Le lundi 17 décembre 1945
517> 363.1 - Thomas, qui était en arrière de la
troupe des apôtres et qui parlait avec Manahen et Barthélemy, quitte ses compagnons
et rejoint le Maître qui est devant avec Marziam et Isaac.
"Maître, nous sommes bientôt près de Rama. Tu ne voudrais pas bénir
l'enfant de ma sœur ? Elle désire tant te voir ! Nous pourrions y
séjourner, il y a de la place pour tous. Fais-moi ce plaisir,
Seigneur !"
"Oui, et avec joie ! Demain, nous entrerons à Jérusalem
reposés."
"Oh ! alors je vais en avant pour prévenir ! Tu me laisses
aller ?"
"Va. Mais rappelle-toi que je ne suis pas un ami mondain. Ne pousse pas les tiens à beaucoup de dépenses. Traite-moi
en "Maître". Tu m'as compris ?"
"Oui, mon Seigneur. Je le dirai aux parents. Tu viens avec moi. Marziam ?"
"Si Jésus le veut..."
"Va, va, fils."
Les autres, qui ont vu Thomas et Marziam aller en direction de Rama, située un peu à gauche de la route qui va, je
crois, de la Samarie à Jérusalem, hâtent le pas pour demander ce qui arrive.
"Nous allons chez la sœur de Thomas. J'ai séjourné dans toutes les
maisons de vos parents. Il est juste que j'aille aussi chez lui, et c'est pour cela que je l'ai envoyé en avant."
"Alors, si tu permets, aujourd'hui moi aussi j'irai en avant pour
voir un peu s'il n'y a rien de nouveau. À ton
entrée à la Porte de Damas j'y serai s'il y a des ennuis. Autrement je te
verrai... où, Seigneur ?" dit Manahen.
"À Béthanie, Manahen. Je vais tout de suite chez Lazare. Mais les
femmes, je les laisserai à Jérusalem. Je vais seul et même, je t'en prie,
après la halte d'aujourd'hui, accompagne les femmes à leurs maisons."
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518> "Comme tu veux,
Seigneur."
"Prévenez le conducteur de nous suivre à Rama."
En effet le char vient lentement par derrière, pour suivre le groupe des apôtres. Isaac et le Zélote restent arrêtés
pour l'attendre alors que les autres prennent la route secondaire en pente
douce, qui les amène à la petite colline très basse sur laquelle se trouve
Rama.
363.2 - Thomas ne se tient pas de joie et il
paraît encore plus rouge à cause du contentement
qui éclate sur son visage. Il les attend à l'entrée du village. Il court à la
rencontre de Jésus :
"Quel bonheur, Maître ! Toute ma famille est là ! Mon père qui
voulait tant te voir, ma mère, mes frères ! Comme je suis
content !"
Et il se met à côté de Jésus, plastronnant comme un conquérant à l'heure de
son triomphe.
La maison de la sœur de Thomas se trouve à un carrefour à l'est de la ville. C'est la maison typique des Israélites
aisés, avec la façade quasi sans fenêtres, le portail de fer avec son judas,
la terrasse qui sert de toit et les murailles du jardin, hautes et sombres,
qui se prolongent en arrière de la maison et que dépassent les feuillages des
arbres à fruits.
Mais aujourd'hui la servante n'a pas besoin de regarder par le judas. Le portail est tout grand ouvert et tous les
habitants de la maison sont rassemblés dans l'atrium. Les grandes personnes
sont toutes occupées après les enfants, garçons et filles dont la foule
serrée, turbulente, exaltée par la nouvelle, rompt continuellement l'ordre
hiérarchique et joue devant les adultes aux places d'honneur où se trouvent
au premier rang les parents de Thomas et sa sœur avec son mari.
Mais quand Jésus est sur le seuil, qui pourrait retenir cette
marmaille ? Elle ressemble à une couvée qui sort du nid après une nuit
de repos. Et Jésus reçoit le choc de cette troupe
turbulente et gentille qui s'abat contre ses genoux et l'enserre, levant les
petits visages en quête de baisers, et qui ne peut rester
tranquille malgré les avertissements paternels ou maternels ou même quelques
gifles que Thomas distribue pour rétablir l'ordre.
"Laisse-les faire ! Laisse-les faire ! Si tout le monde
pouvait être comme eux !" s'écrie Jésus qui se penche pour
contenter toute cette troupe émoustillée.
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519> 363.3 - Il peut enfin entrer parmi les salutations
plus respectueuses des adultes. Mais ce qui
me plaît particulièrement, c'est le salut du père de Thomas, un vieillard
typiquement juif, que Jésus relève car il veut l'embrasser "par
reconnaissance pour sa générosité qui lui donne un apôtre."
"Oh ! Dieu m'a aimé plus que tout autre en Israël. Alors que tout
hébreux a son premier-né consacré au Seigneur, moi j'en ai deux qui sont
consacrés : le premier et le dernier ; et le dernier est encore
plus sacré car, sans être lévite ni prêtre, il fait ce que le Grand Prêtre
lui-même ne peut pas faire : il voit constamment Dieu et il accueille
ses commandements !" dit-il avec sa voix un peu tremblante de
vieillard, que l'émotion fait encore trembler davantage.
Et il dit pour finir :
"Dis-moi seulement une chose pour contenter mon âme. Toi, qui ne mens
pas, dis-moi : mon fils, par la façon dont il te suit, est-il digne de
te servir et de mériter la Vie éternelle ?"
"Reste en paix, père. Ton Thomas a une grande place dans le cœur de Dieu par la façon dont il se conduit ; et
il aura une grande place au Ciel pour la manière dont il aura servi Dieu
jusqu'à son dernier soupir."
Thomas halète comme un poisson hors de l'eau par l'émotion que lui donne ce qu'il entend dire.
Le vieillard lève ses mains tremblantes alors que deux larmes descendent par
les rides profondes pour se perdre dans sa barbe patriarcale, et il
dit :
"Sur toi la bénédiction de Jacob, la bénédiction du patriarche au juste parmi les
fils : que le Tout-Puissant te bénisse par les bénédictions du ciel
au-dessus de nous, par les bénédictions de l'abîme au-dessous, par les
bénédictions des mamelles et du sein. Que les bénédictions de ton père
surpassent celles que lui-même a reçues de son père, et qu'elles se posent
sur la tête de Thomas jusqu'à ce que vienne le désir des collines éternelles,
sur la tête de celui qui est le nazaréen parmi ses frères !"
Et tous répondent :
"Qu'il en soit ainsi."
"Et maintenant, Toi, ô Seigneur, bénis cette maison et surtout ceux qui sont le sang de mon sang" dit le vieillard
en montrant les enfants.
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520> Jésus, en ouvrant les
bras, entonne la bénédiction mosaïque et il y ajoute :
"Que Dieu, en présence duquel marchèrent vos pères, que Dieu qui m'a
nourri depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour, que l'ange qui m'a délivré de tout
mal, bénisse ces petits, qu'ils portent mon Nom et aussi les noms de mes
pères et qu'ils se multiplient largement sur la terre"
Et il termine en prenant le dernier-né des bras de sa mère pour le baiser sur
le front en disant :
"Et qu'en toi descendent comme du miel et du beurre les vertus d'élite
qui ont habité dans le Juste dont le nom t'a été donné, en le rendant plein
de vie pour les Cieux et orné comme le palmier l'est de ses blondes dattes et
le cèdre de sa royale frondaison."
Tous les assistants sont émus et extasiés, mais ensuite c'est une explosion de joie qui sort de toutes les bouches et
accompagne Jésus qui entre dans la maison et ne s'arrête que lorsqu'il est
dans la cour où il présente à ses hôtes sa Mère, les femmes disciples, les
apôtres et les disciples.
363.4 - Ce n'est plus le matin, et ce n'est
plus le midi. Les rayons maladifs du soleil percent difficilement les nuages
ébouriffés de ce temps qui a du mal à se remettre. Le
soleil ne va pas tarder de se coucher. C'est le crépuscule.
Les femmes ne sont plus là, ni Isaac ni
Manahen, alors que Marziam est resté et il est tout heureux aux côtés de
Jésus. Il sort de la maison avec Lui, les apôtres et toute la parenté
masculine de Thomas, pour voir des vignes qui ont des qualités particulières.
Aussi bien le père que le beau-frère de Thomas, vantent l'orientation du
vignoble et la rareté des vignes qui pour le moment n'ont que des feuilles
nouvelles et très tendres.
Et Jésus avec bienveillance écoute ces explications intéressantes de taille et de sarclage comme si c'était les choses les
plus importantes du monde. À la fin il dit en souriant à Thomas :
"Est-ce que je dois bénir cette dot de ta sœur jumelle ?"
"Oh ! mon Seigneur ! Je ne suis pas Doras ni Ismaël. Je
sais que ta respiration, ta présence dans
un lieu sont déjà une bénédiction. Mais si tu veux lever ta main droite sur
ces vignes, fais-le, et certainement leur fruit sera saint."
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521> "Et abondant,
non ? Qu'en dis-tu, père ?"
"Il suffit qu'il soit saint. Cela suffit ! Et moi, je le presserai
et je te l'enverrai pour la Pâque prochaine et tu t'en serviras dans le
calice rituel."
"C'est dit. J'y compte. Je veux, à la Pâque qui va venir, consommer le vin d'un véritable Israélite."
Ils sortent du vignoble pour retourner au village.
363.5 - La nouvelle de la présence dans le
pays de Jésus de Nazareth s'est répandue, et
les gens de Rama sont tous sur les routes avec un grand désir de l'approcher.
Jésus les voit et il dit à Thomas :
"Pourquoi ne viennent-ils pas ? Ils
ont peut-être peur de Moi ? Dis-leur que je les aime."
Oh ! Thomas ne se le fait pas dire deux fois ! Il va d'un groupe à
l'autre, si rapide qu'il semble un papillon volant
de fleur en fleur. Et ils ne se le font pas dire deux fois non plus les gens
qui ont entendu l'invitation. Ils accourent tous, en se donnant le mot,
autour de Jésus aussi, lorsqu'ils arrivent au carrefour où se trouve la
maison de Thomas, il y a toute une foule discrète qui parle avec respect aux
apôtres et aux parents de Thomas, s'informant de choses et autres.
Je me rends compte que Thomas a beaucoup travaillé pendant les mois d'hiver et qu'une partie notable de la doctrine
évangélique est connue dans le pays, mais ils désirent avoir de Jésus des
explications particulières. Quelqu'un, qui a été très impressionné par la
bénédiction que Jésus a donnée aux enfants de la maison hospitalière et par
ce qu'il a dit de Thomas, demande :
"Seront-ils
donc tous des justes à cause de ta bénédiction ?"
"Non à cause d'elle, mais à cause de leurs actions. Moi, je leur ai
donné la force de ma bénédiction pour les
fortifier dans leurs actions. Mais ce sont eux qui doivent faire les actions
et faire seulement de justes actions pour avoir le Ciel. Moi, je bénis tout
le monde... mais tous ne se sauveront pas en Israël."
"Et même il s'en sauvera très peu, s'ils vont de l'avant comme ils
le font maintenant" murmure Thomas.
"Que dis-tu ?"
"La vérité. Celui qui persécute le Christ et le calomnie, celui qui
ne pratique pas ce qu'il enseigne, ne prendra pas
part à son Royaume" dit Thomas de sa grosse voix.
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522> 363.6 - Quelqu'un le tire par la
manche :
"Il est très sévère ?" demande-t-il en montrant Jésus.
"Non. Au contraire il est trop bon."
"Moi, qu'en dis-tu, est-ce que je me sauverai ? Je ne suis pas parmi les disciples. Mais tu sais comme je suis et comme
j'ai toujours cru à ce que tu me disais. Mais je ne sais pas faire davantage.
Que dois-je faire au juste pour me sauver en plus de ce que je fais
déjà ?"
"Demande-le-lui. Il aura la main et le jugement plus doux et plus juste
que le mien."
L'homme s'avance et dit :
"Maître, je suis fidèle à la Loi et depuis que Thomas m'a répété tes paroles, j'essaie de l'être
davantage. Mais je suis peu généreux. Je fais ce que je dois faire absolument.
Je m'abstiens de faire ce qu'il n'est pas bien de faire car j'ai peur de
l'Enfer. Mais pourtant j'aime mes aises et... je l'avoue, je m'efforce de
faire les choses de façon à ne pas pécher mais sans trop me gêner pourtant.
Est-ce que je me sauverai en agissant ainsi ?"
"Tu te sauveras. Mais pourquoi être avare avec le bon Dieu qui est si généreux avec toi ? Pourquoi ne prétendre
pour soi que le salut, obtenu difficilement, et non pas la grande sainteté
qui donne tout de suite une paix éternelle ? Allons, homme ! Sois
généreux avec ton âme !"
L'homme dit humblement :
"J'y réfléchirai, Seigneur. J'y réfléchirai. Je sais que tu as raison et
que je fais tort à mon âme en l'obligeant à
une longue purification avant d'avoir la paix."
"Bravo ! Cette pensée est déjà un commencement de
perfectionnement."
363.7 - Un autre de Rama demande :
"Seigneur, sont-ils peu nombreux ceux qui se sauvent ?"
"Si l'homme savait se conduire avec respect envers lui-même et avec un
amour respectueux pour Dieu, tous les hommes se sauveraient comme Dieu le
désire. Mais l'homme n'agit pas ainsi. Et comme un sot il s'amuse avec le
clinquant au lieu de prendre l'or véritable. Soyez généreux dans votre
recherche du Bien. Cela vous coûte ? C'est en cela que réside le mérite.
Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. L'autre, large et attirante,
c'est une séduction de Satan pour vous dévoyer. Celle du Ciel est étroite,
basse, nue et sévère. Pour y passer il faut être agile, léger, sans faste et
sans matérialité.
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523> Il faut être
spirituel pour pouvoir le faire. Autrement, quand sera venue l'heure de la
mort, vous n'arriverez pas à la franchir. Et en vérité on en verra beaucoup
qui chercheront à entrer sans pouvoir y réussir tant la matérialité les rend
obèses, tant les pompes mondaines les rendent compliqués, tant les raidit la
croûte du péché, tant l'orgueil qui est leur squelette les rend incapables de
se plier. Et alors le Maître du Royaume viendra fermer la porte, et alors
ceux qui sont dehors, ceux qui n'auront pas pu entrer au moment voulu, en
restant dehors frapperont à la porte en criant : "Seigneur,
ouvre-nous ! Nous sommes là aussi". Mais Lui dira : "En vérité, Je ne vous connais pas, et Je ne sais pas d'où vous venez"
Et eux : "Mais comment? Tu ne te souviens pas de nous ? Nous avons mangé et bu avec Toi et nous t'avons écouté quand
Tu enseignais sur nos places". Mais Lui répondra : "En vérité
Je ne vous reconnais pas. Plus Je vous regarde et plus vous m'apparaissez
comme rassasiés de ce que J'ai déclaré nourriture impure. En vérité plus Je
vous scrute et plus Je vois que vous n'êtes pas de ma famille. En vérité,
voici, maintenant Je vois de qui vous êtes les fils et les sujets : de
l'Autre. Vous avez pour père Satan, pour mère la Chair, pour nourrice
l'Orgueil, pour serviteur la Haine pour trésor vous avez le péché, les vices
sont vos pierres précieuses Sur votre cœur est écrit 'Égoïsme'. Vos mains
sont souillées des vols faits aux frères. Hors d'ici ! Loin de Moi, vous
tous, artisans d'iniquité". Et
alors, alors que des profondeurs des deux viendront étincelants de gloire,
Abraham, Isaac, Jacob, et tous les prophètes et les justes du Royaume de
Dieu, eux, ceux qui n'auront pas eu amour mais égoïsme, pas le sacrifice mais
la mollesse, seront chassés au loin, relégués là où les pleurs sont éternels
et où il n'y a que terreur. Et ceux qui seront ressuscités glorieux, venus de
l'orient et de l'occident, du nord et du midi, se rassembleront à la table
nuptiale de l'Agneau, le Roi du Royaume de Dieu. Et
on verra alors que beaucoup qui paraissaient les "plus petits" dans
l'armée de la terre seront les premiers dans la population du Royaume. Et de
même aussi on verra que tous les puissants d'Israël ne seront pas tous
puissants au Ciel, et que tous ceux que le Christ a choisis pour être ses
serviteurs n'ont pas su mériter d'être choisis pour la table nuptiale. Mais
aussi on verra que beaucoup que l'on croyait "les premiers" seront
non seulement derniers, mais ne seront même pas derniers. Car nombreux sont
ceux qui sont appelés, mais peu nombreux sont ceux qui de leur élection ont
su se faire une vraie gloire."
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524> 363.8 - Pendant que Jésus parle, avec un
pèlerinage qui va à Jérusalem ou qui en vient en
quête de logement, surviennent des pharisiens Ils voient le rassemblement et
s'approchent pour voir. Ils ont vite fait de reconnaître la tête blonde de
Jésus qui se détache sur le mur sombre de la maison de Thomas.
"Laissez-nous passer car nous voulons dire un mot au Nazaréen"
crient-ils, autoritaires.
Sans enthousiasme la foule s'ouvre et les apôtres voient arriver vers eux le groupe des pharisiens.
"Maître, paix à Toi !"
"Paix à vous. Que voulez-vous ?"
"Tu vas à Jérusalem ?"
"Comme tout fidèle Israélite."
"N'y va pas ! Un danger t'y attend. Nous le savons car nous en
venons pour aller à la rencontre de nos familles
et nous sommes venus t'avertir ayant appris que tu étais à Rama."
"De qui, s'il est permis de le demander ?" demande Pierre
soupçonneux et tout prêt à amorcer une dispute.
"Cela ne te regarde pas, homme. Sache seulement, toi qui nous appelles
serpents, que près du Maître les serpents sont nombreux et que tu ferais bien
de te méfier des trop nombreux et trop puissants disciples."
"Hé ! Tu ne voudras pas insinuer que Manahen ou..."
"Silence, Pierre. Et toi, pharisien, sache qu'aucun danger ne peut
détourner un fidèle de son devoir. Si on perd la
vie, ce n'est rien. Ce qui est grave, c'est de perdre son âme en contrevenant
à la Loi. Mais tu le sais, et tu sais que je le sais. Pourquoi alors me
tentes-tu ? Tu ne sais peut-être pas que Moi je sais pourquoi tu le
fais ?"
"Je ne te tente pas. C'est la vérité. Beaucoup d'entre nous peuvent être
tes ennemis, mais pas tous. Nous, nous ne te haïssons pas.
363.9 - Nous savons qu'Hérode te cherche, et
nous te disons : pars. Va-t-en d'ici, car si Hérode s'empare de Toi, il
va te tuer. C'est ce qu'il veut."
"C'est ce qu'il veut, mais il ne le fera pas.
Cela, je le sais, Moi. Du reste allez dire à ce vieux renard que Celui qu'il
recherche est à Jérusalem. En effet j'y vais en chassant les démons, en
opérant des guérisons, sans me cacher.
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525/526> Et
je le fais et le ferai aujourd'hui, demain et après-demain, jusqu'à ce que
mon temps soit achevé. Mais il faut que je marche tant que je ne serai pas
arrivé au terme. Et il faut qu'aujourd'hui et puis une autre fois, et une
autre fois, et une autre fois encore, j'entre à Jérusalem, car il n'est pas
possible que mon chemin s'arrête auparavant. Et il doit s'achever comme il
est juste, c'est-à-dire à Jérusalem."
"Le Baptiste est mort ailleurs."
"Il est mort en sainteté, et sainteté veut dire :
"Jérusalem". Si maintenant Jérusalem veut dire "Péché"
c'est seulement pour ce qui n'est que terrestre et qui bientôt ne sera plus.
Mais je parle de ce qui est éternel et spirituel, c'est-à-dire de la
Jérusalem des Cieux. C'est en elle, en sa sainteté, que meurent tous les
justes et les prophètes. C'est en elle que je mourrai, et c'est inutilement
que vous voulez m'amener au péché. Et je mourrai aussi dans les collines de Jérusalem, non pas de la main d'Hérode, mais par la volonté de
ceux qui me haïssent plus subtilement que lui, parce qu'ils voient en Moi
l'usurpateur du Sacerdoce qu'ils convoitent et Celui qui purifie Israël de
toutes les maladies qui le corrompent. Ne mettez donc pas sur le dos d'Hérode
tout le désir de tuer, mais prenez chacun votre part car, en vérité, l'Agneau
est sur une montagne que gravissent de tous côtés des loups et des chacals
pour l'égorger et..."
Les pharisiens s'enfuient sous la grêle des brûlantes vérités...
363.10 - Jésus les regarde fuir. Il se tourne
ensuite du côté du midi vers une clarté plus lumineuse qui peut-être indique
la région de Jérusalem et il dit avec tristesse :
"Jérusalem, Jérusalem, qui tues tes prophètes et
lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois n'ai-je pas voulu
rassembler tes fils, comme fait l'oiseau sur son nid où il rassemble ses
petits sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu ! Voilà ! On te
laissera vide la Maison de ton vrai Maître. Lui viendra, fera, comme le veut
le rite, comme doit le faire le premier et le dernier d'Israël, et puis Il
s'en ira. Il ne séjournera plus entre tes murs pour les purifier par sa
présence. Et je t'assure que toi et tes habitants vous ne me verrez plus,
dans ma vraie figure, jusqu'au jour où vous direz : "Béni Celui qui
vient au nom du Seigneur"... Et vous de Rama, rappelez-vous ces paroles
et toutes les autres pour ne pas être pris, englobés dans le châtiment de
Dieu. Soyez fidèles... Allez. La paix soit avec vous."
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