Dans le EMV 49.6,
Jésus proclame "O vous d'Israël !
Le temps de la Rédemption est arrivé mais préparez-en les voies en vous, par
la bonne volonté" selon Marc
1, 14-15.
L'impact de cette proclamation a été étudié par Vittorio Messori dans son
ouvrage "Hypothèses sur Jésus".
Le site "Marie de Nazareth",
décembre 2011 en a publié les extraits que voici.
I - Au temps de la Vierge, tout Israël
attend Celui qui doit venir.
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Lorsqu’elle
était petite enfant, la Vierge Marie attendait au cœur de son peuple Israël
la venue du Messie, qui n’a pas été annoncé par un seul prophète, mais par
une longue série d’hommes, prédisant et complétant, au fur et à mesure, leur
prédiction, pendant des siècles. Elle attendait au cœur d’un petit peuple,
ballotté par l’histoire, qui a survécu à toutes les confrontations avec les
Empires voisins et qui sera finalement dans l’avenir le seul peuple résistant
à la dissolution du monde antique, en conservant intacte son identité, et en
gardant toujours la certitude inébranlable d’être l’instrument d’un destin
éternel, aux dimensions du monde.
Tous cherchaient dans l’Ecriture le moment de la venue du Messie annoncé
précisément mais mystérieusement par les prophètes. Et l’attente de
l’accomplissement des temps était devenue tellement forte et précise, en
cette période particulière de l’histoire, qu’il y eut plus de 100 candidats
Messie recensés par les historiens. « Comme le peuple était dans l’attente »
(Luc 3,15) quand Jean-Baptiste paru, tous lui demandaient : « Es-tu Celui qui
doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Luc 7,19).
C’était une situation absolument unique et cet aspect caractéristique du
christianisme, à lui seul, est suffisant - c’est l’avis de maints
spécialistes - pour le situer tout à fait à part dans l’histoire religieuse
du monde.
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 47, 48,
51, 59
II - "Le sceptre ne l’éloignera pas de
Juda, avant que vienne Celui à qui il appartient".
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La
première des prophéties évoquant le moment de la venue du Messie se trouve
dans la Genèse, (Genèse 49,1-10), quand Jacob, né d’Isaac, bénit ses fils
avant de mourir. « Rassemblez-vous pour que je vous annonce ce qui vous
arrivera dans l’avenir ». Et il poursuit : « Le sceptre ne s’écartera pas de
Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pieds jusqu’à ce que vienne
Celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. » Ce
passage, qui a toujours été entendu par les exégètes d’Israël en un sens
messianique, prend une actualité nouvelle au temps de la Vierge, après
qu’Hérode Ier ait été nommé roi de Judée en mettant fin à la dynastie
hasmonéenne juive.
Les juifs d’Israël seront désormais régis par un roi édomite, fils d’une
nabatéenne, issue d’une tribu arabe, et ami des romains, même s’il est
officiellement converti au judaïsme. La Judée devient alors une province
vassale de Rome et elle le restera jusqu'à la destruction de Jérusalem en 70
après Jésus-Christ. Quand Octave confirme à Hérode Ier le titre de roi de
Judée, de Samarie, d’Idumée et de Galilée, en lui offrant aussi le plateau du
Golan et les villes côtières de la méditerranée qu’il avait dû rendre à
Cléopâtre précédemment, Jérusalem est secouée par un tremblement de terre qui
cause 10.000 victimes. Avec l’avènement d’Hérode Ier l’autorité passe aux
romains, et le signe messianique s’accomplit puisque le sceptre s’éloigne
définitivement de Juda. A tel point que les juifs pourront maintenant
répondre très justement à Pilate, lors du procès du Christ : « Nous n’avons
pas d’autre roi que César » (Jean 19,15).
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 50, 82
et les Chroniques Universelles du
calendrier Hébraïques, année 3625 et 3630.
III - "Au temps de ces rois, le Dieu du
Ciel suscitera un royaume qui jamais ne sera détruit".
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La
seconde importante prophétie évoquant le moment de la venue du Messie se
trouve dans le dernier livre de l’Ancien Testament, celui de Daniel, qui, au
temps de la Vierge était composé et lu dans sa forme actuelle depuis déjà
deux siècles.
Le livre rapporte au chapitre 2 le songe de Nabuchondonosor,
dans lequel le roi voit une pierre qui brise une grande statue d’or,
d’argent, de bronze, de fer et d’argile mêlés. Le roi est troublé et empêché
de dormir jusqu’à ce que Daniel puisse lui donne la juste interprétation :
"Après toi se dressera un autre
royaume, inférieur à toi, et un troisième royaume ensuite, de bronze, qui
dominera la terre entière. Et il y aura un quatrième royaume, dur comme le
fer, (…) il réduira en poudre et brisera tous ceux-là. (…) Il sera divisé,
partie fer, partie argile. (…) Au temps de ces rois, le Dieu du Ciel dressera
un royaume qui jamais ne sera détruit, et ce royaume ne passera pas à un
autre peuple. Il écrasera et anéantira tous ces royaumes, et lui-même subsistera
à jamais (…). Le Grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver. Tel
est véritablement le songe, et sûre en est l'interprétation."
(Daniel 2,39-45).
Or, après Nabuchondonosor sont venus les perses
aidés par les mèdes, puis les grecs, qui ont dominé toute la terre avec
Alexandre, puis les romains qui, par le fer, ont réduit en poussière tous
leurs adversaires, avant qu’Israël ne soit au 1er siècle divisé entre le fer
de Rome et l’argile d’Hérode. La pierre qui brise la statue doit devenir une
grande montagne qui remplira toute la terre. L’humble Vierge du Seigneur
pouvait peut-être imaginer la modestie des débuts du règne messianique qui «
jamais ne sera détruit et subsistera éternellement » en méditant comme Blaise
Pascal qui écrivait, en considérant la prophétie de la petite pierre qui
devient montagne : "Il est prédit
que Jésus-Christ serait petit en son commencement et qu’il croîtrait ensuite".
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 84
IV - Une attente unique au monde :
L’étonnante prophétie des Soixante-dix septénaires.
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Le
prophète Daniel précisa ensuite de manière très étonnante le temps de
l’avènement du Messie par la prophétie des soixante-dix septénaires. Ce
fameux passage du chapitre 9 de Daniel commence ainsi : "Sont fixés 70 septénaires pour ton peuple
et ta ville sainte, pour faire cesser la perversité et mettre un terme au
péché, absoudre la faute et amener la justice éternelle, pour sceller vision
et prophétie et pour oindre le Saint des Saints". Le monde nouveau
(l’iniquité qui cesse et est expiée, le péché qui est "mis sous scellés", la justice
éternelle qui règne) adviendra donc quand le Christ aura "reçu l’onction". Et alors
prendront fin les visions des prophètes mêmes. Et tout cela se produira après
"70 septénaires".
Cette indication temporelle, la seule de tout l’Ancien Testament, n’a jamais
suscité de polémiques excessives parmi les interprètes. Il est clair qu’il
s’agit de septénaires, c’est-à-dire de périodes de sept ans, et qu’elle
désigne la venue du Messie au bout de 490 années. Mais à partir de quoi
doit-on commencer à les compter ? "Depuis
le surgissement d’une parole en vue de la reconstruction de Jérusalem"
après l’exil à Babylone, selon le texte biblique. Certains calculaient à
partir du décret d’Artaxerxès, en 458 avant Jésus-Christ, d’autres à partir
de Cyrus, en 538, dès la libération d’Israël, certains en années solaires,
d’autres en années lunaires.
La découverte de parchemins du 1er siècle avant notre ère retrouvés à Qûmran montrent que la communauté qui vivait là-bas se
préoccupait beaucoup des signes des temps et qu’ils s’appuyaient aussi sur la
prophétie des "70 septénaires".
Ils avaient calculé que les temps du Messie devaient commencer en 26 avant
Jésus-Christ et c’est à cause de cette attente qu’ils se retiraient au
désert. Il y avait encore une petite "erreur" de 20 ans dans leur calcul, mais comme le dit Hugh Schonfield, "nous
voyons bien aujourd’hui à quel point - presque à la lettre - Jésus pouvait
proclamer en inaugurant sa mission : "Les temps sont accomplis et le
royaume de Dieu est proche" (Marc 1,15).
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 89-90
V - L’attente des romains.
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Au
temps de la Vierge, les juifs attendaient donc leur mystérieux Christ
précisément en ces années-là. Mais ce qui est plus surprenant encore, c’est
de découvrir que, en ce temps-là précisément, les autres peuples aussi
vivaient dans l’attente. Nous avons des témoignages indubitables et des plus
précis sur cette attente universelle de Quelqu’un qui devait venir de Judée.
C’est de deux des plus grands historiens latins, Tacite et Suétone, que nous
apprenons aussi comment les romains étaient en effervescence à l’approche du
siècle que nous, désormais, appelons "le premier après Jésus-Christ". Tacite écrit dans les Historiae :
"La plupart étaient persuadés
qu’il se trouvait écrit dans les anciens livres des prêtres, que, vers ces
temps, l’Orient grandirait en puissance. Et que de Judée viendraient les
dominateurs du monde". Et de même Suétone, dans la Vie de Vespasien : "Par tout l’Orient, une idée gagnait les esprits
: l’opinion constante et fort ancienne selon laquelle il devait être écrit
dans le destin du monde que de la Judée viendraient en ce temps-là les
dominateurs du monde". Ces deux historiens écrivaient à la fin du
premier siècle et au début du second, sans pouvoir connaître le triomphe,
encore à venir, de Celui qui serait effectivement un jour le "dominateur" du monde occidental.
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 90
VI - L’enfant merveilleux annoncé par la
Sibylle de Cumes.
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Au
temps de la Vierge, l’attente des romains pouvait aussi venir du grand oracle
rapporté par Virgile dans la 4ème Eglogue de ses Bucoliques : "Voici
les derniers temps marqués par l’oracle de la Sibylle de Cumes : la longue
série des siècles recommence. Voici venir la Vierge, et le règne de Saturne.
Voici descendre du ciel une race nouvelle. Un enfant nouveau-né sous le règne
de l’Empereur Auguste éliminera la génération de fer et suscitera par tout le
monde une génération d’or".
La Vierge Marie en qui descendra le Fils de Dieu ne devait certainement pas
connaître cet oracle, mais Jésus, qui est bien né sous le règne de l’Empereur
Auguste a effectivement transformé le fer de l’oppression, dans l’amour que
l’or symbolise. Et en plusieurs sanctuaires du monde (comme Longpont, Nogent
sous Coucy, Chartres), on vénérait de manière très étonnante, dès avant le
Christ, la "Virgini Pariturae"
: la Vierge qui devait enfanter.
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 90
VII - L’attente des astrologues babyloniens.
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Il
semble désormais scientifiquement prouvé que les astrologues babyloniens
aussi attendaient la naissance du « dominateur du monde » à partir de l’an 7
avant Jésus-Christ. Kepler, un des pères de l’astronomie moderne, observa en
décembre 1603 la conjonction très lumineuse (c’est-à-dire la rencontre sur
une ligne droite) de Jupiter et de Saturne dans la constellation des
Poissons. Il établit grâce à ses calculs que le même phénomène (qui provoque
une lumière intense et éclatante dans le ciel étoilé) devait s’être produit
également en 7 avant Jésus-Christ, puis découvrit ensuite un ancien
commentaire de l’Écriture, du rabbin Abarbanel,
rappelant que, selon une croyance des juifs, le Messie devait apparaître
précisément lorsque, dans la constellation des Poissons, la lumière de
Jupiter et de Saturne ne ferait plus qu’une.
Mais on n’attacha guère d’importance à la découverte de Kepler notamment
parce que la critique n’avait pas encore établi avec certitude que Jésus
était né avant la date traditionnelle, suite à l’erreur de Denys le Petit.
Plus de deux siècles après, la savant danois Münter
découvre et déchiffre un commentaire hébraïque médiéval des « soixante-dix
septénaires » du livre de Daniel qui indique la croyance rappelée par Kepler.
En 1902, est publiée ce qu’on appelle la Table planétaire, aujourd’hui
conservée à Berlin : un papyrus égyptien qui porte avec exactitude les
mouvements des planètes de 17 avant J-C à 10 après J-C, qui rappelle qu’en 7
avant J-C ont avait remarqué la conjonction entre Jupiter et Saturne, visible
dans son plus bel éclat sur toute l’étendue de la Méditerranée.
En 1925 enfin, on publie une description du Calendrier stellaire de Sippar : une tablette en terre cuite avec des
inscriptions cunéiformes provenant de l’antique cité de Sippar,
sur l’Euphrate, qui était le siège d’une importante école d’astrologie
babylonienne. Sur ce "calendrier"
sont portés tous les mouvements et conjonctions célestes de l’an 7 avant
Jésus-Christ justement. Pourquoi ? Parce que selon les astrologues
babyloniens, cette conjonction qui ne s’observe une seule fois que tous les
794 ans s’était produite 3 fois en 7 avant J-C : le 29 mai, le 1er octobre et
le 5 décembre. Et ils considéraient Jupiter comme la planète des dominateurs
du monde, Saturne comme la planète des protecteurs d’Israël, et la
constellation des Poissons comme le signe de la fin des temps, c’est-à-dire
du commencement de l’ère messianique. (…)
Il est désormais certain, en effet, qu’entre le Tigre et l’Euphrate, non
seulement on attendait comme dans tout l’Orient, un Messie qui devait venir
d’Israël, mais que l’on avait également établi avec une sûreté stupéfiante
qu’il devait naître en un temps et un moment déterminés.
D’après
Hypothèses sur Jésus, pages 91-93
VIII - Tous les temps sont désormais échus.
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"Le temps de la venue du Messie a été
prédit par l’état du peuple juif, par l’état du peuple païen, par l’état du
Temple, par le nombre des années : il fallait que les quatre monarchies, le
sceptre ôté de Juda et les soixante-dix semaines arrivassent en même temps,
et le tout avant que le deuxième Temple ne fut détruit" (Blaise
Pascal - Pensée 708 et 709).
Les païens bénéficiant aussi d’annonces complémentaires, il y a comme une
polarisation de l’attention, le sommet d’une attente jamais vue dans
l’histoire du monde, aux alentours précisément des années où Jésus apparut.
C’est un fait historique prouvé : tout inexplicable qu’elle semble,
l’attention du monde se concentre, au premier siècle, sur un seul point,
cette lointaine province romaine.
Cette attente unique est celle que Marie porte plus que tout autre en son
cœur, dans sa prière auprès du Saint des saints. Elle s’accomplira pour elle
et pour tous les chrétiens dans la venue du Sauveur, à la plénitude des temps
fixés. Mais pour ceux qui ne l’ont pas reconnu, le rendez-vous manqué posera
longtemps question. Comme l’observe le Talmud lui-même, "toutes les dates qui ont été calculée pour
la venue du Messie sont désormais passées" (Traité Sanhédrin 97). Et
sous le coup de la déception, les docteurs d’Israël en viendront à tenter de
réinterpréter l’attente du Messie.
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