Vision du jeudi 5
avril 1945.
284> 626.1 - La
maison du Cénacle est pleine de gens. Le vestibule, la cour, les pièces, sauf
le Cénacle et la pièce où se trouve la Vierge Marie, présentent un air de
fête et d’animation d’un lieu où plusieurs se retrouvent pour une fête après
un certain temps. Il y a les apôtres, sauf Thomas. Il y a les bergers. Il y a
les femmes fidèles et, avec Jeanne, se trouvent Nikê, Élise, Syra, Marcelle,
Anne. Tous parlent, à voix basse, mais avec une animation visible et joyeuse.
La maison est bien fermée comme si on avait peur, mais la peur du dehors ne
peut porter atteinte à la joie de l’intérieur.
Marthe va et vient avec Marcelle et Suzanne pour préparer le repas des
“serviteurs du Seigneur” comme elle appelle les apôtres. Les autres, hommes
et femmes, s’interrogent, se confient leurs impressions, joies, peurs...
comme autant d’enfants qui attendent quelque chose qui les électrise et les
effraie aussi un peu.
Les apôtres voudraient paraître avoir le plus d’assurance, mais ils sont les
premiers à se troubler si un bruit semble un coup à la porte ou imite
l’ouverture d’une fenêtre. Même la venue rapide de Suzanne, qui arrive avec
deux lampes à plusieurs flammes au secours de Marthe qui cherche du linge,
fait sursauter Matthieu qui crie : “Le Seigneur !” chose qui fait tomber à
genoux Pierre qui se sent visiblement plus agité que les autres.
625.2 - Un
coup résolu à la porte coupe court toutes les conversations et laisse tout le
monde en suspens. Je crois que les cœurs battent tous à grande allure.
Ils regardent par un soupirail et ouvrent avec un “Oh !” de stupeur, en
voyant le groupe inattendu des dames romaines accompagnées par Longinus et un
autre qui porte, comme Longinus, un habit foncé. Les dames aussi sont toutes
enveloppées dans des manteaux foncés qui leur couvrent aussi la tête. Elles
ont enlevé tous leurs bijoux pour moins attirer l’attention.
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285> "Pouvons-nous entrer un moment pour dire notre joie
à la Mère du Sauveur ? " dit Plautina la plus respectée de toutes.
"Venez donc. Elle est là."
Elles entrent en groupe avec Jeanne et Marie de Magdala qui, j’en ai
l’impression, les connaît fort bien.
Longinus avec l’autre romain restent, isolés, dans un coin du vestibule, car
on les regarde un peu de travers.
Les femmes
saluent par leur : “Ave, Domina !” et puis s’agenouillent en disant :
"Si avant nous admirions la Sagesse, maintenant nous voulons être les
filles du Christ. Et c’est à toi que nous le disons. Toi seule peux vaincre
la défiance hébraïque envers nous. C’est à toi que nous viendrons pour être
instruites jusqu’à ce qu’eux (et elles montrent les apôtres arrêtés en groupe
à l’entrée) nous permettront de nous dire de Jésus."
C’est Plautina qui a parlé au nom de toutes.
Marie sourit toute heureuse et elle dit :
"Je demande au Seigneur de purifier mes lèvres comme celles du Prophète pour que je puisse parler
dignement de mon Seigneur. Soyez bénies, prémices de Rome !"
625.3 - "Longinus
aussi voudrait.., et le lancier qui s’est senti un feu dans le cœur quand...
quand s’ouvrirent Terre et Ciel au cri de Dieu. Mais si nous savons peu de
choses, eux ne savent rien, sauf que Lui était le Saint de Dieu et qu’ils ne
veulent plus appartenir à l’Erreur."
"Tu leur diras d’aller aux apôtres."
"Ils sont là, mais les apôtres se défient d’eux."
Marie se lève et va vers les soldats. Les apôtres la regardent aller, en
cherchant à comprendre sa pensée.
"Que Dieu vous conduise à sa Lumière, fils ! Venez ! Pour connaître les
serviteurs du Seigneur. Celui-ci c’est Jean, et vous le connaissez. Et
celui-là c’est Simon Pierre, choisi par mon Fils et mon Seigneur comme chef
de ses frères. Celui-ci c’est Jacques et l’autre Jude, cousins du Seigneur.
Celui-ci Simon et l’autre André, frère de Pierre. Puis voilà Jacques frère de
Jean et eux Philippe, Barthélemy et Matthieu. Il manque Thomas encore au
loin, mais je le nomme comme s’il était présent.
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286> Tous sont choisis pour une mission spéciale. Mais ces
autres, qui se tiennent humblement dans l’ombre, sont les premiers dans
l’héroïsme de l’amour. Depuis plus de six lustres ils prêchent le Christ. Ni
les persécutions qu’ils ont subies, ni la condamnation de l’innocent, n’ont
porté atteinte à leur foi. Pêcheurs et bergers, et vous patriciens. Mais dans
le nom de Jésus il n’y a plus de différences. L’amour dans le Christ nous
rend tous égaux et frères, et mon amour vous appelle fils bien que vous soyez
d’une autre nation. Et même je vous dis que je vous retrouve après vous avoir
perdus car, au moment de la douleur, vous étiez auprès du Mourant. Et je
n’oublie pas ta pitié, Longinus. Ni tes paroles, soldat .
Je paraissais meurtrie, mais je voyais tout.
625.4 - Moi
je n’ai pas la possibilité de vous récompenser. Et vraiment pour des choses
saintes, il n’y a pas de paiement mais seulement l’amour et la prière. Et
c’est elle que je vous donnerai en priant notre Seigneur Jésus de vous
donner, Lui, la récompense."
"Nous l’avons eue, Domina. C’est pour cela que nous avons osé venir tous
ensemble. Une commune impulsion nous a rassemblés. Déjà la foi a jeté son
lien d’un cœur à l’autre" dit Longinus.
Tous s’approchent avec curiosité et il se trouve quelqu’un qui, vainquant sa
retenue et peut-être la répulsion du contact avec les païens, dit :
"Qu’avez-vous eu ?"
"Moi, une voix : la Sienne, qui me
disait : “Viens à Moi” dit Longinus.
"Et moi, j’ai entendu : “Si tu me crois Saint, crois en Moi" dit
l’autre soldat.
"Et nous, dit Plautina, pendant que ce matin nous étions en train de
parler de Lui, nous avons vu une lumière, une lumière ! Elle s’est
transformée en visage. Oh ! toi, dis sa splendeur. C’était le sien. Et il
nous a souri si doucement que nous n’avions plus qu’un désir : venir vous
dire de ne pas nous repousser."
Il y a un bourdonnement de voix et des commentaires. Tous parlent pour
répéter comment ils l’ont vu.
625.5 - Les
dix apôtres se taisent, mortifiés. Pour se remonter et ne pas paraître les
seuls restés sans son salut, ils demandent aux femmes juives si elles ont été
sans cadeau pascal.
Élise dit :
"Il m’a enlevé l’épée douloureuse de la mort de mon fils."
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287> Et Anne :
"J’ai entendu sa promesse sur le salut éternel des miens".
Et Syra :
"Moi, une caresse".
Et Marcelle :
"Moi, un éclair et sa Voix qui disait : “Persévère”.
"Et toi, Nikê ?" demandent-ils parce que celle-ci se tait.
"Elle l’a déjà eu" répondent d’autres.
"Non. J’ai vu son Visage, et il m’a dit : “Pour que celui-ci s’imprime
sur ton cœur”. Comme il était beau !"
Marthe va et vient silencieuse et rapide, et elle se tait.
"Et toi, sœur ? Rien à toi ? Tu te tais et tu souris. Tu souris trop
doucement pour ne pas avoir ta joie" dit Marie-Madeleine.
"C’est vrai. Tu tiens tes paupières baissées et ta langue est muette,
mais c’est comme si tu chantais une chanson d’amour tant ton œil brille
derrière le voile des cils."
"Oh ! parle, donc ! Mère, elle te l’a dit ?"
La Mère sourit et se tait.
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