Le jeudi 7 novembre 1946.
240/241> 526.1 - "Paix
à Toi, Maître !" c'est le salut des disciples
bergers qui sont allés en avant les jours précédents et qui
attendent au-delà du gué, avec les malades qu'ils ont rassemblés et d'autres
personnes désireuses d'entendre le Maître.
"Paix à vous. Il y a longtemps que vous m'attendez ?"
"Trois jours."
"J'ai été retenu en route. Allons vers les malades."
"Nous avons fait dresser des tentes pour les abriter sans faire la
navette des villages voisins. Du lait, ils en ont donné pour eux nos amis
bergers, qui maintenant sont ici avec leurs troupeaux et t'attendent"
disent les disciples tout en conduisant Jésus sous un bosquet touffu qui pourrait
servir de toit à qui s'y réfugierait.
Il y a là une vingtaine de petites tentes dressées sur des pieux, ou d'un
tronc à un autre, et dessous se trouve le triste petit peuple des malades qui
attendent et, dès qu'ils comprennent quel est celui qui vient, ils poussent
le cri habituel :
"Jésus, Fils de David, aie pitié de nous."
Jésus ne veut pas les faire attendre
longtemps et en se montrant, ou plutôt en se penchant d'une tente à l'autre,
sa grande taille ne Lui permettant pas de se tenir debout à l'intérieur, il
met dans chacune son visage et son sourire qui est déjà une grâce. Le soleil
qu'il a derrière Lui projette son ombre sur les grabats et sur les visages
émaciés ou les membres inertes. Il ne dit qu'une courte phrase : "Paix à
vous qui croyez" et puis il passe à la tente suivante.
Et un cri le suit. Un cri qui se répète comme se répète sa phrase, un cri qui
se répète dans la tente qu'il vient de quitter comme si c'était l'écho de
celui qui est sorti de la tente précédente :
"Je suis
guéri. Hosanna au Fils de David !"
Et le petit peuple des malades, d'abord étendu sous les tentes sombres, sort
et se groupe derrière les pas du Maître, un petit peuple tout en fête, qui
jette les bâtons et les béquilles, qui s'enveloppe dans les couvertures du
brancard abandonné, qui enlève les pansements désormais inutiles et qui
surtout exulte dans la joie de la guérison.
Ils sont tous guéris maintenant et Jésus se retourne avec son sourire le plus
doux pour dire :
"Le Seigneur a récompensé votre foi. Bénissons ensemble sa bonté"
Et il entonne le psaume :
"Acclamez joyeusement Dieu par toute la Terre, servez le Seigneur avec
allégresse. Venez en sa présence dans la jubilation. Reconnaissez que le
Seigneur est Dieu, que Lui nous a faits... "
Les gens le suivent comme ils peuvent. Certains, qui ne sont peut-être pas
d'Israël, suivent le chant en le fredonnant, mais leur cœur chante et la
lumière de leurs visages le montre. Dieu certainement accueillera ce pauvre
fredon, mieux que le chant parfait et aride de quelques pharisiens.
Haut
de page.
242> 526.2 - Matthias
dit à Jésus :
"O Seigneur, en parlant à ceux qui attendent ta parole, rappelle-leur
notre Jean."
"Je pensais le faire, car cet endroit me ramène encore plus vivement au
cœur, la figure du Baptiste"
Et entouré par les gens, il monte sur une bande de terre surélevée, couverte
d'une herbe fine, et il commence à parler.
"Qu'êtes-vous venus chercher en ce lieu ? La santé du corps, Ô malades,
et elle vous a été donnée. La parole qui évangélise, et vous l'avez trouvée.
Mais la santé du corps doit être la préparation à la recherche de la santé de
l'esprit, de même que la parole qui évangélise doit être la préparation à
votre volonté de justice. Malheur si la santé du corps se bornait à la joie
de la chair et du sang en restant inerte pour ce qui est de l'esprit !
Je vous ai fait louer le Seigneur qui vous a donné le bienfait avec la santé.
Mais une fois passé le moment de la jubilation, il ne faut pas cesser de
montrer votre reconnaissance au Seigneur, et elle se manifeste dans la
volonté sincère de l'aimer. Tout
don de Dieu
n'est rien, bien qu'il soit chargé de forces actives, si l'homme n'a pas la
volonté de faire par compensation le don de son propre esprit à Dieu.
526.3 - Ce lieu a entendu la prédication de
Jean. Plusieurs de vous certainement l'ont entendue. Tant de gens, en Israël,
l'ont entendue, mais elle n'a pas produit en tous les mêmes résultats bien
que le Baptiste ait dit à tous les mêmes paroles. Comment donc tant de
différence ? D'où vient-elle ? De la volonté différente des hommes qui ont
recueilli ces paroles. Pour certains, elles les ont réellement préparés à
Moi, et par conséquent à leur sainteté. Pour d'autres, au contraire, elles
les ont préparés contre Moi, et par conséquent à leur injustice. Comme le cri
d'une sentinelle, elles ont résonné, et l'armée des esprits s'est divisée
bien qu'il n'y ait eu qu'un seul cri. Une partie d'entre eux se sont préparés
pour suivre leur Chef, une partie d'entre eux se sont armés et ont étudié des
plans pour le combattre, Moi et ceux qui me suivent. Et c'est pour cela
qu'Israël sera vaincu, car un royaume divisé en lui-même ne peut être fort et
les étrangers en profitent pour le subjuguer.
Il en est de même en chaque esprit. En tout homme, il y a des forces bonnes
et des forces qui ne le sont pas. La Sagesse parle à l'homme tout entier,
mais ils sont peu nombreux les hommes qui savent vouloir faire régner une seule partie,
celle qui est bonne.
Haut
de page.
243> Pour la volonté de choisir une
seule partie et de la faire reine, les fils du siècle ont plus de capacités.
Eux savent être complètement mauvais quand ils veulent l'être, et ils
rejettent comme des vêtements inutiles les parties bonnes qui pourraient résister
en eux.
Au contraire les hommes qui n'appartiennent pas au siècle, et qui sont
poussés vers la Lumière, ne savent que difficilement imiter les fils du
siècle et rejeter loin d'eux les vêtements qu'ils répudient, les parties
mauvaises qui essaient de résister en eux.
526.4 - J'ai dit que si un œil est un
scandale il faut l'arracher, que si une main est un scandale, il faut la
couper, car il vaut mieux entrer mutilé dans la
Lumière éternelle, que dans les Ténèbres éternelles avec les deux yeux ou les
deux mains.
Le Baptiste était un homme de notre temps. Plusieurs d'entre vous l'ont
connu. Imitez son exemple héroïque. Lui, par amour pour le Seigneur et pour
son âme, a jeté bien plus qu'un œil ou une main, mais sa vie même pour être
fidèle à la Justice.
Plusieurs de vous auront peut-être été ses disciples et diront encore qu'ils
l'aiment. Mais souvenez-vous que l'amour pour Dieu et pour les maîtres qui
conduisent à Dieu se montre en faisant ce qu'ils ont enseigné, en imitant
leurs œuvres de justice, et en aimant Dieu avec tout soi-même, jusqu'à
l'héroïsme. Voici alors qu'en agissant ainsi, les dons de santé et de sagesse
que Dieu a accordés ne restent pas inactifs et ne deviennent pas
condamnation, mais sont au contraire une échelle pour monter à la demeure de
mon Père et du vôtre, qui nous attend tous dans son Royaume.
Faites, pour votre bien, faites que le sacrifice du Baptiste : toute une vie
de sacrifice terminée par le martyre, et mon sacrifice : toute une vie
de sacrifice et qui se termine en un martyre cent et cent fois plus grand que
celui de mon Précurseur, ne restent pas inactifs pour vous. Soyez justes,
ayez la foi, ayez l'obéissance à la parole du Ciel, renouvelez-vous dans la
Loi Nouvelle. Que la Bonne Nouvelle soit pour vous vraiment bonne, en vous
rendant bons et dignes de jouir de la Bonté, c'est-à-dire du Seigneur
Très-Haut dans un Jour éternel. Sachez distinguer les vrais bergers des faux
et suivez ceux qui vous donnent les paroles de Vie qu'ils ont apprises de
Moi.
Haut
de page.
243> 526.5 - Elle
est proche la fête des Lumières, la célébration de la Dédicace du Temple.
Rappelez-vous qu'elles ne sont rien les lampes nombreuses en l'honneur de la
fête et du Seigneur, si votre cœur reste sans lumière. La lumière c'est la
charité, et la douille la volonté d'aimer le Seigneur par les œuvres bonnes.
Rappeler la Dédicace du Temple est une bonne chose, mais il est beaucoup plus
grand et meilleur et plus agréable au Seigneur de dédier à Dieu son propre
esprit et de le reconsacrer par l'amour. Des esprits justes dans des corps
justes, car le corps ressemble aux murs qui entourent l'autel et l'esprit
c'est l'autel sur lequel descend la gloire du Seigneur. Dieu ne peut
descendre sur des autels profanés par les propres péchés ou par des contacts
avec des chairs mordues par la luxure ou des pensées mauvaises.
Soyez bons. La peine de l'être dans les continuelles épreuves de la vie est
compensée avec usure par la récompense future et, dès maintenant, par la paix
qui console le cœur des justes à la fin de chacune de leurs journées, quand
ils s'étendent pour le repos et trouvent leur oreiller exempt de remords,
cauchemar de ceux qui veulent des jouissances illicites et n'arrivent qu'à se
donner une agitation sans paix.
N'enviez pas les riches. Ne haïssez personne. Ne désirez pas ce que vous
voyez aux autres. Soyez contents de votre état en pensant que de faire la
Volonté de Dieu en toute chose, c'est la clef qui ouvre les portes de la
Jérusalem éternelle.
526.6 - Je vous quitte. Beaucoup d'entre
vous ne me verront plus, car je vais aller préparer les places de mes
disciples... Je bénis spécialement vos enfants, vos femmes que je ne verrai
plus. Et puis vous, les hommes... Oui. Je veux vous bénir... Ma bénédiction
servira à ne pas faire tomber les plus forts et à relever les plus faibles.
Seuls pour ceux qui me trahiront en me haïssant ma bénédiction sera sans
valeur."
|