1598  
  L’Église confère le sacrement de l’Ordre seulement à des hommes (viris) baptisés, dont les aptitudes pour l’exercice du
  ministère ont été dûment reconnues. C’est à l’autorité de l’Église que
  revient la responsabilité et le droit d’appeler quelqu’un à recevoir les
  ordres. 
   
  1599 
  Dans l’Église latine, le sacrement de l’Ordre pour le presbytérat n’est
  conféré normalement qu’à des candidats qui sont prêts à embrasser librement
  le célibat et qui manifestent publiquement leur volonté de le garder pour
  l’amour du Royaume de Dieu et du service des hommes. 
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