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Que sont les révélations
privées ?
Pour le
cardinal Ratzinger (Benoît XVI) "le concept de "révélation
privée", se réfère à toutes les visions et à toutes les révélations
qui ont lieu après la conclusion du Nouveau Testament".
C’est-à-dire toutes les manifestations authentiques du Ciel qui ont eu lieu
après la clôture de la Bible définie comme la Révélation publique,
intangible et universelle.
Le cardinal poursuit en justifiant cette complémentarité et cette cohérence
du plan de Dieu dans la suite de la Révélation publique :
"Le fait que l'unique
révélation de Dieu adressée à tous les peuples est achevée avec le Christ et
par le témoignage qui lui est rendu dans les livres du Nouveau Testament lie
l'Église à l'événement unique de l'histoire sacrée et à la parole biblique,
qui garantit et interprète cet événement, mais cela ne signifie pas
que l'Église pourrait maintenant regarder seulement le passé et serait ainsi
condamnée à une répétition stérile.
Le Catéchisme de l'Église catholique (CEC) dit à ce sujet : "Même
si la Révélation est achevée, elle n'est pas complètement explicitée ;
il restera à la foi chrétienne d'en saisir graduellement toute la portée au
cours des siècles" (CEC §. 66).
Les deux aspects, à savoir le lien avec l'unicité de l'événement et la
progression dans sa compréhension, sont très bien illustrés dans le dernier
discours du Christ, lorsque, faisant ses adieux aux disciples, il leur
dit : "J'aurai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour
l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui,
l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce
qu'il dira ne viendra pas de lui-même [...]. Il me glorifiera, car il
reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jean
16,12-14)."
Reconnues … ou pas.
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Ces
révélations privées sont le lot de très nombreux mystiques qui jalonnent
l’Histoire de l’Église, mais pas
que : l’inspiration, vraie, fausse ou le plus souvent mêlée d’humanité,
traverse la multitude des croyants. De mêmes que sur le très grand nombre de
guérisons opérées à Lourdes, toutes effectives et donc toutes dignes d’action
de grâce personnelle, l’Église n’en isole qu’un très petit nombre comme
"miraculeuses" pour l’édification publique ; de même
quelques-unes de ces révélations privées seulement sont reconnues par
l’Église : c’est une minorité (Marguerite Marie Alacoque, La Salette, Lourdes, Fatima, …) D’autres sont prudemment
tolérées sans que l’origine soit tranchée : c’est la grande majorité (La
médaille miraculeuse ou la quasi-totalité des 2.400 apparitions mariales
recensées à ce jour). D’autres
sont explicitement condamnées.
Le terme de "non reconnues" s’adresse donc aux deux dernières
catégories, mais pour des raisons totalement différentes. On les amalgame
trop souvent : non-reconnues ne veut pas toujours dire condamnées.
Autorité des révélations privées.
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Pour vivre en cohérence l’ensemble des révélations, le cardinal Ratzinger en
précise le domaine et l’autorité respectifs :
"À ce sujet, commençons
par lire le Catéchisme de l'Église catholique (CEC) : "Au fil des
siècles, il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été
reconnues par l'autorité de l'Église. [...] Leur rôle n'est pas [...] de
“compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d'aider à en vivre plus
pleinement à une certaine époque de l'histoire" (CEC § 67).
Deux éléments sont ainsi clarifiés :
1. L'autorité des révélations privées est substantiellement différente
de l'unique révélation publique : cette dernière exige notre foi ;
en effet, en elle, par l'intermédiaire de paroles humaines et de la médiation
de la communauté vivante de l'Église, Dieu lui-même nous parle. La foi en
Dieu et dans sa Parole se distingue de toute autre foi, croyance ou opinion
humaines. La certitude que Dieu parle me donne la sécurité que je rencontre
la vérité elle-même, et ainsi une certitude qui ne peut se vérifier par
aucune forme humaine de connaissance. C'est la certitude sur laquelle
j'édifie ma vie et à laquelle je me confie en mourant.
2. La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se manifeste
comme crédible précisément parce qu'elle renvoie à l'unique révélation
publique. Le Cardinal Prospero Lambertini,
futur Pape Benoît XIV, dit à ce sujet dans son traité classique, devenu
ensuite normatif pour les béatifications et les canonisations : "Un
assentiment de foi catholique n'est pas dû à des révélations
approuvées de cette manière : ce n'est même pas possible. Ces
révélations requièrent plutôt un assentiment de foi humaine conforme
aux règles de la prudence, qui nous les présentent comme probables et
crédibles dans un esprit de piété".
En
résumé :
- La Révélation publique (la Bible)
exige notre foi, les révélations privées nécessitent notre assentiment.
- L’une est de portée universelle, les autres sont de portée particulière.
- La première fonde la foi, les secondes nous aident à en vivre.
- Dans la première, Dieu lui-même nous
parle, dans les secondes il inspire "un
appel authentique à l’Église".
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Valeur des révélations
privées.
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Révélation publique et révélations privées servent donc
un même but, mais subordonnées les unes par rapport à l'autre. Le cardinal
Ratzinger attribuait mêmes aux révélations privées authentiques, un rôle
moteur dans la compréhension de la Révélation publique contre une
"répétition stérile du passé".
"L’appel authentique à l’Église" peut être illustré par l’Immaculée
conception qui a longtemps divisé les théologiens entre les partisans d’une
Vierge Marie Toute sainte pour avoir résisté au péché ; et les partisans
d’une Très sainte Mère de Dieu pour avoir été conçue sans le péché.
Ce fut le sujet d’une très longue polémique quand Maria d’Agréda
(1602-1665) rapporta l’affirmation de l’Immaculée conception dans ses visions. Cela pris
une telle ampleur que le pape Benoît XIV Lambertini
décida de suspendre sa cause en béatification. C’était en 1754. Un siècle
plus tard, le Dogme était proclamé et quatre ans
plus tard la Vierge de Lourdes le confirmait.
Ce n’est cependant pas la preuve que les révélations privées authentiques se
substituent à l’Église. Tout au contraire : Pie XII, proclamant la
dévotion du Sacré-Cœur, pris le soin de préciser que celle-ci ne trouvait pas
sa source dans les visions de Marguerite-Marie Alacoque
(1647-1690), mais dans la tradition de l’Église.
Ainsi donc, même le Ciel se soumet à l’autorité de l’Église dépositaire de la
Révélation publique. Le Ciel, par les révélations privées, envoie une
invitation à progresser, puis il confirme la décision de l’Église quand elle
est prise et lui donne une impulsion populaire. Il en est ainsi des
canonisations : un miracle vient confirmer la proposition de l’Église.
Ce n’est pas ce miracle qui fonde la sainteté de la personne en cause, mais
c’est ce miracle qui signifie l’accord du Ciel pour la décision de l’Église.
Le rapport entre les révélations privées et la Révélation publique n’est pas
un rapport dévalorisant comme le serait celui du minerai et de son résidu, il
est un ordonnancement hiérarchique comme l’est la queue d’une comète par
rapport à son noyau car les révélations privées authentiques ont, elles
aussi, une source divine. Dom Guéranger (1805-1875), restaurateur de l’ordre
Bénédictin en France et promoteur du Mouvement liturgique qui était comme le
"passage du Saint Esprit dans son Église" selon Pie XII, rappelle
l’interpénétration, dans la vie de l’Église, des deux niveaux de révélation.
"Il ne sera pas hors de
propos d’établir certains principes sur les révélations privées, et sur
l’importance que l’on peut et que l’on doit leur attribuer dans l’économie du
christianisme. Faute d’être suffisamment éclairé sur ce point, que la théologie
catholique n’a cependant pas laissé dans l’ombre, il arrive assez souvent que
l’on repousse trop légèrement et par système toutes ces révélations, ou qu’on
leur accorde une confiance exagérée. L’un et l’autre sont répréhensibles,
précisément par leur excès ; il importe donc d’établir la doctrine qui
régit cette matière.
Elles sont "un lieu
théologique auquel nous devons prêter attention".
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Dom Guéranger porta beaucoup d’attention aux visions de Marie d’Agréda. Il publia une série de conférences pour en
démonter la pertinence et corriger les violentes oppositions qu’elles avaient
créées, notamment à la Sorbonne de Paris.
Ces révélations privées sont parfois considérées comme une spiritualité des
incultes en mal d’histoires merveilleuses. Mais le pape François définissait
parfaitement la piété populaire comme "un lieu théologique auquel nous
devons prêter attention" et
il notait, avec pertinence, qu’elle attire "ceux qui sont loin de
l’Église". Ceci se vérifie tout particulièrement avec le pouvoir de
conversion de l’Œuvre de Maria Valtorta que nous développerons dans la suite
de cet article.
Le pape François n’a pas, sur ce point, une vue isolée : il reprenait
l’attention que ses prédécesseurs avaient déjà porté à la foi populaire.
C’est pourquoi les révélations privées, initiatives du Ciel en notre époque, sont
importantes même si elles n’appartiennent pas au dépôt formel de la Foi.
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Urbain VIII
(Maffeo Barberini)
Benoît XIV
(Prospero Lambertini)
Saint Pie X
(Giuseppe Sarto).
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Le foisonnement des
révélations privées.
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Les
révélations privées commencent dès les temps apostoliques : Paul reçut des
révélations particulières directement du Ciel, y compris pour l’Évangile
qu’il annonçait. Elles
furent, par la suite, une constante de la vie de l’Église car elles sont
inhérentes à la vie des saints.
Déjà à son époque (19° s.), Dom Guéranger notait :
[…] Les révélations privées
ne devaient pas être le partage exclusif des six premiers siècles. Nous en
suivons la trace lumineuse dans les Actes des Saints ; mais elles deviennent
plus abondantes, et si je puis parler ainsi, plus volumineuses, en approchant
de nos temps ; comme si Dieu voulait par ce moyen soutenir l’élément mystique
menacé par les approches du rationalisme."
On peut noter
la multiplication des apparitions mariales (Mariophanies)
du milieu du 19° siècle jusqu’à la fin du 20°. Celles de Medjugorje se
prolongent encore sur le 21°. C’est en effet une époque d’épreuves et
d’apostasie généralisée. Dom Guéranger liait la montée en puissance des
révélations privées à la place grandissante prise par le rationalisme qui
écarte la Transcendance quand les révélations privées, tout au contraire, la
manifestent matériellement.
Au-delà des apparitions mariales, l’accroissement des révélations privées
(dont fait partie Maria Valtorta) se manifeste aussi à notre époque. Pierre Adnès notait la
recrudescence d'intérêt pour ces révélations à l'époque du Concile Vatican
II. Sur les 56 ouvrages de références sur la période 1866-1988, qu’il
recense, les deux-tiers datent de la période 1937-1965.
Les révélations privées sont donc un phénomène d’ampleur qu’on raccroche
parfois à la prophétie sur les temps ultimes.
Mais en ce domaine, le discernement est de rigueur : tout ne se vaut
pas. C’est pourquoi le Magistère a progressivement cerné les contours des
révélations privées. Trois papes ont été plus marquants dans ce
domaine :
- Urbain VIII Barberini,
- Benoît XIV Lambertini,
- Benoît XVI Ratzinger.
La clarification.
Haut de page.
Devant la montée de la ferveur populaire que le siècle d’or de la mystique
espagnole, puis l’école française de spiritualité avaient levée, le pape Urbain
VIII Barberini (1623-1644) cru bon de canaliser la prolifération des
initiatives. Pour cela, il promulgua trois décrets ayant pour
but de mettre une frontière entre les cultes officiels et les reconnaissances
privées qu'il ne rejette pas cependant : Il les conditionne seulement à
l'avis final de l'Église. Il demande à ce que de telles publications privées
soient encadrées d'un avertissement aux lecteurs, appelé
"protestation" spécifiant que : ''les faits rapportés dans ce livre
n'ont qu'une autorité privée et qu'ils ne peuvent acquérir une véritable
authenticité qu'après avoir été approuvés par le jugement du souverain pontife".
On peut décrire les miracles, les révélations et les vies édifiantes
répondant aux critères habituels de sainteté, aux conditions de préciser
que :
- Ce n’est qu’une opinion personnelle.
- Qui ne précède ni n’outrepasse les prérogatives de l’Autorité
ecclésiastique.
- À laquelle on se soumet d’avance.
La codification.
Haut
de page.
Au siècle suivant le cardinal Prospero Lambertini, devenu le pape Benoît XIV
(1740-1758) s’intéressa beaucoup aux révélations privées. Il fut d’ailleurs
l’un des huit papes à défendre celles de Maria d’Ágreda objet de grandes
controverses. L’ouvrage qu’il publia sur la béatification et la canonisation
des saints fait
encore référence. La codification des révélations privées s’explique tout naturellement
par leur présence dans la vie et la vocation de nombreux mystiques, preuve,
s’il en fallait qu’elles sont suscitées par l’Esprit Saint et qu’elles ne
doivent être ni ignorées, ni méprisées.
Le mérite du cardinal Lambertini fut de définir
plus clairement l’autorité des révélations privées : ''Un
assentiment de foi catholique n'est pas dû à des révélations approuvées de
cette manière (= "reconnues") ; ce n'est même pas possible. Ces
révélations requièrent plutôt un assentiment de foi humaine conforme aux
règles de la prudence, qui nous les présentent comme probables et crédibles
dans un esprit de piété'', ce que reprend le cardinal Josef Ratzinger, comme
nous venons de le voir.
La
nécessité de cette "foi humaine" qui concernent toutes les
apparitions ou révélations, même les plus reconnues,
transparaît dans la position que prendra la Conférence des évêques d’Italie à
propos des écrits de Maria Valtorta : ils ne doivent pas être lu comme
d’origine divine (foi catholique), mais comme expression de Maria Valtorta
(foi humaine). C’est une recommandation au lecteur à placer en tête d’ouvrage
à l’identique du décret d’Urbain VIII.
L’apport nouveau du cardinal Lambertini est dans la
codification des critères de discernement des révélations privées :
"Les visions et
apparitions divines se reconnaissent : - d’après la personne à laquelle elles
arrivent, - d’après le mode selon lequel elles ont eu lieu, - et d’après les
effets qu’elles produisent.
Si la personne qui les a éprouvées est remplie de vertus, s’il n’y a rien
dans la vision ou apparition qui détourne de Dieu ; bien plus, si tout s’y
rapporte au culte divin ; si, après les visions et apparitions, l’humilité,
l’obéissance et les autres vertus chrétiennes, non-seulement persévèrent dans
la personne qui les a éprouvées, mais s’élèvent à un degré plus sublime
encore, il n’y a dès lors aucun moyen de douter de leur qualité surnaturelle
et divine : De leur qualité surnaturelle et divine, il n'y aura aucun
doute en aucune façon."
Cette
codification là aussi, sera reprise par la suite.
Pie X, dans son encyclique sur le modernisme, puis Pie
XII dans son encyclique sur la dévotion du Sacré-Cœur, réaffirment
la soumission des révélations privées à la Révélation publique, mais sans
jamais les exclure ou nier l’action que l’Esprit Saint exerce à travers
elles.
La législation.
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Le cardinal Josef Ratzinger, devenu Benoît XVI, eut à
synthétiser la doctrine de l’Église sur ce sujet :
- d’abord en supervisant la rédaction du Catéchisme de l’Église catholique
qui en parle,
- ensuite parce qu’il fit, à la demande de Jean-Paul II, un commentaire
théologique sur le sujet à l’occasion du 3° secret de Fatima,
- puis enfin qu’il rédigea une encyclique post-synodale qui traite de la
question.
Il eut aussi à se prononcer sur le cas de Maria Valtorta : avec beaucoup
de réticence dans un premier temps (1985), favorablement par la suite, après
qu’il étudia lui-même l’Œuvre dans les années 90 (Voir à cette rubrique pour plus de détails =>).
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L’accueil contradictoire des
révélations privées.
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Les
révélations privées sont populaires. Il n’est besoin, pour s’en convaincre, que
de rappeler toutes les visions ou révélations qui constituent le patrimoine
spirituel de l’Église et leur puissance évangélisatrice qui se manifeste, par
exemple, dans les pèlerinages. La Bible, dans son ensemble, est émaillée de
ces manifestations extra-ordinaires, qui après la
mort de l’apôtre Jean clôturant la Révélation publique, ne change pas de
nature, ni d’origine, ni de but, mais de reconnaissance.
Si ces révélations privées trouvent un écho chez les papes et le "bas
clergé", il n’en est pas de même dans les structures ecclésiales qui,
généralement, les ignorent ou les rejettent. On en a un exemple typique avec
le XII° Synode sur La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église,
qui eut à traiter marginalement des révélations privées. Il est intéressant
de voir ce qu’en dirent les Pères synodaux et ce qu’en dira Benoît XVI dans
son exhortation post-synodale Verbum Domini.
À noter que dans les travaux préparatoires, les évêques chinois avaient
expressément souligné le rôle des révélations privées dans l’annonce de la
Parole et citaient nominativement, comme exemple, les écrits de Maria
Valtorta dont ils constataient l’efficacité. Ce n’eut
aucune suite, mais on peut le comprendre tant l’annonce de l’Évangile, telle
qu’elle est faite actuellement, s’avérait être un vaste problème comme le
constatera le Synode.
Pour les pères synodaux, les révélations privées, indistinctement
traitées :
- S’opposent au Kérygme (= annonce de l’essentiel de la foi chrétienne).
Selon le cardinal Ouellet, rapporteur des travaux, cette
annonce est menacée par "trois dangers" dont "l’attrait du
mysticisme (spécialement l’engouement excessif pour les révélations
privées)".
Les voilà donc classées, sans nuances, parmi les adversaires du Kérygme.
Sœur Faustine Kowalska et son Petit Journal
rejoint Joseph Smith et son livre de Mormon dans une même opprobre
indifférenciée. Jean-Paul II instaurant la Dimanche de la Miséricorde ou se
rendant au Sanctuaire de la Miséricorde divine de Cracovie où se
trouve la célèbre icône peinte sous les indications de Ste Faustine, est-il
un "mystique" excessif comme ceux qui ont demandé qu’elle soit
reconnue Docteure de l’Église (octobre 2011) ? Jean-Paul II qui prit
comme devise pontificale celle de St Grignion de
Montfort , prophète de la Vierge des
derniers temps, s’opposait-il au Kérygme et vivait-il en marge de
l’Église ? Non, bien sûr.
- Cette indifférenciation n’était pas une erreur de parcours mais bien
l’expression d’un sentiment dominant : la proposition 47, sur les
55 qui sortirent des travaux, ne laisse aucun doute : elle traite des
révélations privées en une seule ligne : "aider les fidèles à bien
distinguer la Parole de Dieu des révélations privées" ce qui pourrait
être une indication très générale et un peu vague, si elle n’était insérée
dans toute une proposition traitant de "La Bible et le phénomène des
sectes". Cet amalgame et ce raccourci qui ostracisent de fait les
révélations privées, sont choquants.
- Le Bref avertissement de la commission doctrinale de la conférence
des évêques de France n’échappe
pas à cette attitude et se réfère à des textes qui, sous la plume de Benoît
XVI, démontrent une tout autre attitude : non de rejet, mais de
discernement. Pour le rédacteur du Bref avertissement, les révélations
privées (il parle ici des écrits de Maria Valtorta) ne sont qu’un "genre
de littérature" qui détourne de la vie en Église et de la Parole de
Dieu. Dans un paradoxe qui nous est toujours difficile de comprendre, il
chasse ses lecteurs des salles paroissiales alors qu’il prône la nécessité d’un
accompagnement pastoral.
Cette première partie de l’article a eu pour but d’informer le lecteur sur la
nature de ce qu’il lit ou s’apprête à lire, non en termes d’exclusion :
ce qu’une révélation privée n’est pas ; mais en termes
d’inclusion : ce qu’elle est.
La deuxième partie mettra donc l’Œuvre de Maria Valtorta en regard de ces
textes et listera les éléments qui justifient (ou non) l’avis de Pie
XII :
"Publiez l’œuvre telle
quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle
soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront, comprendront."
2. La révélation privée de Maria Valtorta. =>
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VOIR AUSSI
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