Table des matières
CHAPITRE
VIII
6 Or, les affections de la chair, c'est la mort; tandis que
les affections de l'esprit, c'est la vie et la paix. 7 Car la sagesse de la
chair est ennemie de Dieu: elle ne se soumet pas à la Loi de Dieu et elle ne
le peut même pas. 8 Donc ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à
Dieu.
RETOURS
AUX FICHES
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Jeudi 19 janvier 1950.
Romains 8, 6-8.
« La perfection est amour. L'amour est
harmonie. L'harmonie est ordre.
Il n'y a pas d'harmonie là où l'ordre a été troublé. Il n'y a pas d'amour là
où a été troublée l'harmonie. Il n'y a pas de perfection là où l'amour vient
à manquer.
En toutes choses et actions, c'est ainsi que cela se passe : qu'il
s'agisse de choses humaines ou, à plus forte raison, de choses qui dépassent
l'humain. Si les chanteurs ou les musiciens n'observaient pas strictement les
lois musicales qui régissent le temps et le ton, une musique vraiment
harmonique ne serait pas possible. Au lieu d'avoir une musique harmonieuse et
agréable, il en résulterait une rumeur discordante qui mettrait en fuite les
auditeurs.
Si l'amour manquait parmi les membres d'une famille, d'une
société, d'une nation, ou d'une assemblée de nations, l'harmonie morale ne
pourrait plus exister. L'absence d'amour, autrement dit le désordre dans les
relations mutuelles, apporterait la division et la ruine dans la famille, la
fin d'une société, la ruine dans la nation, la guerre parmi les nations.
La perfection qui règle les lois de la vie et la perfection des mœurs ne peut
plus subsister si l'amour vient à disparaitre, c'est-à-dire l'harmonie et
l'ordre qui sont à la base de tout ce qui est bon.
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Pour cette raison, la Perfection infinie et éternelle
a créé toutes choses et toutes créatures dans l'harmonie. Depuis le début de
son existence, toute la Création peut être considérée comme une sublime
harmonie pour ce qui est des lois éternelles qui règlent le cours des étoiles
et des planètes, le changement des saisons, ainsi que la reproduction
continue des espèces animales et végétales, de façon à ce que rien ne manque
de ce qui est nécessaire à la vie de l'homme sur la terre. La Perfection est
Amour, elle est Ordre, elle est suprême Harmonie. Cette Perfection qui est
Amour, qui est Ordre, qui est Harmonie, est si suprêmement parfaite, qu'elle
est à la fois Une et Trine sans que cela porte à l'annulation ou à la
confusion d'une Personne ou des Personnes. Elles restent bien distinctes
alors qu'elles fusionnent dans l'harmonie de l'Amour unifiant. Cette même
perfection se retrouve, en forme différente mais toujours dans l'ordre, dans
le Verbe fait Chair, en qui la Divinité et l'Humanité se sont jointes sans se
confondre ni s'écraser l'une l'autre: chacune des deux entités persiste à
être ce qu'elle est, sans séparation entre le Fils et le Père, sans
privilégier l'Humanité du Christ en raison du fait qu'il est Dieu.
Achevée sans effort, parce que réalisée de façon ordonnée, la création aurait
continué sans efforts de la part des créatures si le désordre n'était pas
venu briser l'harmonie du Ciel avec la rébellion de Lucifer, et celle de
l'Eden avec la rébellion de l'Homme-Adam.
"Eden" était le nom du lieu où
l'homme avait été créé et placé afin de pouvoir s'y multiplier avec sa
compagne. De même que "Ciel" était appelé le lieu où les Anges,
esprits purs, avaient été placés pour adorer et servir dans les siècles des
siècles le Dieu qui les avait créés. Eden signifie "jardin", ou un
lieu de délices. Ciel signifie "Royaume de Dieu", ou un lieu de
sainteté et de joie. Si l'ordre n'eût pas été volontairement brisé par les
créatures à qui Dieu avait donné l'existence et un lieu pour vivre dans la
joie et les délices, l'Eden serait resté Eden pour tous les descendants de
l'Homme-Adam, et l'Enfer n'existerait pas.
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Par un don sublime, l'ange avait la
connaissance des futurs mystères et des futures œuvres du Seigneur, œuvres
que Lucifer, bien que sublime parmi les anges, n'aurait jamais été capable
d'accomplir. Au lieu de contempler avec des sentiments d'adoration le Pouvoir
infini et la Charité de son Créateur – et cela aurait été "vie dans
l'ordre, vie dans l'harmonie des bonnes impulsions intellectuelles" – ce
fut lui le premier, l'ange qui dans une folle rébellion, s'est insurgé contre
son Seigneur. Cette révolte tua, en lui et en ses partisans, la charité,
l'ordre et l'harmonie. Et il a créé. Oui, lui aussi a créé. Mais quoi? Il a
créé le désordre, le péché, l'enfer. Ce que pouvait créer un être qui s'était
mis contre Dieu.
Les impulsions et les instincts de la nature humaine étaient des éléments
ordonnés et bons à leur origine. Ils étaient agencés selon une harmonie
réciproque, bien adaptée au but final pour lequel l'homme avait été créé.
Leur désordre fut la création de Lucifer, le rebelle. À l'heure de la céleste
création des anges, Lucifer, qui avait été « la splendeur du
matin »,
s'était cru « semblable au Très Haut ».
Depuis, il avait entrepris « d’élever son trône » au-dessus des
cieux (Isaïe 14).
Le péché contre l'amour, c'est-à-dire l'orgueil de l'intellect et du cœur, à
partir duquel l'homme-Adam innocent est devenu coupable, le péché terrible du
moi qui veut « devenir semblable à Dieu » (Genèse 3, 5) ce péché a
été créé par Lucifer qui, plus tard, séduisit l'homme au même péché, en le
rendant semblable à lui dans sa rébellion contre le Seigneur.
L'Enfer, le lieu d'éternels et inconcevables tourments dans lequel se
précipitent ceux qui vivent dans la haine du Seigneur et de sa Loi, cet Enfer
a été créé à cause de lui, l'Archange rebelle. Avec ses partisans, il a été
foudroyé par le divin courroux, et terrassé par les anges fidèles. Foudroyé,
car dépouillé désormais de la puissance de son état de grâce, et « précipité
au fond de l'abîme » (Isaïe). Dans
cet abîme, son terrible feu de haine, sa lumière et sa flamme
désormais horribles, si différentes de la flamme de grâce et d'amour reçues
lors de sa création, ont allumé un feu éternel qui est d'une atrocité inimaginable.
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Le Ciel est resté Ciel, même après la
révolte et la chute des rebelles. Parce que dans le Royaume de Dieu tout est
fixé par des lois éternelles. Une fois chassés les superbes, les rebelles,
les auto-idolâtres, dont l'habitation est la mare brûlante de l'enfer, la
sainteté, la joie, l'amour, l'harmonie, l'ordre parfait, y sont en fête
éternelle.
Mais désormais, le désordre était né et, avec lui, le péché, la douleur et la
mort s'étaient glissées insidieusement parmi les délices de l'Eden, en y
injectant leur venin. L'ordre, l'harmonie et l'amour ont été troublé.
L'intellect, la volonté, les sensations et les instincts corrompus parvinrent
à éveiller le mauvais appétit, à détruire l'innocence et la grâce, à donner
du chagrin au Créateur, et à faire de ce Couple, jusque-là surnaturellement
et naturellement comblé, deux malheureux. L'homme a été condamné à tirer laborieusement
son pain d'une terre désormais maudite et produisant épines et tribulations.
La femme condamnée à enfanter avec peine, à vivre dans la douleur et dans la
soumission à l'homme. Les deux ont été condamnés à connaître la souffrance
d'avoir un fils assassiné, la honte d'être les parents d'un fils fratricide,
et enfin d'expérimenter les douleurs et les affres de la mort.
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Toute cette peine millénaire vient d'un
désordre créé au Ciel par un rebelle, et d'un consentement au même désordre
qui, dans le jardin d'Eden, fut proposé aux deux premiers habitants de la
Terre par celui qui désormais n'est qu'un serpent maudit. Jamais plus la
perfection initiale, l'amour, l'harmonie et l'ordre ne purent renaître après
que l'ange et les deux créatures innocentes eurent choisi le Mal plutôt que
le Bien suprême.
Pas même le sacrifice d'un Dieu, qui s'est fait homme pour racheter le genre
humain, n'a rétabli l'état d'ordre primordial, l'harmonie, l'amour et la
perfection. La Grâce répare, mais la blessure reste. La Grâce vient au
secours, mais les penchants mauvais demeurent en place.
Si la faute originelle n'avait pas eu lieu, il aurait été doux et
facile pour les humains d'atteindre le Royaume ale Dieu, mais maintenant ils
doivent « se faire violence" pour atteindre ce Royaume ».
Violence sainte contre violence démoniaque. Car, à partir du moment où le
Péché a été commis, le Bien et le Mal marchent côte à côte, et les deux se
font la guerre autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'homme.
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